Le Vent de la Chine Numéro 9-10 (2022)

du 14 au 20 mars 2022

Editorial : Une session du Parlement « monotone »
Une session du Parlement « monotone »

Il y a encore quelques années, les « deux sessions » du Parlement étaient considérées comme un forum propice aux débats et aux prises de position. Aujourd’hui, force est de constater que l’heure n’est plus à la spontanéité pour les 5000 délégués, qui se contentent de répéter la ligne officielle et évitent toute controverse.

Même les personnalités publiques, qui apportaient hier un peu de « couleurs » à cet évènement hautement chorégraphié, se font désormais discrètes. Celles qui ne sont plus en odeur de sainteté, comme Xu Jiayin, patron du promoteur immobilier Evergrande, endetté jusqu’au cou, ne sont simplement plus conviées…

Le mot d’ordre de l’année 2022, « stabilité », a vraisemblablement contribué à rendre le rendez-vous plus monotone. Les sujets brûlants, comme celui de la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’économie chinoise, ou encore l’affaire de la « femme enchaînée de Xuzhou », vendue par des trafiquants, ont à peine été évoqués.

Interrogés au sujet de la politique sanitaire chinoise, les délégués se sont bornés à répéter que la stratégie « zéro-Covid dynamique » correspondait le mieux « aux conditions nationales » et était « l’approche la plus efficace et la plus responsable ». La question d’un éventuel assouplissement de cette politique dans le futur a été soigneusement évitée… Le caractère opaque du rassemblement ne permet pas de savoir si ces thématiques ont véritablement été discutées à huis clos.

Par contre, les propositions en lien avec le mariage, les naissances, l’éducation des enfants ont largement été médiatisées, au grand agacement des internautes qui auraient préféré que les édiles s’intéressent davantage à leurs véritables préoccupations, comme l’emploi, l’accès à la propriété ou la santé.

Deux propositions ont néanmoins retenu l’attention du public chinois et des observateurs étrangers.

La première émane de Zhang Xinghai, patron du groupe automobile Xiaokang (Chongqing), qui a appelé le gouvernement à subventionner les salaires des ouvriers, de manière à pouvoir rivaliser avec les rémunérations offertes par les plateformes de livraison de repas ou de VTC. Il s’agit par-là de faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie manufacturière.

La seconde proposition a été formulée par l’éminent professeur Jia Qingguo, qui s’inquiète de l’image dégradée du pays à l’international. En une rare critique voilée de la politique étrangère actuelle, l’ancien doyen de l’école des relations internationales de l’université Beida (Pékin) a suggéré d’assouplir les restrictions encadrant les échanges académiques, d’encourager les universitaires et les diplomates à la retraite à communiquer avec les journalistes et think-tank étrangers, et d’instaurer une loi contre les « fake news » pour mettre un terme à la prolifération de fausses informations qui « nuisent aux relations entre la Chine et les pays étrangers », alimentent « une mentalité nationaliste » et « polarisent la société ».

Mais l’annonce qui a fait le plus couler d’encre est indéniablement l’objectif de croissance de 5,5% que s’est fixé le gouvernement, à la surprise de nombreux économistes. Cet objectif, formulé avant le début de la guerre en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie, représente un véritable défi pour le leadership alors que la croissance était de seulement 4,9% au 3ème trimestre et 4% au dernier trimestre 2021. Le FMI, lui, table plutôt sur une croissance de 4,8% en 2022. Ce chiffre ambitieux peut néanmoins signifier que les dirigeants chinois ont convenu de « mettre en sourdine » certaines politiques décrétées ces derniers mois ou projets de réforme (« prospérité commune », décarbonisation de l’économie, introduction d’une taxe foncière…) au nom de l’impératif de « stabilité » inhérent à la tenue du XXème Congrès du Parti à l’automne prochain.

Une autre déclaration n’est pas passée inaperçue : celle du ministre des Affaires étrangères Wang Yi qui, en réaffirmant la solidité du partenariat sino-russe, a envoyé le signal le plus clair jusqu’à présent que le Président Xi Jinping n’est pas prêt à abandonner son soutien à la Russie et à amorcer un rapprochement avec « l’Occident ». Un pari politiquement risqué, qui ne fait probablement pas l’unanimité au sein de l’appareil.

Enfin, le fait que Li Keqiang annonce que 2022 sera sa dernière année en tant que Premier ministre lors de la traditionnelle conférence de presse en clôture du Parlement, marque officiellement le début des chaises musicales en cette année de transition politique. À l’inverse de son prédécesseur Wen Jiabao qui avait tiré sa révérence en appelant à une réforme politique, le patron du Conseil d’État a préféré quitter la scène sans faire de vagues, se présentant comme l’éternel défenseur du « petit peuple ». Après dix ans passés dans l’ombre du Président Xi Jinping, le public ne semble d’ailleurs pas lui tenir rigueur de la situation économique compliquée que traverse le pays. Il retiendra plutôt de lui sa fracassante déclaration d’il y a deux ans, dans laquelle il dévoilait que 600 millions de Chinois vivaient avec un revenu disponible de moins de 1 000 yuans par mois… 


Diplomatie : L’opinion publique chinoise pro-Russe… du moins en apparence
L’opinion publique chinoise pro-Russe… du moins en apparence

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième semaine, Pékin renforce son contrôle de l’information sur la toile chinoise, tentant de camoufler l’ampleur de la crise déclenchée par le Président russe, avec qui Xi Jinping a célébré un « partenariat sans limites » le 4 février dernier.

Depuis le début de la crise, le gouvernement chinois refuse de condamner l’invasion ordonnée par le maître du Kremlin, se contentant de la qualifier « d’opération militaire spéciale ».

Ainsi, la presse a reçu pour consigne d’éviter de publier tout contenu négatif à l’égard de la Russie et toute remarque positive à l’encontre des pays occidentaux. Les médias officiels se bornent donc à diffuser des images du conflit, mais restent silencieux sur la résilience des forces ukrainiennes, les deux millions de réfugiés, les centaines de victimes civiles, ou encore les manifestations en Russie contre la guerre.

La ligne officielle est la suivante : ce sont les États-Unis et les membres de l’OTAN qui ont poussé Moscou à se défendre, et si la Chine ne soutient pas la Russie, elle pourrait à son tour se retrouver agressée par l’OTAN (ou plutôt l’AUKUS).

C’est donc sans surprise qu’une apparente majorité d’internautes chinois cautionne les raisons qui ont conduit la Russie à prendre les armes, accusant les États-Unis et ses alliés d’avoir « provoqué » Moscou.

Certains vont même jusqu’à suggérer que le gouvernement ukrainien a eu ce qu’il méritait en tentant de se rapprocher de l’Europe et de l’OTAN, des partenaires « non fiables » ayant « abandonné » l’Ukraine face aux forces militaires russes.

Parallèlement, Vladimir Poutine est présenté comme un leader courageux, osant se dresser contre l’Occident pour défendre son pays. La promesse qu’aucun civil ukrainien ne soit attaqué lui a même valu le surnom de « bienfaiteur de la paix ».

Même si l’opinion publique chinoise semble s’être rangée du côté russe, il convient néanmoins d’éviter de tirer toute conclusion hâtive en se basant uniquement sur les réseaux sociaux. D’abord, parce que la plupart des Chinois s’expriment difficilement sur des questions politiques et encore moins sur internet. Ensuite, parce que la portée des messages les plus chauvins est amplifiée par la censure de toute voix dissonante.

C’est le cas de plusieurs acteurs, animateurs TV, sportifs, commentateurs qui ont vu leurs messages supprimés et leurs comptes suspendus sur les réseaux sociaux pour s’être déclarés contre la guerre en Ukraine. Des prises de position qui leur ont valu d’être qualifiés de « pro-américains ».

Cinq historiens issus des plus grandes universités du pays ont également vu leur lettre ouverte, dénonçant l’action de la Russie sur son voisin, disparaître de la toile en moins de trois heures. Ils ont ensuite été attaqués par une horde de « trolls » les traitant de « traîtres ». « Pourquoi n’avez-vous rien dit lors de l’invasion américaine en Irak ? », a ironisé l’un d’eux.

Même le président du Comité International Paralympique (CIP), Andrew Parsons, a vu son discours d’ouverture des Jeux d’hiver tronqué par la télévision chinoise. Le passage où il appelait au « au dialogue et à diplomatie, pas à la guerre et à la haine », n’a pas été traduit. Les organisateurs ont également baissé le son de l’allocution à ce moment précis dans le stade du « Nid d’oiseau » à Pékin, qui comptait dans ses tribunes le Président Xi Jinping. Depuis, le CIP a demandé des explications. En vain…

Ambassade du Canada à Pékin avec le message : « nous sommes avec l’Ukraine »

Pour faire diversion, la propagande met en avant des sujets connexes, comme le bombardement de l’ambassade chinoise à Belgrade par l’aviation de l’OTAN en 1999, le statut de Taïwan, l’île « renégate » qu’il convient de réunifier en temps utile, ou encore la prétendue découverte de 26 laboratoires biologiques militaires américains en Ukraine.  

Quelques rares citoyens chinois essaient tout de même de percer ce brouillard de désinformation, en réfutant la propagande russe, en démêlant le vrai du faux ou en postant des vidéos depuis l’Ukraine.

Différentes ambassades occidentales ont également eu recours à des procédés similaires sur Weibo afin d’offrir une autre vision du conflit aux internautes chinois.

Cette « bataille » pour l’opinion publique chinoise souligne le rôle que la Chine et ses citoyens pourraient jouer dans ce conflit. En effet, il ne faut pas sous-estimer la capacité du public chinois à influencer les politiques du gouvernement. L’indignation provoquée par la vidéo d’une femme retrouvée enchaînée par son mari dans une cahute, en est le dernier exemple.

Cependant, même si l’opinion chinoise changeait soudainement de camp, il est peu probable que Pékin se laisse convaincre d’endosser le rôle de médiateur que l’Europe tient tant à lui confier. La Chine n’acceptera de jouer le jeu que si elle est sûre d’être en mesure d’arracher à Poutine un compromis, ce qui est loin d’être acquis.


Sécurité Alimentaire : La sécurité alimentaire en haut de l’agenda politique chinois
La sécurité alimentaire en haut de l’agenda politique chinois

« Les bols de riz du peuple chinois doivent être remplis de céréales chinois ». C’est ainsi que le Président Xi Jinping a rappelé que la sécurité alimentaire devait être une priorité pour le gouvernement au même titre que l’auto-suffisance. Dans « un contexte international perturbé », référence à la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui représentent à eux deux 29% des exportations mondiales de blé, « la Chine ne peut plus compter sur les marchés internationaux pour se nourrir », aurait ainsi déclaré le dirigeant chinois. Cette quête vers l’auto-suffisance sera en partie soutenue par les biotechnologies « made in China », telles que ce riz tolérant à l’eau de mer ou encore les OGM, plus controversés…

La Chine invente le riz tolérant à l’eau de mer

Dès les années 1950, la Chine de Mao avait commencé à étudier la possibilité de créer un riz tolérant au sel car le riz traditionnel ne peut croître dans des eaux contenant plus de 0,3% de sel, ce qui rend incultivables 100 millions d’hectares de terres du pays.

Le renommé professeur Yuan Longping (1930-2021), avait relancé en 2012 cette idée de créer un riz capable de se développer dans des eaux salées pour renforcer la sécurité alimentaire de sa nation, en dépit de la montée des mers résultant du réchauffement climatique. Cette année-là, le « père du riz hybride » avait fait planter plus de 200 souches de riz provenant de différentes régions du monde tolérantes au sel sur les côtes de la mer Jaune près de Qingdao (Shandong), avec pour objectif de sélectionner des variétés de riz sur des terres salées et alcalines, alors incultivables.

En 2016, il avait choisi six sites d’expérimentation de ses lignées les plus avancées tout au long des côtes chinoises, du Heilongjiang à l’île de Hainan, et aussi implanté des parcelles d’essais à l’étranger, à Dubaï notamment. Suite à ces travaux, son équipe obtenait un rendement de 7,5 tonnes à l’hectare en péninsule arabique en 2018, puis un rendement moyen de 11,3 T/ha près de Tianjin, trois ans plus tard.

Quelques mois après le décès de Yuan Longping en 2021, l’équipe de recherche de Qingdao vient d’annoncer qu’elle a mis en place 400 000 hectares de cultivars de ce nouveau type de riz tolérant à l’eau de mer et qu’elle projette de permettre à la Chine de cultiver 6,7 millions d’hectares de ce nouveau riz, permettant de nourrir 80 millions de personnes d’ici 8 à 10 ans. Dans la mesure où la surface totale de riz paddy du pays pour la campagne 2011/22 devrait atteindre les 30 millions d’hectares selon le Centre National de l’Information des Grains et des Huiles, cette avancée génétique sur presque 7 millions d’hectares complémentaires est tout à fait considérable pour tendre vers l’auto-suffisance alimentaire, au moment où son urbanisation fait reculer ses surfaces de terres arables.

Et étant donné que la hausse du niveau des mers affecte plusieurs grands pays producteurs et consommateurs de riz, tels que le Bangladesh, le Vietnam ou l’Inde, cette avancée technologique majeure devrait aussi contribuer à renforcer le « soft power » du régime de Xi Jinping. L’exportation, dans un futur proche, de cette nouvelle variété de riz n’est donc pas à exclure. C’était d’ailleurs le vœu du défunt Yuan Longping.

Avancées chinoises en OGM

En 1988, la Chine était le second pays dans le monde – un an après les Etats-Unis – à cultiver des plantes commerciales génétiquement modifiées, en l’occurrence du tabac résistant à certains virus.

Depuis, même si sa recherche avait mis au point un certain nombre de plantes transgéniques et malgré son rachat du semencier international Syngenta en 2017 par ChemChina, la Chine hésitait à mettre en marché des cultures transgéniques (à l’exception notable du cotonnier et du papayer) probablement pour deux raisons.

D’une part, ses laboratoires universitaires et quelquefois privés, avaient partiellement pillé pour ce faire des technologies occidentales, ce qui était gênant du point de vue du respect du droit international pour le pays, devenu membre de l’OMC depuis le 11 décembre 2001.

D’autre part, des courants d’opposition aux OGM étaient apparus en Chine, y compris au sein du Parti, et avaient entravé l’adoption de cette biotechnologie.

Depuis le début de l’année, malgré une opinion publique peu favorable, la situation est en train de changer : après un programme-pilote de près de 10 ans, le gouvernement a décidé de promouvoir certaines cultures génétiquement modifiées, céréales et oléo-protéagineux, avec pour objectif de gagner en souveraineté et en sécurité alimentaire.

Des fonds financiers importants sont en train d’être mis à disposition des chercheurs, notamment au niveau de l’Académie chinoise des Sciences Agricoles (CAAS). En parallèle, plusieurs textes réglementaires ont été adoptés pour accélérer le processus de mise en marché de variétés génétiquement modifiées, une fois les essais pilotes validés par les autorités.

Quatre variétés de maïs et trois de soja, mises au point en Chine, viennent d’obtenir leur certification et vont pouvoir être commercialisées au printemps auprès des agriculteurs chinois.

De plus, en janvier, le ministère de l’Agriculture a diffusé des règles permettant d’inscrire en un à deux ans, au lieu de six auparavant, des variétés issues d’édition génique en Chine qui contiennent de petits ajustements à leurs séquences natives d’ADN. Un blé édité tolérant au mildiou, un champignon particulièrement néfaste, est ainsi déjà disponible. Parmi les projets avancés, des riz aromatiques ou des sojas à haute teneur en acide oléique et faible teneur en acides gras saturés, paraissent particulièrement prometteurs.

Cette solide feuille de route en matière de biotechnologies végétales, accompagnée de son cadre légal, devrait permettre à la Chine de devenir un leader de l’amélioration génétique des plantes, de mieux assurer son auto-suffisance alimentaire et de limiter demain une part de ses importations de soja et de maïs. Et l’opinion publique n’aura qu’à s’y faire…

Par Alain P. Bonjean


Environnement : La neutralité carbone sacrifiée sur l’autel de la croissance ?
La neutralité carbone sacrifiée sur l’autel de la croissance ?

En septembre 2020, lors de l’assemblée générale annuelle des Nations Unies, le Président Xi Jinping avait créé la surprise en annonçant que la Chine allait atteindre le pic de ses émissions de CO2 « avant 2030 », et la neutralité carbone d’ici à 2060. Depuis, le ton a quelque peu changé…

Lors de la présentation du rapport gouvernemental par le Premier ministre Li Keqiang en ouverture du Parlement, le patron du Conseil d’État a omis de dévoiler l’objectif de réduction de la consommation énergétique par unité de PIB pour l’année et s’est contenté de déclarer que la Chine se donnera « toute la flexibilité nécessaire » pour atteindre son objectif de réduction de la consommation énergétique par unité de PIB de 13,5% d’ici à 2025.

Même son de cloche de la part du Président Xi Jinping qui a déclaré devant les délégués de Mongolie Intérieure, grande région productrice de charbon, que la transition énergétique ne pouvait pas être accomplie du jour au lendemain et qu’il faudra adopter une approche « réaliste » si le pays veut atteindre ses objectifs carbone (2030 et 2060).

Ce rétropédalage n’est pas surprenant, après la pénurie électrique historique que le pays a connue durant tout l’automne 2021. Cette dernière a été provoquée par une flambée des prix du charbon et du gaz, une hausse de la demande en électricité et des objectifs stricts de réduction des émissions et de la consommation énergétique. La conjonction de ces trois facteurs a contraint la moitié des provinces à imposer un rationnement énergétique à leurs usines, impactant la production industrielle du pays. Depuis lors, les autorités ont réaffirmé l’importance du charbon dans le mix énergétique (56,8%) et redémarré la production à pleine vapeur. En 2021, 33 GW de nouvelles centrales à charbon ont été mises en chantier, un record depuis 2016.

Deux raisons expliquent ce revirement. La première tient à la priorité de l’année : stabiliser la croissance. En effet, si l’État veut atteindre l’ambitieux objectif qu’il s’est fixé pour 2022 (5,5%), il ne peut pas se permettre de prendre le risque que des problèmes énergétiques viennent à nouveau peser sur la croissance économique. La seconde tient à l’envolée des prix de l’énergie (pétrole, gaz…) depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, qui risque de mettre en péril l’objectif annuel d’inflation de 3%. Pour pallier à la volatilité des marchés internationaux, Pékin a promis d’assurer la stabilité des importations tout en stimulant la production domestique de charbon, de pétrole et de gaz de manière à renforcer les réserves nationales.

Le message est clair : la sécurité énergétique passera avant les objectifs de décarbonisation, du moins durant cette année cruciale où le Président Xi compte briguer un 3ème mandat. Cela ne remet toutefois pas en cause les deux objectifs carbone pris par la Chine, assure le gouvernement.

Ironiquement, le son de cloche est le même en Europe, qui se retrouve elle aussi contrainte à rallumer ses centrales à charbon pour réduire sa dépendance envers le gaz russe.


Chiffres de la semaine : « 61 médailles, le nombre de contaminations le plus élevé depuis deux ans, 12% d’écart salarial, 30 décès quotidiens par million d’habitants »
« 61 médailles, le nombre de contaminations le plus élevé depuis deux ans, 12% d’écart salarial, 30 décès quotidiens par million d’habitants »

61 : c’est le nombre de médailles glanées par l’imposante délégation paralympiques chinoise (96 athlètes contre seulement 26 à Pyeongchang en 2018) durant les Jeux d’hiver à Pékin (4 au 13 mars). La Chine termine donc en tête du classement des médailles, devant… l’Ukraine. C’est un véritable tour de force pour le pays-hôte qui n’avait obtenu jusque-là qu’une seule médaille dans l’histoire de ces Jeux d’hiver. Lors des derniers Jeux paralympiques d’été à Tokyo, la Chine avait également pris la tête du tableau des médailles pour la cinquième fois consécutive. C’est l’obtention en 2001, de l’organisation à Pékin des Jeux olympiques et paralympiques de 2008, qui a poussé la Chine à miser sur le handisport, une politique volontariste ayant toujours fait ses preuves dans le paralympisme. Cela n’empêche pas les 85 millions de Chinois handicapés de rencontrer des difficultés d’intégration et d’accès aux services sociaux au quotidien.

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3122 : c’est le nombre d’infections locales de Covid-19 recensées sur le sol chinois (hors Hong Kong) pour la seule journée du 12 mars, chiffre le plus élevé depuis deux ans. Cela représente 1807 cas « confirmés » et 1315 cas asymptomatiques (non inclus dans le décompte officiel) à travers une vingtaine de provinces (Guangdong, Jilin et Shandong en tête) et 3 municipalités, dont Shanghai qui enregistre un nombre d’hospitalisations record. Cette flambée épidémique, imputable à la forte contagiosité du variant Omicron, met à l’épreuve la stratégie Covid « dynamique » des autorités qui consiste à rapidement identifier et isoler chaque cas d’infection, sans pour autant la remettre en cause. Lors de la session du Parlement, le Premier ministre Li Keqiang a déclaré que la Chine doit sans cesse améliorer sa stratégie sanitaire (la récente mise sur le marché de tests antigéniques en est un exemple), mais n’a toutefois donné aucune indication laissant présager d’un éventuel assouplissement.

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12% : c’est l’écart salarial recensé en moyenne entre les femmes en col blanc (8545 yuans par mois) et leurs collègues masculins (9776 yuans), selon le site de recrutement Zhaopin. Pourtant, les femmes chinoises sont plus diplômées que les hommes : plus de 55% d’entre elles ont au moins un niveau licence (4 à 5 ans d’études supérieures en Chine) contre 33,6% des hommes. En revanche, les Chinoises sont plus nombreuses à atteindre des postes à responsabilités que dans le reste du monde : sur 632 sociétés chinoises cotées en bourse, 6,4% d’entre elles ont une femme à leur tête, et 26,3% ont des femmes comme directrices financières. Ce n’est donc pas étonnant si 85 Chinoises figurent au classement Hurun des 130 femmes les plus riches au monde, soit deux tiers d’entre elles. Néanmoins, elles restent sous-représentées en politique : seule une seule femme occupe l’un des vingt-cinq sièges du Politburo, la vice-premier ministre Sun Chunlan, tandis qu’à l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) et à la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC), elles ne représentent respectivement que 25% et 20,5% des délégués.

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30 décès quotidiens par million d’habitants : c’est le taux de mortalité moyen qu’a enregistré Hong Kong la première semaine de mars, d’après le site web Our World in Data. Malgré les 13 millions de doses de vaccin administrées aux 7,4 millions de Hongkongais, le faible pourcentage de vaccination parmi les personnes âgées est désigné comme la principale cause de cette forte mortalité. 91% des personnes décédées n’avaient pas reçu deux doses de vaccin. Ce ratio serait le plus élevé au monde, bien devant les 10 décès quotidiens par million d’habitants recensés aux Etats-Unis en janvier 2021. A titre de comparaison, la France a déploré 5 décès quotidiens par million d’habitants lors de la déferlante Omicron fin janvier. Néanmoins, les experts hongkongais affirment que cette cinquième vague a atteint son pic et que le nombre de contaminations devrait retomber à 1000 par jour d’ici fin avril et 100 par jour d’ici mi-mai. Dans ces conditions, la campagne de dépistage universel, initialement programmée pour le 26 mars, pourrait être repoussée au mois d’avril, de manière à éviter de surcharger les établissements de santé déjà débordés.


Vocabulaire de la semaine : « Li Keqiang, Premier ministre, Poutine, image internationale, sécurité alimentaire, neutralité carbone »
« Li Keqiang, Premier ministre, Poutine, image internationale, sécurité alimentaire, neutralité carbone »
  1. Li Keqiang : 李克强 ; Lǐ Kèqiáng
  2. Confirmer, vérifier : 证实 ; zhèngshí (HSK 6)
  3. Exercer, être en poste : 担任 ; dānrèn (HSK 5)
  4. Premier ministre : 总理 ; zǒnglǐ (HSK 5)
  5. Dernier, ultime : 最后 ; zuìhòu (HSK 3)
  6. Répondre : 回答 ; huídá (HSK 3)
  7. Journalistes : 记者; jìzhě (HSK 4)
  8. Questions 提问 ; tíwèn (HSK 5)

李克强证实“这是我将担任总理最后一年”,此次总理新闻会将是他任内最后一次回答中外记者提问。

Lǐ Kèqiáng bìng zhèngshí “zhè shì wǒ jiāng dānrèn zǒnglǐ de zuìhòu yī nián”, cǐ cì zǒnglǐ xīnwén huì jiāng shì tā rèn nèi zuìhòu yīcì huídá zhōngwài jìzhě tíwèn.

« Li Keqiang a également confirmé que « c’est la dernière année que j’exercerai la fonction de Premier ministre », et cette conférence de presse sera la dernière fois qu’il répondra aux questions des journalistes chinois et étrangers pendant son mandat ».

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  1. Poutine : 普京 ; Pǔjīng
  2. Renoncer, abandonner : 放弃 ; fàngqì (HSK 4)
  3. Neutralité : 中立; zhōnglì (HSK 6)
  4. Position, point de vue : 立场 ; lìchǎng (HSK 6)
  5. International : 国际; guójì (HSK 4)
  6. Image : 形象 ; xíngxiàng (HSK 5)
  7. Apaiser, atténuer : 缓和 ; huǎnhé (HSK 6)

通过与普京切割以及放弃中立立场,有助于树立中国的国际形象,并借此机会通过各种努力缓和与美国和西方的关系。

Tōngguò yǔ Pǔjīng qiēgē yǐjí fàngqì zhōnglì lìchǎng, yǒu zhù yú shùlì zhōngguó de guójì xíngxiàng, bìng jiè cǐ jīhuì tōngguò gè zhǒng nǔlì huǎnhé yǔ měiguó hé xīfāng de guānxì.

« Se couper de Poutine et renoncer à sa position de neutralité aidera l’image internationale de la Chine, qui utilisera cette occasion comme prétexte pour apaiser les relations avec les États-Unis et l’Occident par divers efforts » *

* Texte de Hu Wei, vice-président du Centre de Recherche de Politique Publique du Bureau du Conseiller auprès du Conseil d’Etat ; publié le 5 mars 2022

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  1. Xi Jinping : 习近平; Xí Jìnpíng
  2. Participer : 参加 ; cānjiā (HSK 3)
  3. Abréviation de Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC) : 政协; zhèngxié
  4. Déclarer, exprimer : 表示; biǎoshì (HSK 4)
  5. Sécurité alimentaire : 粮食安全; liángshí ānquán (HSK 5 et HSK 4)
  6. Assurer, garantir : 确保 ; quèbǎo (HSK 6)
  7. Bol (de riz) : 饭碗 ; fànwǎn (HSK 3)
  8. Céréales, grains : 粮 ; liáng

习近平周日(3月6日)在参加全国政协联组会上表示粮食安全是“国之大者”,确保“中国人的饭碗主要装中国”。

Xí Jìnpíng zhōu rì (3 yuè 6 rì) zài cānjiā quánguó zhèngxié lián zǔ huì shàng biǎoshì, liángshí ānquán shì “guózhī dà zhě”, quèbǎo “zhōngguó rén de fànwǎn zhǔyào zhuāng zhōngguó liáng”.

« Lors d’une réunion conjointe du comité national de la CCPPC le dimanche 6 mars, Xi Jinping a déclaré que la sécurité alimentaire était un « enjeu d’importance nationale » et qu’il faut s’assurer que « les bols de riz du peuple chinois sont principalement remplis de céréales chinois ».

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  1. Président : 主席 ; zhǔxí (HSK 6)
  2. Nations Unies : 联合国 ; liánhéguó
  3. Débat, débattre, argumenter : 辩论 ; jīngjì(HSK 5)
  4. Proclamer, annoncer, déclarer : 宣布 ; xuānbù (HSK 5)
  5. CO2 : 二氧化碳; èryǎnghuàtàn (HSK 6)
  6. Emissions : 排放; páifàng (HSK 6)
  7. Faire tout son possible, travailler dur : 力争; lìzhēng (HSK 6)
  8. Pic, valeur maximale : 峰值; fēngzhí
  9. Atteindre, réaliser : 实现 ; shíxiàn  (HSK 5)
  10. Neutralité carbone : 碳中和; tàn zhòng hé

2020年9月22日,习近平主席在第七十五届联合国大会一般性辩论上宣布,中国二氧化碳排放力争于2030年前达到峰值,努力争取2060年前实现碳中和

2020 nián 9 yuè 22 rì, Xí Jìnpíng zhǔxí zài dì qīshíwǔ jiè liánhéguó dàhuì yībān xìng biànlùn shàng xuānbù, zhōngguó èryǎnghuàtàn páifàng lìzhēng yú 2030 nián qián dádào fēngzhí, nǔlì zhēngqǔ 2060 nián qián shíxiàn tàn zhòng hé.

« Le 22 septembre 2020, le Président Xi Jinping a annoncé lors du débat général de la 75e Assemblée générale des Nations Unies que la Chine va faire tout son possible pour atteindre le pic de ses émissions de dioxyde de carbone avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060 ».


Podcast : 30ème épisode des Chroniques d’Eric – «Ai Weiwei,10 ans déjà !»
30ème épisode des Chroniques d’Eric – «Ai Weiwei,10 ans déjà !»

Venez écouter le 30ème épisode des « Chroniques d’Eric », journaliste en Chine de 1987 à 2019 et fondateur du Vent de la Chine.

C’est un livre qui sort celui de ses mémoires, mais c’est aussi un souvenir personnel brûlant, que celui de ma rencontre avec Ai Weiwei, le fantasque et formidablement audacieux artiste. Je l’avais interviewé à Caochandi, sa résidence à Pékin, après son arrestation en 2012 (81 jours de prison) et avant son départ pour l’exil. Et à peu près toutes les réponses qu’il m’avait faites sont aujourd’hui présentes dans « 1000 ans de joie et de peine« , le livre de ses mémoires qui vient de sortir chez Buchet Chastel. 

Mon message qui suit oscille donc entre la recension du livre et la réminiscence de cette interview, qui pointe sur un aspect encore mal perçu de sa personnalité : son rapport au père, et le rapport contradictoire des deux hommes avec le Parti, dissidents par nature et sensibilité humaniste, mais aussi membres privilégiés de la plus haute société du pays, du cercle très exclusif de l’aristocratie rouge ! 

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Rendez-vous : Semaines du 14 mars au 24 avril 2022
Semaines du 14 mars au 24 avril 2022

17-19 mars, Shanghai : CHINASHOP – CHINA RETAIL TRADE FAIR 2022, Salon dédié aux technologies de pointe et aux nouvelles solutions pour le commerce de détail.

19 mars, Pékin : CIEET 2022, Salon chinois international de l’éducation, EN LIGNE

20-23 mars, Chengdu : VINITALY CHINA – CHENGDU 2022, Salon des vins et des spiritueux italiens en Chine.

25-28 mars, Qingdao : QINGDAO INTERNATIONAL METAL WORKING EXPO 2022, Salon international de l’industrie du métal.

26 mars, Shanghai ; 27 mars, Canton : CIEET 2022, Salon international de l’éducation.

28-31 mars, Shanghai : EXPO FINEFOOD, Salon international de l’agro-alimentaire destiné à l’industrie hôtelière.

29 mars-1 avril, Shanghai : HDE – ECOBUILD CHINA 2022, Salon de la construction et du bâtiment durable.

30 mars-1 avril, Shenzhen : LICENSING CHINA 2022, Salon international des licences et des produits sous licence de Shenzhen.

30 mars-2 avril, Shenzhen : ITES EXHIBITION (SIMM) 2022, ITES China est le grand salon des technologies et d’équipements de fabrication de pointe dans le sud de la Chine.

31 mars-2 avril, Canton : CHINA LAB 2022, Salon international et conférence sur les appareils de laboratoire et d’analyse en Chine.

31 mars-2avril, Guangzhou: WATERTECH GUANGDONG 2022, Salon international de la gestion de l’eau.

7-10 avril, Shanghai : CMEF – CHINA MEDICAL EQUIPMENT FAIR 2022, Salon chinois international des équipements médicaux.

9-11 avril, Shenzhen : CEF – CHINA ELECTRONIC FAIR, Salon chinois de l’électronique.

12-14 avril, Shanghai: ASIAN BUSINESS AVIATION CONFERENCE & EXHIBITION – ABACE 2022,  Salon international des produits et services pour l’aviation en Asie.

13-16 avril, Shanghai: CHINA GLASS 2022, Salon chinois des techniques industrielles du verre.

14-16 avril, Nanjing: PHARMCHINA 2022, Salon international de l’industrie pharmaceutique.

20-22 avril, Shanghai: IE EXPO CHINA 2022, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie.

20-22 avril, Shanghai: NEPCON CHINA 2022, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs.

20-23 avril, Chengdu: DENTAL SHOW WEST CHINA 2022, Conférence internationale et salon sur les équipements et matériels pour la médecine dentaire.

21-24 avril, Jinan: CHINA INTERNATIONAL POWER TRANSMISSION & CONTROL TECHNOLOGY 2022, Salon chinois international de la transmission de puissance et des technologies de contrôle

21-30 avril, Pékin: AUTO CHINA 2022, Salon international de l’industrie automobile à Beijing.