Le Vent de la Chine Numéro 34 (2016)
À Hong Kong, le Parlement « Legco » fut contraint (19 octobre) d’interrompre ses travaux, suite à la sortie du groupe d’élus « pro-Pékin » qui voulait dénoncer le sabotage par deux jeunes élus autonomistes de leur serment d’allégeance à la nation. L’incident place le Legco dans une situation sans précédent, risquant d’exclure ces deux députés – au mépris du vote de leurs électeurs, et de la Constitution hongkongaise.
A Pékin, un homme pâtit silencieusement de ce scandale : Zhang Dejiang, en charge des affaires de Hong Kong au niveau national. Le Président Xi Jinping le tient pour responsable du mauvais climat dans l’enclave hongkongaise, et dans ses rapports avec la mère patrie. Zhang se trouve par ailleurs être un lieutenant de l’ancien Président Jiang Zemin (que Xi, selon certains bruits, veut voir enfin mis en accusation). Et justement, la Commission nationale de Discipline, accuse le Bureau des Affaires de Hong Kong (de Zhang Dejiang) de « gestion trop laxiste », et d’« irrespect des règles de discipline du Parti »…
C’est dans ce climat tendu que s’ouvre le 24 octobre, dans le décor immuable de l’hôtel Jingxi à l’Ouest de Pékin, le 6ème Plenum du Comité Central, à 205 membres et 171 suppléants. Ce Plenum définit chaque année la nouvelle ligne à suivre. Celui de 2013 créait deux commissions (‘sécurité nationale’ et ‘approfondissement des réformes’), restructurant ainsi le pouvoir dans un sens plus présidentiel. Celui de 2014 introduisait le concept de « gouvernance légale » (法治) et renforçait la campagne anti-corruption. Et enfin, celui de 2015 mettait fin à la politique de l’enfant unique.
Il ne faut pas attendre du 6ème Plénum la liste des futurs membres des organes dirigeants (Comité Permanent et Bureau politique). De tels choix se négocieront jusqu’au dernier moment – en juillet 2017, au conclave balnéaire de Beidaihe précédant le XIX. Congrès d’octobre.
Plusieurs rumeurs se précisent : Xi Jinping, qui devrait selon la règle se retirer en 2022, à l’issue de son second quinquennat, est réputé en briguer un troisième pour se maintenir au pouvoir jusqu’en 2027, suivant les traces du Président russe, Vladimir Poutine, politicien qu’il admire.
Xi pourrait aussi dénoncer l’accord secret qu’il avait passé avec son prédécesseur, Hu Jintao en 2012. En échange de l’abandon immédiat par Hu de sa présidence à la Commission Militaire Centrale, Xi l’aurait assuré de la promotion en 2017 au Comité Permanent de deux cadres de la 6ème génération, Hu Chunhua et Sun Zhengcai, qui seraient ainsi éligibles au pouvoir suprême en 2022. Or Xi n’est plus tenu aujourd’hui de tolérer un successeur issu d’un camp rival.
L’agenda de ce Plenum porte sur la révision des règlements de discipline du Parti, en particulier contre la corruption. Réapparaît alors un vieux projet de législation interne, l’« initiative rayon de soleil », qui avait été discuté et écarté par une majorité d’édiles sous Hu Jintao. Xi Jinping serait sur le point de faire adopter cette disposition selon laquelle tous les membres et suppléants du Comité Central devraient publier l’état de leur fortune personnelle, y compris de leur famille : biens immobiliers (en Chine et à l’étranger), comptes en banques, privilèges financiers, permis de résidence à l’étranger, places dans des universités hors du pays…
Un tel geste serait rendu possible, du fait de l’ancienneté du projet : en 5 ans, les cadres ont eu loisir de transférer leurs avoirs à l’étranger sous des noms d’emprunt – comme l’attestent les « Panama papers », où figurent nombre d’apparatchiks. La publication du « rayon de soleil » renforcerait l’image de Xi Jinping en « Monsieur propre », et lui permettrait d’épingler certains de ses adversaires, tout en introduisant un style de conduite des hauts cadres du Parti plus acceptable de l’opinion.
La visite pékinoise du leader philippin Rodrigo Duterte (18-21 octobre) a fait la « une » mondiale, à juste titre : elle crée en Asie Pacifique une nouvelle donne géostratégique. Au-delà de son écran de fumée de hâbleries et d’insultes, le très coloré 16ème Président philippin s’est aventuré dans des eaux diplomatiques inconnues, prenant des risques.
Indice de l’importance de sa visite aux yeux des sphères dirigeantes, Duterte s’est fait recevoir en Chine avec grands honneurs, par quatre des sept membres du Comité Permanent, en dépit de l’imminence du Plenum du Comité Central. Il a obtenu la levée des sanctions infligées suite à sa résistance à l’expansion chinoise en sa Zone Economique Exclusive : l’embargo sur les fruits philippins, et le tourisme chinois sur son sol. Il a obtenu un centre de désintoxication de la drogue (un des fléaux frappant les Philippines) et pour ses pêcheurs, la promesse d’un retour dans la zone de Scarborough Shoal, occupée par la flotte chinoise. Ses 300 chefs d’entreprises sont repartis avec 24 milliards de $ de contrats, dont 9 en lignes de crédit d’infrastructures, d’agriculture, d’énergie ou d’industrie manufacturière – assez pour créer 2 millions d’emplois, et tripler le nombre de touristes à 1,5 million par an.
En échange, Duterte s’est dit prêt à rouvrir des palabres directes avec Pékin sur le partage de la mer de Chine du Sud —ce qui correspond au point focal des attentes de la Chine, qui veut voir ses voisins négocier un à un chez elle, plutôt que de s’unir sous ombrelle américaine.
Il a aussi fait grand plaisir à Pékin en dénonçant solennellement l’alliance avec les Etats-Unis, le protecteur depuis 70 ans, et en annonçant la suspension sine die des manœuvres avec l’US Navy. Après avoir insulté le Président Obama voire la société américaine (dont « le larynx n’est pas adapté à la courtoisie »), il est arrivé à cette conclusion très personnelle, « désormais, trois pays sont unis contre la Terre, Chine, Russie et Philippines » – face à quoi Pékin ne pouvait que jubiler.
Pour Obama, cette dénonciation est un camouflet, qui pourrait signer la mort de sa politique de « pivot » dans la région —de retour des Etats-Unis en Asie Pacifique, doublée d’un effort pour isoler la Chine. Sans doute forcée par la censure du Congrès, sa faiblesse a été de laisser les Philippines sans soutien pour défendre ses eaux, face à la Chine. Pour Manille, ce combat de David contre Goliath s’est soldé par 4 ans de perte du marché chinois, tout en étant le seul pays de la région à subir cette discrimination. Washington a aussi pêché par une trop faible concertation avec son allié : c’était sous-estimer le poids du passé néocolonial. Pays fier, les Philippines s’accommodent mal des 5 bases de l’US Army sur son sol, et de ne pas être traitées en partenaires égaux face à la Chine.
Duterte cherche donc à changer d’alliance, mais rien sans rien : contre son ralliement, il attend encore plus d’investissements. Durant sa campagne électorale du printemps dernier, il évoquait un ambitieux plan de TGV en 3 segments autour de Manille et un réseau entier sur son île méridionale de Mindanao, construits et financés (en prêts bonifiés à au moins 15 ans) par la partie chinoise. Duterte attend aussi de la Chine un « paquet » d’aides au développement (santé, agriculture, éducation…) – et un retour substantiel de ses droits de pêche.
Une autre soutien irait à la défense philippine contre le groupe séparatiste musulman Abou Sayaf, qui tient un florissant commerce de rançons de touristes. Il faudra des chars, des avions, des garde-côtes. Donc, des dizaines de milliards de $ supplémentaires, pour des décennies peut-être… Pour que le mariage prenne, la Chine devra se montrer généreuse au risque de voir l’ombrageuse fierté patriote des Philippines, dont Washington fait aujourd’hui les frais, se retourner contre la Chine, et d’autres pays comme le Vietnam, hésiteront à suivre Manille dans son ralliement.
On note qu’à ce stade, Duterte conserve dans sa manche le verdict de la Cour internationale de La Haye, qui établit l’illégalité de l’occupation chinoise sur ses eaux et ses atolls. Il s’est aussi gardé d’accepter une opération d’exploration pétrolière conjointe avec la Chine. Même son annonce de réduction de la coopération américaine de défense, est floue : son Parlement, son gouvernement n’ont pas été consultés—Duterte ne parle qu’en son nom.
Finalement, les gesticulations du fantasque leader donnent l’impression de viser, outre des financements, un effet essentiellement symbolique. Ce qu’il veut couper, est une période de 5 siècles de passé colonial hispano-américain. Il veut aussi couper un cordon ombilical, réveiller ses concitoyens sur le fait qu’une nation se détermine seule. D’où l’ « adieu » (conditionnel) au protecteur américain.
A ce message s’en ajoute un autre : la redécouverte d’un lien « familial », pan-asiatique avec la Chine. Sur ces deux thèmes, au-delà de ses excès de langage un rien puérils, cette mission obtient un succès d’écoute, en Chine et aux Philippines, mais aussi à travers la région. Elle pourrait passer dans l’histoire, comme une étape dans l’éveil de conscience de ses nations, accompagné d’un recul de l’influence américaine.
La balle est à présent dans le camp de Pékin. Les 13 accords signés au Palais du Peuple, sur des sujets aussi divers que la santé, l’éducation ou la finance, ne sont que des déclarations d’intention. Pour arriver à des projets réels, accompagnés de budgets, il faudra des mois. Ce qui, pour Washington, peut être une bonne raison de ne pas déjà désespérer. Pour Pékin, répondre aux attentes de Manille ne sera pas facile. Pour les USA, la meilleure attitude, devrait être de prendre son mal en patience…
Jusqu’à janvier 2016 dans les villes chinoises, les parents déterminés à faire un second enfant, étaient sanctionnés d’amendes pouvant atteindre 100.000 ¥. Or à présent, non seulement leur droit à cet autre bébé est admis, mais ils voient apparaître et/ou se renforcer les incitations à procréer, comme 98 jours de congés maternité minimum pour la mère, et quelques semaines aux jeunes papas, dans 29 provinces sur 32.
Tout a commencé, fin 2015, par l’abandon graduel du dogme d’un enfant par couple—le quota étant porté à deux. Cette politique de l’enfant unique que l’on abolissait après 40 ans, avait « épargné » au pays 400 millions de naissances. Elle disparaissait du fait des distorsions de plus en plus évidentes sur la pyramide des âges. 32 millions de garçons au bas mot ne trouveraient plus à se marier, faute de femmes pour les épouser – à cause de la préférence parentale pour les garçons et de la pratique de l’avortement sélectif.
Autre effet pervers : d’ici 2050, du fait du vieillissement de la population, tout jeune adulte aura quatre sexagénaires à charge, faute pour le pays d’avoir pu mettre en place d’ici là un régime de retraite universel.
Or, même après la fin de la règle de l’enfant unique, les autorités ont vite dû se rendre compte que le retour à une fécondité « normale » risquait de se faire attendre. Le fait est que l’enfant déjà en place revendique beaucoup d’énergie : les mères se disent trop « épuisées » pour recommencer. De plus, ces jeunes femmes émancipées accepteront de moins en moins de sacrifier bien-être et carrière à un deuxième enfant. D’autres facteurs négatifs sont l’insuffisance de la structure d’accueil : les hôpitaux n’ont pas le nombre de lits, pédiatres ou obstétriciens pour faire face à une « revanche des berceaux ».
Contrairement à l’Etat qui souhaite un rebond de fécondité, la société elle, veut privilégier une natalité « harmonieuse » : un enfant élevé dans de bonnes conditions, bien éduqué et en bonne santé. Cet idéal malthusien se reflète dans la démographie : en 2015, les naissances ont été de 320.000 cas inférieures à celles de 2014.
En 2009, Pékin calculait que la population active (16 à 60 ans) atteindrait son pic (990 millions) en 2016, pour baisser à 870 millions en 2050, date à laquelle les sexagénaires seraient 437 millions, un tiers du total.
En 2016, les projections ont changé : le pic sera atteint en 2029, avec une population maximale d’un 1,45 milliard. Sans l’abolition de la règle d’un enfant par couple, le pic aurait été atteint dès 2023, et durant ces six ans, le nouveau quota de deux enfants par couple aura permis les naissances de 50 millions d’enfants de plus.
Faible natalité et distorsions démographiques sont les plus marquées dans les régions ouvrières ou minières (Sichuan, Dongbei), industrialisées par Mao dans les années ‘50 pour raison idéologique, aujourd’hui trop souvent ruinées. Ces régions, qui ne parviennent pas à décoller, tentent désormais de relancer la natalité afin de s’assurer pour dans 20 ans un réservoir de main d’œuvre. Elles offrent aux jeunes parents des services diversifiés « à la carte », tels ces congés de maternité de 188 jours à Hainan, 180 jours au Fujian, 120 à Pékin. En congés de paternité, de même, les offres varient localement, entre quatre semaines au Gansu, au Yunnan et au Henan, les 25 jours affichés en Mongolie Intérieure, au Guangxi et au Ningxia, tandis qu’au bas de l’échelle, Tianjin et le Shandong ne proposent que sept jours.
D’autres incitatifs consistent en un suivi gratuit de la grossesse et de la médecine périnatale, et l’accès gratuit en école maternelle ou primaire.
La démarche la plus curieuse voire la plus amusante, est celle de la ville de Yichang (Hubei) : sur son site internet, la Commission du planning familial, organe du Parti, appelle les « jeunes camarades » à « besogner » pour avoir deux enfants, et les « vieux camarades » trop âgés pour concevoir, à « éduquer et sensibiliser leurs enfants (jeunes adultes, déjà en famille) à procréer » en présentant les « bienfaits d’une famille de deux enfants » et les « risques liés au fait de se limiter à un seul ». L’appel a été diffusé aux 4 millions d’habitants de la ville, à commencer par les membres du Parti et de la Ligue de la Jeunesse. Depuis 2005, Yichang s’était fait remarquer par son application stricte du planning à un seul enfant : son taux de fécondité est aujourd’hui inférieur à un enfant par femme, quasiment comme à Hong Kong, record mondial. Mais Hong Kong, à la pointe du progrès social, peut se le permettre en compensant par l’immigration. Yichang, moins riche et excentrée en Chine de l’intérieur, ne peut compter sur un tel appoint.
Toute cette gestion de la démographie chinoise révèle un conflit interne au Parti, dans la vision de la société future. Le pouvoir a longtemps atermoyé sur la fin de l’enfant unique par peur de se déjuger publiquement, de sacrifier une règle érigée au statut de dogme. De plus, au service du système officiaient 5 millions de cadres de la « police des berceaux » – le planning était un instrument maoïste de contrôle des masses, donc inviolable.
Pour gérer les distorsions dans la pyramide des âges, The Lancet, le prestigieux journal médical britannique, propose quelques moyens de bon sens : repousser l’âge de la retraite, beaucoup trop bas (55 ans pour les femmes, 60 chez les hommes), augmenter les pensions et encourager la pratique traditionnelle de trois générations sous un seul toit. Il n’évoque pas le moyen le plus évident, largement pratiqué en Europe : l’introduction d’allocations familiales. C’est sans doute parce que la Chine, à ce stade de son développement, n’a pas encore les moyens d’un tel soutien. Mais gageons qu’elle y viendra, dès que possible !
En mars 2016, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) et le consortium public de génie civil chinois, CSCEC, annonçaient à grand fracas le contrat d’une capitale-bis pour l’Egypte, à 50km du Caire. Sur 700km² en plein désert, elle logerait 5 millions d’habitants dès 2021 dans gratte-ciel et villages connectés, autour d’un immense parc en bord de fleuve, d’universités, de zones industrielles, de 1000 mosquées, d’un aéroport, d’un palais des congrès, le tout relié par 210 km de routes, de lignes de métro…
Entre-temps, les bétonneuses ont débuté le chantier. CSCEC a promis 15 milliards de $, et China Fortune 20 milliards au titre de la seconde tranche : les trois-quarts des 45 milliards de $ de budget sont donc assurés. Pour le reste du budget, l’entrée du Yuan au panier du FMI doit faciliter les transactions, encourageant d’autres investisseurs étrangers au Caire-bis, comme l’Arabie Saoudite (pour un projet islamique de 12,5ha) ou l’Inde (pour un complexe hospitalier).
Nouveau Président élu après un putsch, le Général al-Sissi évoque la chance pour l’Egypte de déplacer sa capitale, tout comme le Brésil, l’Australie, la Birmanie, le Kazakhstan. La nouvelle ville décongestionnera l’ancienne, et créera de nombreux emplois.
La Chine elle, y voit une chance de créer une plaque tournante et une base logistique à partir de laquelle elle rayonnera sur l’Afrique du Nord et le Proche-Orient.
Au fond, elle fait hors de chez elle, ce qu’elle a raté sur son propre sol dans les années ’50 : le Président Mao avait alors refusé de quitter le cœur du Pékin antique et de redéployer une nouvelle capitale mieux adaptée à ses besoins futurs. La Chine voit aussi les profits à engranger d’un tel projet immobilier, à condition d’en être le maître d’œuvre et l’investisseur. Enfin, elle voit l’opportunité de soutenir financièrement un régime militaire autoritaire, plus conforme à sa vision et philosophie politique dans le monde.
Le problème d’un tel chantier, se situe peut-être au niveau de son acceptabilité par la population – et sa capacité à répondre à ses besoins réels. En effet, selon l’architecte et urbaniste Karim Ibrahim, de l’ONG Tadamun, le Caire dispose déjà de 8 villes satellites, toutes vides car trop chères ou mal connectées. D’un autre côté, la vieille capitale a 50% de quartiers en terre battue et non reliés à l’eau courante. Contre ce projet clinquant de palmiers sous béton, les citadins fiers de leurs monuments, souks et venelles, s’arc-boutent pour rester en leurs murs. Ils notent enfin que le terrain de l’imminente Caire-bis est propriété militaire. Pour ce chantier extravagant, ils ont trouvé un surnom persifleur : « Sissi-Ville » !
Le 17 octobre, de Jiuquan (Gansu) à 7h30, la fusée Longue Marche-2F a décollé, emportant la cabine spatiale Shenzhou XI et ses taïkonautes Jin Haipeng et Chen Dong. Objectif de ce 6ème vol habité depuis 2003 : la rencontre avec le laboratoire spatial Taigong-II. Une fois les vaisseaux amarrés, les hommes passeront à bord de la station pour 30 jours, en préparation de vols plus longs. D’ici 2022, la Chine vise des séjours habités jusqu’à un an.
Doyen des astronautes chinois (qui fêtera ses 50 ans durant le vol), le Major Général Jin en est à son troisième séjour spatial après ses vols de 2008 et 2012. Il a été choisi pour permettre aux médecins d’étudier en temps réel l’effet de l’apesanteur prolongée sur son organisme, au moyen des « B-scan » par ultrasons.
