Le Vent de la Chine Numéro 12 (2023)
Lors de son premier voyage en Chine en 2018, le Président français avait fait la promesse de s’y rendre tous les ans. Il n’eut l’occasion d’y revenir qu’une fois, l’année suivante, à Pékin et Shanghai, avant que la pandémie de Covid-19 n’éclate.
Précédé par le chancelier allemand Olaf Scholz (qui avait décliné l’idée d’une visite conjointe franco-allemande), le président du Conseil Européen, Charles Michel fin 2022, et le premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, Emmanuel Macron devrait fouler le sol de la RPC, de Pékin à Canton, du 5 au 7 avril, quelques mois avant le 60ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Le chef d’Etat sera accompagné par une soixantaine de patrons d’entreprises françaises, dont ceux d’Airbus, Alstom, Club Med, Danone, EDF, L’Oréal, Michelin, Orano, Safran, Suez, Ubisoft et Veolia, désireux de profiter de cette visite présidentielle pour jauger l’environnement d’affaires chinois post-Covid. Mais force est de constater que, hormis la méga-commande décrochée par Airbus à l’été 2022, l’ère de la surenchère de contrats semble toucher à sa fin. D’ailleurs, le déséquilibre de la balance commerciale Chine-France n’a cessé de s’aggraver durant la pandémie : les importations en provenance de Chine ont augmenté de 48 % entre 2019 et 2022, conduisant à une hausse du déficit bilatéral de 71 %…
Une fois n’est pas coutume, c’est le volet diplomatique qui devrait éclipser l’aspect économique de cette visite présidentielle. En effet, critiqué pour sa politique russe, le chef d’Etat français cherche à reprendre l’initiative sur la guerre en Ukraine en obtenant le soutien du Président Xi Jinping pour le retour de la paix sur le Vieux Continent. Emmanuel Macron reste convaincu que la Chine a un rôle à jouer dans la résolution du conflit ukrainien, au vu de l’influence qu’exerce Pékin sur Moscou. D’après l’Élysée, ce dialogue avec Xi est d’autant plus crucial que « la Chine est le seul pays au monde en mesure d’avoir un impact immédiat et radical sur le conflit, dans un sens comme dans l’autre ». Or, jusqu’à présent, Pékin s’est toujours refusé de condamner l’invasion russe tandis que Xi Jinping n’a toujours pas échangé avec le Président ukrainien. Malgré cela, le chef d’Etat français compte s’appuyer sur le « plan de paix » chinois publié fin février pour encourager la Chine à œuvrer plus activement pour un cessez-le-feu et surtout la dissuader de soutenir militairement Moscou, ce qui reviendrait à franchir une ligne rouge aux yeux des Européens.
Pour porter ce message, le Président français a invité la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, à se joindre à lui. Emmener ainsi avec lui en Chine un dirigeant européen est en quelque sorte la marque de fabrique d’Emmanuel Macron, qui y voit une manière concrète d’exprimer « l’unité européenne » face au géant asiatique.
Il se trouve que quelques jours plus tôt, Mme von der Leyen avait tenu un discours remarqué et plutôt critique vis-à-vis de Pékin. « La façon dont la Chine va interagir avec Poutine dans la poursuite de sa guerre va déterminer la possibilité pour la relation UE-Chine d’aller de l’avant », a-t-elle mis en garde.
La femme politique allemande, que l’on dit candidate au commandement de l’OTAN en 2024, a également douché les espoirs de ratification de l’accord bilatéral sur les investissements (CAI). Ce traité, ayant nécessité pas moins de 35 sessions de négociations entre Pékin et Bruxelles pendant sept ans, avait été suspendu à la suite de contre-sanctions infligées par Pékin à un certain nombre d’entités et de parlementaires européens.
« Le monde et la Chine ont changé durant les trois dernières années, et l’intérêt de cet accord doit être réexaminé à la lumière de notre stratégie plus globale à l’égard de la Chine, a-t-elle déclaré, faisant référence au triptyque en vigueur depuis 2019, « coopération, compétition et rivalité systémique ». Si les deux derniers volets de cette stratégie ont éclipsé le premier, c’est en partie dû, d’après Ursula von der Leyen, au durcissement du régime chinois, qu’elle qualifie de « plus répressif à l’intérieur et plus agressif à l’étranger ». La dirigeante a cependant reconnu qu’il n’était « pas viable d’entreprendre un découplage vis-à-vis de la Chine », mais qu’un processus de « réduction des risques était vital ». Tous les dirigeants européens ne souscrivent pas à cette approche confrontationnelle. Il sera donc crucial pour Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen d’accorder leurs violons et de trouver le bon équilibre entre « désir d’engagement » et « dialogue exigeant » s’ils veulent être percutants. Un véritable exercice de diplomatie.
