Le Vent de la Chine Numéro 35 (2024)

du 19 au 25 novembre 2024

Editorial : La Chine ou l’impossibilité du deuil
La Chine ou l’impossibilité du deuil

Drame à Zhuhai (Guangdong), le 11 novembre : à la veille de l’ouverture du fameux salon aéronautique qui a lieu chaque année dans cette ville de 2,5 millions d’habitants, située près de Macao, un automobiliste a foncé avec son SUV sur la foule amassée devant un complexe sportif, tuant 35 personnes et en blessant grièvement 43 autres, selon les chiffres officiels. Il s’agit de l’un des attentats les plus meurtriers de l’histoire contemporaine de la Chine. La police a indiqué que le conducteur de 62 ans, du nom de Fan, avait été arrêté et hospitalisé pour des blessures qu’il se serait lui-même infligées au cou et sur d’autres parties du corps à l’aide d’un couteau. Le mobile de la tuerie serait d’ordre personnel : Fan aurait été « contrarié » par le partage des biens dans le cadre de son divorce.

Cette attaque à la voiture-bélier s’inscrit dans une série rapprochée d’événements similaires, ce qui reste surprenant et un peu inquiétant pour un pays aussi totalement et sévèrement contrôlé que la Chine et dont le budget en matière de sécurité publique est plus élevé que celui alloué à l’armée. En octobre, une attaque au couteau dans une grande école de Pékin a fait cinq blessés, tandis qu’en septembre, un homme a poignardé à mort trois personnes dans un supermarché de Shanghai, en blessant plusieurs autres… En septembre également, un étudiant japonais de 10 ans est décédé à Shenzhen après avoir été poignardé près de son école, les établissements scolaires étant souvent pris pour cible en Chine par des individus « cherchant à se venger de la société ». Voilà qui explique l’allure de bunker de bon nombre de maternelles.

Sous cette perspective, l’attaque de Zhuhai est-elle à considérer comme un énième fait divers ou comme un phénomène de société qui serait le signe d’une nouvelle fébrilité du géant chinois ?

On aurait tort de tirer de ce type d’incident un enseignement général sur la Chine qui permettrait d’en expliquer la survenue. Il y a en effet une ligne à tenir entre, d’un côté, considérer l’événement comme anecdotique et affirmer qu’en discuter reviendrait à une forme de China-bashing de la part d’Européens qui veulent oublier leur propre décadence morale, et de l’autre, considérer cet attentat comme le reflet d’un malaise spirituel général des Chinois, opprimés par l’autoritarisme aveugle de Xi Jinping et incapables d’exprimer leur mécontentement d’une autre manière que dans le crime de masse indifférencié.

Il est évident que si l’on se rapporte aux nombres de morts dans des tueries de masse aux Etats-Unis (plus de 600 morts par an depuis 2020 et 385 morts en 2024), on serait en droit de parler d’une société encore plus malade. Pourtant, ce type d’incident reste très minoritaire dans les pays européens, sans qu’on puisse en déduire grand-chose sur la santé mentale de ces nations. En France, s’ils arrivent, c’est du fait d’une idéologie particulière, le plus souvent dans le cadre de la mouvance terroriste islamiste…

En revanche, il y a bien un point sur lequel la tuerie de Zhuhai mérite notre attention et qui singularise le plus la Chine, c’est la manière dont le pouvoir réagit, car ce n’est pas la tuerie qui est symptomatique, mais bien l’incapacité et le refus total de l’appareil politique à y faire face.

