Le Vent de la Chine Numéro 24 (2021)
À la veille des célébrations marquant le 100ème anniversaire du Parti le 1er juillet, la pression est à son comble pour les cadres, le moindre incident pouvant venir gâcher la fête et mettre un terme à leur carrière.
Dans la province du Hubei, une conduite de gaz mal-entretenue serait à l’origine de l’explosion d’un marché situé dans une zone résidentielle de la ville de Shiyan le 13 juin. Bilan : 25 morts et 138 blessés. Le jour même, le Président Xi Jinping ordonnait de déterminer au plus vite la cause de l’accident et intimait aux cadres de développer « un sens politique aigu » et de « créer une atmosphère propice au centenaire du Parti ». « Les coupables seront tenus pour responsables », avertissait-il.
En réaction aux instructions de Xi, la Commission nationale de la sécurité au travail annonçait superviser elle-même l’enquête sur les causes de l’accident – chose rare. Cinq jours plus tard, le vice-premier ministre Liu He ordonnait une inspection de tous les parcs industriels, gazoducs, mines… « Aucun effort ne doit être épargné pour assurer la sécurité », a-t-il rappelé.
Le drame de Shiyan est loin d’être un incident isolé. Les jours précédents, une fuite chimique dans le Guizhou et un accident dans le Sichuan ont encore tué 14 personnes. Malgré la campagne nationale d’inspection décrétée lors de l’explosion chimique du port de Tianjin en 2015 (173 morts, des milliards de yuans de dégâts), le pays est toujours victime d’accidents industriels en série.
Face aux inquiétudes exprimées par les internautes, Hu Xijin, le rédacteur en chef du quotidien nationaliste Global Times, soulignait les progrès du pays en matière de sécurité tout en affirmant que « la Chine a un système d’application du principe de responsabilité le plus strict au monde ».
Les accidents industriels ne sont pas l’unique cause de souci des autorités. L’arrivée de l’été et ses aléas climatiques (inondations à répétitions et vagues de chaleur) représentent également des risques, tout comme la situation sanitaire dans le Guangdong, où le variant Delta a pris ses aises. Après Canton, c’est au tour de Shenzhen, Foshan et Dongguan de déclarer quelques cas. Là encore, « les cadres négligents seront tenus pour responsables », a prévenu la commission provinciale d’inspection de la discipline.
Un mois plus tôt, un « ultra marathon » de 100 km, organisé dans le Gansu, tournait à la catastrophe et faisait 21 morts parmi les coureurs, décédés d’hypothermie. Le manque de professionnalisme des organisateurs ainsi que des conditions météorologiques extrêmes ont été identifiés comme les causes de la tragédie. Près d’une trentaine de cadres et organisateurs ont été punis. Le 9 juin, le principal accusé, le chef du Parti du comté où s’est déroulée la course, s’est jeté par la fenêtre, après avoir reçu la visite des inspecteurs le jour même…
Malheureusement, cette pression politique de tous les instants est souvent contreproductive, les cadres ou les entreprises (d’État notamment) préférant dissimuler les accidents ou minimiser la situation, pour espérer échapper à la sanction. Une anxiété qui redouble à l’approche d’évènements politiques sensibles pour le gouvernement, comme ce 1er juillet 2021. C’est ce qui explique qu’à J-10 du grand jour, le pays entier ressemble davantage à une immense cocotte-minute qu’à une nation qui s’apprête à vivre un épisode de liesse populaire.
« Si personne ne m’offense, je n’offenserai personne, mais si quelqu’un m’attaque, je serais plus qu’un agresseur ». C’est accompagné de cette citation de Mao que Pékin a annoncé le 10 juin avoir adopté une « loi anti-sanctions étrangères » (反外国制裁法), deux jours après l’adoption au Sénat américain d’un texte « historique » prévoyant des investissements ambitieux dans la science et les technologies pour contrer la « menace chinoise ».
Historiquement, la Chine a toujours refusé d’avoir recours aux sanctions, considérées comme « des instruments de l’impérialisme occidental ». Pékin leur a jusqu’à présent préféré des mesures non officielles de coercition économique (restrictions aux importations, boycott populaire, détentions arbitraires…), mettant son immense marché au service de sa politique étrangère. L’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis a changé la donne, et la poursuite de cette ligne dure par son successeur Joe Biden pousse Pékin à se bâtir, à son tour, un arsenal législatif.
