Le Vent de la Chine Numéro 35

du 6 au 12 novembre 2006

Editorial : Zhuhai, le rêve chinois d’Icare !

Avec 50 avions de 33 pays et 550 firmes, le 6ème Salon aéronautique de Zhuhai vient rappeler que la Chine est le dernier marché mondial encore en croissance.

L‘aviation russe s’était déplacée en force, à 50 firmes : malgré des moteurs gourmands, Tupolev et Ilioushine espèrent  placer 5 avions-cargos sous deux ans… La Russie a plus de chance dans le militaire, du fait de l’embargo euro-US sur la Chine: plusieurs fers sont au feu, comme le développement commun d’un chasseur Sukhoi de 5ème génération, ou une commande chinoise d’un appareil d’aéronavale, le Su-33.

Fort de 300 commandes chinoises d’A320 (20MM$) depuis déc. 2005, Airbus espère passer de 35 à 50% du marché, grâce à sa future chaîne de montage à Tianjin, qui coûtera 100-150M², dont 49% chinois. Dès 2011, elle produira quatre A320/mois. Airbus mise aussi sur son centre de design (JV, 104 ingénieurs, à Pékin), devant dessiner les pièces chinoises du futur A350

Avec l’université de l’aviation civile, il crée encore une école de mécaniciens de maintenance, et prépare l’arrivée du A380 à Pékin dans un  mois, pour un vol de certification.

Tandis que Boeing, pour sa part, rassuré par ses 220 commandes en 18 mois et ses 60% de la flotte chinoise, affiche son refus d’ «imiter Airbus dans sa délocalisation». Boeing prétend garder la main en augmentant ses commandes de pièces en Chine, déjà pour 730M$! Boeing rappelle aussi ses séries relookées, le 737, 777 long courrier, et surtout le 787 Dreamliner, dont 50 commandes en Chine, seront équipées du système divertissement signé Thales, détenteur de 80% de ce marché chinois, de  40% de celui des simulateurs de vol et la majorité des systèmes d’ atterrissage et de gestion du trafic. Thales inaugurait d’ailleurs (1/11) sa JV de service, basée entre Pékin, Shanghai et HK, pour assister tous ces clients locaux.

Parmi d’autres contrats figurent celui entre Turbomeca (groupe Safran) et Changkong, JV de systèmes de turbines pour hélicoptères (50% du marché chinois).

Enfin la Chine révéla ses progrès en avions de combat, présentant des modèles comme le « Shanying », « aigle de montagne », (mais pas le FC-1, coproduction avec le Pakistan). Elle dévoila surtout ses ambitions en annonçant l’ARJ21, son propre avion de 110 places, date de sortie non précisée, mais qui révèle son rêve de récupérer à terme une partie de son propre marché, estimé à 1900, voire 2900 appareils d’ici 2025, selon les sources !

 

 

 

 


A la loupe : Sommet africain : des ambitions immenses

Pékin s’était fait  belle pour accueillir le sommet sino-africain du FOCAC (2-5/11).

Lampions écarlates aux avenues, panneaux géants (lions, éléphants), offraient «paix, amitié et développement» – aux 3000 dignitaires et businessmen de 48 pays, dont 43 chefs d’Etat et de gouvernement, hormis ceux des cinq Etats abonnés à Taipei —qui s’abstinrent. Un an de préparation intensive, 15 visites officielles par Hu Jintao et Wen Jiabao, permirent un sans-faute à ce plus grand sommet de l’histoire du régime, plaçant en Afrique, Pékin au niveau de Londres ou de Paris.

En politique, il s’agit de capitaliser sur les 50 ans de partenariat initié par Zhou Enlai, et son  emballement  au tournant du  millénaire. Les 11MM$ d’échanges en 2000 (pétrole, cuivre africain contre équipements et biens à bas prix), seront 50MM$ cette année.

Sur 700 projets chinois en Afrique, l’un d’eux, au Gabon, porte sur 3MM$ pour une mine de fer, port et voie ferrée. Un autre a offert à la Cnooc (China National Off-shore Oil Corp) 45% d’un champ pétrolier offshore au Nigeria pour 2,3MM$.

Aux leaders africains, Hu a annoncé un crédit à l’Afrique de 5MM$, à doubler d’ici 2009.

Les prêts sans intérêts à maturité, sont graciés pour les pays les plus pauvres, tandis qu’un grand effort de formation est offert : 100 agronomes chinois expatriés, 10 centres agro-technologiques, 100 écoles rurales, 4000 bourses d’étudiants (volume doublé). Effort de santé aussi : 30 hôpitaux promis, + 30M² au titre de la lutte anti-paludisme. En commerce, les produits africains à droits « 0 » sont portés de 190 à 440.

2500 projets sont en discussion, du barrage à 600M$ (400MW) au Ghana (projet imminent), à cette ligne ferrée Kano-Lagos signée cette semaine avec le Nigeria, 1500km pour 8MM$.

NB : ton politique nouveau : sans critiquer des leaders tels le Général Omar al Beshir (Soudan), Hu Jintao tente de le «persuader» d’améliorer les droits de l’homme au Darfour, terre de 200.000 morts de guerre et de famine…En Afrique, la montée en puissance de Pékin sur les investissements, se double d’une montée en responsabilité. Chance peut-être d’un nouveau départ, pour l’Afrique, avec ce parrainage nouveau, en plus des aides historiques traditionnelles !

 

 


Joint-venture : Cuisante retraite d’Europe pour TCL

Achetant en 2003 la branche téléviseurs cathodiques du français Thomson, TCL créait TTE, le n°1 mondial de ce secteur.

C’était un des 1ers cas de «chinois rachetant sa concurrence à l’Ouest» – on parlait de la « réponse chinoise à Sony ». Trois ans après, le bilan est amer : ayant perdu 195M$ sur 9 mois en Europe, TCL risque le délistage à Shenzhen, et doit renoncer sous 2 ans au droit de la marque Thomson, qui vend 10% de ses 30% de parts TCL à Hong Kong. Surtout, TCL doit fermer son usine polonaise, son réseau de vente européen, boucler ses 250 emplois locaux moyennant  un plan de 45M²… C’est la fin de son rêve européen !

A l’origine, une erreur stratégique : les 2 groupes ont choisi de fusionner leurs activités en TV cathodique, faisant l’impasse sur l’écran plat, le grand succès présent. A présent, TCL semble miser sur le gain en rapidité, produire et acheminer ses téléviseurs aux US en un mois au lieu de trois. Il a un an pour réussir, ou disparaître, pense Aaron Tong, un des senior managers! 

 

 


A la loupe : Anti-corruption – la vis se resserre encore

Hu Jintao semble poursuivre la reprise en main de Shanghai, via la plus vaste campagne anti-corruption en Chine depuis 10 ans. Viennent d’être  arrêtés Yuan Yonglin, Président du groupe Haixin, Chen Chanxian, gouverneur d’arrondissement, tandis que Jiang Sixian, patron du département de l’Organisation du PCC (Parti communiste chinois) est rétrogradé (3/11) vice gouverneur à Hainan.

Les dernières cibles sont les magistrats véreux. Le Président de la Cour Suprême, Xiao Yang, prétend une énième fois faire le ménage après les scandales de juges marrons, écroués à Shenzhen et dans l’Anhui. Selon Xiao Yang, pas moins de 800.000 verdicts ont été ignorés, et en 18 mois, 91 procureurs ont été «punis» pour déréliction de leur charge.

NB : la magistrature est le corps de fonctionnaires le plus décrié, pour sa vénalité et son incompétence.

A moins que les arbitres du football ne leur ravissent la palme: la CFA, l’administration du ballon rond, veut inviter des arbitres coréens et nippons, pour faire échec aux « sifflets noirs » – et à leur trafic de paris clandestins.

Autre nouvelle suite à cette campagne, qui débuta suite au détournement de 400M$ du fonds de pension de Shanghai : l’apparition de nouveaux règlements, que Shanghai est la 1ère à mettre en oeuvre : elle place les 1,2MM$ de son fonds sous un compte spécial, et un règlement de saine gestion. Mais d’autres découvertes et rumeurs suivent à Shanghai, faisant état d’autres fonds «mal placés» et disparus du patrimoine des retraites !

Dans ce contexte délétère, il est logique de voir Liu Mingkang, boss de la CBRC (tutelle des banques) : solliciter l’assistance des services comptables publics étrangers, contre la fraude horizontale entre banques, assurances et fonds de pension!

Au même moment, à l’ANP, le Parlement, à Pékin, un amendement est apporté à la loi du blanchiment d’argent, élargissant sa définition aux bakchichs et à la corruption. De même, en cas de transferts financiers importants et suspects, la Banque populaire de Chine (BPdC) et CBRC (China Banking Regulatory Commission), tutelles de la banque peuvent poursuivre des enquêtes hors de leur secteur, par exemple dans la bourse, ce qui était hier impossible. L’an passé, la BPdC en détectait 683 cas, portant sur 17.2MM$ !

 

 


Argent : Gome sent le roussi

— Trop de devises en Chine, qui franchit la barre des 1000MM$ de réserves, ces 2 dernières semaines, au rythme d’1,2MM$/jour. Pression aussi à la hausse du RMB, avec +10,7% de croissance du PNB de janvier à sept. et 110MM$ d’excédent (102MM$ en 2005, record battu).

La Banque populaire de Chine (BPdC) promet vaguement (30/10) d’accélérer la convertibilité. Mais on est encore loin, dit Dai Xianglong son ex-gouverneur, aujourd’hui maire de Tianjin, de la convertibilité totale, expérimentale dans sa future zone deTianjin-Binhai. En attendant, la BPdC impose la 3ème hausse des réserves bancaires obligatoires de +0,5% (3/11). Pour enrayer la surchauffe, Pékin use encore d’un expédient rare : les taxes à l’export, sur 110 produits à haut coût en énergie, ou dégâts sur l’environnement : +5% au pétrole, charbon, coke, 10% à certains produits de bois et l’acier; 15% au cuivre et nickel…

La 1ère attaque vise l’acier, dont l’export subventionné à 14% jusqu’en septembre, a causé un bond de +81% en 9 mois, surtout vers l’Asie, atteignant un volume de 28,6Mt. Le tout remettant aux calendes grecques la pourtant urgente restructuration.

Milliardaires, ne jamais vous vanter – chacun sait çà.

Le magazine Forbes n’a pas fait un cadeau à Huang Guangyu, patron de Gome, le n°1 chinois de l’électro-ménager, en le sacrant 1ère fortune du pays, avec un portefeuille de 2,28 MM$. Mais cela n’a fait qu’accélérer l’arrivée de la brigade financière, qui s’intéresse au prêt très spécial, d’1,3MM¥ consenti par la BdC (selon la revue chinoise Caijing) en 1996 au jeune entrepreneur -il avait alors 27 ans. Son frère aîné Huang Junqin, sous le même chef d’accusation, nie en bloc, à l’instar de Gome, mais l’affaire commence à peser en bourse de Hong Kong où son cours plonge, comme celui de China Paradise, n°3 du secteur que Gome venait de racheter (1/11) pour 677M$ –  affaire à suivre !    

 

 


Pol : Deux hirondelles de printemps en automne

— En matière de justice en Chine, deux embellies  viennent alléger le climat des derniers mois :

[1] Le bureau de l’ANP, le Parlement, vient d’amender sa loi sur la peine de mort.

Au 1er janvier, toute peine capitale devra être ratifiée par la Cour Suprême qui se prépare depuis un an, recrutant un staff de 200 juristes pour la révision de ces verdicts qui étaient 4000 en 2005, dont 1.770 avaient été officiellement appliqués, et en réalité bien plus. Selon estimations, ce mécanisme permettra d’éviter 20% voire 30% d’exécutions, à commencer par les erreurs judiciaires des procès bâclés.

[2] Au Shandong, Chen Guangcheng,  le défenseur aveugle des femmes avortées de force, voit son verdict de 4 ans de prison cassé (cf VdlC n°20). Un second procès est ordonné dans un autre tribunal (Linyi au lieu de Yinan).

NB : cela signifie qu’en haut lieu, on n’a pas cautionné la frappe judiciaire des autorités locales !

— Le 31/10, Kim Jong-il, le cher leader nord coréen, acceptait de retourner aux négociations pour un traité de paix et la fin de sa course à la bombe.

L’affaire s’est traité le 30/10 à Pékin, après 7 heures de négociations secrètes entre Chinois, Nord-coréens et  Christopher Hill, l’homme de G. W. Bush. Pour la Chine sous tension, critiquée pour n’avoir pu empêcher cette explosion, il était urgent de redorer son blason en ramenant le petit voisin au tapis vert. Elle l’a fait en haussant le prix, voire en coupant le robinet de son pétrole en octobre – tout en laissant ouverts, pour l’instant, ceux de riz et de farine. Au seuil de l’hiver, le message a été compris. Le sommet à Six aura lieu, de source chinoise «aussi vite que possible» -dans le mois!

NB : il faudra d’abord replâtrer l’unité entre durs – US et Japon décidés à ne pas accorder de bonus à Pyongyang pour son retour à la table, ni à lui pardonner son blanchiment d’argent sale via la banque macanaise Banco Delta Asia – et mous – Séoul et Pékin, en quête de compromis. Pour l’heure, les tensions sont si fortes, qu’un sommet semble improbable.

— Depuis mars 2005, la souche néo-Fujian de grippe aviaire est passée dans 6  provinces.

Cette nouvelle souche ne présenterait pas de danger nouveau, mais résiste au vaccin obligatoirement inoculé aux volailles en Chine -elle s’est accoutumée. J. Hall, coordinatrice à Pékin de la lutte mondiale contre ce virus H5N1, regrette (2/11) que les services vétérinaires locaux n’aient fourni depuis 2004 aucun échantillon à l’OMS, lui permettant de le partager avec les labos du monde. Le ministère de l’agriculture se défend : la nouvelle souche étant “très similaire”, il n’était “pas nécessaire” de la partager.

Pékin va quand même de l’avant dans d’autres domaines : à Nanning, lors du sommet Chine-ASEAN (1-2/11), qui fit avancer le projet de zone de libre échange pour ces 2MM d’âmes dès 2010, les 11 pays sont convenus de coordonner leurs mesures de douanes et de quarantaine pour bloquer les maladies endémiques, H5N1, fièvre Dengue. Un mémorandum sera signé en décembre 2006.

NB : la Chine voudrait aller plus loin, et échanger technologies, bases de données, formation. La Thaïlande est pour cette aide. Mais pas la Malaisie : dans sa hantise de voir le géant chinois phagocyter l’ASEAN, elle plaide pour que l’ASEAN s’organise d’abord—seule!  

— D’ordinaire, le métier des multinationales est de créer et vendre leurs produits.

Celui d’Intel, en Chine, est d’équiper en microprocesseurs 70% des ordinateurs portables (PC) , tout en employant, en R&D, 6.800 chercheurs dans ses 4 laboratoires du pays, ou ouvriers dans ses chaînes d’assemblage de Shanghai et Chengdu (Sichuan).

Aussi son dernier investissement est-il peu usuel, ayant lancé un double programme d’aide au développement IT des zones rurales en Chine. En matière de santé, en 2 ans, avec le soutien du ministère, il veut doter 105 hôpitaux et cliniques du canton de Zhanjiang (Guangdong) de centres informatisés et de télécom. Il s’agit de numériser les fiches de patients, ensuite accessibles partout sur le réseau. (même dans l’ambulance!). 30M$ en trois ans, iront dans ces équipements, y-compris la recherche sur des PC adaptés aux besoins locaux. 1000 villages sur cinq provinces seront raccordés en 3 ans. Même effort remarquable dans l’éducation : 10.000 PC seront donnés aux écoles rurales en cinq ans, de quoi former 1M d’instituteurs et de colorier en rose la scolarité de 100M d’élèves (!) d’ici 2011.

NB : cet invest embellira l’image d’un groupe “pesant” déjà 1.3MM$ en Chine après 21 ans sur place. Pays dont le marché des PC atteindra 15MM$ cette année, en hausse de 16%!

Dernière minute : Wu Shu-chen, l’épouse du Président taiwanais Chen Shui-bian, est inculpée de fraude sur 0,3M² (4/11) : l’action indépendantiste de Chen, perd lourdement en crédibilité !

 


Temps fort : Énergie propre – volontarisme et lutte contre la montre…

Nouvelle fringale chinoise d’achat pétrolier trop cher !

Au Kazakstan,  fin octobre, CITIC reprend 1,9MM$ à Nations Energy (Canada), ses parts du champ de Karazhanbas, 340M barils de pétrole difficile à extraire, et dont l’Etat reste 1er actionnaire. Or, au 1/11, la CNOOC admet un contrat avec Petronas (Malaisie) de 3Mt de GNL/an sur 25 ans, à 25MM$  -record de tarif, pour la Chine, et deals qui expriment une crainte d’un avenir où le pétrole sera « hors-marché ».

Ce pessimisme est nourri par une lettre indienne d’intention d’achat record, 1M barils/jour à la Russie pour 50MM$. L’Inde passerait 1er acheteur de ce pays, entamant l’offre russe sur le marché international. Tandis que Ryadh, 1er fournisseur mondial, coupe en novembre, de 8% ses livraisons à l’Asie… Pékin tente donc de se prémunir!

Autre processus en cours, sur la scène chinoise de l’énergie propre : Pékin multiplie les très lucratives ventes de droits d’émissions de gaz à effets de serre, en 10aines, voire 100aines de M$, à l’Europe via la Banque Mondiale. Elle vient d’en vendre pour 1,6 Mt de CO² à la Banque mondiale, justifiés par l’ouverture d’une centrale mongole d’éoliennes, et pour 72.000t de dioxyde de carbone, après ouverture d’un barrage au Hubei.

Problème: du fait des rouages du protocole de Kyoto, la Chine profite de ce système global, sans en avoir les obligations de réduction d’émission. Or, J. Howard, 1er ministre australien, vient de refuser l’entrée de son pays dans ce système tant que Chine, et USA en seront absents. Et le Canada s’  apprête à en sortir. Autrement dit, l’heure approche, où la Chine va devoir devenir contributeur au système, ou le voir disparaître !

 

 


Petit Peuple : Lianyungang, quête philosophique d’une échoppière

Qu’est-ce qui pousse une diplômée universitaire à lâcher son emploi de marketing pour se faire 地摊女郎,ditan nülang  c’est-à-dire «échoppière au sol», métier misérable, harcelé par la police et sous l’opprobre des passants?

Liang (appelons-là ainsi), demoiselle de 22 ans, avoue avoir sauté ce pas par ennui. Mais il y a forcément plus : l’envie de se mettre à l’affût dans la jungle urbaine, le refus d’une vie trop planquée et matérialiste, le désir de retourner aux sources du peuple, de faire seule sa longue marche immobile. C’est ainsi que depuis septembre, elle vivote de ses bracelets, peignes, colliers et porte-clés bradés à vil prix.

Si Liang fait vite parler d’elle -après deux mois seulement dans cette vie nouvelle-, c’est à cause du blog qu’ elle a ouvert sur internet où, sous le pseudo de «larme amère dans la mer bleue », elle raconte chaque soir, ses clients et ses visions. Le Singapourien qui lui commande 800 porte-clés à moitié prix, le goujat qui lui en  confisque cinq en les payant sous le prix d’achat, le 老外 laowaivieil» étranger) qui la traite avec douceur, lui laisse un gros bénéfice et lui donne envie d’apprendre l’anglais. L’aveugle en face d’elle gagne plus mais se voit dépouillé par sa cheffe de bande cupide et sans pitié.

 Liang raconte aussi comment ses amis la traite comme une intouchable, honteux de sa«déchéance», là où elle ne voit que sa dignité et l’expression de sa liberté! Durant ses semaines de vie spontanée et vivifiante, de nombreux messages de soutien lui sont parvenus. Des amis inconnus lui ont ouvert des boutiques sur les portails de Taobao et d’Ebay : désormais l’argent rentre, les amis aussi, mieux que si elle avait gardé son job d’antan…

Aux yeux de la fille, c’est le bienfait qui vient, pour avoir osé s’abandonner au destin, et accepté le lot d’aventures quotidiennes qu’il lui réservait. En terme de plan de carrière, dit le dicton, «le ciel assure toujours mieux que nous » (ren suan bu ru tian suan, 人算不如甜算)!

 

 


Rendez-vous : Chengdu, Partenariat Europe – Chine

5 -7 novembre, Chengdu : Forum Europe-Asie de l’investissement

9-10 novembre, Chengdu : ‘Partenariat’ Europe-Chine

7-11 novembre, Shanghai : Salon de la Pharmacie