Le Vent de la Chine Numéro 16 (2023)

du 7 au 13 mai 2023

Editorial : Le retour du tourisme de masse
Le retour du tourisme de masse

C’est une scène qui semble appartenir à un passé lointain : celle de la Grande Muraille prise d’assaut par des milliers de touristes lors des vacances nationales. En effet, pour la première fois depuis le début de la pandémie il y a bientôt quatre ans et surtout depuis la fin de la politique « zéro Covid » il y a six mois, des millions de Chinois ont pris la route, le train ou l’avion pour aller faire du tourisme à l’occasion de la fête du Travail (29 avril au 3 mai). Le nombre de voyages domestiques durant ces cinq jours de congés a atteint les 274 millions, soit 19% de plus qu’en 2019, un chiffre bien au-delà des attentes.

Le premier jour des vacances, presque 20 millions de voyages en train ont été réalisés à travers le pays – un record ! À Shanghai, ce sont 7 millions de touristes qui débarquaient en un seul week-end. Autres destinations plébiscitées : les remparts de Xi’an, la vieille ville de Dali, les plages de Qingdao ou encore le lac de l’Ouest à Hangzhou. Plus improbable : la cité industrielle de Zibo, qui s’est fait une réputation sur les réseaux sociaux auprès des jeunes pour ses BBQ savoureux et surtout bon marché (environ 2 yuans la brochette).

Considéré comme l’un des baromètres de l’économie chinoise, la vitalité retrouvée du secteur touristique a été accueillie avec optimisme par le gouvernement. « Ces vacances nationales ont permis au monde de voir une Chine pleine de vitalité et d’espoir, et cela confirme à nouveau le potentiel de l’économie chinoise », se réjouissait le Quotidien du Peuple.

Mais il y a un hic : sur ces cinq jours, un total de 148 milliards de yuans a été dépensé, seulement 0,7% de plus qu’en 2019. Bien sûr, cela représente le double du montant de 2022, mais c’est tout de même décevant pour ceux qui espéraient voir les touristes chinois dépenser sans compter. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi ils hésitent à mettre la main au portefeuille. La croissance du revenu des ménages reste faible et le chômage des jeunes (moins de 25 ans) atteint des records (19,6%).

Selon Capital Economics, le fait que les dépenses touristiques retrouvent leur niveau de 2019 suggère que « l’effet de réouverture a déjà fait son temps ». Goldman Sachs abonde en ce sens : « Le plus facile est fait. La prochaine étape de la reprise va dépendre de la hausse du revenu des ménages et d’une plus forte confiance des consommateurs ».

À l’international aussi, le bilan de ces vacances nationales est en demi-teinte. Malgré un rebond significatif des réservations de vols vers l’étranger, leur niveau était encore 55% moins élevé qu’en 2019, d’après la plateforme Qunar.com. Parmi les Chinois qui avaient l’habitude de voyager hors frontières auparavant, beaucoup ont dû renoncer à cause du prix des billets, conséquence d’une réouverture encore partielle des liaisons aériennes.

Par contre, ceux qui se sont envolés – pour un tiers d’entre eux depuis Shanghai – ont été moins regardants à la dépense. Selon Alipay, le montant moyen dépensé à l’étranger via l’application de paiement mobile a augmenté de 40% par rapport à 2019, et dans certains pays du Vieux Continent, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, ce chiffre a même doublé. Une nouvelle encourageante pour les acteurs touristiques européens qui attendent les visiteurs chinois de pied ferme.

Enfin, un vieux débat a fait son retour avec les foules : celui de la réforme du calendrier des vacances nationales. En une tribune publiée le 1er mai et intitulée « cette folie du voyage ne profite à personne », James Liang, démographe et cofondateur de Trip.com, affirme que ces congés simultanés faussent le jeu de l’offre et de la demande : les 20 millions de chambres d’hôtel que compte le pays sont tout simplement insuffisantes si un tiers de la population chinoise voyage au même moment, tandis qu’en dehors des vacances, un tiers de ces chambres reste vacant…

C’est ce déséquilibre qui a conduit de nombreux touristes qui s’étaient rendus aux monts Huangshan (Anhui) et Taishan (Shandong) à dormir sur les tables des restaurants ou dans des toilettes publiques, après avoir vu leurs réservations annulées en dernière minute par des hôtels surbookés…

Comment remédier à cette situation ? D’après M. Liang, inutile d’augmenter la capacité hôtelière du pays. Par contre, introduire des vacances scolaires en automne et au printemps et offrir plus de flexibilité aux employés pour prendre leurs congés serait judicieux et encouragerait une croissance plus saine et durable de l’industrie touristique nationale, argumente-t-il.

Sera-t-il entendu ? Il y a dix ans, le gouvernement promettait une refonte de l’organisation des congés nationaux pour 2020. Aujourd’hui, rien n’a avancé, signe que le sujet n’est pas une priorité pour le leadership ou alors que la question des congés payés des travailleurs dans un pays communiste est plus sensible qu’on ne le pense.


Monde de l'entreprise : L’anti-espionnage s’invite chez les entreprises étrangères en Chine
L’anti-espionnage s’invite chez les entreprises étrangères en Chine

L’appel d’air provoqué par la fin des restrictions sanitaires devait être synonyme de renouveau pour des investisseurs curieux de revenir en Chine après un hiatus de plus de trois ans. Pourtant, ces derniers se trouvent refroidis par les récentes perquisitions et arrestations qui ont eu lieu au sein de sociétés étrangères.

Il y a d’abord eu l’arrestation début mars d’un Japonais travaillant pour la filiale chinoise du laboratoire nippon Astellas Pharma. L’homme, installé en Chine de longue date et ayant des contacts réguliers avec des représentants de l’industrie pharmaceutique et des cadres du gouvernement chinois, est accusé d’espionnage, tout comme 16 autres Japonais en Chine depuis 2015, selon le Asahi Shimbun.

Quelques jours plus tard, cinq salariés chinois de Mintz Group, société américaine spécialisée dans l’intelligence économique, étaient interpellés à Pékin et le bureau, fermé dans la foulée.

Début avril, c’était au tour de l’antenne shanghaienne de Bain, autre firme américaine de conseil en stratégie, d’être visitée par la police. Des ordinateurs et des téléphones portables ont été saisis, mais aucun employé n’a été emmené par les forces de l’ordre.

Les locaux de Capvision, cabinet de consulting newyorkais, auraient également fait l’objet d’une récente descente de police à Shanghai. D’après le Financial Times, les forces de l’ordre se seraient montrées particulièrement intéressées par les noms des experts chinois travaillant avec la firme.

Les autorités n’ont donné aucune explication à ces « raids », ce qui alimente une certaine nervosité au sein de la communauté d’affaires étrangère. Nicholas Burns, ambassadeur des Etats-Unis en Chine, s’est déclaré très inquiet de ces « actions punitives » à l’encontre de certaines compagnies américaines. Ce durcissement est-il à interpréter comme des « représailles » aux sanctions infligées par Washington et à des relations sino-japonaises tendues ?

Ce ne serait pas la première fois que Pékin arrête des ressortissants étrangers pour des motifs politiques. Fin 2018, deux Canadiens étaient arrêtés par les autorités chinoises et accusés d’espionnage quelques jours après l’arrestation au Canada de Meng Wanzhou, la n°2 de Huawei, à la demande des États-Unis. Si ce scénario se confirme, les firmes provenant de pays « amis » de la Chine ou qui entretiennent des relations cordiales avec Pékin – comme la France – seraient théoriquement à l’abri de tout ennui. Mais jusqu’à quand ?

A y regarder de plus près, ces contrôles et arrestations s’apparentent plutôt à une campagne plus large cherchant à limiter les informations (économiques) collectées en Chine auprès d’experts, d’entreprises ou d’administrations chinoises par des sociétés étrangères de consulting, cabinets d’audit et bureaux d’avocats.

À quelles fins ? Préserver la « sécurité nationale », obsession du leadership depuis quelques années déjà et, dans une moindre mesure, mieux contrôler la manière dont la Chine est perçue à l’étranger.

