D’un symbolisme calculé, le 1er octobre, pour les fêtes du Cinquantenaire, le Président Jiang Zemin est apparu sur un des chars fleuris, en un portrait de la même taille que ceux de Mao Zedong (notre photo) et de Deng Xiaoping (provisoirement érigé sur la place Tian An Men) : ainsi désormais la trilogie est constituée, dans l’hagiographie du régime.
Seul ainsi vêtu, Jiang arborait un costume Sun Yat Sen anthracite, comme pour mieux marquer son identité aux Grands Disparus. Le Bureau Politique du Comité Central lui avait déjà octroyé (sans doute, dès août, lors du conclave balnéaire de Beidaihe) le droit de rester à la tête du Parti et du régime aussi longtemps qu’il s’en sentirait capable, sans limite d’âge, afin de parachever son grand oeuvre : le « rajeunissement de la Nation » (sic) et la réunification du pays.
D’autres détails du cérémonial, étaient là pour imposer l’idée d’une « montée dans l’histoire » du 1er personnage du régime : le nombre égal de chars dédiés à Deng et à Jiang, ou le nombre des emprunts au 35ème anniversaire de la République Populaire de Chine qui avait marqué l’apothéose de Deng, en 1984. Parmi ceux ci, la parade militaire, son passage en revue par le leader en limousine parlant aux soldats par micros sans fil, voire le très petit nombre d’invités triés sur le volet (20000) place Tian An Menn, tandis que de nombreuses artères fermées, étaient désertes – spectacle surréaliste et symbole de puissance dans cette ville de 14M d’âmes.
A la lumière de ce parallélisme, les différences sont apparues crûment. En 1984, les invités (qui étaient à l’époque plus « rouge », et plus remplis d’espoir, face aux promesses de réforme et d’ouverture) avaient applaudi. En 1999, l’auditoire a été absent, comme insaisissable ou blasé par défaut. Le deal politique, pourtant, était resté le même. Seuls, les temps avaient changé – une époque avait passé.
Sommaire N° 33