Le Vent de la Chine Numéro 14

du 8 au 14 avril 2001

Editorial : editorial_14_2001

Il s’agissait d’un simple accident, mais très prévisible, et dangereux: dimanche 1er avril 2001, l’avion EP-3 de la marine américaine fut intercepté en mer de Chine (espace aérien international) par 2 chasseurs F8, causant collision, perte d’un des F8 (+ pilote) et atterrissage urgent de l’avion américain à la base de Lingshui (Hainan).

Parti d’Okinawa avec 24 agents à bord, l’EP-3 était bourré de matériel d’écoute, permettant d’accéder aux fax, e-mails et autres télécommunications à des centaines de kilomètres à la ronde. Immédiatement, la Chine (quoiqu’elle même premier pays de surveillance aérienne en Asie, avec QG, précisément, à Hainan) saisit la chance de faire entendre sa colère, détenant indéfiniment l’équipage américain et inspectant l’appareil, sourde aux appels de Washington et à l’impatience croissante de l’opinion américaine. Elle l’a fait pour 2 raisons. Ê la Chine est sure de son bon droit – les Etats-Unis perçaient ses secrets militaires, industriels et d’affaires. Ë Jiang Zemin, en exigeant des excuses et en jouant la fermeté, a gagné en charisme, dont il manquait -il se trouve en meilleure position pour imposer ses « poulains » aux postes de commandes pour sa succession, en mars 2003.

Dans sa gestion de la crise, Pékin s’est livré à deux exercices simultanés: déboulonner, scanner les systèmes d’écoute du EP-3 (ou ce qu’il en reste après sa destruction en vol par le personnel), et tester les nerfs du gouvernement néophyte de G.W. Bush. On a noté l’alternance de « chaud » et de « froid » entre lundi (exigence d’excuses), mardi (visite accordée aux 24 reclus), mercredi (l’ambassadeur Prueher convoqué, campagne nationale de presse autour de la mort du pilote, Wang Wei) et jeudi (reprise du dialogue, blocage des manifestations autour de l’ambassade US).

Ce faisant, la Chine n’a pas hésité à mettre en jeu son image, bravant 4 risques: perdre les Jeux Olympiques de 2008, son entrée dans l’année à l’OMC (mais apparemment, elle n’est plus si pressée), des dizaines de MM$ d’investissements étrangers directs ou boursiers et précipiter des livraisons d’armes sophistiquées américaines à Taiwan. Ce choix révèle l’éternel débat entre pragmatisme et principes historiques, et les divergences entre générations au sein du pouvoir. Loin d’être réglé ce week-end, l’incident pose la question de la maturité des relations entre ces deux nations géantes, toujours plus interdépendantes et qui jouent toujours à se croire ennemies!


Editorial : Les relations Chine US en pleine turbulence

Il s’agissait d’un simple accident, mais très prévisible, et dangereux: dimanche 1er avril 2001, l’avion EP-3 de la marine américaine fut intercepté en mer de Chine (espace aérien international) par 2 chasseurs F8, causant collision, perte d’un des F8 (+ pilote) et atterrissage urgent de l’avion américain à la base de Lingshui (Hainan).

Parti d’Okinawa avec 24 agents à bord, l’EP-3 était bourré de matériel d’écoute, permettant d’accéder aux fax, e-mails et autres télécommunications à des centaines de kilomètres à la ronde. Immédiatement, la Chine (quoiqu’elle même premier pays de surveillance aérienne en Asie, avec QG, précisément, à Hainan) saisit la chance de faire entendre sa colère, détenant indéfiniment l’équipage américain et inspectant l’appareil, sourde aux appels de Washington et à l’impatience croissante de l’opinion américaine.

Elle l’a fait pour 2 raisons :

[1] la Chine est sure de son bon droit – les Etats-Unis perçaient ses secrets militaires, industriels et d’affaires.

[2] Jiang Zemin, en exigeant des excuses et en jouant la fermeté, a gagné en charisme, dont il manquait – il se trouve en meilleure position pour imposer ses « poulains » aux postes de commandes pour sa succession, en mars 2003.

Dans sa gestion de la crise, Pékin s’est livré à deux exercices simultanés: déboulonner, scanner les systèmes d’écoute du EP-3 (ou ce qu’il en reste après sa destruction en vol par le personnel), et tester les nerfs du gouvernement néophyte de G.W. Bush. On a noté l’alternance de « chaud » et de « froid » entre lundi (exigence d’excuses), mardi (visite accordée aux 24 reclus), mercredi (l’ambassadeur Prueher convoqué, campagne nationale de presse autour de la mort du pilote, Wang Wei) et jeudi (reprise du dialogue, blocage des manifestations autour de l’ambassade US).

