Le Vent de la Chine Numéro 17 (2023)

du 15 au 21 mai 2023

Editorial : Nouvel élan pour Xiong’an
Nouvel élan pour Xiong’an

« Un véritable miracle ». C’est en ces termes – également utilisés pour qualifier la sortie du « zéro Covid » – que le Président Xi Jinping, masqué et lunettes noires, a salué les efforts de construction pendant la pandémie, de la nouvelle zone de Xiong’an (Hebei), à 100 km au sud-ouest de Pékin, six ans après le lancement du projet.

Initiée par le Président chinois en 2017, Xiong’an est censée permettre de désengorger la capitale en y accueillant toutes les fonctions « non-essentielles » de la ville, les sièges d’entreprises d’Etat et les campus universitaires.

Plus ambitieux encore, Xiong’an a été conçue pour être la vitrine de ce que la Chine sait faire de mieux en matière de « ville du futur » « aux caractéristiques chinoises » : plan urbain inspiré du vieux Pékin, « ceintures vertes », énergie propre, corridors et tunnels logistiques, « data centers », stockage en « cloud », véhicules autonomes et yuan digital… Voilà ce à quoi devrait ressembler Xiong’an d’ici quelques années.

Signe de l’importance du projet aux yeux du Secrétaire général du Parti, il était accompagné sur le terrain de plusieurs membres du Politburo, dont le Premier ministre Li Qiang (son prédécesseur, Li Keqiang, ne s’était jamais rendu sur place), son secrétaire particulier et ancien secrétaire du Parti de Pékin, Cai Qi, le vice-Premier ministre exécutif qui a hérité du projet dans son portfolio, Ding Xuexiang, le vice-premier Ministre en charge de l’Economie et des Finances, He Lifeng, mais aussi Li Ganjie, chef de l’Organisation, en charge des promotions et des rétrogradations…

« Le développement de Xiong’an est un projet national d’une importance millénaire et doit être encouragé par des actions concrètes et des efforts constants », a rappelé Xi Jinping. Lire entre les lignes : le projet n’avance pas assez vite à son goût.

De fait, ces six dernières années, mis à part les infrastructures qui se sont développées à vitesse grand V, les entreprises d’Etat et leurs filiales traînent des pieds pour s’y implanter. China Satellite Group, Huaneng (énergie) et Sinochem (pétrochimie) font partie des rares qui ont pris leurs quartiers à Xiong’an, tandis que seules quatre universités ont démontré un intérêt pour cette ville-satellite. Mais ce rappel à l’ordre de Xi Jinping pourrait bien changer la donne et inciter les réfractaires à sauter le pas.

« Les faits ont prouvé que la décision de bâtir Xiong’an était complètement correcte », a martelé le dirigeant, mettant ainsi en garde tous ceux qui doutent encore de ce projet pharaonique : être contre Xiong’an, cela revient à s’opposer au « noyau du Parti » (c’est-à-dire Xi).

Pourtant, certains architectes-urbanistes ont averti dès la genèse du projet que ses chances de succès étaient minces, Xiong’an n’étant proche d’aucun pôle commercial régional. De plus, les incitatifs pour convaincre les Pékinois à déménager restent insuffisants aujourd’hui. Qui voudrait renoncer aux précieux avantages qu’offre le « hukou » (permis de résidence) de Pékin pour aller « s’enterrer » à Xiong’an ? A terme, Xiong’an pourrait tout de même attirer des jeunes diplômés de villes de second tiers ou des retraités à la recherche d’une meilleure qualité de vie.

A noter que la Chine n’est pas la première à être tentée de relocaliser sa capitale. Plusieurs pays comme l’Indonésie, la Birmanie, l’Egypte, la Malaisie, le Kazakhstan, le Brésil, ont déjà sauté le pas pour des motifs divers (surpopulation, réchauffement climatique, considérations géographiques et politiques…) avec des résultats mitigés.

Mais au lieu de laisser le projet s’éteindre doucement, le gouvernement paraît déterminé à le mener à bien, quitte à ce qu’il se transforme en gouffre financier. La zone de 1 770 km2 affiche déjà un investissement de 460 milliards de yuans, presque le double du célèbre barrage des Trois Gorges ! A ce stade, le projet pourrait déjà être « trop gros pour échouer ».

