Le Vent de la Chine Numéro 37 (2024)

du 2 au 8 décembre 2024

Editorial : La purge de l’armée prend un tournant
La purge de l’armée prend un tournant

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : le 28 novembre, le porte-parole de la Défense, Wu Qian, a annoncé la mise en examen de l’amiral Miao Hua, n°5 de la Commission Militaire Centrale (CMC) dirigée par Xi Jinping.

La situation est inédite : si Miao devient le 7ème membre de la CMC purgé depuis l’arrivée au pouvoir de Xi en 2012, c’est la première fois que deux sièges de la CMC (sur cinq, hors celui de Xi) sont vacants simultanément, avec la chute du ministre de la Défense, Li Shangfu. La seule fois où le plus haut niveau de l’appareil militaire a connu un tel bouleversement remonte à 2014-2015, lors des purges successives de Xu Caihou et de Guo Boxiong, deux généraux qui s’étaient rendus complices d’une tentative de coup d’Etat contre Xi.

La chute de Miao Hua est d’autant plus étonnante que Xi lui-même est à l’origine de son ascension, les deux hommes ayant partagé quelques années ensemble dans le Fujian. C’est grâce à Xi que Miao avait été nommé en 2014, directeur du département politique de toute la marine, une promotion rare pour un homme ayant fait carrière dans les forces terrestres. C’est également grâce à Xi que l’amiral Miao avait intégré la CMC en 2017, en tant que directeur du département du travail politique, un poste extrêmement convoité qui lui avait permis de placer plusieurs de ses poulains à des postes-clés, au nez et à la barbe de deux autres vice-présidents de la CMC, Zhang Youxia, chef de file des « vétérans du Vietnam » et de He Weidong, de la « clique de Taïwan ».

Sa perte de vitesse était néanmoins notable dès juillet dernier, avec la promotion impromptue de He Hongjunun autre général « trois étoiles », aujourd’hui pressenti pour le remplacer – comme son adjoint. « Cette nomination pouvait donc déjà être interprétée comme un vote de défiance à l’encontre de Miao », concluait le cabinet Cercius dans sa lettre du mois d’août.

Miao Hua aux côtés de Xi Jinping à Pyongyang en 2019

Alors, pourquoi Xi Jinping prend-il (à nouveau) le risque d’entacher sa réputation en limogeant l’un des « siens » ? Probablement car il veut faire de Miao un exemple pour tout le reste de l’Armée Populaire de Libération (APL) en montrant que sa détermination à éradiquer la corruption et donc à contrôler l’armée est plus forte que jamais. En juin, le Président de la CMC intimait aux hauts gradés de l’APL, réunis pour la première fois depuis une décennie à Yan’an, berceau de la révolution chinoise, de « s’interroger en profondeur sur eux-mêmes, se rectifier sincèrement, résoudre les problèmes à la racine de leur pensée ».

La mise en examen de Miao intervient en effet dans un contexte particulier : depuis 18 mois, le département logistique, de l’équipement et la force des missiles de l’APL, a fait l’objet d’une purge ayant entraîné l’arrestation de plus d’une quinzaine de dirigeants de l’armée et de cadres de groupes publics du secteur de la défense. La rumeur voudrait que Xi aurait vu rouge en découvrant d’importantes défaillances causées par la corruption des hauts gradés, avec pour conséquence de nuire à l’aptitude au combat de l’APL.

Cependant, l’amiral Miao Hua n’a pas de lien évident avec les départements visés par la purge actuelle. Il est donc peu probable qu’il soit mêlé à ces affaires. La piste d’une faute « politique » est alors plutôt à privilégier pour expliquer sa chute.

« Xi Jinping, qui a nécessairement approuvé le limogeage de Miao, aurait-il pris peur de l’influence croissante de ce dernier au sein de l’APL ? Ou alors aurait-il été poussé à l’écarter par d’autres forces en présence au sein de la CMC ? Les deux scénarios sont possibles », analyse Alex Payette, cofondateur du cabinet Cercius.