Au nom du principe de « gouvernance selon la loi » cher au Président Xi Jinping, le nouveau texte offre donc un cadre légal à Pékin pour répliquer du tac au tac aux sanctions prises par l’Occident. Sans avoir été divulgué au préalable, le projet de loi était dans les tuyaux depuis 2020 et a été adopté en deux lectures, au lieu de trois selon le processus législatif habituel. Une procédure opaque qui n’est pas sans rappeler celle de la loi de sécurité nationale imposée à Hong Kong l’an dernier.
Entrée en vigueur le jour même, la loi stipule que « si des pays étrangers (…) prennent des mesures discriminatoires contre des citoyens ou des organisations chinoises et interfèrent dans les affaires intérieures chinoises, la Chine a le droit de prendre des contre-mesures correspondantes ».
Celles-ci pourront cibler « les individus [et les membres de leur famille] et les organisations directement ou indirectement impliqués dans la formulation, la décision et la mise en œuvre de mesures restrictives discriminatoires » à l’égard de la Chine. Une définition volontairement floue qui pourrait concerner les entreprises étrangères, les think tanks, les ONG mais aussi des hommes d’affaires, des politiciens, des chercheurs, des sinologues, des journalistes…
Les sanctions prévues incluent le refus de visa ou l’expulsion du territoire, la saisie des avoirs en Chine, l’interdiction d’effectuer des transactions ou de coopérer avec la Chine ; et enfin « toute autre mesure nécessaire ».
Ce faisant, Pékin se donne carte blanche pour prendre des contre-mesures plus lourdes que les sanctions initiales, à la manière de celles imposées contre l’Union Européenne fin mars. Même si rien n’est précisé sur la rétroactivité du texte, le précédent de la loi de sécurité nationale à Hong Kong qui s’est s’abattue sur plusieurs activistes, politiciens et organes de presse (comme le journal Apple Daily) pour des faits antérieurs au passage de la loi en juin 2020, n’est pas de bon augure…
Surtout, cette loi vient compléter la « liste noire » (pour l’instant vide) dévoilée par le Ministère du Commerce en septembre 2020 ainsi que le « règlement de blocage » (encore non utilisé) adopté en janvier, qui contraint les entreprises chinoises à déclarer toute restriction de la part d’un gouvernement étranger et leur permet à ce titre de réclamer compensation devant un tribunal chinois.
Cette disposition pourrait permettre, par exemple, au fabricant shanghaien de semi-conducteurs SMIC ou au géant des télécoms Huawei, de poursuivre en justice le spécialiste néerlandais des équipements de lithographie ASML ou le leader taïwanais des microprocesseurs TSMC, s’ils refusent de leur vendre du matériel par application des sanctions américaines. Dans le pire des scénarios, les firmes étrangères pourraient se retrouver contraintes de choisir entre le marché américain ou chinois, ce qui conduirait à une poursuite du découplage (technologique notamment) ou à une segmentation des activités entre la Chine et le reste du monde.
Même si ces outils réglementaires ont comme but premier de dissuader Washington de sanctionner les entreprises chinoises (déjà 59 sont sur liste noire), le gouvernement chinois espère contraindre les compagnies étrangères à plaider auprès de leurs gouvernements respectifs pour la levée des sanctions contre la Chine. C’était d’ailleurs le sens du message du vice-ministre des Affaires étrangères Xie Feng aux hommes d’affaires américains basés à Shanghai fin avril lorsqu’il parlait « d’exercer une influence active » auprès de Washington pour mettre fin à la guerre commerciale.
Face à cette nouvelle loi, l’Occident va-t-il véritablement renoncer à sanctionner la Chine et revenir sur ses pénalités existantes ? Rien n’est moins sûr… Étant donné le contexte actuel, aucun des deux camps ne semble prêt à faire le premier pas pour apaiser les tensions, et la spirale des « sanctions VS contre-sanctions » pourrait bien s’intensifier.
Après avoir décrété l’éradication de la grande pauvreté, Xi Jinping s’attaque aux inégalités, mal rampant qui gangrène la société chinoise.
Même si Pékin ne publie plus officiellement son coefficient de Gini (index qui mesure les disparités des revenus, où « 0 » représente l’égalité parfaite et « 1 », l’inégalité complète) depuis plusieurs années, il serait en augmentation depuis 2015 et au-dessus du seuil d’alerte de 0,4. Deux statistiques laissent deviner l’ampleur du fossé entre les plus riches Chinois et les plus pauvres : les 600 millions qui vivent encore avec moins de 1000 yuans par mois, à comparer avec un PIB moyen par habitant qui a dépassé les 10 000 $ annuels (environ 65 000 yuans).
Socialiste dans l’âme, Xi Jinping est bien décidé à remédier à ces inégalités criantes, en leur opposant le concept de « prospérité commune » (共同富裕, gòngtóng fùyù). Il faut remonter au 4ème Plenum de 2019 pour retrouver plusieurs éléments de langage qui laissaient deviner que le thème allait prendre de l’importance. Terme employé pour la première fois par Mao, c’est surtout son emploi par Deng Xiaoping dans les années 80 qui a marqué les esprits : « la prospérité pour tous est l’essence même du socialisme, même si cela signifie que nous devons laisser certaines personnes et régions s’enrichir en premier » aurait déclaré le Petit Timonier. Ce à quoi, Jiang Zemin et Hu Jintao se sont contenté d’ajouter que cette prospérité devait être « équitable et juste ». C’est là que Xi Jinping entre en scène, proposant une véritable feuille de route pour arriver à ce « Graal » du socialisme d’ici 2050.
C’est ainsi que la province du Zhejiang va devoir se transformer en une « zone pilote pour la prospérité commune ». Selon les consignes publiées par le Conseil d’État le 11 juin, la province qui compte 64,5 millions d’âmes – presque autant que la France – a jusqu’à 2025 pour augmenter son PIB moyen par habitant à 130 000 yuans par an (+ 30%) – soit le même niveau que les pays modérément développés (20 000 $) – et le revenu disponible moyen de ses citadins à 75 000 yuans annuels. Actuellement, il est de 52 400 yuans – 62 700 yuans pour les urbains contre 31 930 yuans pour les ruraux. La province qui borde Shanghai devra également atteindre des objectifs chiffrés en matière de réduction des inégalités de revenus entre ses foyers les plus riches et les plus pauvres, et entre les villes et les campagnes. D’ici 2035, elle devra avoir réussi à atteindre « la prospérité commune » grâce à un « développement de haute qualité ».
Sans préciser comment elle devra s’y prendre, le document officiel suggère au Zhejiang « d’éliminer les barrières institutionnelles qui impactent négativement l’emploi (comme le hukou, permis de résidence), d’intensifier la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles (dont Alibaba a été victime…), de prévenir ‘l’expansion désordonnée des capitaux’, d’encourager les groupes aux revenus élevés à redonner à la société (exemptions fiscales pour les donations caritatives), d’ajuster raisonnablement le salaire minimum, de développer le système de congés payés, d’améliorer la couverture sociale et le système de redistribution des ressources fiscales entre les zones urbaines et rurales, d’améliorer la connectivité avec les autres régions du delta de la rivière des perles (Shanghai, Jiangsu et Anhui), d’améliorer l’offre de soins pré- et post-natals et de services aux personnes âgées, de lutter contre la spéculation immobilière (le prix des logements flambe dans la région), d’atteindre les objectifs de réduction de son intensité carbone, et de mettre en valeur la marque « made in Zhejiang ».
Vue sur Weibo plus de 150 millions de fois, l’annonce a été accueillie avec enthousiasme par une grande majorité des utilisateurs, reprenant massivement les mots de Deng Xiaoping. « En voilà du véritable communisme », s’est réjoui un internaute. Mais rares sont ceux qui ont questionné la faisabilité du projet : « la nature humaine a deux faiblesses : l’égoïsme, personne ne voudra partager ses richesses, et la fainéantise, la ‘prospérité commune’ va rendre les gens paresseux », osait tout de même l’un d’entre eux.
Pourquoi avoir choisi le Zhejiang ? Selon la directive officielle, la province a été choisie pour « ses bons résultats en matière de lutte contre les inégalités, ses avantages existants, ses défaillances persistantes et son potentiel d’optimisation et de développement ».
Avec un PIB de 6461 milliards de yuans en 2020 (+3,6%), le Zhejiang se classe 4ème du pays derrière le Guangdong (n°1), le Jiangsu, et le Shandong. Son revenu disponible moyen lui permet d’arriver troisième du classement national en 2020, derrière Shanghai et Pékin. Son niveau de développement est également bien équilibré à travers son territoire, avec un écart de revenu entre les citadins et les ruraux, bien en dessous de la moyenne nationale.
Principal moteur de la province, le secteur privé représente 66,3% de son PIB en 2020, 74% de ses revenus fiscaux, 80% de ses exportations, 87% de l’emploi et 92% de ses entreprises. Parmi le top 500 des entreprises chinoises, près de 100 sont basées dans le Zhejiang, la province dominant ainsi le classement depuis 22 ans. Province ouverte sur le monde et innovante, elle a vu fleurir les petits commerçants à Wenzhou ou encore le fabricant automobile Geely, le géant du e-commerce Alibaba, le leader de la vidéosurveillance Hikvision, et l’application spécialisée dans les produits de beauté Meili à Hangzhou. Sa capitale provinciale est d’ailleurs censée accueillir les Jeux Asiatiques en septembre 2022. Le Zhejiang a également été pionnière en matière de réforme, notamment en ce qui concerne le droit du sol.
Aspect non négligeable, Xi Jinping y a été gouverneur en 2002 puis le secrétaire provincial jusqu’en 2007. C’est lors de ce passage qu’il aurait rallié autour de lui ceux qui constituent aujourd’hui « la bande du Zhijiang », comme Cai Qi, placé à Pékin, Li Qian, nommé à Shanghai, et Chen Min’er, posté à Chongqing.
Pour l’actuel secrétaire du Parti du Zhejiang, Yuan Jiajun, le défi est de taille : il doit trouver un moyen d’éviter que la province ne tombe dans « le piège du revenu intermédiaire » qui menace le pays entier. Mais, même si la province réussit sa mission, il est permis de douter que ce modèle puisse être répliqué sans difficulté dans un pays si hétéroclite.
Parachuté au Zhejiang en 2014, Yuan Jiajun (袁家军) est aussi connu comme l’ancien commandant en chef du programme de vol spatial habité Shenzhou. À ce titre, il est considéré comme un membre de la « clique de l’aérospatiale » (航天系, hángtiān xì), qui a connu une ascension fulgurante sous Xi Jinping.
Né dans la petite ville industrielle de Tonghua (Jilin) en 1962, Yuan est diplômé de la prestigieuse université Beihang (Pékin). Après un séjour de 18 mois au centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique, il rentre en Chine en 1990 et devient vice-directeur du « bureau 501 » du ministère de l’industrie aérospatiale, dédié à la construction d’engins spatiaux. Deux ans plus tard, il intègre le Parti. En 2000, il est nommé à la tête du programme de vol spatial habité Shenzhou. Sept ans après, il devient vice-président de la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC), puis il s’implique dans le programme d’exploration de la Lune puis de la planète Mars avec les Russes en 2008.
Tournant dans sa carrière, il fait ses premiers pas en politique en mars 2012, année de l’avènement de Xi Jinping. Après un séjour au Ningxia, il est envoyé dans le Zhejiang deux ans plus tard. Il en deviendra le gouverneur en 2017. Cette année-là, il signe avec Valérie Pécresse (cf photo), un accord de coopération de dix ans avec la région Île-de-France, visant à développer les échanges (commerciaux, touristiques, universitaires…) entre les deux régions. La moitié des Chinois installés en Île-de-France sont originaires du Zhejiang, notamment de Wenzhou.
À 58 ans, Yuan Jiajun a été promu secrétaire du Parti du Zhejiang en 2020. Avec un dirigeant qui a la tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre, il ne faut pas s’étonner si le Zhejiang a été choisi pour accueillir la cinquième base de lancement du pays. Elle sera construite à Xiangshan près de Ningbo pour un investissement de 20 milliards de yuans. Le site devra être en mesure de répondre à la demande croissante de mise en orbite de satellites, notamment à des fins commerciales.
3 taïkonautes ont décollé le matin du 17 juin du centre de lancement spatial de Jiuquan (Gansu), situé dans le désert de Gobi. Destination : la station Tiangong (qui signifie « Palais céleste »), que Pékin assemble face à la station spatiale internationale (ISS). Elle devrait être achevée en 2022 et aura une durée de vie d’au moins 10 ans. La Chine s’est résolue à construire sa propre station après le refus des Etats-Unis de la laisser rejoindre l’ISS, qui est censée prendre sa retraite en 2024.
Cela faisait plus de 5 ans que la Chine n’avait pas envoyé de vol habité dans l’espace, pour une durée record – pour des taïkonautes – de 3 mois en orbite. Le commandant de la mission, Nie Haisheng (56 ans), a deux vols spatiaux à son actif. Il est accompagné de Liu Boming (54 ans, un vol) et de Tang Hongbo (45 ans), un novice dans l’espace. Le trio a subi plus de 6 000 heures d’entraînement. Dans leur capsule de 110m3, les trois militaires auront le choix entre 120 aliments à l’heure des repas, dont du poulet kung pao, et pourront s’exercer sur un tapis de course pour garder la forme.
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1 milliard, c’est le nombre de doses de vaccins que la Chine a administré au 20 juin. Sans avoir publié le nombre de personnes ayant reçu deux doses (622 millions en auraient au moins reçu une au 10 juin), le pays s’affiche en bonne voie pour atteindre un taux de vaccination de 40% de sa population (soit 560 millions de personnes) d’ici début juillet. La Chine envisage d’avoir vacciné au moins 80% de sa population d’ici la fin de l’année. Ombre au tableau, l’efficacité des vaccins chinois, à virus inactivés, serait moindre que celles des vaccins à ARN messager, ce qui impliquerait une 3ème injection d’ici fin 2020 pour les personnes déjà vaccinées.
200 000 étrangers sur les 845 000 vivant en Chine étaient vaccinés début juin, la majorité préférant attendre un vaccin étranger, comme le BioNtech dont la production par Fosun pourrait débuter en août à Shanghai… si les autorités chinoises donnent leur feu vert d’ici là.
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Entre 15 et 20 yuans, c’est le prix d’un bâtonnet de glace de la marque Chicecream (钟薛高 ou Zhong Xue Gao en chinois), soit 4 à 5 fois plus cher que la concurrence. Surnommée la « Hermès de la crème glacée » en raison de son positionnement haut de gamme, la marque s’est retrouvée sous le feu des critiques suite aux déclarations de son fondateur Lin Sheng : le patron a déclaré que le prix était « juste » étant donnée la qualité des ingrédients, et que c’était « à prendre ou à laisser » !
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1 milliard de $, c’est le montant levé par la plateforme de recrutement en ligne BOSS Zhipin lors de son entrée en bourse, au Nasdaq le 11 juin. L’application, valorisée à 8 milliards de $, a batî son succès en proposant de mettre en contact directement les demandeurs d’emploi avec les firmes qui recrutent. Plus de 6 millions d’entreprises sont déjà clientes, ce qui a permis à environ 85 millions de candidats de « pouvoir s’adresser directement au patron » : tel est le slogan de Zhipin.com ! Et le marché du recrutement en ligne a le vent en poupe puisqu’il devrait peser 223,4 milliards de yuans en 2025, contre 55,1 milliards aujourd’hui.
À Shijiazhuang, les gens s’ennuient. Terrassés par ce sentiment de vacuité existentielle, les jeunes s’enfuient à tire-d’aile vers Pékin à une heure de TGV : Shijiazhuang reste plongée dans son ombre provinciale. Et la censure n’arrange rien, écrémant la presse et l’internet de tout événement un peu pimenté ou coloré, au nom de la stabilité sociale. La ville reste plongée dans cette ambiance compassée, sous les slogans du Parti – le dernier en date prétend réhabiliter la révolution culturelle, l’absoudre de son qualificatif infamant de « catastrophe historique », et la relooker comme une « passionnante expérience ayant permis une riche moisson de fruits socialistes ». Pas dupes, mais plongés dans un bain de surveillance mutuelle, les habitants ânonnent et répètent ces slogans sans y croire, juste pour avoir la paix, au nom du proverbe millénaire de 指鹿为马 « zhǐ lù wéi mǎ», qui signifie « désigner le cerf en prétendant qu’il s’agit du cheval » : la vérité n’a aucune importance, seul compte le pouvoir.
Il leur reste cependant leur « cercle intérieur » pour s’occuper de ce qui compte vraiment dans la vie: leur look, leurs amours, leurs carrières et leur petite santé, ce qui est parfaitement toléré par le régime, à condition de ne pas aller trop loin. Par exemple, il est permis de s’inspirer dans sa vie, de modèles venus du bouddhisme, du taoïsme ou du confucianisme.
Et c’est ainsi que dans Shijiazhuang, dans un pavillon du palais Jingke – une des célébrités de la ville, quartier d’époque Ming chamarré d’ocre et d’or en une alternance de courées aux brûloirs à encens, de portiques « Pailou » et de bâtisses aux grands toits incurvés, maître Guhao, expert en « Zhuyoushu » qui est une branche de médecine antique, prétend guérir toutes sortes d’afflictions et disgrâces des hommes et des femmes. Il recrute ses patients par internet, à des conditions qui curieusement, pêchent par excès d’altruisme et d’outrecuidance à la fois. Pour qui veut changer de taille et gagner quelques centimètres, Guhao va le (ou la) traiter par imposition des mains et aspersion du « Qi » (souffle vital) : son action sera gratuite s’il échoue, mais en cas de succès, coûtera 15 000 yuans (près de 2.000 €) par centimètre gagné. Même tarif pour le gonflement de la poitrine des dames, avec un succès revendiqué sur la toile par une cliente qui témoigne fièrement : « je suis passé de 87cm de circonférence à 91cm à la 1ère séance, puis à 93 à la seconde ». Une autre femme présente en souriant un succès similaire, tout en précisant : « et ça continue à pousser » !
Le bon docteur Guhao n’arrête pas son traitement à l’esthétique, mais offre aussi une cure à la surcharge pondérale, aux fractures de bras ou jambe, les tumeurs de toutes sortes, et même… l’imbécillité ! Il promet de stimuler les petites cellules de matière grise, en leur donnant de l’espace pour respirer, et de l’air pour réfléchir.
Telle que présentée dans une vidéo qui fit fureur sur internet à travers Shijiazhuang, le Hebei, puis tout l’empire, maître Guhao recrute les clientes par groupes de quelques dizaines, et les rassemble, alignées sur le parvis de leurs résidences, avec distanciation sociale pour que l’énergie partant de ses bras puisse atteindre le haut de leurs thorax. Paiement naturellement réglé d’avance, et l’évaluation du succès se fait après la thérapie de groupe, au moyen d’un mètre de couturière, pour procéder aux ajustements du cachet du maître.
Remontant à l’époque Tang, l’art du « Zhuyoushu » est cité dans les plus anciens ouvrages de médecine chinoise, mais curieusement sans leur approbation. Il proscrit en effet l’usage de tout médicament, d’acupressure et même l’acupuncture. Seul le mot du maître et son énergie vitale, dispensée par ses mains et bras moulinés en cercle, doivent faire l’affaire, par procédé magique. On est très proche d’autres disciplines plus connues comme le Qigong (aussi basé sur le souffle vital et la circulation d’énergie à travers les points méridiens), ou le Falungong, son avatar moderne né en 1992. Mais « halte », vous avez dit Falungong ? Après avoir revendiqué jusqu’à 100 millions d’adeptes suite à une croissance vertigineuse, cette secte fondée par le tambourinaire militaire Li Hongzhi fut bannie en 1999, déclarée « ennemi public n°1 » et persécutée férocement, du fait de sa théologie sulfureuse hostile aux médicaments, et à sa propension à critiquer la corruption du régime. Aussi, la pratique de maître Guhao ne pouvait qu’alarmer les autorités, surtout après le succès vertigineux de ses vidéos sur internet.
Du coup, les autres corps sociaux dont Guhao se réclamait, prennent bien vite leurs distances. Dès mars 2021 le palais Jingke se fend d’une annonce, précisant que l’homme est inconnu sur son périmètre et abuse de son nom. À l’association municipale du Taoïsme, Li Zongyuan, son président, dénonce le faux prophète : il n’est membre d’aucune paroisse taoïste de la ville, ni même fraîchement converti. Guhao est un fraudeur, et l’association attend les résultats de l’enquête de police lancée le 18 mars suite à sa plainte. Guhao pourtant n’est pas arrêté – les policiers n’ont pas retrouvé, au palais Jingke, trace de sa présence, et tout porte à croire qu’il ait quitté la ville, le temps qu’il faudra pour se faire oublier !
22-24 juin, Shanghai : FSHOW 2021, Salon international des engrais de Chine
22-24 juin, Shanghai : CAC, Salon international chinois de l’agrochimie et de la protection des cultures
23-25 juin, Shanghai : HNC, Salon international des équipements et appareils de soins de santé, des thérapies de soins de la vie
24-26 juin, Canton : CINHOE, Salon international de l’alimentation et des produits issus de l’agriculture biologique
25-26 juin, Shanghai : SG – CHINA INTERNATIONAL SMART GARMENTS INDUSTRY FORUM & EXHIBITION 2021, Salon international et forum de l’industrie des vêtements « intelligents » en Chine. Textiles fonctionnalisés : imperméables, ignifugés, antibactériens, antistatiques…
25-27 juin, Pékin : LPS , Salon de l’immobilier en Chine
25-27 juin, Nanjing : ASIA OUTDOOR TRADE SHOW 2021, Salon chinois des loisirs de plein air
29 juin – 1er juillet, Shenzhen : INDUSTRIAL AUTOMATION 2021, Salon international pour l’automatisation des procédés
2-4 juillet, Shanghai : ISPO 2021, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements à Shanghai
7-9 juillet, Pékin : AIAE, Salon international de l’automation industrielle
7-10 juillet, Shanghai : PHOTO & IMAGING 2021, Salon de la photo et de l’image numérique
8-9 juillet, Guangzhou : CBD 2021, Salon international du bâtiment et de la décoration
8-10 juillet, Chengdu : IE EXPO 2021, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie
13-15 juillet, Pékin : CIEPEC 2021, Salon chinois international et conférence sur la protection de l’environnement
15-17 juillet, CHENGDU : CEF – CHINA ELECTRONIC FAIR 2021, Salon chinois de l’électronique. Composants électroniques, instruments de test et de mesure, équipements de fabrication, outils, photo électronique, ordinateurs, électronique pour la maison…
16-18 juillet, Urumqi : IME XINJIANG 2021, Salon international de l’industrie minière en Chine (Xinjiang)
20-22 juillet, Shanghai : INTERMODAL ASIA 2021, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire
21-24 jullet, Shanghai : SHANGHAI INTERNATIONAL ADVERTISING & SIGN TECHNOLOGY & EQUIPMENT EXHIBITION 2021, Salon international de Shanghai pour les équipements et les technologies de publicité
27-29 juillet, Shanghai : INTERMODAL ASIA 2021, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire EN LIGNE
16-18 août, Guangzhou : HOT EXPO CHINA 2021, Salon asiatique du chauffage domestique
16-18 août, Guangzhou : POWER EXPO 2021, Salon international des équipements et technologies de l’énergie en Asie-Pacifique
16-18 août, Guangzhou : WATER HEATING 2021, Salon des technologies de l’eau chaude et des pompes à chaleur en Asie-Pacifique
18-20 août, Shenzhen : CHINA SMART CARD AND RFID TECHNOLOGIES 2021, Salon international sur les technologies et applications de la carte à puce et à la RFID et à ses applications dans les produits et services
25-27 août, Chengdu : NEPCON SOUTH CHINA 2021, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs