Le Vent de la Chine Numéro 38 (2024)

« La Chine est pleine de vieux dynamiques, de jeunes abattus et de personnes d’un certain âge désenchantées ». C’est le portrait sans filtre de la Chine post-Covid que dresse Gao Shanwen, économiste en chef chez SDIC Securities. Auparavant consulté par feu le Premier ministre Li Keqiang, cet économiste de renom est un habitué des déclarations-chocs relayées sur les réseaux sociaux : il remet depuis longtemps en doute le rythme de croissance du PIB et s’intéresse plus particulièrement au sort de la jeunesse chinoise.
Ainsi, lors de sa prise de parole à Shenzhen le 3 décembre, l’homme a estimé que le taux de croissance du PIB a été surévalué de 10 points au cours des trois dernières années, soit un peu plus de 3 points tous les ans, et que durant la même période, 47 millions de personnes n’ont pas pu trouver de travail dans les villes, ce qui équivaut à environ 10% de la main d’œuvre urbaine. Officiellement, le taux de chômage officiel n’est que de 5% contre 17,6% pour les jeunes de moins de 25 ans.
Ce marché du travail qui tourne au ralenti pèse sur la consommation des jeunes. Voilà ce qui le pousse à dire que « la Chine est pleine de vieux dynamiques, de jeunes abattus et de personnes d’un certain âge désenchantées ». En effet, Gao explique que les tranches d’âge les plus élevées ont une situation financière plus ou moins stable et leurs pensions de retraite sont versées à temps, tandis que les jeunes doivent revoir leurs prétentions salariales à la baisse et ne savent pas de quoi demain sera fait…
Gao conclut en affirmant que « les problèmes actuels ne sont pas irrémédiables, mais sont le fruit de pressions cycliques qui peuvent être résolues ». Un brin d’optimisme qui a probablement permis à la retranscription de son discours de rester en ligne quelques jours, avant d’être supprimée par les censeurs. Pour rappel, depuis fin 2023, tenir un discours critique de l’économie chinoise sur Internet ou dans les médias constitue un crime mettant en danger la sécurité nationale.
Dans la même veine, les commentaires formulés par Fu Peng, économiste en chef de chez Northeast Securities, ont également disparu de la toile : l’homme s’interrogeait sur le niveau de consommation de son pays, notoirement plus bas que dans les pays développés (entre 45% à 50% du PIB contre 65% à 70%), et expliquait que l’origine du problème tient à la baisse des prix de l’immobilier. Il affirme que, durant longtemps, la consommation a été alimentée par la « sensation de richesse » causée par la hausse constante des prix de l’immobilier. Maintenant que les prix baissent, les ménages n’ont plus le cœur à dépenser, d’autant que leurs autres sources de revenus n’ont pas augmenté aussi vite…
Ce tableau peu réjouissant de l’économie sera au centre des préoccupations des dirigeants chinois lorsqu’ils se retrouveront lors d’une réunion du Politburo consacrée aux questions économiques, puis lors de la conférence centrale sur le travail économique (11-12 décembre). Les enjeux de cette édition sont grands, alors que les marchés attendent un stimulus plus conséquent que ce qui a déjà été annoncé.
Même si peu de détails devraient filtrer dans l’immédiat, le communiqué donnera sûrement quelques indices sur la manière dont ils comptent gérer les politiques monétaires, industrielles et surtout fiscales. Le symposium fixera (entre autres) l’objectif de croissance du PIB pour l’année suivante, mais le chiffre ne sera annoncé que lors de la prochaine assemblée en mars 2025. Il était « d’environ 5% » pour 2024 et sera probablement atteint grâce aux mesures de relance soudainement annoncées fin septembre face à la sévère crise de liquidités rencontrée par les collectivités locales, parfois incapables de payer le salaire de leurs fonctionnaires.
