Le Vent de la Chine Numéro 38 (2022)

du 14 au 20 novembre 2022

Editorial : Le retour des cantines publiques
Le retour des cantines publiques

Des mots nouveaux s’invitent de plus en plus souvent dans les conversations des familles : « cuisines alimentaires » ou encore « coopératives de fourniture et vente ». En dépit de la dénomination, il s’agit de services étatiques, en l’occurrence de cantines et de cafétérias collectives. Ces entités avaient fleuri dans les années 60. Elles refont leur apparition depuis 2012, à un rythme de plus en plus rapide. En 2019, ces établissements bon marché étaient au nombre de 32 000, et 5 000 de plus l’année suivante. Leurs fournisseurs ont vu leur nombre exploser : au Hubei par exemple, ils ont quintuplé depuis 2017, à 330 000 petits paysans écoulant, via ce circuit, les produits de leurs fermes.  Le Hubei a ordonné aux villes, d’ouvrir « au moins 500 cantines d’ici 2025 ». Et ce n’est qu’un début, explicité par un geste politique lourd de sens : à l’issue du XXème Congrès, Liang Huiling, présidente de la Fédération nationale des coopératives de fourniture et vente, était élue membre du Comité Central.

Que signifie cette réapparition d’un réseau de « danwei » d’une époque stalinienne de pénurie et d’économie d’état ?  Cette renaissance a lieu au moment de l’arrivée aux affaires du Président Xi Jinping, et d’une tranche d’âge de leaders ayant connu la révolution culturelle et les gardes rouges. Elle rappelle le souci du Premier secrétaire de « rééquilibrer » la nation après 30 ans de libéralisme hérité de Deng Xiaoping, pour y réinsuffler des principes chers à Mao. Un témoin chinois se rappelle que ces cantines avaient connu leur apogée lors du Grand bond en avant, époque de famine à laquelle on attribue aujourd’hui entre 40 et 100 millions de morts. Dans ces cantines, il faut donc voir le vœu des dirigeants d’un retour à une forme de collectivisme alimentaire.

Elles pourraient être aussi une réponse à la paupérisation, fruit de la désaffection étatique du secteur privé depuis 2012. L’Etat accélérerait ce retour des cantines, poussé par l’angoisse d’une pénurie alimentaire. Pour ne pas (trop) dépendre des importations, il choisirait ce système fruste mais ayant fait ses preuves, pour nourrir tout le monde en cas de besoin…

En tout cas, ces cantines se sont modernisées. Elles fonctionnent en réseau, pour fournir des services diversifiés, du magasin d’alimentation au colis à commander sur internet et réceptionner à un point fixe, en passant par la livraison à domicile. « Tout cela », suppute notre informateur, « c’est pour réhabiliter les comités de quartier », ces organes de contrôle des masses traditionnellement tenus par des vieillards, reconnaissables à leurs brassards rouges hors d’âge.

Une autre justification de ces cantines est le souci du vieillissement qui s’accélère, en résultat de 40 ans de limitation des naissances à un enfant par couple. En 2021, les sexagénaires étaient 267 millions, 19% de la population. Or ce passage accéléré à une Chine aux cheveux blancs, arrive avant que la société ait eu le temps de s’enrichir. Aujourd’hui sous la Covid, plus d’un citadin, sans le dire, a du mal à boucler ses fins de mois. Dans cette perspective, ces cantines Xi Jinping pourraient jouer le rôle de « restos du cœur », payants certes, mais moins chers qu’ailleurs.

L’Etat conteste à vive voix telles interprétations. Wu Changhai, vice-directeur à l’Université nationale des sciences politiques et légales, relève que contrairement aux cantines d’autrefois, celles-ci offrent aux paysans une alternative pour écouler leurs produits et contribuer au bien-être de tous.

