Le Vent de la Chine Numéro 15 (2022)

du 18 au 24 avril 2022

Editorial : L’économie chinoise, victime collatérale de la stratégie « zéro Covid »
L’économie chinoise, victime collatérale de la stratégie « zéro Covid »

Rarement l’annonce du taux de croissance trimestriel du PIB chinois n’a été aussi attendue que celle du 18 avril. Il s’agit de l’évaluation préliminaire de l’impact du confinement des mégalopoles de Shanghai et de Shenzhen, principaux centres économiques et financiers du pays.

D’après le bureau national des statistiques, le PIB aurait progressé de 4,8% au 1er trimestre par rapport à un an plus tôt, dépassant ainsi les 4% du dernier trimestre 2021.

Ce résultat est imputable à un solide démarrage économique en début d’année avant d’enregistrer un recul de l’activité en mars, à cause des mesures sanitaires imposées un peu partout à travers le pays.

Selon les analystes de la banque Nomura, la Chine est confrontée à un risque croissant de récession au printemps, avec 45 villes en confinement total ou partiel, soit 40% du PIB chinois et plus d’un quart de la population (373 millions d’habitants).

D’ailleurs, presque tous les indicateurs économiques reflètent un environnement économique dégradé : les importations sont en recul, le rythme des exportations ralentit, la production industrielle se contracte, les perturbations logistiques s’aggravent, le prix des denrées agricoles augmente, la consommation est en berne, les ventes de logements neufs et de véhicules sont en baisse…

Ce sont tous ces signaux qui ont poussé le Premier ministre Li Keqiang à émettre pas moins de trois avertissements en une semaine. Le patron du Conseil d’Etat a exhorté les dirigeants provinciaux à mettre en place des mesures de soutien à la croissance « en fonction des conditions locales », mais aussi à ne pas ériger de barrages routiers de manière à maintenir la stabilité des chaînes d’approvisionnement.

Début avril, le Conseil d’Etat s’était engagé à réduire la durée de quarantaine centralisée de 14 à 10 jours pour les voyageurs internationaux dans huit villes pilotes, dont Shanghai. Une décision étonnante dans le contexte actuel, rapidement éclipsée par de nombreux commentaires publiés dans la presse officielle rappelant que la stratégie « zéro Covid » instituée par le Président Xi Jinping ne peut pas être remise en question. Cela a suffi à alimenter de nouvelles rumeurs de désaccord entre le n°1 et le n°2 du gouvernement (pour quelques mois encore) : le premier estime que la priorité est d’ordre sanitaire, le second, d’ordre économique.

Dans la foulée des déclarations de Li Keqiang, la Banque Centrale a abaissé le taux des réserves bancaires (15 avril) – la troisième fois depuis juillet 2021 – injectant ainsi 530 milliards de yuans de liquidités dans l’économie. Cette coupe, plus modeste que prévue, indique que la marge de manœuvre dont dispose la Banque Centrale s’amenuise. En sus, certains analystes mettent en doute son efficacité : le seul moyen de stimuler l’économie réelle serait de permettre aux entreprises de reprendre la production, d’accepter les commandes et de livrer leurs clients. Mais pour cela, il faudrait assouplir les restrictions sanitaires qui nuisent à la mobilité… 

Au plan fiscal, le gouvernement s’est également engagé à accélérer l’émission d’obligations locales spéciales pour financer des projets d’infrastructures, au risque que les fonds soient alloués à des projets redondants ou non-rentables.

Pékin a également promis des réductions d’impôts aux (petites) entreprises. Cependant, rien ne vient compenser la perte d’activité engendrée par les confinements. Or, sans rentrées d’argent, cette baisse d’impôts n’a que très peu d’effet… 

Il devient donc de plus en plus clair que le gouvernement sera amené à choisir entre son intransigeante stratégie sanitaire et son ambitieux objectif de croissance du PIB de 5,5% cette année. Or, Pékin ne semble disposé à abandonner ni l’un ni l’autre. Mais jusqu’où est-il prêt à aller ? Cédera-t-il aux sirènes d’un stimulus massif, à la mode de « 2008 » ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. En attendant, les économistes ne cessent de revoir à la baisse leurs prévisions de croissance pour la seconde économie mondiale en 2022.


Politique : Les Chinois face au scrutin hexagonal
Les Chinois face au scrutin hexagonal

L’élection présidentielle en France passionne-t-elle les foules en Chine ? Rien de comparable au scrutin précédent, à en croire les statistiques du principal moteur de recherche Baidu, analysées par le cabinet shanghaien Daxue Consulting. En 2017, le suspense était presque total avant le second tour. Marine Le Pen (勒庞) et François Fillon captaient une majorité du trafic, devant un jeune candidat méconnu prénommé Emmanuel Macron (马克龙).