Dans un article publié début décembre, l’agence officielle Xinhua semblait confiante quant à l’efficacité de ces mesures : « l’économie chinoise se concentre actuellement sur la réalisation d’améliorations qualitatives efficaces et d’une croissance quantitative raisonnable (…) on aurait donc tort de juger de son succès simplement en fonction des chiffres du PIB (…) que ce soit un peu plus de 5% ou un peu moins de 5%, les deux sont acceptables ». Même son de cloche de la part du Quotidien du Peuple qui affirme que « la Chine n’est pas tenue d’atteindre des taux de croissance du PIB spécifiques (…) et qu’un « rythme de moins de 5 % pour l’économie est acceptable », car il n’y a nul besoin « de vouer un culte à la vitesse ».
Une chose est sûre : au cours de leurs discussions, les dirigeants chinois devront faire preuve de beaucoup de créativité, voire d’agressivité, dans leurs politiques s’ils souhaitent inverser les tendances évoquées par Gao et Fu.

Après des siècles ou des décennies d’émergence des démocraties partout dans le monde, à la suite de l’exemple américain et français, puis de consolidation de ces régimes politiques grâce notamment aux retombées sociales des bénéfices de la croissance économique, on est face depuis plusieurs années à un mouvement général de « déconsolidation » des démocraties qui prend une multitude de formes, chacune spécifique aux cultures politiques des différents pays : l’élection de Trump aux Etats-Unis, la crise parlementaire en France ou encore l’adoption puis la levée de la loi martiale en Corée du Sud…
Cette déconsolidation globale de la démocratie semble due à deux facteurs essentiels. D’une part, le pouvoir politique a de moins en moins de pouvoir, de moins en moins la capacité de satisfaction aux exigences toujours plus fortes et toujours plus diverses de sa population – le pouvoir a migré de la sphère de l’Etat à celle du Capital, aux mains de quelques élites fortunées : selon le dernier rapport d’Oxfam, le 1% le plus riche possède plus de richesses que 95 % de l’humanité… D’autre part, alors que l’année 1989 devaient marquer la fin du « communisme » et des régimes illibéraux, elle marque au contraire, avec la tragédie de Tian An Men, l’émergence de régimes autoritaires dont les ressources démographiques et/ou naturelles en font des partenaires essentiels, indispensables et privilégiés de la croissance mondiale. Une croissance économique de type non durable a permis l’émergence d’un capitalisme dont les principaux relais ne sont plus des démocraties : la Chine est cause d’un tiers de la croissance mondiale depuis 30 ans (et responsable aussi d’un tiers des émissions mondiales de CO2).
Il faut donc se garder d’interpréter les événements en Corée du Sud de façon trop simple ou linéaire et comprendre comment un gouvernement démocratique peut perdre sa ligne face à cette double menace du Capital Extraterritorial et des Puissances Illibérales.
Ainsi, le 3 décembre, à 22 h 27, Yoon Suk Yeol, le Président de la Corée du Sud, a déclaré la loi martiale en accusant le Parti démocrate (DPK) de mener des « activités anti-étatiques » et de collaborer avec les « communistes nord-coréens » pour détruire le pays, créant ainsi une « dictature législative ». L’ordre comprenait l’interdiction de toute activité politique, y compris les rassemblements de l’Assemblée nationale et des assemblées législatives locales, ainsi que la suspension de la presse libre. Cet événement a été qualifié de tentative de coup d’État.
Cette décision risquée, contreproductive et suicidaire se comprend par plusieurs facteurs internes. Déjà, il faut se rappeler ce fait troublant et glaçant : aucun président sud-coréen n’a fini son mandat de façon heureuse. De Rhee Syngman en 1960 et Yun Bo-sung en 1962, déposés et renversés, à Roh Moo-hyun en 2008 et Park Geun-hye en 2019 destitués puis arrêtés, quel que soit le parti politique d’obédience, le job de président de Corée du Sud est le plus dangereux du monde (Park Chung-hee assassiné en 1979, Roh Moo-hyun s’est suicidé après sa mise sous enquête en 2008, Lee Myung-bak emprisonné en 2013).
