Le Vent de la Chine Numéro 40

du 8 décembre 2014 au 10 janvier 2015

Editorial : La Chine, un « partenaire » qui rêve d’« alliés »

Après deux ans d’avancées militaires agressives pour ses voisins, en mer de Chine comme au Sud du Tibet, la Chine surprend le monde en créant une accalmie. Ce tournant, Xi Jinping le formule lors d’une Conférence Centrale de Diplomatie (28/11) : « nous devons garder à l’esprit les risques et désamorcer les crises potentielles, pour les convertir en chances de croissance pour le pays ». Cet avis, Xue Li (chercheur à la CASS) le commente (02/12) : « il est temps pour nous d’apprendre à cesser de nous méfier des alliances entre nos voisins ». Faute de pouvoir braver une flotte chinoise, supérieure en puissance de feu aux leurs réunies, ces pays n’ont pas d’alternative au fait de « coopérer plutôt que d’affronter ». C’est ce constat qui a permis à Xi de rencontrer au Sommet de l’APEC le 1er ministre nippon Shinzo Abe après 2 ans de rupture et de conclure un accord fort avec Barack Obama. 

Cette conférence a permis de constater une autre importante inflexion. Depuis 1949, la Chine n’a pas dévié d’une idéologie « non-alignée », visant à la faire devenir le phare anti-hégémonique du Tiers-monde. Lors de la conférence, ce principe restait en vigueur, mais il était pour la 1ère fois nuancé par la volonté de Xi de « forger un réseau mondial de partenariats ».
« Alliés » ou « partenaires » ? La différence tient au refus de la Chine de choisir un bloc avec qui collaborer exclusivement. Si elle le faisait, selon Jin Canrong de l’université Renmin à Pékin, cela « léserait le type de relations… qu’elle tente de promouvoir ». Mais tout a un prix. Ouvrir des partenariats avec une poignée de puissances rivales, c’est se forcer à un grand écart idéologique. Pang Zhongying, de la même université, remarque que la Chine « a besoin d’alliés, mais ne peut pas les désigner pour l’instant ». Ainsi, une mine de cuivre chinoise en Afghanistan est protégée par l’US-Army des commandos intégristes, ce que l’APL ne sait pas faire hors frontières. Mais l’US-Army plie bagage, et la protection disparaît. Elle eût pu demeurer, si Chine et Etats-Unis avaient été liés par un traité de défense. Aussi, l’abandon du non alignement chinois semble inéluctable.

En politique étrangère , rien ne change quant aux objectifs à long terme. Ces 12 derniers mois, contre l’avis des voisins et des Etats-Unis, Pékin bunkerise 4 atolls des Spratleys, y compris une piste d’atterrissage de 3000m. Pékin militarise sa flotte de garde-côtes, jusqu’en 2013 composée de différents corps maritimes civils. Le résultat chez les voisins est inévitable : un rapprochement accéléré entre les forces du Vietnam, des Philippines voire du Japon et de l’Inde, sous l’ombrelle des USA. Il semble donc improbable que la Chine puisse mener de front ses deux objectifs de « soft-power » de charme, et de poussée militaire chez ses voisins. À ce jour, elle semble certaine que ces derniers pourront accepter la perte de leur patrimoine maritime, en échange d’invests et de croissance… Mais cette vision des choses pourrait être éloignée de la réalité : l’intégration des pays d’Asie à un espace économique chinois comporte des risques pour leur souveraineté nationale, et c’est ce que viennent d’affirmer les électeurs à Taiwan. 


Dernière minute : Enquête sur Zhou Yongkang – Xi Jinping saute le pas

Zhou Yongkang, 72 ans, ex-patron de la Sécurité publique et ancien membre du Comité Permanent,expulsé du Parti, inculpé et incarcéré ! La date de l’annonce (vendredi à minuit) est choisie pour limiter au maximum son retentissement. 

Cela pose des doutes sur la possibilité d’un procès transparent et c’est pourtant cette image que Xi Jinping va vouloir vendre au pays et au monde.

