Le Vent de la Chine Numéro 36 (2024)

Imaginez un futur pas si lointain où le ciel serait sillonné de taxis volants survolant les bouchons et où vos achats sur internet seraient livrés par drones sur votre balcon en un temps record. Ce ne sera bientôt plus de la science-fiction dans les villes chinoises, qui cherchent par tous les moyens à développer la mobilité aérienne en dessous des 1 000 mètres d’altitude, afin de transporter sur de courtes distances du matériel, des passagers ou des touristes.
Ce concept, également appelé « économie de basse altitude » (低空经济, dīkōng jīngjì), a été officialisé pour la première fois par le gouvernement chinois en 2021, puis a été désigné comme « priorité économique majeure » en décembre 2023. Selon les estimations de l’Administration de l’aviation civile (CAAC), le marché représentera 2 000 milliards de yuans (280 milliards de $) en 2030, contre 500 milliards de yuans (70 milliards de $) en 2023.
Jusqu’à présent, les drones s’étaient particulièrement illustrés dans les campagnes, où ils permettaient aux agriculteurs de surveiller leurs troupeaux ou de pulvériser des pesticides et des engrais sur leurs champs. Mais aujourd’hui, ce sont leurs cousins « urbains » à cockpit qui sont à la mode : les véhicules électriques à décollage et atterrissage vertical (acronyme en anglais, « eVTOL »). Ces aéronefs présentent l’avantage d’être moins polluants et plus silencieux que les hélicoptères « classiques », en plus d’être moins onéreux.
Et chacun y va de son initiative. En février dernier, le premier vol de démonstration de taxi aérien électrique interurbain au monde a été effectué entre les villes de Shenzhen et Zhuhai, pour une durée de voyage de 20 minutes au lieu de 2 heures par voie terrestre. En avril, l’entreprise EHang – cotée au Nasdaq – a obtenu de la CAAC, le premier certificat national de production pour son « EH 216-S », véhicule autonome qui peut embarquer deux passagers et filer à 130 km/heure avec une autonomie de 25 minutes et une portée de 35 km. En août, c’est Meituan qui envoyait ses premiers drones à la rescousse des touristes souffrant de la chaleur sur la Grande Muraille (cf publicité). Enfin, en septembre, c’est Shanghai qui a donné son feu vert à un service de taxi volant entre sa nouvelle zone de Pudong et la ville voisine de Haining.
C’est un revirement assez impressionnant lorsqu’on sait que l’espace aérien chinois était encore jusqu’à hier strictement contrôlé par l’armée, avec des autorisations pour des déplacements privés difficiles à obtenir sans fournir un plan de vol longtemps à l’avance et un statut juridique des vols de drones plutôt flou.
Cela a changé rapidement au cours de l’année dernière, lorsque la CAAC a publié des directives désignant l’espace aérien sous 300 mètres (où les drones évoluent généralement), comme « sans restriction », sauf dans les zones proches des aéroports.
En parallèle, ce mois-ci, l’organe de planification de l’économie (NDRC) a créé un département spécialement chargé de coordonner les politiques du secteur, tandis que six grandes villes ont été désignées comme zones pilotes pour les « eVTOL » : Chengdu, Chongqing, Suzhou, Hangzhou, Hefei et bien sûr, Shenzhen.
C’est en effet la « Silicon Valley chinoise » qui est sans doute la plus avancée en matière de « mobilité aérienne urbaine », étant la terre d’accueil du leader mondial des drones civils, DJI, mais aussi de 1500 autres sociétés évoluant dans ce domaine. Consciente de cet atout, Shenzhen a dévoilé en décembre 2023 un plan ambitieux pour développer la filière, couplée à une politique de subventions tous azimuts (environ 200 millions de yuans par an). Ainsi, la ville prévoit d’établir plus de 200 couloirs aériens et de construire plus de 600 mini-aéroports d’ici à 2025, tandis que le nombre de vols à basse altitude dépassera le million par an. Elle va également construire plus de 8 000 nouvelles stations 5G pour améliorer la couverture réseau sous les 600 mètres. Nul doute que l’initiative fera des émules dans d’autres villes chinoises…
Bien sûr, la Chine n’est pas la seule à se lancer dans cette course sous les nuages. Les leaders de l’aéronautique, Airbus et Boeing, les champions des VTC et du e-commerce, Uber et Amazon, ainsi qu’une myriade de PME en Europe et aux Etats-Unis, sont aussi sur les rangs.
