Le Vent de la Chine Numéro 30 (2017)

du 10 au 16 septembre 2017

Editorial : Entrechats pour le Congrès

À six semaines du XIX Congrès du PCC (18 octobre), media et classe dirigeante entretiennent une campagne de culte de la personnalité de Xi Jinping, sans précédent depuis 40 ans.

Au magazine « Study Times », Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères, est élogieux : la « pensée diplomatique » du Président Xi est une « boussole des relations internationales, qui innove et transcende trois siècles de théorie occidentale ». Xi aurait enterré la « pensée de guerre froide » et lancé « de nombreuses idées nouvelles, ignorées par ses prédécesseurs ».

A la CCTV, du 11 au 15 septembre aux heures d’audiences maximales, le peuple chinois s’est vu offrir chaque jour 30 minutes de panégyrique des vertus du n°1, son inépuisable force de travail « jusqu’à en oublier de se nourrir », sa boulimie de voyages (près de 600.000km à travers les 5 continents) qui lui permettent de recevoir les respects des grands de ce monde, tout cela au service de la grandeur de la Chine…

Largement relayé par les media, le général Fan Changlong, n°2 à la Commission Militaire Centrale (bientôt à la retraite) présente Xi comme le « Leader » (lingxiu, 领袖)- titre honorifique qui n’avait plus été employé depuis Mao et son successeur Hua Guofeng. L’objectif de cette campagne d’image est très politique, directement lié à la guerre de succession.

Le XIX. Congrès nommera pour 5 ans les prochains Comité Permanent (CP) et Bureau Politique (BP). Or, cette question essentielle n’a pas été soulevée lors du conclave balnéaire de Beidaihe en août—qui l’a reportée au Plenum du Comité Central (CC) du 11 octobre, juste avant le Congrès.

Selon la rumeur, une opposition à Xi serait en train de se structurer, regroupant des forces hétérogènes unies par l’inquiétude de voir Xi aux pleins pouvoirs, mettant fin à 30 ans de direction collégiale. Ce groupe veut entraver la tentative de Xi de ne nommer aux organes suprêmes que des hommes sous sa coupe. Il veut aussi empêcher Xi de nommer son successeur, ou de s’auto-octroyer un 3ème mandat, ce qui briserait la pratique respectée depuis Deng Xiaoping. Et si Xi tente de se faire octroyer le titre, supprimé depuis les années 70, de « Président » du Parti, ils s’y opposeront : un Xi « Président » aurait la préséance au CP sur les autres membres, et un droit de veto. Or pour pallier la menace, la stratégie la plus sure pour Xi, serait de se faire couronner non « Président », mais « Leader ».

Une question-clé, dans ce jeu de pouvoir, sera de savoir si Wang Qishan, « pape » de l’anticorruption, gardera son poste. Atteint par la limite d’âge à 69 ans, ce plus sûr allié de Xi devrait se retirer. Faute de quoi d’autres membres du CP tels Zhang Dejiang ou Liu Yunshan—adversaires de Xi— pourraient exiger le même passe-droit. Il se trouve que par sa main de fer aux manettes de la police du Parti, Wang s’est fait détester par plus d’un. En août, le bruit le disait atteint d’un cancer du foie. Mais le voilà qui réapparaît en septembre, en apparente bonne santé… Partira, partira pas ? Le mystère reste entier.

En même temps et pas par hasard, tout ce battage s’accompagne de promesses populistes, d’un quinquennat meilleur : d’ici 2020, Xi éradiquerait la pauvreté (au sens de moins de 2800 yuans par an par habitant) et réaliserait ainsi une société chinoise « modérément prospère ». De même, il promet des avancées décisives dans la qualité de l’air, de l’eau et des sols, avec notamment d’ici là, la construction de 285 « éco-cités », un passage de 12% à 15% des énergies renouvelables dans l’assiette globale, et des programmes nucléaires et éoliens les plus ambitieux du monde. A coup sûr, le jour du Congrès, Pékin profitera d’un ciel d’azur, grâce à la fermeture temporaire d’une majorité des usines, 500km à la ronde.


Corées : Bombe « H » nord-coréenne – la Chine à l’heure des choix

Le 5 septembre, en mer de Bohai, proche de la Corée du Nord, l’armée chinoise (APL) se livra à des exercices anti-aériens tentant d’intercepter des missiles à basse altitude – « test réussi au 1er essai », annonça le communiqué.

À toutes fins utiles, la presse officielle chinoise se chargea de commenter que dans le climat incertain actuel, l’APL souhaite abattre tout missile quittant le pays du Matin Calme. Missile coréen, mais pas seulement : le cas échéant, il s’agirait aussi de détruire toute éventuelle fusée de l’US Air Force vers la Corée du Nord, en rétorsion au test du 3 septembre au mont Punggye-ri, 10 fois plus puissante que la bombe d’Hiroshima. C’est donc un double avertissement que Pékin lançait, à Kim Jong-un le téméraire « cher leader », et à Donald Trump, le fantasque Président américain.

Au demeurant, une fois sa condamnation du test nucléaire prononcée, Pékin faisait son possible pour éviter de nouvelles sanctions au petit voisin. Japon et Corée du Sud se voyaient dissuadés de tenter toute punition contre Pyongyang. La Maison Blanche elle, était dans un premier temps fustigée par la Chine pour envisager de sanctionner quiconque refuserait de soutenir sa croisade contre la Corée du Nord lors du vote du 11 septembre au Conseil de Sécurité de l’ONU.

À Dandong la ville-frontière, la vie continuait comme si de rien n’était. Au poste douane, des centaines de camions attendaient leur tour pour aller livrer en Corée du Nord les biens les plus divers. Le pipeline pétrolier, pour lequel la Corée dépend de l’extérieur à 100%, restait ouvert. Cette année encore, Pékin avait offert à tout enfant nord-coréen un uniforme scolaire ou survêtement de sport. Discours mis à part, la Chine maintenait sa protection au petit allié.

Pourtant, sans aucun doute, les relations entre les deux gouvernements se sont fort dégradées. Très déçu que la république stalinienne n’ait pas suivi son conseil de miser sur la réforme et l’ouverture, le Parti communiste chinois bat à froid son parti-« frère ». Contrairement à ses prédécesseurs qui invitaient régulièrement les n°1 nord-coréens, le Président Xi Jinping n’a jamais reçu Kim Jong-un. L’opinion chinoise aussi s’est refroidie, ne tolérant plus les foucades de qui « mord la main qui le nourrit ». Chaque jour voit fleurir des divagations d’internautes rêvant de voir l’US Air-Force frapper quelques cibles en Corée du Nord, histoire de lui infliger une « bonne leçon ».

En ces conditions, pourquoi maintenir son soutien ? Rappelons d’abord la série de vieux arguments souvent cités : les craintes de voir déferler sur sol chinois des millions de transfuges affamés, d’accélérer la réunification de la péninsule, et de permettre ainsi à l’armée américaine  de se déployer directement à ses frontières…

Ces arguments sont peut-être valables, mais d’autres existent, qui ont sans doute leur poids. Le premier est la peur de Vladimir Poutine. Quand, au printemps, la Chine coupa l’oléoduc trois jours, ostensiblement pour « révision technique » – en fait, sans doute, comme avertissement à Pyongyang de cesser ses tests nucléaires – elle vit sur le champ des tankers russes accoster en Corée du Nord pour lui livrer des hydrocarbures. La Russie, qui a perdu 20 ans plus tôt son rôle de grand allié de la Corée du Nord au profit de Pékin, ne rate nulle occasion pour tenter de le récupérer. Les deux puissances s’observant en chiens de faïence au-dessus du petit pays enclavé, la Chine ne peut se désengager.

Surtout, au Comité Permanent, Zhang Dejiang, président du Parlement et n°3 du régime, placé par Jiang Zemin, a fait ses études à Pyongyang, et tenu son 1er poste dans le Jilin, région à minorité coréenne. Coréanophile, il a—comme tout membre du Comité—pouvoir de véto sur tout changement de ligne politique, y compris sur les liens avec la Corée du Nord.

Est-ce à dire que rien ne changera ? Justement pas. Le XIX Congrès, mi-octobre, verra la mise en retraite de cinq des 7 membres du Comité, dont Zhang Dejiang. A peine le Congrès achevé, Xi Jinping pourra donc reprendre la main sur le dossier nord-coréen, et agir plus directement.

Finalement, sous la pression internationale, la Chine étudie l’option d’accepter le 11 septembre pour le compte de l’ONU, de fermer le pipeline afin de forcer Pyongyang à négocier. Un échange téléphonique entre Xi et Trump, le 6 septembre, aurait abouti au soutien chinois de cette  sanction, au moins pour une durée limitée. Un telle mesure déstabilisera le pays : l’armée pourra fonctionner encore quelques jours, mais pas les villes, dont certains habitants ne trouveront plus d’essence pour leur voiture. De même, les paysans, faute de carburant, ne pourront pas effectuer les semailles d’hiver à temps avant les gels de fin octobre. Toutes choses qui pourraient inciter Kim Jong-un à réfléchir.

Dernier point inquiétant : le 4 septembre Wen Lianxing, sismologue à l’université des Sciences de Hefei (Anhui), croit détecter que le mont Punggye-ri, sanctuaire des déchets des derniers tests nucléaires nord-coréens, menace de s’effondrer. Si cela advient, les radiations et gaz se diffuseront en toutes directions, avec danger mortel pour les deux Corées, le Japon et la Chine, suivant les hasards du vent. Autant dire, si le chercheur Wen dit vrai, que la Corée du Nord arrive au bout de ses moyens d’expérimentation—et la Chine, de sa patience.


Diplomatie : BRICS – Premiers fruits

À Xiamen les 3, 4 et 5 septembre, le 9ème Sommet des BRICS (alliance des pays émergents) a bien failli ne pas avoir lieu. Cinq jours avant, un conflit opposait, en terre bhoutanaise à 5700m d’altitude, quelques centaines de soldats chinois et indiens, risquant d’entraîner le boycott du Sommet par Narendra Modi, Premier ministre indien. Xi Jinping avait donc dû négocier en coulisse pour faire en sorte que les troupes se retirent à temps. L’incident avait cependant exposé la vulnérabilité de cette association réunissant Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, vu les intérêts parfois conflictuels des membres – en l’occurrence, l’expansion de leurs influences respectives hors frontières.

A Xiamen, les délégations ont pu constater la masse tangible des avantages à travailler ensemble.

A l’origine, cet intérêt était moins commercial, que purement politique : ces cinq pays prétendant créer à travers la planète, un nouvel ordre économique mondial qui fasse concurrence aux Etats-Unis et à l’Europe, au dollar et à l’euro, et aux pratiques prédatrices des multinationales.

Mais très vite, les échanges bilatéraux aboutissaient à des avancées qu’on n’aurait pu soupçonner à l’avance. Par exemple, lors de leur grande réconciliation, Xi Jinping  reconnaissait devant Modi l’existence de groupes terroristes au Pakistan— un constat très précieux pour l’Inde, mais déchirant pour le Pakistan, qui était absent au Sommet.

Le meeting des cinq nations servait aussi de laboratoire d’idées : Modi, par exemple, décrivait une expérience originale de lutte contre la misère en son pays, par laquelle 360 millions de citoyens parmi les plus pauvres, recevaient en même temps un compte en banque, une carte d’identité biométrique et un smartphone d’entrée de gamme, permettant ensuite à l’Etat de leur transmettre une aide directe sans craindre son détournement.

Depuis la fondation de leur association en 2009, les BRICS, coopèrent en matière de finance et de douane, dans le but de s’enrichir mutuellement par les échanges. Ainsi, ils ont fondé en 2014 la Nouvelle Banque de Développement (NDB), qui se veut un contrepoids à la Banque Mondiale et au FMI. Dès 2015, la NDB recevait 10 milliards de $ de chaque pays fondateur, pour un fonds de roulement de 50 milliards, qui doit passer à 100 milliards à l’avenir.  En 2016 sur 7 projets, la banque a prêté 1,5 milliard de $. En 2017, elle compte en débourser 2,5 milliards, un montant qui reste fort modeste face aux 49 milliards de la Banque Mondiale. Dès 2018, la NDB ouvrira ses prêts aux projets privés. Durant le Sommet, en duplex depuis Xiamen, les BRICS assistaient à la pose de la 1ère pierre de son siège à Shanghai (Pudong). D’ici 2021, la tour de 30 étages devra atteindre 150m de hauteur, pour accueillir jusqu’à 2500 employés. Dirigée par l’Indien K.V. Kamath, sa première priorité sera d’obtenir une note des agences spécialisées, afin de pouvoir émettre des obligations dans leurs propres monnaies—et de financer ainsi leurs opérations.

Cependant cette banque NDB rencontre immédiatement un mal de croissance. Ses statuts sont flous – ce qui était volontaire dès le départ. Comment en effet, mettre d’accord ces pays si différents, aux origines culturelles ou religieuses si diverses, sur des types de financement identiques ?

La NDB manque donc de standards « moraux » quant à ses objectifs : elle ne peut refuser des prêts dans le nucléaire, quoiqu’un de ses membres (le Brésil) y soit plutôt opposé. Elle manque aussi de standards purement financiers : quelle transparence comptable réclamer, alors que certains pays ne vivent que dans la pénombre de comptes retouchés ? Aussi la NDB, pour l’instant, ne prévoit aucune évaluation indépendante des projets primés. Ceci pourtant risque de la pénaliser plus tard, quand elle devra renoncer aux fonds des Etats pour se financer sur le marché international privé. La NDB a d’ailleurs démarré sur un curieux faux pas : son premier projet, 180 millions de $ en Afrique du Sud, pour un chantier d’énergies renouvelables, a été stoppé net en 2016 par Johannesburg : avec la crise économique, l’Afrique du Sud révisait à la baisse sa demande en énergie…

Nonobstant, les leaders de l’organisation gardent confiance en l’avenir, sur le long terme, au nom de l’enjeu, à savoir un réseau de nations aux besoins de financement fondamentalement différents de ceux des économies matures. Une course contre la montre semble engagée pour un élargissement rapide du club des BRICS : avec cinq autres nations observatrices à Xiamen (Egypte, Guinée (présidente en titre du Sommet Africain), Mexique, Tadjikistan et Thaïlande, ils formeraient le BRICS+. Le Venezuela, pourtant en piètre posture économique, présentait aussi son entrée à la NDB comme imminente.

Contrairement aux usages, Xi Jinping, l’hôte, ne déballa pas à Xiamen, une multitude de chèques. A peine annonça-t-il un crédit de 80 millions de $, presque entièrement destiné à la promotion de projets « coopératifs » entre pays signataires. C’était à l’évidence pour positionner la Chine, cette fois, comme un pays parmi les autres, partenaire et égal.

En définitive, de l’avis de tous les participants, ce Sommet fut un succès, sans tension et avec l’intuition générale d’un nouveau monde à construire, affranchi de l’ombre des économies matures. Sortant de son mutisme proverbial, le russe Vladimir Poutine devait résumer l’opinion générale en croyant le club capable de créer à l’avenir « un ensemble de mesures coopératives contre les pratiques déloyales des multinationales, et les violations transfrontalières des règles de la concurrence ». Vaste programme !


Défense : Avis de coup de vent en mer de Chine du Sud

Après près d’un an d’accalmie en mer de Chine du Sud, sans expansion par une Chine qui la revendique presque intégralement, on assiste soudain à son redémarrage sur tous les fronts – pêche, exploration pétrolière, avancées militaires.

Le 16 août après 108 jours de fermeture dans un but conservatoire, Pékin donna le feu vert aux 18.000 chalutiers de Hainan, pour aller pêcher entre les archipels Paracels et Spratleys. Cependant, c’était en pleines zones économiques exclusives (ZEE) des nations riveraines, en infraction à la Convention de l’ONU du droit de la mer, que Pékin ne reconnaît pas. Aussi, cela annonce probablement des clashs à venir entre pêcheurs chinois et locaux—à moins que Pékin n’octroie, dans chaque zone, un nombre de licences permettant un partage effectif de la ressource et une coexistence.

Est-ce un mauvais présage ? Le 13 août, dans un atoll face à l’île de Thitu (cf photo), un chalutier et un bâtiment océanographique des Philippines étaient bloqués par une flotte chinoise de 9 chalutiers, 2 navires militaires et un garde-côtes. A cette heure, on ignore les intentions chinoises, et si la Chine compte confisquer l’atoll, comme ce fut le cas en 2012 avec Scarborough Shoal. Depuis octobre dernier, la marine chinoise, sans restituer l’îlot-même, laisse les pêcheurs locaux retourner dans la zone – un « beau geste », mais s’insère-t-il dans le cadre de la réconciliation avec Manille ?

En fait, suite à cette embellie, et aux promesses chinoises d’investissements massifs aux Philippines, la confiance règne pour l’instant entre ces deux pays, au point de les laisser s’entendre pour prospecter en commun le bloc gazier Sampaguita.

Il en va autrement avec le Vietnam. En juillet, un de ses navires de prospection fut forcé par la marine chinoise d’interrompre un forage sur son bloc 136-03. Le Vietnam vient aussi d’émettre deux protestations contre des manœuvres chinoises en mer de Chine du Sud, et des centaines d’abordages, dont deux ayant causé des naufrages. Clairement, pour Hanoï, le « code de conduite » naval adopté quelques mois plus tôt par Pékin et l’ASEAN, n’est pas respecté, et n’a rien réglé du tout.


Sport : Le football chinois mise et perd

C’était inévitable : le 5 septembre à Doha, l’équipe chinoise de football  ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du Monde de 2018 en Russie. Coachée par Marcello Lippi, le Onze a certes battu le Qatar (2-1), obtenant pour l’entraîneur-star italien un bilan honorable de trois victoires, deux nuls et une défaite, mais cela n’a pas suffi pour compenser la série d’échecs sous son prédécesseur Gao Hongbo

La sélection chinoise demeure à des rangs indignes, 8ème d’Asie et 77ème mondiale. Et ceci, en dépit des investissements hyperboliques pour les transferts de stars étrangères dans les clubs de Super League. Le moment est propice pour un examen de conscience : qu’est-ce qui empêche le foot chinois de monter en puissance ?

Michael Church, commentateur de football sur la chaine ESPN, explique que les clubs (privés) et la ligue (publique) ont des intérêts et des politiques en opposition de phase. Pour collectionner les victoires sans attendre des années, les clubs, recrutent des attaquants étrangers, plutôt que les former. Le 11 national se retrouve donc sans avant-centre professionnel. « Tant qu’ils ne penseront pas au développement de l’ensemble des joueurs de l’équipe et à la formation en clubs et académies, renchérit Angela Smith, manager international du club britannique Stoke City, le foot chinois stagnera ».

Autre handicap, d’après Mads Davidsen, directeur technique du club shanghaien SIPG, les entraîneurs chinois ne donnent pas à leurs athlètes une formation de niveau international—la courbe d’effort dans la saison n’est pas adaptée, et la priorité va trop souvent aux capacités physiques, au détriment de la complémentarité de groupe.

Dernière lacune selon Luis Ferreira, directeur « jeunes » au Tianjin-TEDA, lassés et sans idéaux, ces jeunes sportifs ont bien du mal à développer une passion pour leur équipe et pour leur sport. Ce problème peut-être lié à l’absence de star chinoise du ballon rond – contrairement au basketball qui a profité de l’effet Yao Ming.