Une chose est sûre : les protégés de Miao Hua pourraient eux aussi, se retrouver en eaux troubles. En première ligne se trouve le ministre de la Défense, l’amiral Dong Jun, nommé en décembre 2023 avec l’appui de Miao, et au détriment de Liu Zhenli, soutenu par Zhang Youxia. La nomination de Dong n’a donc pas fait l’unanimité au sein des membres de la CMC. Preuve en est : Dong n’a toujours pas obtenu de siège à la CMC, ni le titre de conseiller d’Etat, à l’inverse de tous ses prédécesseurs… Toutefois, la rumeur de la mise sous enquête de Dong, alimentée par son absence lors d’une visite officielle du 24 au 27 novembre, a été fermement démentie par le porte-parole, Wu Qian. Mais si l’on se fie aux récents cas de Li Shangfu, son prédécesseur, ou de Qin Gang, l’ex-ministre des Affaires étrangères, on aurait tort de prendre ces dénégations pour argent comptant…

L’affaire Miao Hua envoie surtout un signal très inquiétant à la marine chinoise que Miao représentait au plus haut niveau. L’appareil disciplinaire va-t-il maintenant passer en revue tous les échelons de la « navy » chinoise, fer de lance d’une potentielle reconquête militaire de Taïwan ? Une décision qui serait lourde de conséquences pour les efforts de modernisation de l’APL et l’agenda stratégique de Xi. Mais le leader estime peut-être que c’est un sacrifice nécessaire à court terme pour faire de l’APL une force de premier plan et prête au combat.


Taiwan : La visite de William Lai dans le Pacifique irrite Pékin
La visite de William Lai dans le Pacifique irrite Pékin

Pour son premier voyage à l’étranger, le président de la République de Chine ou Taïwan, Lai Ching-te (ou William Lai) a atterri à Hawaï, aux Etats-Unis, ce dimanche 1er décembre, peu avant 7h30 heure locale. Il a été accueilli à l’aéroport international d’Honolulu par Ingrid Larson, directrice générale à Washington de l’Institut américain de Taïwan, et le gouverneur d’Hawaï, Josh Green.

L’événement est historique pour Taïwan. Comme l’indique le bureau présidentiel de Taipei dans un communiqué : « C’est la première fois que le chef de l’Etat (taïwanais) a été accueilli avec un tapis rouge sur le tarmac et s’est vu remettre des fleurs, ce qui constitue le plus haut niveau de courtoisie de ces dernières années, en rupture avec le protocole traditionnel d’accueil en terminal ».

Cette visite est à la fois le symbole d’une relation au plus haut niveau de confiance et d’intégration militaro-diplomatique entre Taïwan et les Etats-Unis, et un défi pour Pékin qui a promis des représailles sous la forme de nouveaux exercices de blocage et d’encerclement de l’île.

La confiance de Lai envers Washington et sa défiance assumée envers Pékin est visible dans cette visite qui est toujours présentée comme une simple escale pour ne pas froisser la Chine continentale. Il est cependant difficile de parler d’escale pour ce « transit » de deux jours à Hawaï, qui inclut notamment des visites au musée Bishop, à l’Agence de gestion des urgences d’Hawaï et au mémorial de l’USS Arizona à Pearl Harbor, selon le programme officiel.

D’autant qu’elle est suivie d’une deuxième « escale » sur territoire américain : puisque William Lai passera ensuite une nuit sur le territoire américain, cette fois-ci à Guam, d’où il visitera les alliés de Taïwan : les îles Marshall, Tuvalu et Palau.

C’est en effet l’objectif officiel de cette tournée de Lai du 30 novembre au 6 décembre : maintenir les relations diplomatiques avec ces alliés du Pacifique, aussi essentiels pour Taipei que pour Washington, dans la guerre d’influence avec la Chine dans cette région du monde.

Les îles Marshall, Tuvalu et Palau sont les seuls pays insulaires du Pacifique parmi les 12 pays restants à reconnaître Taïwan. Lai rencontrera la Présidente des Îles Marshall, Hilda Heine, le Premier ministre des Tuvalu, Feleti Teo et le Président des Palaos, Surangel Whipps Jr. Taipei veut donc s’assurer que les îles Marshall, Tuvalu et Palau défendent Taïwan au sein du Forum des îles du Pacifique, le principal rassemblement diplomatique de la région. Le Forum est l’une des rares plateformes multilatérales où Taïwan a une présence constante en tant que « partenaire de développement » au grand dam des diplomates chinois, qui jouent également un rôle dans le dialogue. Les îles Salomon, qui entretiennent des liens étroits avec la Chine, vont sans doute essayer de diminuer le rôle de Taïwan lorsqu’elles accueilleront la réunion des dirigeants l’année prochaine. L’idée pour Taipei est que les îles Marshall, Tuvalu et Palau aident à contrer ce risque.

Au cours de la dernière décennie, la Chine a utilisé des offres généreuses d’aide et d’investissement pour éloigner les derniers partenaires diplomatiques de Taïwan, en partie dans le but d’étouffer la reconnaissance diplomatique formelle de Taïwan (maintenue au sein de l’ONU à travers ces douze alliés restants). Cette prise par Pékin des alliés du Pacifique de Taïwan s’est accrue considérablement ces dernières années, depuis la première double présidence de Tsai Ing-wen en représailles contre le Parti démocrate progressiste (DPP) qui entend préserver l’autonomie de l’archipel formosan en garant de la constitution de la République de Chine fondée en 1911.

Ainsi, quelques jours après la victoire de M. Lai à l’élection présidentielle en janvier, la Chine avait annoncé avoir persuadé Nauru de transférer ses relations diplomatiques de Taipei à Pékin. En 2019, Kiribati et les Îles Salomon avaient troqué la reconnaissance diplomatique de la République de Chine pour celle de la République populaire. Cette semaine, le dirigeant chinois Xi Jinping a accueilli à Pékin la Première ministre des Samoa, présentant la Chine comme un ami fidèle des nations insulaires du Pacifique.

Du point de vue de ces pays, l’enjeu est à la fois politique et diplomatique et aussi et surtout économique et financier dans un contexte rendu préoccupant et urgent par le changement climatique et la montée des eaux mettant en danger l’existence même de leur territoire national.

Si Taïwan ne peut plus s’aligner sur la Chine en termes d’aides, de prêts et d’investissements, ceux-ci restent non négligeables et surtout le maintien des relations avec Taipei permet d’inclure le pays dans le réseau Indopacifique et AUKUS des alliances stratégiques. Les alliés diplomatiques de Taïwan dans le Pacifique peuvent bénéficier des liens étroits avec les États-Unis ou l’Australie : les îles Marshall et Palau bénéficient du soutien économique des États-Unis par le biais de ce que l’on appelle les « accords de libre association », et Tuvalu a signé l’année dernière un accord de grande envergure avec l’Australie.

Le voyage de Lai fait suite à l’approbation par les États-Unis du projet de vente à Taïwan de pièces détachées pour les F-16 et les systèmes radar, ainsi que d’équipements de communication, pour un montant total de 385 millions de $. Le ministère de la Défense de Taïwan a déclaré qu’il s’attendait à ce que les ventes « prennent effet » d’ici un mois et que l’équipement aidera à maintenir l’état de préparation de la flotte de F-16 et à « construire une force de défense crédible ». En outre, le mois dernier, les États-Unis avaient annoncé une vente potentielle d’armes de 2 milliards de $ à Taïwan, comprenant la livraison pour la première fois d’un système de missile de défense aérienne avancé, testé au combat en Ukraine.

Suite à ce déplacement de Lai dans le Pacifique, Taipei a été mis en état d’alerte élevé en prévision d’un éventuel exercice militaire de l’Armée Populaire de Libération (APL) chinoise. S’exprimant le 27 novembre devant l’Assemblée législative, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Lin Chia-lung, a déclaré que le gouvernement « n’excluait pas cette possibilité » étant donné que Pékin a réagi de cette manière par le passé lorsque des présidents taïwanais se sont rendus à l’étranger. Il a appelé Pékin à s’abstenir de tout acte excessif qui pourrait porter atteinte à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taiwan. Un vœu probablement pieux.

Par Jean-Yves Heurtebise


Automobile : Volkswagen quitte le Xinjiang
Volkswagen quitte le Xinjiang

C’est un départ qui semblait inéluctable. Face à la pression internationale et aux controverses entourant l’internement en « camps de rééducation » de plus d’un million de membres des minorités musulmanes du Xinjiang (essentiellement des Ouïghours), le géant automobile Volkswagen a finalement annoncé le 27 novembre, la vente de son site industriel en banlieue d’Urumqi, la capitale provinciale, ainsi que d’une piste d’essai à Turpan, dans le désert, à 240 kilomètres de là.

Il faut dire que la présence d’une ligne de production dans le « Far West » chinois était devenue difficile à justifier pour Volkswagen. Le groupe a été accusé d’avoir passé un accord avec la police locale prévoyant une « formation patriotique » et un « entraînement militaire » à des travailleurs de l’usine, mais aussi d’avoir commandité un audit externe concluant à une « absence de problèmes » sans avoir pu réaliser les inspections nécessaires sur le terrain…

Mais s’extirper du Xinjiang sans froisser les autorités n’est pas chose facile pour les groupes étrangers. Les autorités chinoises interprètent en effet leur présence dans la région comme une validation de leur campagne de répression et, à l’inverse, considèrent leur retrait comme une critique implicite. En 2021, la marque suédoise de fast-fashion, H&M, avait payé le prix fort (boycott des consommateurs, disparition des plateformes de e-commerce…) pour avoir décidé de cesser de se fournir en coton du Xinjiang.

Le chimiste allemand, BASF, s’en est mieux tiré lorsqu’il a annoncé en février dernier, son retrait de deux JV dans la région autonome – peut-être car le groupe venait d’annoncer quelques jours plus tôt un investissement record (10 milliards de $) dans une nouvelle usine dans le Guangdong…

De la même manière, Volkswagen et son partenaire SAIC, groupe automobile étatique de Shanghai, ont saisi l’occasion de l’annonce de la reconduction de leur coentreprise jusqu’en 2040 pour faire savoir que les sites du Xinjiang ont été vendus à un autre groupe public chinois dans le cadre d’un « réalignement stratégique ».

Cette vente est sûrement un soulagement pour le groupe automobile allemand qui va pouvoir se libérer des risques politiques que représentaient de tels sites, tout en réduisant ses capacités de production à une période où ses ventes en Chine ralentissent. Après tout, l’usine était à l’arrêt depuis déjà 5 ans… Signe des temps : depuis 2023, VW n’est plus le plus gros vendeur automobile du marché chinois, dépassé par son rival de Shenzhen, BYD.

Volkswagen n’est pas le seul dans ce cas. General Motors serait en discussion avec son partenaire, SAIC, pour la fermeture d’une ou plusieurs usines. Honda, allié avec GAC, est déjà passé à l’acte le mois dernier.

Selon un analyste d’UBS, si les constructeurs étrangers continuent ainsi de perdre des parts de marché, ils pourraient être contraints de réduire leurs capacités de production en Chine de 10 millions d’unités et perdre 20 milliards de $ chaque année.

L’heure est donc à l’introspection et au changement de stratégie s’ils veulent continuer d’exister sur le marché chinois. Pour beaucoup, cela passe par de nouveaux investissements en R&D dans l’Empire du Milieu et par la création de coentreprises avec des fabricants chinois de batteries et autres technologies associées. Car le verdict est implacable : des mots d’un commercial d’une concession automobile shanghaienne, « les constructeurs étrangers sont à ce stade incapables de développer des voitures électriques qui correspondent aux attentes des clients chinois ».


Vocabulaire de la semaine : « Feuilles blanches, inégalités, Volkswagen »
« Feuilles blanches, inégalités, Volkswagen »
  1. 白纸运动, báizhǐ yùndòng : mouvement des feuilles blanches
  2. 松绑, sōngbǎng : assouplissement (des restrictions)
  3. 打压, dǎyā : répression
  4. 示威者, shìwēizhě : manifestants
  5. 抗议, kàngyì (HSK 6) : protestation
  6. 变革, biàn gé (HSK 7) : réforme, changement
  7. 深层, shēn céng : profond (niveau, profondeur)
  8. 矛盾, máodùn (HSK 5) : contradiction
  9. 延续, yánxù (HSK 4) : continuer, persister
  10. 灾难, zāinàn (HSK 5) : catastrophe

2022年底,“白纸运动”随著防疫政策松绑、北京重手打压示威者而告终。两年过去,盡管这波抗议未能对中国社会带来重大变革,但现居德国的一位白纸亲历者告诉DW,中国内部深层的社会矛盾仍在延续,未来可能引爆一场“灾难”。

2022 Niándǐ,“bái zhǐ yùndòng” suízhe fángyì zhèngcè sōngbǎng, běijīng zhòng shǒu dǎyā shìwēi zhě ér gàozhōng. Liǎng nián guòqù, jǐnguǎn zhè bō kàngyì wèi néng duì zhōngguó shèhuì dài lái zhòngdà biàngé, dàn xiàn jū déguó de yī wèi bái zhǐ qīnlì zhě gàosù DW, zhōngguó nèibù shēncéng de shèhuì máodùn réng zài yánxù, wèilái kěnéng yǐnbào yī chǎng “zāinàn”.

À la fin de l’année 2022, le « Mouvement des feuilles blanches » a pris fin avec l’assouplissement des mesures de contrôle du Covid-19 et la répression violente des manifestants par Pékin. Deux ans plus tard, bien que cette vague de protestations n’ait pas entraîné de changements sociaux significatifs en Chine, un participant, actuellement en Allemagne, a déclaré que les contradictions sociales profondes perdurent en Chine et pourraient potentiellement déclencher une « catastrophe » à l’avenir.

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  1. 性别, xìngbié (HSK 3) : genre, sexe
  2. 不平等, bùpíngděng : inégalités
  3. 议题, yìtí (HSK 6) : sujet, question
  4. 卫生巾, wèishēngjīn : serviette hygiénique
  5. 质量, zhìliàng (HSK 4) : qualité
  6. 低劣, dīliè : médiocre, de mauvaise qualité
  7. 共鸣, gòngmíng (HSK 7) : résonance, écho
  8. 制造, zhìzào (HSK 3) : fabriquer
  9. 追究, zhuījiū (HSK 6) : enquêter, rechercher
  10. 责任, zé rèn (HSK 3): responsabilité

有关性别不平等议题在中国互联网上正变得日益普遍。近几周来,关于卫生巾质量低劣的讨论引发女性共鸣,越来越多女性要求对卫生巾制造商和政府监管部门追究责任

Yǒuguān xìngbié bù píngděng de yìtí zài zhōngguó hùliánwǎng shàng zhèng biàn dé rìyì pǔbiàn. Jìn jǐ zhōu lái, guānyú wèishēng jīn zhìliàng dīliè de tǎolùn yǐnfā nǚxìng gòngmíng, yuè lái yuè duō nǚxìng yāoqiú duì wèishēng jīn zhìzào shāng hé zhèngfǔ jiānguǎn bùmén zhuījiù zérèn.

Les discussions sur les inégalités entre les sexes deviennent de plus en plus fréquentes sur Internet en Chine. Ces dernières semaines, des débats sur la mauvaise qualité des serviettes hygiéniques ont trouvé un écho auprès des femmes, un nombre croissant exigeant que les fabricants de serviettes hygiéniques et les régulateurs gouvernementaux soient tenus pour responsables.

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  1. 否认, fǒu rèn (HSK 3) : nier
  2. 实施, shíshī (HSK 4) : appliquer, mettre en œuvre
  3. 强迫劳动, qiángpò láodòng : travail forcé
  4. 撤离, chè lí (HSK 6) : se retirer, évacuer
  5. 新疆, Xīnjiāng : Xinjiang
  6. 大众汽车, dàzhòng qìchē : Volkswagen
  7. 出于, chūyú (HSK 5) : en raison de
  8. 出售, chūshòu (HSK 4) : vendre
  9. 工厂, gōngchǎng (HSK 3) : usine
  10. 测试跑道, cèshì pǎodào : piste d’essai

多年来,一直否认中国政府在新疆实施强迫劳动的德国大众汽车终于决定撤离新疆大众汽车周三宣布:出于“经济原因”出售其在东突厥斯坦的工厂测试跑道

Duōnián lái, yīzhí fǒurèn zhōngguó zhèngfǔ zài xīnjiāng shíshī qiǎngpò láodòng de déguó dàzhòng qìchē zhōngyújuédìng chèlí xīnjiāng. Dàzhòng qìchē zhōusān xuānbù: Chū yú “jīngjì yuányīn” chūshòu qí zài dōng tūjué sītǎn de gōngchǎng hé cèshì pǎodào.

L’allemand Volkswagen, qui nie depuis de nombreuses années que le gouvernement chinois applique le travail forcé au Xinjiang, a finalement décidé de se retirer du Xinjiang. Volkswagen a annoncé mercredi qu’il vendait son usine et sa piste d’essai pour des « raisons économiques ».


Petit Peuple : Qilang (Chongqing) – La bergère mélomane (2ème partie)
Qilang (Chongqing) – La bergère mélomane (2ème partie)

Résumé de la 1ère partie : Qin Feng, 26 ans, quitte Chongqing pour la montagne, et troque son métier de pianiste pour celui de bergère.

En 2012 à Qilang, sur les hauteurs de Yongquan, Qin Feng décidait de rentrer au berceau familial. Née en 1990 dans ce village, elle y avait passé son enfance dans des conditions spartiates. Faute de pouvoir manier la charrue, son père manchot gagnait sa vie en élevant son troupeau de chèvres. Ce qui n’avait empêché la petite, à l’école, de manifester un goût pour les études, surtout pour la musique. La maitresse l’avait prise sous son aile, la mettant au piano et au solfège. A 16 ans, elle entrait à l’Université des Arts et des Sciences de Chongqing. Cette année-là (2006), sa mère, se mourant d’un mal trop longtemps négligé, faisait jurer à son mari de tout sacrifier pour la carrière de Qin Feng. Ainsi, se saignant aux quatre veines, le père régla les 6 000 yuans d’écolage par an, durant les quatre années du cursus.

Diplômée professeur en 2010, plutôt que de briguer une place en collège, Qin Feng décida de se mettre à son compte et d’enseigner le piano à une bourgeoisie anxieuse d’offrir à ses rejetons un vernis musical, preuve ultime d’appartenance au gratin social. 

Pour séduire cette clientèle, Qin dut faire des frais : 1 000 yuans par mois, un petit pactole pour la région, pour le loyer d’une petite salle de classe qui présentait bien. Au bout de 3 mois toutefois, elle pouvait se rassurer : 12 élèves occupaient tout son temps, l’assurant d’un revenu décent, de quelques loisirs même, le soir ou le week-end. 

Deux ans passèrent, jusqu’au jour où en visite à Qilang, Qin Feng découvrit aux traits émaciés de son père, ce qu’il cachait depuis longtemps : le départ de sa fille, le trépas de sa femme l’avaient traumatisé, « seul face à ses peines et ses misères » (líng dīng gū kǔ, 伶仃孤苦), il s’était mis à boire. Chaque soir, il allait à l’épicerie, dont il rapportait en guise de dîner deux (parfois trois) flasques d’« erguotou », tord-boyaux national. 

Douleurs abdominales, suées et pertes de poids avaient débuté dès 2011, symptômes qu’il avait décidé d’ignorer. Et quand 30 jours plus tôt il s’était enfin décidé à aller consulter à l’hôpital, les médecins, après une série dense d’examens, n’avaient pu que lui donner « trois à six mois » à vivre, lui conseillant de mettre ses affaires en ordre avant l’issue fatale.  Suite à ces révélations, le père tendit à Qin Feng une enveloppe épaisse de billets roses, 30 000 yuans – l’argent du troupeau, qu’il venait de vendre. Il venait aussi d’arranger son mariage avec Li Zhenqiao, fils d’une vieille connaissance, sous les drapeaux. L’argent servirait à leur mise en ménage.

Qin Feng ne l’entendit pas de cette oreille. Pour la noce, d’accord- à la rigueur : en ce type d’affaire patrimoniale, en Chine rurale, les enfants n’ ont rien à dire. Mais son cancer, qui allait le soigner ? Et de quoi vivrait-il à présent ? Sans perdre un instant, sans vouloir l’écouter, elle repartit par le prochain bus. Le lendemain soir, elle était de retour à Qilang avec ses économies et tout son barda : elle lâchait tout pour s’occuper de lui. Elle commença par faire annuler la vente et récupéra les biquettes, puis entoura son père d’un tel dévouement qu’il survécut le double du temps prédit par les docteurs, ne rendant son dernier souffle qu’en février 2013. 

La suite, on a pu la lire au précédent numéro : son initiation naïve et volontaire aux arcanes de l’élevage des capridés, son bras de fer vainqueur avec l’épizootie.

Pourquoi avait-elle pris cette décision si lourde—d’aucuns diraient cruelle – de ne pas revenir, après les funérailles, à sa carrière artistique qu’elle aimait le plus au monde ? A ce jour, Qin Feng a encore du mal à répondre. Bien des facteurs concourent, tels la conscience d’appartenir à un clan, le rejet des lumières de la ville, après en avoir goûté paillettes et clinquant. Mais joue surtout l’harmonie avec la nature, l’exultation de maîtriser son destin et celui des bêtes confiées entre ses mains : de tout cela, Qin tirait une vie spirituelle autrement plus riche que la précédente entre asphalte et béton… 

Et puis il y eut la surprise des voisins. D’abord condescendants envers la fille de la ville, puis jaloux de sa réussite, ils avaient fini par l’adopter. Puisque ses chèvres étaient plus belles, plus fécondes et plus en chair (résultat de sa quête quotidienne vers l’excellence), ils étaient venus l’un après l’autre, à la nuit tombée, quémander le secret de sa réussite

Loin de leur fermer la porte, Qin Feng a partagé avec eux son savoir-faire : elle créa une coopérative, y mettant 100 000 yuans de ses gains. Le bureau local de l’agronomie a ajouté 30 000 yuans, peu de chose, mais qui implique un brevet de qualité, et a desserré les bourses, créant un effet boule de neige… 

Enfin dans ce concert de nouvelles positives, la musique vient tout naturellement prendre sa place : sur demande de parents du village de Qilang, Qin Feng vient de rouvrir une classe de piano, une heure par semaine, pour trois enfants pour l’instant—manière de dire que prospérité et beaux arts peuvent remonter jusqu’au plus petit village.

Par Eric Meyer

NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.

Ce « Petit Peuple » a été publié pour la première fois le 21 mai 2015 dans le Vent de la Chine – Numéro 20 (2015)


Rendez-vous : Semaines du 2 décembre 2024 au 26 janvier 2025
Semaines du 2 décembre 2024 au 26 janvier 2025

2 – 5 décembre, Shanghai : Automechanika Shanghai , Salon professionnel des pièces détachées et accessoires pour l’industrie automotive, des équipements pour garages et stations-services

5 – 7 décembre, Shanghai : EP Shanghai/ES Shanghai, Salon international des équipements et de la distribution électriques

11 – 13 décembre, Shanghai : Aquatech China, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées

12 – 14 décembre, Shenzhen : Connexion Shenzhen, Salon professionnel de la restauration et de l’hôtellerie

18 – 20 décembre, Shanghai : ARTS – International Advanced Rail Transit Technology Exhibition, Salon international des technologies avancées de transport ferroviaire

18 – 20 décembre, Shenzhen : CMEH – China International Medical Equipment Exhibition, Salon international des dispositifs médicaux

20 – 22 décembre, Shanghai : Cafeex Shanghai, Salon international du café, du thé et des boissons

10 – 12 janvier, Pékin : Alpitec, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver

10 – 12 janvier, Pékin : ISPO Beijing, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements