Le Vent de la Chine Numéro 5 (2023)

du 13 au 19 février 2023

Editorial : Discours miroirs
Discours miroirs

Hasard du calendrier : en l’espace de 24h, les dirigeants des deux premières puissances mondiales ont prononcé des discours majeurs début février, chacun cherchant à affirmer la supériorité, notamment idéologique, de son pays vis-à-vis de l’autre.

S’adressant aux nouveaux membres du Comité central réunis à l’Ecole du Parti, Xi Jinping a explicitement vanté les mérites du système de gouvernance chinois, tout en taclant les modèles occidentaux. « Le mythe selon lequel la modernisation est nécessairement occidentale a vécu », a-t-il déclaré. « En quelques décennies, nous avons réussi à accomplir le même processus d’industrialisation qui a pris des siècles entiers aux pays occidentaux », a vanté le Secrétaire général du Parti. « La voie chinoise a démontré qu’un modèle de modernisation différent de celui occidental est possible », a-t-il renchéri, tout en invitant les pays en développement à suivre l’exemple chinois, quoique Pékin ait toujours nié vouloir exporter son modèle.

Ces propos sont à marquer d’une pierre blanche puisque c’est la première fois que Xi affirme aussi clairement que le système chinois est en compétition avec le « capitalisme occidental ». « Il est nécessaire d’être plus efficace (comprendre, plus productif) que les pays capitalistes, mais aussi de préserver plus efficacement l’équité sociale (référence indirecte au concept de « prospérité commune ») », a précisé Xi Jinping. Ces déclarations rappellent que les vues du leader en matière de développement économique sont loin d’être libérales et relèvent davantage du capitalisme d’Etat. C’est également une manière d’avertir les membres du Parti que l’assouplissement actuel (sanitaire, immobilier, géants de la tech…) n’équivaut en aucun cas à un changement de cap et que les grandes priorités (auto-suffisance notamment) demeurent inchangées.

Quelques heures plus tard, outre-Pacifique, c’était à Joe Biden de prendre la parole devant les deux chambres réunies du Congrès. Dans son discours sur « l’état de l’Union », le Président américain a voulu faire preuve de fermeté vis-à-vis de la Chine et a souligné que les États-Unis étaient « dans la position la plus forte depuis des décennies pour concurrencer la Chine ou qui que ce soit d’autre dans le monde ». « Remporter la compétition contre la Chine devrait tous nous unir », a-t-il lancé à ses opposants républicains. Cela n’a pas empêché le locataire de la Maison Blanche de se dire déterminé « à travailler avec la Chine là où cela peut servir les intérêts américains ». En outre, le dirigeant qui a organisé « un sommet pour les démocraties » fin 2021 a également affirmé que celles-ci se sont renforcées ces dernières années tandis que les autocraties se sont affaiblies.

Plus offensif, il a mis au défi quiconque de « nommer un chef d’Etat qui aimerait prendre la place de Xi Jinping aujourd’hui », arguant que son homologue chinois fait face à « d’énormes problèmes », dont « une économie qui ne fonctionne pas bien ».

Enfin, en une allusion à l’affaire du ballon espion – ou météo, selon Pékin – qui a survolé le territoire américain, le Président Biden a affirmé que « si la Chine menace notre souveraineté, nous agirons pour protéger notre pays, comme nous l’avons fait (le ballon a été abattu par l’US Air Force) ».

L’incident a contraint le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à reporter en dernière minute un déplacement très attendu dans la capitale chinoise, qui devait justement contribuer à apaiser les relations entre les deux grands rivaux stratégiques. Pékin, de son côté, a cherché à sauver la face en  affirmant qu’il n’avait jamais confirmé cette visite.

A vrai dire, il est probable qu’aucune des deux parties n’aient réellement voulu annuler ce déplacement. Cependant, l’administration démocrate, sous pression des républicains, ne pouvait se permettre d’avoir l’air de se « dégonfler » face à cette « provocation ».

Il en va de même côté chinois. Après avoir initialement fait acte de contrition pour cette incursion involontaire de son ballon « météo » au-dessus du territoire américain, Pékin a ouvertement protesté contre la décision du Pentagone de le descendre.

Cet épisode vient démontrer que, malgré le fossé toujours plus grand qui sépare leurs deux pays, les occupants de Zhongnanhai et de la Maison Blanche ont plus en commun qu’ils ne veulent bien l’admettre. Tous deux sont persuadés que leur pays a l’avantage sur l’autre et tous deux se doivent de faire preuve de fermeté, sous peine de voir leurs opposants exploiter le moindre signe de faiblesse. Et c’est ainsi qu’une simple histoire de ballon prend des proportions alarmantes…


Taiwan : Wang Huning à la manœuvre ?
Wang Huning à la manœuvre ?

Un voile se lève sur l’un des mystères du XXème Congrès du Parti. Il s’agit de la nomination de Wang Huning à la tête de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC). Pourquoi avoir choisi ce discret personnage à l’origine de nombreuses théories politiques, à ce poste qui requiert un certain talent oratoire ?

Le quotidien japonais Nikkei apporte un élément de réponse. Citant une source interne au Parti, le journal avance que l’ancien conseiller de Jiang Zemin et de Hu Jintao aurait été chargé par Xi Jinping d’imaginer une nouvelle stratégie de réunification avec Taïwan en sa qualité de nouveau directeur adjoint du groupe central directeur pour les Affaires taïwanaises. Wang sera assisté dans cette tâche par Wang Yi, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-directeur du bureau des Affaires taïwanaises de 2008 à 2013.

En effet, depuis la reprise en main sécuritaire infligée par Pékin à Hong Kong en réaction aux manifestations prodémocratie de 2019, le principe « d’un pays, deux systèmes » est rejeté en bloc par les Taïwanais, qui craignent que Pékin étouffe à leur tour leurs libertés. Or, ce schéma imaginé par Deng Xiaoping quarante ans plus tôt était censé être l’épine dorsale du rapprochement pacifique entre l’île et le continent.

C’est la raison pour laquelle Xi Jinping a besoin d’une nouvelle dynamique. Pour le dirigeant, c’est l’occasion de faire table rase du passé et de laisser sa propre marque dans l’histoire, lui qui ambitionne de se maintenir au pouvoir pour un 4ème mandat (2027-2032).

Si ce scénario se concrétise, cela signifie que le leader privilégie toujours l’option pacifique. Selon les progrès effectués en matière de rapprochement grâce à la nouvelle stratégie imaginée par Wang Huning, la nécessité d’un recours à la force serait alors réévaluée, explique la source citée par le Nikkei.

Cette analyse va à l’encontre des prédictions alarmistes du général américain Michael Minihan : dans une note interne envoyée le 27 janvier à ses troupes, il alerte sur le risque élevé d’une guerre entre les États-Unis et la Chine en 2025, très probablement autour de Taïwan.

Même si les informations du Nikkei sont confirmées, la stratégie élaborée par Wang Huning (cf photo avec le vice-président du KMT, Andrew Hsia, le 10 février) pourrait bien ne pas voir le jour avant les prochaines élections présidentielles de janvier 2024, qui désigneront le successeur de Tsai Ing-wen du parti progressiste (DPP). A l’inverse des élections locales qui sont davantage influencées par les problématiques régionales, l’issue des présidentielles est fortement influencée par la position des candidats vis-à-vis de la Chine.

Que Pékin préfère voir un candidat du parti nationaliste (KMT), historiquement partisan d’un rapprochement avec la Chine, victorieux lors des présidentielles de 2024 ne fait aucun doute. Xi Jinping aurait d’ailleurs chargé l’un de ses proches, Song Tao, nouveau directeur du bureau des Affaires taïwanaises, de mobiliser tous les ressources nécessaires pour que le DPP perde cette élection. Ceci dit, même si le KMT reprend le pouvoir, il est certain que Pékin ne sera pas en mesure de proposer un projet de réunification qui soit acceptable aux yeux des Taïwanais. 


Technologies & Internet : Un ChatGPT « aux caractéristiques chinoises » ?
Un ChatGPT « aux caractéristiques chinoises » ?

En Chine aussi, ChatGPT, l’agent conversationnel qui utilise l’intelligence artificielle pour générer du texte automatiquement, est au cœur de tous les débats.

Conçu par le groupe américain OpenAI cofondé par Elon Musk, ce logiciel de traitement du langage naturel a été construit sur le principe de « l’apprentissage machine » qui consiste à s’adosser à une énorme base de données, constituée de documents tirés du web mais purgée de tout contenu violent, raciste, sexiste…

Deux mois après son lancement fin novembre, ChatGPT cumulait déjà plus de 100 millions d’utilisateurs curieux de le mettre à l’épreuve. Un record pour une application grand public !

En effet, l’outil est capable de s’adapter à un large éventail de sujets et de styles d’écriture. Il est ainsi en mesure de générer du contenu pour les réseaux sociaux, de créer des chatbots pour les entreprises, de composer des poèmes et même de rédiger des fictions pour le cinéma ! ChatGPT aurait ainsi aidé un juge à rendre son verdict en Colombie ou encore le Président israélien à composer l’un de ses discours.

