Le Vent de la Chine Numéro 27

du 22 juillet au 2 septembre 2001

Editorial : editorial_27_2001

Une fois estompé le coup de tonnerre de l’attribution des Jeux Olympiques de 2008 à Pékin, les Etats majors tentent d’en évaluer l’incidence sur le PNB. D’ici 2008, elle atteindrait +0,4%/an, générerait 2M d’emplois (surtout dans l’électronique) et + 1,2MM$/an de PIB.

Ces «primes de JO» proviendraient du tourisme (60MM$ en 2008, le triple de 2000), de la pub, du commerce, de l’immobilier (des surfaces pouvant dépasser la moitié de la ville seront reconstruites). NB: l’Australie, mettant en avant ses «filières JO» (en protection de l’environnement surtout), croit pouvoir empocher pour 1,5MM$ de contrats!

Ce dossier, aux lendemains du verdict du CIO, comporte bien du non-dit – la presse a des «blancs» éloquents. Pékin rencontre d’emblée des problèmes de financement, et d’enthousiasme mince ailleurs dans le pays. On parle d’impôt de solidarité, par tranches, pour un total d’un mois de salaires pour toute EE -voire firme privée. De plus, les grandes firmes américaines exprimeraient des réserves (peut être tactiques) à propos du sponsoring des JO, craignant une faible audience, pour cause de décalage horaire!

La semaine passée aussi se peaufinait à Genève l’accord Chine-OMC: il devrait être signé à Doha (Qatar, le 3 novembre 2001), pour une entrée effective en janvier 2002. En même temps se distribuaient les contrats-cadeaux, en retour de concessions faites. Telle cette 2de commande annuelle de laine australienne (162.000t), ou celle, livrable en septembre, du plus fort quota de maïs US depuis 1996, 165.000t.

La Chine aborde donc l’été, couverte de gloire et de bons résultats de premier semestre, contrairement à ses voisins. L’IED a augmenté de 20,5% à 20,7MM$, tandis que le PNB croissait de 7,9% – même si certains doutent de la justesse de tels chiffres.

Même ainsi, des signaux de danger apparaissent : l’export chute et est même négatif pour juin (-0,6%, première fois en 2 ans, contre les 38% de l’an 2000), faisant dépendre la croissance à 93% du marché intérieur, et d’un commerce de détail augmenté de 10,3%. 900M de paysans restent hors de cette croissance qui ne profite qu’à une 12aine de villes: le revenu rural n’a monté que de 4,2%, à 128$/personne/6 mois.

Escapade aux sources chaudes de la Chine :

Enclavé, pollué et en proie à la désertification, le Shaanxi est pauvre. Ce qui n’empêche sa popu-lation travailleuse mais non ennemie des plaisirs, de goûter des xiuxi (repos) simples et cachés.

Ainsi, Heyang, étang chauffé par des poches d’air montées du centre de la terre, accueille par centaines les citadins venus en bus, au petit pied. On s’offre d’abord un défilé de mode,en choisis-sant parmi des centaines de modèles exposés son maillot pirate, léopard ou Hercule de foire pour les hommes, soubrette ou Commandante de bord (avec casquette assortie) pour les dames.

Au bord du lac, par clans et familles, les vacan-ciers du dimanche se partagent les espaces et les plaisirs. Dans des bouées multicolores qui, vu la qualité, ne servent qu’une fois, enfants et adultes barbotent sans nager (faute de savoir) dans l’eau tiède, claire marbrée de trouble. Fort justement, une armée de sauveteurs scrutent à la jumelle – la vase est mouvante et perfide.

D’ autres se promènent dans les roseaux, ou ba-vardent sans s’allonger faute de serviette, non prévues-ce sera pour le prochain Plan. D’autres s’arrêtent à la buvette pour siroter thé bière tiè-de, ou se risquent au fast food local. D’autres pêchent à la ligne un fretin plein d’arêtes,  et -fait surprenant- «ça mord!». Même les policiers prennent du bon temps. C’est plein d’oubli des misères d’antan, d’esprit bon enfant, et c’est l’ indice que même les campagnes, même la Chine du Centre, trouvent loisirs à leur pointure! ■

 
Autant de données que le pouvoir devra évaluer, début août lors du conclave balnéaire de Beidaihe qui fixera le cap des 12 prochains mois, fixera le prochain leadership, voire cherchera avec lui des techniques inexplorées de relance –OMC, ou réforme politique, par exemple!


Editorial : Pékin dopé à son propre marché !

Une fois estompé le coup de tonnerre de l’attribution des Jeux Olympiques de 2008 à Pékin, les Etats majors tentent d’en évaluer l’incidence sur le PNB. D’ici 2008, elle atteindrait +0,4%/an, générerait 2M d’emplois (surtout dans l’électronique) et + 1,2MM$/an de PIB.

Ces «primes de JO» proviendraient du tourisme (60MM$ en 2008, le triple de 2000), de la pub, du commerce, de l’immobilier (des surfaces pouvant dépasser la moitié de la ville seront reconstruites).

NB: l’Australie, mettant en avant ses «filières JO» (en protection de l’environnement surtout), croit pouvoir empocher pour 1,5MM$ de contrats!

Ce dossier, aux lendemains du verdict du CIO, comporte bien du non-dit – la presse a des «blancs» éloquents. Pékin rencontre d’emblée des problèmes de financement, et d’enthousiasme mince ailleurs dans le pays. On parle d’impôt de solidarité, par tranches, pour un total d’un mois de salaires pour toute EE -voire firme privée.

De plus, les grandes firmes américaines exprimeraient des réserves (peut être tactiques) à propos du sponsoring des JO, craignant une faible audience, pour cause de décalage horaire!

La semaine passée aussi se peaufinait à Genève l’accord Chine-OMC: il devrait être signé à Doha (Qatar, le 3 novembre 2001), pour une entrée effective en janvier 2002.

En même temps se distribuaient les contrats-cadeaux, en retour de concessions faites. Telle cette 2de commande annuelle de laine australienne (162.000t), ou celle, livrable en septembre, du plus fort quota de maïs US depuis 1996, 165.000t.

La Chine aborde donc l’été, couverte de gloire et de bons résultats de premier semestre, contrairement à ses voisins.

L’IDE a augmenté de 20,5% à 20,7MM$, tandis que le PNB croissait de 7,9% – même si certains doutent de la justesse de tels chiffres.

Même ainsi, des signaux de danger apparaissent : l’export chute et est même négatif pour juin (-0,6%, première fois en 2 ans, contre les 38% de l’an 2000), faisant dépendre la croissance à 93% du marché intérieur, et d’un commerce de détail augmenté de 10,3%. 900M de paysans restent hors de cette croissance qui ne profite qu’à une 12aine de villes: le revenu rural n’a monté que de 4,2%, à 128$/personne/6 mois.

Autant de données que le pouvoir devra évaluer, début août lors du conclave balnéaire de Beidaihe qui fixera le cap des 12 prochains mois, fixera le prochain leadership, voire cherchera avec lui des techniques inexplorées de relance –OMC, ou réforme politique, par exemple!


A la loupe : Escapade aux sources chaudes de la Chine :

Enclavé, pollué et en proie à la désertification, le Shaanxi est pauvre. Ce qui n’empêche sa population travailleuse mais non ennemie des plaisirs, de goûter des xiuxi (repos) simples et cachés.

Ainsi, Heyang, étang chauffé par des poches d’air montées du centre de la terre, accueille par centaines les citadins venus en bus, au petit pied. On s’offre d’abord un défilé de mode, en choisissant parmi des centaines de modèles exposés son maillot pirate, léopard ou Hercule de foire pour les hommes, soubrette ou Commandante de bord (avec casquette assortie) pour les dames.

Au bord du lac, par clans et familles, les vacanciers du dimanche se partagent les espaces et les plaisirs. Dans des bouées multicolores qui, vu la qualité, ne servent qu’une fois, enfants et adultes barbotent sans nager (faute de savoir) dans l’eau tiède, claire marbrée de trouble. Fort justement, une armée de sauveteurs scrutent à la jumelle – la vase est mouvante et perfide.

D’autres se promènent dans les roseaux, ou bavardent sans s’allonger faute de serviette, non prévues -ce sera pour le prochain Plan. D’autres s’arrêtent à la buvette pour siroter thé bière tiède, ou se risquent au fast food local. D’autres pêchent à la ligne un fretin plein d’arêtes,  et -fait surprenant- «ça mord!». Même les policiers prennent du bon temps. C’est plein d’oubli des misères d’antan, d’esprit bon enfant, et c’est l’indice que même les campagnes, même la Chine du Centre, trouvent loisirs à leur pointure!


Pol : juges -retour à l’école

· A en croire la presse taiwanaise, Pékin aurait décidé, dès avril 2001, la démobilisation de 500.000 hommes de l’Armée Populaire d’ici juin 2003. Ceci, afin de concentrer ses moyens sur sa montée en puissance technologique, par recherche et import d’équipements. Dès 1985, l’APL avait entamé son dégraissage, de 4M jusqu’à 2,5M -chiffre actuel. Deng Xiaoping dégraissait déjà l’armée la plus nombreuse du monde de 4M à 2,5M, chiffre actuel -tandis que, surtout après 1989, les forces de police, surtout la wujin (police armée) montait à 1M.

·Dans le Shaanxi, l’explosion (16 juillet 2001) de 10t de dynamite a fait au moins 69 morts et 85 blessés. Invendu après la fermeture du magasin (clandestin), l’explosif artisanal avait été stocké dans une cave troglodyte du village de Mafang. Le propriétaire s’est constitué prisonnier deux jours après. Le gouverneur provincial Chen Andong, avait déjà dû prendre la responsabilité de l’explosion d’une mine en juin (40 morts), et risque sa place. Le drame de Mafang rappelle une autre hécatombe à la dynamite à Shijiazhuang (Hebei) en avril, ayant causé 108 décès (Cf. VDLC no12/VI). Cet attentat attribué à un sourd muet, exécuté depuis, avait suscité la colère du pouvoir, et la dernière opération  yanda (coup de poing) à travers le pays -pour reprendre les choses en main.

· Le parlement chinois vient d’en décider: à l’avenir, les juges devront avoir étudié le droit. Jusqu’alors, seuls  30% des 200.000 juges et 20% des avocats généraux connaissent la loi. 70% d’entre eux sont d’anciens officiers de l’APL. Aujourd’hui, la Chine prend conscience du coût, en terme de croissance, d’une justice trop lente et faible, incapable de dénouer les litiges modernes, sur fond industriel et de propriété privée. Dorénavant, les magistrats devront justifier de 2 ans d’expérience d’avocat, et passer un examen, dont la première session aura lieu en janvier 2002.


Argent : Sinopec: l’émission de tous les records

· Illustrant la soif de valeurs boursières sûres, l’émission Sinopec de 1,4MM$ de parts A a été souscrite 160 fois (battant ainsi deux records). Les commandes ont atteint 77MM$ à 0,51$ la part (x3 plus chère que la part Sinopec à HK). Vu l’engouement, le souscripteur a augmenté le quota pour petits porteurs, de 840M$ à 1,54MM et réduit celui des institutionnels de 1,39MM à 690M. Les investisseurs stratégiques disposent de 570M d’actions -parmi ceux ci, Baosteel, Cosco, le port de Ningbo et le Fonds National de Sécurité Sociale, qui prendra 10% (280M) du total des parts : le montant qu’il aurait dû recevoir gratuitement, selon la loi du FNCC de juin (Cf VDLC No25/VI). On a donc l’impression d’une cote mal taillée – en «exception» à la loi, Sinopec ne donne pas au FNSS, mais ne le prive pas non plus -il lui vend ses parts qui (à en croire ses hommes) monteront de 42% au 1er jour… Fort aussi, le quota aux individuels, 55% au lieu de 30%: l’évolution exprime la volonté de Pékin de privatiser – d’écouler calmement son patrimoine.

· Excellente affaire pour les PME industrielles installées sur le territoire de Shanghai-Pudong : sur décision de la Shanghai Foreign Economic Relations and Trade Commission (SFERTC, 13/7/2001), elles seront automatiquement titulaires de la licence d’export jusqu’alors délivrée par le Ministère aux firmes d’un capital de 600.000$ minimum, et au volume d’export en M$. De ce fait, les PME devaient passer par des monopoles ou agents, perdant 0,3 % de la valeur du contrat. La mesure devrait stimuler significativement les exports privés: dans le Guangdong, les firmes privées ayant inauguré la formule ont vu leurs ventes extérieures multipliées par 11 par rapport à l’an 2000.

· Victime de la surcapacité portuaire nationale, le Port de Jinzhou (Liaoning) a perdu 36% de son volume en 2000, et réalisé 11M$. Face à la menace, une seule stratégie -le redéploiement. En mars 2001, avec 2 partenaires, il s’est mis à la production d’engrais et d’aliments du bétail. Il annonce aussi (14/7), l’émission de 200M de parts A, dont il espère 242M$. La moitié irait à l’achat de 20% de Jitong, le groupe télécom de l’Internet. Sous réserve du feu vert de l’AG de Jitong (13/8), Jinzhou deviendra son principal actionnaire.

NB : Jinzhou appartient à 27% au groupe d’affaire privé Orient: ce rachat, s’il se fait, réaliserait une première, la prise de contrôle d’une EE de télécom par un groupe privé. Déjà en mars, un groupe d’investisseurs sino-étranger (avec News Corp et Goldman Sachs) achetait 12% de Netcom, autre maison de télécom dans les langes. Décidément, avec l’OMC, les temps ne changent plus, ils se bousculent.

 


Politique : politique_27_2001

· A en croire la presse taiwanaise, Pékin aurait décidé, dès avril 2001, la démobilisation de 500.000 hommes de l’Armée Populaire d’ici juin 2003. Ceci, afin de concentrer ses moyens sur sa montée en puissance technologique, par recherche et import d’équipements. Dès 1985, l’APL avait entamé son dégraissage, de 4M jusqu’à 2,5M -chiffre actuel. Deng Xiaoping dégraissait déjà l’armée la plus nombreuse du monde de 4M à 2,5M, chiffre actuel -tandis que, surtout après 1989, les forces de police, surtout la wujin (police armée) montait à 1M.

·Dans le Shaanxi, l’explosion (16 juillet 2001) de 10t de dynamite a fait au moins 69 morts et 85 blessés. Invendu après la fermeture du magasin (clandestin), l’explosif artisanal avait été stocké dans une cave troglodyte du village de Mafang. Le propriétaire s’est constitué prisonnier deux jours après. Le gouverneur provincial Chen Andong, avait déjà dû prendre la responsabilité de l’explosion d’une mine en juin (40 morts), et risque sa place. Le drame de Mafang rappelle une autre hécatombe à la dynamite à Shijiazhuang (Hebei) en avril, ayant causé 108 décès (Cf. VDLC no12/VI). Cet attentat attribué à un sourd muet, exécuté depuis, avait suscité la colère du pouvoir, et la dernière opération  yanda (coup de poing) à travers le pays -pour reprendre les choses en main.

· Le parlement chinois vient d’en décider: à l’avenir, les juges devront avoir étudié le droit. Jusqu’alors, seuls  30% des 200.000 juges et 20% des avocats généraux connaissent la loi. 70% d’entre eux sont d’anciens officiers de l’APL. Aujourd’hui, la Chine prend conscience du coût, en terme de croissance, d’une justice trop lente et faible, incapable de dénouer les litiges modernes, sur fond industriel et de propriété privée. Dorénavant, les magistrats devront justifier de 2 ans d’expérience d’avocat, et passer un examen, dont la première session aura lieu en janvier 2002.


A la loupe : ‘ Un geste d’amitié contre les USA ‘

La visite du Président Jiang Zemin en Russie (15-18/7/2001) connut son apogée lors de la signature avec Vl. Poutine d’un traité pour 20 ans d’"amitié et de coopération". Partageant le but de fonder un monde multipolaire, le traité change les données de la relation triangulaire Pékin-Washington-Moscou. Il prévoit des consultations militaires (mais pas une « alliance »). Il stipule l’absence de revendication territoriale mutuelle, éliminant une tension potentielle qui faillit dégénérer en guerre en 1969. L’accord rappelle aussi le double niet à toute ingérence dans leurs affaires- allusion à la guerre de l’OTAN au Kosovo, et erga, des tentations d’action en Tchétchénie ou à Taiwan.

Signé deux jours après le succès (14/7) de tests US de missiles anti-missile, il qualifie le traité (ABM) de ’72 de non-prolifération, de «clef de voûte de la stabilité stratégique». Notre titre emprunté à un commentateur russe, rappelle en fait la vieille coalition contre le projet US de bouclier anti-missile (NMD).

Mais si Jiang marque sa vive hostilité (le NMD  «provoquerait une nouvelle course aux armements»), Poutine est plus vague. A la veille de son départ pour le G8 à Gênes (18/7), il semble résigné à une poursuite inéluctable du projet US. Il faut dire qu’avec 6.000 ogives, Moscou est plus à l’aise que Pékin (400) et que sa crise économique ne lui permet pas de s’aligner sur la «fermeté» du partenaire.

L’«amitié», c’est aussi les échanges, qu’il faut regonfler (8MM$ seulement, en 2000). Les pétroliers Yukos et CNPC préparent un oléoduc de 1700km, Angarsk-Pékin, d’une capacité de 200Mt en ’05 et 400Mt en ’10. Et la Chine a signé un contrat de 1,8MM$, pour 40 chasseurs Su-30, dont 10 déjà livrés, renforçant la capacité chinoise d’attaque de Taiwan.

 


Joint-venture : Y a t’il un routier dans le camion?

· La fringale de voyages de HK en Chine (50,1 M en 2000, = 8 voyages par habitant en moyenne!) attire les assureurs. China Communications, branche assurance de la Banque des Communications (5ème banque du pays) fait équipe avec le Ministère de la Santé et l’APL pour ouvrir aux touristes, moyennant 76$/an une assurance accident couvrant (jusqu’à 25.000$/sinistre) les soins d’urgence dans 1000 hôpitaux chinois. Pour tenir le cap face à la concurrence de Banque de Chine (HK), Bank of America (entre autres), aux services et prix équivalents, China Communications offre en prime des cartes «club» de lignes aériennes et des tarifs hôteliers réduits. China Comm. espère 8000 souscriptions d’ici déc. -c’est un début. NB1: ce commerce d’assurance par une banque est licite, émanant d’une terre «étrangère». BdCom utilise ce biais pour gagner de l’expérience, dans la perspective de la rupture inévitable des barrières entre métiers financiers en Chine (Cf. VDLC No15/VI).

NB2 : décidément novatrice, la même BdCom vient d’avoir son feu vert pour appeler au moins 2 financiers étrangers dans son capital, à concurrence de 15% (total). Conséquences immenses -à suivre.

· Y a t’il un pilote dans le poids-lourd chinois? Le 16 juillet 2001, transpiraient des pourparlers entre Daimler-Chrysler et FAW (Jilin), pour une JV de semi-remorques. FAW qui en 45 ans, vient de sortir son 3Mième camion Jiefang («libération»), espère combler son retard technologique, et passer de 3ème à 1er constructeur mondial, avec des ventes en Chine de 1,5M en 2005, poussées par le programme autoroutier et la saturation du rail. En même temps, Volvo (groupe RVI) poursuit depuis 6 ans avec Heavy Truck (Shandong) des négociations avancées, mais compromises par l’exigence provinciale, d’une épuration par Volvo de l’imposante ardoise (725M$) de H.Truck. De plus, le nippon Isuzu et Qingling (Chongqing) ont lancé leur JV de camions, dont ils pensent vendre de 3.000 et 5.000 dès 2002. Autant de bonnes informations, mais qui sont contredites frontalement par une info interne de mai 2000: Pékin, dans le secteur, ne délivrerait qu’une licence, au plus offrant bien sûr (en terme de reprise de dettes) qui obtiendrait ainsi l’exclusivité pour quelques années… Là-encore, on y reviendra !


Temps fort : Les étrangers transfusent la bourse

En Chine, pour 18MM$ de parts «A» furent vendues en 2000, les comptes actionnaires atteignirent 60M, et la valeur (juillet 2001) 650MM$.

Le Fonds National de la Sécurité Sociale vient de recevoir le droit d’achats boursiers, et commence en fanfare avec Sinopec (cf. rubrique «argent»).

Mais la bourse est aussi un investissement risqué- les petits préfèrent placer leur épargne (843 MM$) en banque, qui en 6 mois, a reçu 64 MM$- pour la Bourse, ce n’est pas bon signe! Aussi la tutelle, CSRC multiplie-t-elle les gestes pour améliorer attrait et crédibilité, ayant radié 2 EE en quasi-faillite, taxé des fraudeurs, adopté de nouvelles règles de publication des comptes des firmes listées, et engagé des experts formés à l’étranger.

Ces actions n’ont pu lui épargner un virulent rapport de l’ANP, fin juin, dénonçant son laxisme et des 10aines de fraudes non stoppées par la CSRC. Pour faire face, la bourse chinoise a profité des grandes échéances du moment (OMC, JO) pour s’offrir plusieurs spectaculaires effets d’annonce:

1. avec le MOFTEC, la CRSC prépare le droit des compagnies étrangères en Chine, d’émettre en parts A et B jusqu’à 75% de leur capital chinois. Ce ne sera pas pour déplaire à des Cies solides, bien gérées telles Philips, Giant ou Unilever, qui accéderont à un financement local moins cher, affranchi des risque de change, tout en réduisant les aléas de l’actionnaire individuel.

2. Après 2 reports, l’ouverture de la bourse secondaire de Shenzhen (le Nasdaq chinois pour valeurs technologiques) est remis à 2 ans, pour laisser croître le Fonds National de Sécurité Sociale -la priorité absolue, pour Zhu Rongji- et suite au mauvais climat mondial.

3. Le 1er fonds mutuel "ouvert" (avec plafond quand même, mais bien plus haut, à 604M$) débute en août. Ce sera en tout cas le 1er fonds «cogéré» par l’étranger, JP Morgan, aux côtés de Hua An. Morgan prendra des parts dès l’entrée à l’OMC, voire plus tard (49% max, après 3 ans) !


Petit Peuple : Anhui -une promotion vache

· La région, les administrés broient-ils du noir ? Qu’à cela ne tienne. Quelque part en Chine, pays de ressource sans limites, on vient de découvrir le slogan: «mettez un clown dans votre moteur». Mengcheng, dans l’Anhui, premier rang national dans l’élevage bovin, a invité Niu Qun, célèbre acteur de bout rimé, à partager son existence, le temps d’un mandat de maire-adjoint. Il faut dire que l’acteur était prédestiné, avec son nom «vache», et son prénom «troupeau».  «Le rire est mon métier- je vous transporterai de joie!» – dès son discours d’intronisation, le comique «troupier» a fait comprendre avec quelle ardeur il comptait dérider ce canton d’éleveurs. Mais tout Mengcheng n’est pas convaincu par ses talents d’administrateur – plus au sud, un article grincheux flaire l’illégalité dans sa nomination.

Une carrière-éclair comme celle de Niu n’est pas rare : au moins deux autres cas viennent d’avoir lieu. Un canton du Henan offrit à Liu Xiao Ling Tong, l’inoubliable interprète d’une série TV de Sun Wukong (le Roi des singes, aussi connu et aimé en culture chinoise, que Donald le canard) refusa le même poste, par humilité (il pensait ne pas pouvoir leur apporter de prospérité). La toute rigoureuse Université des Technologies de la Défense tenta d’offrir à l’humoriste Zhao Benshan, rien moins que sa chaire d’idéologie. Le tollé qui s’est ensuivi a fait capoter l’idée : l’enseignement est une affaire trop sérieuse, pour le confier aux comédiens!