Le Vent de la Chine Numéro 20 (2019)

du 19 au 25 mai 2019

Editorial : Chine/USA – La saga continue

Un an exactement après le début de la guerre commerciale avec les USA, la saga continue, jamais avare de nouveaux rebondissements. Alors que les négociations étaient prêtes à aboutir, Donald Trump menaçait le 6 mai de mettre fin à la trêve décrétée le 1er décembre et d’augmenter à nouveau les tarifs douaniers. 

La Chine resta d’abord silencieuse, espérant peut-être que le 11ème tour des négociations à Washington apaise l’impulsif Président américain. Raté ! Les palabres capotèrent le 10 mai : la Chine était revenue sur ses engagements. « Chaque pays a sa dignité », commentait le conseiller économique Liu He. Pourquoi ce rétropédalage ? Il pourrait être venu du Président Xi Jinping lui-même, ne pouvant en aucun cas perdre la face en faisant trop de concessions aux Américains à quelques mois du 70ème anniversaire de la RPC. Surtout, elles n’étaient pas compatibles avec la voie choisie par Xi dès 2013.

Comme prévu, les tarifs furent rehaussés de 10% à 25% sur 200 milliards de $ de produits chinois. Trump envisagerait également de taxer les 325 milliards de $ d’importations chinoises restantes après le 17 juin.

Sobrement, Pékin promettait des représailles. Le 13 mai, la Chine annonçait que les droits de douane de 5000 produits américains d’une valeur de 60 milliards de $ seraient augmentés jusqu’à 25% au 1er juin. Après cette hausse, il ne restera à la Chine que 10 milliards de $ d’importations américaines à taxer, de pétrole brut ou d’avions. Ces annonces successives soufflèrent 1000 milliards de $ de capitalisation en bourse.

Débuta alors une virulente campagne médiatique : les propos belliqueux du présentateur Kang Hui au journal de 19h sur la CCTV firent le tour du web. Il affirmait que « la guerre commerciale ne serait qu’un léger sursaut dans l’histoire chinoise cinq fois millénaire, et que son pays se battrait jusqu’à ce qu’un jour nouveau se lève sur le monde ». Il fut suivi par une armada d’éditoriaux, du nationaliste Global Times mais aussi de Xinhua ou du Quotidien du Peuple. Cette campagne avait pour objectif de préparer la population à la tumultueuse période à venir. 

Ce qui est sûr, c’est que personne n’est gagnant dans ce conflit.

Aux Etats-Unis, les premières victimes collatérales sont les agriculteurs, pourtant parmi les supporters de Trump. Pour compenser leur manque à gagner, l’administration leur accordait l’an dernier 12 milliards de $, dont 70% en aides directes. Trump réitérait ses promesses de soutien à la filière à hauteur de 15 milliards de $ pour 2019 « financés grâce aux tarifs imposés sur les produits chinois ». Son conseiller économique Larry Kudlow rétablissait la vérité : ce sont en fait les consommateurs américains qui paient le prix fort de ces rétorsions, les importateurs répercutant ce coût supplémentaire sur leurs prix de vente. Selon l’organisation Trade Partnership, cette dernière hausse va renchérir en moyenne de 767 $ les dépenses annuelles d’une famille de quatre personnes.

Côté chinois, l’économie perd de la vapeur : la production industrielle ralentissait à +5,4% en avril (contre +8,5% en mars) et les ventes de détail à +7,2% (contre +8,7% le mois précédent). Hier florissant, le secteur du e-commerce procède à des licenciements. Et l’arrivée sur le marché du travail de 15 millions de demandeurs d’emploi cette année inquiétait le Premier ministre Li Keqiang dans son discours du 13 mai…

En une rencontre de la dernière chance, un 12ème round de négociations devrait bientôt avoir lieu à Pékin, avant un plausible entretien entre Xi Jinping et Trump en marge du G20 à Osaka (les 28-29 juin).

Selon Susan Thornton, ancienne secrétaire d’Etat adjointe, le temps jouerait en la faveur de Xi Jinping. Alors que la campagne électorale pour les présidentielles de 2020 a débuté aux Etats-Unis, les chances de réélection de Donald Trump dépendront fortement du deal conclu avec Pékin. Il serait donc dans son avantage de mettre un terme à cette guerre commerciale avant cette échéance. Pékin en revanche a tout intérêt à conserver sa politique attentiste. La perspective d’un nouveau Président américain plus prévisible et conciliant que Trump, lui serait plus favorable. Un professeur de l’Académie chinoise des Sciences (CAS) émettait un avis opposé : que le prochain Président élu soit républicain ou démocrate, il existerait un concensus entre les deux partis sur la stratégie de confinement à appliquer à la Chine. En tout cas, les prochains mois seront déterminants, vers une résolution ou une aggravation du conflit.


Politique : Faucons et colombes

Au sein du camp chinois, deux clans se révèlent peu à peu, aux positions radicalement opposées s’agissant de la guerre commerciale avec les Etats-Unis.

L’un est pour une Chine combative face aux menaces américaines. L’ancien vice-ministre du commerce Wei Jianguo en fait partie, et n’y va pas par quatre chemins : « la Chine répondra aux pièges américains en véritable maître de kung-fu, mais aussi en tant que boxeur expérimenté, capable de donner un uppercut mortel ».

L’autre clan est prêt à tendre au partenaire yankee une branche d’olivier. Bien que s’abstenant de faire toute allusion directe à des politiques existantes telles les nouvelles routes de la soie (BRI) ou le plan Made in China 2025 (ce qui avait probablement précipité le départ en retraite de Lou Jiwei), d’autres cadres à la retraite expriment un désir de conciliation, de mettre un terme à une confrontation qui a déjà trop duré. Zhang Musheng (cf photo, à gauche), ancien haut responsable chinois et éminent intellectuel proche de l’ex-général Liu Yuan (fils de Liu Shaoqi), affirme que « vanter les mérites du modèle chinois hors frontières n’est pas nécessaire et ne provoquera que des attaques ». Li Ruogu, ex-Président de l’Exim Bank, déclare que « Pékin devrait se mettre dans les bottes de Washington pour mieux comprendre sa position, et procéder aux ajustements nécessaires au maintien des bonnes relations. D’ailleurs les relations Chine-États-Unis sont la pierre angulaire de la relation globale de notre pays avec l’Occident ». Chen Deming, ministre du Commerce entre 2007 et 2013, avertit qu’il « ne faut pas prendre pour acquis que la Chine dépassera les USA un jour ou l’autre. Nous avons un des PIB les plus élevés au monde, mais rapporté par habitant, nous nous classons autour du 70ème rang mondial. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir ». Le discours de Chen fut largement diffusé sur internet – des commentaires saluaient cet « homme plein de bon sens ». Enfin, en quelques lignes publiées au China Daily, Zhang Monan, vice-directrice du think-tank pékinois CCIEE, considère « la guerre commerciale comme une opportunité pour approfondir les réformes ». Ces déclarations se font l’écho de celle de Hu Deping, fils du leader réformiste Hu Yaobang, ou encore de celle de Deng Pufang, fils du petit timonier Deng Xiaoping, qui conseillait au gouvernement chinois « de rester lucide, et de savoir où était sa place. Ne pas se sous-estimer ni se surestimer ».

Il est intéressant de noter que ces rares courageux à prendre la parole, surnommés « colombes » en opposition aux combattants « faucons », sont tous à la retraite. Pour eux, le risque de retour de flamme est donc moindre.

Étrangement, la plupart sont des fils de leaders révolutionnaires ou leurs alliés. On aurait pourtant pu croire que le plan MIC 2025 choisi par le Président Xi Jinping pour assurer la stabilité du Parti et favoriser les consortia publics, eut les faveurs de ces « hongerdai ». Mais il faut croire que la stabilité du pays et sa montée en puissance en faisant preuve de retenue, d’une manière non confrontationelle telle que le prônait Deng Xiaoping, prime sur leurs intérêts.