Un quinquennat plus tard, l’élection française est noyée médiatiquement par la guerre en Ukraine et surtout la situation sanitaire en Chine. Les quelques articles publiés par la presse officielle chinoise se contentent donc de donner les résultats du 1er tour et des derniers sondages, mais très peu s’avancent à livrer quelconque pronostic sur le duel final.

Néanmoins, le taux d’abstention élevé au 1er tour (26%) n’a pas échappé à certains observateurs. En une critique voilée du système démocratique, un chercheur affirme que de nombreux électeurs français ont abandonné l’idée de pouvoir changer le destin du pays en votant : « un moment d’apathie politique qui pourrait bien avoir plus d’impact sur le futur de la France que les résultats de ces élections le 24 avril », prédit Tian Dewen, vice-directeur à l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS).

Les autres universitaires et internautes qui démontrent un intérêt pour le scrutin hexagonal s’intéressent essentiellement au Président sortant. Très populaire parmi les milieux intellectuels chinois, Emmanuel Macron est apprécié pour avoir mis l’accent sur la coopération avec la Chine durant son mandat, quoique la question des relations de la France avec l’Empire du Milieu soit quasi absente du débat électoral en 2022. Lors de sa première visite officielle en 2018, le dirigeant faisait la promesse de revenir dans l’Empire du Milieu tous les ans. La pandémie aura malheureusement coupé court à ce projet et force est de constater que depuis lors, le ton du président français vis-à-vis de Pékin s’est progressivement durci (BRI, 5G, Covid-19…).

Néanmoins, ses efforts pour transformer la France en une « puissance d’équilibre », n’ayant pas peur d’engager le dialogue avec les ennemis historiques des Etats-Unis tels que la Russie ou l’Iran, séduisent en Chine, tout comme son désir d’accroître « l’autonomie stratégique » de l’Union Européenne – à l’inverse de sa rivale Marine Le Pen, connue pour ses politiques populistes et eurosceptiques. C’est la raison pour laquelle les experts chinois craignent qu’une victoire de Le Pen vienne perturber les relations, déjà tendues, entre Pékin et Bruxelles.

Mme Le Pen est déjà quelque peu connue du public chinois, qui l’associe à l’extrême droite. En 2017, elle avait fait des vagues en proposant un « Frexit » et en prônant un durcissement en matière d’immigration. Cette fois-ci, elle se fait remarquer positivement en Chine en souhaitant retirer la France du commandement intégré de l’OTAN ce qui lui vaut d’être comparée au Général de Gaulle – et en s’opposant aux sanctions qui frappent la Russie. La président du Rassemblement National (RN) propose également de se rapprocher de Moscou afin d’éviter de pousser la Russie dans les bras de la Chine – si ce n’est pas déjà fait … 

En fin de compte, les observateurs chinois ne sont pas si différents des électeurs français : ils jugent les candidats à ce qu’ils pourraient apporter à l’avenir de leur propre pays.

* Les candidats malheureux avaient eux aussi de quoi séduire l’opinion chinoise : le communiste/insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a déclaré que la France n’a rien à faire dans le détroit de Taïwan ; Éric Zemmour, pour son programme nationaliste ; Valérie Pécresse pour ses multiples visites en Chine et sa bienveillance vis-à-vis du déploiement de Huawei en Europe…


Monde de l'entreprise : Nouvelle partie pour les jeux vidéo chinois
Nouvelle partie pour les jeux vidéo chinois

Les éditeurs de jeux vidéo ont poussé un long soupir de soulagement le 11 avril. Après un gel de près de neuf mois sur les nouvelles licences d’exploitation, le régulateur chinois a finalement donné son feu vert à 45 titres. Ce déblocage inattendu annonce-t-il la fin de la croisade lancée par le gouvernement contre les jeux vidéo, accusés d’être « addictifs » et de mettre en scène des contenus « inappropriés » ? Pas si sûr…

À regarder de plus près la liste publiée par l’administration nationale de la presse et des affaires publiques (NPPA), aucun titre autorisé n’appartient aux leaders du marché, Tencent et NetEase. La plupart des jeux ont été développés par des acteurs de moindre taille, comme Baidu, XD.com, Lilith Games et 37Games.

De plus, le nombre de jeux approuvés représente à peine la moitié des titres validés mensuellement avant l’interruption. À ce rythme, le cabinet spécialisé Niko Partners prédit l’approbation de 500 à 700 jeux d’ici la fin de l’année.

C’est ce qui fait que les professionnels du secteur accueillent avec prudence ce premier signe de dégel. Aucun ne s’attend à ce que Pékin relâche son contrôle, ce qui va entretenir le climat d’incertitude qui plane sur l’industrie depuis de longs mois. Certains analystes interprètent plutôt ce déblocage comme un geste de bonne volonté, censé rassurer les marchés et les investisseurs.

Ce n’est pas la première fois que les autorités chinoises suspendent l’octroi de nouvelles licences. En 2018 déjà, les développeurs avaient également dû patienter neuf mois avant de pouvoir commercialiser de nouveaux jeux, le temps de remanier les organes de régulation, dont la NPPA qui dépend depuis lors du département central de la propagande.

Cette fois-ci, il s’agissait de procéder à une refonte en profondeur du cadre réglementaire de manière à protéger davantage les mineurs (système de reconnaissance faciale, limite de temps de jeu…), et de s’assurer de la mise en conformité de tous les acteurs du marché.

Les éditeurs chinois ne sont pas les seuls à souffrir de ce durcissement réglementaire. Il est de plus en plus difficile pour les studios étrangers d’obtenir le blanc-seing des censeurs. Jusqu’à présent, ces derniers accédaient au lucratif marché chinois (46 milliards de $) en formant des partenariats avec les acteurs locaux. Seulement, ces mêmes partenaires n’ont aujourd’hui plus aucun moyen de garantir l’obtention d’une licence… Résultat, le nombre de jeux étrangers autorisés à pénétrer le marché chinois n’a cessé de se réduire ces dernières années : 180 jeux approuvés en 2019, 97 en 2020 et 76 en 2021. Pour 2022, nul ne sait si la NPPA va autoriser de nouveaux titres étrangers. Même les moyens détournés qui permettaient jusqu’à présent aux joueurs chinois d’accéder à des jeux non approuvés en Chine disparaissent…

Ce gel a indéniablement pesé sur la croissance de l’industrie chinoise. Selon les chiffres officiels, l’augmentation du chiffre d’affaires brut aurait ralenti à 6,5% en 2021 contre 20,7% en 2020. Au moins 14 000 firmes du secteur ont mis la clé sous la porte durant les six derniers mois de 2021. Même Tencent et NetEase ont affirmé que leur rythme de recrutement ralentit et qu’ils seraient contraints de procéder à des licenciements.

Voyant leur croissance verrouillée sur le marché domestique, leaders et start-ups chinoises se tournent vers l’international. En 2021, leurs revenus enregistrés hors de Chine ont augmenté de 16,6%, dix points au-dessus de leur croissance sur le marché local.

Cependant, si les éditeurs chinois veulent réussir hors frontières, ils doivent étoffer leur catalogue de jeux sur PC et consoles, leur talon d’Achille. Il y a six mois, Tencent a révélé qu’il travaillait à l’adaptation de « Honor of Kings », le premier jeu mobile à avoir franchi le seuil des 10 milliards de $ de recettes. Pour gagner en compétence sur ce pan du marché, Tencent et NetEase n’hésitent donc pas à recruter massivement chez les géants historiques du jeu vidéo. Autre versant de cette stratégie, la multiplication des prises de participation chez les petits acteurs comme chez les leaders de l’industrie : Epic Games (Fortnite), Riot Games (League of Legends), Ubisoft… À lui seul, Tencent a été impliqué dans plus de 100 rapprochements uniquement sur l’année 2021 ! Et ce n’est sans doute qu’un début…


Chiffres de la semaine : « 160 000 lits, 1294% d’augmentation du nombre de recherches, 45 millions de spectateurs, 10 promoteurs »
« 160 000 lits, 1294% d’augmentation du nombre de recherches, 45 millions de spectateurs, 10 promoteurs »

160 000 : c’est le nombre de lits (prochainement) disponibles dans les centres de quarantaine temporaires (fāngcāng ; 方舱医院) qui ont vu le jour à Shanghai. Le plus grand d’entre eux, qui a pris ses quartiers dans le « National Convention and Exhibition Center », dispose d’une capacité d’accueil de 50 000 lits. Plus surprenante est l’installation de ce type de structure au sein d’un célèbre musée d’art contemporain, le « West Bund Artistic Center » (cf photo), qui pourra accueillir 1000 personnes atteintes de la Covid-19. Alors que Shanghai recense en moyenne plus de 20 000 nouveaux cas par jour et que le nombre de patients libérés des « soins » est largement inférieur à ce chiffre, la ville se retrouve en manque de lits. Les autorités maintiennent qu’il est nécessaire d’isoler tous les patients, asymptomatiques ou présentant des symptômes légers, dans des centres dédiés. D’après les chiffres officiels, les « Covidés » passeraient en moyenne une semaine dans ces hôpitaux de fortune aux conditions spartiates. Deux tests négatifs à 24h d’intervalle sont censés suffire pour pouvoir rentrer chez soi.

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1294% : c’est le pourcentage d’augmentation en un mois du nombre de recherches du mot-clé « immigration » sur les principales plateformes internet chinoises comme Baidu et WeChat. L’origine de ce trafic émane essentiellement de Shanghai, du Jiangsu, du Guangdong, de Pékin, du Zhejiang et du Fujian. Les principales destinations d’intérêt sont les Etats-Unis, le Canada et l’Australie. Singapour, la Malaisie et l’Irelande gagnent également en popularité. Les cabinets de consultants spécialisés dans ce genre de services seraient également débordés par les demandes. Cependant, avant de pouvoir s’envoler, il faut être en mesure d’obtenir un passeport et/ou une autorisation de sortie du territoire, ce qui est loin d’être évident dans les villes confinées.

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45 millions : c’est le nombre d’auditeurs qui se sont connectés le 15 avril pour suivre le premier concert en ligne de la légende du rock chinois Cui Jian (崔健) – un record pour un artiste masculin en Chine. Plus de trente ans après la sortie de son tube « Nothing to my name » (1986), les fans se sont donnés rendez-vous sur sa chaîne WeChat : la performance de 3h a récolté 119 millions de « likes ». Un succès dû à l’immense notoriété de l’artiste, à un vent de nostalgie des années 80 et leur liberté d’expression, au confinement dans de nombreuses villes et au côté « viral » d’un concert en ligne.

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10 : c’est le nombre de promoteurs immobiliers dont la cotation a été temporairement suspendue en bourse de Hong Kong le 31 mars. Parmi eux, Sunac, Shimao Group, Kaisa Group, Fantasia, Modern Land, etc … La filiale d’Evergrande dédiée aux véhicules électriques est également concernée … La cause de leur suspension ? Ils n’ont pas publié à temps leurs résultats financiers pour 2021. En général, les entreprises cotées à Hong Kong ont trois mois après la fin de leur année financière pour publier leurs résultats. Pour justifier ce retard, les entreprises ont invoqué des bouleversements structurels dans le secteur immobilier chinois et des perturbations dans le processus d’audit interne provoquées par le rebond épidémique actuel. Depuis que Pékin a refermé le robinet du crédit, toutes rencontrent de grosses difficultés à rembourser leurs dettes. Cet arrêt de la cotation envoie un très mauvais signal aux investisseurs, qui craignent des défauts de paiement en série de tous les grands groupes immobiliers chinois, et ce malgré des politiques de soutien ayant pour but de rassurer les acheteurs.


Vocabulaire de la semaine : « Li Keqiang, incertitude, économie, jeux vidéo, débloquer, élection, Macron, votes »
« Li Keqiang, incertitude, économie, jeux vidéo, débloquer, élection, Macron, votes »
  1. Li Keqiang (premier ministre) : 李克强 ; Lǐ Kèqiáng
  2. Présider : 主持 ; zhǔchí
  3. Economie : 经济 ; jīngjì
  4. Situation, circonstances : 形势 ; xíngshì (HSK 5)
  5. Gouvernement : 政府 ; zhèngfǔ (HSK 5)
  6. Principaux : 主要 ; zhǔyào (HSK 3)
  7. Dirigeants, chefs : 负责人 ; fùzé rén
  8. Symposium, conférence : 座谈会; zuòtán huì
  9. A nouveau, encore une fois : 再次 ; zàicì
  10. Avertissement : 警告 ; jǐnggào (HSK 6)
  11. Divulguer, révéler : 透露 ; tòulù (HSK 5)
  12. Faire face à, être confronté à : 面临 ; miànlín (HSK 5)
  13. Sentiment d’incertitude : 不确定性 ; bù quèdìng xìng
  14. Signal : 信号; xìnhào
  15. Exiger, demander : 要求 ; yāoqiú (HSK 3)
  16. Urgence : 紧迫 ; jǐnpò
  17. Maintenir : 保持 ; bǎochí (HSK 5)
  18. Basiques, fondamentaux : 基本; jīběn (HSK 5)
  19. Stabilité : 稳定 ; wěndìng (HSK 5)

4月11日,中国国务院总理李克强在江西主持召开经济形势部分地方政府主要负责人座谈会再次就中国的经济形势发出警告透露了中国经济面临不确定性信号。李克强要求各地方领导层增强紧迫感,保持中国经济基本盘的稳定

4 yuè 11 rì, zhōngguó guówùyuàn zǒnglǐ Lǐ Kèqiáng zài jiāngxī zhǔchí zhàokāi jīngjì xíngshì bùfèn dìfāng zhèngfǔ zhǔyào fùzé rén zuòtán huì, zàicì jiù zhōngguó de jīngjì xíngshì fāchū jǐnggào, tòulù le zhōngguó jīngjì miànlín de bù quèdìng xìng xìnhào. Lǐ Kèqiáng yāoqiú gè dìfāng lǐngdǎo céng zēngqiáng jǐnpò gǎn, bǎochí zhōngguó jīngjì jīběn pán de wěndìng.

« Le 11 avril, le Premier ministre chinois Li Keqiang a présidé au Jiangxi un symposium avec les chefs de certains gouvernements locaux sur la situation économique, et a de nouveau émis un avertissement sur la situation économique chinois du pays révélant un signal d’incertitude face à l’économie chinoise. Li Keqiang a demandé aux dirigeants locaux d’accroître le sentiment d’urgence et de maintenir la stabilité des fondamentaux économiques de la Chine ».

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  1. Régulateur, organisme de tutelle : 监管机构 ; jiānguǎn jīgòu (HSK 6)
  2. Jeux vidéo : 游戏 ; yóuxì (HSK 3)
  3. Monde entier : 全球 ; quánqiú
  4. Marché : 市场 ; shìchǎng
  5. Internet, réseau : 网络 ; wǎngluò
  6. Débloquer, dégeler, assouplir : 解冻 ; jiědòng (HSK 4)
  7. Tencent : 腾讯 ; Téngxùn
  8. NetEaste : 网易 ; Wǎngyì
  9. Bilibiili : 哔哩哔哩 ; Bì lī bì lī
  10. Apparaître : 出现 ; chūxiàn (HSK 4)
  11. Liste (de noms) : 名单 ; míngdān

中国游戏监管机构向45个款新游戏发放了游戏版号,时隔八个月后给这个全球最大的网络游戏市场解冻腾讯网易哔哩哔哩的游戏都没有出现在该获批名单上。

Zhōngguó yóuxì jiānguǎn jīgòu xiàng 45 gè kuǎn xīn yóuxì fāfàngle yóuxì bǎn hào, shí gé bā gè yuè hòu gěi zhège quánqiú zuìdà de wǎngluò yóuxì shìchǎng jiědòng. Téngxùn, wǎngyì hé bì lī bì lī de yóuxì dōu méiyǒu chūxiàn zài gāi huò pī míngdān shàng.

« Le régulateur chinois des jeux a délivré des licences de jeux à 45 nouveaux jeux, débloquant le plus grand marché de jeux en ligne au monde après une interruption de huit mois. Les jeux de Tencent, NetEase et Bilibili ne figurent pas sur la liste approuvée ».

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  1. Election présidentielle française : 法国大选 ; fǎguó dàxuǎn
  2. Après tout, au final : 究竟 ; jiùjìng (HSK 4)
  3. Facteur, élément : 因素 ; yīnsù (HSK 5)
  4. Macron : 马克龙 ; Mǎkèlong
  5. Premier tour : 第一轮 ; dì yī lún
  6. Votes, voter : 投票 ; tóupiào (HSK 6)
  7. Etre en tête, devant : 领先 ; lǐngxiān (HSK 6)
  8. Le Pen : 勒庞 ; Lè Páng
  9. Conflit russo-ukrainien : 俄乌冲突 ; é wū chōngtú (HSK 6)
  10. Crise : 危机 ; wéijī (HSK 6)
  11. Sauver, secourir, remédier à : 挽救 ; wǎnjiù (HSK 6)

那么究竟是什么因素马克龙在第一轮的投票中最终领先勒庞五个点左右呢?我认为,是俄乌冲突的发生,让法国人意识到了危机的迫近,并最终挽救了马克龙的选情。

Nàme jiùjìng shì shénme yīnsù ràng mǎkè lóng zài dì yī lún de tóupiào zhōng zuìzhōng lǐngxiān lēi páng wǔ gè diǎn zuǒyòu ne? Wǒ rènwéi, shì é wū chōngtú de fǎ shēng, ràng fàguó rén yìshí dàole wéijī de pòjìn, bìng zuìzhōng wǎnjiù le mǎkè lóng de xuǎn qíng.

« Alors, qu’est-ce qui a donné à Macron une avance de cinq points sur Le Pen au premier tour de scrutin ? Je pense que c’est l’occurrence du conflit russo-ukrainien qui a fait prendre conscience aux Français de la crise imminente et a finalement sauvé l’élection de Macron ». * Interview de Liu Heping, commentateur TV


Podcast : 32ème épisode des Chroniques d’Eric : « Shanghai, la tête sous l’eau du Covid »
32ème épisode des Chroniques d’Eric : « Shanghai, la tête sous l’eau du Covid »

Venez écouter le 32ème épisode des « Chroniques d’Eric », journaliste en Chine de 1987 à 2019 et fondateur du Vent de la Chine.

Shanghai la superbe, Shanghai la puissante, celle qui renaquit après 40 ans de brimades du régime socialiste, pour avoir été avant la révolution la 5ème place financière mondiale et la Perle de l’Orient,  se trouve depuis début avril muselée, paralysée par le confinement général de ses 26 millions d’habitants, empêchée de s’exprimer dans la voix où elle excelle, celle de la production industrielle ! 

On entendra dans cet épisode les raisons plausibles de ce choix dramatique du gouvernement – au-delà bien sûr de l’impératif de lutte contre le COVID. On verra aussi comment la ville tente de se défendre. Et finalement, on évoquera un rarissime début de remise en cause de son choix par la tête dirigeante, vu la partie très serrée qu’elle joue actuellement, entre pandémie et XXème Congrès qui doit assurer un 3ème quinquennat pour le Président Xi Jinping. 

Suivez dès à présent les « Chroniques d’Eric » via le flux RSS ou sur Apple Podcast !
 


Petit Peuple : Tangshan (Hebei) : le mariage de neige (2ème partie)
Tangshan (Hebei) : le mariage de neige (2ème partie)

A Tangshan, Liu Chang et Jia Shihan doivent se marier le lendemain – l’ambiance est fiévreuse…

Selon la tradition, Jia devrait aller à l’aube « enlever » sa belle, avant de l’épouser et de l’emmener chez lui. Ceci signifiait dès potron minet le lendemain, aller chez elle avec copains et membres de son clan, s’installer sur son palier et faire tout un ramdam sans crainte de réveiller tout l’immeuble. Chez Liu, on entre-ouvrirait alors précautionneusement la porte. Dès lors le père de Jia lirait un discours, aux parents de la dulcinée, réclamant la main de leur fille toute de rouge vêtue. Son propre père répondrait par une autre harangue, spécifiant les gages à effectuer par la cohorte des visiteurs pour mériter la donzelle. Durant tous ces palabres, deux croque-notes, l’un jouant du « gu » (tambourin) et l’autre du « luo » (flutiau) remplirait l’air de leurs trilles, et des gobelets de thé seraient distribués à la ronde, tandis que les troupes se mélangeraient en joyeux désordre…

Tout cela, c’était la théorie. Mais le lendemain 19 mars 2022 à l’aube, attendaient deux surprises qui remettrait tout en cause, à savoir pour commencer, 15cm de neige. Bon, à Tangshan, on savait faire face à ce genre d’aléa. En fait, cet imprévu comblait même d’aise les futurs époux, car en ce pays, la neige est de bon présage et évoque la fertilité : avec elle, nos amoureux pouvaient s’attendre à des enfants grassouillets et joufflus. Simplement, du fait du risque de glisser et se rompre le cou, le groupe des « ravisseurs » serait moins nombreux que prévu.

Le second imprévu était autrement plus grave : quand Jia se présenta au portail de chez lui, il trouva les deux battants bloqués d’une chaîne et d’un cadenas. « On ne passe pas », dit le portier revêche, «Ordre de la mairie, pour cause d’Omicron ».

« Mais attends, répliqua le jeune homme, ça ne vaut pas pour moi… je vais me marier ». « Tu vas te marier, mes félicitations, poursuivit le garde, mais ça ne change rien. Même si t’étais Xi Jinping, Mao ou même Marx, tu resterais ici. C’est pour la santé de la Chine, et ça ne se négocie pas. Vous êtes confinés. Le mariage attendra ».

Anéanti, Jia ne trouva plus rien à dire… Il avait l’air idiot, dans son superbe costume col noir, chemise blanche et cravate à paillettes qui transparaissaient sous la parka matelassée kaki. Les copains pas plus que lui, ne savaient que dire ni faire… Finalement, saisissant son téléphone, il appela sa dulcinée.

Entendant la mauvaise nouvelle, Liu eut un coup au cœur. Tout son être se cabra. Une fois ces noces lancées, on ne pouvait plus reculer, au risque de perdre la chance. Jouer avec le destin tracé, c’était irresponsable !

Mais Liu était fille de ressource. Par sa fenêtre, elle constata que le portail de sa résidence restait ouvert. Elle appela le planton – qui lui confirma son soupçon : dans leur rue, la vie continuait. C’est qu’elle-même était de Guye tandis que lui était de Lubei, deux districts très voisins mais administrativement différents. Dans Guye, aucun cas contact n’avait été signalé, contrairement à Lubei. Il était donc confiné et elle pas ! 

En une seconde au téléphone, elle prononça à Liu le mot libérateur : «  J’arrive » !

Il ne lui fallut alors que 10 minutes pour fourguer dans un sac la robe à traîne, les talons hauts, le bibi de dentelle, son nécessaire de maquillage et autres babioles. Puis d’un pas rapide, en sueur en dépit des moins six degrés, elle rejoignit le bloc de son soupirant. Éberlué, le gardien vint à sa rencontre : «Confinement,  on ne passe pas, hurla t-il. « Ben oui, répéta-t-elle tout aussi rondement, confinement. Mais ton règlement ne parle que des gens qui veulent sortir, et pas de ceux qui veulent rentrer. En plus, moi, c’est autre chose… faut m’laisser entrer, j’vais m’marier ! »

« Euh, attendez, je vais en référer » fit le sbire en bafouillant. Car cette fois, la stupéfaction avait changé de bord : depuis quand des gens sont-ils volontaires pour aller se faire emprisonner ? Cela dépassait le sens commun ! Dans sa cabine, elle le vit empoigner le combiné du téléphone d’urgence, appeler les responsables, l’un après l’autre vu que tous n’y pigeant rien, se renvoyaient la balle et bottaient en touche afin d’éviter tout retour de flamme ultérieur : le cadre du Parti dans la résidence, celui de la cellule « santé-Covid » du district, puis la mairie d’arrondissement. Enfin le sous-fifre ressortit casquette en travers, pour donner le verdict d’une voix mal assurée : « Tu peux entrer, mais pas ressortir. OK ? »

Mais déjà, la fille ayant repris son baluchon restait solidement campée devant le portail : « Une fois qu’on est mariés, on peut vivre ensemble autant de temps qu’on voudra. La loi n’en a plus rien à faire. Alors, où est le problème ? » Derrière les barreaux, se gelant comme elle, attendait Jia, dans les bras duquel elle se jeta. Dès lors, les plans anticipés depuis des mois s’envolèrent à la seconde, et les plans B s’improvisèrent à la minute. Armée de shampoing, ciseaux et séchoir, une voisine lui fit sa coiffe. Une autre s’apprêtait à lui faire son maquillage, quand entra un duo en scaphandre blanc, ordonnant un test PCR. Tous obtempérèrent le sourire aux lèvres, sans même maugréer, avant de poursuivre les préparatifs, une fois le résultat négatif dûment consigné.

Pendant ce temps, un troisième voisin trouvait sur internet un protocole de cérémonie civile : face aux mariés sur le canapé agrémenté de grappes de ballons rouges, il fit l’officiant – les parents de Liu firent les témoins.

Depuis le matin, sa mère et les voisines bricolaient une collation pour la quinzaine de convives racolés dans la tour. Dès 9h, les invités au banquet officiel avaient été décommandés. Pour le restaurant, un accord avait été négocié avec le chef, compréhensif vue la force majeure.

Après le déjeuner, les jeunes mariés se retirèrent pour une sieste – une avance sur la nuit de noce. Pendant ce temps, le frère de Liu qui avait filmé ce mariage atypique, l’avait mis en ligne : par son aspect insolite, la nouvelle charma la Chine, égayant la morosité du confinement national. Quand Liu et Jia se réveillèrent, ils étaient déjà célèbres, assiégés de demande d’interviews, avec des dizaines de paparazzi accrochés aux grilles, pointant vers leur balcon leurs téléobjectifs.

Depuis ce jour, loin de s’épuiser, le confinement s’étend en rangs d’oignons. Pour meubler leurs jours, après des grasses matinées non regrettées, les jeunes mariés répondent à la presse et aux internautes. Ils jouent au « Uno ». Jia donne à Liu des leçons d’anglais, qu’il maitrise pour avoir séjourné quatre printemps au Royaume-Uni.

Un grand moment de chaque journée, tous les jours, consiste à piocher, sur la pyramide des cadeaux de mariage, un paquet au hasard. La grande attraction consiste à deviner qui en est l’auteur, à partir d’indices tels son coût évalué et son style. Hier, c’était une machine à marmite mongole (qu’ils croient venu d’une collègue de Liu). Aujourd’hui, c’est un bon pour un dîner à deux dans un grand hôtel (don du patron de Jia). A ce rythme d’ouverture des cadeaux, ils peuvent tenir un mois, sans penser à sortir… manière nouvelle, mais très chinoise de s’entraîner à la patience, et à faire mentir le proverbe, 久病床前无孝子 (jiǔ bìngchuáng qián wú xiàozǐ), « quand la maladie dure, aucun enfant n’endure de rester au lit » ! 


Rendez-vous : Semaines du 18 avril au 5 juin 2022
Semaines du 18 avril au 5 juin 2022

20-23 avril, Chengdu : DENTAL SHOW WEST CHINA 2022, Conférence internationale et salon sur les équipements et matériels pour la médecine dentaire.

20-22 avril, ShanghaiIE EXPO CHINA 2022, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie. REPORTE.

21-30 avril, Pékin : AUTO CHINA 2022, Salon international de l’industrie automobile. REPORTE

23-24 avril, Pékin ; 30 avril, Shanghai ; 1er mai, Canton : CIEET 2022, Salon international de l’éducation. EN LIGNE.

25-28 avril, Shanghai : CHINAPLAS 2022, Salon international des industries du plastique et du caoutchouc. REPORTE au 16 au 18 août.

27-29 avril, Pékin : TOPWINE CHINA 2022, Salon international du vin pour le nord de la Chine. REPORTE au 16 au 18 août.

30 avril-2 mai, Wuhan : ANI EXPO 2022, Salon de l’animation et du jeu interactif.

5-7 mai, Shenzhen : LICENSING CHINA 2022, Salon international des licences et des produits sous licence de Shenzhen. REPORTE au 5 au 7 août.

6-8 mai, Pékin : CHINA MED 2022, Salon des équipements et des instruments médicaux. REPORTE au 24 au 26 mai 2023.

6-8 mai, Shanghai : ELECTRONICA CHINA 2022, Salon professionnel international des composants électroniques, des technologies d’assemblage et de production, de la photonique. REPORTE.

9-11 mai, Pékin : ISH CHINA & CIHE 2022, Salon chinois international de l’assainissement, du chauffage, de la ventilation et de l’air conditionné. REPORTE.

10-11 mai, Pékin : CHINABIO PARTNERING FORUM 2022, Forum et exposition pour l’industrie des sciences de la vie. REPORTE au 13 au 16 septembre.

10-12 mai, Wuhan : API CHINA 2022, Salon chinois de l’industrie pharmaceutique: matières premières, chimie fine, ingrédients, machines de process et d’emballage. REPORTE au 3 au 5 août.

10-12 mai, Canton : ASIA VR&AR FAIR & SUMMIT 2022, Salon et sommet asiatiques de l’industrie chauffage – réfrigération – ventilation – climatisation.

10-12 mai, Canton : STEEL BUILD 2022, Salon international de la construction en acier et des matériaux de construction métalliques.

10-13 mai, Yantai : YANTAI EQUIPMENT MANUFACTURING INDUSTRY EXHIBITION 2022,  Salon des équipements pour l’industrie manufacturière.

11-13 mai, Pékin : CISILE 2022, Salon chinois international des instruments scientifiques et des équipements de laboratoire. REPORTE.

11-14 mai, Chongqing : CWMTE 2022, Salon international des machines de production.

12-14 mai, Shanghai : BIOFACH CHINA 2022, Salon mondial des produits bio. REPORTE.

13-15 mai, Wenzhou : WIE – INDUSTRY EXPO WENZHOU 2022, Foire industrielle internationale de Wenzhou.

15-17 mai, Canton : INTERWINE CHINA 2022, Salon chinois international du vin, de la bière, et des procédés, technologies et équipements pour les boissons.

18-21 mai, Tianjin : CIEX 2022, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil.

18-21 mai, Qingdao : QINGDAO INTERNATIONAL METAL WORKING EXPO 2022, Salon international de l’industrie du métal.

20-22 mai, Canton : APBE – ASIA-PACIFIC BIOMASS ENERGY TECHNOLOGY & EQUIPMENT EXHIBITION 2022, Salon international de l’énergie biomasse en Chine .

20-22 mai, Canton : GUANGZHOU INTERNATIONAL TRAVEL FAIR 2022, Salon international du voyage.

20-23 mai, Zhengzhou : ZIF 2022, Salon international des équipements industriels en Chine.

23-25 mai, Shanghai : CCEC CHINA 2022, Salon international et conférence sur les carbures cémentés de Shanghai.

23-26 mai, Shanghai : SNEC PV POWER EXPO 2022, Conférence et exposition internationale sur la production d’électricité photovoltaïque et l’énergie intelligente.

24-26 mai, Shanghai : NEPCON CHINA 2022, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs.

24-26 mai, Shanghai : IT&CMA CHINA 2022, Le principal événement international de rencontres, d’incitations, de conventions et d’expositions (MICE) en Chine.

26-29 mai, Tianjin : CHINA HELICOPTER EXPOSITION 2022, Salon International et convention d’affaires des hélicoptères civils.

29-31 mai, Canton : PLCE 2022, Salon de la distribution d’aliments frais et de la chaîne du froid en Asie-Pacifique.