À mesure que se succèdent les vols habités, savants et militaires affinent le programme, et sans délaisser la technologie mécanique, se préoccupent de l’humain. Pour éviter les effets psychologiques pervers, Jin et Chen devront s’occuper en permanence, observer les changements apportés à leurs organismes par l’apesanteur, et surveiller 40 expériences scientifiques, parmi lesquelles la culture de diverses semences de riz, l’élevage de vers à soie (projet d’écoliers hongkongais). Quant à l’horloge atomique froide embarquée à bord, il s’agit d’un outil expérimental pour mesurer les interférences gravitationnelles. Une application potentielle étant la détection de sous-marins ! La tenue de cabine a été conçue pour prévenir la perte de masse musculaire—dans ce même souci, les hommes feront quotidiennement du vélo et de la marche. Ainsi, chaque jour, les deux hôtes de la station disposeront de deux heures de relative intimité, « coupés du monde », avec droit de téléphoner à leurs proches, et de lire, écouter de la musique ou regarder des films.
Avec ce vol, et son programme de station orbitale permanente, la Chine se hisse un peu davantage dans la cour des grands, de manière à s’imposer comme partenaire incontournable de la coopération spatiale internationale. D’ailleurs, un porte-parole du programme chinois n’en fait plus mystère, sauf fait nouveau d’ici là, la future station chinoise – une fois « Tianhe-1 », son corps principal lancé en 2018 et complété par l’adjonction de nouveaux modules – risque d’être devenue d’ici 2024 la seule présence humaine habitée hors de la Terre, une fois décommissionnée la station internationale euro-russo-américaine (ISS).
Résumé de la 1ère Partie : Après avoir commis un meurtre en novembre 2000 à Daqing (Heilongjiang), Zhang Liwei refait sa vie au monastère de Baisui (Anhui), sous le nom de frère Sun Hongtao.
Dès son arrivée au temple, Hongtao se rendit vite indispensable en faisant sans rechigner toutes les corvées qu’on lui donnait—balai, nettoyage des tinettes, cuisines. Considéré comme franc et honnête, il se retrouva à la billetterie après deux mois.
Le fait de se racheter une conduite, l’aida à retrouver progressivement une paix intérieure. Chaque nuit certes, revenaient les sueurs froides : « un seul faux pas se payait d’une vie de regrets » ( 一失足成千古恨, yīshīzúchéng qiāngǔhèn ). Mais le poids de sa faute l’astreignait à la vertu : la seule liberté qui lui restait, désormais, était celle de faire le bien.
Il serait bien resté là jusqu’à la fin de ses jours—mais après un an, en mars 2002, un incident survint. Un visiteur se présenta, prétendant passer sans payer, « juste pour une minute ». Tentant de lui barrer l’entrée, Hongtao se retrouva à échanger des coups avec lui, à le plaquer à terre, avant que les frères ne vinrent en renfort, l’aider à expulser le goujat.
Hongtao était le héros du jour. Très fier de sa recrue, le père abbé ne pensait qu’à oublier l’affaire. Mais à sa surprise, le novice inconsolable s’accusa d’avoir failli à la règle de non-violence, et prétendit, brisant ses vœux, reprendre la route : pour se punir, disait-il. Et tout ce que le père put obtenir, fut qu’il accepte une place dans un monastère voisin, plus fruste et retiré du monde, où il pourrait « renforcer sa vie spirituelle »… Hongtao fut transféré le soir-même à Longxin, une ruine au sommet d’un mont à 3000m d’altitude. La communauté qu’il rejoignait ne comptait que sept moines, y compris le prieur. On l’aura deviné, la hâte de Hongtao n’était en fait pas étrangère à la crainte de voir l’énergumène qu’il venait de corriger, revenir au temple avec la police.
A peine installé dans son nouveau cadre de vie, Hongtao continua à se consumer à la tâche, volontaire pour toutes les corvées. Il s’immergea aussi dans le travail d’ascèse et de formation théologique, en une vie précaire. Avec les frères, il partageait l’unique pièce restaurée—murs de pierre sèche, éclairage à la lampe à pétrole, sol de terre battue, qui faisait tour à tour réfectoire, dortoir et chapelle.
Le gong de 4 heures du matin sonnait le premier office, temps de psalmodies et de prières. A 6 heures, ils partageaient l’unique repas du jour, une soupe de riz au légumes, assez épaisse et calorique pour tenir jusqu’au lendemain à travers de longues heures de travaux physiques. Suivait à 8 heures l’étude des sutras, que le prieur traduisait du sanscrit pour les moines, avant de lancer le débat spirituel et l’étude solitaire. Venaient ensuite les tâches physiques : labour, taille des arbres, arrosage, récolte, ainsi que la lente et épuisante reconstruction du sanctuaire. Le soir de sept à neuf, l’office vespéral concluait la journée.
Deux fois par semaine, on descendait à Fenyang, offrir à la population une direction spirituelle—prières, confessions, exercices, conversion.
A l’arrivée de Hongtao, la communauté limitait ses ambitions à remettre en état les bâtiments essentiels. Mais vite, par sa présence énergique, elle lui rendit courage et l’incita à viser plus haut. De ses propres mains, Hongtao dressa de nouveaux plans de restauration, calcula les coûts, les besoins en ciment, en tuiles, en poutres.
Chaque fois qu’ils étaient en ville, il discutait avec le maire et le secrétaire du Parti, des moyens d’encourager la nouvelle vie du moustier. A sa stupéfaction, l’accueil de sa requête dépassa ses plus folles espérances. Par dizaines, les volontaires se mirent à affluer pour refaire la route, puis acheminer au sommet de la montagne les bétonneuses, les camions de briques. Dès 2007, nommé responsable de la restauration du monastère, Hongtao fit resurgir le portique sacrificiel disparu depuis un demi-siècle. Sous son impulsion, furent rebâtis le grand pavillon, le hall des 500 arhats, la pagode aux sept étages… Au bout de 7 ans, Longxin avait retrouvé sa gloire d’antan : les files denses de pèlerins gravissaient dans la nuit noire le chemin du sanctuaire pour le privilège d’une vue splendide au lever du jour. La célébrité du lieu grandissait : les frères étaient désormais 30. Oubliées, les années de misère !
Auteur de cette opulence, Hongtao gardait modestie et discrétion, et insistait sur la mission primordiale, compassion et charité. Aux portes du sanctuaire, s’attroupaient toujours plus nombreux les vagabonds, les filles-mères abandonnées, les jeunes désœuvrés : tous recevaient aide matérielle et réconfort moral. Hongtao d’ailleurs, avait adopté deux jeunes nécessiteux, dont il payait les études à l’université de Hefei.
A ce rythme, Hongtao gravit vite les échelons du clergé. En 2007, il fut élu à la Commission consultative de Chuzhou, la métropole de 4,3 millions d’âmes. En 2008, il passa vice-Président de l’Association bouddhiste, avant d’en devenir son Président, 6 ans plus tard. En 2014, sur recommandation du père, à l’unanimité, il était élu à la tête du temple.
Depuis longtemps, les invitations pleuvaient, de toute la Chine, anxieuse de rencontrer un tel saint homme.
Au monastère cependant, certains s’étonnaient in petto de voir Hongtao, après 13 ans sur place, n’avoir jamais parlé de sa famille, ni manifesté de velléité de lui rendre visite…
Un tel secret sur sa vie antérieure, peut-il être gardé ? Hongtao peut-il de la sorte enterrer son passé à jamais? Réponses dans la dernière partie, au prochain numéro !
25-28 octobre, Dalian : SHIPTEC China, Salon de la construction navale, équipements pour la marine et de l’ingénierie offshore
26-27 octobre, Pékin : CIOTC, Salon et Conférence internationale sur les technologies de pétrole offshore
26-28 octobre, Shanghai : BAKERY China, Salon de la boulangerie et de la pâtisserie
26-29 octobre, Shanghai : MUSIC China, Salon des instruments de musique et services
26-29 octobre, Shanghai : PROLIGHT + SOUND Shanghai : Salon international des technologies de l’événementiel et de la communication, de la production et du divertissement
27-28 octobre, Shanghai : MEDTEC China, Salon et conférence des constructeurs chinois de matériel médical
1029-30 octobre, Shanghai : China Education Expo, Salon international de l’éducation et des formations supérieures