Ces voix seront-elles entendues ? Certainement. Ecoutées ? C’est beaucoup plus douteux. Car la ligne politique adoptée par Xi Jinping en 2013 part du principe que tout compromis est nécessairement un pas vers l’affaiblissement du Parti. Pire, dans un conflit aussi frontal, international, tout pas en arrière inviterait à ouvrir la porte à bien d’autres remises en cause, intérieures, celles là.


Technologies & Internet : Washington barre la route à Huawei

Déjà évoquées dans le passé, l’administration Trump annonçait finalement le 15 mai deux mesures visant le géant chinois des télécommunications.

D’abord, et sans nommer Huawei, le Président américain décrétait un « état d’urgence » interdisant toute utilisation d’équipement de télécommunication qui pourrait poser un risque à la sécurité nationale.

Surtout, comme pour lever tout doute sur la véritable cible de cette attaque, le Département du Commerce plaçait sur sa « liste noire » Huawei et 67 de ses succursales à travers 26 pays. Cela a pour conséquence d’obliger les firmes américaines désirant vendre leurs composants ou logiciels (comme Google) au groupe de Shenzhen, à obtenir une licence de Washington. Si le gouvernement décidait de ne pas accorder ces autorisations, cela impacterait gravement l’activité de Huawei, car sur les 70 milliards de $ de composants achetés par le groupe chinois en 2018, 11 milliards de $ provenaient des USA, de firmes telles Qualcomm, Intel ou Micron Technology. Huawei avait apparemment vu le coup venir, prétendant dans une lettre interne du 16 mai avoir un plan B pour assurer son approvisionnement.

Huawei ajoutait que les sanctions de la Maison-Blanche n’étaient « ni dans l’intérêt des compagnies américaines, ni dans celui des consommateurs », ses produits étant moins chers que ceux de ses concurrents Nokia et Ericsson. En réponse à l’accusation d’espionnage proférée par Washington, le groupe répètait qu’il n’a aucun lien avec le gouvernement chinois et refuserait toute demande d’accès aux données par celui-ci. De son côté, Pékin soutenait son champion dans la tourmente en qualifiant ces sanctions de « sabotage industriel » et « d’abus du concept de sécurité nationale ». En effet, pour le gouvernement chinois, les considérations sécuritaires de Trump ne seraient qu’un prétexte pour mettre des bâtons dans les roues de Huawei, qui dispose d’une longueur d’avance dans la 5G.

Washington a déjà lancé une guerre d’influence pour convaincre ses partenaires du « Five Eyes » (services de renseignement australiens, britanniques, canadiens et néo-zélandais) et ses autres alliés, de bannir le groupe chinois. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont suivi les exhortations américaines. Au Royaume-Uni, après avoir longuement hésité suite à des avis contradictoires de ses agences de cybersécurité, Theresa May annonçait le 24 avril autoriser Huawei à prendre part au déploiement de la 5G, sauf dans les « cœurs de réseaux » où transitent toutes les données. Quelques jours avant (14 avril), l’Allemagne refusait également d’exclure le groupe de ses appels d’offre. Puis Emmanuel Macron affirmait le 16 mai ne pas s’opposer à Huawei, mais une future loi soumettra les équipements télécoms de nouvelle génération à autorisation du Premier ministre.

Mais la donne pourrait changer avec ces nouvelles sanctions. En effet, certains alliés européens se demandaient pourquoi bloquer l’accès de Huawei à leurs marchés, si les Etats-Unis ne le faisaient pas eux-mêmes ?

En tout cas, cette annonce tombe mal pour Huawei qui tentait de rétablir la confiance grâce à un « pacte anti-espionnage » proposé aux gouvernements européens.

Côté Etats-Unis, le timing n’est évidemment pas anodin. En pleine guerre commerciale, Donald Trump cherche sans aucun doute à faire pression sur la Chine pour la forcer à accepter ses termes. Sous cette lumière, ces sanctions ne sont certainement qu’un levier supplémentaire pour les USA. Le cas de l’autre géant chinois ZTE est instructif : visé par des sanctions fortement similaires aux Etats-Unis en 2018, celles-ci avaient finalement été levées quelques mois plus tard… Pour Huawei donc, la messe n’est pas encore dite !

Par Charles Pellegrin


Education : Natalité – Un plan loin du compte

A l’occasion de la fête des Mères en Chine (12 mai), le site de recrutement Zhaopin (招聘) publiait son sondage annuel mené auprès de 8739 femmes.

51,1% des interrogées excluaient de devenir maman une seconde fois. 41% d’entre elles sont plus nuancées : elles désirent donner un petit frère ou une petite sœur à leur ainé, mais avouent « ne pas oser ».

La première raison évoquée (84,6% des réponses) est le coût engendré par l’éducation d’un enfant : à Shanghai, jusqu’à 250.000 yuans annuels pour l’école et les cours particuliers sont nécessaires pour être compétitif dès le plus jeune âge. Doubler la mise pour un deuxième bambin est donc hors de leur portée.

Les deux autres craintes sont celles du frein à leur carrière (59,2%), et de la peur de ne trouver personne pour s’occuper de leur progéniture avant l’entrée en maternelle à l’âge de 3 ans (59,1%). Les parents ne peuvent plus autant compter sur les grands-parents : ils habitent trop loin, ils sont trop vieux, ou estiment avoir déjà fait leur part ! De plus, les crèches publiques sont en nombre insuffisant, et les places dans le privé trop chères.

Après avoir connu un pic de naissances à 17,86 millions en 2016, l’annonce de l’abolition de la politique de l’enfant unique cette année-là semble avoir agi tel un contraceptif sur les couples. En effet, depuis trois ans, le nombre de naissances ne cesse de chuter : de 17,23 millions en 2017 à seulement 15,23 millions en 2018. Selon Zhu Qin, professeur à l’université de Fudan, le taux de fertilité serait de 1,54 (le même que la Suisse). Pour enrayer ce lent déclin, le gouvernement n’a pas osé supprimer complètement le planning familial, mais a porté à deux le nombre maximal d’enfants par couple.

Pour relancer la natalité et ainsi corriger le déséquilibre démographique, le Conseil d’Etat dévoilait le 9 mai différentes mesures, structurées en trois niveaux.

D’abord, un cadre législatif sera mis au point au niveau national. Désormais, tous les services de garde d’enfants et crèches, à but lucratif ou non, doivent s’enregistrer auprès des autorités. Après que divers scandales de maltraitance, abus sexuels et accès de violence aient secoué le pays, il leur a déjà été défendu de lever des fonds en bourse. La ville de Pékin elle, a interdit qu’un encadrant reste seul avec un enfant et exige la présence d’un vigile au minimum par établissement. L’utilisation de caméras de surveillance reliées à internet est évoquée dans le nouveau plan pour rassurer les parents. Et pour pallier la pénurie de personnel qualifié, instituts de formation et universités devront proposer des cursus spécialisés dans la petite enfance.

Les gouvernements locaux devront encourager et subventionner la création de crèches et de garderies, publiques, privées ou de financements mixtes. Leur construction ne devra plus seulement avoir lieu dans des zones résidentielles mais aussi dans les quartiers d’affaires pour faciliter la transition entre vie professionnelle et familiale.

Les employeurs eux, devront respecter les congés parentaux et leur durée, et permettre à leurs employés ayant des enfants en bas âge de moduler leurs horaires de travail. Surtout, les entreprises sont appelées à créer des garderies au sein même de leurs locaux – et pourquoi pas accessibles aux enfants du quartier.

Or, on est loin du compte : selon Zhaopin, seulement 8,22% des entreprises disposent d’une crèche en interne, et 40% des jeunes mamans n’osent prendre la totalité de leur congé maternité de peur d’en payer le prix professionnellement (se faire remplacer ou se voir refuser une promotion).

Finalement, ce nouveau plan manque de mesures concrètes et d’incitatifs pour réconcilier la Chine avec les berceaux, et ne donne pas de solution à la cause première de refus des parents d’enfanter : le poids financier. Il semble donc enterrer, ou remettre à plus tard, l’instauration de subventions, sous forme d’allocations familiales par exemple, les seules capables de répondre aux réticences des familles.

Par Jeanne Gloanec


Petit Peuple : Yueqing (Zhejiang) – L’ultime preuve d’amour (2ème partie)

Résumé de la 1ère partie : Mère du petit Huang, Chen avertit Lu, son instituteur de mari, chroniquement désargenté : s’il ne se met pas à gagner plus, elle le plaque

48h après l’ultimatum de la mère, la terre s’écroula pour le couple le vendredi 30 novembre 2018 : leur fils disparut à la sortie de l’école.

Chen aurait dû passer le prendre à 18h après l’heure d’étude. Mais son service à l’hôpital s’étant terminé plus tard que prévu, elle n’avait pu arriver qu’à 18h21, pour constater l’absence du petit Huang au portail du collège. C’était anormal, l’enfant aurait dû appeler sa mère sur son portable. Chen supposa d’abord que son fils était rentré tout seul à la maison. Mais quand elle l’appela, l’appareil sonna dans le vide… Elle composa alors le numéro de son mari, au foyer en train de corriger le tas de copies de la semaine. Très inquiet, il lui confirma que leur fils manquait à l’appel.

Chen appela alors le commissariat de Yueqing, qui dépêcha deux inspecteurs. Une heure après, ceux-ci interrogeaient le proviseur, le professeur principal, les plus proches amis de Huang. Dès les premières minutes, le commissaire avait ressenti l’aspect atypique de cette disparition, et la gravité de la situation, dépassant de très loin les frontières de la ville. C’est que le rapt d’enfants, dans l’empire du Milieu, est beaucoup trop courant : chaque année, 70.000 enfants disparaissent, acheminés par des réseaux sophistiqués à l’autre bout du pays pour y être cédés à prix d’or à des familles incapables de procréer et prêtes à tout pour se payer un héritier. De ce fait, l’immense majorité des disparus ne sont jamais retrouvés…

Le cas du petit Huang allait défrayer la chronique, s’agissant du fils d’un professeur très honorablement connu, et dans une ville jusqu’alors épargnée par le fléau.  Aussi, en trois heures, ordre était donné de déployer tous les moyens disponibles. 300 agents furent dépêchés de Ningbo et Wenzhou pour aider à ratisser les rues et parcs, à l’aide de chiens policiers. Deux hélicoptères multiplièrent les vols au dessus de kilomètres carrés de lande et de vasières. Chen et Lu, les parents, étaient invités à la TV et à la radio pour exhorter les ravisseurs à prendre contact. Le père appelait tout témoin à le contacter directement sur son portable pour rassembler les témoignages. Dès le surlendemain, il se faisait photographier avec un panneau intitulé « Forte rançon pour personne disparue » (重金寻人, zhòng jīn xún rén), proposant, en dépit de ses moyens financiers limités, pas moins de 500.000 yuans à quiconque lui rendrait son fiston.

Ainsi, Chen obtenait enfin la réponse à la question qui l’avait tant taraudée : Lu, son fidèle mari, aimait son garçon, l’aimait elle-même plus que ses élèves ou sa mission éducative !

Au fil des jours, tant de battage médiatique fit déferler l’émotion. Sur internet, des Sherlock Holmes en herbe émirent diverses possiblités sur l’identité du gang coupable et le lieu de détention de Huang . Intitulé « Wenzhou,  enfant disparu depuis 5 jours », l’avis de recherche du ministère de la Sécurité publique du 4 décembre explosa les records, accumulant 230 millions de clics en 24 h, soit un citoyen sur six…

C’est cet engouement qui précipita le dénouement : sous l’effet probable des révélations anonymes, deux coups de théâtre résonnèrent à travers l’actualité. Quand le jour se leva sur la résidence où vivait la famille victime, on constata que Chen et Lu avaient disparu à leur tour. La vidéosurveillance révéla que le couple s’était sauvé à 3h07 du matin, à la cloche de bois. Par la suite, les journalistes découvraient que le couple croulait sous les dettes, devant 7000 yuans de loyer à l’agence immobilière qui avait loué l’appartement. 

Dès lors, le dénouement était proche : nul en Chine ne va bien loin, une fois recherché. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le couple fut retrouvé, et – second coup de théâtre du jour – la mère fut arrêtée pour simulation. Car loin d’avoir été kidnappé, le petit Huang avait passé tout ce temps chez une tante dans un village voisin, alors que la Chine entière le recherchait. Le soir de sa (fausse) disparition, sa mère l’avait d’abord caché dans la voiture d’une amie, le temps de déposer sa plainte.

Le mobile de cette plaisanterie de très mauvais aloi fut révélé par les autorités : suite à sa dispute homérique avec son mari Lu le vendredi précédent, Chen avait simulé l’enlèvement de son fils « afin de vérifier le degré d’affection qu’il nourrissait envers son fils et elle » !

Pour s’être ainsi moquée des forces publiques, et avoir causé à l’Etat des pertes sérieuses – le coût des recherches s’étant monté à plusieurs centaines de milliers de yuans – Chen l’infirmière fut placée en garde à vue, dans l’attente d’un procès dont le verdict était couru d’avance. Pour s’être jouée à ce point de la maréchaussée et pour « troubles à l’ordre public », elle écopera d’une peine d’au minimum deux ans. Chen est forcément penaude, risquant en plus de ces précieuses années de liberté, sa réputation et sa carrière—car son hôpital a déjà entamé la procédure de licenciement. Mais au fond d’elle-même, elle se découvre un brin de fierté, et une ou deux appréciables compensations : d’abord, elle le sait désormais, son mari l’aime. Ensuite, elle a fait connaître à la nation entière son existence. Et son mari l’attend, et son fils aussi : deux années de taule pour s’imposer en égérie nationale du romantisme, ce n’est au fond, pas si cher payé, ose-t-elle se dire !


Rendez-vous : Semaine du 20 au 26 mai 2019
Semaine du 20 au 26 mai 2019

20-22 mai, Shanghai : CHINA BEAUTY EXPO, Salon international de la beauté

21-23 mai : Canton : HOSFAIR GUANGZHOU, Salon chinois international des équipements et fournitures pour l’hôtellerie, de l’alimentation et des boissons

21-23 mai, Shanghai : ACHEMASIA, Salon-Congrès International du génie chimique et des biotechnologies

21-24 mai, Canton : CHINAPLAS, Salon international des industries du plastique et du caoutchouc

22-24 mai, Shanghai : INTERTRAFFIC CHINA, Le plus grand événement au monde consacré aux technologies du trafic et de la mobilité en Chine

22-24 mai, Shanghai : INTERMODAL ASIA, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire

22-24 mai, Shanghai : RE CHINA ASIA EXPO, un des grands salons mondiaux de l’imprimerie, des imprimantes et des consommables

22-24 mai, Shanghai : RISI ASIAN CONFERENCE, Conférence asiatique sur le papier et la pâte à papier

22-25 mai, Pékin : CIPATE, Salon chinois international et symposium sur l’équipement de la police et les technologies d’anti-terrorisme

23-25 mai, Chengdu : CAPAS CHENGDU, Salon international des pièces automobiles et du services après-vente de l’industrie de l’automotive

22-25 mai, Pékin : CHINA GLASS, Salon chinois des techniques industrielles du verre

25-27 mai : Wuxi (Jiangsu) : Exposition internationale du Design