Petit Peuple : Un procès en paternité porcine

· Un matin d’hiver 2000 au village de Yudi, Chen Jinzhu dut se rendre à l’évidence – sa truie préférée n’était plus dans sa bauge. Le même jour, Chen Chengfeng son voisin déplora la même perte. Solidaires, les paysans firent une battue pour récupérer les deux bêtes. Bientôt, l’une des laies fut détectée. Hélas, une seule! Finie, la solidarité, à force de palabres, puis de horions, chaque clan clama la cochonnaille, dont elle donnait exactement le même portrait (150 kg, et une tache blanche sur le groin)… La suite était inévitable: sommé de trancher, le Commissaire décréta, dans un jugement digne de La Fontaine, une vente aux enchères entre les deux requérants -à son propre profit. Jinzhu l’emporta, à 700Y -et célébra la victoire par une mémorable soirée au baijiu (alcool blanc), ou il régala tout le bourg…. Chengfeng, le lendemain, tira une éclatante revanche, sous la forme d’une assignation du juge, à une «reconnaissance en propriété» par test ADN – une première mondiale, sur un cochon! En août les hommes en blanc arrivèrent, pour procéder aux prélèvements sanguins sur la truie du litige, ainsi que sur un porcelet de Jinzhu. Un mois plus tard, les résultats tombèrent, impitoyable: les deux pourceaux étaient bien du même sang, et l’ergoteur, dut souffrir, outre la perte de son bétail et de sa face, celle des 15000Y de l’examen, et des 700Y des enchères, versés par Jinzhu au policier, que le juge lui ordonna de lui rembourser. Mais en Chine comme ailleurs, une bonne leçon n’est jamais trop chère !

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