Cependant, certains experts avancent que les entreprises chinoises sont bien positionnées pour briller dans ce domaine. En effet, EHang, Xpeng, ZeroTech et consorts pourront s’appuyer sur une solide base industrielle, un savoir-faire indéniable glané par les constructeurs chinois de véhicules électriques dans les batteries notamment, mais aussi sur une politique volontariste de l’Etat qui compte bien créer une chaîne d’approvisionnement 100% chinoise pour cette nouvelle filière aéronautique, allant des matériaux aux logiciels pour les vols automatisés.
C’est donc en quelque sorte un nouveau « bond en avant » que la Chine prépare, misant tout sur les drones de transport électriques et délaissant les hélicoptères. Elle avait utilisé la même stratégie dans l’automobile en passant directement à l’électrique, sans s’attarder sur les moteurs thermiques… Il faudra néanmoins attendre encore un peu pour voir ces drôles d’oiseaux entrer en service commercial à une large échelle, probablement pas avant 2035.

Incontournables, ils représentent le réseau le plus dense et le plus invisible de nos communications : ce sont les câbles à fibre optique qui sillonnent les fonds marins de la planète sur une longueur totale de 1,4 million de kilomètres, soit environ 35 fois le tour de la Terre ! Selon TeleGeography, une société de recherche qui surveille le secteur des télécommunications, ces câbles seraient au nombre de 400 à 600 et transporteraient plus de 95 % des données du trafic Internet international, y compris les communications vocales.
Cette prépondérance dans l’usage vient de la capacité de ces câbles, de l’ordre du térabit par seconde, alors que les satellites n’offrent généralement que 1 000 mégabits par seconde et présentent une latence plus élevée. Revers de la médaille : la construction d’un système de câble sous-marin transocéanique multitérabit typique coûte plusieurs centaines de millions de $.
En raison de leur coût et de leur utilité, ces câbles sont très prisés non seulement par les entreprises qui les construisent et les exploitent, mais aussi par les gouvernements nationaux. Les câbles sous-marins sont importants pour l’armée moderne ainsi que pour les entreprises privées. L’armée américaine, par exemple, utilise le réseau de câbles sous-marins pour transférer des données depuis les zones de conflit vers le personnel de commandement aux États-Unis. Ainsi, l’interruption du réseau de câbles pendant des opérations intenses pourrait avoir des conséquences directes sur le terrain. De fait, ces conduits de données, qui transmettent tout, des e-mails et transactions bancaires aux secrets militaires, sont aussi vulnérables aux attaques de sabotage et à l’espionnage.
Plusieurs affaires récentes ont illustré le caractère hautement stratégique de ces câbles, cibles privilégiées dans la guerre hybride qui se joue entre grandes puissances. Comme souvent, Taïwan jouit du privilège d’être aux avant-postes de la guerre hybride chinoise et sert de terrain d’essai pour la ligne de front mouvante des conflits en zone grise. Le risque que des câbles sous-marins soient impliqués dans un conflit entre la Chine et l’île autonome de Taïwan a été mis en évidence en février 2023. Deux câbles de communication reliant Taïwan à ses îles Matsu, situées à proximité de la côte chinoise, ont été coupés. Les 14 000 habitants de ces îles ont été déconnectés d’Internet. Les autorités taïwanaises ont déclaré qu’elles soupçonnaient un bateau de pêche et un cargo chinois d’être à l’origine de la perturbation. La Chine peut donc se prévaloir d’une forme d’expertise sur le sujet.
Un autre évènement récent, qui s’est produit dans la mer Baltique, illustre toutes les potentialités de « l’amitié sans limite » entre Pékin et Moscou et pourrait constituer l’un des cas de collaboration le plus net dans la tentative de déstabilisation conjointe de l’Europe.