Mais qu’importe, il en va de la postérité de Xi Jinping. Deng Xiaoping a eu Shenzhen, Jiang Zemin a eu Pudong (Shanghai), Xi Jinping veut avoir Xiong’an. Ces zones économiques n’ont toutefois rien en commun : Shenzhen et Pudong se sont développées essentiellement grâce à des capitaux privés et en période d’ouverture de la Chine sur le monde. Xiong’an, elle, est financée par des fonds publics, sur fond de tensions croissantes entre la Chine et l’Occident et de polémique autour de la nécessité d’un découplage… 


Immobilier : La Chine prête pour une taxe foncière ?
La Chine prête pour une taxe foncière ?

Peu le savent, mais la Chine est l’un des rares pays développés qui n’a pas encore introduit de taxe foncière. Le gouvernement chinois l’envisage depuis de longues années, mais le projet est sans cesse repoussé pour de multiples raisons…  

Pourtant, techniquement parlant, Pékin est désormais en mesure d’imposer une telle taxe, s’il le souhaite. Début avril, le ministre des Ressources naturelles a annoncé la finalisation d’un système d’enregistrement unifié des données immobilières, après dix ans de travail. Depuis 2013, l’Etat a émis plus de 790 millions de certificats de propriétés et enregistré 413 millions de mu (soit 27,5 millions d’hectares) de terres agricoles à travers le pays entier. Mais la Chine est-elle pour autant prête à instaurer une taxe foncière ?

Les experts sont unanimes : la réponse est non. La relance économique n’est pas encore assez solide et le secteur immobilier, qui représentait hier un quart du PIB chinois, n’est pas encore stabilisé, après l’impitoyable campagne de désendettement infligée à ses promoteurs par le gouvernement il y a deux ans. En effet, introduire une taxe foncière pourrait refroidir les éventuels acheteurs, qui se font déjà plutôt rares ces temps-ci.

Jusqu’à présent, seules Shanghai, Chongqing et quelques autres villes ont introduit une taxe foncière à titre expérimental. Seulement, cette dernière ne s’applique qu’aux logements neufs les plus chers ou aux résidences secondaires. Elle reste donc marginale.

En 2021, Pékin s’apprêtait à étendre ce projet-pilote à d’autres villes, mais a finalement abandonné l’idée pour cause de ralentissement économique. Selon Lou Jiwei, ex-ministre des Finances, réputé pour son franc parler, il faudrait absolument étendre ce projet-pilote dès que l’économie aura repris des couleurs. Selon toute vraisemblance, cela n’arrivera pas cette année, plutôt en 2024, avant une introduction à l’échelle nationale en 2026, dans le meilleur des cas.

Mettre en place une taxe foncière présenterait de nombreux avantages. Elle pourrait contribuer à réduire les inégalités de richesses, un objectif qui s’inscrit dans la quête de « prospérité commune » prônée par le Président Xi Jinping, mais aussi à lutter contre la spéculation immobilière, autre cheval de bataille du dirigeant chinois, qui déclarait en 2017 que « les logements sont fait pour y vivre, pas pour spéculer ». Cette taxe apparaît donc s’aligner parfaitement sur le programme politique du leader qui vient d’être reconduit à la tête du pays pour un 3ème mandat.

Autre avantage non négligeable d’une taxe foncière : constituer un revenu stable pour les collectivités locales, notoirement endettées. Deux provinces, le Guizhou et le Yunnan, sont particulièrement dans le rouge et ont récemment appelé publiquement Pékin à l’aide. En cause, l’effondrement des ventes de terrains immobiliers, une économie qui tourne au ralenti, et des dépenses faramineuses liées à la politique « zéro Covid ». D’après une récente estimation de Goldman Sachs, la dette totale des gouvernements locaux aurait atteint les 23 000 milliards de $ (dette « cachée » y comprise), soit 126% du PIB.

Tous ces avantages à l’introduction d’une taxe foncière n’empêchent pas le projet de rencontrer une forte résistance de la part des propriétaires qui n’ont aucune envie de la payer, mais aussi des locataires qui craignent de voir leurs loyers augmenter, ces derniers n’étant pas encadrés en Chine.

Plus fondamentalement, lever une taxe foncière pourrait inciter la population à demander davantage de transparence sur la manière dont leurs yuans sont dépensés.

Surtout, cette taxe foncière n’est pas du goût des cadres corrompus qui seraient bien évidemment incapables d’expliquer comment ils sont devenus propriétaires de plusieurs biens immobiliers avec leur maigre salaire officiel.