Ce faisant, la Chine n’a pas hésité à mettre en jeu son image, bravant 4 risques:

perdre les Jeux Olympiques de 2008, son entrée dans l’année à l’OMC (mais apparemment, elle n’est plus si pressée), des dizaines de MM$ d’investissements étrangers directs ou boursiers et précipiter des livraisons d’armes sophistiquées américaines à Taiwan.

Ce choix révèle l’éternel débat entre pragmatisme et principes historiques, et les divergences entre générations au sein du pouvoir. Loin d’être réglé ce week-end, l’incident pose la question de la maturité des relations entre ces deux nations géantes, toujours plus interdépendantes et qui jouent toujours à se croire ennemies!


A la loupe : Les chiens sont entrés dans Pékin

Ces jours-ci, nulle trace des boules de pelage blanc dans les  hutongs (ruelles) à Pékin, qui déboulent en jappant de tous cotés. « C’est l’époque de payer la taxe » explique M. Zhang, maître de Huahua, pékinois. 5000Y l’enregistrement, puis 2000Y/an, est un budget insupportable pour le Pékin moyen (trois mois de salaire du couple de M. Zhang). « On ne paie pas, alors on cache le chien quelques jours ». D’autres se défaussent de l’impôt en le payant à la campagne, 10 fois moins cher. La mairie a fixé ce montant dissuasif en 1992, suite à l’invasion des mascottes -à peu près en même temps que la pratique des bouquets de fleurs, et dans le cadre d’une même demande naissante d’un cadre de vie plus chaleureux.

Pékin compterait 100.000 chiens et chats, Canton et Shanghai 60.000 chacun. Chiffres invérifiables, la plupart des bêtes étant « noires », de statut sinon de poil: les sondages varient de 6% à 40%, pour les foyers entretenant un animal.

L’animal de compagnie, en plein essor, est signe extérieur de richesse pour les uns, deuxième enfant pour les autres (frustrés par le planning familial) et vise éventuellement à décourager les cambriolages. Une industrie nouvelle émerge en dizaines de M$ par métropole: toilettage, soins (120 cliniques à Pékin) et aliments, dominés par l’importation (90%). Cette mode s’accompagne d’inconvénients bien connus ailleurs: 137 morsures par jour à Shanghai, et déjà, les inscriptions apparaissent au printemps sur les trottoirs: « si je fais, mon maître ramasse ! »


Pol : Pollution : la mer se rebiffe

· l’Institut Océanographique National déplore, dans son rapport de 2000, que les effluents déversés le long des côtes chinoises (nitrates non organiques, phosphates, cadmium) aient causé 28 marées rouges sur une superficie globale de 10.000km2. Ajoutées à 13 naufrages, cinq marées noires et des raz-de-marée de typhons, ces catastrophes maritimes ont causé des dommages pour une bagatelle de 2,9MM$, et le décès de 79 personnes. En 2001, l’institut prévoit une pollution forte, 34 tsunamis (dont trois ou quatre désastreux) et la poursuite de la montée du niveau de la mer (qui dépassait déjà en 2000, de 51mm). L’aggravation rapide de ce phénomène (due à l’exploitation des gravières et au défrichage des marais et mangroves) ne peut laisser indifférente la Chine, dont 40% de la population vit en zone côtière, et y génère 50% du PIB.

· les statistiques du Ministère de la Sécurité Publique (2 avril 2001) ont de quoi inquiéter. 620.000 accidents de la circulation ont été enregistrés en 2000 sur les routes chinoises (+49%), ayant provoqué 94.000 morts (+12%), 420.000 blessés (+46%) et des pertes de 32M$ (+26%). Cela représente en moyenne quotidienne, 257 décès, 1150 blessés et 880.000$! Par comparaison, en France (où le nombre de véhicules est bien plus élevé) la route tue 22 personnes par jour et en blesse 459. De plus, ces statistiques occultent les bilans des accidents de la route survenus en zones militaires et industrielles et aux passages à niveau (42.000 en 1998). Autre perspective: pour 1998, dit la Banque Mondiale, le taux de mortalité pour 10.000 véhicules était de 46 en Chine, 26,5 en Inde, 11,8 en Indonésie, 2,3 en Australie et 1,9 au Japon. Parmi les causes de cette hécatombe qui se situe surtout sur routes et non en ville, on trouve vitesse, négligence, conduite en sens interdit et mauvaise formation. Enfin, en 2000, ils étaient 17.000 chauffards à s’enfuir après accident -+17%. Bouclez vos ceintures !


