Le Vent de la Chine Numéro 5

du 12 au 18 février 2001

Editorial : editorial_5_2001

Nous annoncions (n°4/VI) le plan de la CSRC de taxe (10%) d’entrées d’Entreprises d’Etat en bourse étrangère, pour payer leurs charges sociales: il n’a fallu que 8 jours au Min. des Finances, vu le tollé, pour reculer et démentir: prudence avant tout !

En même temps (7/2), suivant la Federal Reserve, la BPdC baisse ses taux en US$ de 0,3%, à 3,81% /an. La question, à présent, est de savoir si elle va maintenir son taux en Yuan, ou le remonter. Le Yuan, à 2,25%/an, après sept coupes, est à son plancher. La BPdC est décidée à hausser le taux au moindre signe d’inflation. En 2000, pour la 1ère fois depuis 1998, l’index des prix était positif, +0,4%. Mais pour l’heure, comme la CSRC, la Banque joue la prudence: pas de hausse immédiate, qui chasserait l’argent des commerces vers les banques et aggraverait un chômage important (4% officiel, 10% réel dans les villes). D’

Bourse: le blues du lendemain

En déc., la bourse bombait du torse, avec 1100 firmes cotées, 58M de porteurs (2d score mon-dial après les US)et sa capitalisation décuplée en 5 ans, 560MM$ (3e d’Asie). A HK en 2000, l’indice Hangseng baissait de 13%, mais Sh’g-hai et Shenzhen grimpaient de 50%,et Salomon Smith Barney prédisaient à la bourse chinoise le 1er rang d’Asie avant 2010.Mais le 5/2,après les fêtes,les deux places ont chuté quatre jours, avant de se reprendre -(8/2): suite au désordre dénoncé par Wu Jinlian, économiste : "la bourse chinoise, c’est pire qu’au casino".

Ce qui se passe: les cours baissent, par crainte de la vaste action «Mr Propre» lancée par Zhu Rongji. Des affaires sortent, telle l’entente montée par Lu Liang, ex-critique d’art, avec 20 courtiers pour convertir un élevage de pou-lets déficitaire en China Venture Capital, une des valeurs hi-tech les plus prisées sur la place de Shenzhen. Lu avait écrit dans la presse fi-nancière, sous pseudo, des papiers dithyram-biques sur CVC, et issu pour 242M$ de trans-actions fictives, faisant monter en neige la part, de 2.05$ en fév.2000 à 9.67$ au plus haut, avt de fondre à 1.57$ la semaine passée. NB : rien qu’à Shanghai de déc.’99 à avril 2000,140 titres ont été manipulés-d’autres n’ont «tenu» que par le soutien secret du gouvernement.

Les milieux boursiers s’inquiètent: ¬ 40 ban-ques de Shanghai pourraient avoir placé illéga-lement en bourse. ­ De nombreux groupes ont hypothéqué leurs placements pour emprunter. Si la bulle éclate, les banques risquent un lot inquantifiable de nouvelles mauvaises dettes!

Signe de la mince confiance de l’Etat dans sa bourse: alors que l’ouverture du marché 2aire à Shenzhen, est encore retardé sine die, un autre fonds très important est aussi reporté: celui de la SS, appelé à atteindre, en 20 ans, 20MM$ des cotisations patronales et salariales. Décidé-ment, les conditions pour lui assurer un place-ment en père de famille, ne sont pas réunies!

 

Coke suit Pepsi dans la course au "hip"

Depuis son retour en Chine en ’79 (Il y avait été présent, à Shanghai et Tianjin, dès ’27), Coke y a investi 1,1MM$,ce qui lui vaut, sur place, tous les honneurs, groupe modèle assurant 15.000 sa-lariés (et 400.000 jobs indirects), consommant 600M$/an de matières 1ères locales, et payant 46,8M$ de taxes en ’98. En mai 2000, en ouvrant sa 24e ligne de conditionnement à Kunming (Yunnan), le groupe a été premier, parmi les «Fortune 500» à réaliser un investissement fort dans l’Ouest, conformément aux voeux de Pékin.

En ‘2000, Coca Cola s’arrogeait 47% du marché des boissons gazeuses (1MM$ de ventes), contre 21% à Pepsi. Et ce n’est pas fini: la consomma-tion en sodas par ht en Chine, n’atteint qu’1/5 du monde,et 80% des chinois connaissent la marque.

Coke ne voit qu’une ombre à son tableau : Pepsi, qui le bat sur le marché des jeunes,celui d’avenir, 1ers consommateurs (422M$/mois pour les moins de 12 ans). Le succès de Pepsi est simple à expli-quer: Alors que les pubs Coke visaient la société, Pepsi ciblait les jeunes, en s’associant l’image de stars et vedettes du foot (D. Beckham, Manches-ter United). En fév. ’99, Pepsi avait payé au prix fort le sponsoring (5 ans) de la Ligue nat’le de foot. Coke croyait assurer, en recrutant pour sa sous-marque Sprite la diva taiwanaise A-mei: c’était compter sans la disgrâce de la chanteuse pop. sur le continent, pour avoir entonné (5 mai) l’hymne taiwanais lors de l’intronisation du Psdt. Chen Shui-bian … Tirant un trait sur sa campa-gne, Coke embauche, cette fois, Fu Mingxia, 23 ans, championne de plongée, (trois «ors», en trois JO). Cette signature du géant d’Atlanta suit, en janvier, celle, en "M de $" (sic) pour sponsoriser les équipes nat’les chinoises

de foot féminin et masculin: aucun doute

les deux géants US, dans le marathon du

marché chinois de la soif, ne se lâchent

pas d’une semelle !

 
autant que les USA, sous la Présidence de G.W. Bush, préparant leur relance, veulent réduire impôts (1600MM$ d’ici 2010) et taux d’intérêt (1%, dt 0,5% déjà effectifs). Séoul emboîtait le pas (08/2), baissant son taux de 25 points de base, suivi par HK et Tokyo dans des proportions identiques : l’espoir de reprise, dans toute l’Asie reste suspendue à l’attitude -et au succès- des USA cette année!

La relance des US devrait, à terme, rouvrir leur marché aux produits chinois -y-compris par effet OMC. Mais en 2001, elle devrait d’abord, par renchérissement du Yuan, favoriser l’export américain vers la Chine et «punir» l’export chinois, qui ne devrait faire mieux, cette année, que 8 à 12%, contre 28% en 2000!

Autre motif futur, chez la BPdC, pour recommencer à hausser ses taux d’intérêts: une remontée en valeur de devises, déjà sensible, Euro notamment. La Chine espère en partie compenser vers l’UE ses pertes de marchés US, en tablant sur un Euro ² «boosté» par les coupes du US$.

Dernier paramètre: le pétrole. Le baril a baissé de 10$ en 4 mois, à 25$. La Chine répercute la baisse: 2,82Y/litre. à la pompe, contre 2,96 en déc. C’est bon pour le consommateur, mais déflationniste, justifiant l’attentisme sur les taux. Il est vrai que la taxe sur le carburant n’est plus très loin : adoptée l’été dernier, elle avait pour seul obstacle la flambée du pétrole. Son « feu vert » marquera une étape vers un système d’impôts aux normes  internationales… et un coup de fouet au marché automobile !


Editorial : 2001 – les taux d’intérêt, au creux de la vague !

Nous annoncions (n°4/VI) le plan de la CSRC de taxe (10%) d’entrées d’Entreprises d’Etat en bourse étrangère, pour payer leurs charges sociales: il n’a fallu que 8 jours au Min. des Finances, vu le tollé, pour reculer et démentir: prudence avant tout !

En même temps (7/2), suivant la Federal Reserve, la BPdC baisse ses taux en US$ de 0,3%, à 3,81% /an. La question, à présent, est de savoir si elle va maintenir son taux en Yuan, ou le remonter. Le Yuan, à 2,25%/an, après sept coupes, est à son plancher.

La BPdC est décidée à hausser le taux au moindre signe d’inflation. En 2000, pour la 1ère fois depuis 1998, l’index des prix était positif, +0,4%. Mais pour l’heure, comme la CSRC, la Banque joue la prudence: pas de hausse immédiate, qui chasserait l’argent des commerces vers les banques et aggraverait un chômage important (4% officiel, 10% réel dans les villes).

D’autant que les USA, sous la Présidence de G.W. Bush, préparant leur relance, veulent réduire impôts (1600MM$ d’ici 2010) et taux d’intérêt (1%, dt 0,5% déjà effectifs). Séoul emboîtait le pas (08/2), baissant son taux de 25 points de base, suivi par HK et Tokyo dans des proportions identiques : l’espoir de reprise, dans toute l’Asie reste suspendue à l’attitude -et au succès- des USA cette année!

La relance des US devrait, à terme, rouvrir leur marché aux produits chinois -y-compris par effet OMC. Mais en 2001, elle devrait d’abord, par renchérissement du Yuan, favoriser l’export américain vers la Chine et «punir» l’export chinois, qui ne devrait faire mieux, cette année, que 8 à 12%, contre 28% en 2000!

Autre motif futur, chez la BPdC, pour recommencer à hausser ses taux d’intérêts: une remontée en valeur de devises, déjà sensible, Euro notamment. La Chine espère en partie compenser vers l’UE ses pertes de marchés US, en tablant sur un Euro ² «boosté» par les coupes du US$.

Dernier paramètre: le pétrole.

Le baril a baissé de 10$ en 4 mois, à 25$. La Chine répercute la baisse: 2,82Y/litre. à la pompe, contre 2,96 en déc. C’est bon pour le consommateur, mais déflationniste, justifiant l’attentisme sur les taux. Il est vrai que la taxe sur le carburant n’est plus très loin : adoptée l’été dernier, elle avait pour seul obstacle la flambée du pétrole. Son « feu vert » marquera une étape vers un système d’impôts aux normes  internationales… et un coup de fouet au marché automobile !


A la loupe : Canton – l’inextinguible soif d’emploi!

En cette rentrée du chunjie (nouvel an), des milliers d’affiches fleurissent aux poteaux près des gares:

, zhao gong ("on embauche"). Emises par des agences pour l’emploi (à 90% pirates), elles guettent les M de ruraux naïfs débarquant en ville avec qq sous en poche, en quête de job. Chassée par les tempêtes de neige du Xinjiang ou de Mongolie, ou par la chute des cours du riz, la masse des migrants est plus dense que d’ordinaire. Au Guangdong, des centaines de milliers se sont ajoutés aux 5M de la population flottante habituelle.

La province affronte une contradiction insoluble: il lui faut mettre au chaud 1M d’emplois pour ses chômeurs et impétrants, préserver son taux d’emploi de 80%. Mais elle doit aussi penser à sa compétitivité et compresser ses coûts salariaux… Elle a donc interdit (cote mal taillée) l’embauche de «tout nouveau venu, durant février». Stratégie qui ambitionne aussi, par attrition du marché, de forcer les patrons à respecter les lois: dans ce vivier, moult sont les plongeurs en cuisine, ouvriers ou cousettes qui oeuvrent sans contrat, sécu, congés ni heures supplémentaires, outrageusement mal payés.

Cependant, cette mesure bouchonnée au crin de la rhétorique socialiste, est contournable: on ne peut mettre des inspecteurs partout… Les 250000 paysans qui débarquent par jour en gare de Canton, tendent à bout de bras le carton portant leur nom et compétences – et 120.000 étudiants de la province (x2 de 1997) savent bien qu’1/3 d’entre eux,après diplôme en 2003 ou 2004, auront du mal à trouver emploi !