Mais est-ce bien le cas ? Par définition, ces cantines publiques ne peuvent exister sans subventions au paysan, au transport, aux salaires du personnel. Mais telles quelles, elles constituent une concurrence inéquitable et insoutenable aux millions de boutiques familiales de soupes, de nouilles et de raviolis, voire même aux petits commerces indépendants qui risquent à l’avenir de ne pouvoir résister.

Une autre question est de savoir si ces espaces de restauration bas de gamme sauront conquérir le public. Tout dépendra sans doute du soin apporté en cuisine, aux efforts des managers pour tenir des salles et des tables propres, et de la qualité du service. Faute de quoi, le client pourrait vite regretter ses restaurants d’avant – d’autant que face à leur marché captif, ces cantines pourraient ne pas faire de gros efforts pour s’imposer…

Au fond, ces cantines sont confrontées par la force des choses à une question fondamentale : sont-elles là pour servir la croissance nationale, ou bien pour suivre l’objectif très « Xi » de renonciation à l’enrichissement et de partage plus efficace de la richesse nationale ?

Le 4 novembre à Shanghai, à l’ouverture de la 5ème édition de la CIIE (China International Import Expo), Xi Jinping se défendait de vouloir tuer la croissance : « la Chine reste attachée à la politique fondamentale d’ouverture, et adhère à la juste voie de la mondialisation économique ». Mais les statistiques offrent une réponse sensiblement différente : en octobre, les exportations ont baissé de 0,3% sur 12 mois, et de 6% par rapport à septembre. A même période, les importations baissaient de 0,7% sur 12 mois. Et d’après leurs bilans annuels, tout juste sortis, trois des 31 provinces sont en récession : Hainan, Jilin et Shanghai. Durement frappée par les confinements successifs liés à la polique zéro Covid, Shanghai accuse une contraction de son PIB de 1,4%.

Les chiffres sont donc, pour l’instant, au rouge, et dans cette optique, les cantines publiques apparaissent comme une réponse d’un régime ayant anticipé cette décroissance. L’avenir dira si la barre se redressera : cela paraît une condition sine qua non pour que le troisième quinquennat du chef de l’Etat se poursuive sans heurt !


Technologies & Internet : Trois mariages arrangés
Trois mariages arrangés

C’est une étrange scène qui s’esquisse dans le paysage de l’internet chinois : le 2 novembre était annoncé le mariage de chacun des trois plus grands groupes privés de la toile chinoise, avec un des trois consortia étatiques gestionnaires des réseaux télécoms. Tencent est apparié avec China Unicom, JD.com avec China Mobile, tandis qu’Alibaba prendrait pour époux China Telecomau conditionnel car l’annonce est contestée par le groupe public.

Les trois alliances se présentent comme des coentreprises. Celle Unicom/Tencent concède 48% des parts à Unicom, 42% à Tencent et les 10% restants « au personnel » – un souci de répartition « équitable » qui rappelle les appels du régime à une meilleure répartition du produit social.

Toutes ces alliances sont encore à l’état d’ébauche : les permis sont accordés, mais les entreprises ne sont pas encore constituées. De même, leur raison sociale reste encore vague, brassant des domaines très larges. Selon les présentations, les entreprises futures devront « renforcer la sécurité et l’autocontrôle de l’infrastructure digitale », « soutenir l’innovation des smart cities, du gouvernement digital, des bases de données, des big data et de l’internet en nuage », et œuvrer dans « le traitement des communications, du commerce international, et de la domotique (smart home) ».

En fait, ces concentrations qui s’esquissent serviront à accélérer la digitalisation des services de l’Etat, à commencer par la sécurité. Elles pourraient par exemple permettre aux 600 millions de caméras disséminées à travers les provinces à mieux communiquer avec les bases de données de la police, et donc identifier plus vite les sujets filmés. Elles serviront aussi à mettre au point des logiciels pour l’administration, de gestion des populations civiles. Les groupes privés disposent du matériau de base nécessaire, à savoir les données individuelles. Via son service WeChat immensément populaire, Tencent brasse les données de plus d’un milliard de Chinois, permettant de modéliser leurs habitudes et traits de caractère. Alibaba et JD.com, n°1 et 2 du commerce digital, peuvent également fournir des portraits de chaque citoyen sur la base de leurs comportements de consommation tels qu’enregistrés lors de leurs achats en ligne.

A y regarder de plus près, ces rapprochements ne datent pas d’hier. Tencent et Unicom ont échangé des postes de direction depuis des années, et Alibaba et China Telecom sont liés depuis 2017 par un accord.

Cependant le jour de l’annonce de ces alliances, le 2 novembre, n’a rien de fortuit. Deux ans plus tôt jour pour jour, Jack Ma, le fondateur d’Alibaba était convoqué pour « prendre le thé » (recevoir des remontrances) après avoir critiqué les contrôles sur l’internet comme désuets et inefficaces. Par suite, son projet d’entrée en bourse de Shanghai et Hongkong de Ant Financial, le bras financier d’Alibaba, avait été suspendu : la plus grande levée de fonds de tous les temps était compromise.

Le mariage China Telecom/Alibaba est donc annoncé le jour anniversaire du recadrage de Jack Ma. De plus, ce renforcement d’alliance se fait en son absence : le fondateur d’Alibaba se trouve au Japon, et n’a pas réapparu en Chine depuis des mois. Quelle plus explicite manière de faire comprendre que désormais, sur les destinées du premier groupe commercial de Chine, c’est l’Etat qui est aux manettes ?

Annoncé juste après le XXème Congrès, ce pas en avant est interprété par les experts comme l’indice que l’Etat prépare la nationalisation de ces groupes privés, dont il a besoin pour renforcer l’appareil sécuritaire du pays, et tout simplement pour garantir une discipline absolue hors du Parti.

Chang Yu, analyste à Hangzhou, précise que les préparatifs étaient visibles dès 2021, le pouvoir critiquant alors « l’expansion désordonnée du capital, et se promettant d’enrayer la croissance des groupes privés ». Wu Jiang, expert pékinois de l’internet, renchérit : « durant le Congrès, le message est passé, interdisant à quiconque de faire du lobbyisme en faveur du privé… Une fois le Congrès terminé, les dernières défenses du privé ayant sauté, l’Etat peut aller plus loin ».

Si cette grille de lecture se confirme, on assiste aux premiers pas d’une mainmise sur les consortia privés, à commencer par ceux de l’internet, les plus influents aux yeux du Parti. Ce dernier d’ailleurs ne s’en cache pas : en juillet 2021, Peng Huagang, porte-parole de la SASAC (l’agence de supervision des consortia publics) communiquait sa volonté d’accélérer les fusions privées/publiques « par acquisitions, par nationalisations non compensées ou par transferts de parts ».

Conclusion d’un témoin anonyme : « c’est le retour aux années 50 qui se profile, à Mao qui avait achevé le contrôle du secteur privé ». Certes, on n’en est pas encore là, et de nombreuses pièces du puzzle manquent encore pour dégager une vision irréfutable du processus en cours. Mais dès maintenant, le mouvement inquiète les capitalistes chinois, qui cherchent à vendre et quitter le pays.

Autres indices qui inquiètent, ce mouvement va parallèlement avec la réintroduction des cantines publiques, et un appel le 9 novembre par Li Shulei, le nouveau patron de la propagande, à « laisser pousser 100 fleurs et 100 écoles de pensées » : une référence voilée à la campagne de Mao en 1956-57, qui avait amené à détecter et punir toute dissidence…

Évidemment, si la Chine mène à bien cette campagne de renationalisation de l’économie, elle risque d’en souffrir les conséquences : un recul de la productivité, de la motivation et de la liberté d’action… Mais ceci est une autre histoire !   