En effet, les autorités chinoises ont mis près de 24 heures à reconnaître officiellement l’incident, malgré de nombreuses images – par la suite censurées – diffusées sur les réseaux sociaux le 11 novembre au soir montrant des dizaines de personnes jetées au sol et une voiture fuyant les lieux… Les commentaires indignés sur le retard des autorités à signaler la tuerie ont également été supprimés, et la plateforme Weibo a censuré un hashtag qui mentionnait le nombre de morts. En outre, dans un geste public de sympathie et dans une manifestation collective de compassion, des bougies et des fleurs furent déposées sur place par des dizaines d’anonymes devant l’une des portes du complexe sportif. Mais très vite, les autorités de la ville de Zhuhai ont retiré toutes les couronnes, bougies et offrandes déposées sur les lieux du massacre…

C’est en cela que l’événement est fortement symbolique de la Chine dite populaire et de ses limites humaines et morales : qu’y a-t-il de plus cruel que d’empêcher l’expression du deuil ? Ainsi, en Chine communiste, le bonheur est un devoir national et la tristesse, un crime passible de poursuite. Seul le bien est autorisé, le mal est interdit. Plus exactement, si le mal existe, il ne peut être que le fait de l’Autre.

Il faut réaliser une chose : les 35 morts subites de l’incident de Zhuhai de novembre 2024 excèdent les morts causés par les attaques ouïghoures de 2014 (33 morts dans des attaques au couteau) qui avaient précipité une réaction policière radicale ayant conduit à l’enfermement d’un million de personnes selon certaines ONG et une surveillance massive de toute une population. Si un Chinois tue 35 compatriotes, ce n’est pas un simple incident, mais une hérésie qui contredit la religion d’Etat du bonheur garanti pour tous : l’événement doit donc être effacé des mémoires. Mais s’il s’agit d’un non-Han, cela va induire la cristallisation d’un trauma national. C’est pourquoi il n’y a pas eu de morts chinois le 3 et 4 juin 1989 ; les Chinois ne peuvent être ni la source ni l’origine du mal : c’est une impossibilité politico-ethnique, sauf s’ils ont été corrompus par des « influences étrangères ». L’Etat justifie son mandat autoritaire par le fait d’apporter satisfaction et sécurité à 1,4 milliard de personnes ; c’est un fait social qui ne saurait souffrir d’aucune contradiction et au sein duquel le deuil individuel n’a pas sa place.

Par Jean-Yves Heurtebise


Economie : La dette cachée des gouvernements locaux dans le collimateur de Pékin
La dette cachée des gouvernements locaux dans le collimateur de Pékin

Voilà une annonce qui a été quelque peu éclipsée par l’élection de Donald Trump : le 8 novembre, la Chine a autorisé les collectivités locales à s’endetter davantage pour qu’elles puissent soutenir le marché immobilier et investir davantage dans l’économie réelle. En pratique, cela veut dire qu’elles pourront contracter 6 000 milliards de yuans (presque 780 milliards d’euros) de dette supplémentaire sur trois ans, a précisé le ministre chinois des Finances, Lan Fo’an. Parallèlement, elles pourront mobiliser 4 000 milliards de yuans (518 milliards d’euros) de dette déjà approuvée par Pékin.

Avec ces fonds, Pékin espère notamment que les gouvernements locaux pourront acheter des terrains vacants ou achever des projets immobiliers abandonnés par les promoteurs, éventuellement pour en faire des logements sociaux.

Ces mesures sont censées aider les gouvernements locaux à refinancer, à moindre coût, leur dette « cachée » qui atteindrait officiellement 14 000 milliards de yuans (1 815 milliards d’euros) en 2023. Certains analystes estiment toutefois que la dette cachée des gouvernements locaux pourrait être cinq fois plus importante que les chiffres officiels.

En effet, pour financer les routes, les voies ferrées, les gares, les aéroports qui ont constitué pendant des années le socle de la croissance chinoise, les villes ont multiplié les sociétés d’endettement externes, de manière à contourner les plafonds d’endettement définis par le pouvoir central. Un tour de passe-passe qui a rendu l’endettement local difficilement lisible et contrôlable.

La situation est devenue quasi intenable depuis la récente crise immobilière. Les ventes de terrain constituant une bonne partie des revenus des collectivités locales, ces dernières se sont donc vite retrouvées dans l’impossibilité de rembourser leurs intérêts, mais aussi de payer les salaires de leurs fonctionnaires, les factures de leurs fournisseurs etc… Les fraudes et abus se sont également multipliés (prélèvement abusif des contribuables, chantage aux patrons d’entreprises privées…). D’où l’intervention de Pékin, sur ordre express de Xi Jinping, qui serait personnellement inquiété de la situation.

