Le Vent de la Chine Numéro 2 (2022)

du 10 au 16 janvier 2022

Editorial : La stratégie « zéro Covid » mise à rude épreuve
La stratégie « zéro Covid » mise à rude épreuve

Xi’an, Henan, Shenzhen, Tianjin… La stratégie « zéro-Covid » mise en place par les autorités chinoises n’a jamais été aussi menacée qu’en ce début d’année 2022, à quelques semaines de la grande migration du Nouvel An chinois (1er février) et des Jeux olympiques d’hiver (4 au 20 février).

Si elle a déjà prouvé son efficacité durant les deux dernières années (la Chine ne recense en moyenne que quelques dizaines de cas de transmission par jour), elle est aujourd’hui mise à mal par l’arrivée de variants plus contagieux, comme le Delta et l’Omicron, et qui échappent aux vaccins « inactivés », comme ceux que la Chine produit.

Le cas de Xi’an, capitale provinciale du Shaanxi, en proie au variant Delta depuis décembre, vient illustrer les limites de cette stratégie basée sur des campagnes massives de dépistage, un traçage méticuleux des cas contacts, le recours au confinement centralisé, la fermeture des frontières et la suppression quasi totale des vols internationaux. En un mois, les autorités locales ont multiplié les erreurs en matière de gestion sanitaire et se sont mis à dos une bonne partie de ses 13 millions d’habitants.

Il y a d’abord eu les problèmes d’approvisionnement alimentaire, causés par le manque de main-d’œuvre (elle aussi sujet à confinement). Puis il y a eu le crash à deux reprises du système informatique générant le code QR de santé, nécessaire pour accéder aux hôpitaux ou encore se faire dépister. Ensuite il a eu la relocalisation forcée de 42 000 habitants dans des centres de quarantaine « délabrés » aux abords de la ville. Enfin, il y a eu les difficultés d’accès aux soins pour les personnes malades, poussant les habitants à dénoncer cette priorité donnée à l’éradication du virus au détriment de leur propre santé. Le cas de deux femmes enceintes ayant perdu leur bébé faute d’avoir été en mesure de présenter aux hôpitaux un test PCR valide, a profondément choqué l’opinion et conduit la vice-première ministre Sun Chunlan à exprimer « de profonds remords ».

Alors que le foyer épidémique de Xi’an, « le plus sérieux depuis le confinement de Wuhan », serait finalement sous contrôle après trois semaines de confinement, le fait que la situation soit sous certains points tout aussi sévère que celle observée à Wuhan début 2020, mérite réflexion. Punir systématiquement les personnes en charge en cas de défaillance ne rendra pas le virus moins transmissible. Dans la plupart des cas, les travailleurs ne font qu’appliquer des directives venues d’en haut. Or, ces dernières n’ont qu’une faible tolérance pour les cas particuliers et les imprévus… C’est la raison pour laquelle certains blogueurs estiment que c’est la responsabilité de ceux qui formulent ce protocole sanitaire strict qui devrait être engagée. Comme dit le dicton : « un général incompétent peut décimer trois armées » (一将无能,累死三军). Comme souvent, ces critiques visent essentiellement les dirigeants locaux et ne constituent pas une véritable remise en cause de la stratégie « zéro Covid » de Pékin.

Zeng Guang, ancien épidémiologiste en chef du CDC chinois, espère tout de même que le cas de Xi’an puisse servir d’exemple. « Ce qu’il s’est passé à Xi’an pourrait très bien arriver à d’autres villes », a-t-il prévenu.

De fait, la découverte de deux cas d’Omicron dans une école de Tianjin le 9 janvier, sans lien avec le premier cas importé du pays, va également mettre à rude épreuve la réactivité des autorités municipales. Un dépistage des 14 millions d’habitants a déjà été ordonné.

Au-delà de ces percées dans le bouclier épidémique chinois, certains analystes prédisent que la Chine pourrait bientôt arriver à un point d’inflexion : les bénéfices apportés par la stratégie « zéro Covid » s’amenuisent au fur et à mesure que les coûts économiques augmentent. Les signes ne trompent pas : la consommation intérieure peine à décoller, la situation fiscale se détériore, la croissance du PIB ralentit (environ de 5% en 2022 contre 7% avant la pandémie).

D’après le cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group, basé à New York, « la Chine aura de plus en plus de mal à contenir les infections, les foyers seront plus importants, et les mesures mises en place seront plus strictes. Cela va en retour générer de plus fortes perturbations économiques, nécessiter davantage d’intervention de l’État, et alimenter un certain mécontentement au sein de la population, qui se retrouvera en porte-à-faux avec le mantra triomphaliste des médias officiels ».

Sans aller jusqu’à remettre en cause sa stratégie de lutte contre la Covid-19, le gouvernement central semble néanmoins conscient des difficultés économiques qu’elle engendre. Lors de la conférence annuelle sur le travail économique en décembre, les décideurs ont déclaré que la Chine va trouver « un meilleur équilibre entre les mesures sanitaires et le développement économique ». Mais dans quelle mesure Pékin va-t-il procéder à des ajustements ? Et quand ? Rien n’est à attendre avant les Jeux olympiques d’hiver en février, et le XXème Congrès du Parti à l’automne… Mais après ces échéances politiques, tous les espoirs sont permis.


Finance : Pékin fait la promotion de son yuan digital
Pékin fait la promotion de son yuan digital

À l’approche des congés du Nouvel An chinois (1er février), période traditionnellement propice aux « enveloppes rouges » (digitales), la Chine redouble d’efforts pour promouvoir son yuan numérique (DCEP) auprès du grand public, sans que la date du lancement national soit encore connue.

Le 4 janvier, la Banque Centrale a rendu disponible au téléchargement une application de test,  réservée aux habitants d’une douzaine de villes pilotes (Shenzhen, Suzhou, Xiong’an, Chengdu, Shanghai, Hainan, Changsha, Xi’an, Qingdao, Dalian). Lors de l’inscription, les utilisateurs seront priés de sélectionner l’une des grandes banques partenaires (ICBC, Agricultural Bank of China, China Construction Bank, Bank of China, Bank of Communications, Postal Savings, China Merchants Bank) pour ouvrir leur compte.

Deux types de portefeuilles seront proposés : l’un sous forme numérique, l’autre sous forme physique (carte à puce, bracelet ou encore canne connectée) pour ceux qui ne disposent pas de téléphone portable, comme la plupart des personnes âgées. Par ailleurs, la technologie de communication en champ proche (NFC) permettra aux utilisateurs d’effectuer des transactions en renminbi numérique sans réseau.

En fonction des informations fournies par l’utilisateur, différents plafonds de paiement seront débloqués : 5000 yuans de transaction par jour en précisant seulement son numéro de téléphone, 10 000 yuans en renseignant le numéro de sa pièce d’identité, 100 000 yuans en fournissant son numéro de compte bancaire, et un déblocage total en se donnant la peine d’aller faire un tour à la banque.

La Chine fera également la promotion à l’international de son yuan digital durant les Jeux olympiques d’hiver (4 au 20 février). Grâce à lui, les visiteurs étrangers qui ne disposent pas d’un compte bancaire en Chine, pourront faire leurs achats à l’intérieur des différentes « bulles sanitaires ».

Pour rappel, le e-CNY ambitionne de remplacer l’argent liquide, mais n’a rien de comparable avec les cryptomonnaies, interdites sur le territoire chinois. La distribution de cette devise digitale est supervisée par la Banque Centrale qui la transfère aux banques commerciales, qui à leur tour, la distribuent à leurs clients.

