Le Vent de la Chine Numéro 26
Cette semaine du 14 au 19 juillet 1997, se déroule à Beidaihe, dans une presqu’île retranchée, le Conclave de la cinquantaine d’hommes qui dirigent le pays.
Réunion traditionnelle, très secrète où se peaufinent les orientations de l’année – le 15. Congrès de cet automne. Une tendance est déjà sensible: la main tendue à Taiwan, sous forme d’appel à la négociation, et d’une très provisoire sourdine aux clairons des « va-t’en-guerre » de l’APL, le Parlement national.
Beidaihe, c’est aussi le lieu où se décident les nominations au sommet de l’appareil. Les spéculations des dernières semaines se rejoignent: le pouvoir procédera au minimum possible de changements au délicat équilibre présent. Pour le poste de Président, qui de plus plausible que Jiang Zemin, l’homme en place. Comme 1er Ministre, Zhu Rongji est le candidat le plus solide à la succession de Li Peng. Grande inconnue sur les sorts de ce dernier, comme de Qiaoshi, tous deux en apparente perte de vitesse ces derniers mois.
Qian Qichen le ministre des Affaires étrangères serait remplacé à son poste (pour une fonction gouvernementale plus haute) par Mme Wu Yi, patronne du Moftec… Un militaire verrait confirmer son ascension: Zhang Wannian, au sommet d’une hiérarchie militaire fort remaniée, et plus fidèle au Président Jiang.¦
Dès les années 1980, Pékin avait imposé ce principe, (4 plats – une soupe), afin de brider les appétits publics, aux frais du socialisme. La réponse n’avait pas tardé: de (grandes) assiettes cloisonnées «légalisant» des banquets de 16 plats – 4 soupes!
Depuis fin mai, un règlement du Comité Central, d’une précision adamantine, traque les dépenses de luxe des administrations: telles, les conférences (à la campagne), célébrations, banquets, missions d’inspection (province), de formation (étranger), les prêts de GSM ou voitures de fonction…
Les chances de succès sont si fragiles qu’on se demande – le 15. Congrès mis à part- pourquoi s’être donné cette peine. Faute de prendre en compte les raisons de ces fraudes, qui coûtent des MM USD à la nation: sans les avantages non salariaux des banquets et des téléphones sans fil, comment enrayer les départs des fonctionnaires (sous-payés) pour le privé?
Ce règlement procède du vieux postulat de la moralité supérieure du cadre du Parti, réputé apte à se réformer «de lui-même». La vraie réforme viendra plus tard, à travers (peut-être) un autre principe de Deng: (shi shi qiu shi), rechercher la vérité à travers les faits!¦
Elles sont là! sans grande publicité, et pourtant, c’est une révolution: les deux 1ères JV de trading en Chine, sises à Pudong. Dongling, au capital de 12,5M USD, filiale de Orient International , Mitsubishi et l’américain Continental grain (51%, 27% et 22%). Et Langsheng-Daewoo (même investissement, 51% et 49%).
Leur mission: «titiller» les dinosaures des monopoles d’import-export et (si ceux si ne comprennent toujours pas), prendre leur place.
Klaus Toepfer, ministre allemand de la construction, appuie à Shanghai le projet de construction de métro léger – et évoque la possibilité de soft loans. Coût/projet: 1O MMY. Début travaux ’98. L’offre française (avec soft loans) était jusqu’alors «en tête». Argument massue du ministre: «jamais 2 sans 3»! (les deux 1ères lignes shanghaiennes étant déjà «allemandes»).
Succès de Canton, remarqué par les USA dans la lutte contre le piratage : 28 ateliers de CD pirates, fermés après délation, payée 36 000USD la délation.
Ouverture par Dresdner Bank de la 1ère branche européenne à Pékin, et qui guigne une licence pour le marché du renminbi. Dresdner va aussi (ce n’est peut-être pas un hasard) recapitaliser China Universal, sa JV (23% des parts) de leasing, percluse de dettes. Partenaires : Sanwa, BdC. Dresdner croit que le Conseil d’État imposera aux débiteurs (des GEE) de rembourser 75 à 80% des contrats de leasing en souffrance.
Essel, n°1 indien du tube d’alu, met 25MUSD dans 1 usine à Canton (propriété100%) de tubes dentifrice. Avec 220M tubes /an en Chine, Essel compte doubler son volume.
Tandis que Citroën compte doubler en 1998 sa production de ZX-Fukang, à 60 000 unités, puis à 120 000 en 1999, Peugeot elle, croit pouvoir rester présente sur le marché, par les importations (malgré les 110 à 180% de taxes), en tablant sur son réseau de maintenance en place, et sur son image de marque.
Suez-Lyonnaise des Eaux vient d’emporter en concession BOT de 30 ans, le contrat pour une unité de retraitement des eaux usées à Lianjiang (Canton). C’est sa 5ème concession du genre en Chine. Centrale construite par Degrémont, d’une capacité de 100 000m3.
Chrysler ferme à Pékin son bureau de représentation: le marché ne progresse pas assez vite!
L’usine JV pékinoise (Beijing Cherokee, 26000 unités l’an passé, 43% de parts pour Chrysler) n’est pas concernée. Fermeture qui exprime une grogne des constructeurs, face à une mainmise de l’administration sur ce secteur «pilier», aux taxes trop élevées, et à l’embargo sur le secteur commercial, «kidnappé» par les corpo d’État.
Pour l’entrée de la Chine à l’OMC, après 10 ans de piétinement, un compte à rebours est en vue: fin des bilatérales (avec USA, Union Européenne etc) cet été; dernier «round multilatéral» fin 1997, avec fixation (après la visite de Jiang fin oct. aux USA) d’une date d’admission quelque part en 1998.
Pékin doit soumettre une offre globale ce mois ci, incluant tarifs des biens agricoles et industriels, arrières non tarifaires, et services, tout en détaillant ses programmes de subventions -avant de permettre
l’envoi d’inspecteurs de l’OMC.
Pourtant, sur le fond de l’accord, on est loin du compte!
De nouvelles protections non tarifaires se dressent aujourd’hui même en Chine (cf fin 1996, certification
des équipements lourds)… Ce qui signifie non pas «hypocrisie d’une Chine à 2 paroles», mais bataille interne entre Moftec (le ministère du commerce extérieur), champion libéral, et les ministères techniques, fiefs conservateurs tuteurs des GEE, les grandes entreprises d’Etat.
En fait, les réformateurs portent sur la scène internationale un vieux débat politique, pour contourner leurs adversaires. Lesquels, sous prétexte de protéger des intérêts nationaux défendent des positions industrielles exsangues, mais qui sont aussi les (ultimes) bases de pouvoir du Parti en province!
Constat de la Banque Mondiale: le programme de réforme des grandes entreprises d’Etat (GEE) n’est pour l’heure rien de plus que «la même chose sous un autre nom».
La Chine n’a plus d’alternative que celle de privatisation à grande échelle. Selon la Banque Mondiale, les GEE recevraient 3/4 des investissements, jusqu’à plus de la moitié du capital fixe, les 2/3 de l’emploi urbain, pour un bilan « dans le rouge » pour la moitié d’entre elles (1,3% du PNB de pertes). Radicale, la banque demande que l’Etat se désengage des secteurs où des PME seraient compétitives.
PIB de Pékin au 1er semestre: 8,9 MM USD soit +11,2%. Chiffre équivalent à la croissance industrielle nat’le (+11,6%, 119 MM USD), durant la période. Shanghai elle, a exporté 713OOO vélos, +37%, 43 M USD de devises (avec pièces détachées).
Tsingdao Beer crée une holding avec 90 MUSD pour acquérir des brasseries endettées.
Un achat à Xi’an en 1996, deux autres en cours dans le Shandong, 3 à 4 autres envisagés en 1998. Les achats actuels devraient porter sa capacité de 200000t à 700 000t (500 000 cette année) Invests = publics (État, provinces bénéficiaires de ces rachats qui les libèrent), et suspension pour 1 an des dividendes (contribution involontaire des actionnaires).
La Chine compte 800 brasseries, trop petites pour être profitables -Qingdao commence le ménage!
Le Prsdt Jiang Zemin s’apprête à nommer 10 généraux, dont les commandants des régions militaires de Canton, Chengdu et Shenyang.
Limogé: Yue Qifeng, 65 ans, Secrétaire du Parti au Heilongjiang, remplacé par Xu Youfang, 58 ans, ex-ministre des Forêts.
Cause: incompétence dans la gestion d’une province nordique immense, dotée de meilleurs atouts que d’autres, mais qui ne s’est pas fait remarquer, au fil des dernières années, par ses efforts pour monter à bord du train de la croissance.
En juillet 1997, qu’est-ce que le Parti communiste chinois (PCC)?
Réponse du Quotidien du Peuple: 58 M de membres, 10 de plus qu’en 1992.
Le Parti recrute selon ses besoins et reste une des portes incontournables en Chine, à quiconque déterminé à faire carrière. Cet enrôlement de masse modifie le Parti, en une force désormais très peu révolutionnaire, mais technocrate. 43% des camarades ont un diplôme, 22% ont moins de 35 ans.
Destinées à impressionner, ces trois condamnations à mort à Changsha (Hunan), pour corruption: le chef de la HITIC (compagnie provinciale d’investissements), pour 2,5MUSD; et 2 patrons d’usine de caoutchouc et de compagnie minière, pour 3 et 2 M Y. Le message (qui sera repris et amplifié après le 15. Congrès) : « personne n’est à l’abri de l’épée de la loi »!
Le retour de Hong Kong à la Chine pose un problème imprévu: quel statut pour les bâtards des hommes ayant en plus de leur légitime, une (er taitai) une n°2, à Shenzhen?
Ils seraient 60 000, dont 3000 prêts à franchir la frontière. HK voit la chose différemment: une des 1ères lois votées par le nouveau Legco concerne la déportation des illégaux, dont quelques centaines viennent d’être «piégés» à se déclarer, faisant foi à la rumeur d’une amnistie!.
– L’IASC tient ce mois ci à Pékin ses assises: où en est la réforme comptable chinoise?
La Chine vient d’entrer à l’IASC, club mondial des comptables ainsi qu’à l’IFAC, club des auditeurs aux comptes. Nous découvrons ici des gens sérieux, préparés, et qui commencent tout juste une oeuvre immense.
– Quel enjeu?
Aujourd’hui, la comptabilité en Chine, reste une affaire primitive de «décompte de haricots», ne tenant compte que de l’adéquation aux objectifs fixés par le Plan. Le risque était de créer une barrière: avec des normes comptables nationales, l’investisseur étranger devrait avoir une comptabilité spéciale-Chine; même chose pour le chinois à l’étranger. En fait, il n’y a pas de croissance pour un pays en voie de développement (PVD), sans transparence comptable, évaluation fiable des pertes et profits.
– Où en est la réforme chinoise?
A ses balbutiements: vous avez ici 8M de comptables à remettre à l’heure, 120000 ex-perts dont 50 000 auditeurs… un 1er paquet de normes proches de l’IASC fonctionne depuis janvier… Cela ne touche que 570 fir-mes en Chine, celles cotées en Bourse!
-Voyez-vous dans cette réforme comptable un clivage entre réformateurs et conser-vateurs, comme dans le cas de l’OMC?
C’est certain : au niveau des privatisations à venir, tel directeur voudra que son usine «pèse» 1 MMUSD, somme de tout ce qui fut investie en elle depuis Mao alors que selon nos normes, elle ne vaudra que 200 M. Un autre problème se trouve au niveau des experts-comptables, souvent d’anciens fonc–tionnaires des Finances, d’où d’évidents conflits d’intérêts et risques de corruption… Dans cette réforme comptable, des groupes économiques (aussi politiques ndlr) ont fort (peut-être tout) à perdre, d’autres tout à gagner!
Depuis un an, le « 110 » est le n° national d’appel d’urgence.
Très suivi, et qui permet à la police populaire de renouer avec sa tradition de service. Conçu à l’origine pour la délation de crimes (droit commun), le service a traité, dans Pékin, 15200 appels suite à des violences, mais aussi 9800 pour ces cas de fuite d’eau ou de portes à ouvrir malgré la clé perdue.
Record national de la contraception dans le Henan: elle est passée en 10 ans de 24/1000 à 14/1000. « éduquer, plutôt que critiquer », expliquent, modestes, les cadres locaux.
Combien d’étudiants pour la promotion universitaire 1997?
Plus d’1 M, répartis entre 1035 universités et instituts. Les concours d’entrée viennent de se dérouler pour 2,84 M candidats: Pour les gagnants, c’est la fin de 10 ans d’enfer, qui prend chaque an son lot de jeunes névrosés et suicidés. Une fois en fac, c’est la « vie douce » pour quelques années.
Manifestation par quelques dizaines de gens de Shangzhuang (Pékin), contre un dépôt d’ordures de 13 ha et 500 000 t de déchets ménagers, ouvert en mars.
Les banlieusards ont bloqué l’accès au terrain, brandissant des bannières parlant de grandes chaleurs et de droits de l’homme. Une résidence de 50 000 personnes se trouve à 200 m du dépôt. La mairie locale avait menti durant la construction, promettant «une prison». Le bureau local de l’environnement «étudie» le cas -et va sans doute trouver très vite la solution pour ce site. Mais pas pour les 1080 autres terrils pestilentiels où s’amoncellent les 12000 t d’immondices /jour de la capitale du Céleste Empire.
22-25 juillet, Shanghai: 3 salons de la Chimie, du Laboratoire, des Tuyaux et Vannes.
15-19, Shanghai: salon pharmacie / médical
15-21: foire de Dalian
17-22: foire de Canton