Le Vent de la Chine Numéro 20 (2023)

du 28 mai au 10 juin 2023

Editorial : « Chengguan » des villes, « nongguan » des champs
« Chengguan » des villes, « nongguan » des champs

On connaissait les « chengguan » (城管), ces agents municipaux apparentés à des policiers et qui imposent leur loi aux petites gens, vendeurs ambulants, réparateurs de vélos et autres marchands de fruits, de fleurs ou de beignets ! Cette « garde urbaine », créée au tournant des années 2000 pour régler les problèmes liés à la fulgurante urbanisation chinoise (propreté des villes, parking sauvage…), avait fait scandale il y a dix ans, exerçant arbitrairement son autorité au quotidien sur les plus démunis. La brutalité de ses représentants, accusés de pressions, de maltraitance, de racket et de corruption, avait même entraîné la mort de plusieurs personnes lors de violentes altercations sur la voie publique.

Aujourd’hui, c’est au tour de leurs cousins des campagnes de s’illustrer pour des raisons similaires. Surnommés les « nongguan » (农管), ces représentants des forces de l’ordre postés dans les villages ont fait polémique ces dernières semaines après la diffusion de vidéos les montrant en train d’harceler des paysans. Du Heilongjiang au Jiangsu, on les voit confisquer des poules, détruire des récoltes, interdire les fils à linge entre deux arbres ou encore organiser des examens pour tester les compétences agricoles des paysans…

Ces vidéos, aujourd’hui censurées, ont attiré l’attention du public et suscité des milliers de commentaires d’internautes dénonçant les actions « abusives » de ces agents de l’Etat, dont la mission initiale est de traquer les semences contrefaites, les faux médicaments vétérinaires et les produits périmés.

Une liste d’achat de matériel destiné aux « nongguan » d’une préfecture au Tibet, comprenant des talkies-walkies, des lunettes de vision nocturne, des brouilleurs de signaux, des matraques électriques, des caméras-piétons et des gilets pare-coups, a fuitée sur la toile et est venue renforcer un peu plus la méfiance du public. « Je peux comprendre pourquoi la police anti-émeute peut avoir besoin de tels équipements, mais les nongguan ? Comptent-ils s’en servir contre les paysans ? », s’indigne un internaute.

Il faut rappeler que si cette « garde rurale » a été créée, c’est avant tout car le gouvernement souhaite accroître le contrôle social jusque dans les villages. Pékin estime que c’est la meilleure façon de tuer dans l’œuf tout mécontentement qui pourrait venir troubler la stabilité sociale. Or, le remède est en train de devenir pire que le mal, à savoir que ces façons de faire risquent de devenir elles-mêmes un facteur d’instabilité !

Face à la polémique, le ministère de l’Agriculture mi-avril a rappelé à ses agents qu’« interdire aux gens de planter des légumes dans leurs jardins ou d’élever des poules en liberté dans les villages ne fait pas partie de leurs attributions » et que « rien ne peut être fait sans autorisation légale ». Il les a également incités à « faire preuve de davantage de tolérance face aux infractions mineures des petits paysans ».

Si le public est à ce point échaudé, c’est que ces abus des « nongguan » leur rappellent ceux des « dabai » (大白), ces volontaires vêtus de combinaisons blanches qui pouvaient interdire aux habitants de sortir de chez eux durant la pandémie.

Or, s’il y a bien une leçon à retenir de ces trois années de « zéro Covid », c’est que lorsqu’on donne soudainement tous pouvoirs à des gens souvent peu éduqués, insuffisamment formés et déconsidérés par le reste de la société, les choses peuvent vite dégénérer… C’est vrai pour les « chengguan », les « dabai » et les « nongguan ». 


Taiwan : L’opinion publique chinoise pas si uniforme
L’opinion publique chinoise pas si uniforme

Alors que Pékin clame que la réunification avec Taïwan est le souhait du peuple chinois et qu’elle est une précondition au « renouveau » de la nation, une étude publiée mi-mai vient nuancer ce postulat.

Réalisée par deux chercheurs de la National University of Singapore et de la New York University (Shanghai) et conduite auprès de 1 824 personnes fin 2020-début 2021, elle révèle que 55% des Chinois soutiendrait « une guerre d’unification pour reprendre Taïwan », tandis que près d’un tiers s’y opposerait, le reste ne se prononçant pas.

Seulement 1% des sondés estiment qu’il faudrait partir en guerre sans tenter d’autres approches, à savoir « lancer des exercices militaires dans le détroit de Taïwan », « avoir recours à des sanctions économiques » et « maintenir le statu quo de manière à accroître la puissance économique et militaire chinoise jusqu’à la réunification ».

Alors que d’autres études ont conclu que les jeunes Chinois avaient tendance à avoir des vues plus nationalistes que leurs parents, ce sondage rapporte en fait que ce sont les répondants plus âgés qui tendent à favoriser des mesures plus agressives.

Plus étonnant, 22% des répondants trouveraient « acceptable » que Taïwan conserve son système politique actuel, affirmant que la « réunification n’était pas nécessairement une finalité », ce qui équivaut à accepter l’indépendance de facto de l’île. Des résultats surprenants qui remettent en cause le récit officiel selon lequel la réunification avec Taïwan est le vœu de l’ensemble du peuple chinois.

Les auteurs de l’étude concluent que Pékin ne devrait pas se sentir obligé de durcir le ton vis-à-vis de Taipei, étant donné que d’autres options non-militaires seraient également acceptables aux yeux d’au moins une partie de la population.

Justement, ces derniers temps, le gouvernement chinois a mis en sourdine sa rhétorique musclée vis-à-vis de Taïwan, probablement pour favoriser le candidat du parti nationaliste (KMT), historiquement partisan d’un rapprochement avec la Chine, aux prochaines élections présidentielles de janvier 2024. Dans un récent discours, le n°4 du Parti, Wang Huning, chargé d’ébaucher une nouvelle stratégie de réunification avec Taïwan, soulignait « l’importance des relations de part et d’autre du détroit ».

Ce n’est pas le seul élément qui laisse penser que Pékin puisse remettre en question une opération militaire. Fin avril, une tribune relayée sur la toile affirme que si l’armée populaire de libération (APL) lançait une attaque contre Taïwan, il faudrait s’attendre à se battre sur quatre fronts en même temps. L’article sonne comme une mise en garde : « si nous ne sommes pas prudents, nous perdrons tout ». Le fait qu’il n’ait pas été censuré n’est pas anodin et peut suggérer que Pékin approuve les arguments présentés dans ce commentaire.

C’est de cette manière et en ayant recours à d’autres moyens plus ou moins sophistiqués, que le Parti influence le débat public dans un sens comme dans l’autre, en mettant en avant les voix qui s’alignent avec ses intérêts du moment ou, au contraire, en censurant celles qui le dérangent. C’est ce qui rend si difficile de sonder l’opinion des Chinois.


Chiffres de la semaine : « 200 milliards de $ d’échanges commerciaux, 50% de Chinois perçoivent le monde comme « sûr », une baisse de 13% de nouveaux cas de la maladie »
« 200 milliards de $ d’échanges commerciaux, 50% de Chinois perçoivent le monde comme « sûr », une baisse de 13% de nouveaux cas de la maladie »

200 milliards de $ : c’est la valeur que devrait atteindre les échanges commerciaux sino-russes en 2023, a annoncé le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine (cf photo), en visite d’État en Chine. Certes, cela ne représente qu’une hausse de 5% par rapport à 2022 (190 milliards de $), mais c’est un bond de 36% comparé à 2021, avant la guerre en Ukraine. Si la Chine est le premier partenaire commercial de la Russie depuis déjà une décennie, c’est la première fois que la Russie intègre le top 10 des partenaires commerciaux de la Chine, augmentant ainsi sa dépendance vis-à-vis du nouveau « grand frère » communiste. En tête des exportations russes vers la Chine, pétrole et gaz vendus à des prix défiants toute concurrence, de manière à compenser les effets des sanctions occidentales. La Chine importe également massivement des denrées agricoles russes (avoine, lin, soja, huiles de colza, produits aquatiques, viande bovine, volailles…), ce qui lui permet d’accroître encore un peu plus ses réserves alimentaires, déjà phénoménales.

************************

50% : c’est le pourcentage de Chinois qui perçoivent le monde comme « sûr » ou « très sûr », d’après une étude réalisée par le Centre pour la stratégie et la sécurité internationale (CISS) de l’université Tsinghua. Seuls 20% pensent le contraire… Ce n’est pas tout : 62% trouvent que la situation sécuritaire de la Chine à l’international s’est améliorée ces cinq dernières années, et presque 70% sont convaincus qu’elle sera encore meilleure en 2027. Cela ne veut pas dire que la diplomatie chinoise peut lever le pied, bien au contraire : 78% des sondés approuvent une posture plus agressive en matière de politique étrangère et soutiennent le fait d’imposer des sanctions lorsque les intérêts chinois sont heurtés, l’installation de nouvelles bases militaires à l’étranger ou encore l’envoi de troupes pour assurer la sécurité des citoyens chinois à l’étranger. Leurs principaux sujets d’inquiétude ? La pandémie arrive en premier lieu, suivie de l’implication de puissances étrangères dans la question taïwanaise et de la confrontation entre la Chine et les Etats-Unis.

************************

-13 % : c’est la baisse de nouveaux cas de SIDA enregistrée en Chine ces trois dernières années. Depuis 1985, le nombre de malades détectés n’a cessé d’augmenter pour atteindre un pic à plus de 150 000 cas en 2019. En 2022, ce chiffre est tombé à 107 000, selon Han Mengjie, directeur du centre de contrôle et de prévention du SIDA et des autres maladies sexuellement transmissibles. Si le dirigeant ne s’est pas appesanti sur les raisons de ce déclin, il a néanmoins évoqué les restrictions aux déplacements causées par la politique « zéro Covid ». L’an passé, presque tous les nouveaux cas de SIDA déclarés ont été transmis sexuellement (trois quarts chez les hétérosexuels, un quart chez les homosexuels), très peu par usage de seringues contaminées chez les consommateurs de drogues.


Vocabulaire de la semaine : « Réseaux sociaux, Covid-19, chômage, OMS »
« Réseaux sociaux, Covid-19, chômage, OMS »
  1. Réseaux sociaux : 社交媒体, shèjiāoméitǐ
  2. Rapporter, faire savoir (ou refléter) : 反映, fǎnyìng (HSK 5)
  3. Infecter, contaminer : 感染, gǎnrǎn
  4. SARS-Cov-2 : 新冠病毒, xīnguānbìngdú (Covid-19: 冠状病毒, Guānzhuàng bìngdú)
  5. Exprimer, déclarer : 表示, biǎoshì (HSK 4)
  6. Une vague : 波, bō
  7. Épidémie : 疫情, yìqíng
  8. Pic, sommet : 高峰, gāofēng (HSK 6)
  9. Fin du mois : 月底, yuèdǐ

中国的“五一”假期过后,许多人在社交媒体反映自己二次感染新冠病毒。 钟南山近日表示,中国国内今年新冠第二波疫情高峰将在6月底

Zhōngguó de “wǔyī” jiàqī guòhòu, xǔduō rén zài shèjiāo méitǐ shàng fǎnyìng zìjǐ èr cì gǎnrǎnle xīnguān bìngdú. Zhōngnánshān jìnrì biǎoshì, zhōngguó guónèi jīnnián xīnguān dì èr bō yìqíng gāofēng jiàng zài 6 yuèdǐ

Après les vacances du 1er mai en Chine, de nombreuses personnes ont signalé sur les réseaux sociaux avoir été infectées une deuxième fois par le SARS-Cov-2. Récemment, Zhong Nanshan a déclaré que le pic de la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 en Chine cette année devrait survenir à la fin juin.

************************

  1. Chômage: 失业, shīyè
  2. Taux: 率, lǜ
  3. Augmenter rapidement:飙升, biāoshēng
  4. Parti communiste chinois: 中共 (abbrev. 中国共产党), Zhōng Gòng
  5. Annoncer, rendre public: 公布, gōngbù (HSK 5)
  6. Données, nombres: 数据, shùjù (HSK 5)
  7. Diplômé: 毕业, bìyè
  8. Emploi : 就业, jiùyè (HSK 6)
  9. Marché: 市场, shìchǎng
  10. Estimer: 估计, gūjì (HSK 4)
  11. Dépasser, excéder: 超过, chāoguò (HSK 4)

4月份,中国城镇地区16至24岁青年的失业率飙升至20.4%,这是2018年中共官方开始公布数据以来的最高水平。中国的情况只会越来越糟。今夏,将有近1,200万高校毕业生进入就业市场,花旗集团估计,这可能使青年失业率超过25%。

4 Yuèfèn, zhōngguó chéngzhèn dìqū 16 zhì 24 suì qīngnián de shīyè lǜ biāoshēng zhì 20.4%, Zhè shì 2018 nián zhōnggòng guānfāng kāishǐ gōngbù gāi shùjù yǐlái de zuìgāo shuǐpíng. Zhōngguó de qíngkuàng zhǐ huì yuè lái yuè zāo. Jīnxià, jiāng yǒu jìn 1,200 wàn gāoxiào bìyè shēng jìnrù jiùyè shìchǎng, huāqí jítuán gūjì, zhè kěnéng shǐqīngnián shīyè lǜ chāoguò 25%.

En avril, le taux de chômage des jeunes de 16 à 24 ans dans les zones urbaines de Chine a atteint un niveau record de 20,4%, le plus élevé depuis que les autorités du Parti communiste chinois ont commencé à publier ces données en 2018. La situation en Chine ne fera qu’empirer. Cet été, près de 12 millions de diplômés universitaires entreront sur le marché du travail, selon Citigroup, ce qui pourrait faire grimper le taux de chômage des jeunes à plus de 25%.

************************

  1. Santé : 卫生, wèishēng
  2. Assemblée générale : 大会, dàhuì
  3. Inviter : 邀请, yāoqǐng (HSK 4)
  4. Participer : 参加, cānjiā (HSK 3)
  5. Se tenir (assemblée, réunion, évènement…) : 举行, jǔxíng (HSK 4)
  6. Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : 世卫组织 (abbrev. 世界卫生组织), Shìwèi Zǔzhī
  7. Consécutif (-ve) : 连续, liánxù (HSK 5)
  8. Refuser, décliner : 拒绝, jùjué (HSK 4)
  9. Politique d’une seule Chine : 一个中国原则, Yī gě Zhōngguó yuánzé
  10. Contestation, défi : 挑战, tiǎozhàn  (HSK 5)

第76届世界卫生大会本周一决定,不邀请台湾参加5月21日至30日举行的本届世卫组织大会。北京方面则称,世卫大会连续多年拒绝所谓涉台提案充分说明,一个中国原则“不容任何挑战”。

Dì 76 jiè shìjiè wèishēng dàhuì běn zhōu yī juédìng, bù yāoqǐng táiwān cānjiā 5 yuè 21 rì zhì 30 rì jǔxíng de běn jièshì wèi zǔzhī dàhuì. Běijīng fāngmiàn zé chēng, shì wèi dàhuì liánxù duōnián jùjué suǒwèi shè tái tí’àn chōngfèn shuōmíng, yīgè zhōngguó yuánzé “bùróng rènhé tiǎozhàn”.

La 76e Assemblée mondiale de la santé (AMS) a décidé lundi (22 mai) de ne pas inviter Taïwan à participer à l’actuelle Assemblée de l’Organisation mondiale de la santé, qui a lieu du 21 au 30 mai. Pékin a déclaré que le refus répété pendant de nombreuses années consécutives de propositions liées à Taïwan lors de l’AMS témoigne clairement du fait que le principe d’une seule Chine « ne peut être remis en question ».


Petit Peuple : Les montagnes célestes comme sépulture
Les montagnes célestes comme sépulture

Les médias n’ont parlé que de ça, « l’exploit » : gravir les cinq montagnes sacrées de Chine en cinq jours, « pari relevé pour Zhang Haifeng, un homme d’une trentaine d’années originaire de la ville de Chengdu ». Zhang s’amuse en découvrant le buzz soulevé par son idée. Un ami a dû faire fuiter l’information car lui n’a rien dit. Tout y est : le mois de préparations, son goût des randonnées sportives, son excellente condition physique, le coût total du voyage (4 000 yuans), l’itinéraire emprunté, les trains pris… Qu’ils causent donc, tout y est sauf le principal.

Oui, il est parti le 28 avril de Chengdu en avion pour Changsha, puis en train jusqu’à Hengshan, à l’assaut de la première montagne sacrée, le mont Heng du Sud, dans la province du Hunan et son sommet, le pic Zhurong à 1 300 mètres. Il n’a pas eu le temps de s’arrêter au temple du Mont Heng, le plus grand du sud de la Chine, construit au pied de la montagne.

Vite, il a sauté dans un train retour pour Changsha puis un train de nuit pour Zhengzhou dans le Henan. Au petit matin, le voici à l’assaut des 5 654 marches à flanc de montagne du mont Song, la montagne du Centre, qui symbolise la terre parmi les cinq éléments du taoïsme. Brume matinale, personne sur le chemin, paysage à couper le souffle, 1 491 mètres avalés dans le silence, un luxe pour Zhang le citadin. Pas de visite du temple Shaolin non plus, chaque minute compte.

Le voici à nouveau dans un train à grande vitesse pour Tai’an dans le Shandong, vers le mont Tai (cf. photo), la plus importante des montagnes sacrées du taoïsme en Chine. Pas question de prendre un minibus ou les télésièges, ni un cheval ou une chaise à porteur comme les empereurs venus ici quelques siècles plus tôt prier le ciel et la terre, c’est à pied que Zhang monte vers le sommet, passant par les trois portes célestes puis par les 6 660 marches finales. Au sommet, à 1 545 mètres, perdu au milieu des nuages, Zhang contemple l’un des plus beaux panoramas de Chine, sombres forêts de pin sur des falaises rocheuses gigantesques. Mais là encore, le temps presse, l’œil rivé sur sa montre comme Phileas Fogg dans un autre temps, Zhang ne s’attarde pas, il sera à Pékin le soir même puis dans un train couchette en route vers Datong dans le Shanxi.

Au matin, l’incroyable mont Heng du Nord lui offre ses 108 pics et Zhang choisit le Pic du Sommet céleste bien sûr, le plus haut, qui culmine à 2 017 mètres d’altitude. Personne le long des sentiers accidentés, Zhang passe des temples, des rochers aux formes étranges et des grottes, puis arrive au sommet, les jambes un peu raides et un genou douloureux.

Il faut tout redescendre, reprendre des forces avant de partir à l’assaut du mont Hua dans le Shaanxi, la grande montagne de l’Ouest avec ses chemins de planches branlantes au-dessus du vide et ses échelles à flanc de falaise. Montée ardue avec des chemins où la paroi s’escalade presque, d’où son appellation de sentier de randonnée le plus dangereux du monde. Avec ses sommets inaccessibles, le mont Hua est devenu le lieu de retraite des ermites, venus là pour mourir tranquille. Zhang souhaitait finir par cette ascension de 2 154 mètres.

Tout en haut, avec le souvenir de tous ces moines qui risquaient leur vie pour grimper ici en pèlerinage et ainsi prétendre à l’immortalité, Zhang, pour la 5e et dernière fois en 5 jours, a sorti une petite boîte de son sac à dos et, les yeux humides, a ouvert le couvercle, laissé la poudre grise qui y restait s’éparpiller dans le ciel.

Son père, comme les empereurs, comme les moines, avait droit lui aussi à l’immortalité. Il avait trimé toute sa vie, s’était occupé d’un frère handicapé, aimait la randonnée et la nature, et caressait le rêve, depuis des années, de gravir les cinq monts sacrés, ces lieux proches du Ciel, demeure des dieux. Un AVC ne lui en a pas laissé le temps. Quand, saturés par l’épidémie de Covid, les cimetières de Chengdu ont refusé la demande d’inhumation et proposé l’incinération, Zhang a su tout de suite ce qu’il fallait faire.

Au bout de ces cinq jours, usé par le voyage et couvert de poussière (风尘仆仆, fēng chénpúpú), il s’est incliné devant sa mère, sa mission accomplie. L’urne funéraire remise après la crémation contient un peu des cendres de son père. Suffisamment, sa mère y tenait, pour pouvoir l’honorer chaque année à Chengdu. Mais le reste, dispersé au-dessus des cinq monts sacrés, fait de son père, comme les sages et les mystiques qui s’y abritaient, un « immortel ».

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 29 mai au 2 juillet
Semaines du 29 mai au 2 juillet

28-30 mai, Pékin : China International Green Food & Organic Food Exhibition, Salon chinois international de l’alimentation bio

29 mai-1er juin, Shanghai : Hotelex Shanghai International Hospitality Equipment & Foodservice Expo, Salon international des équipements et services alimentaires pour l’hôtellerie

30 mai-1er  juin, Shanghai : AID, Salon professionnel des soins aux personnes âgées, de la rééducation et des soins de santé

31 mai-2 juin, Pékin : China Maritime Beijing, Salon chinois international des technologies et équipements offshore

2-4 juin, Shanghai : CMT China, Salon du tourisme et des loisirs de plein air

4-6 juin, Shanghai : ISPO Shanghai, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements

5-7 juin, Shanghai : Aquatech, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées

5-7 juin, Shanghai : SIFA – Shanghai International Import and Export Food & Beverage Exhibition, Salon international pour l’import-export d’aliments et de boissons

7-9 juin, Pékin : BIAME – Beijing International Automative Manufacturing Exhibition, Salon international de la fabrication automobile de Pékin

7-10 juin, Shanghai : KBC – Kitchen & Bath China, Salon de la cuisine et de la salle de bains]

8-11 juin, Shanghai : Design Shanghai, Salon international de la décoration et de l’architecture intérieures

9-18 juin, Chongqing : Auto Chongqing, Salon international de l’industrie automobile

9-11 juin, Canton : Kids Expo, Salon international de l’éducation des enfants en Chine

9-12 juin, Canton : GILE  – Guangzhou International Lighting Exhibition, salon international de l’industrie des LED, de la signalisation, éclairage, affichage

11-13 juin, Shanghai : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté de Shanghai

14-16 juin, Shanghai : E-Power/ G-Power/ S Energy/ IDC Expo, Salon chinois international de l’énergie et de l’ingénieurie électrique

14-16 juin, Shanghai : Logimat, Salon international de la distribution, du matériel de manutention et des systèmes de gestion des flux

18-21 juin, Shanghai : APPP, Salon de la publicité, de l’impression et de l’emballage

19-21 juin, Shanghai : CPHI & PMEC, Salon international des ingrédients pharmaceutiques

19-21 juin, Shanghai : FI Food Ingredients/ HI Health Ingredients, Salon international des ingrédients alimentaires

19-21 juin, Shanghai : PROPAK, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage

24-26 juin, Shanghai : IWF, Salon professionnel international du la santé, du bien-être, du fitness et de la musculation

26-28 juin Zhengzhou : CIAAF – China International Auto Aftermarket Fair, Salon international des produits automobiles de seconde monte

27-29 juin, Shenzhen : IAMD – Integrated Automation, Motion & Drives, Salon international pour l’automatisation des procédés

28-30 juin, Shanghai : CBME – Children Baby Maternity Expo, Salon international de l’enfant, du bébé et de la maternité

28-30 juin, Shanghai : MWC – Mobile World Congress, Congrès mondial et salon du GSM présentant les technologies, les produits et les applications de pointe

28 juin – 1er juillet, Shanghai : SEMICON CHINA, Salon international de l’équipement et des matériaux pour les semi-conducteurs