Le Vent de la Chine Numéro 11

du 19 au 25 mars 2001

Editorial : editorial_11_2001

L’Assemblée nationale populaire (ANP) a clos (15/03) une session 2001 sous surveillance, ce qui n’a pas tu des demandes précises de réforme politique (élections directes, séparation du Parti Communiste Chinois et des finances de l’Etat), par des personnalités telles que Liu Ji conseiller du Président Jiang Zemin.

Certes, Pékin a des raisons de se féliciter: la session s’est déroulée sans incidents ni manifs (du Falungong ou de séparatistes). Pour la période janvier/février, les indices économiques sont bons. Les réserves (+9,1MM$, à 174,5MM$), les investissements étrangers directs réels -IED- (4,6MM$, +24%), la production industrielle (44MM$, +10,2%), dépassée par les exportations industrielles (24MM$, +11,5%). Les invendus restent sous la barre des 5%, les prix (+0,1% en fév.) sont enfin guéris de la déflation, et les firmes étrangères nouvelles (3205 en janvier-février), ont augmenté de 29,5%.

Mais l’époque est aussi pleine d’incertitudes. Ê en janvier, les exports vers les Etats-Unis montaient de 3,3% (sur 12 mois), en chute de 16% sur décembre 2000. La Bourse de New York est dans la tourmente, les USA consomment moins. Or la croissance chinoise de 2000 a été nourrie par l’export surtout (+ de 50%) vers les USA.

Ë sur la bourse, le marché « B » n’en finit pas de grimper – seul dans le monde à le faire-, de 7,2 à 12MM$ en trois semaines. Mais les grands acteurs (CSRC, bourse, courtage) sont ouvertement accusés d’agir en syndicat d’intérêt pour s’enrichir tout en recyclant l’épargne vers des entreprises d’Etat (EE) mal gérées. Un autre économiste, Hu Angang, évalue entre 13 à 16% (à 150MM$/an) la part de corruption dans le PNB… L’effondrement de ce système trop manipulé devient possible. Dans ce climat, la fusion des parts « A et B » est remise à « 5 à 10 ans » et la création d’un « Nasdaq chinois » aux calendes hainanaises: 70.000 firmes High tech devront chercher ailleurs leurs financements.

Ì le pouvoir semble freiner sur les réformes, et renforcer l’activité idéologique (campagnes pro-Jeux Olympiques, anti-Falungong etc…). L’entrée à l’OMC piétine – expression d’un doute sur la capacité à résister à la concurrence … Tout décision majeure semble reportée au XVI Congrès d’octobre 2002, après nomination de la prochaine équipe!


Editorial : réforme et conjoncture : un printemps incertain

L’Assemblée nationale populaire (ANP) a clos (15/03) une session 2001 sous surveillance, ce qui n’a pas tu des demandes précises de réforme politique (élections directes, séparation du Parti Communiste Chinois et des finances de l’Etat), par des personnalités telles que Liu Ji conseiller du Président Jiang Zemin.

Certes, Pékin a des raisons de se féliciter: la session s’est déroulée sans incidents ni manifs (du Falungong ou de séparatistes). Pour la période janvier/février, les indices économiques sont bons. Les réserves (+9,1MM$, à 174,5MM$), les investissements étrangers directs réels -IED- (4,6MM$, +24%), la production industrielle (44MM$, +10,2%), dépassée par les exportations industrielles (24MM$, +11,5%).

Les invendus restent sous la barre des 5%, les prix (+0,1% en fév.) sont enfin guéris de la déflation, et les firmes étrangères nouvelles (3205 en janvier-février), ont augmenté de 29,5%.

Mais l’époque est aussi pleine d’incertitudes :

–  en janvier, les exports vers les Etats-Unis montaient de 3,3% (sur 12 mois), en chute de 16% sur décembre 2000.

