Dans son palais, le Premier ministre est bien seul, à organiser la lutte contre les inondations, la corruption, tout en châtiant les barons locaux qui refusent de transférer à Pékin une part des recettes d’impôt. Dans ce très populaire feuilleton diffusé depuis le 3 janvier (40 épisodes) sur CCTV1, au meilleur taux d’écoute, il doit seul imposer des décisions impopulaires, pour que le pays puisse faire face à des temps difficiles, et même réprimer fermement, pour faire taire ceux qui le critiquent en plein orage…
Mais peut-être son nom n’est pas celui que vous attendiez : Yong Zhen, fils de l’empereur (Qing) Kang Xi, il y a trois siècles. Comme bien des choses en Chine, la ressemblance avec notre époque n’a rien de fortuit: alors que Zhu Rongji se débat entre la mauvaise conjoncture et ses réformes partiellement en panne, la série télévisée peut se lire comme prévenant le spectateur de prendre patience – les temps ne sont pas mûrs. Mais à la fin, Yongzhen lui-même, devient empereur !
Le « typhon digital » arrive, titrait jubilante la presse pékinoise cette semaine. Le typhon s’appelait Nicholas Negroponte, et son métier, improbable par rapport à une vocation de superstar,: était celui de directeur du laboratoire « média » au Massachusetts Institute of Tecnology (MIT).
Et pourtant, des centaines de fans l’attendaient aux portes de l’hôtel Pékin, difficilement contenus par le service d’ordre. Tout cela à cause de son essai, « Etre digital », dont la traduction en 1996, s’est vendue à des millions d’exemplaires, et qui compte pour beaucoup dans la croissance de la toile chinoise d’Internet, de quelques dizaines de milliers à 1,5M à ce jour. « C’est un génie…Un prophète…Il appartient au monde, mais plus encore à nous, la Chine », disaient ses admirateurs. Leur raison profonde, ils la disent, mais pas dans les journaux : « sur Internet, nous sommes les égaux de tous sur terre, et le pouvoir n’y a ni influence, ni contrôle » !
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