 


Pol : le 1er Min. canadien, J.Chrétien, en Chine

· A la tête de 600 entrepreneurs, dont les leaders des 13 provinces et territoires, le 1er Ministre canadien Jean Chrétien donne le coup d’envoi, le 10/02, à une mission de 10 jours à Pékin, Shanghai et HK. La visite vise surtout à développer le commerce bilatéral (la Chine est 4e partenaire de la Feuille d’Erable, après US, GB et Japon), qui atteignait 9,3MM$ en 1999. En 1994 lors de la dernière mission, 65 contrats avaient été signés, pour 5,9MM$. Depuis lors, le nombre de firmes canadiennes expatriées a doublé à 400. M. Chrétien prévoit également d’aborder des sujets plus sensibles tels le dispositif antimissiles US, l’immigration illégale chinoise, et le Falungong.

· Fondant de grands espoirs dans sa filière agricole, le Shanxi ordonna de convertir le canton de Jiang en parc agronomique. Reproduisant un chapitre du Grand Bond en Avant (’58-’61), lorsque des semailles denses et un labour profond étaient sensés donner des récoltes miraculeuses, 90% des unités de travail et 80% des cadres se virent ordonner de lancer chacun leur jardin scientifique. Sans formation. 120 employés du Bureau de la Construction, sans salaire pendant cinq mois, eurent à débourser 1000Y chacun pour construire une serre d’aloès, et les banques locales durent avancer chacune 20.000Y. 142 jardins expérimentaux furent plantés entre nov. ’99 et déc. 2000, où poussèrent (mal) 2687 végétaux, tous plus infects ou filandreux les uns que les autres, tel ce concombre géant obtenu par la police, qui proférait ces excuses désabusées: «nous savons attraper les bandits, mais pas faire pousser les carottes. A chacun son métier… il n’est jamais bon de  yue zu dai pao, ‘enjamber les plateaux pour remplacer le cuisinier’» .


Argent : congés payés, clé du tourisme de masse

· Les petites annonces le crient à travers magazines et portails internet, le mariage en Chine n’est pas qu’affaire de coeur, mais aussi de rang, jaugé au village par le montant de la dot et du terroir, en ville par le salaire et le statut. Cadres, entrepreneurs et étrangers plafonnent au hit-parade des bons partis. A Shanghai, Pékin ou Can-ton, en comptant banquet, limousine et photos souvenir, la noce en coûte de 1000$ à 3000$. Un montant du même ordre est remboursé par les invités dans leurs  hongbao (enveloppe rouge, cadeau au couple). Industrie prometteuse, qui attire des investissements, tels l’édition en mandarin du magazine français Oui, et de nombreux sites. 51Marry.com (signifiant «je veux convoler») draine 2M$, dont 50% de Softbank. Love.com s’érige en n°1 dans le domaine de la cyber maîtresse: 300.000 rencontres offertes en ligne… 

· L’entrée dans les moeurs des congés payés est en train de lancer le tourisme de masses: 45M de chinois ont bougé aux quatre coins de Chine, en 7 jours de chunjie, redéployant ce temps, hier rituel et familial, vers la découverte de l’inconnu. Faute de passeport (que 98% n’ont pas) et de visas, les destinations restent encore surtout nationales (2M de touristes au Yunnan), mais déjà, 10M partent à l’étranger chaque année, chiffre dont l’OMT attend décuplement en 20 ans, faisant de la Chine la 1ère nation mondiale de touristes. Selon l’OMC, elle devrait détrôner la France en 2020 comme 1er pays d’accueil avec 130M de visiteurs. Perspective lucrative en devises (16,2MM$ dès 2000), mais Pékin veut se prémunir de la fuite (frauduleuse) des réserves, sous prétexte de tourisme: au 01/03 seules les agences agréées pourront encore organiser des tours à l’étranger, dans seuls 10 pays autorisés, avec des modes de paiement en devises, dûment balisés!

· N°1 national du supermarché (785M$ de chiffre d’affaires, 1000 magasins en Chine) le shanghaien Hua Lian fait front commun, dans Pékin, avec Xidan et Chao Sifa contre la concurrence. Leur JV (aux participations respectives de 77%, 19% et 4%), au capital de 6M$ veut ouvrir 100 magasins dans la capitale en 2001, et 500 d’ici ’04. Chiffre d’affaires attendu: 362M$, pour un profit de 2,4M$. C’est la 1ère d’une série d’alliances de Hua Lian à travers la Chine, en prévention de l’OMC et de la pénétration de grandes surfaces étrangères. Cible n°1, Carrefour, avec ses 967M$ de chiffre en 2000, ses 27 magasins et 10 autres annoncés. A noter, ici, le regain d’activité de l’administration contre la multinationale française – elle lui reprocherait d’avoir enfreint ses règles en ouvrant des magasins sans toutes les licences. Tout se passe comme si, en cette phase cruciale « pré-OMC », Pékin se souciait de faire prendre, à ses groupes nationaux, un peu d’avance…

 


Politique : politique_5_2001

· A la tête de 600 entrepreneurs, dont les leaders des 13 provinces et territoires, le 1er Ministre canadien Jean Chrétien donne le coup d’envoi, le 10/02, à une mission de 10 jours à Pékin, Shanghai et HK. La visite vise surtout à développer le commerce bilatéral (la Chine est 4e partenaire de la Feuille d’Erable, après US, GB et Japon), qui atteignait 9,3MM$ en 1999. En 1994 lors de la dernière mission, 65 contrats avaient été signés, pour 5,9MM$. Depuis lors, le nombre de firmes canadiennes expatriées a doublé à 400. M. Chrétien prévoit également d’aborder des sujets plus sensibles tels le dispositif antimissiles US, l’immigration illégale chinoise, et le Falungong.

· Fondant de grands espoirs dans sa filière agricole, le Shanxi ordonna de convertir le canton de Jiang en parc agronomique. Reproduisant un chapitre du Grand Bond en Avant (’58-’61), lorsque des semailles denses et un labour profond étaient sensés donner des récoltes miraculeuses, 90% des unités de travail et 80% des cadres se virent ordonner de lancer chacun leur jardin scientifique. Sans formation. 120 employés du Bureau de la Construction, sans salaire pendant cinq mois, eurent à débourser 1000Y chacun pour construire une serre d’aloès, et les banques locales durent avancer chacune 20.000Y. 142 jardins expérimentaux furent plantés entre nov. ’99 et déc. 2000, où poussèrent (mal) 2687 végétaux, tous plus infects ou filandreux les uns que les autres, tel ce concombre géant obtenu par la police, qui proférait ces excuses désabusées: «nous savons attraper les bandits, mais pas faire pousser les carottes. A chacun son métier… il n’est jamais bon de  yue zu dai pao, ‘enjamber les plateaux pour remplacer le cuisinier’» .


A la loupe : Coke suit Pepsi dans la course au ‘hip’

Depuis son retour en Chine en 1979 (Il y avait été présent, à Shanghai et Tianjin, dès 1927), Coke y a investi 1,1MM$, ce qui lui vaut, sur place, tous les honneurs, groupe modèle assurant 15.000 salariés (et 400.000 jobs indirects), consommant 600M$/an de matières 1ères locales, et payant 46,8M$ de taxes en 1998. En mai 2000, en ouvrant sa 24e ligne de conditionnement à Kunming (Yunnan), le groupe a été premier, parmi les «Fortune 500» à réaliser un investissement fort dans l’Ouest, conformément aux voeux de Pékin.

En 2000, Coca Cola s’arrogeait 47% du marché des boissons gazeuses (1MM$ de ventes), contre 21% à Pepsi. Et ce n’est pas fini: la consommation en sodas par habitant en Chine, n’atteint qu’1/5 du monde,et 80% des chinois connaissent la marque.

Coke ne voit qu’une ombre à son tableau : Pepsi, qui le bat sur le marché des jeunes, celui d’avenir, 1ers consommateurs (422M$/mois pour les moins de 12 ans). Le succès de Pepsi est simple à expliquer: Alors que les pubs Coke visaient la société, Pepsi ciblait les jeunes, en s’associant l’image de stars et vedettes du foot (D. Beckham, Manchester United). En fév. 1999, Pepsi avait payé au prix fort le sponsoring (5 ans) de la Ligue nationale de foot. Coke croyait assurer, en recrutant pour sa sous-marque Sprite la diva taiwanaise Amei: c’était compter sans la disgrâce de la chanteuse pop. sur le continent, pour avoir entonné (5 mai) l’hymne taiwanais lors de l’intronisation du Président. Chen Shui-bian … Tirant un trait sur sa campagne, Coke embauche, cette fois, Fu Mingxia, 23 ans, championne de plongée, (trois «ors», en trois JO). Cette signature du géant d’Atlanta suit, en janvier, celle, en "M de $" (sic) pour sponsoriser les équipes nationales chinoises de foot féminin et masculin: aucun doute les deux géants US, dans le marathon du marché chinois de la soif, ne se lâchent pas d’une semelle !


Joint-venture : Motorola consolide ses bases

· En 2000 les usagers du téléphone portable ont doublé à 85M en ce pays, soit 6,7% de la population: marché prometteur, à l’heure où les ventes saturent en Europe. Les groupes mondiaux se tournent vers la Chine.

Motorola (US) est l’investisseur étranger n°1 en Chine (4,5MM$), son 2e marché mondial, générant 4MM$ de chiffre. Motorola est leader national du portable haut de gamme avec 50% des ventes bien que Nokia garde le contrôle du marché des cellulaires (30%).

La concurrence se durcit dans les ventes d’appareils (surtout étrangère, avec une faible remontée des nationaux, à 3,7% du marché). Motorola se lance donc dans la diversification, incontournable pour sauvegarder son avance. Annoncée dès août 2000, une usine de semi-conducteurs à Tianjin, pour 1,9MM$ d’invest., lui permettra de fournir un marché en hausse de 17% /an, qui devrait atteindre 18MM$ en ’04.Le groupe veut aussi investir dans l’internet et les réseaux à large bande, et établir cette année à Chengdu (Sichuan) un centre de R&D des technol. de 3egénération (notamment GPRS) qui viendra s’ajouter à ses 25 autres centres de R&D, 2 usines à 100%, et 8 JV.

· La Banque Mondiale vient d’annoncer un prêt de 150M$ au Henan, province la plus peuplée de Chine (93M d’hts), pour construire une autoroute de 95km entre Zhumadian et Xinyang, section d’un axe de 2600km entre Pékin et Zhuhai, financé à 43% par la Banque Mondiale. Depuis l’origine, 4,5MM$ de la BM ont permis la réalisation de 18.500km d’autoroutes en Chine. La banque prévoit encore d’investir entre 500M$ et 900M$ dans les trois ans à venir dans ce domaine.

· En jan., Deutsche Bank prévoyait une érosion de 4-5% des ventes d’autos chinoises d’ici ’05. Frost & Sullivan (US) dit l’inverse, et voit une croissance du marché de 10% jusqu’en 2002, profitant de la hausse du pouvoir d’achat et d’une politique d’incitation. Faisant fi du vague à l’âme, VW annonce un investissement de 1,49MM$ d’ici 2005 pour renforcer sa position avant l’ouverture due à l’OMC. VW détenait 54% du marché en 2000, avec des ventes en hausse de 6,5% (336.000 unités). VW espère atteindre les 450.000/an en 2005, grâce à sa berline de luxe Passat (son «atout-maître» en 2000), à la compacte Bora, produite à Changchun (Jilin) cette année, et à la Polo made in  Shanghai dès 2002. Citroën (DCAC) est tout aussi optimiste, prévoyant d’accroître ses ventes de 20% en 2001, à 63.000 voitures -10% du marché.

NB: Le 6/02 un sondage classait les voitures préférées des entrepreneurs: la médaille d’or va à Mercedes, suivie de BMW et Lexus. Seule auto chinoise dans ce palmarès : Red Flag, en 9e position.


Temps fort : Bourse: le blues du lendemain

En décembre, la bourse bombait du torse, avec 1100 firmes cotées, 58M de porteurs (2d score mondial après les US) et sa capitalisation décuplée en 5 ans, 560MM$ (3e d’Asie).

A HK en 2000, l’indice Hangseng baissait de 13%, mais Shanghai et Shenzhen grimpaient de 50%, et Salomon Smith Barney prédisaient à la bourse chinoise le 1er  rang d’Asie avant 2010.Mais le 5/2, après les fêtes, les deux places ont chuté quatre jours, avant de se reprendre (8/2) : suite au désordre dénoncé par Wu Jinlian, économiste : "la bourse chinoise, c’est pire qu’au casino".

Ce qui se passe: les cours baissent, par crainte de la vaste action «Mr Propre» lancée par Zhu Rongji. Des affaires sortent, telle l’entente montée par Lu Liang, ex-critique d’art, avec 20 courtiers pour convertir un élevage de poulets déficitaire en China Venture Capital, une des valeurs hi-tech les plus prisées sur la place de Shenzhen. Lu avait écrit dans la presse financière, sous pseudo, des papiers dithyrambiques sur CVC, et issu pour 242M$ de trans-actions fictives, faisant monter en neige la part, de 2.05$ en fév.2000 à 9.67$ au plus haut, avant de fondre à 1.57$ la semaine passée.

NB : rien qu’à Shanghai de déc. 1999 à avril 2000, 140 titres ont été manipulés-d’autres n’ont «tenu» que par le soutien secret du gouvernement.

Les milieux boursiers s’inquiètent:

– 40 banques de Shanghai pourraient avoir placé illégalement en bourse.

– De nombreux groupes ont hypothéqué leurs placements pour emprunter. Si la bulle éclate, les banques risquent un lot in quantifiable de nouvelles mauvaises dettes!

Signe de la mince confiance de l’Etat dans sa bourse: alors que l’ouverture du marché secondaire à Shenzhen, est encore retardé sine die, un autre fonds très important est aussi reporté: celui de la SS, appelé à atteindre, en 20 ans, 20MM$ des cotisations patronales et salariales. Décidément, les conditions pour lui assurer un placement en père de famille, ne sont pas réunies!

 


Petit Peuple : splendeur et misère du chameau salé

· La Chine compte, depuis 1999, une nouvelle espèce: un chameau sauvage, buveur de saumure, ce qui lui a permis de résister à l’environnement inclément du Lop Nor (désert du Xinjiang, longtemps terre d’essais nucléaires) et du Gobi (Mongolie Intérieure). Extérieurement semblable au domestique, légèrement plus poilu aux genoux et aux bosses plus écartées, il accuse des écarts génétiques de 3% – grosse différence, celle entre homme et chimpanzé est de 5%. Les biologistes sont formels: il s’agit de l’ancêtre de «notre» chameau, ou bien d’une branche séparée ayant échappé à la découverte par l’interdiction d’accès, durant 41 ans, de la zone classée militaire. Paradoxalement, ce sont les techniciens de la mort qui ont sauvé son existence, et c’est le re-tour du «Nor» à la vie civile qui le menace: depuis 1996 et la fin des tests, chasseurs et chercheurs d’or refont apparition et pour se nourrir, trappent les chameaux à la mine. A peine découvert, le chameau salé est en voie d’extinction: il n’en resterait que 600, moins que les pandas, qui ont sur lui l’avantage de la grâce, les rendant plus idoines à l’exploitation en mascotte. A quand le chameau salé, symbole mongol?