Ensuite, il faut se rappeler que Yoon était sous la menace d’une destitution avec 58 % de la population souhaitant sa démission et une Assemblée nationale qui, depuis avril, a vu triompher l’opposition (190 sièges sur 300) à qui il manquait juste 10 voix (200) pour procéder à l’impeachement du président Yoon.
Or, le chef de l’opposition et candidat perdant à la présidentielle de 2022 contre Yoon, Lee Jae-myung, lui-même inculpé en 2023 de pots-de-vin, de corruption, d’abus de confiance et de conflit d’intérêts et reconnu coupable en 2024 par le tribunal de Séoul d’avoir fait de fausses déclarations lors de la campagne présidentielle, est un farouche opposant de la ligne dure de Yoon envers la Chine et la Corée du Nord et du rapprochement avec les Etats-Unis, le Japon et Taïwan. Il s’est déclaré publiquement pour la reprise des négociations avec la Corée du Nord, le réchauffement des contacts avec Pékin, l’abandon de Taïwan et le refus de l’envoi d’armes à l’Ukraine : « Nous pouvons simplement dire xie xie (merci) à la fois à la Chine et à Taïwan… Pourquoi devrions-nous intervenir dans la question du détroit de Taïwan » ? Plus encore, en juin dernier, Lee a été inculpé de corruption dans le cadre d’un projet présumé visant à transférer des fonds vers la Corée du Nord (8 millions de $) pour faciliter sa visite à Pyongyang. On serait donc bien avisé d’être très prudent avant de faire de Lee le garant de la démocratie coréenne pour la mise en scène de sa condamnation de la loi martiale…
Même si le pire a été évité et que ce « K-Drama » a eu une fin heureuse du point de vue des apparences démocratiques, on évitera cependant de se féliciter de la résilience démocratique de la Corée du Sud. Par cette action absurde, Yoon a considérablement défavorisé son propre camp et donné du grain à moudre à tous les adversaires des Etats-Unis et du Japon et à tous les sympathisants de la Chine et de la Russie en Corée du Sud et en Asie.

C’est peut-être le plus gros scandale politique des deux dernières décennies en République Populaire de Chine. En 2011, un dénommé Wang Lijun, trouve refuge au consulat des Etats-Unis de Chengdu. Il s’agit en fait du chef de la police de Chongqing et le bras droit du leader de la ville-province, Bo Xilai. A l’époque, Bo était pressenti pour intégrer le pinacle du pouvoir, le Comité Permanent. Sauf que ces plans seront contrariés par les révélations de Wang : l’homme affirme que Bo aurait espionné les conversations du Président d’alors, Hu Jintao ainsi que celles d’autres dirigeants chinois, tandis que son épouse, Gu Kailai, parfois surnommée la « Jackie Kennedy chinoise », aurait fait empoisonner Neil Heywood, un « ami » de longue date de la famille. Le ressortissant britannique aurait notamment aidé leur fils, Bo Guagua, à poursuivre des études en Angleterre.
Pour ces affaires, Bo et Gu ont été condamnés à la prison à perpétuité en 2012 et 2013. Une sentence sévère interprétée par certains comme une purge politique à l’encontre d’un homme dont le charisme et l’éloquence devant les médias faisait de l’ombre à Xi Jinping. D’autres affirment que Bo aurait en fait comploté avec d’autres leaders du Parti et généraux de l’armée pour renverser Xi avant son arrivée au pouvoir.
Douze ans plus tard, l’affaire resurgit avec le mariage à Taïwan fin novembre du fils du couple, Bo Guagua. Le jeune homme, diplômé d’Harvard et installé aux Etats-Unis, n’est jamais rentré en Chine depuis l’incarcération de ses parents à la prison de Qingcheng, l’établissement pénitentiaire réservé aux dirigeants déchus. Il ne s’était d’ailleurs jusqu’à présent jamais exprimé sur l’affaire. Cependant, la publication sur les réseaux sociaux de vidéos de ses noces avec la petite-fille d’un leader historique du KMT (parti politique pro-Pékin), a poussé Bo à sortir de sa réserve pour défendre la mémoire de ses parents et donner sa version d’une affaire qui reste tabou en Chine.
Dans une longue tribune publiée sur son compte X (anciennement Twitter), Bo Guagua apporte quelques éléments intéressants. Quoique Bo ait suivi des études coûteuses dans les meilleures universités au monde, il dément toute accusation de corruption et de fortune cachée à l’étranger. « A l’époque, une armée d’enquêteurs méticuleux, peut-être des centaines, ont scruté tous les aspects de notre vie, mais n’ont jamais trouvé les milliards que mes parents auraient soi-disant détournés », clame-t-il. « Ma mère, avocate internationale de talent (…) était plus que capable de supporter notre train de vie (…). De plus, elle n’avait aucun intérêt à supprimer Heywood », ajoute-t-il, apparemment convaincu de son innocence.
Son père, lui, est jugé un peu plus durement. Bo Guagua lui reconnait trois torts. « Premièrement, son comportement a pu paraître arrogant, voire dominateur (…)». « Deuxièmement, il n’a pas su gérer la campagne de chants révolutionnaires lancée à Chongqing (…). A l’origine, il pensait que les gens, après s’être enrichis matériellement, avaient besoin de s’enrichir spirituellement. Sauf que ce mouvement est vite devenu hors de contrôle ». « Troisièmement, il a choisi les mauvaises personnes pour s’attaquer au crime organisé (…).Wang Lijun, que l’on prenait pour un policier héroïque (…) n’était qu’un homme impitoyable et assoiffé de pouvoir ». Bo Guagua affirme même que Wang aurait maintenu sa mère sous soumission chimique pendant un long moment par peur qu’elle ne mette trop le nez dans ses affaires. Avant de conclure : « Tout ceux qui pensent que mon père n’avait pour seule ambition de consolider son pouvoir personnel, sont des crétins ignorants », tacle-t-il. « Envoyé depuis Pékin à Chongqing, tous les cadres locaux voulaient s’attirer ses faveurs. Si mon père était rentré dans leur jeu, tout aurait été plus facile, mais cela n’a pas été le cas ».
Plus étonnant, Bo Guagua aborde les relations entre sa famille et celle de Xi Jinping. « Nous n’avons jamais été en conflit (…). D’ailleurs, mon père a très tôt apporté son soutien inconditionnel à Xi et n’a jamais cherché à le concurrencer. Xi n’a rien à voir avec l’emprisonnement de mes parents », déclare-t-il.
Bien sûr, nul ne peut réellement juger de la véracité de ces déclarations. Néanmoins, on peut s’interroger sur les motivations derrière ce plaidoyer : Bo Guagua, jeune marié, veut-il sauver sa réputation, se lancer en politique, ou pense-t-il réellement pouvoir alléger la peine de ses parents (âgés de 75 et 66 ans à ce jour), à la faveur d’un climat politique qu’il jugerait propice à sa cause ? Le mystère reste entier.

- 熊猫, xióngmāo : panda
- 租借, zūjiè : location
- 法律, fǎlǜ (HSK 4) : loi
- 资金, zījīn (HSK 3) : fonds
- 保护, bǎohù (HSK 3) : protection
- 野生, yěshēng (HSK 6) : sauvage
- 公寓楼, gōngyù lóu : immeuble résidentiel
- 道路, dàolù (HSK 2) : routes
- 博物馆, bówùguǎn : musée
- 支出, zhīchū (HSK 5) : dépenses
20年、超8000万美元:美国付的熊猫租借费去哪了? 根据美国法律,这些资金必须用于保护野生大熊猫。但时报查阅的记录显示,中国政府将数百万美元用于公寓楼、道路、电脑、博物馆和其他开支,甚至拒绝说明支出情况。
20 Nián, chāo 8000 wàn měiyuán: Měiguó fù de xióngmāo zūjiè fèi qù nǎle? Gēnjù měiguó fǎlǜ, zhèxiē zījīn bìxūyòng yú bǎohù yěshēng dà xióngmāo. Dàn shíbào cháyuè de jìlù xiǎnshì, zhōngguó zhèngfǔ jiāng shù bǎi wàn měiyuán yòng yú gōngyù lóu, dàolù, diànnǎo, bówùguǎn hé qítā kāizhī, shènzhì jùjué shuōmíng zhīchūqíngkuàng.
20 ans, plus de 80 millions de dollars : où sont passés les frais de location des pandas payés par les États-Unis ? Selon la législation américaine, ces fonds doivent être consacrés à la protection des pandas géants sauvages. Mais les documents consultés par le Times montrent que le gouvernement chinois a utilisé des millions de dollars pour des immeubles résidentiels, des routes, des ordinateurs, des musées et d’autres dépenses, refusant même parfois de préciser l’utilisation des fonds.
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- 侵入, qīnrù : invasion
- 西方, Xīfāng (HSK 2) : Occident
- 制裁, zhìcái (HSK 7) : sanctions
- 影响, yǐngxiǎng (HSK 2) : impact
- 报告, bàogào (HSK 3) : rapport
- 教训, jiàoxùn (HSK 4) : leçons (tirées de l’expérience)
- 减轻, jiǎnqīng (HSK 5) : réduire, atténuer
- 冲突, chōngtū (HSK 5) : conflit
- 盟友, méngyǒu (HSK 7) : allié
- 惩罚, chéngfá (HSK 7) : punition, mesures punitives
据知情人士透露,中国在俄罗斯全面侵入乌克兰后的几个月里成立了一个跨部门的联合工作组,专门研究西方制裁的影响,并定期为中国领导层撰写报告。知情人士说,这是为了吸取经验教训,了解如何减轻制裁影响,特别是一旦台海冲突促使美国及其盟友对中国实施类似惩罚,这些经验将派上用场。
Jù zhīqíng rénshì tòulù, zhōngguó zài èluósī quánmiàn qīnrù wūkèlán hòu de jǐ gè yuè lǐ chénglìle yīgè kuà bùmén de liánhé gōngzuò zǔ, zhuānmén yánjiū xīfāng zhìcái de yǐngxiǎng, bìng dìngqí wéi zhōngguó lǐngdǎo céng zhuànxiě bàogào. Zhīqíng rénshì shuō, zhè shì wèile xīqǔ jīngyàn jiàoxùn, liǎojiě rúhé jiǎnqīng zhìcái yǐngxiǎng, tèbié shì yīdàn táihǎi chōngtú cùshǐ měiguó jí qí méngyǒu duì zhōngguó shíshī lèisì chéngfá, zhèxiē jīngyàn jiāng pài shàng yòngchǎng.
Selon des sources proches du dossier, la Chine a créé un groupe de travail interdisciplinaire quelques mois après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie pour étudier l’impact des sanctions occidentales et rédiger régulièrement des rapports à l’intention des dirigeants chinois. Ces sources ont indiqué que l’objectif est de tirer des leçons sur la manière d’atténuer l’impact des sanctions, notamment si un conflit dans le détroit de Taïwan venait à pousser les États-Unis et leurs alliés à imposer des mesures similaires à la Chine.
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- 形式主义, xíngshì zhǔyì: formalisme
- 官僚主义, guānliáo zhǔyì: bureaucratie
- 减轻, jiǎnqīng (HSK 5): atténuer, alléger
- 基层, jīcéng (HSK 7) : échelons de base, niveau local
- 官员, guānyuán (HSK 7): fonctionnaires
- 负担 , fùdān (HSK 4): charge, fardeau
- 确保, quèbǎo (HSK 3): garantir
- 有效, yǒuxiào (HSK 3): efficace
- 文书工作 , wénshū gōngzuò: travail administratif
- 繁琐, fánsuǒ: fastidieux, complexe
中国政府在努力解决地方形式主义、官僚主义问题,寻求减轻基层官员的工作负担,以确保刺激经济的政策能得到有效执行。对上级领导的指示是:少开会、开短会, 减少不必要的文书工作, 不要让“基层”(地方政府工作人员)承担繁琐而无成效的任务。
Zhōngguó zhèngfǔ zài nǔlì jiějué dìfāng xíngshì zhǔyì, guānliáo zhǔyì wèntí, xúnqiú jiǎnqīng jīcéng guānyuán de gōngzuò fùdān, yǐ quèbǎo cìjī jīngjì de zhèngcè néng dédào yǒuxiào zhíxíng. Duì shàngjí lǐngdǎo de zhǐshì shì: Shǎo kāihuì, kāi duǎn huì, jiǎn shào bù bìyào de wénshū gōngzuò, bùyào ràng “jīcéng”(dìfāng zhèngfǔ gōngzuòrényuán) chéngdān fánsuǒ ér wú chéngxiào de rènwù.
Le gouvernement chinois s’efforce de résoudre les problèmes liés au formalisme et à la bureaucratie locale, et cherche à alléger la charge de travail des fonctionnaires locaux afin de garantir que les politiques visant à stimuler l’économie soient mises en œuvre efficacement. Les consignes aux cadres supérieurs sont les suivantes : tenir moins de réunions, organiser des réunions plus courtes, réduire les tâches administratives inutiles et éviter d’imposer aux « échelons de base » (les employés des administrations locales) des tâches fastidieuses et improductives.

Cai Lin s’adossa au chambranle de la porte pour regarder son fils quitter la cour et monter dans sa voiture toute neuve. Zhang Huaiyuan retournait chez lui, en ville, retrouver sa femme et son fils, attendre avec impatience une réponse. Il avait fait le trajet pour la mettre au courant des dernières avancées : avec l’aide de la police et leur banque de données ADN, l’enquête qu’il menait depuis un an pour retrouver sa famille biologique, portait enfin ses fruits. Il partageait 50% de son ADN avec un couple de la province du Zhejiang, à plus de 400 kilomètres de là.
Cai Lin et son défunt mari avaient été des commerçants riches qui n’avaient jamais eu à se soucier de ce qu’il y aurait dans l’assiette du soir. En l’adoptant, ils l’avaient spolié de cette aisance pour lui donner quoi ? De l’amour certes mais aussi la peur, quotidienne, de ne pas gagner assez pour vivre, la charge d’un père invalide et âgé, la nécessité d’abandonner ses études à 17 ans, le cumul de petits boulots éreintants que seule son intelligence avait su rendre intéressants et rentables. Son cœur de mère – parce qu’elle se sentait toujours sa mère, quoiqu’en disait l’ADN – battait la chamade, tenaillé par une peur atroce. Pourquoi avait-il parlé d’un couple ? Son mari avait toujours évoqué une mère morte en couches. Avait-elle bien fait de révéler si tard à son fils son adoption ? N’allait-il pas couper les liens, ne plus souhaiter la revoir, l’empêcher de passer du temps avec son petit-fils ? Les larmes coulaient, se perdaient sur ses joues ridées sans qu’elle s’en soucie. Elle se revoyait au même endroit, un an plus tôt, observant son petit-fils détaler dans la cour. Il passait son mois de juillet chez elle, laissant ses parents travailler en ville. C’est là qu’elle s’était décidée à parler.
Sautant d’une flaque à une autre, ses bottes trop grandes aux pieds, son petit-fils se pressait de rejoindre les autres gamins du village. Cai Lin ne le reverrait qu’au crépuscule. La tête lui tournait en repensant à ce qui venait de se passer. Pour la première fois, elle avait surpris le garçon à lui mentir. Oh, un mensonge de rien du tout mais Cai Lin était une femme honnête, avec des principes. Elle ne voulait pas que son petit-fils prenne un mauvais pli. Il n’avait que sept ans certes, mais cela arrivait dans le village, ces enfants chapardeurs et menteurs dont personne ne s’occupait et qui finissaient par grandir de travers. Depuis que son fils avait monté sa petite affaire de démantèlement de voitures accidentées ou usagées, il travaillait comme un fou, sa femme le secondait. En tant que nainai et maintenant que son mari n’était plus, Cai Lin se devait de veiller au grain. Aussi, elle profita de ce flagrant délit pour faire la leçon au garçonnet. Elle parla de l’importance de dire lavérité, comment la travestir pouvait semer la zizanie dans une famille, comment le mensonge pouvait grossir en se transmettant de bouche en bouche (以讹传讹, yǐ’échuán’é) et causer du tort à des innocents. Et puis elle s’était arrêtée, foudroyée : n’était-ce pas ce qu’elle était en train de faire avec son fils ?
Toujours debout sur le seuil de sa maison, Cai Lin se souvenait du soir où elle avait découvert Huaiyuan, trente-trois ans plus tôt. Elle revenait de la ferme après avoir passé la journée à récolter des choux et des salades le dos penché, les mains dans la terre froide. Son mari, déjà invalide, l’attendait, tout sourire, avec Huaiyuan dans les bras. Le bébé semblait en bonne santé bien que très maigre. Ce soir-là, elle avait à peine écouté les explications de son mari, émerveillée par ce petit miracle qui leur tombait du ciel. Depuis leur mariage, elle avait espéré un enfant qui n’était jamais venu. Le handicap de son mari ? Sa faute à elle ? Les analyses coûtaient trop cher, ils n’avaient jamais su, parlaient d’adoption sans jamais prendre le temps d’y réfléchir vraiment. Passé quarante ans, la fatigue et les soucis de santé de son mari aidant, le désir s’était tari. Plus tard, quand elle posait des questions, son époux disait toujours la même chose : un accouchement qui s’était mal passé dans la clinique gérée par son cousin, la mère célibataire morte, personne de la famille pour réclamer le bébé. Alors le cousin avait pensé à eux. N’était-ce pas du vol ? pensait Cai Lin mais ses doutes finissaient par fondre sur ce bonheur tout chaud qui n’avait cessé de donner du sens à ses journées depuis lors. Elle pensait tout dire à Huaiyuan quand il serait en âge de comprendre mais son mari s’y était toujours opposé. Pourquoi compliquer une situation qui avait trouvé son équilibre ? Quel bénéfice en tirerait leur fils ?
Au vu de ce que venait de lui raconter Huaiyuan, aurait-elle dû écouter son mari et ne rien dire ? Vous le saurez au prochain numéro.
Par Marie-Astrid Prache
NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.

11 – 13 décembre, Shanghai : Aquatech China, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées
12 – 14 décembre, Shenzhen : Connexion Shenzhen, Salon professionnel de la restauration et de l’hôtellerie
18 – 20 décembre, Shanghai : ARTS – International Advanced Rail Transit Technology Exhibition, Salon international des technologies avancées de transport ferroviaire
18 – 20 décembre, Shenzhen : CMEH – China International Medical Equipment Exhibition, Salon international des dispositifs médicaux
20 – 22 décembre, Shanghai : Cafeex Shanghai, Salon international du café, du thé et des boissons
10 – 12 janvier, Pékin : Alpitec, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver
10 – 12 janvier, Pékin : ISPO Beijing, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements