Le Vent de la Chine Numéro 6

du 9 au 15 février 2014

Editorial : Chunjie—virage assumé

Selon Confucius, chaque année pour le Chunjie, la Chine doit régler ses problèmes et faire aboutir ses projets, histoire de pouvoir aborder cette année du Cheval au galop et sans épines sous le sabot. 

<p>Aussi les 2 super commissions imposées par Xi Jinping en novembre 2013 (NSC pour la sécurité, et la Commission Réforme) virent leurs fonctions précisées et leurs membres nommés. Elles vont désormais décider des priorités (celles à soutenir, comme celles à proscrire), et distribueront les responsabilités exécutives entre ministères. 

Tout cela met fermement les rênes aux mains de Xi, Président des 2 commissions. Seuls 2 des 7 membres du Comité Permanent (l’«organe suprême») n’ont pas trouvé leur place dans les nouveaux organes :
Yu Zhensheng et Wang Qishan, patrons de la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) et de la CCID, la police du Parti.
Pour, Yu Zhensheng, à la tête d’une Chambre consultative aux pouvoirs symboliques, rester hors des sphères décisionnelles ne peut que renforcer son aura de neutralité objective.
Wang Qishan lui, à la tête de la CCID, garde indéniablement la confiance du Président: pour ce grand commis de l’Etat et pourfendeur des corrompus, rester hors de la NSC est un atout opérationnel: la position l’abritera des pressions visant à épargner tel prince rouge ou tel lobby.
Mais cette nouvelle structuration du sommet de l’appareil impose la question de sa finalité : s’agit-il de renforcer l’exécutif en le rendant plus personnel et moins collégial ? Si cela se vérifiait, ce serait la fin de 30 ans d’une recette politique de Deng Xiaoping, et un retour à une formule plus maoïste, voire militaire. L’avenir le dira… 

La NSC aura deux directions, « générale » et « financière ». Cette dernière contrôlera les influx d’argent chaud, ces milliards de $ qui (re-)passent en Chine, avec pour effets d’alimenter le crédit gris et de rehausser le cours du yuan.
La 1ère action de la NSC aura peut-être été de sauver le China Credit Trust d’une faillite au 1er février. Manquaient à ce fonds de gestion de fortune, 496 millions de $ d’épargne qui avait été levée sous forme d’obligations pour Zhenfu Energy, groupe minier du Shanxi. Officiellement, pour des investissements, mais en fait pour refinancer la dette du groupe. Or le 29/01, date butoir du remboursement, et de la faillite attendue, trois sources « anonymes » payèrent (identifiées par la presse comme la province, l’ICBC et le propriétaire Wang Pingyan), sauvant ainsi China Credit Trust. Issue inespérée pour les 700 agioteurs ayant misé sur ce mauvais cheval : ils récupèreront leur mise. 

Mais pour l’Etat, c’est une mauvaise nouvelle. Le tandem Xi Jinping/Li Keqiang voit ainsi frustrée son ambition de « laisser jouer le marché ».
 Aussi les provinces et les fonds de gestion de fortune peuvent croire que l’Etat, par peur d’un effet boule de neige sauvera indéfiniment leurs investissements ratés.
Selon Morgan Chase, ces 67 fonds ont 1670 milliards de $ placés. Le crédit gris lui, en lien avec les banques (pour contourner les consignes centrales) « pèse » 5950 milliards de $. Le monde attendait que Pékin laisse advenir une faillite, à titre d’exemple: le cas China Credit Trust vient de prouver que face à cette épreuve, il venait de refuser l’obstacle. 

Le sort veut qu’au même moment, les tribunaux condamnent jusqu’à 4 ans, 3 des 8 militants du groupe « nouveaux citoyens », pour avoir revendiqué la publication des patrimoines des hauts cadres. Cette série de verdicts qui casse à moyen terme tout espoir de réforme ou de militance citoyenne, a été voulue par le sommet de l’appareil.
Entre ces verdicts sans concession et le sauvetage du fonds failli, on croit discerner une volonté d’exprimer un pouvoir fort: de frapper à gauche et à droite (les hauts cadres, et les dissidents) : pour s’assurer à moitié leur soutien, à moitié leur obédience. 

Enfin, la nuit du Chunjie, le gala de la CCTV vit le présentateur en costume Mao, et de nombreuses performances directement resurgies de l’ère révolutionnaire. Xi Jinping lui, revenait d’une visite au porte-avions « Liaoning », où il avait enjoint ses marins aviateurs d’accélérer leur passage à la capacité opérationnelle.
Ce virement à gauche n’a pas empêché le gala de battre tous les records mondiaux d’audimat, dépassant les 750 millions de téléspectateurs en Chine continentale seulement. Difficile dès lors, de pronostiquer un mécontentement de la base, une fêlure dans le Rêve de Chine. Cette Chine va de l’avant, impavide face aux froncements de sourcils des démocrates intérieurs, comme de l’étranger !


Santé : Mérieux en Chine, « Pape » du test in vitro

En Chine depuis 1985, Merieux s’y développe à grande vitesse, avec trois entreprises, une fondation et 500 emplois. N°1 mondial du diagnostic in vitro, le groupe s’est habitué en Chine à une croissance très forte (29% par an depuis 2001).

Mérieux assure en Chine le test de détection de toutes maladies infectieuses, le contrôle bactériologique de produits, la recherche de nouveaux vaccins et la formation du corps médical à diverses saines pratiques. Le chiffre d’affaires en Chine, en 2012, reste encore « modeste », à 100 millions d’€ sur 1,5 milliard € de chiffre mondial. Mais la Chine qui était son dixème marché national vers 2005, est passée 3ème en 2012, derrière les USA et la France. La demande est sans limite, exacerbée par le retard du pays en investissements de santé, et par son exigence solvable de rattraper son retard : la Chine ne dépense pour sa santé que 7% de son PIB, face aux 11% en France et aux 18% aux USA. Mais la Chine s’équipe à vitesse de l’éclair. Témoins, ces 2000 nouveaux hôpitaux programmés, et la « rallonge» budgétaire de 800 milliards de ¥ en 2009-2012.

Face à cette demande, Mérieux aligne trois filiales :
BioMérieux importe ou produit localement ses tests in vitro de maladies infectieuses, cardiovasculaires et de différents types de cancer.
Transgene, en JV avec le groupe chinois Tasly de Tianjin, recherche des vaccins contre l’hépatite B, l’hépatite C et diverses formes de cancers (estomac, œsophage, poumon, métastases osseuses).
Mérieux Nutrisciences vérifie la sécurité des produits (animaux, plantes, huiles etc.) pour le compte de l’Etat ou de groupes tels Carrefour, Auchan ou L’Oréal. 

Parmi d’autres partenariats, comptent un laboratoire de cancérologie en JV avec l’université Fudan, d’autres avec l’université Tongji ou Kehua Bioengineering (Shanghai). 

À Pékin, le « Laboratoire Christophe Mérieux » fut créé en JV avec l’Académie des sciences médicales. Un autre accord avec le ministère de la Santé permit la création d’un détecteur accéléré de résistance aux traitements de la turberculose – étape cruciale pour permettre le passage à un autre type de soin.

En 2008, un programme de formation des personnels soignants fut lancé contre les affections « nosocomiales » contractées à l’hôpital. En 2013, il fut relayé par un programme contre l’usage excessif des antibiotiques - une formation de futurs formateurs choisis parmi les 500.000 membres de la China Medical Association. 

Tout ce travail est facilité par les rapports personnels. Depuis sa première visite en 1978, A. Mérieux, le président « à vie » du groupe lyonnais, s’y est fait de puissants contacts, tels Chen Zhu, l’ancien ministre, Peng Liyuan, « 1ère Dame » de Chine (aussi ambassadrice de l’OMS pour la lutte contre VIH et tuberculose) – et Xi Jinping, qui le recevait en 2012 (cf photo). 

La commercialisation (70% vers les hôpitaux) est assurée par un réseau d’intermédiaires distributeurs. Comme d’autres grands noms de l’industrie pharmaceutique en Chine, Mérieux a subi récemment des contrôles. L’enquête a été classée sans suites. 

Parmi les projets d’avenir, A. Mérieux a été nommé dès 2004 par Paris à la tête du projet « laboratoire P4 » destiné à l’étude des pathogènes émergents, nouveaux virus potentiellement très dangereux. Signée dès 2004 par les deux gouvernements, la réalisation de ce centre de pointe aura pris 10 ans, reflétant la complexité de ce projet très stratégique. 

Autre fer au feu : Mérieux commence à déplacer son offre de service vers les petits centres hospitaliers ruraux ou de banlieue. Le développement de ces hôpitaux de proximité est considéré comme une priorité par Pékin, pour se rapprocher du patient et désengorger les énormes usines à soins des métropoles. Pour Mérieux, cela implique la mise au point d’un matériel simplifié, miniaturisé et moins cher.
Mérieux voudrait aussi produire en Chine-même l’intégralité de ses gammes de produits. 

Face à ce déploiement rapide, la Chine industrielle ne reste pas les bras croisés. Le groupe voit déjà circuler dans les hôpitaux reculés des clones piratés de ses flacons d’hémocultures et tests rapides. 

« A ce stade, selon ce cadre de Mérieux, cela ne concerne que des produits qui ont une faible incidence sur notre chiffre d’affaires ». Pour cause : issus d’une R&D permanente (financés, pour BioMérieux, par 11% des profits), les produits Mérieux sont difficiles à copier. Mais dans diverses provinces, des concurrents locaux s’échauffent et montent en savoir-faire. 

Dans chaque secteur, Pékin désigne un « champion national », sensé rejoindre le peloton mondial de la recherche et du marché. « Nous sommes bien conscients que la domination étrangère du test in vitro est vouée à disparaître ». D’où l’obsession chez Mérieux, de porter son siège de Pudong à toutes les normes européennes de travail et de sécurité : moins par « générosité » que par clairvoyance, pour donner à l’entreprise toutes ses chances à l’avenir.


Monde de l'entreprise : Marco Polo – Le think tank de jeunes cadres studieux *
Marco Polo – Le think tank de jeunes cadres studieux *

Pour de jeunes cadres expatriés, comment penser ensemble leurs expériences professionnelles en Chine ? 

C’est ce qu’avaient en tête Arnaud Favry et d’autres jeunes, en fondant le Marco Polo Institute en juin 2012 à Pékin. L’objectif du groupe de réflexion anglophone, est d’identifier des politiques publiques innovantes et des bonnes pratiques de management d’entreprise, issues des conditions du pays, et qui puissent aussi s’inspirer des systèmes européens.  

Avec ses membres chinois et étrangers, Marco Polo se réunit deux fois par mois, entre Pékin et Shanghai, autour d’un Grand témoin sur son thème de l’année : l’entrepreneuriat en 2012, l’innovation en 2013, l’aménagement urbain en 2014. 

Chaque année, un rapport est publié en français et en anglais, destiné aux administrations, ambassades, Chambres de commerce et entreprises. Sur le management d’entreprises par exemple, ses conclusions offrent une « boîte à idées » pour mieux saisir l’environnement chinois, voire mettre en place une politique publique ou de gestion d’entreprise. 

Rapports et travaux consultables sur le site internet : www.marcopolo-institute.com 

*Cet article non issu de notre rédaction, est publié dans nos colonnes pour aider à promouvoir les échanges de la communauté expatriée en Chine.


Santé : Grippe aviaire – le retour du spectre

Depuis 2005, date d’apparition du virus H5N1 de la grippe aviaire, plus une année ne passe en Chine sans incidents liés à ce nouveau virus. Pourquoi la grippe aviaire démarre-t-elle invariablement en Chine ? Il se trouve que le pays, surtout au Sud, vit dans une forte promiscuité rurale, où l’habitat humain jouxte de façon précaire un fort élevage de volailles, milieu favorable aux échanges génétiques entre les deux espèces. 

L’apparition en mars 2013 d’une nouvelle souche H7N9 n’est donc pas vraiment étonnante. Mais sa virulence prend les experts de surprise : il totalise à ce jour 290 cas (dont 115 depuis le 1er janvier 2014), et 66 décès. 5 à 10 nouveaux cas par jour sont actuellement recensés par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Cette période du Chunjie est donc un pic. A cela, on compte plusieurs facteurs favorisants :  le va-et-vient entre extérieur glacé et intérieur surchauffé rend les organismes plus vulnérables ; ‚ les 280 millions de migrants qui retournent au foyer par bus ou par train, font un «bouillon de culture» incontrôlable ; ƒ la tenace tradition chinoise, « au nom des ancêtres », d’acheter le poulet vivant et de l’abattre à domicile, est un facteur déterminant de transmission. 

Le virus est foudroyant : le nombre de décès atteint 66, et 25 en 2014, soit 21% dans les deux cas (en comptant Hong Kong et Taiwan). Et contrairement au H5N1, le H7N9 ne provoque aucun symptôme sur la volaille, ce qui rend le mal indétectable, sauf par test épidémiologique. Or sur les volatiles cantonais exportés sur Hong Kong, les tests chinois semblent avoir été pris en défaut fin janvier 2014. Par contre, les services vétérinaires de Hong Kong ont détecté le germe pathogène et imposé d’emblée l’abattage des 20.000 poulets et canards, tout en bannissant l’importation pour 3 mois. 

Fortement touchée par l’épidémie, Shanghai a emboité le pas. D’autres métropoles annoncent les mêmes mesures prophylactiques. Parmi les habitants, même à la campagne, la nervosité est palpable. Pour autant, les autorités chinoises et l’ OMS rassurent : il n’y a aucune preuve à cette heure, de la capacité de ce H7N9 à passer d’humain à humain – tous les cas suspects étudiés ont pu être associés à un contact avec des oiseaux d’élevage. Instruits par l’expérience du SRAS en 2003, les pouvoirs locaux (Center for Disease Control – CDC, ministère de la Santé) semblent pratiquer la transparence et bien communiquer les progrès du virus. On trouve malgré tout des internautes, autour de Harbin, qui dénoncent une sous-évaluation notable dans les chiffres officiels de contamination dans leur région.

Et puis voilà qu’arrive, en plus du H7N9, une nouvelle souche, le H10N8. Il a déjà contaminé à Nanchang au Jiangxi (une femme de 73 ans, décédée le 06/12). Très agressif sur l’organisme, il résiste aussi aux anti-virus tel le Tamiflu. A l’OMS, on prend pour l’instant la nouvelle sans angoisse : cette souche nouvelle n’est pas (encore) capable de passer d’humain à humain. Toutefois au CDC de Pékin, le professeur Shu Yuelong avertit : « le potentiel d’agression du H10N8 ne doit pas être sous estimé ». 

De son côté, évaluant devant le Sénat américain les risques liés au H7N9, un haut cadre américain avertissait le 29/01 : « en cas d’éruption hors contrôle, la pandémie meurtrière atteindrait les 5 continents en moins de 6 mois, et durerait 2 ans ». Face à un tel danger, entre virus et humanité, une course contre la montre semble ainsi engagée, dont l’issue reste encore incertaine.


Technologies & Internet : Coup de poker pour Lenovo

Coup de cymbales chez Lenovo le 29 janvier : le n°1 mondial du PC mettait sur la table 2,3 milliards de $ pour racheter la branche serveurs d’ IBM, ainsi que 2,9 milliards $ pour Motorola, ce dernier à Google. Lenovo devenait n°3 du smartphone derrière Apple et Samsung, et ses 48.000 employés étaient rejoints par les 3500 de Motorola et les 7500 d’IBM. 

<p>Google et IBM vendaient, faute de gagner de l’argent. Google cédait Motorola 9,6 milliards de $ de moins qu’il ne l’avait acquis en 2012. Depuis, il avait aussi perdu 1 milliard de $ en frais de fonctionnement, sans réussir à le remettre sur le chemin du profit. Google ne pouvait vendre aux rivaux Apple/Samsung. Il ne restait que le Chinois Lenovo, qui attendait depuis longtemps son heure…

Mais est-ce une si belle affaire ? Il se peut que Lenovo ne reçoive qu’une coquille vide – Google conserve 15.000 des 17.000 brevets. Lenovo achète une marque pour acquérir une visibilité mondiale, et le ticket d’entrée sur de nouveaux marchés. Mais d’un point de vue américain, le véritable acheteur, 1er actionnaire de Lenovo, est la China Academy of Sciences (27% des parts), à savoir l’Etat chinois. Or quand Lenovo en 2005, acheta la branche « PC portables » d’IBM, il vit peu après 5 pays dont USA et Canada, bannir l’usage de ces appareils dans leurs administrations, car ils étaient équipés de circuits permettant le détournement de données à l’insu de ses utilisateurs. 

Aussi, disent les analystes d’Outre-Pacifique, le risque d’un tel détournement reste possible sur les serveurs IBM comme sur les portables Motorola, et les 5 capitales ont des chances de bannir leur usage en interne, pour les mêmes raisons… Enfin, tout cela n’est peut être que spéculation : Washington va d’abord devoir valider ces deux accords et ce n’est pas acquis !


Technologies & Internet : Carton plein pour WeChat et ses enveloppes rouges virtuelles

Pas de chunjie (nouvel an lunaire) sans hongbao (enveloppe rouge), étrennes que les ainés offrent aux plus jeunes. Tencent, groupe créateur du réseau social WeChat (Weixin, en chinois) a frappé fort en lançant son service gratuit de hongbao (cf photo)

<p> Enorme succès : en 24 heures, 5 millions d’usagers envoyèrent 75 millions de hongbao en petits montants, via sa banque virtuelle Tenpay, instantanément reçus par les bénéficiaires. Les donateurs pouvaient bien sûr envoyer une certaine somme à une personne bien précise, mais ce qui ravit tout le monde fut le jeu proposé : choisir un montant global pour toute une liste d’amis, que le logiciel partageait ensuite de manière aléatoire. 

Weixin Hongbao 1 YuanL’incitatif ludique était assez fort pour dépasser la crainte de donner ses coordonnées bancaires, et les utilisateurs ont adoré envoyer des souhaits sustentés d’étrennes, plus crédibles que de simples vœux pieux. 

Tencent y gagne : il acquiert l’adresse bancaire des usagers, à qui il propose des services comme régler sa note de taxi pékinois ou acheter un ticket de cinéma. Surtout, il dame le pion à son rival Alibaba qui avait inventé au chunjie 2012, le hongbao virtuel sur son service de messagerie mobile Laiwang. Mais cela avait été un flop, Laiwang n’ayant guère plus que 10 millions d’utilisateurs. Beau joueur, Jack Ma, patron d’Alibaba, a pourtant des soucis à se faire : Alibaba reste certes n°1 du commerce online, mais Sina Weibo (réseau social dont Alibaba est actionnaire) est en train de dévisser et le dernier coup de WeChat ne fait qu’accélérer la migration des clients de l’un vers l’autre !


Petit Peuple : Shaoxing : La roue de la fortune tourne !

Quand Xiaomi entraîna son petit ami Chen, ce 9 octobre 2008, vers le centre-ville de Shaoxin (Zhejiang), le jeune migrant pesta : pour son jour du repos, il avait autant envie de faire du shopping que de se pendre ! Mais ce que femme veut, Dieu le veut : 1 heure plus tard, ils étaient dans la grand-rue. Bien décidé tout de même à profiter de la balade, Chen s’arrêta à la loterie «08107» et acheta 10 tickets à 20¥, choisis par Xiaomi. Puis ils n’y pensèrent plus…

Lisant le journal, 8 jours plus tard, Xiaomi poussa un cri étranglé. Sur les 4 tickets remportant le gros lot, 2 étaient à lui…Ils contrevérifièrent, s’embrassèrent, entre rires et larmes. Chen, à 25 ans, se retrouvait à la tête de 10 millions ¥ ! 

Mais il dut vite découvrir les soucis liés à sa nouvelle condition. D’une voix flutée, la jolie lui fit valoir que désormais rien ne s’opposait plus à leur bonheur nuptial. Il dut alors piteu-sement dévoiler un honteux petit détail : il était déjà marié ! Pour convoler en justes noces, il devrait d’abord retourner dans son Hunan natal, négocier son divorce avec l’autre dont il se fichait (que Xiaomi soit entièrement rassurée là-dessus) ! Hélas, entendant l’aveu de cette trahison, Xiaomi, s’enfuit en hurlant.

Chen ne sut pas non plus dire non à la meute de journalistes, mais eut tout de même le bon sens de parler sous pseudonyme. Mégalomane, il se posait en mécène de son village. Il promettait de faire bâtir une route, qu’on appellerait « loterie ». C’était à défaut de l’appeler « la route-Chen » – il aurait bien aimé, mais cela aurait été dévoiler son patronyme…

Après cela, se riant de ces vaines précautions, un essaim de quémandeurs s’abattit sur lui. Même son patron, à qui il remettait sa démission, osa lui soumettre, au lieu de son dernier mois de salaire, la demande de lui prêter – avec intérêts, s’entend – les fonds pour payer ses collègues… 

Avant qu’il puisse toucher son magot, le fisc l’avait taxé de 2 millions. Une fois au villa-ge, son ex-femme négocia le divorce à prix d’usure, 1 million. Xiaomi elle, coûtait beaucoup moins cher – rien. Elle était au loin : qu’elle y reste ! 

Chez ses parents tous les jours, une cour d’importuns l’attendait, proposant qui sa fille à marier (photo retouchée à l’appui), qui ses prières au temple bouddhiste. L’attrapant par le bras, un usurier lui rappelait affectueusement une dette de son père…

Il n’eut d’autre échappatoire que de prendre la fuite. Ayant passé son permis, il acquit une BMW, puis une maison. Mais il ne put se retenir de viser bien trop cher et tape à l’œil. Puis il se vautra dans la débauche, faisant valser les cocottes, buvant, ripaillant avec des joyeux drilles, à leur santé, à ses frais. 

Pour claquer les 6 millions restants, 3 ans suffirent. Chen se souvint même d’une nuit où il fut délesté de 400 000 ¥ au mahjong… Il ne réalisait pas que ces investissements qu’on lui proposait dans la pierre ou le meuble, étaient du vent. Ils ne rapportaient rien, et lui, Chen, parmi les fauves, était la volaille que tous s’ingéniaient à plumer !

Déçu, il ne voulait plus du tout être mécène. Pour sa fa-meuse route, il ne verserait que 15.000 ¥ en guise des 400.000¥ promis, et encore, en se faisant tirer l’oreille.

En août 2012, Chen dut bien constater que sa fortune s’était évaporée. Il eût pu se sauver, en rejetant cette vie de bâton de chaise. Mais il était trop lâche. Il vécut donc encore quelques mois d’expédients. Il prit une hypothèque, et vendit la BMW. Quand le prêt expira, il quitta la maison et se cacha pour éviter les huissiers. Il vécut dans des hôtels toujours plus borgnes, partant parfois à la cloche de bois, faute de pouvoir payer fût-ce son petit déjeuner. Cette fois, ça y était, la boucle était bouclée : il était de nouveau le simplet, pauvre paumé de naguère. 

En décembre 2013, une envie le reprit, irrésistible : retourner à Shaoxing, voir sa Xiaomi qu’il n’aurait jamais dû quitter. Elle le reçut fraichement – elle avait un nouveau compagnon. Est-ce un hasard, si sur le quai de gare avec en poche un billet de 3ème classe et 80 ¥, il fut cueilli par la police pour un « contrôle de routine » qui le reconnut instantanément escroc de la carte de crédit ? Effectivement, apprit-il plus tard au tribunal, la vente de ses biens pour une bouchée de pain l’avait laissé débiteur de 190.000¥, le rendant légalement coupable. 

C’était la fin du voyage. Il passera 10 ans à l’ombre pour méditer sur ce tour que viennent de lui jouer les dieux, l’ayant fait passer successivement de la plus grande fortu-ne à la grande misère. Assez pour méditer, avant de redémarrer du bon pied en 2024, à 40 ans. 

C’est le sens du proverbe « sai weng shi ma, yan zhi fei fu » (塞翁失马 焉知非福) : « le vieillard Sai a perdu son cheval, c’est sûr, mais est-ce un malheur ou une chance ? ». Allez savoir !


Chiffres de la semaine : 4 heures, 120 entreprises ,1300 microbes, 17590 voitures…

Wei Caiqi Cctv GalaVoyages de Nouvel An Chinois et Gala de la CCTV

225 millions : c’est le nombre de Chinois ayant voyagé durant le Nouvel An Lunaire. Rien que pour la seule journée du 2 février, l’île de Gulangyu (Xiamen – 2km2) a reçu la visite de 100 500 touristes !

4,5 millions auront préféré partir à l’étranger (+12,5% par rapport à 2013, avec l’Europe en destination ayant le vent en poupe)

4 heures : c’est la durée de la performance d’une Wei Caiqi, 15 ans, (cf photo, nièce d’une célèbre danseuse, Yang Liping) lors du gala télévisé du Nouvel An Chinois à la CCTV. La jeune fille a tourné sur elle-même, de plus en plus vite, telle un derviche tourneur en transe, jusqu’aux 12 coups de minuit. Le spectacle a fait polémique sur les réseaux sociaux, qualifiant la performance de cruelle, ridicule ou inutile. 

750 millions de personnes ont regardé le show télévisé le 30 janvier au soir mais seulement 30% se déclarèrent satisfaits de l’émission, et 60% « déçus » selon un sondage Tencent.

Vous reprendrez bien un peu d’air ?

1300 espèces : c’est le nombre d’espèces de microbes qui ont été retrouvés dans l’air pékinois lors de ses mauvais jours (niveau de microparticules supérieur à 500), selon une étude publiée par 8 chercheurs de l’université Tsinghua. Mais rassurez-vous, les bactéries et champignons récoltés dans l’air ne seraient pas plus nocifs que dans d’autres villes !

Aston Martin LogoDe fausses pédales d’accélérateur pour Aston Martin

17 590 voitures : c’est le nombre de voitures qu’Aston Martin va devoir rappeler après avoir constaté que son fournisseur chinois utilisait de faux composants pour ses pédales d’accélérateur. Cela concernait environ 75% de toute la production de Aston Martin depuis 2008. La production de la pièce en question sera désormais rapatriée au Royaume- Uni.

15 sociétés françaises rachetées par des entreprises chinoises en 2013

120 : c’est le nombre d’entreprises que la Chine a acheté en Europe en 2013. 25 d’entres elles étaient allemandes et anglaises, 15 étaient françaises et 7 étaient italiennes et suédoises – évoluant soit dans l’industrie, les biens de consommation ou l’immobilier.


Rendez-vous : Les rendez-vous de la semaine du 10 au 16 février 2014
Les rendez-vous de la semaine du 10 au 16 février 2014

10-12 février, Pékin : China Fish

18-20 février, Shanghai : Salon international de l’Optique

19-21 février, Shanghai : PCHI – Salon des soins personnels et cosmétiques

19-22 février, Pékin : ALPITECH/ ISPO, Salon des sports d’hiver

20-23 février, Pékin : CIAACE, Salon des accessoires auto