Si certains utilisateurs considèrent que l’arrivée du yuan digital marque le début d’une nouvelle ère, d’autres sont beaucoup plus sceptiques : « quelqu’un peut-il me dire à quelle occasion les consommateurs auront besoin d’utiliser le yuan digital ? », écrit un influenceur sur son compte Weibo.

En effet, le marché du paiement mobile est largement dominé par deux acteurs : WeChat (Tencent) et Alipay (Ant), deux « super-applications » qui proposent de nombreux services (messagerie, paiement, achat de tickets de cinéma, commande de taxis, livraison de repas…).

Face à une telle concurrence, les villes pilotes, comme Shenzhen et Suzhou, ont distribué des dizaines de milliers de « hongbao » digitaux d’une valeur de plusieurs millions de yuans pour inciter les Chinois à se mettre au e-CNY. De même, les grandes banques se montrent très insistantes auprès de leurs clients pour les pousser à ouvrir un portefeuille électronique dédié au renminbi numérique.

D’après Mu Changchun, directeur de l’institut de recherche sur la monnaie digitale, près de 140 millions de Chinois (10% de la population) avaient déjà ouvert un compte en yuans digital en octobre 2021, avec un volume d’échange cumulé de 62 milliards de yuans en un an. C’est peu comparé au nombre d’utilisateurs de WeChat Pay et Alipay, qui en recensent respectivement 1,2 milliard et 700 millions par mois.

Mais le e-CNY pourrait bien rattraper son retard… Le 6 janvier, WeChat a annoncé l’ajout d’une fonctionnalité permettant de payer en yuan numérique sur l’application. Cette étape pourrait bien constituer un tournant dans l’usage du e-yuan, d’autant que Alipay devrait suivre.

Officiellement, les autorités maintiennent qu’il n’y a pas de concurrence entre e-CNY, devise digitale, et WeChat Pay / Alipay, solutions de paiement. La Banque Centrale a d’ailleurs présenté la nouvelle comme l’ajout d’une « solution complémentaire » à celles proposées actuellement. Cependant, les récents efforts déployés par l’État pour reprendre le contrôle sur les données des géants de la tech, laissent penser le contraire.


Immobilier : Avis de démolition pour Evergrande à Hainan
Avis de démolition pour Evergrande à Hainan

Coup de semonce pour le promoteur immobilier Evergrande : il devra démolir 39 tours résidentielles construites sur l’une de ses trois îles artificielles prénommées « Ocean Flower Island » (海花岛) à Hainan. La construction de ces immeubles couvrant 435 000 m² serait en infraction des règles environnementales et menacerait les récifs coralliens de la région. Le groupe, qui a fait appel de cette décision, a seulement 10 jours pour s’exécuter. Cette décision a été prise en parallèle à une injonction d’interrompre toute construction sur ces îles.

C’est un nouveau revers pour le promoteur qui croule sous un passif estimé à 300 milliards de $ et dont le processus de restructuration a déjà débuté sous la houlette des autorités du Guangdong, sa province d’origine. 

Inquiet de l’impact de l’avis de démolition sur le cours de son action qui a déjà perdu 90 % de sa valeur en 2021, Evergrande a suspendu sa cotation en bourse de Hong Kong le 3 janvier tout en s’empressant de préciser que cette injonction ne concerne qu’une partie des logements censés pouvoir accueillir plus de 110 000 habitants cette année. Quelques jours plus tôt, le groupe tentait de rassurer les 1,5 million d’acheteurs en attente de leur logement en annonçant que 91,7% de ses chantiers à travers la Chine avaient repris, après plusieurs mois d’interruption…

Cependant, l’intransigeance des autorités de la ville Danzhou, dont dépend « Ocean Flower Island », vis-à-vis d’Evergrande risque d’écorner un peu plus la confiance que les investisseurs pouvaient encore avoir dans la capacité du groupe à rembourser ses dettes. En effet, cette démolition le prive de biens qu’il aurait pu revendre et risque de faire chuter la valeur globale de ce projet pharaonique. D’une superficie de 800 hectares, soit 1,5 fois la taille des « Palm Islands » de Dubaï, le chantier avait été estimé à 160 milliards de yuans (22 milliards d’euros).

Initié il y a dix ans, « Ocean Flower Island » est l’un des projets les plus emblématiques du promoteur. Cet ensemble de trois îles artificielles en forme de fleur symbolise plus que n’importe quel autre projet la folie des grandeurs des années fastes d’Evergrande. Sur l’immense île centrale, dédiée aux loisirs et au tourisme, tout est démesuré : centre commercial géant, centre de conférence de 90 000 m², hôtels de luxe, parcs à thème, jardin botanique… Inauguré en décembre 2020, le complexe aurait déjà reçu 5,5 millions de visiteurs en 2021. C’est ce débouché touristique qui avait convaincu la ville de Danzhou de donner son feu vert au « Ocean Flower Island » en 2012, malgré le risque qu’il représentait pour les écosystèmes marins. 

Étrangement, à l’annonce de la démolition des 39 immeubles, de nombreux internautes ont déploré ce gaspillage de ressources et pris d’une certaine manière la défense d’Evergrande, victime d’un revirement politique. « Cela coûte de l’argent pour les construire, cela coûte de l’argent pour les détruire », s’est lamenté l’un d’entre eux. Un autre s’interroge : « qui a approuvé ce projet illégal en premier lieu » ? Et c’est bien là que le bât blesse…

Chez le maire de l’époque Zhang Qi, 13 tonnes de lingots d’or ont été retrouvées dans une cave secrète fin 2019 et plus de 268 milliards de yuans (37 milliards d’euros) ont été saisis sur ses comptes en banque. Au total, sa fortune mal acquise aurait fait de lui l’homme le plus riche de Chine, devant Jack Ma et ses 37 milliards de $. Elle aurait également pu sauver deux fois la Grèce de la faillite, selon certaines estimations. Zhang Qi a été arrêté et condamné en 2020 à la prison à vie pour avoir accepté des pots-de-vin de plus de 107 millions de yuans (seulement), les autorités estimant que les véritables montants étaient trop embarrassants pour être révélés. D’ailleurs, la vidéo de la découverte de la caverne d’Alibaba de l’ancien maire a été censurée…

Cet épisode démontre à quel point l’arrivée du Président Xi Jinping au pouvoir a changé la donne. Désormais, la protection de l’environnement est censée primer sur le développement économique, tandis que la campagne anticorruption dévoile au grand jour les connivences de certains cadres avec les promoteurs immobiliers qui ne sont plus en odeur de sainteté. Et dire que la débâcle d’Evergrande ne fait que commencer…


Chiffres de la semaine : « 10,7 degrés °C, 33 microgrammes par m3, 47 milliards de yuans au box-office, 24 cadres épinglés »
« 10,7 degrés °C, 33 microgrammes par m3, 47 milliards de yuans au box-office, 24 cadres épinglés »

10,7°C : c’est la température moyenne mesurée à travers la Chine durant l’année 2021, soit 1 degré de plus que la normale. Un record depuis 1961. L’an passé, douze provinces, dont le Zhejiang et le Jiangsu, ont enregistré les températures les plus élevées des dernières années. Dans le nord du pays, les précipitations ont elles, augmenté de 40,6% (697,9 mm) par rapport à la moyenne. « Avec le réchauffement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, sécheresse, tempête de sable…) sont devenus la norme », a commenté Jia Xialong, vice-directeur du centre pour le climat.

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33 microgrammes par m3 : c’est la concentration moyenne des microparticules PM2,5 dans l’air de Pékin en 2021. C’est la première fois que la capitale chinoise atteint les standards nationaux (moins de 35 µg/m3). C’est 13% de moins qu’en 2020, et 63% de moins qu’en 2013, lorsque le pays a arrêté de censurer les données de mesure de qualité de l’air. En janvier cette année-là, la capitale suffoquait sous un épais nuage de smog de 993 µg par m3 – record inégalé à Pékin. L’épisode avait été surnommé « l’airpocalypse ».

En parallèle, le niveau de microparticules PM10 a également chuté depuis 2013 de 49%, de dioxyde de sulfure (SO₂) de 89%, de dioxyde d’azote (NO₂) de 54%, et d’ozone de 13%. Les autorités ont réussi à rectifier le tir dans la région de Jing-Jin-Ji (Pékin, Tianjin et Hebei) grâce à la délocalisation d’usines polluantes, la fermeture de surcapacités de production, la réduction de la consommation du charbon, et l’introduction de la circulation alternée en ville.

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47 milliards de yuans (7,4 milliards de $) : c’est le montant du box-office chinois en 2021, faisant de la Chine le premier marché mondial devant les États-Unis pour la deuxième année consécutive. C’est un net rebond par rapport à l’année 2020 où les cinémas chinois n’avaient enregistré que 3 milliards de $ de recettes à cause des restrictions sanitaires. Cependant, le marché chinois n’a toujours pas retrouvé son niveau pré-Covid (9,3 milliards de $ en 2019). Cela n’a pas empêché le pays d’enrichir son parc de 6 667 nouveaux écrans en 2021, pour en cumuler désormais 82 248, le plus grand parc au monde.

Signe de la perte d’influence d’Hollywood dans l’Empire du Milieu, 84% des recettes de 2021 sont des films chinois, une part qui ne cesse d’augmenter avec les années. En tête du box-office 2021, la superproduction patriotique « La bataille du lac Changjin », sorti le jour de la fête nationale le 1er octobre. En deux mois seulement, le film est devenu le plus rentable de tous les temps en Chine, récoltant 5,77 milliards de yuans de recettes. Les deux seuls films étrangers figurant parmi le top 10 sont les productions américaines « F9: The Fast Saga » et « Godzilla vs Kong », respectivement 5ème et 8ème du classement, avec 1,39 milliard de yuans et 1,23 milliard de yuans. 

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24 cadres issus du secteur financier (régulateurs, fonds d’investissement, banques commerciales et de développement) ont été épinglés en moins de trois mois par les inspecteurs de l’anticorruption. 25 institutions financières ont été ciblées, telles que la Banque Centrale, la tutelle boursière (CSRC), la China Development Bank (CDB), l’Exim Bank, ICBC, Everbright… Pékin veut s’assurer que les cadres ne se sont pas trop rapprochés des grands conglomérats privés, particulièrement ceux qui sont dans le viseur du gouvernement (Evergrande, HNA, Didi Chuxing, Ant Group…), en leur accordant des prêts ou des faveurs contre des pots-de-vin.

 


Vocabulaire de la semaine : « Omicron, yuan digital, client, portefeuille, Evergrande, immobilier »
« Omicron, yuan digital, client, portefeuille, Evergrande, immobilier »
  1. Omicron (15ème lettre de l’alphabet grec, précédée par Xi et suivie par Pi) : 奥密克戎 ; ào mì kè róng
  2. Officiel, formel : 正式 ; zhèngshì
  3. Guerre, bataille, se battre : 战 ; zhàn

今日,天津正式打响对抗奥密克戎的阻击

Jīnrì, tiānjīn zhèngshì dǎxiǎng duìkàng ào mì kè róng de zǔjí zhàn.

« Aujourd’hui, Tianjin est officiellement entrée en guerre de résistance contre Omicron ».

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  1. Banque : 银行; yínháng
  2. Client (individuel) : (个人)客户; gèrén kèhù
  3. Yuan numérique, digital : 数字人民币; shùzì rénmínbì
  4. Souple, mou : 软; ruǎn
  5. Portefeuille : 钱包 ; qiánbāo
  6. Rigide, dur : 硬; yìng

中国银行将为个人客户提供数字人民币软钱包钱包两类服务。

Zhōngguó yínháng jiāng wèi gèrén kèhù tígōng shùzì rénmínbì ruǎn qiánbāo, yìng qiánbāo liǎng lèi fúwù.

« Bank of China fournira aux clients individuels des services de portefeuille souple et de portefeuille rigide en yuan numérique ».

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  1. Evergrande : 恒大集团 ; héng dà
  2. (Un) bâtiment : : (一栋) 楼; yī dòng lóu
  3. Ordonner : 责令; zélìng
  4. Volontairement, par soi-même : 自行; zìxíng
  5. Démolir, détruire : 拆除; chāichú

恒大海南海花岛39栋楼被责令在10日内自行拆除

Héng dàhǎi nánhǎi huā dǎo 39 dòng lóu bèi zélìng zài 10 rìnèi zìxíng chāichú. 

« 39 bâtiments de « Ocean Flower Island » d’Evergrande ont reçu l’ordre d’être démolis dans les 10 jours ».

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  1. « Travailler sans relâche peu importe les conditions météorologiques », citation tirée d’un des ouvrages du penseur taoïste Zhuangzi (littéralement, « cheveux lavés par la pluie et peignés par le vent ») : 沐雨栉风 ; mù yǔ zhì fēng

在那沐雨栉风的战争年代,再苦再累也觉得值。

Zài nà mù yǔ zhì fēng de zhànzhēng niándài, zài kǔ zài lèi yě juédé zhí.

« En période de guerre où la pluie et le vent soufflaient, peu importe à quel point c’était dur, cela en valait la peine ».


Podcast : 28ème épisode des Chroniques d’Eric – «La Chine nue»
28ème épisode des Chroniques d’Eric – «La Chine nue»

Venez écouter le 28ème épisode des « Chroniques d’Eric », journaliste en Chine de 1987 à 2019 et fondateur du Vent de la Chine.

L’Empire sous le Ciel, l’Empire du Milieu, la Chine telle qu’on veut l’appeler, a insensiblement changé en un an. Pékin qui s’apprête à accueillir des Jeux Olympiques d’Hiver encore plus vissés et encore moins libres que ceux d’Été qu’il hébergeait en 2008, devient rigide. Elle perd de ses couleurs, celles de son petit peuple confiné à la maison et sur écoute par la grande oreille du Crédit social.

Pour détecter les différences, j’ai chaussé les lunettes d’une émission d’Arte sur l’Union soviétique, et celles  de Thomas Piketty, l’économiste socialiste.  Piketty, auteur marxiste, avait l’honneur d’un de ses livres exposé en gros plan sur le bureau du Président chinois Xi Jinping le jour de ses vœux de Nouvel An. Mais qu’on en déduise pas que ce penseur et chercheur soit devenu l’égérie du socialisme chinois – comme on va entendre, dans son dernier livre traitant de « histoire de l’égalité », les fleurs  écarlates de la Chine rouge, sont moins des roses que des chardons !

Suivez dès à présent les « Chroniques d’Eric » via le flux RSS ou sur Apple Podcast !
 
 


Photo de la semaine : Une forêt urbaine
Une forêt urbaine

C’est la photo qui fait le tour des réseaux sociaux. La première partie de ce complexe shanghaien situé près du district de l’art M50, vient d’être inaugurée fin décembre, après huit ans de conception et de construction.

Imaginé par le cabinet d’architecture anglais Heatherwick Studio, à l’origine de l’intriguant pavillon britannique lors de l’exposition universelle de Shanghai en 2010, ce projet prénommé « 1000 Arbres » a été pensé comme une déclinaison moderne des « jardins suspendus de Babylone ».

En effet, sa structure extérieure fera ressortir à terme près de 1000 colonnes bétonnées – qui sont en fait le prolongement des piliers internes du bâtiment – surmontées d’arbres et de végétation. 

Vous vous demandez sûrement comment ils vont pouvoir s’épanouir dans de telles conditions ? Grâce à un système d’irrigation intégré dans les colonnes.

Près de 50 essences d’arbres, plantes vivaces et grimpantes originaires de l’île de Chongming au nord-est de Shanghai, ont été choisies pour offrir une diversité végétale, à la manière d’un grand jardin botanique. D’ailleurs, la moitié d’entre elles sont à feuillage persistant, ce qui veut dire qu’elles gardent leurs feuilles toute l’année.

Avant même la fin du chantier, ce projet architectural avait déjà fait beaucoup parler de lui. Certains locaux déplorent la disparition du vieux Shanghai ; d’autres trouvent que le complexe dénote agréablement parmi les tours de béton environnantes. En tout cas, ces « 1000 Arbres » ne laissent pas indifférent !


Petit Peuple : Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin de Li Jingwei (1ère partie)
Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin de Li Jingwei (1ère partie)

Cet après-midi de novembre 1989 dans son village du Yunnan, Xiao Dou, 4 ans, jouait seul à la marelle sous le soleil ardent dans la ruelle de terre battue. C’est alors que le voisin Guo sortit de sa maison, avec en main un objet tiré au sol par une ficelle. Bariolé, l’objet s’ébranla en un mouvement qui stupéfia Xiao Dou : c’était un chat de bois, animé sur roulettes, qui se mouvait d’un geste coulé, comme s’il rampait en quête d’un oiseau. Xiao Dou, subjugué, s’accroupit pour le saisir. Mais l’« oncle » accéléra le pas pour inciter le petit à le suivre, tout en lui disant « viens avec moi, on se promène, et ensuite, je te le donnerai, il sera à toi ».

Ils marchèrent jusqu’à la rue adjacente, qu’ils empruntèrent, l’enfant répétant continûment « donne-le-moi, shushu ». Mais 30 mètres plus loin, croisant un minibus Jinbei à l’arrêt, leur déambulation fut interrompue par un couple sortant du véhicule. La femme attrapa l’enfant, avant de s’engouffrer dans le véhicule et d’en refermer la porte pour occulter ses hurlements perçants. L’homme pendant ce temps, remettait à Guo une liasse de billets roses – 5000 yuans que Guo recompta, prix de son rabattage. Puis l’homme se remit au volant et démarra en un rugissement, tandis que Guo se hâtait de repartir, piochon à l’épaule vers sa rizière à un quart d’heure de là : histoire d’être au loin quand les parents reviendraient et constateraient la disparition du petit.

À bord du minibus, Xiao Dou s’était effondré en pleurs. Sur la banquette arrière, la femme s’efforçait de le calmer d’une voix doucereuse. Ce n’était qu’une promenade, assurait-elle, bientôt ils retourneraient à la maison. Et en attendant, il allait pouvoir jouer avec Maomao, son chat de bois. La ravisseuse se gardait de l’appeler par son prénom, sachant bien que bientôt il en porterait un autre. En tout état de cause, le petit ne comprenait pas la moitié de ce que jargonnait la femme, dans son chinois qui n’était pas le sien. Au moins, le flot de paroles détournait son attention et semblait atténuer sa terreur. Puis elle sortit de son sac une friandise qu’elle lui mit dans la bouche. Il se mit à la sucer, croquer, et bientôt l’avala – c’était sans doute le premier chocolat de sa vie.

Quelques minutes plus tard, ses yeux se mirent à cligner, les sanglots s’espacèrent, sous l’action du puissant somnifère. Il s’affala sur la banquette. « Ça y est », cria-t-elle au chauffeur, « tu peux y aller ». Cessant de rouler sans but à travers la campagne, le chauffeur mit le cap sur la gare routière de Zhaotong-Sud, à temps pour attraper le bus longue distance pour lequel ils avaient déjà deux billets – celui de la femme, et celui du petit, suivant le scénario parfaitement minuté. A la gare, l’homme porta le petit endormi jusqu’au bus, suivi de la femme avec son sac de voyage. Le chat de bois restait dans le minibus, prêt à resservir d’appât pour d’autres kidnappings. Parfaitement au point, la filière enlevait des garçons de cette région pauvre, pour les revendre à prix d’or aux familles de la côte, en mal d’héritier.

Deux heures plus tard, Xiao Dou fut réveillé par les vibrations du bus sur la route défoncée par le passage des camions. Il était côté fenêtre, tandis que côté allée se trouvait sa geôlière, pour l’empêcher de filer. Pour ce genre de voyage, le bus était plus sûr que le train, risquant moins les contrôles ni l’évasion du môme. La femme au demeurant, le traitait bien, faisant tout pour lui adoucir l’inconfort de ce bus où la pluie pénétrait par le toit et les fenêtres, « cheveux peignés par le vent » (mù yǔ zhì fēng, 沐雨栉风). Elle sortit de son havresac un pot de yaourt, lui montrant comment aspirer avec la paille. Au prochain arrêt, elle l’emmena aux toilettes, puis lui acheta une barquette de riz au poisson, lui montrant comment manger avec la cuillère jetable, puis lui offrit un soda à la pêche… Autant de trésors d’une nouveauté absolue pour lui. Le devinant à l’écoute, la femme lui révéla qu’ils allaient chez un oncle très riche, dans un endroit merveilleux où il serait heureux. « Mais quand vais-je retrouver papa, maman ? », demandait-il sans cesse, et elle, de garder le silence, en évitant de croiser son regard. En attendant, si quiconque lui demandait qui ils étaient, il devait dire qu’elle était sa « ayi ». Sinon, il y avait danger– sa vie dépendait de son silence ! Ces propos sombres le replongèrent dans le désespoir, mais épuisé, il finit par se rendormir…

Au prochain réveil, il préféra ne plus ouvrir les yeux. En restant patient, se disait-il, peut-être le cauchemar se dissiperait, lui permettant de retrouver ses parents. On s’en étonnera peut-être, mais pas un instant, Xiao Dou n’envisagea de s’enfuir. Sa culture clanique l’avait moulé dans une discipline d’obéissance, et quand le lendemain à la gare routière loin de chez lui, la dame s’en alla faire des achats, il resta immobile sur son siège-baquet d’acier, à la laque usée par les ans et les milliers de voyageurs. Puis, ils passèrent à bord d’un autre autobus, longeant fleuves et gravissant les routes en lacets des montagnes, aspirant les fumées des colonnes de camions ployant sous leurs charges… 

Le cauchemar va-t-il s’arrêter ? Où vont-ils arriver ? On le saura la semaine prochaine !


Rendez-vous : Semaines du 10 janvier au 20 février 2022
Semaines du 10 janvier au 20 février 2022

15 au 23 janvier, Nankin : CMT CHINA 2022, Salon du tourisme et des loisirs de plein air.

1er février : Nouvel An chinois. Dans toute la Chine, les festivités du Nouvel an lunaire célèbreront l’entrée dans l’année du Tigre (d’ Eau) qui commencera le 1er février 2022 pour se terminer le soir du 21 janvier 2023.

31 janvier- 6 février : Congés du Nouvel An chinois.

4 au 20 février : Jeux Olympiques d’hiver, à Pékin, Yanqing et Zhangjiakou (Hebei). Tickets encore non-ouverts à la vente.

19 au 21 février, Canton : SRE – GUANGZHOU INTERNATIONAL SMART RETAIL EXPO 2022.

4 au 13 mars : Jeux Paralympiques d’hiver, à Pékin, Yanqing et Zhangjiakou (Hebei). Tickets encore non-ouverts à la vente.