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La « fête des célibataires » continue de perdre en vapeur

Inventée en 2009 par le groupe Alibaba, la fête des « célibataires » mobilise chaque 11 novembre (11.11) toutes les plateformes de e-commerce et toutes les marques à travers le pays, offrant des millions de produits à prix cassés durant 24h, dans une ambiance de jeu et de paillettes. Chaque année, ce festival commercial pulvérise ses propres records de ventes et cette année ne devrait pas échapper à la règle : 1 000 milliards de yuans de ventes sont attendus. Cependant, plusieurs courants perturbateurs viennent ralentir la croissance de ce chiffre d’affaires, pronostiquée à « seulement » 5%. En cause, le ralentissement économique et la politique « zéro Covid » confinant à tour de rôle des dizaines de millions de Chinois, se retrouvant incapables de travailler et donc de consommer.


Routes de la soie : L’apparent blocage des BRI
L’apparent blocage des BRI

Après 10 années d’existence, où en sont les « nouvelles routes de la soie » (BRI) dont le Président Xi Jinping annonçait en fanfare la création en 2013 ?

Très ambitieuses, leur objectif vise à sortir du pays les surplus en fer, en béton et produits semi transformés pour ramifier d’infrastructures de développement les cinq continents le long de routes terrestres, maritimes, aériennes et virtuelles. Sur leurs parcours, elles implanteraient des zones industrielles pour générer richesses et emplois. La Chine a ainsi l’espoir d’enrichir la Terre, tout en la convertissant en son arrière-pays, sa source d’énergie et de minerai, et le marché où déverser ses produits finis.

En apparence, le succès est au rendez-vous : les BRI ont suscité, dans 144 pays, des centaines de chantiers financés par 59,5 milliards de $ (en 2021). Le plus récent projet était inauguré le 7 novembre à Lekki, au Nigéria : le plus grand port en eaux profondes d’Afrique de l’Ouest (cf photo) d’une capacité annuelle d’1,2 million de conteneurs de 20 pieds pour plus d’1,5 milliard de $.

Le succès des projets BRI est venu de leurs alléchantes conditions de départ. Ils sont largement financés, le remboursement n’intervient qu’après livraison. Surtout, au nom du principe de non-ingérence, Pékin s’interdit d’assortir cette aide au développement de conditions politiques.

De la sorte, ses projets BRI ont souvent emporté des appels d’offres, face à des projets concurrents souvent plus performants : dans le cas des barrages par exemple, Sinohydro, le géant étatique, est en retard sous l’angle de la technologie, du design, voire du prix, mais pour le client tiers-mondiste, l’essentiel est l’apport de fonds, que Pékin fournit.

A l’expérience pourtant, si l’accès aux projets BRI est facile, d’autres conditions apparaissent nettement moins chatoyantes sur le long terme. Contrairement à la pratique internationale en matière d’aide au développement où les prêts sont bonifiés voire gratuits, 95% des prêts BRI affichent un taux d’intérêt de 4%. De même, les chantiers des nouvelles routes de la soie doivent être remboursés en 10 ans ou moins, face à ceux de la coopération qui vont souvent à 30 ans ou plus.

Or, comme en même temps les projets ont été choisi par des politiciens sans bagage technique ni expérience gestionnaire, ils s’avèrent souvent des chantiers « de vanité », de faible utilité, sans rentabilité, comme des palais des congrès, des parlements ou des stades que ces pays ont ensuite du mal à rembourser. Même les usines ou voies ferrées peuvent être à risque, du fait d’une étude de faisabilité accélérée et ayant négligé la question du marché réel.

Au Sri Lanka, par exemple, le seul intérêt du complexe (aéro-)portuaire et industriel de Hambantota, inauguré en 2010, était d’être construit près de la ville du président, en pleine jungle au sud de l’île. Vite en faillite, l’outil a ensuite été cédé à la partie chinoise pour 99 ans.

Même problème pour la ligne de chemin de fer entre Ethiopie (Mombassa) et Kenya (Nairobi) payée 6 milliards de $ par la Chine, aujourd’hui rongée par la corruption, et dont la rentabilité se retrouve repoussée à au moins 50 ans.

Ces choix hasardeux des nations clientes sont aussi causes de dérives au plan écologique : en 2018, plus de 44% des investissements BRI ont financé des centrales à charbon – que la Chine pourtant dès cette époque bannissait sur son propre sol.

En définitive, c’est le risque de voir l’outil en faillite et confisqué par le promoteur chinois, qui a refroidi l’ardeur du pays émergent client. Plus de dix pays ont renoncé aux projets BRI, tels Afrique du Sud, Kazakhstan, Malaisie, Maldives, Népal, ou Ouganda.

L’impact des prêts BRI sur les économies du Sud est lourd : d’après la Banque mondiale, près de 40% de sa dette connue est détenue par la Chine. 42 pays ont envers elle des dettes de plus de 10% de leur PIB, le record étant détenu avec 43% par Djibouti, mini pays dans la corne de l’Afrique, qui accueille depuis peu la première base militaire chinoise hors de Chine : Pékin assure par la dette la pérennité de cette base stratégique.

Que fait la Chine face au piège de la dette menaçant ses clients ? Vu les montants énormes qu’elle a investis dans ce plan, elle ne peut se permettre d’effacer l’ardoise. Pour l’instant, elle pense avoir encore du temps devant elle. En août 2022, elle a renoncé à 23 prêts à 17 pays d’Afrique. Toutefois, il s’agissait de prêts sans intérêts, en petits montants, une goutte d’eau par rapport au total des encours.

Comme adoucissement, la Chine offre d’allonger la période de remboursement à 20 voire 30 ans, et/ou d’octroyer aux pays en défaut des mini-prêts, pour leur maintenir la tête hors de l’eau. Mais bien sûr, ces concessions ne règlent rien : ce qu’il faudrait, c’est envisager l’abandon pur et simple d’une grosse partie du prêt, voire même, selon les experts, dans les cas les plus ingérables, abandonner l’exploitation.

Ces derniers jours, le Kenya, menaçant de publier le contrat principal de sa ligne ferrée, demande même formellement de porter le remboursement sur « 20 ans » à 50 ans – la Chine réplique en rappelant que ce partenaire a juré de respecter le secret d’affaires…

La crise des faillites des projets BRI pourrait s’aggraver, alors que le monde s’achemine vers une récession et que le temps de l’aventurisme économique semble révolu. Pékin s’en est sans doute rendu compte : en 2020, le pouvoir a cessé de vanter son plan mondial des BRI, et a en même temps promu un autre programme économique qui semble bien avoir pris leur exact contrepied, étant fondé sur des principes inverses : finie l’exportation de chantiers de développement, et bienvenue aux projets tournés vers l’intérieur chinois des provinces en retard. C’est le nouveau mot d’ordre de la « circulation duale ».

On constate donc un recul des BRI, amputées des 2/3 de leurs investissements entre 2019 et 2020, de 11 milliards de $ à 3,3 milliards. L’Exim Bank, un des gros bailleurs de fonds, refuse même en 2021 à l’Ethiopie 339 millions de $ de crédits promis, pour cause d’incapacité à rembourser ses dettes.

En conclusion, pour rectifier le tableau, il faut revenir sur l’espoir immense qu’avait suscité l’offre des projets BRI, avec leur (fallacieuse) gratuité et leur absence de pressions politiques de type « droits de l’Homme ». Ce que ces projets apportaient surtout, était une solution à un problème de développement inégalitaire à travers le monde. Depuis 50 ans, de nombreux pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Océanie manquaient de fonds et de technologies, qui restaient aux mains des pays riches. Hier comme aujourd’hui, ces nations émergentes réclament un changement de paradigme dans la relation avec l’Ouest et le passage du concept d’« aide » à celui de « partage équitable des ressources ».

Dans ce contexte, les BRI inventés par la Chine, offrent une solution nouvelle, mais qui souffre de ratages et attend des rectifications, dans un sens de transparence accrue, d’écoute, et de coopération avec d’autres fournisseurs de fonds et de technologies. La Chine saura-t-elle le faire ? Telle réforme politique, chez elle, aurait des incidences profondes, pas seulement en politique de développement, mais aussi dans ses relations tout court avec le monde.


Vent de la Chine : Etude à paraître : « Xi Jinping, le mandat de la toute-puissance ? »
Etude à paraître : « Xi Jinping, le mandat de la toute-puissance ? »

Réservez dès à présent notre étude politique consacrée au XXème Congrès du Parti : un éclairage indispensable pour mieux comprendre les arcanes du pouvoir et anticiper les orientations politiques des prochaines années. 

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Avant même sa conclusion, ce XXème Congrès du Parti s’annonçait à la fois comme celui de la rupture (des règles de succession et des normes internes) et de la continuité (du leadership de Xi Jinping et de ses politiques), oscillant entre le prévisible (le statut renforcé de Xi) et l’imprévisible (la composition du nouveau leadership).

Rares sont ceux qui avaient anticipé que le dirigeant de 69 ans manifeste aussi explicitement sa toute-puissance et brise autant de conventions. Aucun « pékinologue » n’avait d’ailleurs correctement prédit la composition du nouveau Bureau Politique, tous les éventuels rivaux de Xi Jinping ayant été évincés et remplacés par des fidèles du Secrétaire général.

Certes, le leader a sécurisé un 3ème mandat inédit, mais est-il aussi puissant qu’on veut bien le dire ? A-t-il obtenu tout ce qu’il souhaitait de ce Congrès, comme un nouveau titre honorifique ou l’élévation de son idéologie ? Et plus fondamentalement, quelles politiques attendre de cette nouvelle équipe dirigeante, absolument loyale à Xi Jinping ?

Autant de questions auxquelles notre étude, réalisée en collaboration avec Alex Payette, cofondateur du cabinet Cercius, tâchera de répondre, en plus d’offrir les biographies détaillées des 24 membres du Bureau Politique et du Comité Permanent.

En guise d’aperçu, retrouvez ci-dessous le synopsis de l’étude ainsi que le portrait préliminaire de Li Qiang, futur Premier ministre. 

Commandez l’étude dès maintenant au tarif de 600 Livraison fin novembre en français (50-60 pages environ).

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Petit Peuple : Shanghai – Liés par le fil rouge du destin
Shanghai – Liés par le fil rouge du destin

En 2020, l’un des bureaux de mariage de la ville de Shanghai enregistre une union unique à tous points de vue. Les deux tourtereaux ont 94 ans, et ont bien plus en commun que leur bel âge…

Qui connaît Shanghai a eu l’occasion d’observer cet étrange paradoxe : 27 millions de personnes, une mégapole vibrante, branchée sur un rythme de vie intense, parfois épuisant. Mais à l’ombre des platanes, sous les auvents des petites boutiques, dans les allées du parc Fuxing, des personnes âgées, beaucoup de personnes âgées, vivent sur un autre tempo. On les aperçoit parfois le matin faire leurs courses en pyjama, prenant leur temps pour choisir des légumes et personne ne s’impatiente. Elles marchent à petits pas comptés dans la rue et personne ne les bouscule. Assises sur un pliant, elles prennent le frais devant le pas des portes ; dans les allées des parcs ou à l’angle d’une rue, elles dansent en rythme, donnant à la soirée qui vient une atmosphère de bal musette. Dans l’une des villes chinoises qui compte le plus de personnes âgées, ces aînés font partie du paysage : selon les chiffres du gouvernement fin 2021, plus d’un résident shanghaien sur trois a 60 ans et plus. Parmi eux, près de 317 000 vivent seuls. Mais parfois, le vieillard sous la lune (月下老人 yue xià laǒrén), sorte de Cupidon chinois, garde des surprises sous sa barbe ! 

Selon la mythologie chinoise, ce personnage détermine les alliances matrimoniales en liant d’un fil de soie rouge les pieds des nouveau-nés ( 红绳系足, hóng shéng xì zú, « pieds liés par une corde rouge ») suivant les directives inscrites dans le registre des mariages qu’il tient dans sa main gauche. Car, selon la croyance populaire, on ne choisit pas son mari ou sa femme, tout est décidé dès la naissance par ce vieillard facétieux. Au cours de la vie, ce fil magique peut s’emmêler, s’étirer mais il ne casse jamais. Les deux personnes ainsi liées sont destinées à être ensemble, quels que soient le lieu, le moment ou les circonstances. En lisant l’histoire de ce couple shanghaien, ce fil rouge du destin (姻緣紅線, yīnyuán hóngxiàn) devient tout d’un coup tangible. Et si c’était vrai ? 

Nés en 1926 à quelques heures d’intervalle à Weihai, dans la province du Shandong, Xu Guizhen et Cao Zhenwei grandissent l’un à côté de l’autre dans le studio photo tenu par leurs pères respectifs, amis de longue date. Lorsque la guerre sino-japonaise éclate en 1937, les deux familles fuient vers le Sud, vers Shanghai. A posteriori, c’était la bonne décision. À partir de 1938, l’armée japonaise occupera la province et le général Yasuji Okamura y pratiquera la politique des « Trois Tout »  (三光作戦, sānguāng zuò zhàn) : « Tue tout, brûle tout, pille tout », une stratégie de la terre brûlée qui fera des millions de victimes dans le Shandong et au nord de la Chine. Les deux enfants deviennent des jeunes gens et le père de la jeune fille, Mr Xu, ne cache pas son espoir de voir Cao Zhenwei, aussi passionné par la photographie que lui, épouser sa fille. Malheureusement, le jeune homme est fiancé à une autre. 

Entre eux, le fil rouge s’étire quand l’une des deux familles quitte Shanghai pour une autre province. Puis, le fil s’emmêle, ils se perdent de vue et soixante ans se passent sans avoir de nouvelles l’un de l’autre. Chacun fait sa vie, mariage, enfants, veuvage. Mais en 2019, le garçon devenu homme puis vieillard, rencontre par le plus grand des hasards le frère de son amie d’enfance, lors d’un dîner de retraités à Shanghai. Muni de ses coordonnées, il lui rend visite. Surprise, elle ne le reconnaît tout d’abord pas puis lui tombe dans les bras. Très vite, la décision de finir leurs vieux jours ensemble dans une maison de retraite s’impose d’elle-même, prenant à rebours le proverbe (白头到老, bái tóu dào lǎo) qui veut que les âmes sœurs vivent ensemble jusqu’aux cheveux blancs du grand âge. Pour eux, nonagénaires, la lune de miel ne fait que commencer ! 

Et elle pourrait durer, quand on sait que Shanghai reste la ville où l’espérance de vie est la plus longue de Chine continentale, derrière Hong Kong. Mais la magie s’arrête là, la vieille dame l’a annoncé clairement : « Entre nous, il ne s’agit pas d’un amour de jeunes gens mais plutôt de prendre soin l’un de l’autre ». Quand ils sortent faire une promenade, leurs deux silhouettes, main dans la main, réjouissent le personnel de la maison de retraite où ils séjournent, et rassurent leurs deux familles.

N’y aurait-il pas là une idée pour atténuer la solitude de tous les autres et répondre au manque de place dans les rares maisons de retraite ouvertes ? Quelques speed dating entre deux ateliers de mah-jong ou de chorale, sous l’égide d’une statue, celle d’un vieillard à la longue barbe blanche, tenant dans ses mains un fil rouge … 

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 14 novembre au 11 décembre
Semaines du 14 novembre au 11 décembre

6-18 novembre, Charm el-Cheikh (Egypte) : COP27 – Conférence de Charm el-Cheikh, conférence internationale de l’Organisation des Nations unies sur le climat

14-16 novembre, Shanghai : SWOP, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage. REPORTE, Date à confirmer

15-17 novembre, Shenzhen : IE EXPO, Salon professionnel international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie

16-18 novembre, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs. REPORTE du 10 au 12 mai 2023

16-18 novembre, Hefei (Anhui) : 2022 World Conference on Integrated Circuits, Conférence internationale des semi-conducteurs

17-20 novembre, Nanjing : MUSIC CHINA, Salon international des instruments de musique et des services. REPORTE, Date à confirmer

18-20 novembre, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Rencontre internationale pour les professionnels de l’élevage en Chine

18-20 novembre, Canton : Silver Industry Guangzhou, Salon chinois et congrès de l’industrie des soins aux personnes âgées. REPORTE, Date à confirmer

20-22 novembre, Shanghai : HOTELEX SHANGHAI, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’industrie hôtelière. REPORTE du 29 mars au 1er avril 2023

20-22 novembre, Shanghai : FHC CHINA, Salon international de l’agro-alimentaire. REPORTE, Date à confirmer

20-22 novembre, Shanghai : PROPAK CHINA, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage. REPORTE du 19 au 21 juin 2023

20-22 novembre, Shanghai : RUBBERTEC CHINA, Salon dédié aux machines de traitement du caoutchouc, produits chimiques, aux additifs et matières premières. REPORTE à 2023, Date à confirmer

23-25 novembre, Canton : CGMT, Salon international des machines-outils CNC

23-26 novembre, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux

24-26 novembre, Shanghai : CIBE SHANGHAI – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté. REPORTE, Date à confirmer

24-27 novembre, Chongqing : CWMTE, Salon international des machines de production. REPORTE du 26 au 29 mai 2023

25-28 novembre, Shanghai : CEMAT ASIA, Salon des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique

25-28 novembre, Shanghai : PTC ASIA 2022, Salon de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz

27-29 novembre, Canton : China International Metal and Metallurgy exhibition, Salon international de la métallurgie

29 novembre-1er décembre, Qingdao: CAC SHOW, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes

30 novembre-2 décembre, Shenzhen : NEPCON ASIA, Salon international des matériaux et équipements pour semi-conducteurs

30 novembre-4 décembre, Shanghai : CIIF – China International Industry Fair, Foire industrielle internationale de Shanghai (industrie du métal et machine-outil, automatisation industrielle, technologies de l’environnement, technologies de l’information et des télécommunications, énergie, technologies aérospatiales…)

1-3 décembre, Shanghai : EP Shanghai / Electrical Shanghai, Salon international des équipements électriques

1-4 décembre, Shenzhen : DESIGN SHENZHEN, Salon international du design, de la décoration et de l’architecture intérieures

2-4 décembre, Yantai : CINE – Chine International Nuclear power industry Expo, Salon international de l’industrie nucléaire

2-4 décembre, Canton : THE KIDS EXPO, Salon international de l’éducation des enfants en Chine

2-3 décembre, Pékin : ALLFOOD EXPO, Salon international de la confiserie, des snacks et des glaces

6-8 décembre, Canton : INTER AIRPORT CHINA, Salon international des équipements pour aéroports, technologies et services

7-9 décembre, Shenzhen : CIOE – China Internation Optoelectronic Expo, Salon chinois international de l’optoélectronique

7-9 décembre, Suzhou : MEDTEC CHINA, Salon et conférence des constructeurs chinois de matériel médical

7-9 décembre, Shanghai : SIAL, Salon international de l’alimentation, des boissons, vins et spiritueux

9-11 décembre, Pékin : ISPO BEIJING, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements

9-11 décembre, Pékin : ALPITEC, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver

14-16 décembre, Shanghai : CBME – Children Baby Maternity Expo, Salon international de l’enfant, du bébé et de la maternité

14-16 décembre, Shanghai : CHINA BEAUTY EXPO, Salon asiatique international de la beauté

14-16 décembre, Shanghai : INTERMODAL ASIA, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire