Temps fort : La Chine verte, à la baguette !

En 2000, le directeur de la cafétéria de Qinghua (célèbre université pékinoise) eut la surprise de recevoir 30 étudiants le priant d’éviter, à l’avenir, les baguettes jetables! D’autres actions se multipliaient en Chine, telles ces lettres de classes de lycée à Zhu Rongji, lui soumettant la même supplique: au rythme de 25M d’arbres /an pour produire 60MM de paires de baguettes dont ¼ pour l’export, la Chine aura mangé sa dernière forêt d’ici 10 ans!

Ces jeunes écolos, qui n’existaient pas il y a 5 ans, ont embrassé leur cause ("que répondrons-nous à nos petits-enfants, à la question: qu’as-tu fait de nos forêts, Papa»?), qui traduit un bouleversement des mentalités: cette fois, l’initiative vient de la base. Non que l’Etat soit inactif, loin de là: dès les années 1990, il a créé la NEPA, qui poursuit un ambitieux programme de fermeture de milliers d’usines et mines polluantes. Il a entamé en 2000 le reboisement de nombreux essarts et zones converties par Mao Zedong en (mauvaises) emblavures, il a interdit les  hefan, boites à repas non biodégradables, et il préparerait la taxation des baguettes offensives pour l’environnement…

Fait remarquable, ces clubs «verts», qui arpentent montagnes et vallées le WE, se gèrent par internet -gens de toutes origines unis par l’amour de la nature, qui ne se connaissent que par leur pseudonyme d’internautes. Ceci, par réflexe de sécurité mutuelle, puisque l’activité est encouragée, mais pas forcément sa forme

C’est ainsi que la Chine se voit aiguillonnée par une initiative qui soutient sa politique,mais qu’elle peut avoir du mal à tolérer -contradiction! De même, ce type d’action nouveau indique les limites du contrôle de l’internet, capa-ble de bloquer (parfois) l’accès à tel ou tel site, mais non d’empêcher l’émergence d’une forme d’organisation parallèle de base, exploitant les moyens de communication du monde virtuel !

 

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