Depuis quelques années déjà, les économistes s’interrogent : la Chine présente-t-elle les signes avant-coureurs d’une crise économique semblable à celle vécue par le Japon dans les années 90 ? Certes, les similarités sont nombreuses, mais à y regarder de plus près, la situation dans laquelle se trouve l’Empire du Milieu est quelque peu différente de celle du pays du Soleil Levant au tournant du siècle. Surtout, le gouvernement chinois peut encore éviter un tel scénario, s’il se décide enfin à entreprendre certaines réformes structurelles sans cesse repoussées aux calendes grecques.
Le premier trait commun entre les deux nations voisines est une natalité en berne. En Chine, le nombre de naissances a chuté plus rapidement qu’au Japon, conséquence d’une politique de l’enfant unique imposée durant 35 ans. Cette évolution de la pyramide des âges induit une baisse de la population active, qui pourrait venir peser sur la croissance économique. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Le Japon a pu en partie compenser cette baisse en augmentant la part des femmes dans le monde du travail. En Chine, cela pourrait passer par un recul progressif de l’âge de la retraite, resté inchangé depuis 40 ans (60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes). Cette réforme est d’ailleurs à l’agenda de 2023, malgré son impopularité. Si Pékin l’adopte, la Chine pourrait être en mesure de maintenir la taille de sa population active pendant au moins deux décennies supplémentaires, ce qui est loin d’être négligeable.
Le second point de comparaison est la crise immobilière que traverse l’Empire du Milieu. L’immobilier n’a jamais été aussi cher qu’aujourd’hui et devenir propriétaire dans l’une des grandes villes chinoises est un rêve inaccessible pour une bonne partie de la population, notamment pour les jeunes Chinois qui se doivent pourtant d’avoir leur « chez eux » s’ils veulent espérer se marier. Bon nombre sont ainsi éternellement condamnés à être locataires dans la ville dans laquelle ils travaillent. Les Chinois les plus aisés n’ont pas ce problème. Ils ont d’ailleurs massivement investi dans l’immobilier, longtemps considéré comme le placement le plus rentable, la valeur des appartements n’ayant cessé d’augmenter ces vingt dernières années. Bien conscient de l’impact négatif de cette flambée des prix immobiliers, le gouvernement a coupé le robinet du crédit aux promoteurs en 2021, au nom de la stabilité financière du pays. Le Japon avait également adopté des mesures similaires, mais était allé trop loin dans sa politique, ce qui avait provoqué l’explosion de sa bulle immobilière. Les prix de l’immobilier s’étaient alors effondrés de 25%, précipitant le pays dans sa « décennie perdue » (失落的十年).
Jusqu’à présent, force est de constater que le gouvernement chinois gère plus agilement l’assainissement de son secteur immobilier. Cependant, les mesures adoptées par Pékin ont poussé les éventuels primo-accédants à remettre leur projet d’acquisition à plus tard, faute de confiance dans la capacité des promoteurs à livrer leur bien. Cette situation pèse sur l’économie, le secteur immobilier étant l’un des principaux moteurs de la croissance chinoise. Néanmoins, Pékin devra, tôt ou tard, payer le prix de cette bulle immobilière chauffée à blanc : la question est quand et comment ?
Dernière similarité entre l’économie chinoise d’aujourd’hui et celle japonaise des années 90 : le déficit budgétaire croissant du gouvernement, en particulier des collectivités locales qui se sont retrouvées privées ces dernières années de l’une de leurs principales sources de revenus : les ventes de terrains aux promoteurs immobiliers, en baisse de 23% en 2022. Ce sont également elles qui ont dû assumer les coûts liés à la politique « zéro-Covid », campagnes de tests PCR quasi-quotidiens en tête… En parallèle, les charges qui pèsent sur les collectivités locales ne cessent de s’alourdir – le coût des retraites notamment.
L’Etat central a jusqu’à présent fermé les yeux sur ces difficultés financières et a permis aux gouvernements locaux d’émettre davantage d’obligations pour financer de nouvelles infrastructures censées soutenir la croissance économique. Selon le FMI, la dette totale des gouvernements locaux est passée de 35 700 milliards de yuans en 2016 à 92 100 milliards de yuans en 2022 et devrait atteindre les 143 500 milliards de yuans d’ici 2026. Sans parler de la hausse des charges d’intérêts de cette dette : en 2023, les gouvernements locaux devront rembourser 3 670 milliards de yuans, d’après les calculs de l’entreprise chinoise d’analyse de données Wind.
Cette augmentation rapide de l’endettement rappelle la situation japonaise après l’explosion de la bulle immobilière, lorsque le Japon a consenti à accroître son déficit budgétaire pour financer son stimulus économique.
Pour remédier à cette situation, Pékin pourrait stabiliser les revenus des gouvernements locaux en introduisant une taxe foncière, sujet hautement sensible dans un pays de propriétaires. De même, l’Etat central pourrait renflouer les gouvernements locaux, même si cela aurait pour conséquence d’accroître son propre déficit budgétaire. Autre piste : favoriser les transferts de fonds entre provinces riches et celles moins bien loties, malgré leur réticence…
En somme, le gouvernement chinois a tous les outils à sa disposition pour éviter une « japonisation » de son économie, mais encore faut-il qu’il soit prêt à entreprendre des réformes, aussi douloureuses qu’indispensables. Xi Jinping fera-t-il preuve de davantage de courage politique que ses prédécesseurs durant son 3ème mandat pour s’atteler à la tâche ? Cela reste à voir…
« Vous n’êtes pas des invités, vous êtes de la famille ». C’est en ces termes chaleureux que les participants étrangers ont été accueillis au China Development Forum (CDF) qui s’est déroulé à Pékin du 25 au 27 mars. Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait plus entendu des propos aussi bienveillants de la part des dirigeants chinois à l’égard des entreprises étrangères.
Li Qiang, Premier ministre, Han Zheng, vice-président de la RPC, Ding Xuexiang, vice-premier ministre exécutif chargé de la science et des technologies, He Lifeng, vice-premier ministre en charge de l’économie et du commerce extérieur, Wang Wentao, ministre du commerce, Liu Kun, ministre des finances, Zheng Shanjie, patron de la tutelle de l’économie (NDRC)… Tous se sont appliqués à faire passer le même message : « n’ayez crainte, la Chine va continuer sa politique d’ouverture et cela peu importe la situation internationale » et « vos investissements sont plus que bienvenus ». Même Qin Qang, ministre des affaires étrangères, hier qualifié de « loup guerrier », a pris pour exemple les « success-stories » de Tesla à Shanghai et de Fuyao Glass en Ohio pour démontrer qu’un potentiel de coopération subsiste encore, malgré une relation sino-américaine à « son plus bas historique ».
Cette offensive de charme reflète la priorité accordée par Pékin cette année aux investissements étrangers, perçus comme l’une des clés pour relancer l’économie chinoise. En parallèle, 2023 a été désignée comme « l’année des investissements en Chine ». Ce n’est pas rien : c’est la première fois que les décideurs consacrent une année entière à ce thème. Rien qu’à Shanghai, les autorités recherchent activement des investisseurs pour financer huit méga-projets, dont un terminal ferroviaire, un parc éolien en eaux profondes, une « ceinture écologique » autour de la ville, des programmes de logements subventionnés ainsi que des projets pour améliorer la qualité de l’eau potable… Montant total recherché : 1 800 milliards de yuans !
Dans l’auditoire du CDF, se trouvaient 69 PDG de multinationales (Apple, Allianz, BMW, Danone, Deloitte, Hitachi, Mercedes-Benz, Nestlé, Pfizer, Samsung, Schneider Electric…) pour lesquels c’était le premier voyage en Chine après un hiatus de trois ans, causé par la fermeture des frontières durant la pandémie. Pour ces capitaines d’industrie, faire le déplacement était essentiel pour juger par eux-mêmes la réalité du terrain qui a beaucoup changé ces dernières années, rencontrer leurs employés locaux, clients, partenaires et fournisseurs, mais aussi établir un premier contact avec la nouvelle équipe dirigeante chinoise.
Malgré un enthousiasme palpable, la prudence était de mise. En effet, le pragmatisme dont faisaient preuve hier les autorités chinoises et qui séduisait tant les hommes d’affaires, semble avoir disparu au profit de considérations idéologiques. La politique « zéro Covid » ayant mené au confinement brutal de Shanghai et de ses 25 millions d’habitants pendant deux mois en est l’exemple le plus flagrant, tout comme la mise au pas du secteur privé (tech, immobilier, jeux vidéo, soutien scolaire…). Et faire revenir en Chine Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, après une période d’exil, ne suffira pas à dissiper leurs inquiétudes, ni celles des entrepreneurs chinois.
Un autre sujet de préoccupation s’est également invité dans les conseils d’administrations des multinationales étrangères, reléguant au second plan les vieilles plaintes liées aux restrictions d’accès au marché et les difficultés structurelles de l’économie chinoise (vieillissement de sa population, difficultés financières des gouvernements locaux, baisse des exportations…) : il s’agit du risque géopolitique, au vu des tensions croissantes entre Pékin et Washington, notamment autour de Taïwan. Le retrait forcé des firmes occidentales de Russie suite à l’invasion de l’Ukraine a résonné comme une mise en garde.
Dans ces conditions, les groupes étrangers y réfléchissent à deux fois avant d’envisager de nouveaux investissements en Chine. D’ailleurs, la plupart d’entre eux semblent adopter une stratégie similaire : continuer de profiter du potentiel du marché chinois tout en diversifiant leur chaîne d’approvisionnement, de manière à éviter de se retrouver au pied du mur si un conflit devait éclater.
C’est le choix fait par le géant américain Apple, qui a récemment annoncé vouloir ouvrir de nouveaux sites d’assemblages au Vietnam et en Inde, de manière à ne plus dépendre uniquement de la Chine. Plus étonnant, les entreprises chinoises, elles aussi, préparent leur plan B en s’implantant hors du pays.
Ainsi, peu importe le niveau d’ouverture promis par les dirigeants chinois, seul un apaisement des relations sino-américaines pourrait alléger les craintes des chefs d’entreprises. Cependant, les dernières polémiques (ballon-espion, interrogatoire du PDG de TikTok par les parlementaires américains..) ne laissent pas présager d’une telle détente, bien au contraire.
- France : 法国 ; fàguó
- Macron : 马克龙 ; mǎkèlóng
- Première fois : 首次 ; shǒucì
- Rendre visite : 到访 ; dào fǎng
- Cette fois-ci : 本次 ; běncì
- Président : 总统 ; zǒngtǒng (HSK 5)
- Mandat : 期开 ; rènqí
- Commencer, débuter : 开始 ; kāishǐ (HSK 2)
- Exprimer, déclarer : 表示 ; biǎoshì (HSK 4)
- Chaque année : 每年 ; měinián
- Mais, néanmoins : 不过 ; bùguò
- A cause de : 由于 ; yóuyú (HSK 4)
- Pandémie : 大流行 ; dà liúxíng
- Raisons, motifs : 原因 ; yuányīn (HSK 4)
- Ne pas être en mesure de, être incapable de : 无法 ; wúfǎ
法国马克龙自 2018 年首次到访中国后,本次是第二次到访,在他总统第一个任期开始,马克龙表示每年都会去中国,不过由于新冠疫情大流行等原因无法成行。
Fàguó mǎkè lóng zì 2018 nián shǒucì dào fǎng zhōngguó hòu, běn cì shì dì èr cì dào fǎng, zài tā zǒngtǒng dì yī gè rènqí kāishǐ, mǎkè lóng biǎoshì měinián dūhuì qù zhōngguó, bùguò yóuyú xīnguān yìqíng dà liúxíng děng yuányīn wúfǎ chéngxíng.
« C’est la deuxième fois que le Français Macron se rend en Chine depuis sa première visite en 2018. Au début de son premier mandat en tant que président, Macron avait déclaré qu’il se rendrait en Chine chaque année, mais il n’a pu faire le voyage en raison de la pandémie de COVID-19 , entre autres ».
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- Congrès américain : 美国国会 ; měiguó guóhuì
- Courtes vidéos : 短视频 ; duǎn shìpín
- Plateforme : 平台 ; píngtái (HSK 5)
- Nation, pays : 国家 ; guójiā (HSK 3)
- Sécurité : 安全; ānquán (HSK 4)
- Risque caché : 隐患 ; yǐnhuàn (HSK 6)
- Entreprise : 公司 ; gōngsī
- PDG : 首席执行官 ; shǒuxí zhíxíng guān
- Strict, sévère : 严厉 ; yánlì (HSK 6)
- Interroger, questionner : 质询 ; zhìxún
- Soudain, inattendu : 突然 ; túrán (HSK 3)
- Devenir : 成为 ; chéngwéi (HSK 4)
- Héros : 英雄 ; yīngxióng (HSK 5)
- Brave, courageux : 勇敢 ; yǒnggǎn (HSK 4)
- Résister : 抵御 ; dǐyù
- Harceler, intimider, persécuter : 霸凌 ; bàlíng
上周四(3月23日)在美国国会一场有关短视频社媒平台TikTok对美国国家安全隐患的听证会上,该公司的首席执行官周受资(Shou Zi Chew)受到美国国会议员轮番严厉质询,但他却突然一夜之间在中国成为“英雄”,一位勇敢抵御美国“霸凌”的英雄。
Shàng zhōu sì (3 yuè 23 rì) zài měiguó guóhuì yī chǎng yǒuguān duǎn shìpín shè méi píngtái TikTok duì měiguó guójiā ānquán yǐnhuàn de tīngzhèng huì shàng, gāi gōngsī de shǒuxí zhíxíng guān zhōu shòu zī (Shou Zi Chew) shòudào měiguó guóhuì yìyuán lúnfān yánlì zhìxún, dàn tā què túrán yīyè zhī jiān zài zhōngguó chéngwéi “yīngxióng”, yī wèi yǒnggǎn dǐyù měiguó “bà líng” de yīngxióng.
« Jeudi dernier (23 mars), lors d’une audition au Congrès américain sur les risques potentiels posées par l’application de courtes vidéos TikTok à la sécurité nationale américaine, le PDG de l’entreprise, Zhou Shouzi (Shou Zi Chew), a été interrogé tour à tour, sans ménagement, par des membres du Congrès américain. Mais il est soudainement devenu du jour au lendemain un « héros » en Chine, pour avoir courageusement résisté à « l’intimidation » américaine ».
À 51 ans, Zhang Jiling est devenue la star de son campus. Son visage souriant s’affiche aux nouvelles régionales et sa silhouette menue fait se retourner les étudiants sur son passage. Certains considèrent qu’elle ne devrait pas être ici, ayant pris la place tant convoitée d’un autre étudiant, mais la plupart la surnomment affectueusement « tata Zhang » et lui glissent à l’oreille qu’ils admirent sa ténacité. Zhang Jiling, elle, n’oubliera jamais que son fils ne voulait pas qu’elle vienne le chercher à l’école, honteux de son travail de femme de ménage puis de coiffeuse itinérante. Elle s’était jurée à cette époque de saisir la moindre opportunité pour reprendre ses études et ne plus subir les regards condescendants des autres. Elle deviendrait quelqu’un d’instruit.
« Comme la distance met à l’épreuve la force d’un cheval, le temps révèle la vraie nature d’une personne » (路遥知马力,日久见人心, lù yáo zhī mǎ lì, rì jiǔ jiàn rén xīn). On pourrait ajouter d’un projet aussi, et même d’un amour. Il lui aura fallu plusieurs tentatives et des heures et des heures de cours du soir pour obtenir enfin son gaokao à cinquante ans. Le gaokao, l’équivalent du baccalauréat français, conclut les études secondaires en Chine et sert de concours d’entrée aux universités. Les admissions sont en effet fonction de l’ordre de classement obtenu à cet examen. Pour Jiling, ce sera le Shanxi Technology and Business College.
C’est en observant son fils préparer le gaokao qu’elle s’était décidée à le passer à nouveau, surmontant l’échec cuisant de ses dix-sept ans. À l’époque, les cheveux frisés, le visage quelconque, elle n’était jamais choisie pour représenter son école sur une estrade lors de manifestations officielles, et personne ne lui disait qu’elle était belle. Le bonheur, elle le savait, viendrait par les études. Mais elle était tombée amoureuse, et un fils lui était né, pour lequel il fallait déjà économiser le moindre sou. Le même qui montrerait tant d’ingratitude plus tard par ses propos méprisants. Mais Jiling ne lui en veut pas. Grâce à lui, elle fait aujourd’hui ce qu’elle aime. Dans son université, la voici qui se spécialise dans l’enseignement préscolaire à l’âge où toutes ses voisines, avec qui elle papotait dans la cour de l’immeuble, se préparent à prendre leur retraite. La plupart ne comprennent pas cet appétit d’apprendre ni ce qu’elle est prête à endurer pour y arriver. Logée comme les autres étudiants dans un dortoir universitaire, une chambre de 20m2 partagée à 4, Jiling ne se couche pas avant 23h et se lève tous les matins à 5h. Lors de son footing matinal, elle apprend des mots d’anglais. Pendant les séances de gymnastique quotidiennes, elle tient la planche plus longtemps que les jeunes hommes de sa classe, stupéfaits. Si elle peut compter sur son excellente mémoire, ses lacunes dans l’univers digital lui font perdre beaucoup de temps. Un projet d’animation de quelques heures devient pour elle un labeur de plusieurs jours.
Et peut-être aussi que le temps, après l’avoir mis à l’épreuve, a mis au jour la vraie force de son couple. Chaque mois depuis plusieurs années, son mari met de l’argent de côté, non pour réaliser ses rêves à lui – voyager des milliers de kilomètres sans en voir le bout – mais pour voir éclore ses rêves à elle. Il l’a vue pendant des années enchaîner les petits boulots, s’occuper avec dévouement de leur fils, assurer l’intendance de la maison, le soutenir dans ses galères, et attendre, attendre patiemment le moment où elle pourrait enfin faire ce qu’elle a toujours voulu faire : étudier.
Au début, il rabrouait les voisins qui le plaignaient, aujourd’hui il les laisse causer, cela les occupe… Le soir, épinglées sur l’un des murs de l’appartement, les photos de voyage de leur fils lui tiennent compagnie ainsi que les vidéos que Jinling lui envoie de sa vie sur le campus. Toute la semaine, il réfléchit aux provisions à glisser dans le sac qu’il lui apporte trois fois par semaine, à l’heure du déjeuner. Elle lui a plusieurs fois répété de n’en rien faire mais il y tient et ne mange qu’une fois rentré chez lui. Dans le sac, des cong you bing, ces galettes salées à la ciboule, des œufs, du porridge, des fruits, bref de quoi éviter à Jiling de faire la queue le matin pour petit-déjeuner et gagner de précieuses minutes. Pour lui, une façon de l’apercevoir, de lui montrer qu’il tient à elle, qu’il est fier d’elle. Dans la vie, la lenteur n’est pas un handicap, c’est l’immobilité qui tue. Avec Jinling qui lui répète souvent : « tant que je peux marcher, même pas à pas, il y aura toujours un chemin à parcourir », le voici paré, et sur ce chemin du savoir, pas de bout en vue non plus !
7-9 avril, Shenzhen : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique
7-9 avril, Shenzhen : Toy & Edu, Salon international du jeu et du jouet en Chine
8 avril, Pékin : CIEET – China International Education Exhibition Tour, Salon chinois international de l’éducation
11-15 avril, Haikou : 3ème édition de la China International Consumer Products Expo
13-15 avril, Pékin : CIEPEC, Salon chinois international et conférence sur la protection de l’environnement
13-15 avril, Shanghai : HORTIFLOREXPO – IPM, Salon international des plantes et des fleurs
13-15 avril, Shanghai : PRODUCTRONICA, Salon international de la production électronique
15 avril – 5 mai, Canton (et Offline): China Import and Export Fair, Foire internationale d’import et d’export
17-20 avril, Shenzhen : CHINAPLAS, Salon international des industries du plastique et du caoutchouc
18-27 avril, Shanghai : AUTO SHANGHAI, Salon international de l’industrie automobile
18-21 avril, Foshan : CERAMBATH, Salon chinois international de la céramique et des sanitaires
19-21 avril, Chongqing : CHINASHOP – China Retail Trade Fair, Salon dédié aux technologies et aux nouvelles solutions pour le commerce de détail
19-21 avril, Shanghai : IE EXPO, Salon international de la gestion et traitement de l’eau, du recyclage, du contrôle de la pollution atmosphérique et des économies d’énergie
26-28 avril, Pékin : CIENPI – China International Exhibition on Nuclear Power Industry, Salon chinois international de l’énergie nucléaire