Le Vent de la Chine Numéro 32

du 11 au 17 octobre 2009

Editorial : Quel retour de Jiang Zemin?

La réapparition de Jiang Zemin, l’ex-Président et 1er Secrétaire, au rostre de la place Tian An Men le 1er octobre 2009, aux côtés de son successeur Hu Jintao, plonge les observateurs dans la perplexité. L’explication formaliste, selon laquelle l’ancien homme fort continuerait à «faire partie des meubles», n°2 sans pouvoir mais honoré, a du mal à convaincre. Le montrer au monde pas moins de 22 fois durant cette fête en gros plan à l’égal de Hu, portait un message politique implicite, tout comme la «camaraderie» des deux personnages. Tout concourrait à véhiculer l’image d’un binôme fusionnel Hu-Jiang, à la tête du pays.

Une telle image est loin d’aller de soi. Après que Deng Xiaoping ait désigné Jiang en ’89 comme leader, puis Hu Jintao (alors un inconnu) comme son successeur, Jiang avait tout fait pour écarter ce dernier. Mais l’appareil avait tenu bon, même après la disparition de Deng en 1997. A partir de 2002, Jiang avait dû remettre à Hu Jintao tous ses mandats. Dans ces conditions, le retour de Jiang semble un renversement des rapports entre les deux hommes, et une remise en cause du mécanisme de succession inventé par Deng -son dernier tour de génie, destiné à débarrasser le régime d’une de ses plaies, ses guerres intestines pour la maîtrise du pouvoir suprême.

Un autre signe négatif, 15 jours plus tôt, était la promotion, annoncée mais non concrétisée, de Xi Jinping, comme n°2 de l’armée. Désigné en 2007 successeur de Hu Jintao, Xi Jinping ne pourra, en 2012, diriger ce pays sans le soutien de l’APL, l’armée populaire de libération.

Sur ces mystérieuses péripéties, deux explications circulent:

[1] Ces 18 derniers mois, Jiang a pu rassembler au sommet un front des mécontents capitalisant sur la nouvelle pauvreté montante et les émeutes de Lhassa et d’Urumqi. Fer de lance de cette fronde : l’APL, dont bien des généraux furent nommés par Jiang. Selon cette lecture, le barrage de Xi Jinping à la Commission militaire centrale serait le fait de militaires refusant un nouveau civil à leur tête, et d’un Hu voulant garder jusqu’-au bout la haute main sur cette armée, condition de sa survie politique.

[2] Selon cette autre rumeur, à la veille du Plenum, Xi Jinping-l’héritier aurait tenté (en vain) de démissionner, objectant contre la politique de crédit intense actuelle. Il se dit aussi que Hu, pour bloquer la promotion de Xi, aurait été appuyé par Jiang et le lobby militaire. Jiang aurait donc con-clu avec l’ex-rival une alliance d’intérêts, obtenant en échange cette profusion d’honneurs qui comptent sans doute le plus pour lui à son âge.

Où que se situe la réalité, une dernière question essentielle, au-delà de ces rivalités d’hommes, est celle de la réforme des institutions. Dans son allocution du 1/10, Hu Jintao a réitéré sa volonté d’aller de l’avant, mais sans joindre d’allusion à des actions possibles. Ce en quoi il assure une continuité sans faille avec la ligne conservatrice suivie par Jiang depuis 1989.

Seuls indices, à vrai dire obscurs: ce jour, Jiang portait le complet- veston occidental et Hu, la tenue Zhong shan anthracite de Sun Yatsen. Jiang était affable et à son aise, quoique à l’évidence vite fatigué. Hu restait impénétrable, peut-être moins souriant et plus crispé que de coutume.

Au delà de ces jeux politiques, c’est peut- être un tournant dans l’histoire de la Chine qui est en train de se jouer: si le principe de pouvoir légué par Deng (“l’empereur règne, mais ne désigne pas”) déraille, on verra l’ancêtre empiéter sur les prérogatives du leader constitutionnnel et les deux ensemble manger l’avenir, coupant la route au dauphin désigné. Le tout, pour proroger un peu plus longtemps l’impossible surgel des institutions de la république.

 

 

 


A la loupe : Saga Danone/Wahaha – épilogue, et nouveau départ

Depuis 2007 en Chine, Danone accusait Wahaha, sa filiale de détourner ses brevets et produits à travers des sociétés grises, lui causant immense préjudice. Après de multiples rebondissements, sous l’intervention discrète des deux gouvernements, l’épilogue vient début octobre : les deux groupes s’entendent sur un rachat par le Chinois des 51% de parts de la multinationale dans les 39 JV.

Le montant de la transaction n’est pas publié. Caijing, journal de référence, l’évalue à 300M², moins de 20% de ce que Danone avait exigé. A ce prix, Wahaha sort grand gagnant, confirmant sa propriété d’un marché (entre autres) de 60% des eaux en bouteille dans les campagnes, et de parts dominantes dans le thé et les jus de fruits.

Nonobstant, le communiqué conjoint demeure étonnamment fair play. Franck Riboud, Président de Danone salue en Wahaha un «leader fort et respecté» à la «grande réussite» tandis que Zong Qinghou, son fantasque collègue laisse ouverte la porte à toute collaboration «sur base d’égalité et de profit mutuel ».

Ce gâchis ne peut se comprendre que par l’existence de facteurs exceptionnels de l’époque. Jusqu’à il y a peu, la loi chinoise prohibait aux étrangers la commercialisation directe, ce qui avait forcé Danone à faire confiance à cette maison alors très petite.

Tout de suite, Zong avait interdit à Danone toute surveillance comptable – ce que le groupe avait trop longtemps toléré, espérant trouver un arrangement. Danone croyait sa couverture juridique plus solide qu’elle n’était, ce qui lui fit ensuite perdre les 21 procès engagés en Chine et à travers le monde. Zong avait joué de la fibre nationale, habillant auprès de la presse ses détournements sous les traits d’une campagne « patriote, pour le respect des firmes chinoises par l’étranger ». Enfin, Danone était entré en Chine avec un modèle commercial inadapté, multipliant les participations minoritaires dans différents groupes concurrents, ce qui mettait ses filiales d’un même secteur en porte-à-faux entre leur obligation de coopérer entre elles, et la lutte à mort pour la clientèle.

Pour l’avenir, rien ne sera plus pareil. Danone a déjà cédé ses parts dans les laiteries Bright et Mengniu, ne gardant que sa firme méridionale d’eau Robust. Il s’est impliqué dans une JV de santé alimentaire avec le groupe américain Weight Watchers. Il a aidé la banque bangladeshi Grameen à déployer en Chine son réseau de micro-crédit : démarche de responsabilité sociale d’entreprise, dont pourraient émerger plus tard des opportunités de croissance. Sa meilleure chance de rebondir reste toutefois dans ses métiers très focalisés : l’aliment pour bébé (filiale Dumex), le yoghourt depuis sa base de Shanghai, puis le reste du pays. Début d’un nouveau départ !

 

 


Joint-venture : Le croissant vert contre le drapeau rouge

Coup médiatique pour le 1er ministre Wen Jiabao en Corée du Nord les 4 et 5/10, 1er cadre chinois de son rang à faire le voyage en 18 ans. Fastueusement accueilli par Kim Jong-il, il a promis le renforcement des liens et du soutien. En échange, il a obtenu l’offre conditionnelle de retourner aux négociations multilatérales, une fois réglé le différend avec les Etats-Unis— pays qui semble captiver le plus Pyongyang, désireux de briser sa dépendance envers la Chine…

Séoul cependant fronçait les sourcils sur les cadeaux apportés par Wen Jiabao (200M$ dans des projets d’éducation, de tourisme et un pont sur la Yalu, rivière limitrophe), demandant si ceux-ci étaient bien compatibles avec les sanctions de l’ONU contre Pyongyang (résolution 1874).

Puis vint le Français Jack Lang, émissaire du Président N. Sarkozy en quête d’un rôle pour la France et l’Europe auprès des six pays associés aux palabres de paix. Pour les Européens, l’intérêt est d’obtenir une part du chantier de reconstruction, une fois signée une paix à laquelle ils auraient oeuvré. En échange de l’abandon de son programme atomique, Pyongyang obtiendrait l’ouverture de relations diplomatiques avec Paris, et de l’Europe des aides. NB : à Séoul, la démarche reçut un accueil frais: « La France… ne fait pas partie de l’initiative en cours… les choses sont déjà assez compliquées comme cela à 6 », dit on à la Maison bleue présidentielle.

 

 


A la loupe : Réchauffement climatique : la guerre Chine-USA du COP15 est lancée

Aux débats préparatoires (Bangkok, 29/09-9/10) du sommet climatique COP 15 de Copenhague (8/12), via son émissaire Yu Qingtai, la Chine accuse soudain les pays du Nord d’«assassiner» le protocole de Kyoto (base légale des accords mondiaux de coupe des émissions de CO2) et de «déshonorer» leurs engagements.

A l’origine du clash se trouvent les USA, qui semblent avoir opté pour percer l’abcès, et dissiper un flou en avance du COP15. Sous G.W. Bush en 1997, les USA n’avaient pas ratifié Kyoto. Or, J. Pershing leur négociateur vient d’annoncer qu’ils ne le feront pas plus en 2009, et pour la même raison : ce traité « inégal » impose des efforts aux riches mais non aux pauvres. Washington ne s’associera qu’à un traité imposant des coupes vérifiables à tous (même si les efforts des uns et des autres sont négociables).

L’Europe a décidé de suivre l’Amérique sans son dessein: d’abord, car il constitue la seule manière d’associer les USA au futur traité qui n’aurait aucun sens sans eux, second pollueur mondial. Ensuite, car elle-même souhaitait depuis longtemps une rectification des privilèges régaliens octroyés à Kyoto aux pays émergents.

Cette stratégie des USA sert aussi à faire oublier aux autres que leur loi climatique ne sera pas ratifiée pour le COP15—ils n’ont donc pas de mandat de négociation. Mais en ouvrant ce nouveau front, ils gagnent du temps.

Une conséquence est aussi claire : qu’il y ait accord ou non à Copenhague, les pays riches moins avancés que les autres (USA, Australie) en matière de programme anti-réchauffement climatique, grappilleront quelques années de sursis en réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Les Pays en voie de développement leur demandent « 40% de coupe d’ici 2020, par rapport au niveau de 1990»). De même, les Européens n’iront pas au maximum des efforts qu’ils proposaient (35%), s’ils étaient suivis par les autres.

Le COP 15 va t’il droit au mur ? Sans doute pas, malgré les apparences, car 3 éléments pèsent dans la balance :

[1] aucun pays (et les pauvres, moins encore que les riches) ne peuvent se résigner aux conséquences cataclysmiques d’un désaccord (sous 30/ 50 ans, chute des récoltes, tsunamis, typhons, appauvrissement de la faune et de la flore);

[2] Kyoto est mourant.

[3] Il va donc falloir négocier de nouvelles bases.

Côté Européen, on ne sera pas mécontent de reformuler un traité aux principes plus équitables, abolissant par exemple ces droits d’émission octroyés aux pays en voie de développement (revendus pour des fortunes aux firmes de l’Ouest) sans contrepartie de coupes contraignantes.

Côté USA, on pourra aller devant le Congrès avec un accord présentable.

Côté « Sud», on portera les exigences sur des terrains plus réalistes : des fonds pour financer la réduction de la déforestation et la dégradation de la couverture végétale, des transferts de technologies à bas carbone. C’est là que le Nord pourra prouver sa volonté politique d’un new deal équitable avec le Sud.

NB : Gageons que le sujet sera au coeur de la visite de B. Obama à Pékin, le mois prochain. Pour le COP 15 en tout cas, ce sera peut-être la dernière chance.

Sur ce dossier, notre étude « Chine/ COP 15, quelle stratégie ?» est eclairante – contactez-nous

 

 


Pol : Coup de Wen Jiabao, à Pyongyang

Coup médiatique pour le 1er ministre Wen Jiabao en Corée du Nord les 4 et 5/10, 1er cadre chinois de son rang à faire le voyage en 18 ans. Fastueusement accueilli par Kim Jong-il, il a promis le renforcement des liens et du soutien. En échange, il a obtenu l’offre conditionnelle de retourner aux négociations multilatérales, une fois réglé le différend avec les Etats-Unis— pays qui semble captiver le plus Pyongyang, désireux de briser sa dépendance envers la Chine…

Séoul cependant fronçait les sourcils sur les cadeaux apportés par Wen Jiabao (200M$ dans des projets d’éducation, de tourisme et un pont sur la Yalu, rivière limitrophe), demandant si ceux-ci étaient bien compatibles avec les sanctions de l’ONU contre Pyongyang (résolution 1874).

Puis vint le Français Jack Lang, émissaire du Président N. Sarkozy en quête d’un rôle pour la France et l’Europe auprès des six pays associés aux palabres de paix. Pour les Européens, l’intérêt est d’obtenir une part du chantier de reconstruction, une fois signée une paix à laquelle ils auraient oeuvré. En échange de l’abandon de son programme atomique, Pyongyang obtiendrait l’ouverture de relations diplomatiques avec Paris, et de l’Europe des aides. NB : à Séoul, la démarche reçut un accueil frais: « La France… ne fait pas partie de l’initiative en cours… les choses sont déjà assez compliquées comme cela à 6 », dit on à la Maison bleue présidentielle.

 

 


Temps fort : Réforme financière—Pékin fait feu de tous bois

Il se passe des choses en Chine, en réforme de la finance et de la monnaie. A Istanbul, lors des meetings du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque Mondiale (BM) et du G7 (5-7/10), la Chine a annoncé en 1ère mondiale qu’elle renonçait à l’export comme ressort de sa croissance, pour miser sur son marché intérieur, et a promis « plus de flexibilité » de change, dès que la tempête mondiale serait passée.

Cette annonce déclencha l’applaudissement de Christine Lagarde la ministre française des finances. Tandis que Yi Gang, vice gouverneur de la Banque populaire de Chine rappelait les mesures intérieures pour réaliser l’objectif : soutiens à la consommation, plan géant d’infrastructures aux régions attardées, déploiement accéléré des fonds de sécurité sociale et de retraite et depuis août, un regain de la planche à billets. Yi Gang souligna aussi la «responsabilité» de son pays qui résistait à la tentation de dévaluer, comme les USA avec leur US$ face à l’². Le RMB restera stable : contribution chinoise à la convalescence mondiale.

Pékin se montre aussi hyperactif sur le terrain monétaire international, piaffant pour la réforme des institutions, après leur échec à prévenir la grande crise. Au FMI, en échange d’une recapitalisation qu’elle a déjà entamée, elle réclame, pour le Tiers Monde (dont elle-même), 7% des voix -les Occidentaux, Europe en tête, veulent bien donner 5%, et 3% à la Banque mondiale. Elle accepte aussi la révision de sa cotisation à l’ONU, jusqu’alors symbolique.

La dernière mesure est la plus ambitieuse. D’ici 2018, avance un journal britannique, les nations cesseraient de libeller leurs échanges d’hydrocarbures en US$, au profit d’une monnaie-panier incluant ², Yen, Yuan, l’or et la future monnaie des Etats du Golfe. Trois sources, dont la France, ont démenti la nouvelle, mais elle est trop précise et trop inévitable pour qu’on l’écarte. A vrai dire, à l’assaut du dollar pour en casser le leadership mondial, la Chine a lancé ses premières troupes dès le 7/09, en plaçant à Hong Kong pour 600M² de «Panda Bonds» en Yuan. Elle-même, et les pétroliers grands détenteurs de devises, ont besoin de se protéger face au plan de réforme de la santé aux Etats-Unis, gouffre non cotisé, que B. Obama va bien devoir tenter de faire payer par le monde.

Cette future devise mondiale est réclamée depuis six mois par la Banque populaire de Chine, et va parallèle au projet de communauté Est-asiatique envisagé à New York (22/09) par Hu Jintao et le nouveau 1er ministre nippon Hatoyama, lequel rencontrait à cet effet Wen Jiabao et le Président coréen Lee Myungbak le 10/10 à Pékin.

Avec ses partenaires asiatiques, la Chine semble donc décidée à défier l’hégémonie financière de l’Europe et de l’Amérique—il est vrai qu’elle a du terrain à faire.

– à Bruxelles, Xi jinping (9/10) appelle au renforcement des liens avec l’Union Européenne, annonce pour son pays 8% de croissance en 2008 et le maintien d’un flot de crédit public.

– défiant les pronostics, General Motors a réussi à vendre (9/10) Hummer au groupe privé Tenzhong, 150M$

-Au sommet mondial des media (9/10, Pékin), Hu Jintao promet de « mieux protéger la presse étrangère ».

 

 


Petit Peuple : Shenzhen : l’occasion qui fait le larron

Au cours de l’existence, un défi arrive, attendant une réponse immédiate qui vous marque pour la vie et sans appel: ce jour-là, il vaut mieux avoir de la chance ! A l’aéroport de Shenzhen, où elle travaillait comme nettoyeuse, la pauvre Li Liang en a clairement manqué ce 9 décembre. Vers 8h du matin elle avait découvert sur un caddie un carton anonyme. Machinalement, elle l’avait posé dans son chariot, imaginant, vu son poids, qu’il contenait une batterie.

A 8:30 à la cantine, elle en avait parlé aux filles de l’équipe. L’une lui avait dit «une batterie -ça m’branche, pour pêcher dans l’étang derrière chez moi… » A 2, elles ouvraient la boite, et s’étonnaient d’y trouver tout autre chose : des 100aines de bagues, bracelets, colliers brillants. Décrétant qu’il s’agissait de pacotille, elles s’étaient partagé le lot « pour leurs enfants ».

On l’aura deviné, déjà le délit était là. Quincaillerie ou pas, elles auraient dû remettre leur trouvaille à la sécurité, et puis déjà, elles se mentaient à elles-mêmes. Car elles le sentaient bien, les 13,6kg du colis étaient d’or pur, 18 carats, pour une valeur de 3M¥!

Comment telle fortune s’était perdue dans ce hall d’aérogare ? A 8h, Wang Tengye, de la bijouterie Jin-long s’était vu refuser l’embarquement : le transporteur n’acceptait plus les bagages au-delà d’une valeur limite. Furieux, car il ne s’-attendait pas à tel «pépin», au lieu de repartir au bureau en référer au chef, Wang avait été se plaindre, plantant là le carton, pour s’en souvenir 10 minutes après, revenir ventre à terre, découvrir son trésor envolé. Mais inexorable, la roue tournait.

A 18h, la collègue de Li revint l’avertir que les bijoux étaient d’or, l’adjurer de rendre sa part. Li l’ignora. A 19h, elle la rappela sur son GSM pour l’avertir que «le feu était proche, à lui griller les sourcils» (火烧眉毛 huǒ shāo méi máo) : elle-même avait rendu son lot aux policiers, qui étaient en route. Mais Liang Li fit encore la sourde oreille: elle «rendrait çà demain ». Quand les limiers débarquèrent, elle mit une demi-heure à rendre le butin, prétendant contre toute raison que le carton ne contenait que «des bouteilles d’eau» -elle affirma ensuite avoir cru qu’ils étaient de vulgaires escrocs.

Pour la police, l’affaire était claire. C’était du vol qualifié, aggravé d’entrave à l’enquête. Inculpée, elle dormait le soir même à l’auberge du peuple !

Cependant durant les longs mois de sa détention, la presse n’avait cessé d’é-voquer l’affaire, qui avait fini par prendre de l’ampleur. Tout le monde sait çà, aucune grande fortune, ici, ne s’est faite sans entorse à la loi. La question universelle était «qu’aurais-je fait, à sa place?». Et Liang Li récoltait bien de la compassion. Début septembre, alors qu’elle commençait à faire figure d’héroïne nationale, Li fut relaxée, assignée à résidence. Elle ne pouvait quitter Shenzhen, avant le verdict. Mais 2 jours après, comme pour renforcer sa popularité pathétique, les médecins lui trouvèrent un cancer de l’utérus. Pour vivre, il lui fallait une opération qu’elle ne pouvait s’offrir que Shangqiu (Henan), sa ville natale, comme titrèrent les journaux. Dès lors, les choses s’arrangèrent. Comme un seul homme, procureur et bijoutier retirèrent leurs plaintes – Liang Li fut relaxée le 22/09, après 9 mois à l’ombre.

La balayeuse avait payé au prix le plus fort ses heures d’égarement. Mais elle a aussi bien de la chance, d’être libérée si vite en ce pays. La proximité du 60. anniversaire du régime a joué en sa faveur -l’Etat avait alors besoin de dégonfler toute tension sociale, et de renforcer son image de générosité.

Et puis un petit fait a pesé lourd: celui d’avoir voulu partager le butin et la responsabilité avec une autre. C’était par manque d’audace. Mais qu’importe : en Chine, l’esprit de groupe, fait pardonner bien des choses !

 

 


Rendez-vous : 15 Octobre : La Foire internationale d’automne de Canton

12-14 oct, Pékin: Conférence sur la construction en acier

13-15 oct, Pékin: Conférence asiatique sur l’imprimerie de haute sécurité

14-16 octobre, Shanghai: PROLIGHT + Sound, Salon des technologies de l’événementiel et de la communication

14-16 oct, Tianjin: Salon int’l du pétrole, du gaz naturel, et des technologies pétrochimiques

14-16 oct, Tianjin: China Steel tube Expo

15 Oct – 4 nov, Canton: Foire Internationale d’automne