Les autorités ont ainsi restreint ou coupé totalement l’accès depuis l’étranger à différentes bases de données offrant des informations sur l’enregistrement des sociétés chinoises, le dépôt de brevets ou proposant un accès aux annuaires statistiques officiels et aux revues universitaires. C’est le cas des plateformes de données d’entreprises Tianyancha et Qichacha, de la base de données Wind Informationtrès populaire auprès des investisseurs et des analystes financiers – ou encore du CNKI (China National Knowledge Infrastructure), portail académique mis sous enquête l’été dernier par l’administration du cyberespace (CAC).

En somme, collecter des informations sur le marché chinois, ses concurrents et ses (éventuels) partenaires, pour le compte d’une société étrangère, pourrait désormais tomber sous le joug de la nouvelle loi anti-espionnage, qui entrera en vigueur le 1er juillet. En effet, le nouveau texte comprend la protection des « documents, données, matériels et objets relatifs à la sécurité et à l’intérêt national ».

Cette formulation ambiguë, sujette à interprétation, inquiète les communautés d’affaires étrangères, car le simple fait de discuter « politique » avec des Chinois – que ce soit de Taïwan ou de semi-conducteurs – pourrait potentiellement suffire à être suspecté d’espionnage*.

Les interlocuteurs chinois ne sont pas non plus épargnés et risquent de se mettre en danger s’ils échangent sur des sujets considérés comme « sensibles » avec des étrangers – même avec des diplomates** – et surtout s’ils divulguent des informations qui ne sont pas disponibles dans la presse officielle.

Ce climat de suspicion induit par cette nouvelle loi pourrait être particulièrement problématique au sein des joint-ventures.

Le sujet du travail forcé au Xinjiang est particulièrement problématique. En témoigne ce rapport officiel publié à l’occasion de la « journée nationale de sensibilisation à la sécurité nationale » (15 avril), qui prend l’exemple de ce cabinet de consulting du sud de la Chine qui aurait violé la loi anti-espionnage en fournissant un rapport à une société étrangère au sujet du travail forcé au Xinjiang – chose que Pékin dément formellement.

A ainsi marcher sur des œufs, les investisseurs étrangers pourraient prendre peur et être réticents à s’engager davantage en Chine, faute de pouvoir accéder à une information fiable sur le pays.

Cela viendrait également compromettre les propres efforts du gouvernement chinois pour attirer de nouveaux investissements étrangers dans des domaines stratégiques. Mais Pékin n’en est pas à une contradiction près…

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*Hideji Suzuki, prisonnier japonais en Chine pendant six ans, raconte avoir été arrêté après avoir banalement questionné un cadre du Parti lors d’un dîner au sujet de l’exécution de l’oncle du leader nord-coréen, Kim Jong-un.

** Dong Yuyu, journaliste chinois connu pour ses vues libérales, a été arrêté dans un restaurant pékinois en février 2022 après avoir déjeuné en compagnie d’un diplomate japonais. L’ex-éditorialiste du très officiel et conservateur Guangming Daily risque jusqu’à 10 ans de prison pour espionnage.


Santé : Les nouvelles habitudes alimentaires des Chinois pèsent sur l’avenir du pays
Les nouvelles habitudes alimentaires des Chinois pèsent sur l’avenir du pays

Depuis les années 1960, la population urbaine de la Chine est passée de 16% à 65% de la population nationale en 2023 et devrait atteindre 75% à 80% en 2035, selon le SCMP. Cet exode rural très rapide, qui a vu la création d’une douzaine de mégalopoles (Shanghai, Beijing, Chongqing, Tianjin, Shenzhen, etc.) de 10 à 32 millions d’habitants, s’est accompagné d’un changement considérable des habitudes alimentaires des Chinois.

Au fil des siècles et jusque dans les années 1980, le régime alimentaire du pays était centré sur la consommation de grains (essentiellement riz et racines amylacées dans le sud, blé et millets dans le nord, ainsi que des légumineuses sèches) et de légumes, complémentés en plus petites quantités de produits animaux variés (porc, poulet, mouton, chèvre, poisson, etc.) et d’apports lipidiques limités. Ce mode d’alimentation était à l’origine d’une cuisine parmi les plus subtiles et variées de l’humanité.

Avec l’ouverture économique de la Chine par Deng Xiaoping, les consommateurs chinois sont passés en quelques années d’une alimentation avant tout végétale à une alimentation beaucoup plus omnivore où la part animale, produits laitiers inclus, est devenue quasi-quotidienne et très significative. Par suite, selon l’économiste Jean-Marc Chaumet, « la progression des disponibilités, au cours des années 1980 et surtout 1990, est entièrement due à la hausse des disponibilités en denrées d’origine animale (y compris d’origine aquatique), qui auraient été multipliées par cinq entre 1978 et 2011. Ainsi la Chine consommerait aujourd’hui deux fois plus de viande que les États-Unis, d’après le Earth Policy Institute, ce qui décuple les besoins en calories végétales qu’il faut produire ou importer ».

En conséquence, la balance commerciale de la Chine est depuis une quarantaine d’années globalement en déficit de produits alimentaires bruts, même si elle ne cesse de progresser en produits transformés du fait de la volonté du PCC d’évoluer vers un modèle mixte d’agriculture plus durable et d’exportation.

Dans le même temps, en passant d’une vie paysanne à une existence citadine avec moins de dépenses physiques, les besoins journaliers caloriques des Chinois se sont considérablement réduits et, paradoxalement, ces derniers ont remplacé ces dernières décennies les régimes alimentaires traditionnels par une alimentation de plus en plus « occidentalisée », n’hésitant pas à intégrer la « restauration rapide » dès le 8 octobre 1990 avec l’ouverture symbolique d’un premier McDonald’s à Shenzhen.

La multiplication du nombre de supermarchés, des transports en commun et le développement du parc automobile, changeant les habitudes de transport, a sans nul doute contribué à renforcer cette évolution de la nutrition.

Depuis 1997, trois catégories d’aliments ont ainsi vu leurs volumes commercialisés exploser : les produits laitiers pour 1008%, la restauration rapide et le « snacking » pour 787% et les sodas sucrés pour 1959%. Le Chinois de la classe moyenne consomme aussi désormais 63 kg de viande par an, soit six fois plus qu’en 1978.

Cet ordinaire actuel fort enrichi en matières grasses, en sucres et en protéines, est devenu courant en Chine (en un contraste saisissant avec la famine qu’elle a connu entre 1958 et 1961, faisant entre 20 et 30 millions de morts suite au mouvement du « Grand bond en avant »). Il a conduit à un taux de surcharge pondérale atteignant désormais 50% de la population urbaine des 18 ans et plus, dont 16,4% sont obèses. Plus frappant encore, ce bilan de santé impactait l’économie du pays d’environ 260 milliards de $ de traitements et autres frais de santé liés, soit 1,81% du PIB national en 2019. Au cours des quatorze dernières années, les prévalences de l’hypertension et du diabète liées à cette nouvelle alimentation se sont notablement accrues de 10,8% et de 3,4%.

Ce véritable problème de santé publique, conséquence indirecte du boom économique qu’a connu la Chine depuis 1980, avec ses conséquences sociétales et économiques, est alarmant, même si l’on sait par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qu’il existe une « pandémie » du surpoids à travers le monde.

Selon l’OMS, le développement de ce syndrome pourrait coûter à la Chine 3,06% de son PIB en 2030. Avec une population vieillissante, conséquence de quatre décennies de politique de l’enfant unique, le poids sociétal de ce problème de santé ne saurait manquer de toucher la population active du pays d’ici cette date et pourrait impacter encore plus gravement le PIB chinois. De quoi tirer la sonnette d’alarme à Zhongnanhai !

Par Alain Bonjean


Vocabulaire de la semaine : « Congés du 1er mai, voyager, site touristique, chaos, embouteillages »
« Congés du 1er mai, voyager, site touristique, chaos, embouteillages »
  1. Cette année : 今年 ; jīnnián
  2. Chine continentale : 大陆 ; dàlù
  3. Congés du 1 er mai : 五一 ; wǔyī
  4. Vacances, congés : 假期 ; jiàqī
  5. Epidémie : 疫情 ; yìqíng
  6. Tourisme, voyager : 旅游 ; lǚyóu (HSK 2)
  7. Attraction, site (touristique) : 景点 ; jǐngdiǎn
  8. Noir de monde (expression), surpeuplé, bondé: 人满为患 ; rénmǎn wéihuàn
  9. Chaos : 乱 ; luàn (HSK 4)

今年大陆的“五一假期是中共放开疫情封控后的第一个长假,多个旅游景点人满为患现丛生。

Jīnnián dàlù de “wǔyī” jiàqī shì zhōnggòng fàng kāi yìqíng fēng kòng hòu de dì yī gè chángjià, duō gè lǚyóu jǐngdiǎn rénmǎnwéihuàn, luàn xiàn cóngshēng。

« En Chine continentale, les congés du 1er mai ont été les premières longues vacances depuis la fin de la politique « zéro Covid », de nombreux sites touristiques étaient bondés de monde et en proie au chaos. »

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  1. Beaucoup: 许多 ; xǔduō (HSK 4)
  2. Se plaindre : 抱怨 ; bàoyuàn (HSK 5)
  3. Rencontrer, faire face à : 遇到 ; yùdào (HSK 3)
  4. Embouteillage : 堵车 ; dǔchē (HSK 4)
  5. Populaire, en vogue : 热门 ; rèmén (HSK 6)
  6. Zone pittoresque, site touristique : 景区 ; jǐngqū
  7. Yuanmingyuan – l’Ancien Palais d’été : 圆明园 ; Yuánmíngyuán
  8. Le Palais d’été : 颐和园 ; Yíhéyuán
  9. La Grande Muraille de Chine : 长城 ; Chángchéng
  10. Disneyland : 迪士尼 ; Díshìní
  11. Etre en rupture de stock : 售罄 ; shòuqìng

许多抱怨遇到« 大堵车« ,租车服务 »一车难求 »,在比较热门景区,如圆明园颐和园、八达岭长城、上海迪士尼等, »五一 »期间的门票均已售罄

Xǔduō rén bàoyuàn yùdào »dà dǔchē », zūchē fúwù »yī chē nán qiú », zài bǐjiào rèmén de jǐngqū, rú yuánmíngyuán, yíhéyuán, bādálǐng chángchéng, shànghǎi díshìní děng, »wǔyī »qíjiān de ménpiào jūn yǐ shòu qìng.

« De nombreuses personnes se sont plaintes des « embouteillages massifs » et de la « difficulté à trouver une voiture » de location. Dans les sites touristiques populaires, tels que l’Ancien Palais d’été, le Palais d’été, la Grande Muraille de Badaling, Disneyland Shanghai …, les billets pour la période des congés étaient tous épuisés. »

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  1. Congestion (à propos du trafic) : 拥堵 ; yōngdǔ
  2. Prix : 价格 ; jiàgé (HSK 4)
  3. Augmenter rapidement : 飙升 ; biāoshēng
  4. Exposer, mettre en lumière (scandale) : 曝光 ; pùguāng (HSK 6)
  5. Conduire à, créer : 导致 ; dǎozhì (HSK 5)
  6. Concentrer, centraliser : 集中 ; jízhōng (HSK 5)
  7. Longues vacances : 长假 ; chángjià
  8. Problème systémique : 弊端 ; bìduān (HSK 6)

拥堵旅游价格飙升等旅游乱像的曝光导致更多人在网上抱怨集中调休凑长假弊端

Yōngdǔ, lǚyóu jiàgé biāoshēng děng lǚyóu luàn xiàng de pùguāng dǎozhì gèng duō rén zài wǎngshàng bàoyuàn jízhōng tiáo xiū còu chángjià de bìduān.

« L’exposition au chaos des voyages, notamment la congestion du trafic et la flambée des prix, a conduit un nombre croissant de personnes à se plaindre sur internet du problème systémique de ces longues vacances. »


Petit Peuple : Hangzhou (Zhejiang) – Yu Jialin, l’IA au service du passé
Hangzhou (Zhejiang) – Yu Jialin, l’IA au service du passé

En un clic, Yu Jialin a fait mourir son grand-père une seconde fois, douze ans après la brutale crise cardiaque qui avait fauché le patriarche à 73 ans, d’une façon si brutale qu’elle avait plongé chaque membre de la famille dans une sidération profonde.

De la même façon qu’en Chine, l’entourage a tendance à taire au mourant sa fin prochaine –la peur de mourir pourrait hâter sa mort (voir sur le sujet le très beau film L’Adieu de la cinéaste sino-américaine Lulu Wang) – beaucoup de familles chinoises apposent un silence aussi lourd qu’un sceau sur la douleur du deuil. Ainsi en a décidé la famille de Yu Jialin, sa mère, son père, sa tante, son oncle : pour ne pas faire de peine à la grand-mère, le grand-père ne sera plus évoqué, rideau ! Vivre le quotidien sans le mentionner, comme s’il n’avait jamais existé, comme si la douleur, le chagrin finiraient par disparaître à force de somnoler.

Quelques années plus tard, esseulé en master d’informatique sur son campus américain, puis jeune programmeur débordé de travail dans sa ville natale de Hangzhou, Yu Jialin a beaucoup repensé à son grand-père. Le vieil homme l’avait élevé, lui avait tout appris. Yu Jialin se souvenait de sa rigidité à table, de sa fameuse carpe vinaigrée, bouillie puis nappée d’une sauce caramélisée au gingembre. La carpe, choisie avec soin quelques jours plus tôt au marché, attendait son heure dans la cuisine, plongée dans une bassine d’eau pour éliminer le goût de vase. Le jour de la recette, gare à celui qui venait le déranger en cuisine ! Assis sur un tabouret, Yu Jialin avait le droit de trancher finement le gingembre, c’est tout, et de regarder sans parler. C’est son grand-père qui le déposait et venait le chercher chaque jour à l’école. Yu Jialin grimpait sur la vieille mobylette, dos à son grand-père et face à la route, la moitié d’un doubao (豆包, brioche aux haricots sucrés) à la main, acheté en cachette des parents, qu’il avait ordre de finir avant d’être rentré : « Tu grandis, il faut manger ! »

Fasciné par l’Intelligence Artificielle et les nouvelles possibilités qu’elle ouvre, Yu Jialin s’intéresse au Project December, plateforme unique en son genre permettant, via un chatbot (un programme informatique qui simule une conversation humaine) de discuter avec une personne virtuelle et même avec une personne décédée.  Ne pourrait-il pas faire revivre son grand-père via un griefbot (un chatbot pour parler avec les morts) ? Pouvoir ainsi lui dire au revoir proprement, lui demander pardon pour des évènements dont le souvenir le taraude ?

En Chine, si ChatGPT n’est pas accessible, des modèles similaires viennent tout juste de sortir : Ernie par Baidu, Tongyi Qianwen par Alibaba. Mais, quand il se lance il y a un an, Yu Jialin se débrouille comme il peut. Pendant six mois, il alimente son modèle avec des traces du passé, photos, vidéos, lettres de son grand-père, surpris lui-même d’utiliser une technologie de pointe pour ressusciter le passé.

Mise dans la confidence, sa grand-mère finit par comprendre le projet, y adhère et confie à son petit-fils les lettres échangées avec son mari quand ils étaient jeunes. Un trésor qui enrichit le modèle et dévoile à Yu Jialin une autre facette de son grand-père, moins rigide, amoureux, féru de politique, avide de savoir.

Pour contrer le caractère imprévisible du modèle et éviter des réponses qui heurteraient sa grand-mère, Yu Jialin réalise des vidéos de ses échanges qu’elle visualise un soir, une à une, en silence. Quand elle se tourne enfin vers lui et lui dit « merci », sa voix tremble. Pour Yu Jialin, l’effet cathartique est aussi fort. Enfin, il peut demander pardon. Pardon d’avoir refusé que son grand-père continue à venir le chercher au lycée ; pardon pour cette colère quelques mois avant sa mort. Venu inviter son petit-fils à dîner de manière impromptue, le vieil homme avait essuyé les hurlements d’un adolescent rebelle, furieux de voir sa partie de jeux vidéo interrompue. Qu’a répondu le grand-père virtuel ? Yu Jialin le garde pour lui mais, quinze jours plus tard, d’un clic, il a supprimé tout son travail.

Depuis, lui est revenu en tête un proverbe que son grand-père aimait lui répéter et qu’il avait oublié d’intégrer dans son modèle : 好馬不吃回頭草 (hǎomǎ bù chī huí tóucǎo, un bon cheval ne tourne pas en rond à brouter le même carré d’herbe). Marche sans regarder en arrière si tu veux avancer…

Par Marie-Astrid Prache


Rendez-vous : Semaines du 8 mai au 4 juin
Semaines du 8 mai au 4 juin

6-8 mai, Pékin : CIFE – China High-End Import Food Exhibition, Salon international de l’agroalimentaire

6-8 mai, Pékin : CHINA MED, Salon des équipements et des instruments médicaux

9-11 mai, Qingdao : PHARMCHINA, Salon international de l’industrie pharmaceutique

10-12 mai, Canton : Asia Digital Display & Showcase Expo, Salon asiatique de l’affichage numérique et de la vitrine

10-12 mai, Canton : AAA – Asia Amusement & Attractions Expo, Salon des parcs d’attractions d’Asie

10-12 mai, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs et de l’arboriculture

10-12 mai, Pékin : CISILE – China International Scientific Instrument and Laboratory Equipment Exhibition, Salon chinois international des instruments scientifiques et des équipements de laboratoire

10-12 mai, Shenzhen : Motor & Magnetic Expo, Salon international des petits moteurs, des machines électriques et des matériaux magnétiques

11-14 mai, Tianjin : CIEX, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil

11-14 mai, Yantai : Yantai Equipment Manufacturing Industry Exhibition, Salon des équipements pour l’industrie manufacturière

12-14 mai, Shanghai : China Beauty Expo, Salon asiatique international de la beauté

14-17 mai, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon chinois international des équipements médicaux

15-17 mai, Canton : ADE – Asian Dairy Expo, Salon asiatique des produits laitiers

18-20 mai, Chengdu : CAPAS, Salon international des pièces automobiles et du service après-vente

18-20 mai, Chengdu : CAHE – China Animal Husbandry Exhibition, Rencontre internationale pour les professionnels de l’élevage en Chine

18-20 mai, Canton : China International Metal & Metallurgy Exhibition, Salon international spécialisé dans le métal et la métallurgie

18-20 mai, Shanghai: SIAL China, Salon international de l’alimentation, des boissons, vins et spiritueux

18-21 mai, Zhengzhou: ZIF, Salon international des équipements industriels

19-21 mai, Canton: Guangzhou International Travel Fair, Salon international du voyage

22-25 mai, Shanghai : Bakery China, Salon international de la boulangerie et de la pâtisserie

22-25 mai, Canton : Music Guangzhou, Salon chinois international des instruments de musique

23-25 mai, Qingdao : CAC Show, Salon international et conférence dédiés à l’agrochimie et aux technologies de protection des récoltes

26-29 mai, Chongqing : CWMTE, Salon international des machines de production

28-30 mai, Pékin : China International Green Food & Organic Food Exhibition, Salon chinois international de l’alimentation bio

29 mai-1er juin, Shanghai : Hotelex Shanghai International Hospitality Equipment & Foodservice Expo, Salon international des équipements et services alimentaires pour l’hôtellerie

30 mai-1er  juin, Shanghai : AID, Salon professionnel des soins aux personnes âgées, de la rééducation et des soins de santé

31 mai-2 juin, Pékin : China Maritime Beijing, Salon chinois international des technologies et équipements offshore

2-4 juin, Shanghai : CMT China, Salon du tourisme et des loisirs de plein air

4-6 juin, Shanghai : ISPO Shanghai, Salon professionnel international des sports, de la mode et des marques de vêtements