On note parmi les chefs d’inculpation, corruption, débauche mais aussi divulgation de secrets d’Etat – Zhou espionnait probablement Xi Jinping pour le compte de ses ennemis.

Sur le sens de cette inculpation formelle, Xi franchit le rubicon et impose sa decision au bastion jusqu’alors tout puissant des vieux conservateurs autour de l’ancien Président, Jiang Zemin.


Santé : Sida – Un combat en passe d’être gagné ?

En 2000, la Chine découvrait avec effroi le SIDA, et sa propre vulnérabilité face à lui. Au Henan, des milliers de paysans décédaient, contaminés après avoir vendu leur sang. Au Xinjiang les drogués se « plombaient » à la seringue partagée. Mais l’Etat réprimait la méthadone, condamnant à la perpétuité un professeur ayant produit 2000 de ces pilules qui pourtant sevraient le dépendant tout en éliminant la seringue. Les séropositifs étaient alors évalués à 650.000, mais l’UNaids, agence de l’ONU anti-SIDA, en pronostiquait 10 millions d’ici 2010, si rien n’était fait d’ici là… 

Aujourd’hui, la situation est heureusement plus rassurante. Les porteurs du VIH seraient 497.000, bien moins que les 2 millions estimés en Inde. La méthadone est désormais distribuée dans 763 cliniques à travers le pays, devenu 1er pays mondial de cette thérapie. Le cocktail de rétrovirus (ART) est accessible dès 15 jours après dépistage positif. Au Henan, la mortalité est passée de 17,9% en 2005 à 6,6% en 2013 – l’espérance de vie est quasi-identique à celle des VIH-négatifs. 

Pour autant, des problèmes demeurent. Aujourd’hui, le sexe a remplacé la drogue comme vecteur n°1 : à Pékin, il est à l’origine de 74% des 3200 cas de 2014. 30% des contaminations au plan national (et 90% à Pékin, Changchun et Harbin) adviennent suite à des rapports homosexuels et sont dus au manque de formation préventive. Les porteurs sont aussi de plus en plus jeunes : cette année, 13 provinces ont recensé plus de 100 ados contaminés, contre 5 en 2013. Le défi n°1 devient convaincre des malades qui se cachent, de se faire tester, sans que leur vie en soit détruite par l’exclusion sociale.Ici, la mauvaise nouvelle est que le Henan -toujours lui- voit le SIDA augmenter depuis 4 ans (plus de 4600 cette année, et +17%), et que les activistes continuent à être persécutés sous des prétextes fallacieux. La bonne, est l’arrivée massive des ONG sur le champ de bataille, telle Blued, fondée par un ex-policier, qui offre dans ses 4 centres, un dépistage en 20 minutes aux volontaires incités par une application smartphone. 

On voit donc sur le terrain du Sida, le vieux combat entre les conservateurs, soucieux du « qu’en dira-t-on », et les jeunes décidés à combattre le virus, avec la peur et l’exclusion sociale qu’il génère. Or, vu les progrès réalisés en 15 ans, cette nouvelle Chine semble bien en passe de gagner la bataille.


Hong Kong : Un bras de fer peut en cacher un autre

Après deux mois,  Occupy Central, l’action de milliers de jeunes Hongkongais pour un suffrage universel complet, se poursuit, véritable guerre de tranchées. Le 1 décembre, 3 jeunes dont Joshua Wong, un des fondateurs, lançaient une grève de la faim illimitée. Le 28/11, des élus britanniques se voyaient refuser l’entrée à Hong Kong, en déni des accords de 1984 et du principe « un pays, deux systèmes ». Avec le Royaume-Uni, une crise grave est ouverte. Sur le terrain, les militants se raréfient, mais restent mobilisés. En deux mois ils se sont organisés et équipés (cf photo). En tentant d’occuper le siège de l’Exécutif (30/11), 58 blessés furent dénombrés, dont 11 policiers. 

<p>Fort soutenu par Pékin, C.Y. Leung, chef de l’Exécutif, garde une fermeté d’acier : ces mois de lutte auront été « en vain », la tolérance est « épuisée », l’entière faute des événements revient à la jeunesse « radicale, violente et qui cherche le chaos ». La vieille génération est déchirée, redoutant que soit versé le sang. Même l’opposition pan-démocrate veut arrêter. L’usure est palpable. 200 activistes n’attendent que le retour au calme pour se rendre à la police. Mais une minorité de Hongkongais, éduquée et respectée, tel
Steve Vickers, ex-chef de la police à l’époque britannique, accuse le pouvoir de s’être défaussé sur la police et la justice pour régler un problème qui était politique – d’avoir compromis l’avenir de la communauté insulaire, faute de prendre ses responsabilités. 

La fin apparait proche, et ne sera pas un « happy end », même si le pire aura probablement été évité. Surgi de nulle part, devenu un jalon historique, Occupy Central s’inscrit en réserve de l’avenir , comme une activité légitime et à reprendre. Gouvernement, police et justice ont perdu en image, en écoute, car tous ont obéi aux ordres, sans prendre en compte la sauvegarde du seul atout de la RAS pour garder son avance sur la Chine : son autonomie. En somme, on risque un combat sans vainqueurs.
Mais une énigme demeure : cette fermeté fut-elle commandée, ou tolérée par Xi Jinping ? Le responsable national pour Hong Kong est Zhang Deqiang, Président de l’ANP, en conflit notoire avec le chef de l’Etat, tout comme Liu Yunshan, grand chantre de la propagande. Or, on constate que jamais Xi, en deux mois, ne s’est exprimé sur la décision du PCC de dénier à la RAS le suffrage universel, promis il y a 30 ans. Et en Chine, une voix avance que le Parti atterré par la tournure des événements, cherche une solution ménageant à la fois la face et la paix.


Taiwan : Taiwan : rupture des fiançailles

Il fallait mal connaître Taiwan pour s’attendre à un scrutin ennuyeux, ce 29 novembre. Il s’agissait des élections de mi-mandat entre les présidentielles de 2012 et 2016. Pas moins de 11.130 sièges étaient à pourvoir, aux 22 mairies et districts de l’île. 

<p>Dans chaque parti fut menée une campagne haute en couleurs, pleine d’imprévus et de coups de théâtre.
A Taipei par exemple, alors que le KuoMinTang (KMT) menait pour un cacique nationaliste une campagne à gros budgets mais sans inspiration, le médecin Ko Wen-je, candidat libre soutenu par le DPP (indépendantiste), s’adressait aux foules simplement par internet. Et contre toute attente, le soir venu, c’était lui qui remportait la mise !

On s’attendait à une usure du KMT après 6 ans au pouvoir : l’économie est en berne, avec une hausse de PIB de seulement 3,94% depuis 10 ans. Mais la force du revers a pris tout le monde de court. Le matin des urnes, le KMT tenait 15 des 22 places fortes de l’île. Le soir, il n’en avait plus que 6 : une telle correction ne s’était jamais vue durant l’histoire de la République.
La raison n°1 était la volonté avouée du Président Ma Ying-jeou de « ramener » l’île, à petits pas comme un troupeau, vers la bergerie de Chine continentale, grâce au maintien constant du pouvoir d’achat financé par Pékin. Vingt-et-un accords commerciaux ont été négociés durant 6 ans, ouvrant largement le domaine des services des deux côtés du détroit de Formose. Mais sur place, la rue resta peu convaincue, redoutant de voir Ma vendre l’indépendance de facto de l’île pour un plat de lentilles. Elle craignait que ces accords ne profitent qu’aux riches, comme à Hong Kong, où les gagnants sont les milliardaires en échange de leur soutien aveugle au Parti communiste chinois. Ces accords, Ma attendait depuis des années le moment de les faire voter. Mais en mars, des hordes d’étudiants du mouvement Sunflower occupaient le Yuan législatif (Parlement) pour empêcher un aval « à la hussarde ». 

