Sera-ce pour Pyongyang enfin la chance, attendue depuis 50 ans, d’une paix avec le monde? Tang Jiaxuan en tout cas, ministre des Affaires Etrangères, semble y croire, lors de sa mission en Corée du Nord, officiellement en l’honneur du cinquantenaire (un autre!) des relations bilatérales. Les temps sont révolus, en effet, du gel intervenu en 1992, suite à l’échange d’ambassades entre Pékin et Séoul. Tang, qui préparera avec ses interlocuteurs la première visite du « Cher Leader » Kim Jong-Il, pourra montrer à Pyongyang les fruits de sa coopération avec les Sud Coréens, pour les pousser à ouvrir leurs frontières.
Quand à Tang, s’il parvenait à pérenniser le moratoire annoncé le 24 septembre par Pyongyang sur le lancement de missiles, il écarterait du même coup un argument majeur en faveur du déploiement du programme militaire nippo-américain « TDM » (Theater Missile Defense), parapluie anti-missiles en cours d’installation – et dont le bénéficiaire inavoué, doit être Taiwan!
Discrètement, le programme spatial chinois s’étoffe : la CGWIC (China Great Wall Industry Corporation), monopole de l’aérospatiale chinoise, annonce la construction d’un nouveau cosmodrome près de Sanya (île de Hainan), moyennant un coût maximal de 241M USD, dont une partie pouvant être confiée à l’investisseur étranger.
Quoique stratégique au plus haut point, ce projet voit s’affronter les intérêts contradictoires des régions impliquées. Face à Xichang (Sichuan), Jiuquan (Gansu) et Taiyuan, (Shanxi), sites des trois bases de lancements déjà en place, Hainan s’est imposée, en faisant valoir une palette d’arguments imbattables :
[1] des avantages fiscaux ou concernant le terrain,
[2] le transport par mer (plus sûr) des lanceurs,
[3] la charge utile « dopée » de 10% par le rapprochement de l’équateur;
[4] la région, moins peuplée étant moins coûteuses en vies humaines en cas d’accident (allusion à l’explosion à Xichang d’un vecteur « Longue Marche », en février ’96, qui causa des dizaines de victimes);
[5] un investissement « high tech » est de toute manière nécessaire, pour accueillir les lanceurs lourds; investissement sur un seul site, pas les trois autres, qui seront « décommissionnés ».
L’abandon manifeste par cette aérospatiale chinoise de ses principes maoïstes (Xichang avait été choisi dans les années 60, dans une vallée encaissée du Sichuan, pour son inaccessibilité aux missiles soviétiques), est le plus visible dans les projets annexes de la future base, zone touristique et zone industrielle. Enfin, M.Wang Haiheng, Président de la China Aerospatial Industry Corporation (CAIC), annonce d’ici « peut être la fin de l’année » le lancement quelque part en Chine d’une cabine spatiale habitée : un programme décidément ambitieux, et qui met les bouchées doubles.
Le 1er Octobre, deux lois votées lors du Plénum de l’Assemblée Nationale Populaire en mars, ont pris effet :
[1] la loi de supervision des administrations, qui introduit, pour la première fois, une notion de recours contre les abus administratifs. Le citoyen pourra solliciter à la fois le redressement de son préjudice, et de la disposition réglementaire à l’origine de l’abus.
NB : Le problème des lois chinoises modernes, n’étant pas leur pertinence, mais leur application.
[2] la loi des contrats entend moderniser et clarifier ce secteur, et y introduit cette notion capitale, de la nécessité d’un accord des deux parties sur tous les chapitres (supprimant les sections arbitraires ou imposées). Près de 4M de contrats sont signés chaque année en Chine. Durant le 1er semestre 1999, le nombre de contrats rompus (3000) était en hausse de 20%, tandis que leur valeur (217MUSD) diminuait de 5% : signe d’une « atomisation » des litiges!
La foire « Haute Technologie » de Shenzhen (Guangdong) de cette semaine, a été distinguée par la visite du Premier ministre Zhu Rongji et du Conseiller d’Etat Mme Wu Yi. En réalité, cette opération médiatique a servi un subtil rééquilibrage : avant le Cinquantenaire, Shanghai avait été honorée par le Forum Fortune-500, en présence du Président Jiang. Zhu Rongji, et Shenzhen l’un et l’autres en perte de vitesse ces derniers mois, ont eu l’occasion de redorer mutuellement leurs image.
Accueillant, du 6 au 10 octobre, 2860 entreprises (dont 10% de l’étranger, venues de 26 pays) et 15000 projets industriels, la foire de Shenzhen qui tenait cette année sa séance inaugurale, a estimé l’essai concluant : elle se tiendra désormais annuellement, avec pour but formel d’inciter le centre de recherche fondamentale du pays à convertir leurs découvertes en produits du marché.
Sommaire N° 33