La Bourse de New York est dans la tourmente, les USA consomment moins. Or la croissance chinoise de 2000 a été nourrie par l’export surtout (+ de 50%) vers les USA.

–  sur la bourse, le marché « B » n’en finit pas de grimper – seul dans le monde à le faire-, de 7,2 à 12MM$ en trois semaines. Mais les grands acteurs (CSRC, bourse, courtage) sont ouvertement accusés d’agir en syndicat d’intérêt pour s’enrichir tout en recyclant l’épargne vers des entreprises d’Etat (EE) mal gérées. Un autre économiste, Hu Angang, évalue entre 13 à 16% (à 150MM$/an) la part de corruption dans le PNB… L’effondrement de ce système trop manipulé devient possible. Dans ce climat, la fusion des parts « A et B » est remise à « 5 à 10 ans » et la création d’un « Nasdaq chinois » aux calendes hainanaises: 70.000 firmes High tech devront chercher ailleurs leurs financements.

–  le pouvoir semble freiner sur les réformes, et renforcer l’activité idéologique (campagnes pro-Jeux Olympiques, anti-Falungong etc…).

L’entrée à l’OMC piétine – expression d’un doute sur la capacité à résister à la concurrence … Tout décision majeure semble reportée au XVI Congrès d’octobre 2002, après nomination de la prochaine équipe!


A la loupe : Dotcoms: halte au leadership de la Pub!

Le 7 mars 2001, Yahoo (le roi des portails) dévaluait ses espoirs de profits pour janvier-mars (170/180M$ contre 228M$ en 2000): il n’en a pas fallu plus, au Nasdaq (bourse technologique à New York) pour semer la panique, surtout pour les trois « dot.com » chinoises cotées: le 09/03, Sohu s’est effondré à 0,84$ (-30%  de son cours), lui faisant encourir la menace de « delisting » si le titre ne refranchit pas sous 30 jours le seuil du dollar. Sina, Netease ont chuté le même jour à 1,93$ (-18,5%) et 1,56$ (-19,3%).

Ce rejet des valeurs chinoises, sanctionne l’opacité de la réglementation locale de l’internet, et son manque de profits. Sa conséquence, comme aux Etats-Unis et en Europe, apparaît inéluctable: la remise en cause de la gratuité des services de l’internet. Les dotcoms chinoises n’ont plus le choix, hors disparaître (cf VdlC n°38/V). Pour leurs budgets 2000, Sina et Sohu dépendaient de 88% et 93% de leurs recettes publicitaires. Mais la fuite des investissements et le palmarès décevant du e-commerce chinois (35M$ en 2000, soit 0,1% du marché national) ont réduit cette manne, révisée en janvier par Merrill Lynch à 80M$ pour 2001 au lieu de 120M$. L’internet chinois tente de se repenser, se « diversifier entre commerce online et off-line » (formule de E-tang). Déjà Sohu qui déclarait (12/03) ne plus vouloir « dépendre à 100% de la pub », lançait en janvier sa messagerie pour portable, sur abonnement. « C’est la première fois qu’on fait payer les usagers » dit son directeur-gérant.

Tel est le prix pour les dotcom chinoises de leur rédemption, jouable si les 35M d’internautes attendus pour fin 2001 deviennent consommateurs payants. Mais toutes ne se sauveront pas: c’est la porte étroite !


Pol : Conférence de Zhu Rongji/quelques Bonnes Phrases

· Zhu Rongji n’est jamais si à l’aise que sur la sellette. A sa conférence de clôture de l’Assemblé Nationale Populaire (ANP), il s’est attaché à dissiper les critiques le décrivant comme « affaibli ». Alternant bonhomie, humilité, humour et une habile faconde, il a fait une bonne prestation, à défaut de convaincre, et fourni une ou deux infos nouvelles: ¬ Zhu tend la main au Président américain G.W. Bush, annonce son invitation à Shanghai le 20 octobre 2001: tout va bien avec Washington, même sur les différends (tel le parapluie spatial anti-missiles NMD), sur lesquels « il est trop tôt pour se prononcer ». ­ Sur les 42 enfants déchiquetés par une explosion, Zhu admet que « le Conseil d’Etat n’a pas fait son travail », qu’il y a eu production forcée de pétards dans l’école, et qu’une enquête plus ferme est nécessaire… Sur d’autres points, Zhu s’en tient à la rhétorique stricte: « la réforme politique n’a jamais cessé en Chine… La démocratie occidentale ne sera jamais applicable chez nous…! ».

· un an après le lancement en fanfare de la politique d’Ouverture, Lanzhou (Gansu) attend encore sa renaissance. Détentrice du record national de pollution, gangrenée de triades, drogue et corruption (35 de ses 52 maisons de courtage ont fermé pour fraude), la ville vient de vivre deux jours de grève et heurts violents de 5000 des 6700 taxis locaux (12 et 13 mars 2001). A l’origine, une taxe illégale de plus de 500Y pour « voirie », en plus des plus de 4000Y annuels et des amendes « salées » de la route… Encerclée, la mairie lança 300 policiers anti-émeutes, causant -au moins – 20 blessés et 10 arrestations. Le 14/03, l’action suspendue pouvait reprendre à la moindre étincelle. NB: le vendredi 16 mars, 4 explosions suspectes ont gravement endommagé des HLM de l’Usine Cotonnière n°3 à Shijiazhuang. La presse fait état (19/3) de 108 morts et 38 blessés. Pas de déclaration officielle, mais l’on parle de geste de désespoir d’ouvriers, et d’une affaire de corruption.

 

 


Argent : HK: la banque, à son tour, délocalise

· à en juger par la multiplication des panonceaux et placards sur les quais du métro pékinois, rares encore il y a deux ans, la publicité est en plein essor en Chine. En 2000, son budget a atteint 9,7MM$ (+36%), dépassant ceux de HK et de Taiwan. En 2001 avec 12,08MM$, il passera quatrième mondial, après les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne. Les 19 premières marques utilisatrices de pub sont locales, la première étrangère, Coca Cola, apparaissant en vingtième position avec un budget de 26,1M$, 20% de la tête de liste. Cela s’explique par la jeunesse des marques chinoises, qui n’ont d’autre choix qu’investir pour créer leur image sur leur propre marché. Mais la pub chinoise se caractérise par des méthodes encore chaotiques. Dépenses en hausse, ne rime pas toujours avec efficacité accrue. L’étude de marché reste une science aléatoire, le personnel peu qualifié en marketing et les vecteurs innombrables (TV, journaux, affiches, radios, bus). Les groupes « publivores » tâtonnent pour atteindre leur cible, parmi les 200M de consommateurs solvables que compte le pays.

· dans les années ’80, les syndicats hongkongais avaient dénoncé l’exode des emplois ouvriers dû à la délocalisation vers le Guangdong, oasis de main d’oeuvre à bas prix. Ils avaient vite constaté que leur ville, tout en réalisant l’intégration de la Chine du Sud, gardait le plein emploi en se redéveloppant dans le secteur tertiaire. Le même scénario se reproduit à présent dans les services: HSBC, pilier de la banque du « rocher », a notifié (13 mars 2001) le transfert prochain de 1000 employés (administratifs) sur les 14000 émargeant à son personnel, vers son agence cantonaise où se trouvent déjà 700 personnes. La démarche est une réponse à la conjoncture: coincé entre des exports en baisse et un marché immobilier prohibitif, le Hongkongais emprunte moins. Pour HSBC, l’économie est claire: à Canton, le poste en col blanc revient à moitié prix. « Cela créera un précédent », redoute un syndicat, tout en déplorant la fin de la complémentarité entre Continent et Région Administrative Spéciale (RAS), celui-ci fournissant jusqu’alors «les jambes » et celle-là, « la tête ». Le vrai problème étant « après industrie et services, quel axe de développement futur pour Hong Kong ? ». L’évolution en elle-même, est inéluctable !

 


Politique : politique_11_2001

· Zhu Rongji n’est jamais si à l’aise que sur la sellette. A sa conférence de clôture de l’Assemblé Nationale Populaire (ANP), il s’est attaché à dissiper les critiques le décrivant comme « affaibli ». Alternant bonhomie, humilité, humour et une habile faconde, il a fait une bonne prestation, à défaut de convaincre, et fourni une ou deux infos nouvelles: ¬ Zhu tend la main au Président américain G.W. Bush, annonce son invitation à Shanghai le 20 octobre 2001: tout va bien avec Washington, même sur les différends (tel le parapluie spatial anti-missiles NMD), sur lesquels « il est trop tôt pour se prononcer ». ­ Sur les 42 enfants déchiquetés par une explosion, Zhu admet que « le Conseil d’Etat n’a pas fait son travail », qu’il y a eu production forcée de pétards dans l’école, et qu’une enquête plus ferme est nécessaire… Sur d’autres points, Zhu s’en tient à la rhétorique stricte: « la réforme politique n’a jamais cessé en Chine… La démocratie occidentale ne sera jamais applicable chez nous…! ».

· un an après le lancement en fanfare de la politique d’Ouverture, Lanzhou (Gansu) attend encore sa renaissance. Détentrice du record national de pollution, gangrenée de triades, drogue et corruption (35 de ses 52 maisons de courtage ont fermé pour fraude), la ville vient de vivre deux jours de grève et heurts violents de 5000 des 6700 taxis locaux (12 et 13 mars 2001). A l’origine, une taxe illégale de plus de 500Y pour « voirie », en plus des plus de 4000Y annuels et des amendes « salées » de la route… Encerclée, la mairie lança 300 policiers anti-émeutes, causant -au moins – 20 blessés et 10 arrestations. Le 14/03, l’action suspendue pouvait reprendre à la moindre étincelle. NB: le vendredi 16 mars, 4 explosions suspectes ont gravement endommagé des HLM de l’Usine Cotonnière n°3 à Shijiazhuang. La presse fait état (19/3) de 108 morts et 38 blessés. Pas de déclaration officielle, mais l’on parle de geste de désespoir d’ouvriers, et d’une affaire de corruption.

 

 


A la loupe : Electricité: des étincellesdans les provinces

Confronté à ses besoins croissants en électricité (+9,7% en 2000) et à la nécessité de réduire sa dépendance en centrales au charbon polluantes (80% de l’électricité), la Chine veut doubler sa capacité hydroélectrique à 150M Kilowatts (KW) d’ici 2015, et interconnecter les réseaux pour réaliser la synergie entre Est consommateur, et Ouest détenteur de 75% du potentiel hydroélectrique. Mais ce schéma très raisonnable se heurte à des obstacles, du fait des divergences d’intérêts immédiats.

En automne, il apparut que Xiaolangdi, barrage high tech de 4MM$, réalisé avec assistance étrangère (sur le Fleuve Jaune) n’avait pas trouvé un client: la province n’avait pas voulu fermer ses propres centrales au charbon (qui lui assurent revenus directs, et emplois).

A présent le problème se pose à Ertan, barrage le plus large de Chine (en attendant les Trois Gorges en 2009): conçu pour fournir au Sichuan et à Chongqing 17MM KW/an, il ne tourne qu’à 50% de sa capacité, depuis son ouverture en 1998. Il a perdu 151M$ en 1998/1999 et 121M$ en 2000. Il réclame à ses investisseurs dont la Banque Mondiale une extension de 10 ans de la période de grâce pour rembourser ses 3,14MM$ d’emprunt. Ertan aura perdu 707M$ d’ici 2006, à moins d’une hausse des prix ou de nouveaux clients. L’export d’électricité vers la côte, selon le projet central, voit d’autres nuages avec les projets de plusieurs provinces orientales, d’équipement en centrales nucléaires, à l’issue des trois ans de moratoire imposés en ’99. A l’ANP, le Guangdong a fait pression pour obtenir le feu vert pour deux tranches supplémentaires de 2M de KW (et 2,4MM$) à Daya Bay, et de quatre autres à Yangjiang (8,5MM$). Le Shandong en veut une (3MM$) à Haiyang, imité du Fujian et du Zhejiang.

A travers ce débat «électrique», la Chine exprime plus clairement les difficultés à créer, au-delà des tiraillements des 30

provinces, un marché national!

 


Joint-venture : Loi des J-V amendée: la nouvelle donne

· présenté dès l’automne 2000 dans le VDLC, le projet de loi des JV aboutit. Le 15 mars 2001, l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) a amendé la loi, pour l’harmoniser avec la pratique de l’OMC. 360.000 firmes étrangères sont concernées « moralement ». En pratique en effet, les JV sont depuis des lustres affranchies de telles contraintes : ¬ les JV n’ont plus à utiliser en priorité les matières premières locales; ­ ni à exporter une part de leur production; ® elles n’ont plus à faire viser leur plan de production; ¯ elles peuvent s’assurer en Chine auprès de qui elles veulent; ° elles doivent autoriser les employés à former des syndicats, et leur fournir des locaux; ± en cas d’absence de clause contractuelle d’arbitrage, tout conflit entre partenaires est réglé sous cadre juridique chinois. NB: sans effet sur la pratique, qu’ils ne font que suivre, ces amendements amélioreront le climat d’investissement, mais n’inverseront pas la tendance: en 2000, la cote de popularité des firmes étrangères à 100%, a pour la première fois dépassé celle des JV et des coopératives.

· en 1994, en inaugurant le Parc Industriel de Suzhou (Fujian), JV avec la mairie locale, Singapour espérait rassembler 30MM$ d’investissements étrangers sur les 70km2 du site. Mais en 1997 Suzhou créait un 2ème parc industriel, la Nouvelle Zone de Suzhou, détournant les groupes hi-tech taiwanais: le PIS alla de mal en pis. Entre 1997 et 1999, il a perdu 20M$ et attiré seulement 3,7MM$ depuis 1994. En janvier 2000, Singapour s’est « distancé du PIS jusqu’en 2003 au moins, le temps », selon l’ex-premier Min. Lee Kwan Yew, « qu’il renoue avec le profit »: en reprenant 30% de ses parts, Suzhou a maintenant 65% du PIS. Suzhou, dans l’affaire, s’en sort plutôt bien: 10 majors des technologies de l’information taiwanaise comptent se délocaliser sur le deuxième site. En 1999, les deux parcs industriels ont réalisé 5,4MM$ de produits électroniques, et grâce à l’émulation provoquée par la concurrence entre les deux, la ville fournit 65% des souris et petits écrans à cristaux liquides du monde.

· Deux événements, un jour et un thème: le 15 mars 2001, la journée internationale du consommateur, et le premier anniversaire du Comité de Protection des Marques de Qualité (en anglais, QBPC) ont permis un point sur la lutte contre le piratage industriel. Avec 62 membres et 13MM$ d’investissements en Chine, le QBPC poursuit son travail de prévention et de lobbying auprès du Conseil d’Etat, qui a soutenu une campagne de quatre mois (octobre-janvier) et saisi 666 M$ de faux, entre 32.000 ateliers pirates. Selon le vice-premier Ministre Wu Bangguo, l’action est entravée par le protectionnisme local, en raison d’une faille du fisc qui n’assure pas assez de retour aux provinces: certaines, dès lors, tirent des revenus du piratage. En outre les techniques de copie s’affinent, rendant difficile la détection des faux. Un problème majeur étant la légèreté des sanctions quand elles sont appliquées: sur 7439 infractions entre janvier et juin 2000, seules 78 se sont traduites par une amende, 15 par des poursuites judiciaires. « Les lois existent » affirme Th. Moga, avocat US, « mais la pratique est si répandue qu’elles sont inapplicables ». NB: à son entrée au GATT en 1955, le Japon, perclus de piratage, s’en est libéré -par sa montée en puissance!

 


Temps fort : Les Procureurs perdent leurs procès

Le 16 mars 2001, le Président de la Cour Suprême, Xiao Yang, et le Procureur suprême, Han Zhubin, durent boire le calice jusqu’à la lie: votant leurs rapports d’exercice, l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) ne donna son quitus qu’avec une masse de votes contre et d’abstention: 30% au juge, 33% au procureur (soit 916 votes critiques – presque le record). Les élus montraient alors leur aigreur croissante face à la mauvaise tenue de la justice de base, en dépit d’un réel effort de nettoyage interne. En 2000, la justice a traité 558.000 cas (+3,6%) dont 19.000 de fraudes (1300 de + d’1MY), et 847 de contrebande (+122%). 650 000 fauteurs ont été punis (+6,21%), dont 18.000 fonctionnaires véreux. 569M$ de fonds détournés ont été récupérés (+28%). Selon Li Peng, la corruption est un danger frontal, « menaçant de détruire le Parti et la Nation ».

Tentant de prévenir la censure, le Procureur s’était autocritiqué, admettant que juges et procureurs de base, corrompus et mal formés (seuls 20% ont un diplôme) violent la loi et leurs propres verdicts. Pour se défendre, il a évoqué les 1292 juges et 494 procureurs sanctionnés en 2000, juré d’éliminer les brebis galeuses et d’améliorer le recrutement!

On l’a vu, les députés sont restés insensibles à ce discours: « tous les ans », s’écriait Li Yongzhong, député cantonais, « on nous parle d’incompétence des magistrats, et rien ne change. Ca doit vouloir dire que le problème est dans le système ». Un juge shanghaïen renchérissait: « Dans certains tribunaux locaux, jusqu’à 80% des verdicts sont achetés ».

Commentaire de Zhu Rongji, après les votes: « La situation est sérieuse… C’est un rappel constitutionnel du lourd travail qui nous reste pour rectifier le cap, en matière de corruption. Mais cela ne traduit pas une baisse de confiance envers le gouvernement ». NB: l’ANP a cru bon infliger 207 voix critiques à son propre rapport d’exercice: destinées, par la bande, à son auteur, le Président Li Peng.

 


Petit Peuple : Guanghe/Ces morts qui touchaient

· l’embauche par protection « aux hôpitaux ou dans les postes », est en Chine une pratique aussi usuelle et antique que l’administration -dont elle est l’inventeur. La Commission de Vérification de la Discipline vient de découvrir à Guanghe (Gansu) un village qui comptait 166 de ces cadres de complaisance, sous-qualifiés et aux diplômes falsifiés. Une bonne part avaient acheté leur charge -complétant ainsi les faméliques émoluments de leurs futurs collègues. D’autres, à la mairie, étaient les épouses, parachutées pour le double salaire. Presque toutes et tous étaient cousins de la même grande famille, les « Ma ». Le plus téméraire de tous fut sans conteste Ma Zhanhua, n°2 au poste clé du Département de l’organisation du Parti, qui engagea d’abord, en 1996, son fils de 13 ans, puis, se voyant impuni, procura une sinécure à son illettré de frère: c’était  yan er dao ling, la faute irrattrapable (« se boucher les oreilles pour voler la cloche »). L’enquête au peigne fin qui s’ensuivit, révéla même que 14 cadres, décédés pour certains depuis 20 ans, touchaient toujours leur salaire -ou d’autres cousins à leur place !