Petit Peuple : Wuhan, le retour du fils prodigue

En trimbalant les valises à travers couloirs et ascenseurs de cet hôtel de Wuhan, Wang Pin pleurait de rage contre sa sottise incommensurable. Il n’avait pas 20 ans, mais venait de tout perdre, après avoir eu la fortune en main.

Les 500.000¥ épargnés par ses parents  pour lui offrir de belles études, il les avait brûlés au jeu. Et pas à un jeu aristo genre casino rhénan avec roulette, vamps et champagne, mais à Londres, en 18 mois de régime hamburger-internet-café! La maxima culpa revenait aux parents, petits bourgeois (l’un négociant, l’autre chercheur), aimant leur fils, mais mauvais connaisseurs de l’âme humaine. Ce qui pourrait être une caractéristique majeure de cette génération de parents privée 25ans de toute communication interpersonnelle autre que politique, puis jetée en pâture à la procréation. Comment envoyer au bout du monde un gosse de 16 ans sans autre soutien qu’un gros chèque, pour y produire seul son succès universitaire?

Résultat : en Angleterre à Londres en sept 1999, il sécha un an de cours, rivé à son écran de PC. A l’automne suivant, il tenta de se ressaisir – mais ne put résister plus de 2 mois au démon de l’internet.

La chute était inévitable: en juillet 2002, après 31 mois de débauche virtuelle, fauché comme les blés et incapable d’aligner trois mots dans la langue de Shakespeare, Wang Pin désespéré reprit l’avion du foyer natal, pour vivre de petit job dans un hôtel! Son enfer s’acheva quelques mois plus tard à l’aéroport de Wuhan, où il allait chercher des voyageurs, parmi lesquels un ami de la famille, qui le reconnut. Les parents le tirèrent du trou où il se terrait, et lui réservèrent le retour du fils prodigue.

Soulagés d’avoir retrouvé la chair de leur chair; ils étaient prêts à changer de rêve pour leur héritier,画虎不成反 类犬, hua hu bu cheng fan lei quan. Littéralement : “si votre dessin de tigre est raté, faites en un chien” – un chien, c’est mieux que rien!

 

 

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