Cette annonce s’inscrit dans un plan plus large de relance de l’économie, annoncé fin septembre, mais qui s’était jusqu’à présent concentré sur l’aspect monétaire. Toutefois, les analystes s’attendaient à davantage de la part de Pékin, notamment sur le front fiscal, de manière à relancer la consommation.

Pourtant, Shen Jianguang, économiste de renom, employé par le géant du e-commerce, JD.com (cf photo), explique que cette déception n’est pas justifiée. En effet, l’un des principaux reproches à l’égard de ce plan est qu’il serait trop modeste, en raison de la taille jugée « insuffisante » des nouvelles obligations émises pour avoir un véritable effet stimulant sur l’économie. Selon la banque Citi, les économies d’intérêts pour les gouvernements locaux représenteront moins de 0,1% du PIB chinois.

Mais le professeur Shen souligne que ces mesures de désendettement devraient se poursuivre en 2025 et 2026, pour atteindre les 12 trillions de yuans, soit environ 10 % du PIB chinois. Cumulés aux autres mesures de soutien (secteur immobilier, injections de capitaux dans les grandes banques d’État…), l’ensemble des politiques de relance devrait ainsi représenter près de 20 % du PIB, affirme-t-il.

L’économiste avance également que ce remplacement des dettes cachées par des dettes « officielles » allège la pression fiscale des gouvernements locaux, leur permettant de libérer des ressources financières et d’augmenter les dépenses publiques dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux, ce qui stimulera in fine la demande globale. En un effet d’entraînement, la réduction des dettes locales permettra de régler les paiements dus aux entreprises et les arriérés de salaires aux fonctionnaires, ce qui favorisera à son tour les investissements privés et la consommation des ménages, affirme Shen Jianguang.

Mais il ne faut pas s’y méprendre, en s’attaquant aux « créances grises » des gouvernements locaux, la priorité du pouvoir n’est pas de soutenir la consommation, mais bien de réduire ce qui menaçait de devenir un risque systémique pour l’économie chinoise. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un revirement stratégique, mais de la continuité de la campagne de « réduction des risques » qui anime Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir. 


Technologies & Internet : Le Dragon accélère son rattrapage technologique
Le Dragon accélère son rattrapage technologique

N’en déplaise à bon nombre de dirigeants, experts et spécialistes américains, la Chine rattrape – technologiquement – les Etats-Unis plus vite que prévu. C’est ce que révèle une étude menée pendant 20 mois par l’Information Technology and Innovation Foundation (ITIF), un think-tank basé à Washington. L’étude, qui a examiné 44 entreprises chinoises dans 10 domaines d’avenir tels que l’énergie nucléaire, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle ou encore les véhicules électriques (VE), démontre que la Chine est bien plus avancée technologiquement que ce que l’on croyait auparavant. Ainsi, la Chine pourrait non seulement rattraper les États-Unis, mais même les surpasser dans certains domaines dans les années à venir, si ces derniers ne renforcent pas leur propre position technologique, mettent en garde les auteurs.

A y regarder dans le détail, dans le domaine du nucléaire civil, la Chine est déjà considérée en avance de 10 à 15 ans sur les États-Unis, ayant déjà déployé des réacteurs nucléaires de quatrième génération. L’Empire du Milieu est également le leader mondial des robots industriels, les usines chinoises ayant déployé plus de robots que le reste du monde combiné, ce qui a un impact majeur sur l’automatisation de son secteur manufacturier.

En outre, bien que la Chine soit encore derrière les États-Unis en biopharmaceutique, elle rattrape rapidement son retard, avec une part de marché mondiale en forte croissance. C’est également le cas dans le domaine des semi-conducteurs : la Chine est encore en retard de 2 à 5 ans par rapport aux leaders mondiaux, bien que Huawei ait récemment lancé un smartphone utilisant des puces avancées développées localement, défiant ainsi les sanctions américaines.

Cependant, les auteurs jugent utile de préciser que la Chine ne se contente pas de copier les innovations occidentales ou de voler les technologies étrangères comme elle a longtemps été suspectée, mais innove de manière significative dans plusieurs secteurs.

C’est notamment le cas dans le domaine des véhicules électriques, où les constructeurs chinois sont devenus des leaders mondiaux, non seulement en raison de leurs prix compétitifs, mais aussi grâce à des innovations technologiques importantes.

On se souvient de la surprise des dirigeants des constructeurs automobiles allemands, venus visiter le salon de l’auto de Shanghai en 2023, soit la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19. Volkswagen, BMW, Mercedes… tous ont été surpris de voir à quel point les voitures chinoises ont rapidement évolué ces dernières années.

Plus récemment, c’est le PDG de Microsoft, Brad Smith, qui a mis en garde les patrons contre toute tentation de sous-estimer la Chine. Pour rappel, depuis 1992, Microsoft opère dans le pays l’un des plus grands centres de R&D en dehors des États-Unis. Malgré les sanctions et les restrictions américaines, Smith a prédit que les entreprises chinoises et américaines continueront de se concurrencer sur la scène technologique mondiale à l’avenir et a souligné l’importance d’une coopération entre les entreprises américaines et européennes pour promouvoir l’innovation à l’échelle mondiale, en particulier dans des domaines comme l’intelligence artificielle où Microsoft est très impliqué.

Bien évidemment, le gouvernement chinois soutient cet effort en attribuant de généreuses subventions à ses champions ou en créant des fonds censés encourager l’innovation dans certains secteurs-clés. C’est ce qui pousse les auteurs à qualifier la Chine de « dragon sous stéroïdes gouvernementaux ».

Néanmoins, la Chine est n°1 mondiale en dépôt de brevets et ses chercheurs font la course en tête du nombre de publications scientifiques. Surtout, le rattrapage technologique des Etats-Unis fait l’objet d’une ferveur idéologique quasi unanime en Chine, alors qu’aux USA, le fait même que la Chine est capable d’innover fait encore débat. Et plus les Etats-Unis tentent de limiter leurs exportations de produits technologiques, plus la Chine est encouragée à mettre les bouchées doubles.


Vocabulaire de la semaine : « Incident, militaire, guerre commerciale »
« Incident, militaire, guerre commerciale »
  1. 事件, shìjiàn (HSK 3) : incident, événement
  2. 震惊, zhènjīng (HSK 5) : secouer, choquer
  3. 暴力, bàolì (HSK 6) : violent
  4. 死亡, sǐwáng (HSK 6) : mort, mourir
  5. 指示, zhǐshì (HSK 5) : instruction, directive
  6. 敦促, dūncù (HSK 7) : exhorter, encourager
  7. 化解, huàjiě (HSK 6) : résoudre, apaiser
  8. 矛盾, máodùn (HSK 5) : conflit, désaccord
  9. 纠纷, jiūfēn (HSK 6) : différend, litige
  10. 不满情绪, bùmǎn qíngxù : mécontentement, ressentiment

珠海的这起事件是过去六个月来震惊中国的一系列暴力事件死亡人数最多的一起。习近平在指示敦促化解矛盾纠纷,这反映出中国政府担心,公众对经济不确定性的不满情绪会演变成暴力事件

Zhūhǎi de zhè qǐ shìjiàn shì guòqù liù gè yuè lái zhènjīng zhōngguó de yī xìliè bàolì shìjiàn zhōng sǐwáng rénshùzuìduō de yīqǐ. Xíjìnpíng zài zhǐshì zhōng dūncù huàjiě máodùn jiūfēn, zhè fǎnyìng chū zhōngguó zhèngfǔ dānxīn, gōngzhòng duì jīngjì bú quèdìng xìng de bùmǎn qíngxù huìyǎn biàn chéng bàolì shìjiàn.