Et c’est peut-être là où le bât blesse : malgré tous les pouvoirs concentrés par Xi ces dernières années, faisant de lui le dirigeant le plus puissant depuis Mao, il semble réticent à les utiliser pour procéder à de douloureuses réformes économiques, qui seraient pourtant salutaires sur le long-terme.

Une chose est sûre : il lui sera difficile d’atteindre son objectif de « prospérité commune » en demandant uniquement aux sociétés de mieux payer leurs employés et sans augmenter les taxes pour au moins une partie de la population.


Portrait : Li Yunze, nouveau tsar de la supervision financière
Li Yunze, nouveau tsar de la supervision financière

La nouvelle a créé la surprise. Pour diriger la toute nouvelle tutelle financière (NFRA – National Financial Regulatory Administration), née d’une restructuration annoncée lors de la dernière session parlementaire en mars, Pékin a choisi Li Yunze. Originaire de Yantai (Shandong), titulaire d’un doctorat en économie, l’homme a passé 23 ans à la China Construction Bank sans toutefois accéder à un poste de direction, puis est devenu vice-Président de la banque ICBC de 2016 à 2018, avant d’être promu vice-gouverneur au Sichuan, où il a su gérer avec doigté les risques posés par les banques régionales. Le banquier retrouve ainsi au sommet du pouvoir son supérieur hiérarchique au Sichuan et expert en santé publique, Yin Li*, propulsé à la tête de la municipalité de Pékin lors du XXème Congrès.

La nomination de Li Yunze a surpris les observateurs, qui s’attendaient à ce que Pékin choisisse un cadre avec davantage d’expérience au niveau central et d’expertise, comme Yi Huimian, président de la Tutelle boursière (CSRC) et ancien patron de Li à ICBC, ou encore Zhu Hexin, président du Citic Group.

En outre, le leadership avait annoncé à l’issue du Parlement maintenir l’équipe « financière » en poste, à savoir le gouverneur de la Banque centrale, Yi Gang, qui aurait dû partir à la retraite, ainsi qu’un bon nombre de ministres (commerce, finances…), au nom de la continuité des politiques existantes. Ainsi, la nomination de Li Yunze dénote dans ce paysage « d’anciens ».

Face à ces « poids lourds » de la finance, Li Yunze, âgé de 52 ans seulement, devra prouver qu’il est l’homme de la situation. Son objectif premier à la tête de la NFRA sera de garantir la stabilité du système financier chinois. Une mission d’autant plus sensible que le dette des gouvernements locaux atteint des sommets et pourrait enrayer la relance économique voulue par Pékin.

La NFRA, qui a absorbé la tutelle des banques et des assurances (CBRIC) ainsi que quelques fonctions de la Banque centrale, sera chargée de superviser tous les secteurs de l’industrie financière, qui pèsent ensemble 61 000 milliards de $. Seul le secteur boursier restera entre les mains de la CSRC. Cette nouvelle division des tâches semble tout droit inspirée du « Twin Peaks », un modèle de régulation financière à deux pôles, l’un chargé des marchés (CSRC), l’autre de la dimension prudentielle (NFRA).

Cette restructuration coïncide avec un nouvel effort des inspecteurs de l’anti-corruption, qui ont reçu pour consigne d’assainir le secteur financier. Parmi leurs récentes victimes, Liu Liange, l’ex-président de la Bank of China ou encore Fan Yifei, l’ancien vice-gouverneur de la Banque centrale. Dans un tel contexte, pas étonnant qu’un « outsider » comme Li Yunze ait été choisi pour diriger la NFRA !

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* Yin Li est considéré comme un fidèle de Xi Jinping, puisqu’il est l’ex-secrétaire du Parti au Fujian, l’une des bases arrières de Xi. Par ailleurs, le fait que des alliés d’alliés de Xi soit promus aujourd’hui, reflète l’épuisement du réseau personnel du Président, qui n’a d’autre choix que de faire confiance à ses proches pour pourvoir les postes-clés.


Vocabulaire de la semaine : « Linkedin, licenciement, prêt-à-porter, vente en ligne, célibataire, ovocytes »
« Linkedin, licenciement, prêt-à-porter, vente en ligne, célibataire, ovocytes »
  1. Linkedin : 领英 ; Lǐngyīng
  2. En raison de : 由于 ; yóuyú (HSK 4)
  3. Intense (d’une dispute, compétition), aiguë (d’une douleur) : 激烈 ; jīliè (HSK 5)
  4. Compétition : 竞争 ; jìngzhēng (HSK 4)
  5. Plein de, complet : 充满 ; chōngmǎn (HSK 5)
  6. Challenge : 挑战 ; tiǎozhàn (HSK 5)
  7. Licencier : 裁员 ; cáiyuán (HSK 5)
  8. Recherche d’emploi : 求职 ; qiúzhí
  9. Application (mobile) : 应用程序 ; yìngyòngchéngxù
  10. Mettre hors ligne : 下线 ; xiàxiàn

领英5月8日表示,由于激烈竞争充满挑战的宏观经济环境, 将裁员 716 人,同时关闭中国的求职应用服务。目前仅存的应用程序InCareers也将于8月9日下线

Lǐng yīng 5 yuè 8 rì biǎoshì, yóuyú jīliè de jìngzhēng hé chōngmǎn tiǎozhàn de hóngguān jīngjì huánjìng, jiāng cáiyuán 716 rén, tóngshí guānbì zhōngguó de qiúzhí yìngyòng fúwù. Mùqián jǐn cún de yìngyòng chéngxùInCareers yě jiāng yú 8 yuè 9 rì xià xiàn.

Linkedin a annoncé le 8 mai qu’il supprimerait 716 emplois et fermerait son application de recherche d’emploi en Chine en raison d’une concurrence féroce et d’un environnement macroéconomique difficile. La seule application restante, InCareers, sera également mise hors ligne le 9 août.

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  1. Prêt-à-porter : 成衣 ; chéngyī
  2. Marque : 品牌 ; pǐnpái
  3. Eblouissant : 耀眼 ; yàoyǎn (HSK 6)
  4. Succès : 成功 ; chénggōng (HSK 4)
  5. Vente en ligne : 网上销售 ; wǎngshàng xiāoshòu
  6. Développement, croissance : 发展 ; fāzhǎn (HSK 4)
  7. Suspecter : 怀疑 ; huáiyí (HSK 4)
  8. Travailleur : 工人 ; gōngrén (HSK 5)
  9. Exploiter : 剥削 ; bōxuē (HSK 6)
  10. Critique : 批评; pīpíng (HSK 4)

近年来,深受年轻人喜爱的中国成衣品牌Shein(中文名:喜音)在全球取得了耀眼成功。 虽然之前只在网上销售,但这个年轻的中国品牌刚刚于 5 月 4 日至 8 日在巴黎开设了一家快闪店。这个以超低价格着称的品牌继续蓬勃发展,尽管它因被怀疑工人剥削和对环境的影响而受到批评

Jìnnián lái, shēn shòu niánqīng rén xǐ’ài de zhōngguó chéngyī pǐnpái Shein(zhōngwén míng: Xǐ yīn) zài quánqiúqǔdéle yàoyǎn de chénggōng. Suīrán zhīqián zhǐ zài wǎngshàng xiāoshòu, dàn zhège niánqīng de zhōngguópǐnpái gānggāng yú 5 yuè 4 rì zhì 8 rì zài bālí kāishèle yījiā kuài shǎn diàn. Zhège yǐ chāo dī jiàgézhe chēng de pǐnpái jìxù péngbó fāzhǎn, jǐnguǎn tā yīn bèi huáiyí duì gōngrén de bōxuè hé duì huánjìng de yǐngxiǎng ér shòudào pīpíng.

Ces dernières années, la marque chinoise de prêt-à-porter Shein (nom chinois : Xiyin), très appréciée des jeunes, a connu un succès fulgurant à l’échelle mondiale. Alors qu’il n’était auparavant disponible qu’en ligne, le jeune label chinois vient d’ouvrir un pop-up store à Paris du 4 au 8 mai. La marque, connue pour ses prix ultra-bas, continue de prospérer malgré les critiques visant son exploitation présumée des travailleurs et son impact sur l’environnement.

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  1. Célibataire : 单身 ; dānshēn
  2. Congeler : 冻 ; dòng (HSK 5)
  3. Ovule, ovocytes : 卵 ; luǎn
  4. Plaignant : 原告 ; yuángào
  5. Poursuivre en justice : 起诉 ; qǐsù
  6. Refuser, décliner: 拒绝 ; jùjué
  7. Requête, demande : 请求 ; qǐngqiú (HSK 5)
  8. Se battre pour: 争取 ; zhēngqǔ (HSK 5)
  9. Donner naissance : 生育 ; shēngyù (HSK 6)
  10. Affaire (judiciaire) : 案例 ; ànlì (HSK 6)

中国“单身女性冻卵案”5月9日在北京市第三中级人民法院开庭审理。 原告徐枣枣于2019年起诉北京市妇产医院以未婚为由拒绝其冻卵请求。 这是中国女性争取生育权的标志性案例

Zhōngguó “dānshēn nǚxìng dòng luǎn àn”5 yuè 9 rì zài běijīng shì dì sān zhōngjí rénmín fǎyuàn kāitíng shěnlǐ. Yuángào xú zǎo zǎo yú 2019 nián qǐsù běijīng shì fù chǎn yīyuàn yǐ wèihūn wèi yóu jùjué qí dòng luǎn qǐngqiú. Zhè shì zhōngguó nǚxìng zhēngqǔ shēngyù quán de biāozhì xìng ànlì.

L’ affaire de “congélation d’ovocytes de femme célibataire “ en Chine a été entendue par le Tribunal populaire intermédiaire n° 3 de Pékin le 9 mai. La plaignante, Xu Zaozao, a poursuivi l’ hôpital d’obstétrique et de gynécologie de Pékin en 2019 pour avoir rejeté sa demande de congélation d’ovocytes au motif qu’elle n’était pas mariée. Il s’agit d’un cas emblématique de femmes chinoises luttant pour leurs droits reproductifs.


Petit Peuple : Dengfeng (Henan) – Des roses porte-bonheur
Dengfeng (Henan) – Des roses porte-bonheur

Zhou n’en revient toujours pas, son bouquet de roses rouges à la main, devant l’office des mariages de Dengfeng. À ses côtés, Meng, le sourire jusqu’aux oreilles, prend la pose, leur certificat de mariage brandi devant lui. La photo rejoindra les milliers d’autres qui alimentent le compte Douyin ( version chinoise de TikTok) de Zhou et témoignent d’une histoire d’amour qui passionne ses followers.

Deux ans auparavant, à quelques rues de là où elle se tient aujourd’hui, Meng lui avait offert un bouquet similaire et une bague qui, elle, ne ressemble en rien à celle qui orne désormais son doigt. Il pleuvait, un soir de Saint Valentin, elle venait de fermer sa petite boutique de souvenirs et autres gadgets pour adeptes de kung-fu, pas très loin du temple Zhongyue. Elle détestait cette date, et particulièrement ce moment à la nuit tombée, où elle rentrait chez elle à pied, de la boutique à son appartement où sa mère s’occupe de Duoduo, sa petite fille. Chaque année depuis trois ans surgissait le souvenir d’une fin de journée similaire, elle sur ce même trajet, le ventre rond et des rêves plein la tête, heureuse de retrouver son fiancé qui peut-être, ce soir-là, lui demanderait enfin sa main. Le temps pressait, il restait trois mois avant la naissance de leur premier enfant et ils n’étaient toujours pas mariés. Les familles s’impatientaient et la pression devenait intenable. Mais, à peine rentrée dans leur petit appartement, elle avait compris que quelque chose ne tournait pas rond. Il n’était pas là et dans l’obscurité, les ombres semblaient vides : il avait filé avec toutes ses affaires, la laissant là, avec leur bébé à naître.

Alors, il y a deux ans, quand elle a distingué une silhouette masculine plantée au milieu de la rue, un bouquet à la main, son cœur a fait un bond : était-il revenu ? Non, ce n’était pas lui… Cet inconnu, la tête penchée, pleurait. Zhou ne pouvait pas passer son chemin comme ça. Alors, sans réfléchir, elle a lancé : « Hé beau gosse ! Si elle est trop bête pour refuser tes fleurs, tu peux me les offrir ! » Quand l’inconnu a relevé la tête et s’est avancé, son bouquet tendu à la main, elle a sorti son portable – réflexe d’une influenceuse Douyin qui a un compte à alimenter – et filmé la scène. Malgré la pluie et ses cheveux trempés, l’homme n’était pas mal. Sans un mot, il lui a offert les fleurs et puis il est parti d’un pas pressé. Attaché au bouquet, il y avait un petit écrin avec une bague.

Des milliers de messages hystériques ont suivi son post : elle devait le retrouver ! Comment avait-elle pu le laisser filer sans lui demander son nom !  Amusée, Zhou a lancé l’enquête et la puissance des réseaux sociaux a fait le reste. Quelques jours plus tard, l’homme était trouvé, un certain Meng, pêcheur et agriculteur de la région. Petit à petit, ils se sont apprivoisés. Depuis cette horrible soirée de St Valentin, Meng réfléchissait beaucoup. Une mère célibataire avec un enfant, ce n’était pas exactement ce à quoi il rêvait mais un agriculteur, propriétaire d’un champ de patates douces et lesté d’un emprunt immobilier pour l’appartement destiné à une ex fiancée, était-ce mieux ? Les jeunes filles célibataires ne couraient pas les rues dans cette petite ville qui vivait principalement du tourisme apporté par le temple Shaolin et les écoles d’arts martiaux. Il avait lu aussi que le ratio hommes/femmes suscitait beaucoup d’inquiétudes dans sa province du Henan, pourtant l’une des plus peuplées de Chine : 100 femmes pour 106 hommes. 6 hommes qui ne trouveront pas chaussure à leur pied, pourrait-il être l’un d’eux ? À force de s’apprivoiser, la story de Zhou dit qu’ils sont tombés amoureux. Amour ou pragmatisme ? On ne sait jamais très bien en Chine. Quoiqu’il en soit, ils sont devenus un symbole de l’amour pour des milliers d’utilisateurs de Douyin.

Et Zhou, du haut de ses marches, son portable dans une main, le certificat de mariage dans l’autre, se filme avec Meng et le bouquet qu’elle vient de lui confier. Une vidéo pour remercier ses followers de leur aide, à la légende toute trouvée : 金童玉女 (jīn tóng yù nǚ), littéralement « un couple en or », ou « un couple qui a la faveur du public », on leur souhaite que ça dure !

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 15 mai au 11 juin
Semaines du 15 mai au 11 juin

14-17 mai, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux

15-17 mai, Canton : ADE – Asian Dairy Expo, Salon asiatique des produits laitiers

18-20 mai, Chengdu : CAPAS, Salon international des pièces automobiles et du service après-vente

18-20 mai, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Rencontre internationale pour les professionnels de l’élevage en Chine

18-20 mai, Canton : China International Metal & Metallurgy Exhibition, Salon international spécialisé dans le métal et la métallurgie

18-20 mai, Shanghai : SIAL China, Salon international de l’alimentation, des boissons, vins et spiritueux

18-21 mai, Zhengzhou : ZIF, Salon international des équipements industriels

19-21 mai, Canton : Guangzhou International Travel Fair, Salon international du voyage

22-25 mai, Shanghai : Bakery China, Salon international de la boulangerie et de la pâtisserie

22-25 mai, Canton : Music Guangzhou, Salon chinois international des instruments de musique

23-25 mai, Qingdao : CAC Show, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes

26-29 mai, Chongqing : CWMTE, Salon international des machines de production

28-30 mai, Pékin : China International Green Food & Organic Food Exhibition, Salon chinois international de l’alimentation bio

29 mai-1er juin, Shanghai : Hotelex Shanghai International Hospitality Equipment & Foodservice Expo, Salon international des équipements et services alimentaires pour l’hôtellerie

30 mai-1er  juin, Shanghai : AID, Salon professionnel des soins aux personnes âgées, de la rééducation et des soins de santé

31 mai-2 juin, Pékin : China Maritime Beijing, Salon chinois international des technologies et équipements offshore

2-4 juin, Shanghai : CMT China, Salon du tourisme et des loisirs de plein air

4-6 juin, Shanghai : ISPO Shanghai, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements

5-7 juin, Shanghai : Aquatech, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées

5-7 juin, Shanghai : SIFA – Shanghai International Import and Export Food & Beverage Exhibition, Salon international pour l’import-export d’aliments et de boissons

7-9 juin, Pékin : BIAME – Beijing International Automative Manufacturing Exhibition, Salon international de la fabrication automobile de Pékin

7-10 juin, Shanghai : KBC – Kitchen & Bath China, Salon de la cuisine et de la salle de bains]

8-11 juin, Shanghai : Design Shanghai, Salon international de la décoration et de l’architecture intérieures

9-18 juin, Chongqing : Auto Chongqing, Salon international de l’industrie automobile

9-11 juin, Canton : Kids Expo, Salon international de l’éducation des enfants en Chine

9-12 juin, Canton : GILE  – Guangzhou International Lighting Exhibition, salon international de l’industrie des LED, de la signalisation, éclairage, affichage

11-13 juin, Shanghai : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté de Shanghai