L’excitation se ressent jusqu’en Chine. Quoique ChatGPT soit indisponible dans l’Empire du Milieu, de nombreux mini-programmes sont momentanément apparus sur WeChat, proposant d’accéder à l’application grâce à une astuce informatique pour contourner le « Great Firewall ». Même chose sur les sites de e-commerce, où des vendeurs ont offert leurs services pour contourner l’obligation de fournir un numéro de téléphone étranger pour se créer un compte OpenAI.

En parallèle, les conversations vont bon train sur les réseaux sociaux. Certains internautes voient en ChatGPT un outil incroyable pour rédiger leurs rapports, traduire des documents ou faire leurs devoirs. D’autres le considèrent comme une menace pour leurs emplois. C’est le cas des programmeurs informatiques, des télémarketeurs ou encore des journalistes… Mais ils n’ont pas à s’en inquiéter pour le moment puisque les performances de ChatGPT en langue chinoise sont nettement limitées, en partie à cause du blocage de Google en Chine.

Selon toute vraisemblance, il y aura donc un ChatGPT chinois. Alibaba, Tencent, Huawei, iFlytek et Sensetime sont déjà sur les rangs pour investir cette nouvelle technologie révolutionnaire dans le dialogue homme-machine. Mais c’est le moteur de recherche Baidu qui semble le mieux placé pour remporter cette course. Son chatbot prénommé Ernie Bot (文心一言 ; wénxīn yīyán) devrait être lancé le mois prochain.

Cependant, les chercheurs sont unanimes : il manque de textes de qualité et d’articles scientifiques de haut vol en langue chinoise pour « entraîner » ces programmes, ce qui pourrait s’avérer un handicap de taille pour les chatbots chinois.

Malgré tout, les investisseurs se tiennent prêts : une sélection de 30 compagnies chinoises (TRS Information Technology, Hanwang Technology, CloudWalk Technology…) évoluant dans le secteur de l’IA ont vu leur cours en bourse bondir de 16% en quelques jours début février. Une frénésie qui ne plaît pas beaucoup au gouvernement. En guise de mise en garde, le Securities Times rappelait dans un éditorial le 8 février les précédentes bulles spéculatives qu’avaient suscitées la 5G ou la réalité virtuelle…

Enfin, une autre problématique liée à ces futurs chatbots chinois est d’ordre politique. Comment ces programmes « intelligents » vont-ils intégrer les directives de censure du gouvernement chinois ? Est-ce qu’un internet censuré va impacter négativement leur capacité à répondre correctement aux questions ? Réponse dans les mois à venir…

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Le Vent de la Chine s’est lui aussi amusé à demander à ChatGPT d’écrire un texte traitant de la même problématique que cet article. On vous laisse juger du résultat, à prendre bien sûr avec des pincettes !

Le lancement de ChatGPT en Chine a suscité un certain nombre de réactions variées parmi les utilisateurs de la technologie et les observateurs de l’industrie. D’un côté, de nombreux utilisateurs sont enthousiastes à l’idée d’avoir accès à un outil aussi puissant pour le traitement du langage naturel. Grâce à ses capacités de reconnaissance de la voix et de compréhension du texte, ChatGPT permet aux utilisateurs de trouver rapidement des réponses à un grand nombre de questions, de traduire des phrases entre différentes langues, et de fournir des informations sur un large éventail de sujets.

Cependant, il y a aussi des préoccupations quant à l’utilisation potentielle de ChatGPT pour la surveillance de la population et la répression de la liberté d’expression. Les algorithmes de ChatGPT sont formés sur des données provenant d’Internet, ce qui peut entraîner un biais dans les réponses qu’il fournit. De plus, il y a des craintes quant à la protection des données des utilisateurs, qui peuvent être collectées et utilisées à des fins commerciales ou pour des fins de surveillance.

Malgré ces préoccupations, ChatGPT continue d’être largement utilisé en Chine pour diverses tâches quotidiennes. Les utilisateurs apprécient la rapidité et la précision de ses réponses, ainsi que sa capacité à leur fournir des informations sur des sujets variés. Cependant, il est important de se rappeler que la technologie n’est qu’un outil, et que son utilisation dépend des choix et des décisions des utilisateurs et des gouvernements.

En conclusion, le lancement de ChatGPT en Chine reflète les débats mondiaux sur les impacts de la technologie sur la société, la confidentialité et les libertés civiles. Alors que les utilisateurs apprécient les avantages de la technologie, il est important de continuer à surveiller et à questionner les implications potentielles pour la société dans son ensemble.


