Le Vent de la Chine Numéro 30

du 16 au 22 septembre 2001

Editorial : editorial_30_2001

La vague d’attentats sauvages de New York et Washington (11 septembre 2001) a inspiré en Chine des émotions contradictoires. Au téléphone (nuit du 12), Jiang Zemin a réitéré ses offres d’assistance (depuis le carnage, ambassade et avions US bloqués en Chine sont sous forte garde). Mais Qiao Liang, stratège militaire, claironnait son avis non sollicité mais majoritaire: «dommage que les US ne trouvent pas l’auteur de l’attentat… Mais aussi, ils ont tant d’ennemis au monde !»

Le crime du World Trade Center a aggravé le climat d’affaires en Asie (cf sujet «bourse», col. droite): la bourse de HK a chuté de 9%, l’or noir a bondi (+10 %), et l’Asie, privée du cordon ombilical aérien avec les US, a vu l’ampleur de son interdépendance avec le grand voisin. Le spectre de la récession est aux portes, que seul peut prévenir une plus forte coopé multilatérale, surtout sur la stabilité politique et monétaire. Or Bush vient d’appeler à une union mondiale contre le terrorisme, Chine comprise.

Jiang Zemin lui a confirmé que son pays «augmenterait le dialogue avec les US et le monde » dans ce secteur. La promesse est plausible : sous sa direction, Pékin a fondé avec Moscou et 4 Etats d’Asie Centrale le Club de Shanghai, voué à la lutte de l’activisme intégriste, dont le coeur est l’Afghanistan: Chine et US ont bel et bien un intérêt commun!

Mais là aussi, Pékin maintient le flou: avec l’Afghanistan, elle vient (10/9) de signer un mémorandum de coopération économique/technique. Pékin le fait pour 3 raisons: ¬ par alliance historique (contre New Delhi) avec le Pakistan, protecteur de Kaboul, ­ par idéologie tiers-mondiste,® dans l’espoir d’obtenir la fermeture aux Ouïghours des camps des Taliban… L’avenir montrera sans doute l’intenabilité d’un tel plan. A Kaboul, la solidarité panislamique interdit de tels compromis politiques. A Washington, on récuse dès maintenant toute collaboration avec un pays qui arme et soutient des régimes terroristes. La Chine verra la montée d’une pression pour qu’elle clarifie ses options. Dans ce contexte, la rencontre Bush-Jiang en marge de l’APEC en octobre, est une très bonne nouvelle, et une autre, la récente renonciation par Huawei, consortium de téléphonie « privé » (proche de l’APL) d’un contrat à l’Irak, de 28M$ : Huawei, en effet, a aussi des commandes afghanes, entre Kaboul et Kandahar!

 


Editorial : Attentats aux Etats-Unis – Pékin, face à un choix! !

La vague d’attentats sauvages de New York et Washington (11 septembre 2001) a inspiré en Chine des émotions contradictoires. Au téléphone (nuit du 12), Jiang Zemin a réitéré ses offres d’assistance (depuis le carnage, ambassade et avions US bloqués en Chine sont sous forte garde). Mais Qiao Liang, stratège militaire, claironnait son avis non sollicité mais majoritaire: «dommage que les US ne trouvent pas l’auteur de l’attentat… Mais aussi, ils ont tant d’ennemis au monde !»

Le crime du World Trade Center a aggravé le climat d’affaires en Asie (cf sujet «bourse», col. droite): la bourse de HK a chuté de 9%, l’or noir a bondi (+10 %), et l’Asie, privée du cordon ombilical aérien avec les US, a vu l’ampleur de son interdépendance avec le grand voisin. Le spectre de la récession est aux portes, que seul peut prévenir une plus forte coopé multilatérale, surtout sur la stabilité politique et monétaire. Or Bush vient d’appeler à une union mondiale contre le terrorisme, Chine comprise.

Jiang Zemin lui a confirmé que son pays «augmenterait le dialogue avec les US et le monde » dans ce secteur. La promesse est plausible : sous sa direction, Pékin a fondé avec Moscou et 4 Etats d’Asie Centrale le Club de Shanghai, voué à la lutte de l’activisme intégriste, dont le coeur est l’Afghanistan: Chine et US ont bel et bien un intérêt commun!

Mais là aussi, Pékin maintient le flou: avec l’Afghanistan, elle vient (10/9) de signer un mémorandum de coopération économique/technique. Pékin le fait pour 3 raisons: ¬ par alliance historique (contre New Delhi) avec le Pakistan, protecteur de Kaboul, ­ par idéologie tiers-mondiste,® dans l’espoir d’obtenir la fermeture aux Ouïghours des camps des Taliban… L’avenir montrera sans doute l’intenabilité d’un tel plan. A Kaboul, la solidarité panislamique interdit de tels compromis politiques. A Washington, on récuse dès maintenant toute collaboration avec un pays qui arme et soutient des régimes terroristes. La Chine verra la montée d’une pression pour qu’elle clarifie ses options. Dans ce contexte, la rencontre Bush-Jiang en marge de l’APEC en octobre, est une très bonne nouvelle, et une autre, la récente renonciation par Huawei, consortium de téléphonie « privé » (proche de l’APL) d’un contrat à l’Irak, de 28M$ : Huawei, en effet, a aussi des commandes afghanes, entre Kaboul et Kandahar!

 


A la loupe : Enfin un sanctuaire pour petits porteurs?

Jusqu’alors plutôt isolée des vents mondiaux, la bourse chinoise a souffert (-2,5 à 3,5%% de pertes semaine dernière, face aux -11% depuis janvier 2001). L’attentat de NY, s’est ajouté aux multiples annonces de fraudes des firmes cotées et des Cies de courtage. Celle de l’été frappe Guangxia, groupe de biotech et (avant sa suspension en août), 3ème poids lourd en bourse de Shenzhen. Selon la CSRC, Guangxia aurait gonflé ses profits de 90M$ pour l’exercice 1999-2000. A sa reprise (10/9), la part perdait le maximum/jour autorisé (10%). Le même sort guette Kejian (téléphones), pour avoir caché des hypothèques égales au triple de ses actifs!

Mais la CSRC poursuit sa quête d’un assainissement du marché et de valeurs sûres, impératif pour maintenir l’épargne dans le circuit monétaire : Hua’an Inno pourrait en être un, 1er fonds mutuel ouvert, lancé le 13/9 par Hua’ an, conseillé par JP Morgan, qui apporte sa garantie technique et morale -il pourra prendre une part du fonds, une fois la Chine à l’OMC.

Plafonné à 604M$, ce fonds est «ouvert», car ses titulaires peuvent s’en retirer, après les 3 mois de lancement – contrairement aux 33 autres SICAV locales. Dès l’ouverture, malgré la barre placée à 1.210 $, les petits boursiers se sont arraché les parts en vente (362M$), séduits par sa structure diversifiée (80% de parts « A », 20% d’obligations), et le pouvoir de Hua’an d’imposer une gestion saine à ses Cies listées. Sans attendre, la CSRC a approuvé un autre fonds ouvert (966M$), par le tandem Southern Fund Management/HSBC (HK).


Pol : époussetage de la carte de Chine

· 200.000 personnes ont arpenté les provinces depuis 1996 (une centaine y ont laissé leur vie), pour arrêter le tracé des 62.000 km de frontières intérieures (provinciales, préfectorales voire cantonales). Il s’agit de régler une confusion régnant depuis 2.000 ans, surtout à l’Ouest, où les minorités appliquaient un droit coutumier, invisible sur la carte. Au total, la Chine comptait plus de 10.000 km de frontières floues. Rien qu’aux Qinghai et Gansu, 30 tracés s’étaient succédés depuis 1949. En 1995, les litiges, au nombre de 1.000, portaient sur 140.000km² (1/4 de France), principalement pour l’accès aux ressources naturelles, pour des préjudices estimés à 12M$. Le 1er bénéficiaire sera l’Etat: il sera enfin à même de taxer toutes ces firmes "bi-provinciales", qui assuraient depuis des lustres au fisc de chaque province, payer leurs impôts dans l’autre!

· la presse officielle a du mal à surnager, face à la profusion de tabloïds populaires aux articles et maquettes plus agréables au lecteur. Pour leur donner un coup de pouce, Shanghai a recours à un vieux truc : imposer à toutes les  danwei (unités de travail), au nom de la propagation de la juste ligne, de souscrire au Quotidien du Peuple et à Quête du vrai (organes du PCC). Curieusement, ce dernier hebdo venait d’être suspendu cet été pour déviation gauchiste (cf VDLC n°28). Des signes de cette campagne anti-gauchiste demeurent: le 9 septembre 2001 à Zhengzhou (Henan), 400 ouvriers venus commémorer devant la statue de Mao le 25ème anniversaire de sa mort, ont été dispersés par la police – 4 interpellations!


Argent : D’ici 2005, 1,3MM de cartes à puce

· C’est la BPdC qui l’annonce : Yinlian, réseau électronique interbanques entrera en fonction avant fin 2003 à travers toute banque, tout distributeur et magasin dans 300 villes. Yinlian harmonisera et intégrera les réseaux des banques commerciales, aux normes et aux cartes bancaires incompatibles (qui devront être toutes remplacées). Des 330M de cartes existantes (dont Visa-114M- et Mastercard, 55M), à peine 1% ont accès au réseau international. Le système unifié promet une accélération des transactions et du débit, touristique notamment. Mais de fortes limites demeurent. Malgré l’appel des professionnels mondiaux, « yinlian » s’achemine vers une norme nationale, permettant le retrait, pas le crédit -faute d’une base de données des titulaires. Donc, les cartes aux normes mondiales (et étrangères) ne seront pas reconnues, fermant ainsi aux banques étrangères le marché chinois! Un second marché de cartes s’apprête à faire un bond en avant : celui des graveurs pour cartes à puces. Déjà présent en Chine, sous la forme des cartes « sim » pour téléphone GSM, le pouvoir annonce la distribution d’ici 2005, à toute la population de cartes d’identité électroniques, consignant état civil, et tout le dossier de sécurité social -pour commencer.

· Le Guangdong escompte en 2001 une croissance «modérée» de 9%, moins que les 10,3% engrangés entre 1996-2000. Le bilan réel pourrait s’avérer pire: les exports, fer de lance de la province, ont été touchés par la chute mondiale de la demande -et par le scandale des restitutions de TVA à Shantou (ayant touché au moins 3,9MM$ d’exports fictifs). Résultat, les exports méridionaux n’ont augmenté que de 0,6% au 1er semestre contre 18,3% l’an passé, (chiffres il est vrai fort sujets à caution, depuis l’éclatement de l’affaire de Shantou). Pour compenser, le Guangdong a pris la leçon de Pékin : le 9/9, à son tour, il a regonflé son programme d’infrastructures à 60MM$, au titre du X. Plan quinquennal (2001-2005). Destiné à relier Canton-Ville à 21 cités de la province et aux provinces limitrophes, le plan autoroutes est porté de 11,4MM$ à 14,1MM$. Près d’1MM$ est affecté à l’adduction d’eau potable à 10M de personnes dans le Delta des Perles. La ville va aussi déployer un réseau fibres optiques à large bande qui équipera la plupart des bureaux et des foyers. Autant de bons plans, mais aussi de corruption en perspective; trois hauts cadres du réseau autoroutier cantonais ont été inculpés cet été, pour 470.000$ de commissions occultes de la part d’entrepreneurs.

 


Politique : politique_30_2001

· 200.000 personnes ont arpenté les provinces depuis 1996 (une centaine y ont laissé leur vie), pour arrêter le tracé des 62.000 km de frontières intérieures (provinciales, préfectorales voire cantonales). Il s’agit de régler une confusion régnant depuis 2.000 ans, surtout à l’Ouest, où les minorités appliquaient un droit coutumier, invisible sur la carte. Au total, la Chine comptait plus de 10.000 km de frontières floues. Rien qu’aux Qinghai et Gansu, 30 tracés s’étaient succédés depuis 1949. En 1995, les litiges, au nombre de 1.000, portaient sur 140.000km² (1/4 de France), principalement pour l’accès aux ressources naturelles, pour des préjudices estimés à 12M$. Le 1er bénéficiaire sera l’Etat: il sera enfin à même de taxer toutes ces firmes "bi-provinciales", qui assuraient depuis des lustres au fisc de chaque province, payer leurs impôts dans l’autre!

· la presse officielle a du mal à surnager, face à la profusion de tabloïds populaires aux articles et maquettes plus agréables au lecteur. Pour leur donner un coup de pouce, Shanghai a recours à un vieux truc : imposer à toutes les  danwei (unités de travail), au nom de la propagation de la juste ligne, de souscrire au Quotidien du Peuple et à Quête du vrai (organes du PCC). Curieusement, ce dernier hebdo venait d’être suspendu cet été pour déviation gauchiste (cf VDLC n°28). Des signes de cette campagne anti-gauchiste demeurent: le 9 septembre 2001 à Zhengzhou (Henan), 400 ouvriers venus commémorer devant la statue de Mao le 25ème anniversaire de sa mort, ont été dispersés par la police – 4 interpellations!


A la loupe : Crise et changements du syndicalisme

Entamée en août 2001 à l’ANP, la révision de la loi syndicale réagit à l’érosion de l’organe nationale, dont les 900.000 sections n’ont pu endiguer, en 10 ans, la perte de 40M de membres – ils ne sont que 90M contre 103M non-syndiqués.

Les pertes sont dues au démantèlement des EE, et à l’éclosion du secteur privé et étranger qui -dans leur composante  huaqiao de la diaspora, respectent peu les lois sociales, et ont causé une dégradation de l’environnement au travail. Au 1er semestre, mines, usines et lieux publics ont accusé officiellement 47.000 décès – le double, de source privée. Au Sud, des milliers de PME de sous-traitance imposent des horaires d’enfer et des salaires illégaux (200Y/ mois), avec l’aval des mairies. Paralysé, le Syndicat reste muet. Mais en 1999, l’administration reconnaissait 300 mouvements sociaux/jour, qui luttaient contre les clôtures arbitraires (associées à la vente sauvage des actifs par les patrons), ou le non-paiement des salaires!

Le 10 septembre fera peut-être date dans cet univers du travail: 56 assembleuses de perruques, à Shenzhen, ont reçu chacune 4.000Y, avant de franchir pour toujours la porte de l’usine: deal à l’amiable, pour éviter un procès suite à une fouille corporelle (due au soupçon, à tort, de vol de marchandises). L’action a abouti, sans doute, parce que les patrons étaient étrangers -coréens. Elle n’en établit pas moins le précédent d’une victoire de travailleurs, hors du Syndicat !

L’ANP veut enrayer la chute de ce dernier en imposant sous peine d’amende sa création dans les usines nouvelles au-delà de 25 employés, et en rendant le délégué «incongédiable». Signalons enfin l’existence d’un quasi-syndicalisme libre, sous la forme de « consultants » qui se gardent bien de se constituer en structure, mais offrent

sur demande aux ouvriers leur «expertise» des lois et leurs droits, et les conseillent: le monde du travail, de l’intérieur, change et s’éveille !


Joint-venture : banque d’Etat cherche partenaire riche

· Les quatre grandes banques nationales (ABC, BOC, CCB, ICBC) ont senti le vent du boulet. Bien que soulagées (sur le papier) de 168MM$ de dettes insolvables par leurs structures de défaisance respective au 30 juin 2001, elles pâtissent toujours, selon Liu Mingkang, Président de la BdC, d’au moins 29% de mauvais prêts à des firmes en cessation de paiement (on parle d’un total national, en mauvaises dettes, de 500MM$). Elles poursuivent leur restructuration. Avec 300MM$ de capital théorique, CCB a fermé 1.300 branches depuis 1998, et en détient encore 25.700. Elles se refont sur les prêts hypothécaires, opération lucrative et sans grand risque (déjà 8% des prêts d’ICBC), voire sur les prêts aux firmes privées, (51% des prêts en cours pendant le 1er semestre, contre 39% en ’96). Les "4 Soeurs" relancent, par ailleurs, un projet rejeté par Zhu Rongji en 1997, de vendre des parts minoritaires à l’étranger. Affirmant « l’impératif de se doter de partenaires stratégiques », la CCB a annoncé le 10/9 qu’elle solliciterait "dès octobre, peut-être", le feu vert du Conseil d’Etat. De son côté, l’ICBC est en train de négocier avec des banques de l’UE et des US une JV d’investissements basée à HK, qui serait active en Chine, manière de contourner l’interdiction statutaire de mener "en Chine" ce genre d’opération. NB : Des 168MM$ d’actifs insolvables placés sous contrôle des SDD, seuls 33MM$, parmi les plus attractifs et présentables, ont été «traitées» – revendues, ou passées aux profits et pertes. Les plus forts doutes doivent être nourris, sur la capacité des SDD à récupérer grand chose sur le reste, et sur leur propre avenir, une fois effondré l’espoir placé en elle, comme atout-maître des banques pour retourner à la rentabilité. Ce qui explique en partie l’engouement neuf des grandes banques pour la participation étrangère : si une stratégie « nationale » de sauvetage n’a pas marché, l’appui extérieur, lui, ne peut faire défaut…

· Les appels à la «cavalerie étrangère» ne se limitent pas à la banque. Le 10/9, au Forum annuel d’investissement Xiamen (Fujian) la SETC a annoncé la rédaction d’un cadre réglementaire (long-temps attendu) pour préciser les droits et limiter les risques de l’investisseur étranger dans les PME, à l’exception de celles établies dans les secteurs stratégiques. Afin d’inciter à l’achat, le nouveau cadre étoffera le crédit aux PME, et leur ouvrira les portes de la bourse, chinoise et étrangère. Avec ce plan, la Chine obtient un puissant effet d’annonce : il concerne 8M de firmes (dont 1,3M à haute technologie), ayant assuré au 1er semestre  60% de la production industrielle brute, et 60% des exports. Détail aussi important pour Pékin, les PME à travers le pays paient à l’Etat 40% des taxes. Reste à voir si l’étranger trouvera l’offre suffisamment attractive pour compenser les risques d’une PME – notamment celui de se faire accepter par l’environnement local.

 


Temps fort : Conjoncture – la Chine mieux que d’autres!

Lors du sommet Finances de l’APEC à Suzhou (8-9 septembre 2001), le ministre Xiang Huaicheng arborait le sourire, avec une conjoncture à contrevent du monde. Le FMI avait revu ses prévisions de croissance mondiale, de 3,2% à 2,7%. De janvier à juillet, la Chine voit une hausse de 7,8% soutenue par les dépenses publiques (143MM$ au 1er semestre, +15% ), par l’étranger (de jan à août, IED = 27,4MM$, +20,4%), et par l’attraction soudaine pour l’immobilier (+35% en 2001, d’après Sung Hung Kai, HK)!

Mais non sans pertinence, le ministre prévient contre l’optimisme : le consommateur dépense moins, comme en atteste les 852MM$ d’épargne en banque (NB: acheter son logement, est une forme d’épargne!), et la baisse des ventes/détail de moins 0,6%, à 9,6%, tandis que l’indice des prix à la consommation n’a monté que de 1% en août -score le plus faible depuis avril. Autre souci, la chute des exports (0% en août -contre +28% en 2000) – et la série d’attentats aux US ne pourra qu’aggraver la tendance. La production industrielle, elle aussi, marque le pas : +8,1% en juillet, contre près de 13% un an avant. La poursuite de licenciements, mauvaises dettes et guerres des prix est inévitable -cet été, on évoquait des ventes au kg de TV 29 pouces (dumping). Ici, la Chine a sur ses voisins un autre atout : son marché intérieur, qui l’affranchit en partie de l’environnement global – ses exports ne pèsent que 20% du PNB, contre 50% en Asie du Sud-Est. Son handicap est connu: 150M de paysans-chômeurs une Sécurité Sociale malade d’arriérés massifs des cotisations des prêts non-performants en banque, pouvant atteindre 500MM$, et une bourse en crise de confiance (cf col. de droite). Pour maintenir le cap, la Chine aura besoin de tous ses moyens, et d’une croissance estimée à 7%. L’inconnue, dans cette perspective, est la capacité de l’étranger après l’attentat de New York à investir en Chine et à lui acheter ses produits -autrement dit, le facteur politique de la réaction d’un pays blessé, et qui se dit «en guerre» !

 


Petit Peuple : deux amies si tendres!

En 1990 à Tengzhou (Shandong), Chen et Qi, lycéennes, passèrent leur bac, puis le moment venu, Chen alla aux résultats pour les deux. «Hélas», fit-elle à son amie une fois de retour, «tu as raté et je suis prise en fac!». Avec une élégance toute taoïste, Qi accepta le coup du sort – sans se douter qu’on lui mentait: Chen, ayant empoché la lettre d’enrôlement au nom de Qi, s’en allait occuper sa place en fac, tel le coucou! Neuf ans plus tard, coup de théâtre: Qi retrouve Chen fonctionnaire à la BdC, sous son propre nom! S’ensuivit le plus fracassant procès des annales du canton. Soucieux de protéger l’Etat (la fac, le lycée, la banque) contre la victime, le juge reconnut l’usurpation, le préjudice moral, mais nia bec et ongles le fait que Qi eût été lésée de son droit aux études. Qi fit appel à la cour provinciale : celle ci finit par trancher en sa faveur: le 13 août 2001, Qi, à 31 ans, retrouvait sa place en fac, assortie de 100.000Y de pretium doloris. Les juristes s’extasient de la jurisprudence, car l’Etat assume ses torts en forçant, pour leur négligence, lycée, jury d’examen, fac et banque à participer à l’indemnisation. Le VDLC s’extasie de ce qu’après avoir payé sa part de la compensation, Chen puisse conserver son diplôme et son poste. Qi elle, garde le souvenir du  kou mi fu jian, «miel à la bouche, épée plongée au coeur de l’autre» : du coup de Jarnac de l’amie infidèle!