L’incident de Zhuhai [lors duquel un homme a foncé avec sa voiture dans la foule, tuant 35 personnes lundi 11 novembre] a été le plus meurtrier d’une série d’incidents violents qui ont secoué la Chine au cours des six derniers mois. Dans ses instructions, Xi Jinping a exhorté à résoudre les conflits et les différends, reflétant la crainte de Pékin que le mécontentement du public face à l’incertitude économique ne devienne violent.

***********

  1. 空军, kōngjūn (HSK 6): armée de l’air
  2. 武器, wǔqì (HSK 3): armes, armement
  3. 装备, zhuāngbèi (HSK 6): équipement
  4. 战斗机, zhàndòujī: chasseur (avion de chasse)
  5. 攻击, gōngjī (HSK 6): combat
  6. 无人机, wúrénjī: drone
  7. 挑战, tiǎozhàn (HSK 4) : défier
  8. 军事, jūnshì (HSK 6): militaire
  9. 捍卫, hànwèi (HSK 7) : défendre
  10. 战略利益, zhànlüè lìyì: intérêts stratégiques

中国空军本周展示了一系列新型武器装备,包括一款新型隐形战斗机和一架攻击无人机,展现出中国挑战美国在亚太地区军事存在的能力不断增强。中国官员和官方媒体表示,这些新型武器装备反映出中国在发展空中力量和增强捍卫国家战略利益的能力方面取得的重大进步。

Zhōngguó kōngjūn běn zhōu zhǎnshìle yī xìliè xīnxíng wǔqì zhuāngbèi, bāokuò yī kuǎn xīnxíng yǐnxíng zhàndòujīhé yī jià gōngjí wú rén jī, zhǎnxiàn chū zhōngguó tiǎozhàn měiguó zài yàtài dìqū jūnshì cúnzài de nénglì bùduàn zēngqiáng. Zhōngguó guānyuán hé guānfāng méitǐ biǎoshì, zhèxiē xīnxíng wǔqì zhuāngbèi fǎnyìng chū zhōngguózài fāzhǎn kōngzhōng lìliàng hé zēngqiáng hànwèi guójiā zhànlüè lìyì de nénglì fāngmiàn qǔdé de zhòngdà jìnbù.

L’armée de l’air chinoise a présenté cette semaine une série de nouvelles armes et équipements, notamment un nouvel avion de combat furtif et un drone d’attaque, démontrant la capacité croissante de la Chine à défier la présence militaire américaine dans la région Asie-Pacifique. Les responsables chinois et les médias d’État ont déclaré que les nouvelles armes et équipements reflétaient les progrès significatifs de la Chine dans le développement de la puissance aérienne et le renforcement de sa capacité à défendre les intérêts stratégiques du pays.

***********

  1. 显现, xiǎnxiàn (HSK 7): montrer, révéler
  2. 改善, gǎishàn (HSK 4): amélioration
  3. 迹象, jìxiàng (HSK 7): signe, indice
  4. 当选, dāngxuǎn : être élu
  5. 贸易战, màoyì zhàn : guerre commerciale
  6. 爆发, bàofā (HSK 6): éclater, surgir
  7. 可能性, kěnéngxìng : probabilité, possibilité
  8. 上升, shàngshēng (HSK 3) : augmenter
  9. 措施, cuòshī (HSK 4): mesure
  10. 势头, shìtóu (HSK 7): la dynamique

中国上个月的一些经济数据显现改善迹象,但经济学家表示,随着特朗普再次当选美国总统,新一轮贸易战爆发可能性上升,中国政府仍需采取更多措施来保持经济增长势头

Zhōngguó shàng gè yuè de yīxiē jīngjì shùjù xiǎnxiàn chū gǎishàn jìxiàng, dàn jīngjì xué jiā biǎoshì, suízhe tè lǎng pǔ zàicì dāngxuǎn měiguó zǒngtǒng, xīn yī lún màoyì zhàn bàofā de kěnéng xìng shàngshēng, zhōngguó zhèngfǔréng xū cǎiqǔ gèng duō cuòshī lái bǎochí jīngjì zēngzhǎng shìtóu.

Certaines données économiques chinoises du mois dernier ont montré des signes d’amélioration, mais les économistes ont déclaré qu’avec la réélection de Trump à la présidence des États-Unis et la possibilité d’une nouvelle guerre commerciale, Pékin doit encore faire davantage pour maintenir la dynamique de croissance économique.


Petit Peuple : Shandong – Sun Ye et Liu Yan, ce rêve étrange et pénétrant
Shandong – Sun Ye et Liu Yan, ce rêve étrange et pénétrant

Liu Yan n’en avait jamais parlé à ses parents, de ce rêve étrange et pénétrant qui la laissait bouleversée au petit matin, de ce rêve qui revenait régulièrement, toujours le même. Debout en face d’un miroir encadré par deux portes, elle cherchait quelqu’un, une personne chère mais qu’elle ne connaissait pas. Fallait-il qu’elle ouvre les portes pour la trouver ou attendre devant ce miroir qu’elle surgisse comme Liu Yan en avait le pressentiment ? Le bruit de la pluie cognait derrière elle, la poussant à ouvrir une porte pour revenir, par l’autre, face au miroir. Elle y voyait son reflet, mais double, et quand elle s’approchait, le cœur brûlant, tout s’évanouissait et elle se réveillait.

Elle a grandi, fille unique et choyée, jolie jeune femme dynamique fascinée par la mode. Un premier mariage très jeune et un fils appelé Kevin, un divorce et puis un second mariage. La mort de ses parents dans un accident. Toujours ce rêve, moins obsédant mais encore là. Un matin, sa boutique à peine ouverte, sa meilleure amie l’appelle, hystérique : « Je t’envoie des photos, ne raccroche pas surtout ! » Sur son écran, des photos d’elle mais dans des lieux où elle n’est jamais allée, souriante avec des inconnus. Quand elle zoome, il n’y pas de doute, c’est bien elle. Effroi.

– Où as-tu trouvé ces photos ?

– Une de tes anciennes collègues, tu te souviens de Zhang Hong ? Elle me dit qu’il s’agit d’une femme qui l’a contactée pour lui demander ton numéro de téléphone. Tu serais sa sœur jumelle, il suffit de regarder les photos. C’est fou, non ? Elle te ressemble tellement, j’ai cru que c’était toi !

Les parents de Liu morts, qui pourrait confirmer cette version ? Cette fille a dû photoshoper sa photo et souhaite qu’on gobe ce mensonge pour l’arnaquer. Oui, mais pourquoi elle justement ? Pour lui voler quoi ?

Se pourrait-il que son rêve trouve enfin un sens avec cette révélation incroyable ? Perdue, bouleversée, Liu Yan s’est tournée vers sa tante, la sœur de son père, qui a confirmé. Depuis la mort accidentelle de son frère, elle ne savait plus quoi faire de ce lourd secret, pensait l’écrire et le faire lire à sa nièce après sa mort. Pourquoi son frère et sa femme n’avaient jamais révélé à leur fille son adoption et l’existence d’une sœur jumelle ? Elle n’en savait rien. Par peur de la bouleverser alors qu’elle va si bien, pour éviter des complications et des recherches, qui auraient été infructueuses pour la plupart, gâchis de temps et d’argent.

Sa sœur, Sun Ye, a appris son adoption à ses sept ans et l’existence d’une sœur jumelle à la mort de son père, il y a dix ans. Depuis, elle cherche sa sœur sans relâche, laissant des annonces sur les sites d’associations spécialisées dans la traque de personnes disparues, écumant les réseaux sociaux. C’est une ancienne voisine de Liu Yan qui a fini par envoyer à Sun Ye le lien Douyin de Liu Yan, soulignant leur ressemblance. Commence alors une enquête de plusieurs mois, l’analyse de toutes les vidéos Douyin de Liu Yan pour retrouver son lieu de vie, à seulement 90 minutes de route. Elle se rend ensuite chez l’ancien employeur de Liu Yan, puis tombe sur l’ancienne collègue, et finalement se retrouve face à cette sœurdésirée si ardemment.

Sun Ye se tient là devant Liu Yan, à la place du miroir de son rêve, aussi identique à elle-même que son propre reflet. Même taille, même voix, même démarche, elles ont poussé la gémellité inconsciente jusqu’à porter la même coiffure, avoir les mêmes goûts vestimentaires et, cerise sur le gâteau, avoir donné le même prénom, Kevin, à leur premier fils…

La connexion est immédiate. Une fois les familles présentées l’une à l’autre, les deux sœurs discutent jusque tard, « par une nuit pluvieuse, dans des lits face à face (yè yǔ duì chuáng, 夜雨对床) » sourit Sun Ye, « se parler du fond du cœur en se retrouvant après une longue séparation ».

Liu Yan lui sourit en retour. Dehors il pleut en effet, mais dedans il fait chaud. En regardant sa sœur, elle imagine déjà toutes les farces qu’elles vont pouvoir jouer à leurs proches, tous les rêves qui se réaliseront parce qu’elles seront deux à les porter, toutes les premières fois à vivre ensemble. Mais surtout, elle sait désormais qu’elle n’aura plus à ouvrir la porte de son rêve pour trouver l’inconnue chère à son cœur. La voici qui se tient là, encore plus belle que son propre reflet et cette fois-ci, rien ne s’évanouira puisque tout est devenu réalité.

Par Marie-Astrid Prache

NDLR : Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article s’inspire de l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors de l’ordinaire, inspirée de faits rééls.


Rendez-vous : Semaines du 18 novembre au 12 janvier 2024
Semaines du 18 novembre au 12 janvier 2024

15 – 24 novembre, Canton : Auto Guangzhou, Salon international de l’automobile de Guangzhou

18 – 20 novembre, Shanghai : Analytica, Salon international de l’analyse, des biotechnologies, du diagnostic et des technologies de laboratoire

18 – 20 novembre, Shanghai : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique

18 – 20 novembre, Shanghai : SWOP – Shanghai World of Packaging, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage

19-21 novembre, Shanghai : CNIBF, Salon international des produits et technologies relatifs aux batteries

19-22 novembre, Wuzhen : World Internet Conference/ Wuzhen Summit

20 – 22 novembre, Wuhan : PharmChina, Salon international de l’industrie pharmaceutique et de la santé

21 – 23 novembre, Shenzhen : Shenzhen Fashion Source, Salon international de la mode haut de gamme et de haute qualité

26 – 29 novembre, Shanghai : BAUMA, Salon professionnel des machines et matériaux de construction

26 – 29 novembre, Shenzhen : DMP, Salon international des plastiques, des métaux et du caoutchouc

27 – 29 novembre, Canton : INMEX, Salon international de l’industrie maritime

2 – 5 décembre, Shanghai : Automechanika Shanghai , Salon professionnel des pièces détachées et accessoires pour l’industrie automotive, des équipements pour garages et stations-services

5 – 7 décembre, Shanghai : EP Shanghai/ES Shanghai, Salon international des équipements et de la distribution électriques

11 – 13 décembre, Shanghai : Aquatech China, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées

12 – 14 décembre, Shenzhen : Connexion Shenzhen, Salon professionnel de la restauration et de l’hôtellerie

18 – 20 décembre, Shanghai : ARTS – International Advanced Rail Transit Technology Exhibition, Salon international des technologies avancées de transport ferroviaire

18 – 20 décembre, Shenzhen : CMEH – China International Medical Equipment Exhibition, Salon international des dispositifs médicaux

20 – 22 décembre, Shanghai : Cafeex Shanghai, Salon international du café, du thé et des boissons

10 – 12 janvier, Pékin : Alpitec, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver

10 – 12 janvier, Pékin : ISPO Beijing, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements