Le 21 février 2000, en 11000 caractères, Pékin tirait un coup de semonce, avec son Livre Blanc sur le principe d’une Chine (unique) et la question taiwanaise.
Le message était : «si Taiwan laisse trop stagner les négociations de retour à la patrie, ce sera l’attaque ».
Voici donc le troisième « casus belli » de la Chine -les deux autres étant : si Taiwan déclare son indépendance, et si des troupes étrangères pénétraient dans l’île.
En apparence, ce ton belliqueux, à la veille de l’ouverture de la campagne présidentielle taiwanaise, rappelle les exercices aéronavals chinois autour du bastion nationaliste, lors du scrutin de 1996.
Vues de près, les choses semblent plus bénignes. Ce texte constitue la réponse formelle, huit mois plus tard, à l’affirmation provocante du Président Lee Teng-hui du 9 juillet 1999, de l’existence d’ « une Chine, deux États« . Il reprend toutes les thèses officielles chinoises (sur base historique, diplomatique etc.) justifiant la réunification, priorité n°1 d’un régime en mal de pérennité, dont l’idéologie socialiste déchue, a été remplacée par le aiguozhuyi, patriotisme.
Or, ce manifeste contient aussi des nuances nouvelles, modératrices, un genre de main tendue.
[1] Pékin y pose (c’est une 1ère) le principe d’un dialogue d’égal à égal,dans le cadre d’une gestion partagée de la souveraineté.
[2] Il reconnaît (c’est aussi inédit) une dimension internationale au problème taiwanais.
[3] Enfin, il se garde (pour l’heure) de fixer toute date limite à sa menace: permettant ainsi à la presse de parler d’un « missile de papier » (variation sur une célébrissime citation de Mao)…
Tout reste donc ouvert. Pékin, confirment les diplomates, ne démontre pas même de préférence marquée pour l’un ou l’autre candidat à la charge suprême.
Par contre, le Livre Blanc rend improbable, désormais, de nouveaux exercices militaires « électoraux » le 18 mars : ils seraient inutiles, et même dommageables (au niveau du Congrès US) pour la seconde priorité du régime, l’entrée avant fin 2000 à l’OMC!
Sommaire N° 6