Photo de la semaine : Et le bâtiment le plus laid de l’année est…
Et le bâtiment le plus laid de l’année est…

Pour la 13ème année consécutive, les Chinois ont élu le bâtiment le plus laid de l’Empire du Milieu parmi une sélection de 70 réalisations architecturales. La palme revient au musée Corpus de Maanshan (Anhui), dédié à la biologie humaine (cf photo). Comme son jumeau hollandais, le musée comprend une immense statue que ses détracteurs apparentent à un homme assis sur des toilettes…

Les experts, eux, ont désigné le centre commercial « Tian An 1 000 Trees » à Shanghai. Son architecte britannique, Thomas Heatherwick l’avait imaginé tel un jardin suspendu dans une forêt de béton, avec 1000 arbres perchés sur son toit. Mais ce Babylone des temps modernes n’a su convaincre ni les professionnels qui le qualifient de « fiasco esthétique et de relations publiques », ni les internautes qui lui trouvent des allures de monument funéraire… En effet, ces dernières années, les malheureux lauréats de ce vote ne se sont pas uniquement rendus coupables de mauvais goût mais aussi d’avoir fait fi de la culture chinoise dans leur design. C’est ce qui est reproché à l’architecte anglais. 

Depuis sa première édition en 2010, ce sondage en ligne n’a cessé de gagner en popularité, reflétant l’incroyable boom architectural du pays. Bon nombre d’architectes internationaux ont été invités à y prendre part, avec la promesse de pouvoir laisser libre cours à leur imagination. Mais le résultat n’a souvent pas été à la hauteur des espérances du public, ni du gouvernement d’ailleurs qui a officiellement interdit les bâtiments « hideux » en 2021, s’appuyant sur une critique formulée par le Président Xi Jinping quelques années plus tôt. La beauté étant subjective, le concours du bâtiment le plus laid a encore de beaux jours devant lui !


Petit Peuple : Longxi (Gansu) – Une précieuse amitié
Longxi (Gansu) – Une précieuse amitié

Qui naît dans le district de Longxi, au sud de la province du Gansu, a déjà conscience de partir avec un handicap dans la vie. Climat semi-aride, tremblements de terre fréquents, glissements de terrain, inondations et tempêtes de sable, point de salut hors de l’agriculture, point de perspective sinon le jaune brunâtre des collines de loess qui recouvrent le district.

De son enfance, Zhang Haichao garde le goût d’une intense solitude, les moqueries de ses camarades de classe sur son purpura, cette maladie de peau soignée par des médicaments qui le font grossir. Devenu bientôt plus gros que grand, il se trouve affublé de lunettes sans pourtant entrevoir d’échappée à cette succession de jours rythmés par les mêmes humiliations à l’école, par la pression de la famille qui ne comprend pas les mauvais résultats scolaires, qui ne cache pas sa déception pour ce fils incapable de se fondre dans la masse. Alors Haichao plonge. Une grave dépression l’empêche de continuer sa scolarité, le contraint à de longs séjours à l’hôpital. Sa vie ne tient qu’à une onde, celle de la musique, et plus particulièrement le hip hop et le rap, découverts enfant avec les albums du groupe pékinois Yin Ts’ang.

Après un deuxième échec pour reprendre ses études, Haichao, qui se fait appeler Big Sponge, se démène pour émerger comme rappeur. Dans une ville où tout le monde se connaît, il est encore la cible des moqueries, ne dirait-on pas qu’il psalmodie des prières quand il chante ? Personne n’a entendu parler de la légende du rock Cui Jian, ni du freestyle, ni des MCs (Masters of Ceremony, les rappeurs), on n’est pas à Pékin, ni à Canton. Malgré tous ses efforts, Big Sponge n’attire pas grand monde.

Brouillé avec sa famille, il décide de vivre reclus chez lui, sort la nuit, improvise et chante ses compositions en haut de la tour du tambour. On l’aperçoit, attablé devant des mantou aux légumes, son invariable écharpe rayée rouge, verte et jaune autour du cou. Parfois, il reste chez lui plusieurs mois sans sortir, au milieu des déchets en plastique qu’il a ramassés pour les revendre. Personne ne se soucie de lui. Mais, un jour, il reçoit la visite d’un ami d’enfance.

Zheng Yifei vient de Longxi lui aussi, des parents violents mais des rêves plein la tête. Après son départ pour l’université de Lanzhou, il garde le contact avec Big Sponge sur QQ (service de messagerie instantanée), lui parle de sa passion pour le cinéma, de sa rencontre providentielle avec Zhang Nan, un réalisateur qui a le vent en poupe, et de son arrivée à Pékin pour continuer de travailler avec ce dernier. À Pékin, allongé sur son lit, l’unique meuble de sa chambrette de 5 mètres carrés, il déchante. Sur un coup de tête, Yifei décide de retourner quelque temps à Longxi, interroger ses racines, retrouver son ami Big Sponge, sonder, une caméra à la main, le sens de la vie, de leur vie. Dans sa tête résonnent les encouragements de son père : « tu n’es qu’un idiot ! » et la certitude qu’il ne vaut pas un clou.

Big Sponge ne l’a pas oublié, il tire même de sa poche la photo que lui avait donnée Yifei la veille de son départ pour Lanzhou. Pendant des jours, ils traînent ensemble, discutent, mangent des saucisses en haut des collines de loess. Parfois, Yifei filme Big Sponge, cela provoque des discussions, fait émerger des rêves, redonne un objectif. Yifei rentre à Pékin, revient dès qu’il peut, dort par terre chez son ami d’enfance, filme. Parfois, ils se disputent, parfois Big Sponge a peur de ce documentaire en préparation : est-ce qu’on va se moquer de lui, encore et toujours ?  

Mais il se remet au travail, compose neuf chansons, essaie de perdre du poids. Être filmé donne soudain de la valeur à sa vie. Yifei, quant à lui, oublie ses doutes en s’absorbant dans ce qu’il veut montrer de la vie de son ami, non pas ce qui ne va pas mais cette nonchalance de Big Sponge, l’acceptation d’une situation telle qu’elle est, ce refus de rentrer dans le moule et la musique qui lui donne l’énergie d’avancer, envers et contre tout. « Un ami fidèle est difficile à trouver », dit l’adage (知音难觅, zhīyīn nán mì ). Dans leurs galères respectives, les deux amis ont-ils conscience du trésor dans leurs mains, cette amitié qui les fait soudain exister ?

Sorti en 2019, le documentaire de Zheng Yifei a trouvé son public, des milliers de jeunes qui se reconnaissent dans le titre, Trashy Boy. Originaires pour la plupart de provinces reculées, les rêves brisés par les inégalités, le taux de chômage en hausse, les confinements à répétition dus au Covid-19, ils disent se considérer eux-mêmes comme des rebuts dont personne ne veut.

Les récompenses pleuvent sur ce premier documentaire sans altérer la lucidité des deux copains : quand il ne restera plus rien de cette attention médiatique autour d’eux, il restera cette amitié, qui éclaire le film et leurs vies respectives, donne enfin matière à espérer.  

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 13 février au 12 mars
Semaines du 13 février au 12 mars

15 – 17 février, Canton : PCHI, Salon des soins personnels et des cosmétiques

17 – 18 février, Pékin : CHINA EDUCATION EXPO, Salon international de l’éducation et des formations supérieures

22 – 24 février, Shenzhen : ALLFOOD EXPO, Salon chinois international de la confiserie, des snacks et des glaces

24 – 26 février, Canton : DPES SIGN & LED EXPO, Salon chinois international des équipements de publicité

22 – 24 février, Pékin : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté

23 – 26 février, Pékin : CPE – China Pet Expo, Salon international spécialisé dans l’alimentation et les produits pour animaux de compagnie

27 fév. – 2 mars, Shenzhen : DESIGN SHENZHEN, Salon international de la décoration et de l’architecture intérieures

 1 – 3 mars, Shanghai : ANALYTICA, Salon international de l’analyse, des biotechnologies, du diagnostic et des technologies de laboratoire. REPORTE du 11 au 13 juillet

1 – 3 mars, Canton : SIAF GUANGZHOU, Salon international pour l’automatisation des procédés

2 – 4 mars, Canton : PACKINNO, Salon international de l’emballage et du packaging

3 – 5 mars, Shenzhen : AAITF – Automotive Aftermarket Industry & Tuning Trade Fair, Salon international du marché de l’occasion automobile, des pièces détachées et du tuning

7 – 10 mars, Shenzhen : HOMETEX, Salon de l’ameublement

9 – 11 mars, Canton : Inter Airport China, Salon international des équipements pour aéroports, technologies et services

9 – 11 mars, Canton : China Lab, Salon international et conférence sur les appareils de laboratoire et d’analyse en Chine

9 – 12 mars, Jinan : Jinan International Industrial Automation, Salon chinois international des technologies d’automation industrielle et de contrôle

10 – 12 mars, Canton : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté

10 – 12 mars, Wenzhou : WIE – Wenzhou Industry Expo, Foire industrielle internationale de Wenzhou