Argent : Réforme financière -au bout du rouleau

· annoncée depuis plus d’un an, la réforme du monopole national de l’électricité, refait surface, sous la forme d’un plan ambitieux défendu par l’économiste Hu Angang. Aujourd’hui, 50% de la génération et 100% de la distribution sont assurés par la State Power Corporation, géant assumant 15% des actifs publics industriels, touché par un scandale financier (cf.VdlC n°3/VI). Le concept de Hu vise « d’une pierre deux coups ». ¬ elle scindera le monopole en plusieurs producteurs indépendants (cinq par province, pense UBS Warburg) et un distributeur unique, la State Power Distribution, afin d’attiser la concurrence; ­ l’introduction en bourse étrangère des nouvelles entités permettra de capitaliser le fonds de Sécurité Sociale – jusqu’à 48MM$ , après la vente de 50% de SPC. Projet irréalisable toutefois, prévient Hu, avant l’assainissement complet du secteur !

· il est peut être trop tôt pour penser que les économistes conservateurs montent en puissance, mais l’élan des réformes économiques semble brisé, dans l’attente du bouclage de la future équipe politique ou d’une conjoncture plus faste. En tout cas, le dialogue pour l’entrée de la Chine à l’OMC est en panne, l’ouverture du marché secondaire est reportée sans date, et le terme de trois ans pour la libéralisation des taux d’intérêts a été abandonné. Le 2 avril 2001, la BPdC démentait l’autorisation prochaine de dix banques privées, les qualifiant d’illégales. Pourtant, lorsque en novembre 2000 Minsheng, seule banque privée chinoise, préparait son entrée en bourse, Pékin avait annoncé ces licences, dont quatre « dans les mois à venir » (cf. VdlC n°38/V), et mi-mars, la presse officielle rapportait que les opérations test de 5 de ces banques (à Taizhou, Jiangyin, Xian, Shenyang et Canton), s’étaient déroulées de façon satisfaisante. La volte-face de la BPdC intervient malgré la carence des instituts de crédits envers les firmes privées.

NB: China Daily croit savoir que les banques étrangères seront « bientôt » licenciées pour les ventes et achats de devises aux groupes nationaux.

 


Politique : politique_14_2001

· l’Institut Océanographique National déplore, dans son rapport de 2000, que les effluents déversés le long des côtes chinoises (nitrates non organiques, phosphates, cadmium) aient causé 28 marées rouges sur une superficie globale de 10.000km2. Ajoutées à 13 naufrages, cinq marées noires et des raz-de-marée de typhons, ces catastrophes maritimes ont causé des dommages pour une bagatelle de 2,9MM$, et le décès de 79 personnes. En 2001, l’institut prévoit une pollution forte, 34 tsunamis (dont trois ou quatre désastreux) et la poursuite de la montée du niveau de la mer (qui dépassait déjà en 2000, de 51mm). L’aggravation rapide de ce phénomène (due à l’exploitation des gravières et au défrichage des marais et mangroves) ne peut laisser indifférente la Chine, dont 40% de la population vit en zone côtière, et y génère 50% du PIB.

· les statistiques du Ministère de la Sécurité Publique (2 avril 2001) ont de quoi inquiéter. 620.000 accidents de la circulation ont été enregistrés en 2000 sur les routes chinoises (+49%), ayant provoqué 94.000 morts (+12%), 420.000 blessés (+46%) et des pertes de 32M$ (+26%). Cela représente en moyenne quotidienne, 257 décès, 1150 blessés et 880.000$! Par comparaison, en France (où le nombre de véhicules est bien plus élevé) la route tue 22 personnes par jour et en blesse 459. De plus, ces statistiques occultent les bilans des accidents de la route survenus en zones militaires et industrielles et aux passages à niveau (42.000 en 1998). Autre perspective: pour 1998, dit la Banque Mondiale, le taux de mortalité pour 10.000 véhicules était de 46 en Chine, 26,5 en Inde, 11,8 en Indonésie, 2,3 en Australie et 1,9 au Japon. Parmi les causes de cette hécatombe qui se situe surtout sur routes et non en ville, on trouve vitesse, négligence, conduite en sens interdit et mauvaise formation. Enfin, en 2000, ils étaient 17.000 chauffards à s’enfuir après accident -+17%. Bouclez vos ceintures !


A la loupe : Le Privé – pilier du socialisme…

Constitutionnellement sanctifié depuis 1999, le secteur privé poursuit sa chevauchée fantastique. En 2000, suivant les média, il pesait 60% du PIB, voire 80% en Guandgong, Zhejiang et Jiangsu, et prenait la tête de l’investissement à Shanghai (52%). China Business Times estime sa progression dans l’année à 40%, surtout dans les services (58% des firmes) et il aurait créé 4,6M de postes en 2000 (total privé = 24M).

Une autre étape fut franchie en mars, avec le feu vert de Zhu Rongji à la privatisation durant le 10e Plan (2001-2005) – hormis certains secteurs stratégiques. Le privé se voyait confirmer la mission de reprendre les entreprises d’Etat en faillite et ouvriers licenciés (1M d’urbains,2M de ruraux ont été recrutés en 2000), pour maintenir le chômage sous la barre (vertueuse et improbable) des 5% d’ici là.

Mais le chemin du privé reste chargé d’ornières. Sa discrimination reste tenace, en fait d’accès aux prêts bancaires, à la manne boursière et à la protection légale. Malgré ses appels en mars lors de la plénière de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP), aucune mesure n’a été prise. En milieu rural, la privatisation passe mal, parce qu’elle y blesse les intérêts des cadres locaux pour qui l’EE, même défaillante, reste une base de pouvoir économique et politique, et une garantie minimale de droits sociaux. En faillite et rachetée 2M$ en septembre 1998 par le privé Haitian, l’usine de caoutchouc de Maanshan (Anhui) redémarra et produisit 1,2M de pneus, avant de refermer en septembre 1999, suite au refus de 300 ouvriers de perdre le « bol de riz d’acier », et malgré la promesse de garder ou pensionner les 1416 ouvriers.

Depuis un an, la mairie a déposé en justice une demande d’annulation du contrat, et de compensation par Haitian. La dispute demeure entière – l’Etat se garde d’intervenir!

NB: outre le privé, le plan de cession des EE concerne aussi l’investisseur extérieur: en avant-première, le Shaanxi ouvre (5 avril 2001) la cession de parts majoritaires de ses firmes publiques aux étrangers.

 


Joint-venture : Deux fiancées pour Lucky

· il y a quelques semaines (cf VdlC n°7/VI), Lucky était en position critique face à Kodak et Fuji, qui détiennent 50% et 30% du marché. Le groupe semble n’avoir plus d’autre option, pour éviter la clôture, qu’une alliance avec un concurrent. Le 27 février 2001, des rumeurs faisaient surface, évoquant une coopération avec Fuji : malmené par Kodak depuis 1998, le japonais acceptait de prendre 49% de Lucky (minorité), si tel était le prix de la revanche. C’était compter sans Kodak, qui brandit l’accord signé en 1998 avec le Conseil d’Etat, excluant formellement, suite aux 1,2MM$ d’investissements du groupe de Rochester en Chine, tout autre investissement étranger dans ce secteur avant 2002. Le 3 avril, Henri Petit, PDG de Kodak-Asie annonçait des palabres avec Lucky pour une « possible coopéraion, pas nécessairement une JV ». Le décor est planté pour un enjeu fabuleux: aujourd’hui encore, le chinois ne consomme que 0,1 pellicule par an, contre 3,2 aux US et Japon.

· les parents Nord-américains se font du souci quant à la qualité de leurs lycées publics -ceux-ci ne s’en exportent pas moins bien… en Chine ! Le 2 avril 2001, les lycées Central de Philadelphie et Jianping de Shanghai ont annoncé leur JV de pensionnat, qui ouvrira à l’automne à Shanghai. Unique investisseur, Dongda (Shanxi), y injecte 42M$. L’institution enrôlera 800 élèves, attirés par cette formation bilingue aux manuels venus des deux pays. Idem, fin mars, le Département de l’Education du Manitoba (Canada) signait fin mars avec le Bureau d’Education du quartier de Luwan (Shanghai), pour une JV avec le Lycée Wuai. Canadiens (épaulés par World First Investment de Hong Kong) et chinois ont offert 300.000$ et 1,2M$. En 2002 ce lycée ouvrira, et aboutira au « bac » canadien. Pour les parents, l’attrait principal de ces écoles réside dans la voie royale offerte à leurs enfants, pour entrer aux universités étrangères !

NB: la participation au dakao, concours d’entrée à l’université vient d’être ouverte aux candidats mariés ou de plus de 25 ans. Bon pour les malchanceux, autodidactes et vocations tardives!

· tous les avions US se posant sur un tarmac chinois la semaine passée n’ont pas lésé les relations bilatérales. Après avoir obtenu en novembre 2000 du Departement américain des Transports la liaison directe, UPS (le spécialiste des messageries) a opéré son premier vol sur Pékin le 3 avril 2001. UPS assurera six navettes par semaine (de Californie et New Jersey, vers Pékin et Shanghai), avec une flotte de 747 d’une capacité de 109 tonnes. En Chine depuis 1988 (JV avec Sinotrans), UPS attend 100M$ par an  de revenu du nouveau service. Le Ministère américain a aussi négocié un vol de plus vers la Chine pour son rival FedEx, portant le total à 11/semaine. United a gagné deux vols directs de plus, et Northwest un. Laissés pour compte : American et Delta.


Temps fort : La boîte à suggestions de l’AmCham

La Chambre de Commerce américaine a publié (2 avril 2001) son Livre Blanc, alignant pas moins de 222 suggestions aux deux pays par ses 650 membres, pour améliorer l’environnement général et bilatéral des affaires en Chine. Il révèle ainsi les plaies les plus fréquentes des firmes américaines en ce pays. Un thème récurrent est la demande de plus de transparence. Le Livre souhaite que les nouvelles lois soient notifiées avant leur entrée en vigueur, notamment dans le domaine des télécommunications, notoire pour l’opacité de ses règlements, et propose au Minstère des industries de l’information (MII) de mettre en ligne un site internet qui reprendra « systématiquement toutes les réglementations, anciennes, nouvelles et futures ». L’AmCham espère aussi des critères clairs et équitables pour les appels d’offres, surtout dans les projets d’énergie et les marchés publics.

Le Livre Blanc insiste par ailleurs sur la cohérence des lois et l’égalité de traitement. Par exemple, les distributeurs devraient obtenir une licence nationale et non locale, et la Chine devrait s’investir plus vivement contre le protectionnisme local dans l’industrie automobile. Dans la construction, il réclame la fin de la « coercition » des pouvoirs locaux pour l’utilisation de matériaux de « fournisseurs apparentés ou favorisés », et réclame une parité du nombre de licences entre assureurs américains et européens (le hollandais ING a repris en décembre l’américain Aetna, donnant à l’UE deux licences d’avance sur les US).

Autre priorité américaine: la séparation des fonctions régulatrices et commerciales (dans les télécoms et l’énergie), et la fin des restrictions géographiques (pour cabinets d’avocats et assurances). Toutefois, si l’AmCham a une longue liste de requêtes, et montre de l’impatience face à la lenteur d’adoption des lois de conformisation à l’OMC, ses membres restent optimistes sur l’avenir à long terme: un sondage récent sur 160 groupes américains donne 91% de prudemment optimistes, ou optimistes, contre 8% de neutres et 1% de pessimistes.

 


Petit Peuple : qui paie ses dettes, se libère

• fondée par San Junsheng en 1994, la Cie des créances s’était rendue célèbre à travers la Chine par l’outrageux folklore de ses 38 employés qui rendaient visite aux mauvais payeurs pour le compte des clients, en uniformes blanc et jaune canari brodés des mots « payer ses dettes ». Au cas où la scène n’eût été remarquée, ils leur jouaient -en pleine rue- une aubade avec fanions, gongs et tambours,et promettaient de revenir. La plupart du temps, rouges de honte, les débiteurs payaient. Hélas, l’âpreté au gain est mauvaise conseillère: M. San ajouta à son attirail fusils de chasse, matraque électrique et somnifères, et se mit à kidnapper les endettés, pour les libérer contre paiement. En six ans, le gang enleva 28 personnes et récupéra 320.000Y. Ce palmarès peu honorable vient de valoir à San et à 3 de ses sbires, le plus lourd verdict contre une compagnie de créances: des peines de 11 ans à la perpétuité. La morale de l’histoire, cependant, est inattendue: le petit peuple presque unanime considère San et son gang comme des héros du peuple brimés par le système : ils étaient le dernier recours contre les mauvais payeurs, vu l’inefficacité de la police et de la justice dépassées par l’ampleur de la tâche -San est frappé par la justice, disent certains, pour s’être substitué à sa carence!