Les conséquences de la défaite sont lourdes. Le 1er ministre Jiang Yi-huah dut démissionner, avec les 81 membres de son cabinet—remplacé par son vice-Premier. A son tour, Ma Ying-jeou se retira le 3 décembre de la Présidence du KMT. De même, Wu Den-yih, le vice-Président se mit en réserve de la République—un retrait tactique, destiné à garder ses chances pour le scrutin de 2016.
Pour les 14 mois de mandat présidentiel qui lui restent, on voit mal Ma Ying-jeou assez fort pour négocier avec la Chine d’autres deals, notamment sur les échanges de marchandises, comme prévu. Le sort-même des accords conclus est incertain, vu le fossé profond entre la société et le Chef de l’Etat, et le KMT. 

Se pose aussi la question du rapport entre Chine et Taiwan.
Dans les heures suivant les résultats, Pékin exprimait le souhait anxieux que soient respectés les « fruits » des palabres et la « paix… comme entre membres d’une même famille ». Chen Deming, son négociateur, annonçait son arrivée imminente pour faire avec Ma le constat amiable—voir comment désormais aller de l’avant.
Pendant ce temps, Joseph Wu, le secrétaire général du DPP, s’envolait pour Washington dans un but plus ou moins similaire.
Car le DPP gagne par K.O « auto-infligé par l’adversaire », plus que par ses vertus propres. Cette formation jeune et turbulente est fort divisée en factions et n’a pas de programme : pour reprendre les rênes présidentielles en 2016, elle devra au plus vite bâtir un programme économique et de rapports avec la Chine, plausible (basé sur une stratégie de croissance) et acceptable par une majorité de ses membres. Ici, c’est à Tsai Ing-wen, la Présidente du Parti, de jouer.
Il faudra aussi discuter avec Pékin. Ce dernier sera probablement disposé à laisser sur la table son plan de concessions économiques—tant que le DPP lui-même ne bougera pas.
La règle du jeu du PCC (sa ligne rouge qu’il interdit à l’île de franchir) est que Taipei et Pékin respectent un concept commun d’une Chine unique, quitte à diverger sur sa définition. 

La Chine elle-même va devoir se remettre en cause : son programme a été rejeté et est invendable. Elle pourrait accepter de discuter avec ce DPP qu’elle déteste, et faire des propositions remaniées pour assurer plus de créations d’emplois et de revenus pour les Taiwanais. Elle pourrait exiger en retour un gel de sa clause revendiquant l’indépendance dans la charte du DPP.
Il est enfin un domaine où la Chine pourrait gagner en popularité à Taiwan : en renonçant unilatéralement à l’usage de la force pour reprendre l’île « rebelle » et en démantelant les 1600 têtes de missiles dardées depuis sa côte vers celle-ci. Mais une telle décision n’est pas concevable sans l’accord de la caste militaire, et on la voit mal abandonner ce levier, si capital pour ses budgets et sa fortune.


Société : Du roussi pour nicot !

La Chine est un paradis du tabac, avec 300 millions de fumeurs et 1700 milliards de cigarettes produites par an, 43% de la production mondiale. La Chine est peut-être le seul pays au monde où le Bureau national de prévention du tabac est aussi celui de sa promotion, gestionnaire de 97% de cette industrie sous une direction unique, avec comme vice-Président Li Keming, le frère du 1er ministre.

Les 155 milliards de $ de taxes versées à l’Etat en 2013 (en hausse de 10%, et représentant 10% de ses recettes) ont permis à ce lobby, le 30/08, de vider de son contenu la nouvelle loi encadrant l’activité publicitaire au Parlement, qui visait à bannir toute promotion du tabagisme. Ce fléau cause en Chine 1 million de décès par an selon l’OMS. En 10 ans, cela aura coûté au pays 500 milliards de $ en frais de santé. 

La Chine a bien ratifié dès 2005 la Convention des Nations Unies sur le contrôle du tabac. Or, elle a omis depuis, d’émettre et de faire appliquer les lois et décrets d’application. Mais les choses avancent. 

Un autre lobby émerge : les 740 millions de fumeurs passifs qui multiplient les actions dans la presse, la rue, les écoles. Sous leur pression, le 24/11, le Conseil d’Etat publie un projet de loi anti-tabac soumis, selon la règle, à l’avis des citoyens sur Internet pendant un mois. Si l’ANP le vote, il bannira le tabac en intérieur et en extérieur autour de sites sensibles : écoles, hôpitaux, maisons de retraite, centres sportifs… Il veut interdire sans exception toute publicité du tabac, la vente en distributeurs et la glorification de l’herbe de Nicot au cinéma et à la TV. L’amende irait de 50 à 500¥ par individu en infraction, et 30.000¥ pour les firmes, qui pourraient même perdre leur licence. 

Le détail le plus intéressant concerne la mise en application de la loi : jusqu’à 5 à 6 organismes pourraient recevoir la charge d’émettre les procès-verbaux et collecter les amendes. De la sorte, tout département réticent à taxer les contrevenants (telle l’Administration Nationale du Tabac) ne ferait que se priver de sa part de cette manne, tout en laissant un marché plus rémunérateur aux organes concurrents. 

De la sorte, le projet de ce nouveau cadre légal se rapproche des recommandations de l’OMS et de la « convention-cadre du contrôle tabagique » qui, selon Wang Longde (ex-vice-ministre de la Santé) permettraient de sauver 13 millions de vies d’ici 2050. 

L’accueil du public de telles dispositions est excellent. 90% approuvent le ban du tabagisme dans les transports publics, les écoles et hôpitaux, et 80% soutiennent cette interdiction en salles de réunion, dans les restaurants et bars. 

Mais il faut se garder de tout triomphalisme : le lobby du tabac (au pouvoir politique dit supérieur à celui du ministère de la Santé) contre-attaque. Dès le 30/11, Ling Chengxing, le directeur du monopole national, avertissait l’Etat d’éviter à l’avenir, dans son contrôle du tabac, toutes tendances « unilatérales, absolutistes et expansionnistes ». Il avançait comme arguments la défense de la « tradition historique du tabac » et l’« existence du marché » – entendez, les recettes fiscales. 

Un détail permet d’estimer la force de frappe de ce lobby : la municipalité de Pékin vient d’adopter une interdiction complète de fumer en intérieur, un texte calqué sur le projet de loi nationale. Mais dans la capitale, l’amende maximale aux particuliers, a été rabotée de 500¥ à 200¥ – grosse différence, peut-être annonciatrice du sort réservé à la loi, une fois soumise aux amendements des élus. 

Le 2 septembre, sur la ligne Chengdu-Pékin, un avion de la compagnie China United Airlines, filiale de l’Armée Populaire de Libération, servit de décor à un bras de fer entre pro- et anti-tabac. Dans les toilettes puis à l’escale de Taiyuan sur le tarmac, devant le camion-citerne, plusieurs voyageurs fumèrent à la chaîne, avec la complicité passive du personnel sourd aux protestations des autres passagers. 

La police-même tenta en vain d’objecter – le commandant de bord (ancien militaire) clôtura le débat d’une formule péremptoire : « les passagers peuvent fumer autant qu’ils veulent—dans mon avion ». À l’arrivée, la majorité des passagers refusèrent de quitter l’appareil, exigeant excuses et compensations. 

Le plus curieux est qu’ils obtinrent gain de cause—soit parce que la compagnie ait eu à perdre en immobilisant son avion, soit qu’elle eût à redouter des sanctions administratives pour la décision arbitraire du commandant. Toujours est-il qu’au bout de quelques heures, un porte-parole de la compagnie présenta les excuses de la direction, et remit à chaque passager 1800 yuans de dommages et intérêts. Quand à la compagnie aérienne et son pilote, gageons que vu le scandale dans la presse et la forte perte d’image qui s’ensuivit, ils réfléchiront à l’avenir, avant de reproduire une telle gaffe.


Petit Peuple : Chengdu : Tan Shen, au 36 ème dessous (2ème Partie)

Résumé Partie 1 : A Chengdu, Tan Shen vient de se faire honteusement « plaquer » par son ami…

L’ex–de Tan Shen venait de sortir en claquant la porte de l’appartement. Elle restait abasourdie par la violence de la trahison. Haletante, elle ne parvenait plus à penser. Malgré tout, il fallait se ressaisir : à l’aveuglette, elle flanqua dans un sac 2-3 affaires de première nécessité – peigne, brosse à dents, sous-vêtements. Puis elle sortit, laissant la porte béante – plus rien ne lui importait désormais ! Hébétée, elle marcha 15 minutes, avant de réaliser qu’elle allait vers la gare et non au bureau. Elle appela son chef pour l’avertir qu’elle était souffrante, et apporterait un certificat médical à son retour, « dans quelques jours ». 

Arrivée à la gare, traversant la grande verrière qui clignotait de publicités en mosaïque de lampes LED, elle tomba en arrêt devant un logo représentant un vieil homme à barbichette et lunettes, en salopette rouge, souriant. Elle vacilla : quelques mois plus tôt, à cette enseigne du KFC, elle avait rencontré Zhou, l’amant qui venait de la quitter. Elle sentit alors une obligation imparable : elle était attendue ici, et devait y faire halte -le temps qu’il faudrait. 

Elle entra, passa commande, et se mit à manger un à un ses bouts d’ailes de poulet frit. Par une mystérieuse alchimie, chaque bouchée fit rejouer une scène du film : face-à-face, chacun derrière son petit seau de poulet, c’était Zhou qui avait entamé la conversation par une banalité. Elle avait répondu par un sourire. Ils avaient commencé à bavarder de leurs vies, goûts, boulots, amis… Il avait posé sa main sur la sienne. Le début d’une romance… Tout cela semblait si dérisoire à présent. Mais à travers l’arôme de la volaille sur ses papilles, remontaient les émois oubliés, les espoirs déçus : un tribunal se mettait en place, faisant le procès de son passé, pour avoir mal géré sa vie. 

Au miroir d’en face, Tan siégeait, à la fois accusée et (inflexible) juge. Elle se revit céder à toutes les lubies de son amoureux. Chaque fois, elle se flagellait pour n’avoir pas été à la hauteur… Puis elle croquait une autre bouchée grasse et froide, pour faire surgir la scène suivante, le prochain chef d’accusation. Quand elle eut fini son panier, elle se leva pour en recommander un autre. Moins par faim que pour pouvoir s’accrocher à ce refuge. Le soir tombant, elle ne supportait pas l’idée de rentrer chez elle, décor si imprégné du drame du matin… 

A l’aube, elle se réveilla, couchée sur la table qu’une main anonyme avait nettoyée autour d’elle. Elle s’étira, passa aux lieux d’aisance, puis fit la file pour un café et un chausson aux pommes. Quand elle revint, sa place était occupée. Elle en choisit une autre et bien lui en prit : l’absence du miroir et la vue plongeante sur le restaurant, lui permettait à présent de détailler la foule des travailleurs se sustentant à la va-vite avant l’embauche. 

La différence de perspective fit disparaître tribunal, juge et procès. Dès lors, ce n’était plus elle qui était responsable de l’échec de sa vie amoureuse, mais les autres ! Ses parents d’abord, qui n’avaient pas supporté que toute petite, elle s’exprime de manière personnelle ; ses maîtres qui chouchoutaient invariablement les garçons ; cette société macho qui écrasait les femmes par principe, sans savoir pourquoi. De fureur, elle mâchait à toute allure ses bribes de blanc et d’aile -comme pour refuser à jamais qu’on la prenne « pour une poule » à l’avenir. 

Ce restaurant de gare restait animé 24h/24. Ceci explique que longtemps, elle passa inaperçue. Mais le troisième matin, une fille de caisse prenant son service la reconnut et signala, semant la curiosité dans l’équipe. Le chef vint la voir. « Mais non, répondit-elle, je n’ai besoin de rien, que d’un moment de paix pour remettre mes affaires en ordre ». Rassuré, le patron s’éloigna : elle payait ses additions, et n’avait pas la tête d’un suspect à signaler ou à tenir à l’œil… On lui ficha la paix.

Au sixième jour, son foie donna des signes de faiblesse. Mais cela lui permit un constat captivant : l’excès de malbouffe, le déficit en sommeil et en douches la convertissaient en épave, mais l’aidaient aussi, par dégoût à dépasser les désirs du corps, à purger son âme. Ce régime la rapprochait du socle de son être, d’un karma où nulle tentation ne trouvait plus prise sur elle. 

Puis à la septième aube, dans les limbes, le dos en compote, tomba la délivrance sous la forme d’une tempête de flashs : un reporter était en train de la saisir sur le vif. Poliment, elle répondit à ses questions, mais bientôt coupa court, agacée, et s’en alla prendre un billet de train pour Qingdao, sa ville natale, en route vers chez ses parents. 

La cure était terminée. Elle appela encore son patron pour lui notifier sa démission. Sa vie d’hier enterrée, en paix avec elle-même, elle redémarrait, épuisée mais aussi pleine d’énergie reconquise, grâce à sa cure de 7 jours au poulet aux 11 épices du colonel Sanders!

Kfb


Chiffres de la semaine : 80%, 20,000 écoles, 33,5 ans…

33,5 ans…C’est l’âge moyen d’un propriétaire de voiture de luxe en Chine, à 76% masculin, dont 10% ayant passé au moins 3 ans à l’étranger, avec un revenu mensuel de 30.000 yuans, et du foyer de 88.000 yuans. 
– Les propriétaires de  Mercedes sont les plus riches, souvent des entrepreneurs,– ceux ayant acheté une  Infiniti, sont les moins fortunés. – une  Cadillac sont plutôt des cols blancs, – une  Volkswagen ou  Audi, des fonctionnaires avec de l’expérience, parfois perçus comme « ennuyeux », – une  BMW, plutôt féminin, nouveaux riches, sont perçus comme aimant la frime, – une  Land Rover, des jeunes frimeurs, souvent peu éduqués, – une  Volvo, des conducteurs éduqués, membres de valeur de la société, très « famille » avec une morale infaillible. Ces données sont extraites d’une étude de  Hurun, sur la perception de ces 8 marques de luxe à travers les 10 plus grandes villes chinoises.

80% des riches chinois envoient leurs enfants étudier à l’étranger

Selon un autre rapport Hurun, c’est le taux le plus élevé au monde, contre 10% en Allemagne, 5% en France et 1% au Japon.
Les destinations privilégiées sont : les Etats-Unis et le Royaume-Uni accueillent la majorité des jeunes étudiants? dont l’âge moyen lors du départ est 16 ans, tandis que l’Australie, le Canada, la Suisse, la Nouvelle-Zélande, Singapour, la France et l’Allemagne se partagent le reste du gâteau.

20.000 nouvelles écoles…de football 

C’est l’annonce qu’a faite Wang Dengfeng, directeur de l’Education Physique au Ministère de l’Education, sous couvert de lutte contre l’obésité juvénile, en gardant bien en tête les mauvais résultats de l’équipe nationale de football

Wang explique même son calcul : « sur 1.000 footballeurs amateurs enrôles dans chacune des 20.000 futures écoles, 10 atteindront un niveau professionnel.
A travers tout l’Empire du Milieu, cela fera donc 200.000 joueurs professionnels potentiels. Avec un tel chiffre, comment notre football ne pourra-t-il pas progresser ? » Imparable logique…


Rendez-vous : du 15 décembre 2014 au 11 janvier 2015
du 15 décembre 2014 au 11 janvier 2015

18-20 décembre, Shanghai : China Int’l Solar Photovoltaic Forum / Wind Power / Bioenergy China / Clean Energy China 

18-20 décembre, Shanghai : AM China – Applied Materials – Salon des produits industriels 

18-21 décembre, Shanghai : AUTO Expo / RV Show / Auto Electronics / EV China / Ngv Expo / Green Transports/ Auto Mat, Salons des équipements d’automobiles 

23-25 décembre, Shanghai : Reinf China, Salon de la sécurité de la construction

23-25 décembre, Shanghai : MIT China – Mobile Intelligent Terminal

23-25 décembre, Shanghai : Cloud Computing World Exhibition

23-25 décembre, Shanghai : Pharmaceutical Machinery Exhibition / Clin Tech / Clean Tech/ Contract Pharm / BioPharm Int’l Biomedical Show, Salons de l’industrie pharmaceutique