Le Vent de la Chine Numéro 3 (2022)

du 17 au 23 janvier 2022

Editorial : Les jeunes Chinois plébiscitent le « bol de riz en fer »
Les jeunes Chinois plébiscitent le « bol de riz en fer »

Alors que la Chine a dévoilé un chiffre de croissance pour 2021 de 8,1%, bien au-dessus de l’objectif « d’au moins 6% » fixé par l’État, les résultats du 4ème trimestre (4% contre 4,9% au 3ème) laissent entrevoir un net ralentissement de l’économie.

Les mesures sanitaires mises en place lors de chaque rebond épidémique et l’intervention « musclée » de l’État dans plusieurs secteurs (immobilier, géants de la tech, soutien scolaire, divertissement, jeux vidéo…) pèsent sur la croissance.

Cette dynamique impacte négativement le marché de l’emploi, et particulièrement les jeunes actifs, qui sont, eux aussi, à la recherche de stabilité.

Officiellement, le taux de chômage urbain (hors travailleurs migrants) reste similaire au niveau prépandémique (5,1% en 2021 contre 5% en 2019). De même, les créations d’emploi (12,07 millions durant les onze premiers mois de 2021, contre 12,8 millions en 2019) n’ont que très légèrement ralenti.

Néanmoins, d’autres données laissent entrevoir une réalité plus préoccupante. Durant les onze premiers mois de 2021, 4,3 millions de PME ont mis la clé sous la porte (un record), contre seulement 1,3 million de créations d’entreprises sur la même période (10 fois moins qu’en 2019).

Rien que dans le secteur du soutien scolaire, 40% des 128 000 entreprises ont fermé depuis que l’Etat leur a ordonné de devenir des organisations sans but lucratif en juillet 2021. Plus de 3 millions d’employés et professeurs sont concernés : les plus chanceux sont réaffectés ou trouvent une place dans un établissement public, les autres sont congédiés…

Du côté des jeux vidéo, privés de licence de mise sur le marché depuis juillet 2021, c’est 140 000 (petites) entreprises qui ont mis la clé sous la porte en moins de six mois. Un chiffre en forte augmentation par rapport aux 180 000 fermetures enregistrées sur toute l’année 2020. Même les géants du secteur, comme ByteDance, Baidu, Tanwan Games, Tencent et NetEase, ont été contraints de procéder à des licenciements.

Chez iQiyi et Kuaishou, plateformes de (courtes) vidéos, c’est entre 20% et 40% des employés qui vont être remerciés, en partie par manque de « contenu » approuvé par les autorités.

Face à ces perspectives déprimées dans le secteur privé, le nombre de demandeurs d’emploi souhaitant intégrer le secteur public a doublé par rapport à 2020, selon le site de recrutement Zhaopin.

Hier boudée par la jeunesse, la fonction publique connaît un fort regain d’intérêt. Fin 2021, ils étaient 2,12 millions d’inscrits au concours d’entrée – un record. Même si les fonctionnaires sont moins bien payés (de 3000 à 5000 yuans mensuels) que dans le secteur privé, c’est la garantie d’un emploi à vie et les avantages sociaux qui rendent ce « bol de riz en fer » (铁饭碗 ; tiě fàn wǎn) si attirant pour les jeunes, dans un contexte de ralentissement économique.

Selon un rapport publié le 4 janvier, près de 50% des jeunes diplômés ont intégré le secteur public en 2021. Cette proportion s’élèverait à 70 % chez les diplômés de la prestigieuse université Tsinghua (Pékin).

Cette statistique a interpellé l’opinion. « Ces chiffres sont encore plus choquants lorsqu’on les compare aux États-Unis : seuls 3% à 5% des diplômés d’Harvard et du MIT choisissent de travailler pour le gouvernement américain. Si nos jeunes les plus brillants arrêtent de contribuer à la recherche et à l’innovation, la ‘suprématie technologique’ de la Chine pourrait bien devenir inatteignable », s’inquiète un utilisateur de Weibo.

Si la plupart des internautes imputent cette tendance à la crise sanitaire et aux longues heures de travail dans le secteur privé (le fameux « 996 »), d’autres y voient des facteurs politiques : « les efforts pour promouvoir ‘la prospérité commune’ pèsent lourdement sur de nombreux secteurs. Les tensions géopolitiques entre la Chine et d’autres pays rendent également moins attractif de travailler pour une société étrangère. Ce sont les raisons pour lesquelles travailler pour l’État est devenu le choix de carrière le plus sûr », analyse l’un d’entre eux.

Plusieurs études démontrent en effet que pour les jeunes Chinois (particulièrement ceux sans parcours international), intégrer une grande compagnie chinoise est plus attrayant que de rejoindre les rangs d’une multinationale étrangère. Cette préférence donnée aux entreprises chinoises n’est peut-être pas « étrangère » au nationalisme qui prévaut depuis quelques années.

Il est à noter que seuls 8,9% des étudiants de l’université de Beida et 6,9% de ceux de Tsinghua ont choisi de partir à l’étranger en 2021 pour poursuivre leurs études (contre 15,3% en 2019) – principalement à cause de la pandémie et de la détérioration des relations avec les États-Unis, première destination d’accueil.

Quoi qu’il en soit, le fait de reléguer le secteur privé (et l’étranger) au second plan risque de s’avérer contreproductif pour Pékin. Cela pourrait nuire à l’innovation et à l’esprit entrepreneurial, qui ont porté l’incroyable croissance qu’a connue la Chine ces dernières décennies et restent indispensables à la concrétisation du « rêve chinois ».


Société : Des milliards de yuans contre des millions de bébés ?
Des milliards de yuans contre des millions de bébés ?

C’est en somme la proposition que le célèbre économiste Ren Zeping (任泽平) a formulé sur les réseaux sociaux le 8 janvier : « si la Banque Centrale imprimait 2000 milliards de yuans supplémentaires (soit 2% à 3% du PIB) et les injectait dans ‘un fonds pour la fertilité’ , cela générerait 50 millions de naissances de plus durant la prochaine décennie ».

D’après l’ancien conseiller auprès du groupe Evergrande, qui s’est fait connaître du grand public pour avoir prédit le crash boursier de 2015, il faudrait procéder au plus vite afin que les femmes nées entre 1975 et 1985, « qui sont convaincues qu’avoir plus d’enfants est une bénédiction », puissent encore en bénéficier.

Cette préconisation fait écho à celle formulée par Liang Jianzhang (梁建章), fondateur de l’agence de voyages en ligne Ctrip.com et professeur d’économie à l’Université Beida (Pékin), qui propose de mettre à profit 5000 milliards de yuans des recettes fiscales pour mettre en place une politique nataliste (subventions à l’achat d’un appartement pour les couples avec plus de deux enfants, construction de crèches et jardins d’enfants…). Six mois plus tôt, il avait recommandé d’offrir aux parents 1 million de yuans en allocations et exemptions fiscales pour chaque nouveau-né.

Ces suggestions interviennent alors que les jeunes Chinois sont de plus en plus réticents à l’idée de se marier et de faire des enfants, par refus de céder aux pressions de la société et par manque de perspectives d’évolution sociale.

En 2020, le nombre de naissances est tombé à un niveau historiquement bas (12 millions, soit une chute de 18%) tandis que certaines provinces ont enregistré des baisses de près de 25%. Pour 2021, 10,62 millions de naissances ont été recensées et pour un taux de fécondité de 1,1 enfant par femme contre 1,3 en 2020. [En France, il est de 1,85. Au Japon, de 1,36].

Inquiet que cette natalité en berne mette en péril ses plans pour devenir la première puissance mondiale, le gouvernement chinois cherche à tout prix à relancer la natalité, mais les mesures prises jusqu’à présent (assouplissement du planning familial à trois enfants, allongement du congé maternité, encadrement strict de l’industrie des cours particuliers…) ont laissé les couples dubitatifs.

Étrangement, les propositions de Ren Zeping et de Liang Jianzhang n’ont pas suscité beaucoup plus d’enthousiasme de la part du public. Médias d’État, économistes et internautes ont qualifié leurs suggestions de « simplistes », « irréalisables », voire « inflationnistes ».

 « Lorsqu’il n’y a pas assez d’argent pour élever des enfants, il suffit d’en imprimer davantage ! Quelle brillante idée », ironise un utilisateur de Weibo. « Les directives changent constamment. Aujourd’hui, les autorités font des promesses pour augmenter les naissances, mais le lendemain, ils reviennent sur leurs engagements. Mais une fois que le bébé est né, je ne peux pas le renvoyer », souligne un autre.

Pour Yi Fuxian, démographe à l’université de Wisconsin-Madison, convaincu que la population chinoise est significativement surévaluée, « il est médicalement déraisonnable de compter sur les femmes de 40 à 50 ans pour stimuler les naissances ». C’est également l’avis de cet internaute : « Après n’avoir pas réussi à convaincre les jeunes nés après 1990 d’avoir un enfant, vous voulez inciter ceux nés dans les années 70 à en avoir un deuxième ou un troisième ? Savez-vous combien il est risqué de donner naissance pour une femme de 47 ans » ?

Enfin, pour certains internautes, la décroissance de la population chinoise n’est pas une si mauvaise nouvelle. « Moins de population signifie moins de compétition : c’est la meilleure manière d’interrompre ‘l’involution’ [un terme qui désigne une société qui devient excessivement concurrentielle en raison de ressources limitées, phénomène qui pousse les jeunes à ‘s’allonger’]. En restant sans enfant, je contribue à rendre le monde du travail plus équitable et respectable », écrit l’un d’entre eux.

Ce débat houleux révèle plusieurs choses. D’abord, le fait qu’il soit autorisé reflète une prise de conscience au sommet de l’État de la décélération rapide de la croissance de la population, mais aussi de la nécessité de l’enrayer au plus vite. Ce débat permet ensuite au gouvernement de jauger l’opinion publique – jusqu’à un certain point. En effet, cette prise de position a coûté à Ren Zeping son droit de publier des messages sur son compte Weibo et WeChat… Enfin, cela démontre que des incitations financières seront certes les bienvenues, mais ne suffiront pas à elles seules pour relancer la natalité. Trois décennies de politique de l’enfant unique ont laissé des traces dans les esprits, et la nouvelle génération ne compte plus faire passer les intérêts de la nation avant le leur.


Hong Kong : Lorsqu’Omicron s’invite à la fête (d’anniversaire)
Lorsqu’Omicron s’invite à la fête (d’anniversaire)

C’est dans un bar à tapas du quartier de Wan Chai, à Hong Kong, que près de 170 personnes se sont retrouvées dans la soirée du 3 janvier pour célébrer les 53 bougies de Witman Hung, représentant de Hong Kong à l’Assemblée nationale populaire (ANP).

Parmi les invités, 13 fonctionnaires de haut rang, dont le secrétaire des affaires intérieures, le secrétaire aux finances, le chef de l’immigration, le haut-commissaire de la police, le chef de la commission indépendante contre la corruption (ICAC), mais aussi 20 députés, intronisés le jour même au sein du LegCo à la suite des élections du 19 décembre.

Au programme : karaoké et Omicron, détecté chez deux convives. Ni une ni deux, l’ensemble des participants à la fête ont été envoyés pour 21 jours de quarantaine au centre de Penny’s Bay, surchargé et au confort rudimentaire…

Finalement, après un « faux positif », une partie d’entre eux ont pu rentrer chez eux, avec l’ordre de s’isoler pendant deux semaines. D’ordinaire, les « cas contacts » doivent rester 14 jours à Penny’s Bay (contre trois semaines auparavant).

Ces 24h en quarantaine ont fait sortir de ses gonds le député Junius Ho, très impopulaire auprès du camp pro-démocratie. Il s’est estimé victime d’une injustice et a qualifié la politique sanitaire de la ville « d’aussi inutile qu’un château de sable sur la plage ». Son cas était particulièrement sensible puisqu’il s’était rendu à Shenzhen 48h après la fête, avec d’autres élus, pour rencontrer Xia Baolong, directeur du bureau central des affaires de Hong Kong et Macao. En effet, à l’inverse des citoyens lambda, officiels et députés peuvent franchir la frontière librement…

Sans surprise, l’affaire a suscité l’indignation de la population, déjà excédée par la politique sanitaire stricte mise en place par les autorités hongkongaises et indirectement imposée par la Chine, qui exige 14 jours sans cas d’infection locale pour rouvrir sa frontière. Hier encore « pont » entre la Chine et le reste du monde, Hong Kong et ses 7,4 millions d’habitants se retrouvent à la fois coupés de l’étranger et du continent depuis près de deux ans.

Ce scandale met surtout dans l’embarras l’administration de Carrie Lam, puisqu’il implique essentiellement des personnalités prochinoises de l’establishment local. Au lendemain des premières élections « réservées aux patriotes », il vient ruiner l’image de « bonne gouvernance » que Pékin voulait promouvoir.

Mécontent, le gouvernement central aurait prié Carrie Lam de « prendre des mesures rapidement », sans toutefois préciser lesquelles. Pour l’instant, la cheffe de l’exécutif s’est contentée d’indiquer que les officiels seront suspendus de leurs fonctions pendant leur séjour en quarantaine, qui sera déduit de leurs congés.

Pour certains membres du camp pro-Pékin, ces sanctions sont insuffisantes et réclament la démission des officiels impliqués, voire de celle Carrie Lam. Mais cette dernière a clairement laissé entendre qu’elle refuse de porter le chapeau pour les erreurs des membres de son cabinet. Elle serait d’ailleurs « particulièrement déçue » de Caspar Tsui, secrétaire des affaires intérieures, « qui est resté à la fête le plus longtemps ».

En revanche, la chef de l’exécutif réclame que les dirigeants de la compagnie aérienne Cathay Pacific portent eux, la responsabilité de l’un des premiers foyers d’Omicron à Hong Kong, propagé par une hôtesse de l’air qui a enfreint son confinement à domicile. Plusieurs politiciens et journaux liés au gouvernement chinois, désignent également Cathay Pacific comme le bouc émissaire. Le transporteur aérien, du groupe britannique Swire, est une cible facile, renfloué par le gouvernement à hauteur de 30 milliards de HKD durant l’été 2020.

Malgré cette tentative pour détourner l’attention du public, cette affaire pourrait mettre en péril l’éventuelle réélection de Carrie Lam en tant que chef de l’exécutif le 27 mars 2022. Lorsqu’elle a été reçue fin décembre à Pékin par le Président Xi Jinping pour lui présenter son bilan annuel (cf photo) et plaider pour la réouverture de la frontière, le leader n’a d’ailleurs rien laissé transparaître de ses préférences. Carrie Lam, tout comme les autres éventuels prétendants (l‘actuel secrétaire aux finances Paul Chan, la députée Regina Ip, l’ancienne directrice de l’OMS Margaret Chan, l’ancien chef de l’exécutif Leung Chun-ying...), n’ont pas non plus annoncé officiellement leur candidature.

À trois mois de l’élection, cette situation est exceptionnelle et pourrait signifier que le leadership n’a pas encore désigné ses favoris, ou alors qu’il ne veut pas alimenter prématurément les tensions au sein du camp pro-establishment. Certains analystes avancent aussi que de longues campagnes électorales ne sont plus nécessaires étant donné que le spectre politique a été sensiblement réduit par les mesures décrétées par Pékin… En attendant que les candidats sortent du bois, bien malin serait celui qui pourrait prédire le nom du prochain chef de l’exécutif hongkongais.


Chiffres de la semaine : « Yili est n°1, 570 millions de voyages, 60 000 employés licenciés »
« Yili est n°1, 570 millions de voyages, 60 000 employés licenciés »

N°1 : c’est la place qu’occupe le géant laitier chinois Yili dans le dernier classement Hurun des entreprises chinoises (privées) qui font le plus d’efforts en matière de développement durable. Le groupe de Hohhot a arraché cette première place grâce à ses engagements pour la protection de la biodiversité et dans la lutte contre la pauvreté. Il est suivi de près par le leader des télécommunications Huawei, qui a su se distinguer en matière de lutte contre le changement climatique et grâce à ses créations d’emplois. Sur la dernière marche du podium, se trouve le promoteur immobilier Country Garden, suivi par les assurances Pingan et par le spécialiste de l’électroménager Haier (4ème ex-aequo), Alibaba (7ème), BYD et Tencent (8ème ex-aequo).

Plus loin dans le tableau, se démarquent le fabricant de vélos électriques Yadea (46ème), qui a réussi à réduire sa consommation énergétique de 25% et ses émissions d’un tiers durant la production, et le géant de l’internet Baidu (56ème) qui excelle en matière d’innovation et en intelligence artificielle. C’est la première fois qu’un tel classement, basé sur les objectifs de développements durables tels que définis par l’ONU, est publié. Toutefois, les firmes chinoises ont encore un long chemin à parcourir avant de prendre pleinement en compte les questions de durabilité et de transparence, souligne Hurun.

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570 millions de voyages : c’est le nombre de vols intérieurs que la Chine devrait recenser en 2022, soit 85% du volume de 2019. Ce seuil permettrait aux compagnies aériennes chinoises de redevenir profitables cette année, selon la tutelle de l’aviation (CAAC).  En 2020, les trois plus grandes compagnies (Air China, China Eastern, et China Southern) ont enregistré 42 milliards de yuans de pertes, et 32,5 milliards durant les trois premiers trimestres de 2021.

La reprise des vols internationaux est, elle, évaluée entre 2023 et 2025. Jusqu’à présent, seuls 200 vols relient la Chine au reste du monde, soit 2% des niveaux prépandémiques, afin de limiter la propagation du virus en Chine. Mais avec la flambée des contaminations Omicron à travers le monde, les compagnies aériennes voient davantage de vols supprimés tandis que les villes chinoises durcissent leurs conditions sanitaires à l’arrivée.

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60 000 : c’est le nombre d’employés que le géant du soutien scolaire New Oriental a dû licencier l’an passé, soit près de 60% de ses effectifs. Depuis l’interdiction faite aux firmes de cours particuliers de faire des bénéfices de manière à faire baisser le coût de l’éducation pour les parents, la firme cotée à New York et à Hong Kong a perdu 90% de sa valeur et 80% de son chiffre d’affaires. Si le groupe a tout de même conservé 50 000 employés et professeurs, il souhaite se diversifier dans la vente de produits agricoles en live-streaming.


Vocabulaire de la semaine : « Diplômés, métier, natalité, challenge, fonctionnaire, fête, donner l’exemple »
« Diplômés, métier, natalité, challenge, fonctionnaire, fête, donner l’exemple »
  1. Enseignant : 教师; jiàoshī
  2. Honorable, glorieux : 光荣; guāngróng
  3. Métier, profession : 职业; zhíyè
  4. « Bol de riz en fer », emploi stable : 铁饭碗 ; tiě fànwǎn
  5. Secteur, domaine, industrie : 行业 ; hángyè
  6. Diplômés : 毕业生 ; bìyè shēng
  7. Rêve : 梦想 ; mèngxiǎng

教师是一个非常光荣职业,也是铁饭碗行业,而成为一名编制内的教师,也是现在很多大学毕业生梦想

Jiàoshī shì yīgè fēicháng guāngróng de zhíyè, yěshì tiě fànwǎn hángyè, ér chéngwéi yī míng biānzhì nèi de jiàoshī, yěshì xiànzài hěnduō dàxué bìyè shēng de mèngxiǎng.

« Enseignant est un métier très honorable. C’est aussi une industrie du « bol de riz en fer ». Ainsi, devenir enseignant dans le secteur public est le rêve de nombreux diplômés ».

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  1. Taux de natalité : 子化 ; zǐ huà
  2. Devenir : 成为; chéngwéi
  3. Société : 社会 ; shèhuì
  4. Etre confronté : 面临; miànlín
  5. Défi, challenge : 挑战; tiǎozhàn

子化成为中国社会面临的最大挑战

Shǎo zǐ huà yǐ chéngwéi zhōngguó shèhuì miànlín de zuìdà tiǎozhàn.

« Le faible taux de natalité est devenu le plus grand défi auquel est confrontée la société chinoise ».

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  1. Cadre, dirigeant, fonctionnaire : 官员; guānyuán
  2. Député, délégué, représentant, législateur : 议员 ; yìyuán
  3. Epidémie : 疫情; yìqíng
  4. Rassemblement, fête, soirée : 聚会; jùhuì
  5. Critiquer : 批评; pīpíng
  6. Donner l’exemple, servir de modèle: 以身作则 ; yǐshēnzuòzé

官员议员在新一波疫情爆发之际出席大型聚会,被批评未能以身作则

Guānyuán hé yìyuán zài xīn yī bō yìqíng bàofā zhī jì chūxí dàxíng jùhuì, bèi pīpíng wèi néng yǐshēnzuòzé.

« Des cadres et des députés qui ont assisté à grands rassemblements au milieu d’une nouvelle vague épidémique, ont été critiqués pour n’avoir pas donné l’exemple ».

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  1. « Remplir de joie, après la peine » : 先忧后乐, xiān yōu hòu lè

我宁可先忧后乐,先把工作做完再休息。

Wǒ nìngkě xiān yōu hòu lè, xiān bǎ gōngzuò zuò wán zài xiūxí.

« Je préfère m’inquiéter d’abord et profiter après, finir le travail d’abord et ensuite me reposer ».


Petit Peuple : Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin en arrière de Li Jingwei (2ème partie)
Zhaotong (Yunnan) – Le long chemin en arrière de Li Jingwei (2ème partie)

Xiao Dou, enfant de 4 ans, a été enlevé de son village natal de la province du Yunnan, et se trouve avec sa ravisseuse, dans le bus, pour une destination inconnue…

Leur périple en bus à travers la grande Chine durait à présent depuis 48h, recroquevillés dans leurs sièges, hagards, insensibles aux cahots. Chez l’enfant, la route et la fatigue avaient tari ses pleurs. Arrivés à l’aube du 1er jour en gare de Zhengzhou (Henan), la passeuse, tout en tenant fermement Xiao Dou par la main, appela d’un téléphone public un mystérieux interlocuteur, avant d’entraîner son captif vers un bus de banlieue.

Une heure plus tard, ils arrivaient à une cinquantaine de kilomètres bleu contre le soleil.  Quoiqu’au fond disgracieuse, la bourgade apparut au garçonnet immense et futuriste, avec ses larges avenues bordées de haies cubiques, bordées de hauts lampadaires et magasins aux néons criards. Saisissant son havresac d’une main et l’enfant de l’autre, la ravisseuse descendit avec lui le marchepied. A trois pas, les attendait une Santana, tous feux éteints. En sortirent un homme et une femme, vers lesquels sans hésiter, la convoyeuse se dirigea pour remettre la main du bambin à la femme qui s’en saisit. L’homme pendant ce temps, dévisageait le môme avec curiosité : « Bonjour, Jingwei, bienvenue dans ta famille, fit-il, nous t’attendions depuis longtemps, ton arrivée nous remplit de joie, après la peine » (先忧后乐, xiān yōu hòu lè).

Brisé par le voyage, Xiao Dou tenta faiblement de protester : « Vous n’êtes pas mes parents, et mon vrai nom, c’est… », mais sans le laisser finir, ces adultes l’entraînaient vers la voiture. « Ta chambre t’attend, reprit la femme, assise avec lui à l’arrière, tu vas prendre une bonne douche, sans doute la première de ta vie, et puis (désignant les nippes usées et sales qu’il portait) on va jeter au feu tous ces haillons, une armoire de vêtements neufs t’attend ». Pendant ce temps, le « père » versait son cachet à la kidnappeuse qui repartait sans se retourner, ni un adieu. Mission accomplie.

Dans son malheur, « Jingwei » avait eu de la chance. Sur un point, la passeuse n’avait pas menti : il était tombé en de bonnes mains. Ses nouveaux parents allaient le traiter comme s’il était issu de leur propre lit. Bien nourri, bien vêtu, il aurait droit à l’école, puis au lycée, puis à l’université, toutes choses dont il n’aurait pu rêver dans son misérable village au fin fond du Yunnan.

Rapidement, Jingwei oublierait son nom, comme celui du village, que ses nouveaux parents ne mentionneraient jamais. Mais jamais il n’effacerait de sa mémoire le merveilleux environnement de sa prime enfance, la montagne bordant sa vallée, la route en lacets qui y menait, les forêts luxuriantes d’arbres tropicaux aux fleurs exubérantes qui l’entouraient, ni son décor de rêve…  

Pas un jour de sa vie ne se passait sans que l’enfant, déchiré entre ces deux phases de son existence, ne rêve de retrouver ses vrais parents. Sa grande question désormais, fondatrice de son existence, était comment maintenir sa fidélité à ces deux couples de parents, sa vie d’avant et celle d’après ? Tous l’aimaient, il en était conscient. Mais concernant ses géniteurs, il ne pouvait qu’imaginer la douleur de ces êtres privés de la chair de leur chair, le cherchant en vain avec leurs faibles moyens. Quant à ses nouveaux parents, il voyait bien les sacrifices auxquels ils s’astreignaient pour lui assurer un avenir meilleur que leur présent. Ils n’épargnaient rien, ni le cachet au proviseur pour lui assurer le meilleur collège, ni les cours particuliers de math et de chinois, ni ceux facultatifs de dessin et de piano, ni les stages de vacances qui grevaient l’essentiel de leur épargne… Tous méritaient son amour !

Avant l’adolescence, il conçut un plan pour concilier tout cela et garder en son cœur les auteurs de ses jours. Quotidiennement, quand le reprenait le lancinant mal du pays, Jingwei s’asseyait à son petit bureau pour recréer en imagination un coin de son village. Sur un petit carnet, il dessinait les maisonnettes de bambou sur pilotis, les cochons noirs ocellés de rose que les habitants élevaient, la bambouseraie collective au bord du petit torrent sous la falaise, les rizières en terrasses, l’étang où batifolaient les canards, entre les buffles à bosse venus y goûter la fraîcheur du soir…

Tous ces efforts n’avaient guère de sens aux yeux de sa mère et de son père qui s’en moquaient. « Tout ça, c’est du rêve », disait sa mère adoptive en faisant la moue, « tandis que ta vie parmi nous, ici et maintenant, ça, c’est du solide » !

Une fois adolescent, Jingwei se détourna de ces souvenirs. Concentré sur ses études, il avait trop à faire désormais. Son gaokao (bac) en poche lui ouvrait la voie vers l’université de Zhengzhou, il allait obtenir son diplôme d’ingénieur, épouser une camarade de faculté. Un premier enfant allait leur naître, puis un second. Il avait son boulot, ses copains, son ordinateur et sa voiture, tout allait bien.

Mais Jingwei pourrait-il maintenir toute sa vie ce voile de flou sur ses origines ? Vous le saurez la semaine prochaine, au dernier épisode de cette histoire authentique !


Rendez-vous : Semaines du 17 janvier au 27 février 2022
Semaines du 17 janvier au 27 février 2022

1er février : Nouvel An chinois. Dans toute la Chine, les festivités du Nouvel an lunaire célèbreront l’entrée dans l’année du Tigre (d’ Eau) qui commencera le 1er février 2022 pour se terminer le soir du 21 janvier 2023.

31 janvier- 6 février : Congés du Nouvel An chinois.

4 au 20 février : Jeux Olympiques d’hiver, à Pékin, Yanqing et Zhangjiakou (Hebei). Tickets encore non-ouverts à la vente.

19 au 21 février, Canton : SRE – GUANGZHOU INTERNATIONAL SMART RETAIL EXPO 2022.

21-23 février, Shanghai : SIOF – CHINA (SHANGHAI) INTERNATIONAL OPTICS FAIR 2022.

23-25 février: Shanghai : CHINA LICENSING EXPO 2022.

4 au 13 mars : Jeux Paralympiques d’hiver, à Pékin et Zhangjiakou (Hebei). Tickets encore non-ouverts à la vente.