Au moins, la Chine dispose depuis deux ans, de ces milliers d’académies et écoles de foot qui s’ouvrent sur son territoire. Cette formation-là, avec des éducateurs étrangers, met les élèves de 8 ans sur les bons rails, promettant l’éclosion d’une Chine superstar du ballon rond quand ils seront adultes – à temps pour le Mondial 2030 qu’elle ambitionne d’accueillir sur son sol, mais guère avant ! Pour 2030, elle a pour l’instant comme challenger la candidature conjointe de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay.


Petit Peuple : Xuanwei (Yunnan) – La Fugue de Xiao Miao (2ème partie)

Résumé de la 1ère Partie : Le 29 juin Xiao Miao, 10 ans, s’est sauvé de la maison après avoir reçu de mauvaises notes à l’école et avoir été puni. Depuis deux jours, évitant de se faire rattraper, il vit l’exaltation de la liberté, entre ville et campagne…

Les premiers pas de Xiao Miao dans cette jungle autour de Xuanwei (Yunnan), avaient été difficiles. Ils lui avaient coûté un effort physique auquel il n’était pas préparé. Mais sa bonne étoile ne l’avait jamais quitté, lui donnant toujours au moment nécessaire, de quoi boire, manger et se reposer en sécurité. Elle semblait tout faire pour l’aguerrir à temps, en une lutte contre la montre et les dangers de la terre sauvage. De fait, ce n’est qu’après 48 heures de fugue, délai très bref, que lui fut imposée cette espèce examen d’entrée à la nature. Sur ces sentiers sauvages, faisant craquer sous ses pieds les brindilles mortes, l’enfant vit soudain se dresser devant lui un serpent d’un mètre cinquante, luisant noir et gris de toutes ses écailles, oscillant de sa tête triangulaire et dardant de la gueule une langue bifide.

Xiao Miao eût pu paniquer et détaler comme un lapin. Au lieu de cela, sans réfléchir, il abattit sur le serpent la canne trouvée l’avant-veille dans un dépôt d’ordures. Courageusement, il atteignit le reptile à la tête, et le tua du premier coup. Il resta l’observer de longues minutes, maintenant sa proie inerte à prudente distance. Puis il assembla deux poignées de feuilles mortes, trois branches sèches et lança un feu de joie. Tandis que le feu devenait braise, il prit sa lame et sectionna la vipère en morceaux, écartant la tête du bout du bâton et la jeta dans les fourrés. Il enfila les tronçons sur une pique de bois vert, qu’il planta au dessus des tisons. Quinze minutes après, avec fierté, il grignota son gibier rôti, fruit de sa première chasse, et constata avec satisfaction, qu’à cet examen-là, il était reçu ! Douce revanche pour le camouflet infligé par l’école. Les hommes l’avaient rejeté, mais la nature l’embrassait. Ce choix-là avait, à ses yeux, cent fois plus de valeur.

Les jours suivants furent employés en doux farniente, à baguenauder à travers un royaume sans limites de fougères, d’arbustes, et de vagues banlieues. Xiao Miao faisait ce qu’il voulait, quand il voulait, se couchant avec les poules, et se levant à l’aube pour prendre un petit-déjeuner de mûres, fraises et autres baies sauvages. S’aventurant dans des lotissements, il s’attardait dans les poubelles collectives, sélectionnant canettes de soda et bouteilles plastique qu’il allait revendre au chiffonnier du coin. A sa première livraison, il obtint huit billets graisseux d’un yuan, qu’il convertit illico en deux épis de maïs grillés suivis d’une glace en bâtonnet, parfum haricot rouge.

Une semaine après, il n’avait pas beaucoup progressé vers Chongqing, sa destination finale. Mais il s’en moquait. Le véritable objet de sa quête, était cette initiation en cours, avec pour maître le bois, et maîtresse la rivière.

Un jour, il trouva par terre un vieux porte-monnaie sustenté de 30 yuans. Sans perdre une minute, il acheta une roubing (galette poêlée à la viande), un soda, et aussi un carnet et un stylo pour consigner ses journées. Car Xiao Miao le pressentait, une fois éteinte l’ardeur de l’aventure, il fallait en conserver les cendres sous forme de mots, pour pouvoir en goûter plus tard les merveilles et s’en rappeler à jamais, comme les plus beaux jours de sa vie d’enfant. Une autre fois, la chance le rendit maître d’un téléphone portable tombé à terre. Mais cette fois, le chiffonnier le roula : prétextant une griffure sur l’écran, il ne lui en donna que deux yuans.

Presque chaque jour, traînant dans la rue, Xiao Miao voyait des femmes charitables lui offrir de venir chez elles prendre un bol de riz. Il refusait toujours : d’abord, par dignité, ses vêtements étant tout crasseux. Mais surtout, il se méfiait : qu’est-ce qui empêchait la bonne âme d’appeler la police ou pire, de le kidnapper ? Cela valait cher, un garçon, sur le marché noir… Ainsi, obtenir une belle somme de la part d’une famille en mal d’héritier, n’aurait posé aucun problème de conscience. Après tout, ils aidaient les acheteurs à « assurer leur descendance » (掳人勒赎, lǔrén lèshú)… 

Au fil du temps, Xiao Miao devint expert dans l’art de pénétrer dans les granges pour y passer la nuit, quitte à repartir aux aurores, évitant la rencontre avec le fermier. 

Un matin, après un dîner de fruits acides, il tomba malade : se rappelant un remède de sa grand-mère, il alla déterrer des racines de gentiane, et les fit bouillir. Une heure après, il fut sur pied.

Une autre fois en forêt, il se laissa surprendre par un orage. Grelottant de fièvre, il ramassa un bouquet de pissenlits, dont il se fit une tisane. Là encore, il réussit à se soigner.

Enfin le 23 juillet, vit la fin de son escapade, victime d’un excès de confiance. Il avait fini par se bricoler une cahute, ce qui le rendait visible. Une patrouille de police repéra l’enfant noir de crasse et amaigri.

Ils le ramenèrent au poste à Zhaotong (Yunnan), le nourrirent, le lavèrent, le rhabillèrent de propre. Deux heures plus tard, son père arriva. Xiao Miao avait raconté son odyssée : face aux pandores, aux journalistes accourus, le père promit de ne plus jamais battre, ni disputer Xiao Miao, devenu sa fierté après avoir survécu au total 25 jours sans aucun soutien !

Xiao Miao retourna ainsi chez lui, guéri de sa colère contre ses parents et ses professeurs. Ce stage « à la dure » lui avait permis de pardonner, de relativiser les choses. Mais chaque jour de survie l’avait renforcé. Dès lors, il était prêt désormais à retourner sur les bancs de l’école.

Rien que du bonheur donc, dû à l’intervention magique de Dame Nature et aussi, il est vrai, de son propre courage, pour avoir osé sauter le pas.

 


Rendez-vous : Semaine du 11 au 17 septembre 2017
Semaine du 11 au 17 septembre 2017

13-14 septembre, Tianjin, AEROMART Summit, Convention internationale de la filière aéronautique

14-16 septembre, Nankin : ASIA BIKE, Salon asiatique du vélo

14-16 septembre, Shanghai : Interior Lifestyle China, Salon international des produits et accessoires de la maison

14-17 septembre, Tianjin : China Helicopter Exhibition, Salon international des hélicoptères civils

15-17 septembre, Canton : CIPFE, Salon international des produits agroalimentaires importés

15-17 septembre, Canton : HCI Expo / IOF, Salon international de l’alimentation saine et biologique en Chine

15-17 septembre, Canton : HWE, Salon international de l’eau potable en Chine

15-19 septembre, Taizhou : China (Taizhou) International Medecine Expo, Salon international de la médecine