Le Vent de la Chine Numéro 31 (2021)

du 12 au 26 septembre 2021

Editorial : L’industrie du soutien scolaire reçoit une leçon
L’industrie du soutien scolaire reçoit une leçon

Comme chaque année, le 10 septembre, les écoliers de la Chine entière remettent un petit cadeau à leurs professeurs, à l’occasion de la fête des enseignants (教师节, jiàoshī jié). Pourtant, le secteur éducatif n’est pas exactement à la fête en cette rentrée scolaire.

Inquiet de voir la natalité du pays chuter, le gouvernement s’est engagé dans un nettoyage radical de l’industrie du soutien scolaire, avec l’objectif affiché de réduire les coûts de l’éducation pour les parents et la pression pesant sur les épaules des enfants.

Des mots du Président Xi Jinping, dont l’idéologie sera désormais enseignée une fois par semaine dès la classe de CE2, cette industrie « chaotique » est une « maladie résistante qui est difficile à traiter ». Selon le ministère de l’Éducation, le secteur a été « gravement détourné par le capital » et s’est « engraissé » sur le dos des parents de 200 millions d’élèves, anxieux d’assurer l’avenir de leur progéniture.

C’est ainsi que le gouvernement a décrété une politique de « double réduction » (双减, shuāng jiǎn), consistant à réduire la masse de devoirs et d’examens, ainsi que le recours à des cours particuliers.  

Désormais, les firmes de soutien scolaire devront s’enregistrer comme des entités à but non lucratif et auront l’interdiction d’enseigner toute matière du programme scolaire (maths, chinois, anglais…) le soir, le weekend, et pendant les vacances. Pour compenser, les enseignants des écoles publiques sont priés d’assurer un service de garderie ou de permanence après les heures de cours. Une charge supplémentaire pour ces professeurs souvent mal rémunérés…  

Pour cette industrie, estimée à 800 milliards de yuans (105 milliards d’euros) en 2019 et employant plus de 10 millions de personnes, c’est un coup dur. Les établissements mettent la clé sous la porte, et plusieurs dizaines voire centaines de milliers de professeurs (étrangers y compris) se retrouvent soudainement sans emploi. Selon l’ONG hongkongaise China Labour Bulletin, les manifestations de ces enseignants licenciés, réclamant des arriérés de salaire à leurs patrons en fuite, se sont multipliées ces dernières semaines… Même si certaines villes ont organisé des foires à l’emploi pour ces profs au chômage, les places offertes sont loin d’être suffisantes et satisfaisantes pour ces jeunes candidats en grande majorité titulaires d’un diplôme universitaire.

Et les parents dans tout ça ? Même s’ils devraient à priori se réjouir de ces changements, ils sont nombreux à être convaincus que le nouveau système continuera de favoriser ceux qui ont les moyens de payer une école privée à leurs enfants ou de les envoyer étudier à l’étranger… Auparavant, les élèves des écoles publiques considéraient le soutien scolaire comme leur seule chance de pouvoir rivaliser avec ceux des écoles privées. Ce ne sera plus le cas aujourd’hui.

Mais les parents n’ont pas dit leur dernier mot, déterminés à contourner la nouvelle règlementation d’une manière ou d’une autre. Les cours sont donnés clandestinement à domicile, dans des cafés, halls d’hôtels, sur internet… Conséquence : les rares professeurs disponibles s’arrachent et leurs prix flambent sur le marché noir. Ce n’est pas un problème pour les familles les plus fortunées qui ont recours à des tuteurs à domicile – un service facturé jusqu’à 30 000 yuans par mois ! Le groupe New Oriental Education lui, a ouvert une filiale proposant les services de prétendus « agents d’entretien »… Face à cette dissidence, les autorités ont promis des sanctions.

Pour rester dans la légalité, les firmes subsistantes se diversifient. Certaines offrent désormais des cours de pédagogie aux parents afin qu’ils puissent enseigner eux-mêmes à leurs enfants. D’autres proposent des leçons de calligraphie, de cerf-volant, d’origami, de codage informatique, d’arts plastiques, mais surtout de sport puisque la matière ne cesse de prendre de l’importance dans le cursus scolaire. Surfant sur la tendance, pas moins de 33 000 sociétés proposant une éducation artistique et sportive, ont ouvert à travers le pays ces dernières semaines – une hausse de 99%.

 « On dirait que les autorités veulent davantage de jeunes virils qui n’ont rien dans le cerveau. Ils feront de parfaits employés d’usine », s’est moqué un internaute. Derrière l’objectif affiché de réduire la pression financière des parents et les inégalités croissantes, l’État envisagerait-il de réformer son système de manière à former moins de cols blancs et plus de cols bleus afin de répondre à la baisse structurelle de sa main-d’œuvre ? L’hypothèse a gagné du terrain sur les réseaux sociaux. « On dirait que les autorités tentent désespérément de transformer « les jeunes qui s’allongent » (ou plongent dans les jeux vidéo) en de bons petits soldats patriotes et productifs », suspecte un utilisateur de Weibo.

En effet, faute de pouvoir bénéficier de soutien scolaire, de nombreux élèves ne pourraient même plus atteindre le lycée, selon certains experts. Actuellement, la moitié des collégiens réussissent à intégrer une université, tandis que les autres sont redirigés vers des lycées professionnels, une voie nettement moins prestigieuse aux yeux de la société, ou vont directement sur le marché du travail

Sous cette lumière, il devient clair que cette campagne actuelle s’attaque aux symptômes sans traiter les causes de la maladie. Pour que les mesures soient réellement efficaces, il faudrait doter l’école publique de davantage de ressources (instaurer une rotation des meilleurs professeurs entre les différents établissements est un premier pas en ce sens), procéder à une réforme du « gaokao » (高考, gāokǎo), l’examen d’entrée à l’université, et surtout mettre un terme à ce climat de compétition permanente en offrant une éducation plus diversifiée et personnalisée qui peut correspondre aux aspirations et aux capacités des enfants comme des parents. Mais c’est oublier qu’en Chine, l’intérêt de la nation primera toujours sur celui de l’individu.


Finance : La bourse de Pékin fait son grand retour
La bourse de Pékin fait son grand retour

Fermée sous Mao en 1952 pour cause d’incompatibilité avec les « idéaux communistes »*, la bourse de Pékin (北京证券交易所) fait son grand retour sous Xi Jinping en 2021.

Le Président a créé la surprise le 2 septembre en annonçant sa résurrection lors de la foire internationale des services (CIFTIS). Alors que les bourses de Shanghai et Shenzhen ont été créées l’une après l’autre en 1990, Pékin avait jusqu’à présent été laissée de côté… Un comble pour la capitale de la 2ème puissance mondiale, qui héberge la Banque Centrale, les deux régulateurs (boursier, assurances et banques) et les sièges des « Big Four », les quatre banques commerciales d’État !

S’il a longtemps été question de (re)créer une bourse à Pékin, l’actuel découplage financier entre Chine et États-Unis a pu contribuer à accélérer la décision, tout comme le fossé économique grandissant entre le nord et le sud du pays.

L’annonce de la création d’une nouvelle bourse offre un étonnant contraste avec la sévère reprise en main du secteur privé qui fait rage depuis plusieurs mois, la lutte sans relâche contre « l’expansion désordonnée des capitaux » et le nouveau slogan populiste de « prospérité commune »

Néanmoins, elle s’inscrit dans la volonté du gouvernement de renforcer l’attractivité de ses marchés financiers pour mettre fin à la fuite de ses pépites technologiques à Wall Street. Même s’il est très peu probable de voir les firmes cotées au Nasdaq se délister puis lever des fonds à Pékin, les PME chinoises pourraient bien réfléchir à deux fois avant de tenter l’aventure américaine. La mésaventure de Didi Chuxing est encore dans tous les esprits…

Grâce à cette bourse dédiée aux « PME innovantes », Pékin veut améliorer l’accès aux financements de ses petites entreprises, conscient de leurs difficultés à obtenir des crédits auprès des banques qui préfèrent prêter aux firmes d’État et aux grands groupes. Ce faisant, le gouvernement espère stimuler l’innovation en redirigeant l’épargne des citoyens vers le développement des entreprises technologiques, plutôt que dans le traditionnel secteur immobilier, à son tour victime d’un tour de vis des autorités

Pour autant, cette annonce a un goût de déjà-vu, puisque la Chine dispose déjà de deux marchés réservés aux valeurs technologiques : le ChiNext de la bourse de Shenzhen, lancé en 2009, et le marché STAR de Shanghai, également inauguré par Xi Jinping en 2019.

Véritable révolution, le marché STAR n’exige plus des entreprises d’avoir réalisé un profit net avant de s’introduire en bourse. Le STAR a d’ailleurs connu un démarrage en trombe, avant que les choses ne se tassent l’an dernier. En effet, depuis l’introduction avortée de Ant Financial (Alibaba), les demandes d’entrée en bourse sont passées au crible, décourageant les éventuels candidats…

De la même manière, la capitale chinoise n’était jusqu’à présent pas totalement dépourvue, puisqu’elle dispose depuis 2012 d’une plateforme de négociation de gré à gré (National Equities Exchange and Quotations, NEEQ), surnommée le « troisième nouveau marché » (新三板). Il avait pour mission de lister des entreprises qui ne répondaient pas aux critères des bourses de Shanghai ou Shenzhen… Cette tentative s’est pourtant soldée par un échec, n’attirant que les petites sociétés aux bilans financiers douteux, faute de contrôles suffisants… « La nouvelle bourse fonctionnera de manière correcte, uniquement si les PME sont de qualité », a rappelé Xiao Gang, ancien patron de la tutelle boursière CSRC.

L’Etat donne donc une nouvelle chance à Pékin, en lui offrant une bourse « clé en main », basée sur le « troisième nouveau marché », mais dopée par un nouveau cadre règlementaire dévoilé par la CSRC dès le lendemain de l’annonce de Xi Jinping.

À l’inverse des marchés STAR et ChiNext, la bourse sera structurée comme une compagnie, avec ses actionnaires, son président (Xu Ming), son conseil d’administration.

Comme ses rivales de Shanghai et Shenzhen, l’enregistrement des entreprises sera simplifié et le prix de l’action ne sera pas limité le jour de l’introduction.

En revanche, les firmes devront afficher un profit net avant de faire leurs débuts en bourse de Pékin.

Autre nouveauté : les petits investisseurs devraient être autorités à participer aux côtés des investisseurs institutionnels, s’ils disposent d’au moins un million de yuans d’actifs dans leur portefeuille. Pékin veut s’assurer que ces petits porteurs ont les reins assez solides pour faire face à une fluctuation journalière fixée à 30%. Sa hantise ? Les voir manifester chaque matin devant le bâtiment de la CSRC…

Actuellement, 66 PME sur les 7299 listées sur le « troisième nouveau marché » répondent aux critères pour entrer en bourse de Pékin. Parmi elles, BTR New Energy Materials, entreprise de Shenzhen valorisée à 7 milliards de $, fabricant de composants de batteries à lithium-ion ; Linton NC Machine, leader dans la production d’équipements à base de silicium cristallin pour l’industrie des semiconducteurs et des panneaux solaires, basé à Dalian ; ou encore Welltrans O & E, fabricant de moniteurs de vidéosurveillance, installé à Wuhan. À terme, la nouvelle place financière devrait faciliter entre 200 et 300 introductions par an.

Mais n’y a-t-il pas un risque de voir la bourse de Pékin cannibaliser les cotations du marché STAR et surtout celles du ChiNext, lui aussi réservé aux petites entreprises ? Même si les autorités ont écarté cette éventualité, les cours du ChiNext et de la bourse de Hong Kong ont chuté au lendemain de l’annonce de Xi Jinping…

En effet, en étant les premières à choisir la bourse de Pékin, les compagnies pourraient espérer s’attirer les faveurs des autorités centrales, qui en retour accroîtraient leur contrôle sur ces PME technologiques.

Il n’est pas non plus exclu que les firmes locales soient « incitées » à se lister en bourse pékinoise. Pour rappel, la ville est le siège de 87 « unicornes » (record du pays), ces start-up valorisées à plus d’un milliard de $, essentiellement situées à Zhongguancun, la « Silicon Valley » pékinoise.

Alors Pékin réussira-t-elle cette fois son pari ? Les observateurs seront vite fixés puisque la nouvelle place boursière devrait donner son premier coup de cloche d’ici la fin de l’année.  Il en va de la crédibilité de la capitale chinoise en tant que centre financier.

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* Pour l’anecdote, la première bourse de Pékin (中原证券交易) a été établie le 5 juin 1918, dans un bâtiment en briques à l’ouest de Qianmen, au 36 Xiheyan Jie (前门西河沿街36号, ex-n°196). C’est dans ce hutong que plusieurs banques avaient élu domicile à l’époque, aux côtés du théâtre Zhengyici, établissement trois fois centenaire où Mei Langfang, célèbre chanteur d’Opera de Pékin, avait l’habitude de se produire…

Première bourse opérée par des Chinois, la place a débuté avec 60 courtiers et une capitalisation de 1 million de yuans. Renommée « bourse de Beiping », les affaires ont commencé à se détériorer à partir de 1927, lorsque le gouvernement nationaliste de Chiang Kai-shek a déplacé sa capitale à Nankin… Après la seconde guerre sino-japonaise, la bourse a cessé ses opérations en 1939.

Brièvement rouverte après la fondation de la République Populaire de Chine en 1949, la bourse a définitivement fermé ses portes en 1952, considérée comme un emblème du capitalisme.

Devenue propriété de l’Académie chinoise des Sciences (CAS), elle a un temps accueilli chercheurs et étudiants… Aujourd’hui encore occupé par quelques familles de membres de la CAS, le bâtiment est désaffecté, ayant survécu à de nombreuses démolitions dans le quartier. Il n’a cependant rien perdu de son charme d’autan (cf photo) !


Immobilier : Un dilemme financier nommé « Evergrande »
Un dilemme financier nommé « Evergrande »

Faut-il sauver le soldat « Evergrande » de la faillite ? C’est la question à laquelle l’État pourrait bien avoir à répondre dans un futur proche.

Fondé en 1996 à Canton par Xu Jiayin (Hui Ka Yan en cantonais), le deuxième promoteur immobilier du pays a su tirer profit de l’urbanisation galopante en déployant ses projets dans près de 280 villes. En 2017, son PDG devenait l’homme le plus riche de Chine avec une fortune évaluée à 43 milliards de $.

Fort de son succès immobilier, Evergrande, mieux connu sous le nom de Hengda (恒大), s’est lancé il y a un peu plus de cinq ans dans une diversification tous azimuts : parcs de loisirs, eau minérale, télécoms, assurances et voiture électrique….

Le conglomérat s’est également offert l’un des clubs de foot de Canton, le « Guangzhou FC », et les services du champion du monde italien Fabio Cannavaro pour mener l’équipe vers la victoire.

Pour financer cette expansion, le groupe a emprunté sans compter… Aujourd’hui, Evergrande est le promoteur le plus endetté au monde, avec un passif totalisant les 1950 milliards de yuans (250 milliards d’euros).

Si les soucis financiers d’Evergrande ne sont un secret pour personne, les choses ont commencé à sérieusement se gâter en 2020.

Parti en croisade contre les risques financiers et la spéculation immobilière, Pékin a interdit aux promoteurs immobiliers de vendre des appartements avant d’en avoir achevé la construction, privant ainsi Evergrande d’une manne financière qui lui avait jusqu’à présent permis de maintenir la tête hors de l’eau.

Surtout, le gouvernement a fixé aux groupes immobiliers « trois lignes rouges » à ne pas dépasser, limitant leurs ratios d’endettement par rapport à leur trésorerie, à leurs actifs, et à leurs capitaux propres. Se situant bien en dessus du seuil dans les trois catégories, Evergrande a vu le robinet du crédit se fermer. Comme pour espérer faire patienter Pékin, le groupe cantonais a annoncé pouvoir réussir à réduire son endettement au niveau requis par l’État d’ici 2023.

En attendant, Evergrande va devoir rembourser 93 milliards de yuans (12 milliards d’euros) de prêts arrivant à maturation d’ici 2022, selon les calculs de Yongyi Trust Research. Or, les liquidités viennent à manquer…

Inquiètes de ses capacités de remboursement, les principales agences de notation ont à nouveau dégradé sa note financière début septembre, faisant brièvement plonger le cours de son action à HK en dessous de son prix initial en 2009.

Faute d’argent frais, ses chantiers sont à l’arrêt. Depuis le début de l’année, Evergrande a fait l’objet d’au moins 427 plaintes pour impayés de la part de ses sous-traitants et fournisseurs, toutes centralisées – à la demande du gouvernement – devant un tribunal de Canton.

Les clients eux aussi s’impatientent. Sur Weibo, les doléances s’accumulent. Ils seraient plus de 1,5 million d’acheteurs à attendre la livraison de leur logement, pour une valeur totale de 1200 milliards de yuans (158 milliards d’euros).

Pour renflouer sa trésorerie, Evergrande brade ses logements et a commencé à se séparer d’une partie de ses actifs non stratégiques (son fournisseur internet Hengteng, sa banque Shengjing, sa filiale agroalimentaire Bingquan, son siège hongkongais…). Sa filiale automobile, qui n’a pour l’instant vendu aucune voiture, intéresserait le fabricant de smartphones Xiaomi, qui vient de se lancer dans les véhicules électriques, tandis que sa société de gestion immobilière fait l’objet de négociation avec ses concurrents Country Garden et Vanke, respectivement n°1 et n°3 du marché.

Le 1er septembre, le groupe a reconnu qu’il risquait de faire défaut s’il ne parvient pas à lever assez de fonds ou à céder suffisamment d’actifs – une première. 

Deux trusts ont déjà exigé un remboursement immédiat de la part du promoteur, tandis que les différentes places financières du pays n’acceptent plus les obligations « Hengda » en guise de garantie.

En un rare désaveu public, les dirigeants d’Evergrande ont été convoqués mi-août à Pékin par la Banque Centrale et la tutelle de l’assurance et de la banque (CBIRC). Celles-ci ont exhorté la compagnie à résoudre « activement » ses problèmes de trésorerie. Elles ont également enjoint le groupe à divulguer « des informations fiables », ce qui laisse entendre que cela n’a peut-être pas toujours été le cas…

Six semaines plus tôt, le milliardaire de 62 ans (cf photo) faisait encore partie des invités triés sur le volet pour assister aux festivités données Place Tian An Men à l’occasion du 100ème anniversaire du Parti.

Surnommé le « Donald Trump chinois » pour avoir bâti son empire immobilier sur une montagne de dettes, le côté flamboyant en moins, Xu Jiayin a toujours fait preuve d’une fidélité exemplaire au PCC. Xu aurait un jour déclaré que « tout ce que Evergrande possède, a été donné par le Parti ». Membre de l’assemblée consultative populaire (CCPPC), Xu est également connu pour sa philanthropie, bien avant que Xi Jinping ne remette la « prospérité commune » au goût du jour.

Cette loyauté suffira-t-elle à convaincre Pékin de renflouer le groupe, comme il l’a récemment fait pour l’organisme de défaisance Huarong ?

À la différence de Huarong qui appartient à l’État et représente un composant clé du système financier chinois, Evergrande n’est ni l’un ni l’autre…

Une restructuration des activités orchestrée par le gouvernement provincial, à la manière du conglomérat privé HNA (qui disposait pourtant de solides appuis en haut lieu), est plus probable. À moins que Pékin ne fasse un exemple d’Evergrande en laissant le navire sombrer…

La banqueroute du groupe risquerait pourtant de provoquer une réaction en chaîne dans tout le système bancaire et pourrait causer une chute dramatique des prix de l’immobilier. Sans parler des 200 000 employés et 3,8 millions d’intérimaires qui se retrouveraient au chômage. Autant de menaces pour la stabilité économique et sociale du pays. 

Face à un tel dilemme, il est possible que Pékin fasse traîner en longueur le calvaire d’Evergrande avant d’agir, ce qui présenterait l’avantage d’infliger une belle leçon au groupe. Pour l’instant, les régulateurs n’ont pas cillé.


Chiffres de la semaine : «600 jours sans voyage à l’étranger, 17% des cols blancs, n°1 des téléchargements, deux tiers de la population, 207 médailles»
«600 jours sans voyage à l’étranger, 17% des cols blancs, n°1 des téléchargements, deux tiers de la population, 207 médailles»

– 17 % des cols blancs (masculins) sont déjà passés sous le bistouri, selon iResearch. Comme pour leurs collègues féminines, avoir recours à la chirurgie esthétique est un moyen d’accroître leurs opportunités professionnelles et leur confiance en soi. La plupart de ces hommes passent la première fois sur le billard avant leurs 30 ans, et se font rectifier le nez, les paupières, éclaircir la peau…

Cette statistique interpelle alors que Pékin a ouvertement critiqué la mode des jeunes hommes aux traits délicats, surnommés « petites viandes fraîches » (小鲜肉, xiǎo xiān ròu), et a banni les stars « efféminées » (娘炮, niáng pào) à la TV, persuadé que la nation traverse une crise de « masculinité ». En cinq ans, le marché de la chirurgie esthétique en Chine a triplé pour atteindre les 197 milliards de yuans (25 milliards d’euros).

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– 600 jours que le Président Xi Jinping n’a pas mis un pied hors du pays pour éviter toute exposition au virus. Depuis le début de la pandémie, même les hauts dignitaires étrangers ne sont pas reçus dans la capitale chinoise et sont accueillis à Tianjin, Shanghai ou dans le Guangxi… Pour compenser, le chef d’État multiplie les visioconférences et a passé près de 60 coups de fil à ses homologues, dont plusieurs à Vladimir Poutine, Angela Merkel, Emmanuel Macron, et deux à Joe Biden. Mais son absence « physique » lors de grands sommets internationaux depuis un an et demi pourrait avoir des conséquences diplomatiques et freiner les progrès sur plusieurs dossiers…

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 Deux tiers de la population chinoise sont doublement vaccinés (970 millions), et plus des trois quarts ont reçu une dose (1,09 milliard). Mais la cadence de vaccination faiblit… De l’aveu d’un cadre de la Commission Nationale de Santé, maintenant que la campagne de vaccination a atteint un stade avancé, il devient « de plus en plus difficile » de poursuivre le déploiement, et particulièrement « de mobiliser les personnes qui n’ont jamais été vaccinées ». L’arrivée sur le marché d’un vaccin à ARN  messager « made in China » pourra-t-elle convaincre les récalcitrants ? Appelé ARCoVax, il devrait être mis en production courant octobre. En attendant, toujours aucun feu vert n’a été donné à Fosun pour produire celui de BioNtech et le projet semble de moins en moins probable de jour en jour…

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– n°1 des téléchargements : l’application la plus téléchargée du moment, devant Douyin (TikTok) et WeChat, est le « Centre National Anti-Fraude » (国家反诈中心). Développée par un département du Ministère de la Sécurité Publique et lancée en mars dernier, l’app a pour mission de prévenir les arnaques téléphoniques ainsi que de signaler les SMS et les programmes suspicieux.

Dans les grandes villes, des posters incitant au téléchargement sont affichés dans les rues, dans le métro, dans les ascenseurs, dans les magasins… Un policier s’est même dévoué pour en faire la promotion en ligne auprès de 100 millions de personnes grâce au live-streaming. Cependant, de nombreux utilisateurs se sont plaints d’avoir été forcés à télécharger l’app et s’inquiètent de son caractère intrusif. Même si la description précise qu’elle ne récolte aucune donnée personnelle, les usagers doivent tout de même s’enregistrer sous leur vrai nom, avec leur numéro d’identité, et scanner leur visage. L’app réclame également l’accès aux photos, SMS, et liste de contacts.

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– 207 : c’est le nombre de médailles remportées par la « team China » lors des Jeux paralympiques de Tokyo. Pour la cinquième fois d’affilée, la Chine en tête du classement des médailles. Si la Chine domine la compétition depuis les Jeux d’Athènes en 2004, c’est grâce au dispositif mis en place par les autorités chinoises pour détecter et former les athlètes paralympiques dans 225 centres handisport répartis à travers le pays. Il a été mis en place au lendemain de l’obtention en 2001 des JO de Pékin, le gouvernement chinois percevant une opportunité de briller sur la scène internationale en capitalisant sur le fait que peu de pays investissent massivement dans le sport paralympique.


A lire, à voir, à écouter : «Astérix : le Secret de la potion magique» et «Red Roulette»
«Astérix : le Secret de la potion magique» et «Red Roulette»

« Astérix : le Secret de la potion magique » (高卢英雄:魔法的秘密) : le film d’animation réalisé par Alexandre Astier et Louis Clichy, débarque le 11 septembre en 3D sur plus de 10 000 cinémas à travers la Chine. L’histoire d’une région rebelle qui s’oppose à la puissance d’un Empire n’a pas effrayé les censeurs puisque la version originale n’a pas été altérée.

Lors de sa sortie en France en 2018, le film avait été un succès, avec 3,9 millions d’entrées. A l’international, il avait récolté 47 millions de $ au box-office.

Visionnez la bande-annonce en chinois en cliquant ici !

A ne pas confondre avec « Astérix et Obélix, L’Empire du Milieu » de Guillaume Canet, qui devait être en partie tourné en Chine, en coproduction avec des capitaux locaux. Si le projet chinois a été finalement abandonné, le film devrait sortir en France courant 2022.

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« Red Roulette » : les mémoires de Desmond Shum, homme d’affaires qui a évolué avec son épouse Whitney Duan, dans les hautes sphères du pouvoir et a bâti sa fortune en cultivant de bonnes relations avec certains membres de « l’aristocratie rouge » dont l’épouse de l’ex-Premier ministre de Wen Jiabao.

Le destin du couple bascule un jour de 2017 lorsqu’il apprend au Royaume-Uni où il réside avec son fils, que son ex-compagne s’est volatilisée à Pékin. Pendant quatre ans, elle ne donnera aucun signe de vie… jusqu’à la veille de la sortie du livre le 7 septembre, où elle lui passera deux mystérieux coups de fil.

Indisponible en Chine, à lire en anglais en version numérique.


Photo de la semaine : La « station sanitaire internationale de Canton »
La « station sanitaire internationale de Canton »

Voici un aperçu de la « station sanitaire internationale de Canton » (广州市国际健康驿站), un projet estimé à 1,43 milliard de yuans (187 millions d’euros). Cet immense complexe de 250 000 m² devra permettre d’éviter d’envoyer les nouveaux arrivants dans des hôtels en ville, réputés trop proches des quartiers résidentiels et mal adaptés à la forte transmissibilité du variant Delta.

Si les prix n’ont pas encore été divulgués, la taille de ses 5000 chambres variera de 18m², 27m², à 36 m² pour une quarantaine en famille… La station devrait être opérationnelle fin septembre. Actuellement, une vingtaine de vols internationaux atterrissent chaque jour à Canton (Los Angeles, Toronto, Londres, Doha, Séoul, Tokyo, Hanoi, Saigon…). Le principe de cette station pourrait être répliqué dans d’autres villes.


Rendez-vous : Semaines du 13 septembre au 17 octobre
Semaines du 13 septembre au 17 octobre

14-15 septembre, Nankin : SINO-GERMAN BIOENERGY CONFERENCE 2021, Conférence sino-allemande sur les bioénergies

15-17 septembre, Canton: IE EXPO GUANGZHOU 2021, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie

17-19 septembre, Chengdu : 16ème salon UE-Chine, salon sino-européen des affaires

17-20 septembre, Chongqing : CIMAMOTOR 2021, Salon chinois international du deux-roues. Le plus grand salon de la moto en Chine

23-25 septembre, Shenzhen : CIEFAIR – CHINA INTERNATIONAL INTERNET & E-COMMERCE 2021, Salon international de l’internet et du e-commerce

24-26 septembre, Canton : FRUIT EXPO 2021, Salon mondial de l’industrie des fruits et conférence mondiale de l’industrie des fruits

24-26 septembre, Canton  : IHE – INTER HEALTH EXPO 2021, Salon international de l’alimentation et des produits issus de l’agriculture biologiques

25-28 septembre, Shanghai : CDS – CHINA DENTAL SHOW 2021, Salon professionnel et conférence pour l’industrie dentaire

27-29 septembre, Shenzhen : ELEXCON 2021, Salon des technologies et applications innovantes concernant l’IA, la maison intelligente, l’internet des objets, les véhicules intelligents, les systèmes intelligents de l’industrie et les nouvelles énergies 

27-29 septembre, Dalian : WCO 2021, Salon mondial et congrès des ressources de l’océan

28 septembre – 3 octobre, Zhuhai : AIRSHOW CHINA 2022, Salon international de l’aéronautique et de l’espace

1-3 octobre, Wuhan : ANI EXPO 2021, Salon de l’animation et du jeu interactif

12-14 octobre, Wuhan : API CHINA 2021, Salon chinois de l’industrie pharmaceutique: matières premières, chimie fine, ingrédients, machines de process et d’emballage…

13-16 octobre, Shenzhen : CMEF – CHINA MEDICAL EQUIPMENT FAIR 2021, Salon chinois international des équipements médicaux

14-16 octobre, Shanghai : BAKERY CHINA 2021, Salon international de la boulangerie et de la pâtisserie

16-18 octobre, Shanghai : CHINA ATTRACTIONS EXPO – SHANGHAI 2021, Salon chinois des parcs d’attraction