Le Vent de la Chine Numéro 37 (2023)

du 20 au 26 novembre 2023

Editorial : « If you’re going to San Francisco… »
« If you’re going to San Francisco… »

Oubliés les mots durs du sommet diplomatique d’Anchorage en 2021, enterrée la visite de Nancy Pelosi à Taïwan à l’été 2022, effacé l’épisode du ballon espion de mars dernier… A San Francisco, l’atmosphère de la rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping en marge du sommet annuel de l’APEC (15 au 17 novembre), était étonnamment détendue, à en croire les pouces levés de Biden et les sourires, d’ordinaire plutôt rares, de Xi.

D’après la Maison Blanche, la rencontre a donné lieu à de « véritables progrès ». En effet, les Américains ont obtenu satisfaction sur les deux sujets qu’ils avaient publiquement affichés comme prioritaires : la réouverture des canaux de communication entre les militaires des deux pays, ainsi que l’engagement de Pékin de lutter contre les exportations illégales de fentanyl, l’opioïde de synthèse qui a fait l’an dernier 100 000 de morts par overdose aux Etats-Unis.

Les deux hommes se sont également engagés à mener des discussions sur l’intelligence artificielle, augmenter la fréquence des liaisons aériennes entre leurs pays respectifs et à favoriser les échanges humains. En outre, un accord sur la reprise de la coopération sino-américaine sur le climat a été conclu juste à temps pour la COP 28 qui se tiendra à Dubaï à la fin du mois.

C’est la première fois depuis le G20 à Bali, en novembre 2022, que les deux hommes se parlent, Xi ayant préféré envoyer son Premier ministre, Li Qiang, lors du dernier G20 à Delhi. C’est aussi la première fois que le président chinois se rend aux États-Unis depuis 2017. L’accompagnaient durant ce déplacement : son fidèle chef de cabinet, Cai Qi ; le n°1 de la diplomatie chinoise, Wang Yi ; le vice-ministre des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu ; le ministre du Commerce, Wang Wentao ; le directeur de l’organe de planification de l’économie (NDRC), Zheng Shanjie ; et bien sûr, l’ambassadeur de la RPC à Washington, Xie Feng.

Si Joe Biden a obtenu plusieurs gestes de bonne volonté de la part de son homologue chinois, force est de constater que Xi Jinping, lui, repart plus ou moins les mains vides… Le Président américain n’a ni levé les barrières douanières érigées à l’époque de Donald Trump, ni assoupli les restrictions à l’exportation de semi-conducteurs vers la Chine. Lucide, Xi savait peut-être qu’à moins d’un an de l’élection présidentielle américaine qui s’annonce compliquée pour Joe Biden, il pouvait difficilement espérer mieux…

Pour le leader chinois, son tête-à-tête avec son homologue américain avait deux objectifs, qui relèvent davantage de la déclaration d’intention que de concessions tangibles du côté US : « stabiliser » (du moins jusqu’à la prochaine crise) les relations avec les Etats-Unis et rétablir la confiance des investisseurs étrangers.

Il suffit d’observer le virage à 180 degrés effectué par la propagande chinoise, présentant tout à coup les Etats-Unis, hier encore considéré comme l’ennemi n°1, comme un pays « ami », pour mieux comprendre les enjeux de cette visite pour Xi.

A l’international, il s’agissait de se présenter comme un leader responsable et coopératif, cherchant la coexistence pacifique avec les Etats-Unis malgré l’attitude confrontationnelle de Washington.

Au plan domestique, les médias d’Etat n’ont pas manqué de souligner l’hospitalité et le respect avec lesquels la partie américaine a accueilli Xi Jinping, manière de dépeindre Xi comme l’égal de Biden.

Le message-clé est le suivant : Xi est tout à fait capable de gérer la relation sino-US et c’est même lui qui donne le « la ». Qui aurait osé en douter ? La rumeur voudrait que certains anciens dirigeants du Parti se seraient risqués à réprimander Xi lors du dernier conclave de Beidaihe…

Quoi qu’il en soit, le Président chinois s’est montré nettement plus convaincant aux côtés de Biden que lors d’un dîner de gala (cf photo) rassemblant plusieurs dizaines de grands patrons américains (Tesla, Fedex, Boeing, Citigroup, Google, Apple, Pfizer…).

Dans son discours, Xi Jinping a fait l’éloge de l’amitié entre les peuples et a rappelé que la Chine est un pays au méga-marché d’1,4 milliard d’habitants dont la modernisation va profiter à tous. Des propos qui lui ont valu plusieurs « standing ovations » du public, qui semble n’avoir jamais cru une seule seconde au « découplage » économique un temps envisagé par le gouvernement américain.

Par contre, Xi n’a pas pipé mot sur la manière dont il compte revigorer l’économie chinoise ou inciter les entreprises étrangères à continuer d’investir. Car l’hémorragie a déjà commencé : au 3ème trimestre, la Chine vient d’enregistrer son tout premier déficit d’investissements directs étrangers (IDE).

Comme pour tenter de se rattraper, Xi a promis le lendemain, lors du CEO Summit de l’APEC, de réduire la liste noire des investissements, d’améliorer les conditions d’entrée et de séjour des étrangers et de supprimer les « goulots d’étranglements » dans le secteur de la finance, de la santé…

Mais rien qui ne puisse modifier radicalement le sentiment des firmes américaines à l’égard de la Chine, inquiètes du renforcement des contrôles au nom de la sécurité nationale et du durcissement engendré par la loi anti-espionnage.


Diplomatie : Le vent mauvais soufflant sur l’économie chinoise pousse Xi Jinping à San Francisco
Le vent mauvais soufflant sur l’économie chinoise pousse Xi Jinping à San Francisco

Tous les regards étaient tournés la semaine passée vers la rencontre entre le dirigeant chinois Xi Jinping et le président américain Joe Biden à San Francisco en marge du sommet de l’APEC , forum intergouvernemental qui promeut le libre-échange entre 21 économies membres de la ceinture du Pacifique . Basée à Singapour, l’APEC est l’un des plus anciens forums de la région Asie-Pacifique et exerce une influence mondiale. La présence de Xi Jinping à ce sommet est si l’on veut un succès pour les Etats-Unis au niveau diplomatique mais marque aussi un besoin pour la Chine de se replacer au centre du jeu économique au moment où les signaux négatifs s’accumulent.

La principale nouvelle économique de la semaine est que la Chine a enregistré un déficit de 11,8 milliards de $ d’investissements étrangers (IDE) au cours des trois mois se terminant fin septembre. Avec plus de retraits que de nouveaux investissements pour la construction d’usines ou autres, c’est la première fois depuis 1998 que les IDE sont négatifs.

Simplement dit, cela signifie que les entreprises étrangères ne réinvestissent pas leurs bénéfices en Chine, mais qu’elles retirent plutôt l’argent du pays. Les sorties d’investissements directs étrangers reflètent la forte détérioration des perspectives économiques du pays. Dans une enquête réalisée en septembre auprès des entreprises membres de la Chambre japonaise de commerce et d’industrie en Chine, près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’investiraient pas du tout en Chine en 2023 ou moins qu’en 2022. En effet, le ralentissement de l’économie et la lutte avec les États-Unis à la fois géopolitique (Ukraine, Palestine, Philippines, etc.) et technologique ont suscité des doutes quant au potentiel économique de la deuxième économie mondiale qui continue de faire face à une détérioration de la confiance des consommateurs et des entreprises, ainsi qu’à des tendances persistantes au découplage.

La crise du Covid et les mesures de confinement zéro ont provoqué des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Apple a ainsi diversifié sa chaîne d’approvisionnement en délocalisant une partie de sa production en Inde. Selon Nick Marro, du cabinet britannique The Economist Intelligence Unit, davantage d’entreprises ont répondu aux appels à la « diversification », alors que les tensions entre la Chine et les États-Unis se sont accrues avec de nouvelles restrictions à l’exportation sur les matières premières et la technologie nécessaires à la fabrication de puces avancées. Si l’on examine les investissements étrangers dans le domaine des semi-conducteurs par destination, la part de la Chine est déjà tombée de 48 % en 2018 à 1 % en 2022, selon le cabinet de recherche américain Rhodium Group. En revanche, la part des États-Unis est passée de zéro à 37 %. La part combinée de l’Inde, de Singapour et de la Malaisie est passée de 10 % à 38 %.

En outre, alors que la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne, ont augmenté leurs taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, les décideurs politiques chinois ont réduit le coût des emprunts pour soutenir l’économie et le secteur immobilier en difficulté. Dans ce contexte, le yuan s’est déprécié de plus de 5 % par rapport au dollar et à l’euro. Ainsi, plutôt que de réinvestir les bénéfices chinois dans le pays, les entreprises qui disposent de liquidités et de revenus excédentaires en Chine transfèrent ces fonds à l’étranger, pour obtenir un retour sur investissement plus élevé par rapport aux investissements en Chine. En effet, le coût plus élevé des emprunts, qui promet des rendements plus élevés, attire les capitaux étrangers. Les avoirs des investisseurs institutionnels étrangers en obligations sur le marché interbancaire chinois sont passés d’un record de 4 000 milliards de yuans en 2021 à 3 190 milliards de yuans fin septembre.

Ce ralentissement a des répercussions dans le monde entier. On sait que la Chine a noué des liens économiques profonds avec les pays d’Afrique subsaharienne au cours des 20 dernières années, ce qui en fait le plus grand partenaire commercial de la région. La Chine achète un cinquième des exportations de la région – métaux, minéraux et carburants – et fournit la plupart des produits manufacturés et des machines importés par les pays africains. C’est pourquoi tout ralentissement chinois a une répercussion directe sur l’Afrique. Des spécialistes ont ainsi calculé qu’une baisse d’un point de pourcentage du taux de croissance chinoise peut réduire la croissance moyenne de la région d’environ 0,25 point de pourcentage. Pour les exportateurs de pétrole, comme l’Angola et le Nigeria, la perte pourrait être de 0,5 point de pourcentage en moyenne. Le ralentissement de l’économie chinoise se répercute aussi sur les prêts souverains à l’Afrique subsaharienne, tombés en dessous de 1 milliard de $ l’année dernière, soit le niveau le plus bas depuis près de deux décennies. Autrement dit, quand les IDE sont à leur plus bas en Chine, les prêts chinois au reste du monde sont aussi touchés, avec le risque élevé de perte d’influence géopolitique qui s’ensuit – ce qui pour Pékin est sans doute le plus préoccupant.

L’escalade des tensions avec les États-Unis est souvent citée comme l’une des raisons du déclin des investissements étrangers. Dans une enquête menée l’automne dernier par la Chambre de commerce américaine en République populaire de Chine, 66 % des membres interrogés ont cité les tensions bilatérales croissantes comme un défi commercial en Chine. Sans préjuger des autres discussions en cours, c’est là sans doute la principale raison de la présence de Xi Jinping à l’APEC. Malgré sa diatribe anti-occidentale constante et l’exacerbation de sa logique identitaire, la Chine est rappelée au principe de réalité et celui-ci, nolens volens, passe par Washington et San Francisco.

Par Jean-Yves Heurtebise


Taiwan : L’opposition taïwanaise rebat les cartes de la présidentielle
L’opposition taïwanaise rebat les cartes de la présidentielle

Voilà deux nouvelles qui pourraient bien changer la donne des prochaines élections présidentielles taïwanaises qui auront lieu le 13 janvier 2024. Il s’agira de la huitième élection directe du président et du vice-président, ces postes ayant été élus au suffrage indirect par l’Assemblée nationale jusqu’en 1996. La présidente sortante Tsai Ing-wen du Parti démocratique progressiste (DPP), réélue en 2020, n’est pas éligible pour briguer un troisième mandat.

Jusqu’à très récemment, la victoire semblait promise à son vice-président William Lai, nommé candidat du DPP en mars 2023. Non seulement, celui-ci n’a cessé de mener la course en tête dans les sondages de juin à novembre avec une constance remarquable tout au long de 2023, mais plus encore cette avancée s’était transformée en une sorte d’intériorisation de la victoire comme prévisible et attendue par 55% des Taïwanais.

Face à lui, se dressent trois hommes : le premier est le maire de New Taipei, Hou You-yi, qui a été choisi pour représenter le Kuomintang (KMT) en mai 2023. Le second est Ko Wen-je, le candidat du Parti populaire de Taiwan (TPP), un parti politique « centriste » créé le 6 août 2019 par l’ancien maire de Taipei. Le TPP se considère comme un tiers alternatif au DPP et au KMT : « ni vert, ni bleu ».

Enfin, le fondateur de Foxconn, Terry Gou, a déclaré sa propre candidature en septembre dernier. L’homme d’affaires vient de l’officialiser en faisant valider auprès de la Commission électorale centrale (CEC) les signatures qu’il avait recueillies pour se présenter comme candidat indépendant. Pour Gou et sa colistière, la chanteuse et comédienne Tammy Lai, il fallait au moins 289 667 signatures, soit 1,5 % de tous les électeurs éligibles, pour être inscrits sur les bulletins de vote. Ils en ont obtenu presque cinq fois plus : 1 038 031 signatures dont 902 389 ont été validées.

Le bureau de campagne de Gou a remercié le personnel de la CEC et tous ceux qui ont soutenu la campagne de signature, affirmant que Gou aurait pour objectif d’instaurer la paix entre les deux rives du détroit, ainsi que la prospérité et un gouvernement « propre », s’il remporte les élections.

Cette officialisation de la candidature de Terry Gou signifie donc une campagne encore plus éparpillée et une offre dans l’opposition encore plus éclatée, ce qui a priori ne pourrait que favoriser William Lai. En effet, les trois candidats, Hou, Ko et Gou partagent tous une ligne claire d’opposition au DPP de Tsai Ing-wen et William Lai. A moins que cette officialisation ne soit pour Terry Gou la condition afin de pouvoir rendre sa position d’autant plus stratégique et donc pouvoir négocier au plus fort, son retrait ou son alliance possible… Après tout, Terry Gou est un homme d’affaires et la fonction politique est pour lui aussi une affaire commerciale. Fin octobre, les bureaux de Foxconn en Chine ont été perquisitionnés par les autorités, ce qui avait été interprété comme une tentative indirecte de Pékin de s’ingérer dans la campagne présidentielle taïwanaise, en poussant Terry Gou à retirer sa candidature et ainsi rediriger ses soutiens vers le KMT.

Mais, il y a une autre nouvelle qui est beaucoup plus importante et qui pourrait changer la face des élections. Les représentants du Parti nationaliste chinois (KMT) et du Parti populaire de Taïwan (TPP) se sont réunis le 15 novembre 2023 à la Fondation Ma Ying-jeou à Taipei pour négocier leur candidature commune pour la course présidentielle.  Cette réunion à huis clos entre le maire de la ville de New Taipei et candidat du KMT, Hou You-yi, le président du KMT Eric Chu et le président et candidat du TPP, Ko Wen-je, a statué sur la question de savoir qui représentera l’opposition lors du scrutin présidentiel de janvier : Hou ou bien Ko. A l’issue de la réunion, les participants ont déclaré qu’ils avaient convenu d’utiliser les résultats du sondage comme base de leur décision, scellant ainsi leur alliance. Les partis se trouvaient auparavant dans une impasse sur la manière de former une coalition, le KMT étant favorable à des primaires ouvertes et le TPP privilégiant les sondages d’opinion. Ils ont également convenu de former un gouvernement de coalition s’ils sont élus, avec des ministres (autres que ceux de la défense nationale, des affaires étrangères et des affaires inter-détroit choisis par le président) choisis en fonction de la proportion de législateurs de chaque parti.

Après la réunion, Ma Ying-jeou a déclaré aux journalistes que les deux parties ont conclu « un accord de coopération, créant un précédent inédit dans l’histoire politique de Taïwan ». Effectivement, une coalition inter-parti n’a jamais vu le jour lors d’élections présidentielles. Le fait que ce soit l’ancien président Ma Ying-jeou qui a servi de force motrice pour pousser à ce rapprochement, montre le caractère « bleu » de cette coalition.

Alors que Ko Wen-je n’a cessé de promouvoir son parti sur la base d’un « ni, ni » de type « centriste », à savoir ni DPP ni KMT, la poignée de main entre Ko et Hou (et Chu) sous la pression de Ma aurait pour conséquence de montrer que le TPP est  dans l’orbite du KMT et qu’il est prêt à compromettre certaines de ses valeurs et à faire taire certaines de ses critiques envers le KMT pour pouvoir remporter la présidence. De ce point de vue, le TPP pourrait apparaître comme un cheval de Troie du KMT. La possibilité de gagner la présidentielle se ferait donc au prix de la perte de son identité politique.

De plus, la personnalité explosive de Ko ne préjuge pas de la viabilité ou durabilité de l’accord qui, de fait, à la date du 18 novembre, semble sur le point de capoter à cause d’un désaccord sur la manière de fixer la tête de liste en fonction des sondages et de leurs marges d’erreur.

Voilà qui pourrait rassurer le DPP qui, pour la première fois depuis le début de la campagne, était sur la défensive. En effet, les sondages donnaient le couple Ko/Hou gagnant que ce soit avec Ko en leader (victoire plus nette : 48 contre 39) ou bien Hou (46 contre 41). Le DPP va vite devoir trouver la parade s’il ne veut pas dépendre des erreurs stratégiques et des guerres d’égo de ses adversaires. Pékin, on s’en doute, suit l’affaire de très près.

Par Jean-Yves Heurtebise


Vocabulaire de la semaine : « Energie renouvelable, un long fleuve tranquille, panda géant »
« Energie renouvelable, un long fleuve tranquille, panda géant »
  1. 全球变暖, quánqiúbiànnuǎn : réchauffement climatique
  2. 增加, zēngjiā (HSK 4) : augmenter
  3. 风能, fēngnéng : énergie éolienne
  4. 太阳能, tàiyángnéng : énergie solaire
  5. 可再生能源, kě zàishēng néngyuán : énergie renouvelable
  6. 逐步, zhúbù (HSK 5) : progressivement
  7. 取代, qǔdài : remplacer
  8. 化石燃料, huàshí ránliào : énergies fossiles
  9. 温室气体, wēnshì qìtǐ : gaz à effet de serre
  10. 排放, páifàng (HSK 6) : émissions

美中两国已同意共同应对全球变暖问题,将通过增加风能太阳能和其他可再生能源的使用,来逐步取代化石燃料。美中是世界上两个最大的温室气体排放国. 中国没有在声明中承诺逐步减少煤炭的使用(中国大量使用这种最脏的化石燃料),也没有承诺停止批准和建设新的燃煤发电厂。

Měi zhōng liǎng guó yǐ tóngyì gòngtóng yìngduì quánqiú biàn nuǎn wèntí, jiāng tōngguò zēngjiā fēngnéng, tàiyángnéng hé qítā kě zàishēng néngyuán de shǐyòng, lái zhúbù qǔdài huàshí ránliào. Měi zhōng shì shìjiè shàng liǎng gè zuìdà de wēnshì qìtǐ páifàng guó. Zhōngguó méiyǒu zài shēngmíng zhōng chéngnuò zhúbù jiǎnshǎo méitàn de shǐyòng (zhōngguó dàliàng shǐyòng zhè zhǒng zuì zàng de huàshí ránliào), yě méiyǒu chéngnuòtíngzhǐ pīzhǔn hé jiànshè xīn de rán méi fādiàn chǎng.

Les États-Unis et la Chine ont convenu de lutter conjointement contre le réchauffement climatique. Ils prévoient de remplacer progressivement les combustibles fossiles en augmentant l’utilisation de l’énergie éolienne, solaire et d’autres sources d’énergie renouvelable. Les États-Unis et la Chine sont les deux plus grands émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre. La Chine n’a pas promis dans sa déclaration de réduire progressivement l’utilisation du charbon (une source d’énergie fossile extrêmement polluante), ni de cesser d’approuver et de construire de nouvelles centrales au charbon.

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  1. 一帆风顺, yī fān fēng shùn : sans accroc, un long fleuve tranquille (litt. Un vent propice tout au long du chemin)
  2. 打交道, dǎ jiāodào : faire affaire
  3. 对抗, duìkàng (HSK 6) : confrontation
  4. 地球, dìqiú (HSK 4) – la planète, la Terre
  5. 容得下, róng dé xià : capable d’accueillir
  6. 强调, qiángdiào (HSK 5) : souligner, mettre l’accent sur
  7. 成功, chénggōng (HSK 4) : succès
  8. 彼此, bǐcǐ (HSK 5) : réciproque, l’un l’autre
  9. 机遇, jīyù : opportunité
  10. 冲突, chōngtū (HSK 6) : conflit

习近平表示, »中美关系不是一直一帆风顺,但两国不可以不打交道对抗也不切实际 »,习近平说: »地球容得下中美两国 »,并强调« 各自的成功都是彼此机遇« 。拜登表示很高兴再次与习近平见面,指他们的会晤一直是坦诚、直接和有益,而最重要的是大家彼此清楚了解,美中必须确保竞争不会导致冲突

Xíjìnpíng biǎoshì, »zhōng měi guānxì bùshì yīzhí yīfānfēngshùn, dàn liǎng guó bù kěyǐ bù dǎjiāodào, duìkàng yě bùqiè shíjì », xíjìnpíng shuō: »Dìqiú róng dé xià zhōng měi liǎng guó », bìng qiángdiào »gèzì de chénggōng dōu shì bǐcǐde jīyù ». Bài dēng biǎoshì hěn gāoxìng zàicì yǔ xíjìnpíng jiànmiàn, zhǐ tāmen de huìwù yīzhí shì tǎnchéng, zhíjiēhé yǒuyì, ér zuì zhòngyào de shì dàjiā bǐcǐ qīngchǔ liǎojiě, měi zhōng bìxū quèbǎo jìngzhēng bù huì dǎozhìchōngtú.

Xi Jinping a déclaré : « Les relations sino-américaines n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille, mais les deux pays ne peuvent pas ne pas faire affaire, la confrontation n’est pas réaliste. » Xi Jinping a ajouté : « La planète peut accueillir la Chine et les États-Unis, » et a souligné que « le succès respectif de chacun est une opportunité pour l’autre. » Joe Biden a exprimé sa satisfaction de rencontrer à nouveau Xi Jinping, soulignant que leurs rencontres ont toujours été franches, directes et bénéfiques, et surtout, que chacun comprend clairement que les États-Unis et la Chine doivent s’assurer que la compétition ne conduit pas à un conflit.

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  1. 大熊猫, dàxióngmāo : panda géant
  2. 动物园, dòngwùyuán : zoo
  3. 似乎, sìhū (HSK 5) : sembler, apparemment
  4. 双边, shuāngbiān : bilatéral
  5. 稳定, wěndìng (HSK 5) : stable
  6. 标志, biāozhì (HSK 5) : symbole, signe
  7. 皮毛, pímáo : fourrure
  8. 合作, hézuò (HSK 5) : coopération
  9. 象征, xiàngzhēng (HSK 5) : emblème, symbole
  10. 使者, shǐzhě: messager

近年来,大熊猫不断从美国动物园送回中国,似乎双边关系不稳定的一个明显标志,就像熊猫背上黑白分明的皮毛一样清楚。突然之间,有关大熊猫的话题又作为潜在合作象征重新出现,中国领导人关于大熊猫温暖而友善的说法让人们再度憧憬中国政府将向美国送一批新的大熊猫,习近平称大熊猫“是中美人民的友谊使者”。

Jìnnián lái, dà xióngmāo bùduàn cóng měiguó dòngwùyuán sòng huí zhōngguó, sìhū shì shuāngbiān guānxì bùwěndìng de yīgè míngxiǎn biāozhì, jiù xiàng xióngmāo bèi shàng hēibái fēnmíng de pímáo yīyàng qīngchǔ. Túrán zhī jiān, yǒuguān dà xióngmāo de huàtí yòu zuòwéi qiánzài hézuò de xiàngzhēng chóngxīn chūxiàn, zhōngguólǐngdǎo rén guānyú dà xióngmāo wēnnuǎn ér yǒushàn de shuōfǎ ràng rénmen zàidù chōngjǐng zhōngguózhèngfǔ jiāng xiàng měiguó sòng yī pī xīn de dà xióngmāo, xíjìnpíng chēng dà xióngmāo “shì zhōng měi rénmín de yǒuyì shǐzhě”.

Ces dernières années, les pandas géants ont été régulièrement retournés à la Chine par les zoos américains, semblant être un signe évident d’une relation bilatérale instable, aussi clair que la fourrure noire et blanche distincte sur le dos des pandas. Soudainement, le sujet des pandas géants réapparaît en tant que symbole de coopération potentielle. Les déclarations chaleureuses et amicales des dirigeants chinois sur les pandas géants laissent entrevoir une fois de plus que le gouvernement chinois envisage d’envoyer une nouvelle cargaison de pandas géants aux États-Unis. Xi Jinping a qualifié les pandas géants de « messagers de l’amitié entre les peuples chinois et américains ».


Petit Peuple : Qingdao (Shandong) – Yang Haojie : un poste à vie
Qingdao (Shandong) – Yang Haojie : un poste à vie

« Pendant cinq jours, préfet de la capitale (五日京兆, wǔ rì jīng zhào – rester peu de temps en poste) et te voilà déjà de retour ! » C’est en ces termes que la vieille grand-mère Zheng, férue de proverbes rares,  avait salué Yang Haojie quand celui-ci était enfin sorti de sa chambre après presque une semaine cloîtré chez sa grand-mère. Son licenciement avait été dur à avaler. Fils unique d’un père parti de rien qui avait fait fortune dans l’immobilier commercial, fierté du village natal situé à une vingtaine de kilomètres de Qingdao et qui vivait désormais dans un magnifique appartement en plein centre de la première ville économique de la province du Shandong, Yang Haojie avait eu à cœur de mériter la fierté paternelle.

Brillant élève, score de 615/600 au gaokao (高考, gāokǎo – le baccalauréat chinois) qui lui avait permis d’étudier à l’université du Zhejiang à Hangzhou puis d’être embauché, à peine diplômé, chez le géant Alibaba. Un parcours sans faute qui s’était brisé fin 2022, après moins de deux ans à son poste. Licenciement. Il n’était pas le seul, près de 20 000 employés prenaient la porte avec lui cette même année. Mais pour Yang Haojie, le coup fut sévère. Épuisé, en pleine dépression, il était revenu à Qingdao, n’avait très vite plus supporté l’impatience de son père : un emploi vite, ne pas perdre la face, dans l’immobilier pourquoi pas ?! Il avait des contacts, c’était l’affaire de quelques jours ! Yang Haojie avait trouvé refuge chez sa grand-mère au village, dans la vieille maison familiale qu’elle refusait de rénover et de quitter. Sur le seuil de leurs portes ou assis sur des chaises pliantes dans la rue, la vieille génération qui avait vu Haojie grandir saluait son retour d’un hochement de tête entendu – ces jeunes qui restaient si peu de temps en poste ! – aux anges pourtant de l’animation que sa présence offrait.

Sans la présence de sa mère qui, aux jours de fête et de réunions familiales, gérait toute l’intendance, Yang Haojie s’est vite aperçu que sa grand-mère Yang avait vieilli. Elle ne retrouvait pas ses épices dans le capharnaüm qu’était devenu le coin cuisine, laissait une casserole sur le feu sans surveillance, des ampoules grillées attendaient d’être remplacées, la douche n’était pas aussi propre qu’avant, la cour aurait besoin d’un bon coup de balai et le petit potager à l’arrière de la maison semblait laissé à l’abandon. Les parents de Haojie avaient plusieurs fois demandé à la vieille dame de venir habiter avec eux à Qingdao mais elle refusait de quitter sa maison et se gardait bien de demander de l’aide à son fils, de peur d’être forcée à déménager. Haojie n’a rien dit mais il s’est retroussé les manches.

Très vite, des voisins, d’autres petits vieux se sont mis à le héler dans la rue pour de menus services : réparer une porte, déboucher un évier, faire des courses, monter un placard, payer des factures, emmener en voiture pour un rendez-vous à l’hôpital, couper des cheveux et même des ongles. Derrière les portes closes, il a découvert une misère et une solitude dont il n’avait pas idée. Des douleurs tues, des handicaps qui limitent, des renoncements qui réduisent l’espace de vie. Les enfants travaillent loin, il ne faut pas les déranger.

Selon les derniers chiffres, 267 millions de Chinois ont plus de 60 ans, c’est-à-dire 19% de la population. À peu près la moitié de ces personnes âgées vivent dans des « nids vides », des maisons où les enfants sont partis vivre en ville, loin. Ce pourcentage atteint 70% dans les zones rurales. Pas de maisons de retraite en vue ou alors hors du budget familial. Les enfants envoient de l’argent mais ne peuvent remplacer le corps défaillant.

Yang Haojie n’a pas de problème d’argent et du temps à revendre. Il a installé son numéro de portable sur la touche 1 du téléphone de sa grand-mère afin qu’elle puisse le joindre en cas d’urgence. Et puis, à leur demande, il a fait la même chose pour grand-mère Zheng, le vieux Huo, et 16 autres voisins plus ou moins proches de sa grand-mère. Il a acheté une camionnette, recruté des volontaires à Qingdao, organisé les tournées, élargi son champ d’action.

Son association d’aide à domicile bénévole, financée par le groupe immobilier de son père en sous-main, séduit et rassure les familles. Trois jours par semaine, il fait sa tournée, accueilli par des sourires et des exclamations de joie. Il y a quelques jours, il organisait l’anniversaire de grand-mère Zheng chez elle, avec des voisins, une table bien garnie et quelques bouteilles. Des larmes coulaient sur les joues ridées de la vieille femme, alors il lui a dit en riant : « Grand-mère Zheng, grâce à toi, grâce à vous tous, je me sens utile et j’ai enfin trouvé un poste à vie ! »

NDLR : Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article s’inspire de l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors de l’ordinaire, inspirée de faits rééls.

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 20 novembre au 31 décembre
Semaines du 20 novembre au 31 décembre

17 – 26 novembre, Canton : Auto Guangzhou, Salon international de l’automobile

19 – 23 novembre, Shanghai : ITMA ASIA + CITME, Salon international du textile et des machines textiles

22-24 novembre, Shanghai : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique

22-24 novembre, Shanghai : Shanghai Airshow, Salon international de l’aviation

22-24 novembre, Shanghai : SWOP, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage

29 novembre – 1er décembre, Shanghai : MTM, Salon international consacré aux technologies des tubes et tuyaux

5 – 7 décembre, Canton : PharmChina, Salon international de l’industrie pharmaceutique et de la santé

5 – 7 décembre, Canton : NFBE – Natural Food And Beverage Expo, Salon international des aliments naturels et des boissons santé

5 – 8 décembre, Shanghai : Labelexpo Asia, Salon international de l’industrie de l’impression et de l’emballage

5 – 8 décembre, Shanghai : Marintec, Salon international et conférence sur l’industrie maritime

17 – 19 décembre, Shanghai : China Wedding Expo, Salon du mariage

17 – 19 décembre, Shanghai : Photo & Imaging, Salon chinois de la photo et de l’image numériques