La semaine dernière, deux câbles sous-marins à fibre optique reliant la Scandinavie au continent européen ont été sectionnés à 24 heures d’intervalle : les câbles reliant la Finlande à l’Allemagne et la Lituanie à la Suède passaient sous la mer Baltique. Les responsables européens, pourtant le plus souvent prudents, soupçonnent que ces coupures ne sont pas accidentelles. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a déclaré : « Personne ne croit que ces câbles ont été sectionnés par accident. Nous devons comprendre, sans savoir précisément de qui il s’agit, qu’il s’agit d’une action hybride et nous devons également supposer, sans savoir encore par qui, qu’il s’agit d’un sabotage ».
En août, les responsables russes ont averti que les câbles sous-marins et la perturbation de l’Internet mondial étaient devenus une « cible légitime ». Une enquête menée en 2023 a révélé que la Russie exploitait une flotte de prétendus bateaux de renseignement dans les eaux nordiques, soupçonnés de cibler des parcs éoliens et des câbles sous-marins. Ce qui rend l’incident particulièrement intéressant est que le bateau à partir duquel auraient été activées ces opérations est chinois, sous commande russe : le Yi Peng 3 a quitté le port russe d’Oust-Luga le 15 novembre, et la rupture du câble est présumée avoir eu lieu le 17 novembre. Il était censé arriver à Port-Saïd en Égypte le 3 décembre mais, du fait des soupçons pesant sur ces activités, le bateau est ancré dans les eaux danoises et l’armée danoise maintient une « présence à proximité du navire ». On se rappelle qu’en 2023, un câble à fibre optique entre la Finlande et l’Estonie avait été coupé et que cet incident avait été imputé à l’ancre d’un navire chinois. En conséquence, les alliés de l’OTAN s’efforcent de sécuriser les câbles sous-marins, en ne collaborant plus avec des entreprises ayant des liens avec la Russie ou la Chine.
Ce que cet incident montre est que la perturbation des lignes de communication est devenu un facteur important de la guerre tactique permettant de prendre le dessus sur les forces adverses. Depuis 2020, les États-Unis exhortent les pays de la région Asie à éviter de faire appel à une entreprise chinoise pour réparer ou poser de nouveaux câbles au fond de la mer, de peur que la Chine puisse intercepter et surveiller les communications sensibles transitant par ces câbles. Ils exhortent également les entreprises à acheminer de nouveaux câbles autour du périmètre de la mer, en évitant la partie centrale de la voie navigable revendiquée par la Chine sur la base de cartes historiques montrant une ligne à 10 traits qui empiète sur les zones économiques exclusives de plusieurs autres pays.
Au cœur des préoccupations se trouve le chinois HMN Technologies, le dernier entrant dans le domaine spécialisé de la pose de câbles, qui était auparavant dominé par seulement trois entreprises : l’américain, SubCom, le français, Alcatel Submarine Networks et le japonais, Nippon Electric Company. HMN Technologies appartenait autrefois à Huawei et est toujours considérée par les États-Unis comme une filiale du géant technologique chinois, dont les équipements ont été interdits aux États-Unis et dans d’autres pays par crainte qu’ils puissent être utilisés pour faciliter l’espionnage chinois.
En septembre, les États-Unis ont fait pression sur le Vietnam pour qu’il évite d’utiliser HMN Technologies dans ses projets de construction de 10 nouveaux câbles sous-marins d’ici 2030. Dans ce qui semble être une mesure de rétorsion, la Chine a retardé l’approbation des permis accordés aux entreprises souhaitant réparer ou installer de nouveaux câbles sous-marins en mer de Chine du Sud. Ces retards sont particulièrement préoccupants pour des pays comme le Vietnam, qui souhaite remplacer cinq câbles vieillissants qui sont tombés en panne à plusieurs reprises, ralentissant le trafic Internet dans le pays. Les permis de travaux de pose de câbles, qui étaient autrefois approuvés par la Chine en moins de 10 jours, prennent désormais jusqu’à quatre mois et sont parfois rejetés sans justification.
Ainsi, la guerre des câbles s’accélère et l’incident en mer baltique semble indiquer que la Russie et la Chine pourraient être entrés dans une alliance tactique qui ne dit pas encore son nom.

Tout un symbole : c’est une jeune start-up chinoise, Das Solar, qui va reprendre pour 1,2 million d’€ la friche industrielle historique des Peugeot dans le pays de Montbéliard (Doubs) pour la transformer en usine de panneaux solaires. Le lieu est emblématique puisque c’est ici que furent fabriqués les premiers vélos Peugeot puis, plus tard, des systèmes d’échappement de l’équipementier automobile Faurecia (devenu Forvia) jusqu’en 2021.
Le groupe chinois qui compte 14 usines et 8 900 salariés en Chine, prévoit d’investir 109 millions d’€ pour sa future usine d’une production totale annuelle de 3 gigawatts, soit 3 % du marché européen. Depuis sa base en France, Das Solar viserait non seulement l’Europe mais aussi l’Afrique francophone. Le calendrier est ambitieux puisque la production pourrait être lancée en juin 2025 avec 400 à 450 salariés et 600 à terme.
Née en 2018 dans la région de Shanghai et positionné sur une technologie de deuxième génération, Das Solar, a prospecté également en Allemagne et en Espagne avant de choisir ce territoire disposant de foncier industriel et d’une main-d’œuvre compatible avec l’assemblage de ses panneaux.
Des pourparlers seraient en cours avec de gros acteurs industriels locaux pour accueillir sur trois autres sites des sous-traitants de Das Solar autour de la future gigafactory : fabricants de câbles, connecteurs, boîtes de jonction, cadres aluminium, films adhésifs, lingots et autres wafers (tranches de silicium)…
En ligne de mire, la mise en place d’une filière complète qui pourrait employer à terme 3 500 salariés, ainsi que le transfert de technologie. C’était les deux conditions posées par l’Etat français à Das Solar, qui pourra éventuellement bénéficier de subventions européennes et se met à l’abri d’éventuelles taxes de Bruxelles. Ces exigences d’implantation ne sont pas sans rappeler celles des Chinois dans les années 1990, quand les Européens ou les Américains cherchaient à installer leurs usines dans l’Empire du Milieu.
La situation est d’autant plus ironique que c’est la concurrence chinoise qui a décimé la filière solaire française au début des années 2000. A l’époque, les différentes mesures adoptées par la Commission Européenne (taxes antidumping puis accords sur les prix…) n’avaient pas suffi à empêcher la déferlante des panneaux solaires chinois sur le Vieux Continent à des prix imbattables.
Cependant, la donne a changé. Le secteur européen est en pleine expansion : rien qu’en France, il faudra disposer de 100 à 200 gigawatts (GW) de capacités photovoltaïques à l’horizon 2050 pour atteindre la neutralité carbone, contre environ 17 GW aujourd’hui, selon RTE (l’organisme responsable de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité dans l’Hexagone). Cela équivaut environ à 6 GW supplémentaires par an d’ici 2050.
C’est la raison pour laquelle Bruxelles cherche à favoriser les producteurs locaux et à réduire sa dépendance à la Chine, en passant ses appels d’offres au peigne fin. En avril dernier, elle a lancé une enquête à l’encontre de deux géants chinois de l’industrie du photovoltaïque qu’elle suspectait d’avoir bénéficié de subventions excessives de la part du gouvernement chinois. Les deux consortiums étaient candidats pour construire et exploiter un parc photovoltaïque en Roumanie, partiellement financé par des fonds européens, mais se sont retirés depuis…
Ainsi, en s’implantant à Montbéliard, Das Solar fait preuve de pragmatisme en se rapprochant de ses clients français et européens et en s’attirant les bonnes grâces des autorités. Le pari sera-t-il gagnant, face à ses concurrents chinois ? L’avenir le dira…

- 法院, fǎyuàn (HSK 4): tribunal
- 政界, zhèngjiè: sphère politique
- 活动人士 , huódòng rénshì : militants
- 刑期, xíngqī: peine (de prison)
- 里程碑, lǐchéngbēi (HSK 7): historique (litt. jalon)
- 审判, shěnpàn : procès
- 实施, shíshī (HSK 4) : mettre en œuvre
- 国家安全法 , guójiā ānquán fǎ : Loi sur la sécurité nationale
- 统治, tǒngzhì : autorité, règne
- 抗议, kàngyì (HSK 6) : protester
周二,香港一家法院宣布了45名前政界人士和活动人士的刑期。这场里程碑审判是北京对2020年在香港实施的国家安全法的最有力运用,该法是对持续数月的反对中国统治的大规模抗议活动的回应。
Zhōu’èr, xiānggǎng yījiā fǎyuàn xuānbùle 45 míngqián zhèngjiè rénshì hé huódòng rénshì dì xíngqí. Zhè chǎng lǐchéngbēi shěnpàn shì běijīng duì 2020 nián zài xiānggǎng shíshī de guójiā ānquán fǎ de zuì yǒulì yùnyòng, gāi fǎ shì duì chíxù shù yuè de fǎnduì zhōngguó tǒngzhì de dà guīmó kàngyì huódòng de huíyīng.
Mardi [19/11], un tribunal de Hong Kong a annoncé la condamnation de 45 anciens responsables politiques et militants. Ce procès historique constitue l’utilisation la plus marquante par Pékin de la loi sur la sécurité nationale imposée à Hong Kong en 2020, en réponse à des mois de manifestations de masse contre le régime chinois.
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- 宣传, xuānchuán (HSK 3) : promouvoir
- 稳定, wěndìng (HSK 4) : stabilité
- 支持者, zhīchízhě : partisan, supporter
- 承诺, chéngnuò (HSK 6) : s’engager, promettre
- 尊重, zūnzhòng (HSK 5) : respect
- 和平共处, hépíng gòngchǔ (HSK 7) : coexistence pacifique
- 共赢, gòngyíng : gagnant-gagnant
- 坚定, jiāndìng (HSK 5) : ferme
- 维护, wéihù (HSK 4) : préserver
- 主权, zhǔquán (HSK 7) : souveraineté
中国国家主席则利用G20峰会宣传中国是开放贸易和国际稳定的积极支持者。但在承诺遵守“相互尊重、和平共处、合作共赢”的同时,中国领导人还表示,中国“坚定维护自身主权、安全、发展利益的立场没有变”。
Zhōngguó guójiā zhǔxí zé lìyòng G20 fēnghuì xuānchuán zhōngguó shì kāifàng màoyì hé guójì wěndìng de jījízhīchí zhě. Dàn zài chéngnuò zūnshǒu “xiānghù zūnzhòng, hépíng gòngchǔ, hézuò gòng yíng” de tóngshí, zhōngguó lǐngdǎo rén hái biǎoshì, zhōngguó “jiāndìng wéihù zìshēn zhǔquán, ānquán, fāzhǎn lìyì de lìchǎng méiyǒu biàn”.
Le président chinois a profité du sommet du G20 pour promouvoir la Chine en tant que partisan actif de l’ouverture commerciale et de la stabilité internationale. Cependant, tout en promettant de respecter les principes de « respect mutuel, coexistence pacifique et coopération gagnant-gagnant », le leader chinois a également déclaré que « la position de la Chine en matière de « préservation ferme de sa souveraineté, de sa sécurité et de ses intérêts en matière de développement n’a pas changé ».
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- 史上, shǐshàng : de l’histoire
- 购物, gòuwù (HSK 4) : shopping
- 黯然, ànrán : discrète/triste
- 收官, shōuguān : clôture/fin
- 退货, tuìhuò: retour de marchandise
- 高企, gāoqǐ) : élevé (dans le sens de rester à un niveau élevé)
- 网络, wǎngluò (HSK 4): en ligne
- 热议, rèyì: sujet brûlant/débat intense
- 焦点, jiāodiǎn (HSK 6) : point central/foyer
- 重灾区, zhòngzāiqū : zone sinistrée (métaphoriquement ici : secteur le plus touché)
史上最长“双11”购物节黯然收官后,退货率高企成为大陆网络热议的焦点,其中女装更是退货重灾区,据称已达到历史最高峰。
Shǐshàng zuì zhǎng “shuāng 11” gòuwù jié ànrán shōu guān hòu, tuìhuò lǜ gāoqǐ chéngwéi dàlù wǎngluò rè yì de jiāodiǎn, qízhōng nǚzhuāng gèng shì tuìhuò zhòng zāiqū, jù chēng yǐ dádào lìshǐ zuì gāofēng.
Après la clôture discrète de festival d’achats du « Double 11 », le plus long de l’histoire, les taux élevés de retours [d’articles] sont devenus l’objet de discussions animées sur l’Internet chinois, les vêtements pour femmes étant particulièrement concernés, avec des retours atteignant un niveau record.

Le matin à Qilang, hameau perché sur les collines de Yongchuan (Chongqing), Qin Feng, bergère de 25 ans, se lève aux premiers rais de lumière. Après un brin de toilette, une collation sur le pouce (petit pain-vapeur et thé), elle sort, vêtue d’une veste de grosse toile militaire ocellée gris et vert. Protégée du soleil par un chapeau de paille à larges bords, elle démarre son « bœuf de fer » (motoculteur) et s’engage sur le chemin, contournant les ornières.
A 5 minutes de là, parvenue aux étroites terrasses de pierre sèche où elle cultive son maïs, elle se met à désherber, couper les plants les plus mûrs, en replanter d’autres. Après une heure de travail à la binette et à la serpe, elle remplit son tombereau d’une meule verte de 2 mètres de hauteur : il est temps de rentrer. À la ferme, son retour provoque la même joyeuse cavalcade de sabots sur la terre sèche, de bêlements : ses 100 chèvres brunes mouchetées de blanc se disputent les meilleures places derrière leur auge.
À 9 heures, le moment est venu d’inspecter ses petites chéries, surveiller celles qui montent en chaleur, soigner écorchures et piqures de taons qui pourraient s’infecter. A 15 heures, elle les mène pâturer dans la vallée voisine, les écartant des plantations avec un long bambou.
21h, après dîner (un bol de lait caillé, quelques légumes étuvés, un œuf parfois), c’est enfin son moment à elle. Elle va dans la resserre rendre visite à son vieux piano droit, qu’elle époussette d’un chiffon doux avant de relever le clapet, et s’asseoir. Elle fait silence, le temps de choisir l’air correspondant à l’ambiance de la nuit, sonate de Mozart ou Gnossienne de Satie. En plein « wuwei » (无为principe taoïste de recueillement dans l’inaction), elle laisse les notes filer, la régénérer par leur puissance magique.
Une fois par mois, de Chengdu où il travaille, vient la rejoindre Li Zhenqiao, que son père lui a fait épouser, en un mariage de raison plus que de passion. Avec cet ex-militaire, en dépit du fait que tous deux nés sous le signe du Cheval, l’entente n’est pas toujours facile.. Faute d’avoir lui-même étudié, Li ne peut admettre que Qin Feng, diplômée de l’université, s’obstine à garder ses biquettes et ait quitté la ville, là où tout le monde rêve de migrer.
Les voisins aussi la trouvent bizarre. Au début, cela les faisait rire de la voir tenter de se faire entendre de ses chèvres en leur chantant de la musique —et des airs étrangers, en plus. Le résultat était exactement le même que pour cet idiot de la légende, qui prétendait « jouer du luth pour une vache » (对牛弹琴,duì niú tán qín). Pensez donc, même pas un chien pour l’aider à rabattre le troupeau!
Y’avait çà, et puis aut’chose. Les premiers jours, elle laissait ses bêtes crever de faim dans l’enclos, faute de savoir quoi trouver pour les nourrir. Vraiment, cette fille était aussi faite pour jouer la fermière, que nous autres pour jouer dans un orchestre. Et pis la nuit, c’était le pire, elle jouait du piano toute seule, sans personne pour l’écouter, comme des formules incantatoires : certains parmi nous la disaient un peu sorcière !
Mais bon, la p’tite, on ne pouvait pas lui ôter cela, à défaut d’avoir du savoir-faire, jamais elle n’avait baissé les bras. Le moment de vérité était arrivé à l’été 2013, quand sur une de ses chèvres, geignant, étaient apparues des plaies noirâtres sur sa robe. En trois jours, quatre bouquetins étaient morts sans que la bergère puisse réaliser ce qui se passait.
Qin Feng savait qu’il lui faudrait se débrouiller seule. Affectant d’ignorer que l’infection était partie de leur propre cheptel, les voisins s’étaient barricadés pour la prophylaxie et ne voulaient même pas lui parler. Quant au vétérinaire, il ne fallait pas y penser : elle n’en avait pas les moyens. Prenant une des bêtes, elle l’avait disséqué sur la table de la cuisine. Puis sur Internet, elle avait été sur un forum, et y avait décrit les symptômes : un collègue lui avait appris quel était le mal –la variole caprine-, comment la soigner –en désinfectant les plaies, et par des injections d’antibiotiques. Un autre lui avait fourni l’adresse en ligne de la pharmacie vétérinaire, lui permettant de se faire livrer en 24 heures.
Tous les jours durant un mois, elle avait lutté, soignant et piquant ses malades. Peu à peu, la maladie avait commencé à reculer. Stupéfaits, les voisins l’avaient vu gagner une victoire sur laquelle nul n’aurait parié, et qui allait la faire remonter dans l’estime générale.
Cet incident lui servit de leçon. Désormais, tout moment de liberté fut mis à profit pour surfer sur la toile pour apprendre les trucs du métier : quels additifs donner pour embellir, engraisser les chèvres, à quel moment vendre au meilleur cours… De la sorte à l’automne, par le jeu des naissances, son cheptel était bien en chair et en parfaite santé, sans compter de nombreux bouquetins, les plus beaux du canton. Au marché de Yongchuan, vendant les animaux surnuméraires sur pied ou à la livre, elle en tira 80 000 yuans—un vrai pactole, en plus de sa toute fraîche, flatteuse réputation !
Mais qu’est-ce qui avait arraché Qin Feng, la mélomane, à sa vie en ville et l’avait amené à cet improbable métier ? Vous le saurez au prochain numéro
Par Eric Meyer
NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.
Ce « Petit Peuple » a été publié pour la première fois le 14 mai2015 dans le Vent de la Chine – Numéro 19 (2015)

26 – 29 novembre, Shanghai : BAUMA, Salon professionnel des machines et matériaux de construction
26 – 29 novembre, Shenzhen : DMP, Salon international des plastiques, des métaux et du caoutchouc
27 – 29 novembre, Canton : INMEX, Salon international de l’industrie maritime
2 – 5 décembre, Shanghai : Automechanika Shanghai , Salon professionnel des pièces détachées et accessoires pour l’industrie automotive, des équipements pour garages et stations-services
5 – 7 décembre, Shanghai : EP Shanghai/ES Shanghai, Salon international des équipements et de la distribution électriques
11 – 13 décembre, Shanghai : Aquatech China, Salon professionnel international des procédés pour l’eau potable et le traitement des eaux usées
12 – 14 décembre, Shenzhen : Connexion Shenzhen, Salon professionnel de la restauration et de l’hôtellerie
18 – 20 décembre, Shanghai : ARTS – International Advanced Rail Transit Technology Exhibition, Salon international des technologies avancées de transport ferroviaire
18 – 20 décembre, Shenzhen : CMEH – China International Medical Equipment Exhibition, Salon international des dispositifs médicaux
20 – 22 décembre, Shanghai : Cafeex Shanghai, Salon international du café, du thé et des boissons
10 – 12 janvier, Pékin : Alpitec, Salon international des technologies de la montagne et des sports d’hiver
10 – 12 janvier, Pékin : ISPO Beijing, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements