Le Vent de la Chine Numéro 25-26 (2016)

du 10 juillet au 3 septembre 2016

Editorial : Mer de Chine du Sud – minuit moins cinq avant l’alarme

Le 6 juillet, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi prit son téléphone pour appeler son homologue américain John Kerry, le priant de « ne rien faire qui lèse la souveraineté et la sécurité » chinoise en mer de Chine du Sud. Cela sonnait comme une réponse au conseil du département d’Etat le 22 juin à la Chine, de « s’abstenir de toute provocation supplémentaire », dans la perspective du verdict que publiera la Cour d’arbitrage de La Haye le 12 juillet, sur la plainte déposée depuis 2013 par les Philippines.
En mer aussi, la tension monte. Depuis juin, trois destroyers de l’US Navy patrouillent autour des atolls occupés par l’APL, qui répond en tenant ses manœuvres (5-11 juillet), à distance respectueuse 1000 km plus au Nord, entre Hainan et les Paracels. Elles prendront fin juste avant la parution du jugement de La Haye – date choisie pour signifier le mépris chinois vis-à-vis d’un verdict, où l’ancien conseiller d’Etat Dai Bingguo ne voit guère plus qu’un « chiffon de papier ». Pékin ne manque nulle occasion de rappeler que la Cour n’a pas juridiction, et qu’il est temps d’en finir avec cette  « farce ».
Voici donc un contentieux qui se durcit entre la Chine et la communauté internationale. La Cour doit statuer si la Chine a, ou non, violé la Convention de l’ONU du droit de la mer en érigeant des structures émergées dans la ZEE (zone économique exclusive) des Philippines, et si la Chine peut toujours invoquer sa « ligne aux neuf pointillés » comme fondement de sa souveraineté sur 90% de la mer de Chine à plus de 2000 km de ses côtes. 
À l’approche du verdict du 12 juillet, l’administration de Xi Jinping, fortement soutenue par l’opinion chinoise, a mis son activité diplomatique en mode turbo. Elle a acquis le vague soutien de 87 pays alliés (tels l’Arabie Saoudite ou l’Afghanistan). Wang Yi a rendu visite au Vietnam, l’autre grand perdant potentiel de l’avancée maritime chinoise. La Chine offre aussi des négociations aux Philippines, pourvu que leur nouveau Président Duterte accepte « d’oublier le verdict de La Haye ».
Toutefois les chances de dérapage militaire restent bien réelles, vu la radicalisation des opinions, le réarmement rapide des nations riveraines et le fait qu’une fois le verdict prononcé, la position juridique de la Chine ne sera plus tenable. Aussi, la Chine ne pourra que le rejeter mais ce faisant, elle se mettra en mettra en porte à faux vis-à-vis des nations fonctionnant sous l’Etat de droit : celles-ci ne pourront pas accepter un tel « fait du prince » remettant en cause la liberté de navigation.  Il faut noter que la Chine n’a entrepris d’occuper des îlots dans les Spratleys, que suite au dépôt de la plainte de Manille en 2013 : Pékin réalisait dès lors que son argument de la « ligne des neuf pointillés » tomberait à l’eau lors du verdict, et en conséquence elle changeait de stratégie, prenant des garanties et plaçant ses « pions », dans la perspective d’une négociation ultérieure en position de force. 
Ce tableau semble bien sombre, mais aujourd’hui, d’autres scénarios moins dramatiques se profilent. Ainsi les Philippines viennent de virer de bord. Le Président Duterte se dit déjà d’accord pour négocier en bilatérale après le verdict. Et sa première priorité n’ira plus à la sauvegarde des eaux territoriales, mais à l’anéantissement de groupes rebelles islamiques tel Abou Sayyafun but que Pékin ne peut qu’approuver voire soutenir. Le Président Xi d’ailleurs, lui tend à présent la main, proposant de négocier. On assiste donc à une étrange lune de miel entre ces deux, qui peut s’avérer éphémère, mais aboutir aussi à un accord.
Même tournant avec le Vietnam et même souci à Hanoï de concilier la souveraineté et bon voisinage avec Pékin, sa source la plus plausible d’équipement et de croissance. Hanoï vient d’ailleurs d’autoriser un consulat chinois à Danang…
C’est ainsi qu’au-delà des postures va-t-en-guerre, mûrissent dans l’ombre diverses stratégies de tapis vert. C’est mieux, à tout prendre, qu’une chute généralisée dans le conflit armé.


Politique : Un été lourd

Trois étapes séparent le Président Xi Jinping de son second quinquennat : le conclave balnéaire de Beidaihe en août, où 60 édiles dessineront les axes politiques de l’année, le Plenum du Comité Central d’octobre, et 12 mois plus tard, le XIXème Congrès.

De ces débats brûlants au sommet, rien ou presque, ne filtre. La crise économique sans doute, mais aussi les choix de société future, ont réorienté le gouvernail vers la frange la plus conservatrice. Le vote du Brexit au Royaume-Uni, n’a rien arrangé : redoutant d’autres secousses, Pékin semble à présent découragé de toute velléité de réforme industrielle, financière, ou politique. Tentons ici un bilan de ce qui reste des restructurations projetées…

– Concernant la réforme des consortia publics, la feuille de route rédigée dès 2013, a tenu jusqu’en mai 2016. Il s’agissait de donner à ces groupes un management « à l’occidentale », d’encourager les patrons aux bénéfices, d’insuffler le dynamisme prévalant dans le secteur privé – le management devait jouir d’une autonomie décisionnelle. Dès 2014, cinq consortia pouvaient, à titre de test « laboratoire », recruter leurs PDG. Puis en 2016, ces groupes réformés devaient passer à 8, voire 10.
Les banques ne devaient plus prêter que sur le critère de la rentabilité. Le 18 mai, le Conseil d’Etat désignait 345 groupes « zombies » (en faillite chronique, sauvés par des subventions) à fermer dans l’année.

Et puis en juin tout basculait, sur décision de la SASAC, tutelle des consortia publics. Dans chacune de ces 106 maisons, le Comité du Parti (et non le Conseil de Direction ou le PDG) devrait « inspirer… étudier… approuver toute décision majeure » : l’autonomie de management avait vécu !
De même, les 3000 groupes cotés en bourse voyaient en 2016  leurs subventions directes ou non (en argent, énergie, terrains...) augmenter de 56% par rapport à 2013 ! En 2015, selon le Wall Street Journal, ces aides atteignaient 119 milliards de yuans – 18 milliards de $.

– Un autre dossier est en panne, celui des surcapacités, notamment en sidérurgie. Le Conseil d’Etat veut refroidir les hauts-fourneaux pour 100 à 150 millions de tonnes sur 5 ans, brisant ainsi 500.000 emplois de métallos. Pour les recaser, il débloque 100 milliards de yuans, pour tous secteurs et tout le pays. Mais les subventions faussent la donne : en 2015 suite à la mévente, des aciéries avaient dû fermer pour 60 millions de tonnes de capacité. Or selon l’agence Macquarie, toutes ces aides ont permis à la plupart de ces mêmes sidérurgies de rouvrir en 2016, pour 40 millions de tonnes.

– En réforme financière, alors que le G20 Finances se réunit à Chengdu (23-24 juillet), un cri d’alarme retentit : la déréglementation a fait marche arrière par rapport à 2014, l’Etat recommençant insensiblement à intervenir de façon incessante sur la bourse et le crédit, dès que le marché va dans un sens qui le chagrine. Le problème tient à la priorité au soutien aux entreprises déficitaires, à l’emploi et à la stabilité. Il tient aussi aux rivalités entre les quatre autorités financières—les trois tutelles de la banque, de la bourse, de l’assurance et la Banque Centrale responsable de la monnaie. Un plan de refonte de ces organes est à l’étude – mais à ce stade, rien ne filtre.

En réponse au Brexit, la Banque Centrale envisage de laisser dévaluer son yuan de 4,5% d’ici décembre. Cependant la part de la consommation dans le PIB n’est que de 30%, le marché à l’export est quasiment saturé, la dette cumulée privée et industrielle atteint 27.300 milliards de $ soit 1,5 PIB américain, une situation, selon Thorsten Slok de la Deutsche Bank, « plus dangereuse que celle des USA à la veille de la crise des subprimes ».

Face à cela, le remède préconisé par Xi Jinping est la « réforme du marché de l’offre » c’est-à-dire des entreprises – mais elle est bloquée. Li Keqiang, le Premier ministre, continue à évoquer les restructurations du charbon et de l’acier (mais en vain, comme on a vu), l’innovation et le soutien aux start-ups, et une émission monétaire prudente, promettant d’éviter un grand stimulus. Li dépêche aussi de nombreuses équipes de supervision dans les 34 entités régionales, pour vérifier que le crédit bancaire reste accessible au secteur privé, dont l’investissement stagnait à 3,9% de janvier à mai, et reculait face aux 10,1% de 2015.

La Banque Centrale elle, promettait le 3 juillet d’ouvrir aux groupes  étrangers l’accès à la cotation en bourse chinoise. Elle offrait aussi aux investisseurs privés chinois l’accès aux marchés étrangers des capitaux. Mais ces promesses sans date, ne vaudront que « le temps venu »…
Tout cela, aujourd’hui, est trop vague et trop peu pour empêcher des experts comme Andy Xie, un des économistes les plus respectés, de craindre l’éclatement « inévitable » d’une bulle nationale de l’ampleur  de celle de 1929…

– Sur le champ politique, à la veille du conclave de Beidaihe, on parle beaucoup, dans la presse, de « gouvernance » – d’un juste milieu entre autoritarisme et ralliement des forces sociales. Mais le Bureau Politique, le 28 juin, émettait une directive discrète, sous la direction de Wang Qishan, le patron de l’anti-corruption, sur les « règles de responsabilité internes au Parti ». Wang—en qui certains voient, suite au XIXème Congrès, un successeur de Li Keqiang– décrète que l’obéissance des 88 millions de membres, aujourd’hui « molle et extensible », doit devenir « stricte et immédiate ». 

Enfin, les premières promotions du prochain quinquennat apparaissent—qui poursuivent le démantèlement de la sphère d’influence de Jiang Zemin (nomination de Li Qiang, Secrétaire du Parti au Jiangsu, et Qiang Wei, démis de ses fonctions au Jiangxi), tandis que les fils de grandes familles « rouges » résistent (Li Xiaopeng, fils de Li Peng et actuel gouverneur du Shanxi, passe pour le futur secrétaire à la SASAC, un poste d’influence).


Minorités : Yinchuan, future Mecque … du commerce

Rêvant de redéployer sur le monde islamique sa puissance  commerciale dans le cadre du plan « une ceinture, une route » , la Chine a bien perçu l’obstacle n°1 : un déficit d’image. Elle a donc ressenti le besoin de se créer un carrefour de prestige qui parle à ces populations levantines, une réalisation qui évoque les valeurs musulmanes mais qui soit surtout son tremplin commercial à destination de l’Islam d’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient.

Pékin d’autre part, n’oublie pas cet autre problème urgent, accélérer le rattrapage de ses provinces du Centre et de l’Ouest, qui accusent un net retard de développement par rapport aux provinces de la côte. 

Enfin, voire surtout, le pouvoir central cherche un accommodement, un dialogue avec son turbulent islam intérieur : il doit faire de ces croyants, des citoyens et des patriotes, pour mettre fin aux attentats et au rêve de califat soutenu par les pays « -stan » d’Asie Centrale.

Ensemble, ces considérations l’ont conduit il y a deux ans à un programme, sur lequel il communique peu, mais en dizaines de milliards de yuans pour  réaliser d’un coup les trois objectifs. Le grand bénéficiaire est le Ningxia, petite province enclavée (66.000km²) au 3ème PIB le plus bas du pays. Sa capitale Yinchuan d’1,9 million d’habitants est le fief de la minorité Hui, musulmans modérés et de langue chinoise (34% du Ningxia). La paix sociale de cette capitale l’a faite préférer à Urumqi ou Kashgar, dans un Xinjiang toujours prône aux violences, pour accueillir le nouveau concept : créer en Chine une Mecque laïque, point d’attraction des touristes et des hommes d’affaires musulmans du monde.

Ces dernières années, Yinchuan s’ est dotée d’une poignée d’édifices à l’architecture futuriste, hôtels de luxe, musée d’art contemporain (où démarre à l’automne sa Biennale, avec le curateur Indien Bose Krishnamachari). L’aéroport n’en finit pas de grandir, escale des transporteurs chinois, mais aussi d’Emirates, de Korean Air ou de Etihad, avec de liaisons futures vers Kuala Lumpur, Amman (Jordanie), et un second terminal qui s’achève…

À coups d’investissements de l’Etat central, la ville tente de se faire un nom dans les événements internationaux, lançant ou préparant cette année son Aircraft Industrial Base, sa Silkroad commodity fair (30 juin – 3 juillet), ou sa Smart-City Infocus 2016 programmée pour septembre en collaboration avec le groupe ZTE.

Le projet central est la World muslim city (« ville mondiale musulmane »), genre de parc à thème mahométan sur huit hectares, qui aura coûté 3,15 milliards d’euros à l’achèvement des travaux en 2020. Il reproduit à l’identique des emblèmes du monde islamique telle la mosquée bleue d’Istanbul, le Taj Mahal indien (ancien palais d’un maharaja musulman), ou un « palais doré » issu de l’imaginaire des Mille et Une Nuits – le célèbre roman inspire aussi un spectacle son et lumière mettant en scène « Afanti », la réplique chinoise d’Alibaba.  Nombre de restaurants offrent des spectacles danses du ventre et pour quelques dizaines de yuans, on peut louer un costume traditionnel islamique, djellaba ou sarouel pour les hommes, abaya pour les femmes –longue tunique voilant leurs corps du cou aux poignets et aux chevilles. Mais le Niqab (voile intégral) est interdit.
En dépit des mosquées vibrantes de ferveur– y compris celles réservées aux femmes, avec des imam féminins, une spécificité chinoise – l’investissement vise une relation laïque, en évitant tout accent religieux. Le Palais des Congrès (cf photo) est là pour les affaires, dont le haut lieu est le Salon sino-arabe, tenu chaque année depuis 2010.

Autre investissement public : ces zones industrielles flambant neuves, tel le Parc Halal de Wuzhong à une heure de route de la capitale provinciale. Ici, les subventions pleuvent sur les PME alimentaires, pourvu qu’elles inscrivent sur leur produit l’inscription « halal », c’est-à-dire, conforme aux normes rituelles du Coran. L’ambition chinoise est de prendre sa place sur le marché alimentaire islamique global –1,6 milliard de consommateurs et de réparer une étrange anomalie. De Tunis à Medina, on achète tout chinois, du vélo à l’ampoule électrique – tout, sauf l’alimentaire.
Et pourtant, ce marché mondial halal est promis à la plus forte expansion à court terme : d’un chiffre d’affaires de 1100 milliards de $ en 2015, il doit passer à 1600 milliards en 2018-  du fait de la démographie et de l’enrichissement rapide de ces pays. Mais de ce pactole, la Chine ne reçoit que 0,1%, contre 5% à la minuscule Malaisie. Zhang Zhongyi, patron du second groupe halal de Yinchuan, expliquait dès 2014 : « si nous parvenions à nous implanter à la Mecque, nous pourrions obtenir la confiance de tout l’Islam »…
Mais le problème est bien là, dans la méfiance latente. D’ailleurs, pour être clairs, la « World Muslim City » de Yinchuan, elle-même, ne parvient guère à attirer davantage que les diplomates et industriels des nations islamiques invités ou subventionnés par la Chine : la colle ne prend pas.

La raison demeure une mauvaise image. Sous l’angle du halal, la certification locale ou nationale demeure contestable. Un scandale a fait beaucoup de dégâts à Xi’an en 2012, où 18 tonnes de viande de porc avaient été saisies, parfumées et vendues pour du bœuf. Des abattoirs de volaille procèdent de même, sans respecter le rite prescrit par le Coran.

Le plus important reste la nervosité des administrations locales qui tentent de régenter l’accès aux mosquées et la pratique du Ramadan – le jeûne est limité réglementairement à une fraction des fidèles, et interdit aux autres (cadres, enseignants, mineurs…). Partout dans le monde musulman, la Chine se retrouve barrée, dans sa propre campagne de séduction, par ses tracasseries auprès de 23 millions de fidèles de Mahomet. L’opération de charme trouve ici ses limites : il est difficile pour un monde musulman, de croire aux appels souriants d’un régime qui se trouve être athée par ailleurs, voire hostile à sa foi.


Portrait : Le Mime Bizot, précurseur en Chine
Le Mime Bizot,  précurseur en Chine

A l’âge de 8 ans, un spectacle du Mime Marceau, éveilla la vocation de Philippe Bizot. Plus tard  à 18 ans, ce fut Jean-Louis Barrault, l’inoubliable Baptiste dans « Les Enfants du Paradis » (de Marcel Carné) qui  confirma sa passion, et le mit sur les rails—sur scène. Deux ans plus tard, à 20 ans, il remportait le Concours international de Pantomime de la Ville de Paris puis commençait à faire des tournées  à travers le monde entier.

Le Vent de la Chine : Philippe Bizot, comment êtes-vous arrivé en Chine ?

Depuis 40 ans, je traîne mes ballerines et mon maquillage blanc à travers les cinq continents, entre Togo et Congo, Mexique et Bolivie, Pakistan et Chine. À chaque étape, je me penche sur les arts scéniques locaux, mais aussi sur la manière de vivre et les expressions de visage. Pour moi, le mine est un langage sans paroles : depuis toujours, je m’efforce  de le transmettre et de l’enseigner. Je l’utilise même comme thérapie à divers maux, tels surdité, mutisme, autisme ou dépression.

Avec la Chine, le rapport s’est avéré exceptionnel. Dès mon enfance, j’ai été fasciné par cette terre d’Extrême-Orient, son peuple et ses rites. En 1984, lors de ma première visite, j’ai découvert l’Opéra de Pékin et passé beaucoup de temps à observer le travail des acteurs chinois, leur gestuelle, la symbolique très élaborée des costumes et des fards. Depuis, je suis revenu une douzaine de fois. J’ai eu la chance de rencontrer  Wang Xiang, un médecin-dentiste qui, ayant fait fortune, avait décidé de créer son propre théâtre de poche, le Penghao, dans le quartier de Nanluoguxiang à Pékin. Son objectif était de mettre à portée des locaux des spectacles d’avant-garde et de contribuer à réintroduire dans la ville une certaine liberté de création artistique. Très bientôt, Wang me proposa de venir me produire sur sa scène,  presque chaque année. Ceci m’a permis chaque fois d’enchaîner sur des tournée en province, entre Shenyang, Qingdao, Shanghai et bien d’autres.

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Le VdlC : Vous lancez à Pékin « Yuan’En », la première école chinoise de pantomine … Pouvez-vous nous en dire plus ?

Avec Émilie Kong, diplômée de Sciences Po Paris et Zhang Yang, son mari cadre dans un très important fond d’investissement privé, nous avons obtenu le financement pour un centre artistique d’aide à l’enfance. Yuan’En, école privée dirigée par Emilie se consacre à l’expression des arts scéniques, danse, cinéma, théâtre et mime. Elle est la seule et la première à enseigner le mime en Chine qui, jusqu’à présent, en ignorait tout. Installée  dans deux cours carrées en plein cœur de la vieille ville, notre école vise, à travers ces arts, à faire découvrir à l’enfant, sa sensibilité propre, sa personnalité et sa gestuelle, et ainsi à lui donner la clé de lui-même.

Le VdlC : Avec quel succès ?

Dès l’ouverture en avril 2016, 11 écoles pékinoises se sont inscrites pour des stages réguliers. Puis nous nous sommes vite aperçus que les blocages des enfants étaient presque toujours liés à l’incapacité de communiquer des parents, fléau qui cause en Chine un conflit de générations. Aussi Yuan’En travaille aussi avec les parents, à travers tous ces modes d’expression qu’il enseigne.

Le centre s’apprête aussi à lancer son mini-studio de cinéma pour saisir le travail des enfants – le premier film sera pour juillet. Ses émissions sont commandées par diverses chaînes publiques et privées de télévision.

Le VdlC : Comment abordez-vous ces enfants de culture si différente ? 

Je dois d’abord créer les conditions nécessaires : les parents doivent quitter la salle, pour couper les enfants d’une relation d’autorité familiale et collective. Ceci débloque l’imaginaire. Puis j’observe les enfants, je suggère à chacun un jeu à lui, mais sans rien imposer, me contentant de lancer des pistes.
Je ne joue jamais devant les enfants : ils doivent devenir eux-mêmes, pas un clone du Mime Bizot. Dans une classe, pour 24 petits, sur un même thème proposé, je recevrai 24 interprétations différentes.

Le VdlC : Quels autres projets avez-vous ?

Il y a en Chine une immense demande en pédagogie. J’ai été sollicité pour former les éducateurs de 20.000 garderies, pour tourner des films pédagogiques… J’interviens aussi dans des ateliers pour adultes. J’achève la rédaction de deux livres.

Le VdlC : Avez-vous pour nous une anecdote marquante ?

Quelle que soit la tranche d’âge, quand je travaille avec des gens, il faut qu’on arrive au fond du sujet, à de l’authentique, sortant du convenu, à du vécu, doublé d’émotions. C’est difficile, mais on y arrive toujours. J’ai reçu des patrons d’entreprises chinoises, habitués à arborer face au personnel  un masque impersonnel d’autorité. Dans ce cas, pour trouver la clé de l’émotionnel, je leur demande 10 mots de référence sur leur enfance. Alors, quand sortent ces mots et qu’ils se revivent les souvenirs de leur passé, je les vois souvent se déconstruire, parfois se mettre à pleurer. Une fois, l’un d’eux m’a dit : « le dos de papa ». Quelle image magnifique, pour qui connait la Chine ! Le petit est à bicyclette derrière son père, protégé, en route vers l’école… et 30 ans plus tard, l’image vit toujours en lui, cachée, mais aussi pure qu’au premier jour.


Spatial : Un mois sur orbite

Toujours plus fort, la Chine s’implante dans l’espace, avec des intérêts divers (commerciaux, militaires) à cultiver sur le long terme.
Le 25 juin depuis sa nouvelle base de Wenchang (Hainan), elle lançait une mission de 3 cosmonautes pour 6 jours, à bord du nouveau lanceur, le Long March-7 de 53m de hauteur. Le géant avait été acheminé par mer depuis Tianjin – vu sa taille, il n’aurait pas pu voyager par train ou camion comme ses prédécesseurs. Fait nouveau, des milliers de curieux étaient admis à vivre l’événement, à distance respectueuse du pas de tir.
Parmi ses objets satellisés figurait Tianyuan-1, vaisseau conçu pour faire le plein des autres satellites. Sous microgravité, Tianyuan-1 a rempli 3 réservoirs de 60kg de carburant, assez pour un an. Ceci prolongera la durée de service du satellite, assurant à l’exploitant, dans le cas des télécommunications, 15 millions de $/an par unité. Un autre « passager » était l’Aolong-1, doté d’un bras articulé pour récupérer les débris spatiaux. Projet « vertueux », mais peu réaliste vu l’immense nombre des pièces flottant autour de la Terre. Sauf s’il doit être utilisé, comme l’en soupçonne la NASA, à neutraliser les satellites étrangers, en cas de conflit.
Le 29 juin, dans une autre mission, la CASC (China Aerospace Science & Technology Corp), contracteur du programme spatial lançait secrètement le Shijian-16, satellite de recherche furtive, sur basse orbite.
D’autres projets à finalité militaire suivront, tel ce satellite de communication quantique, aujourd’hui sur les routes vers la base de Jiuquan (Mongolie Intérieure), destiné à tester dans l’espace un réseau de quantum. Cette technologie, inventée par Einstein, fait à travers le monde des progrès rapides – la naissance d’un ordinateur quantique est proche, d’une puissance inégalée capable de « craquer » tout système de cryptage. Dans l’espace, le téléportage quantique de données offrira en principe le premier système de communications 100% inviolable : en cas d’interception et de tentative d’analyse, la donnée et son vecteur s’autodétruisent.  Le 3 juillet dans le Guizhou, l’Académie chinoise des Sciences (CAS) mettait la dernière main à son radiotélescope FAST (180 millions de $) de 500m de large, le plus grand du monde, pour l’étude des pulsars, des quasars, ainsi qu’à la recherche de messages intelligents extraterrestres…
2016 enfin s’achèvera sur le lancement d’un laboratoire spatial, Tiangong-2, que viendront habiter deux cosmonautes pour un mois : année charnière, année cruciale !


Environnement : Crues – le pire évité

Comme chaque été, les crues sont au rendez-vous. Mais cette année, un effet el Niño exceptionnel augmente de 50 à 80% les précipitations sur le moyen cours du Yangtzé, faisant craindre la catastrophe. Au 6 juillet, des dizaines de millions de personnes étaient affectées dans 11 provinces du Centre et du Sud entre Anhui, Hubei, Jiangsu et Guangxi, qui recensaient 186 morts, 45 disparus, 56.000 maisons et 300.000 hectares d’emblavures détruits, 1,9 million d’ha  endommagés. Par millions, poulets, bœufs ou porcs (cf photo) sont noyés. Au total, les dégâts s’élevaient à 38 milliards de yuans. A Wuhan, le 6 juillet, le niveau d’alerte de 27,3m était dépassée de 20cm – il devait atteindre 27,8m le 8 juillet, sous l’effet de Nepartak, 1er typhon de l’été. 43 rivières avaient également atteint le seuil d’alerte.
Cette tension rappelle le précédent de 1998 où les inondations avaient fait « 3000 » morts — plus probablement bien plus, l’Etat ayant volontairement minimisé les pertes. 240 millions de personnes avaient été touchées, dont 15 millions restées sans feu ni lieu. Les crues avaient causé pour 30 milliards de $ de dommages. Suite aux ruptures de digues de terre (dont les arbres avaient été coupés par les paysans), Shanghai avait été menacée durant trois jours. Le Premier ministre Zhu Rongji par la suite, avait tonné contre le mauvais travail des administrations locales, et contre leurs digues « de tofu ».
Paradoxe : à 341 mm en moyenne nationale depuis janvier, les précipitations sont 21% plus fortes qu’en 2015 à même époque, et 5% de plus que lors du désastre de 1998. Pourtant, les dégâts seront bien moindres. C’est en partie dû à la chance : ces pluies sont mieux réparties dans le temps (débutée plus tôt, et plus courtes), et étalées sur de plus larges surfaces. Surtout, la Chine s’est mobilisée depuis mars, sous les ordres de Wang Yang, le vice 1er ministre commandant en chef du contrôle des crues. Wang a fait préparer dans chaque district à risque les engins de levage, les sacs de sable, et multiplier les simulations d’alerte.
En outre de 1998 à 2002, l’Etat central a placé 2,5 milliards de $ dans le renforcement des digues, qui ont été reboisées. Et les réservoirs, de construction récente, sont efficaces contre les crues : celui des Trois Gorges peut à lui seul retenir 200.000 milliards de m3.
Pour autant, la leçon de 1998 n’a pas été retenue à 100% : à Wuhan, plusieurs banlieues inondées, datant de moins de 10 ans, ont été bâties sur d’anciens lacs qui ont été drainés, privant la nature de ses réservoirs naturels. Sur les 127 lacs recensés dans les années ‘80 à Wuhan, il n’en reste plus que 38. Signe clair que l’âpreté au gain, dans cette ville, a primé sur la sécurité.


Hong Kong : La saga des libraires rebondit

À Hong Kong, Lam Wing-kee (cf photo) est l’un des 5 libraires enlevés en 2015, probablement en rétorsion à la publication de livres licencieux compromettants pour les hauts leaders, dont le Président Xi Jinping. De longs mois plus tard, ils réapparaissaient un à un, affirmant contre toute vraisemblance être passés en Chine « volontairement » pour coopérer avec la justice. Tous, sauf Lam, qui mi-juin, convoquait la presse hongkongaise pour dénoncer une « unité spéciale centrale d’enquête », responsable de son kidnapping et de sa détention 8 mois à Ningbo. Le libraire infirmait la théorie officielle qui innocentait l’Etat chinois d’un accroc au principe d’autonomie garanti à Hong Kong jusqu’en 2047, « un pays, deux systèmes ». Or ce déballage par Lam, passe mal en Chine. Le 6 juillet, la police de Ningbo accusa Lam d’avoir « violé les termes du sursis », et le menaça d’un rapatriement forcé.
En fait, le dialogue avait été entamé plus tôt entre les deux gouvernements, juste après les révélations de Lam, pour tenter d’enrayer la bombe. D’abord présenté comme une « remise à jour  de l’instrument de notification », ce dialogue laissait place à d’autres péripéties.
A Hong Kong, Lam s’estimant en danger, demandait la protection publique. En Chine, la TV présentait un reportage des « largesses » octroyées  au détenu, ainsi que l’aveu filmé de ses fautes, parmi lesquelles l’encaissement avec ses collègues de 50.000€ de recettes des livres incriminés.
Puis le 6 juillet, une confrontation se tenait à Pékin entre Rimsky Yuen et Lai Tung-kwok, ministres hongkongais de la Justice et de l’Intérieur, et Guo Shengkun, leur collègue à la Sécurité publique. Les deux ministres hongkongais rejetaient alors la demande de Guo de déportation du libraire bavard. « Hong Kong ne dispose pas », déclarait Lai à son retour, « de mécanisme légal permettant l’extradition » vers la Chine.

Ceci ne signifie pas forcément que le gouvernement du « Rocher » souhaite refuser la demande de Pékin. Mais Hong Kong reste géré sous ses lois et l’Etat de droit, avec sa presse « semi-indépendante ». Sous droit local, Lam ne peut être incriminé de quelque faute qu’il soit – la publication de livres n’est pas un délit.

Déporter le libraire pourrait donner envie à d’autres de ses concitoyens de faire leurs valises, et provoquer un désaveu de l’opinion locale vis-à-vis de leur gouvernement. Écartelé entre le respect de son système légal et les requêtes de Pékin, le pouvoir de Hong Kong a dû opter pour la première voie – question de rapport de forces…


Aviation : « La joufflue »,  dernier-né de l’aviation chinoise

Fin juin, le Y-20, dernier-né de l’aéronautique chinoise, portant le nom de Kunpeng (鲲鹏), oiseau géant mythique, et volant sous le sobriquet de « la joufflue », entrait en service. D’une longueur de 47m pour une envergure de 45m, ce quadriréacteur  du groupe AVIC, (Xi’an) annonce une charge utile de 66 tonnes, supérieure à celle des rivaux européen A400M (37 tonnes) ou russe Il-76 (50 tonnes), ce qui lui permet de transporter un char d’assaut « 99 », le plus avancé de l’APL, avec 15 tonnes de troupes et d’équipements.
Son autonomie de vol est également compétitive : 7800 km à mi-charge, lui permettant de relier Pékin à Djibouti où la Chine a sa base en Océan Indien (pour des missions anti-piraterie maritime et pour ses contingents de casques bleus). A pleine charge, il peut faire 3700 km jusqu’au Tibet – un territoire où la Chine peut souhaiter envoyer parfois des forces de déploiement rapide. L’appareil fonctionnera en évacuation urgente de travailleurs chinois bloqués en zones à risque, tel le Proche-Orient. L’Y-20 pourrait aussi servir dans les pays voisins « à leur demande », dans un cadre de lutte anti-terroriste, permise par une loi votée cette année.
Les réacteurs sont fournis par la Russie — la Chine ne disposant pas encore de l’autonomie dans cette technologie de pointe. Par contre, sous réserve d’inventaire, elle s’apprête à remplacer dès 2020 ces moteurs par des turbo-fans de production locale (du type de ceux du A400M), presque aussi rapides et moins gourmands en kérosène, permettant ainsi de gagner en portance. Dans ses lignes et son aspect extérieur, le Y-20 apparaît inspiré de l’américain C-17, qui a cessé d’être produit l’an dernier. Il est plus petit, et donc de charge utile moindre – le C-17 lui, transporte 77,5 tonnes.
En revanche, cet avion chinois a été en partie réalisé à l’imprimante 3D, permettant d’accélérer sa sortie. Et son automation, selon le chef dessinateur Tang Changhong, promet de nombreuses déclinaisons pour couvrir les besoins versatiles de cette immense armée—tel par exemple le rechargement en carburant de chasseurs-bombardiers en vol. 
AVIC promet «  2 à 3 douzaines » de Y-20 sortis d’usine sous 2 ans, et durant le cycle de vie du modèle, jusqu’à 1000 appareils – dont peut-être une partie à l’exportation.


Petit Peuple : Shangrao (Jiangxi) – l’appel de la forêt

A Shangrao (Jiangxi), Pan Tufeng, 38 ans, et son épouse Yuan Dan 40 ans, issus de familles paysannes aisées, ont choisi un métier en lien avec leur passion : la vente de miel, qui les force – douce contrainte – à arpenter la Chine, par monts et par vaux, en quête d’abeilles et de leur suc.

Peu à peu, la passion de la marche à pied prit chez eux le pas sur le métier. Ils réalisèrent que le miel sauvage, produit tendance, se vendait bien plus cher que celui d’élevage. Une fois le miel centrifugé et mis en jarres, la cire et la propolis fondues en lingots et la gelée royale protégée en chambre froide, rien ne les retenait à Shangrao ! Auparavant, ils tenaient en famille un magasin, mais étaient passés au virtuel il y a quelques années déjà, avec une boutique en ligne. La publicité, les commandes se faisaient auprès d’une clientèle d’aficionados. Et durant leurs expéditions aux confins du Yunnan et du Guangxi, leurs parents étaient là pour poster les colis.

De novembre à avril, saison morte – où les abeilles cessent de butiner et se mettent en hibernation – ils repartaient en gamberges transrégionales, par pur plaisir cette fois, sans l’excuse de quête de miel. En 2012, ils commencèrent à emmener Ping Ping, leur fils de trois ans. En deux ans, tous les trois, ils gravirent et descendirent des milliers de kilomètres de côtes et de pentes du Guangdong, du Shandong, et des provinces frontalières du Laos et du Vietnam. En 2014, quand Ping Ping eut l’âge de rentrer à l’école, Yuan Dan fit une pause pour le soutenir en cette étape cruciale de sa vie.

Puis au printemps 2015, ils reprirent leurs bonnes habitudes—cette fois avec Wen Wen, leur nouveau- née que Pan était anxieux de prendre en main afin de lui révéler toutes ces merveilles de la nature hors du faux semblant de la ville. Selon lui, cela l’endurcirait et lui permettrait d’apprendre à mieux apprécier ce qu’elle aurait dans la vie, et de ne rien prendre pour acquis. A peine eut-elle 15 mois qu’ils partirent pour le Yunnan, en mission de collecte de miel d’altitude, aux essences rares, miel de pin ou des montagnes.

Au début, la petite ne portait rien – c’étaient eux qui la prenaient sur les épaules au bout de quelques kilomètres. Une fois adaptée, elle reçut son petit sac à dos avec son rechange. Au début, quand venaient les ampoules, elle pleurait et parfois s’asseyait sur la piste, refusant de faire un pas de plus. Mais alors ses parents, une fois vidé leur sac de persuasion, repartaient, faisant mine de la laisser sur place. Quand ils avaient disparu, elle n’avait d’autre option que de se relever et de courir pour les rattraper, ravalant ses larmes.

Au village, ils s’arrêtaient 3 jours au moins. La journée, ils repéraient les ruches suspendues aux branches des arbres ; ils les gaulaient, puis trouvaient refuge sous un filet pour éviter les attaques de l’essaim—mais impossible d’éviter quelques piqûres, prix à payer pour pouvoir serrer dans un sac étanche leur précieux butin de rayons de miel. Même piquée, Wen Wen ne pleurait jamais, à ces instants critiques : elle sentait la responsabilité sur ses épaules, de ne pas attirer le danger pour tous.

 Le soir, ils vivaient de l’hospitalité locale, écoutant les paysans se raconter dans leur sabir inintelligible, mangeant à la fortune du pot, dormant dans leurs maisons de bois sur pilotis, au dessus du bétail. Souvent, traquant les ruches sauvages sur des sentes perdues, ils dormaient sous la tente, buvaient l’eau des torrents et dînaient de crosses de fougères ou de champignons qu’ils cueillaient et préparaient au coin du feu. La petite couvait d’un regard émerveillé ces travaux des parents, grands sorciers aux pouvoirs magiques.

De la sorte à 4 ans révolus, Wen Wen a arpenté une douzaine de provinces, avec son sac et son petit bâton de marche. En ce moment-même, elle crapahute au Sichuan sur la route du Tibet – 2000km qu’ils avaleront en trois mois à travers ces chemins parsemés de falaises et ravines, fourmillant de gibier—et de ruches. Un petit peu envieux, Ping Ping, l’aîné, est resté à la ville, emmené à l’école chaque matin par les grands-parents. Tous les trois lui téléphonent chaque jour.

A force, ce style de vie si atypique a attiré l’attention des media : avec ses voyages et sa « plus jeune marcheuse de la République Populaire », cette famille hors norme tutoie familièrement bien des jugements de valeur conformistes du pays. Mandarin à l’hôpital provincial, spécialiste des « traumatismes sportifs », le docteur Li Hongbo émet ce pontifiant verdict : ces 5 heures de marche quotidienne risquent d’entraver la croissance osseuse de Wen Wen. Les parents répliquent en montrant leur fillette, éclatante de santé. L’absence d’école maternelle serait aussi mauvaise pour son mental, la privant du contact avec des enfants de son âge. Mais Yuan répond que la petite ira à l’école primaire en 2018, et que Ping Ping, après 3 ans de marche, rapporte à la maison des notes pas moindres que ceux ayant suivi le cursus normal.

Enfin le principal reproche est celui que l’on ne dit pas : priver Wen Wen d’école maternelle, c’est aussi l’isoler du creuset des valeurs du régime, du socialisme, du patriotisme. Mais à cela, les parents ont une réponse fière : la plus belle valeur est le libre-arbitre, qui s’apprend à l’école du vent, des arbres et des monts.

28% des internautes sondés sont entièrement d’accord avec Pan et Yuan. Ils les soutiennent et refusent de voir en eux des « parents-tigres » (ultra-autoritaires et portés sur le châtiment), et ils rêvent de les suivre dans cette vie si libre. Un internaute résume leur pensée, en conclusion, par ce proverbe vieux de 1000 ans : « lire 10.000 livres et marcher 10.000 li »  (读万卷书, 行万里路, dú wàn juǎn shū, xíng wàn lǐ lù


Rendez-vous : Semaines du 18 juillet au 4 septembre 2016
Semaines du 18 juillet au 4 septembre 2016

13 juillet, Pékin : EU-China Business Summit, et Sommet politique EU – Chine (avec le Premier Ministre Li Keqiang et le Président de la Commission Européenne Jean-Claude Junker)

aluminiumchina12-14 juillet , Shanghai : ALUMINIUM China, Salon asiatique de l’aluminium

12-14 juillet , Shanghai : LAUNDRY Expo, Salon international de l’industrie de la blanchisserie

12-14 juillet, Shanghai : China DIECASTING, Congrès international et Exposition dédiés au moulage sous pression

13-15 juillet, Shanghai : China BEVTEK, Salon international des boissons, procédés de fabrication et technologies

13-15 juillet, Shanghai : PROPAK China, Salon spécialisé dans la transformation alimentaire et l’emballage

14-16 juillet, Chengdu : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique

16-19 juillet, Qingdao : China International STONE Fair, INTERBUILD, Salon international de la pierre et des matériaux de construction, et Salon du bâtiment

chinawedding21-24 juillet, China WEDDING Expo, Salon du mariage

22-23 juillet, Urumqi (Xinjiang) : ICE Xinjiang, Salon international des engins et machines de chantier

22-23 juillet, Urumqi (Xinjiang) : Salon international de l’industrie minière en Chine (Xinjiang)

23-24 juillet, Chengdu : G20, Ministres des Finances et Gouverneurs de Banques Centrales

2-3 août, Xining : China Green Finance and Investment Summit, organisé par Euromoney

3-5 août, Qingdao : INDUSTRIAL EQUIPMENT Fair, Salon pour les équipements industriels

3-5 août, Qingdao : PLASTIC & RUBBER Expo, Salon pour l’industrie des plastiques et du caoutchouc

8-10 août, Urumqi (Xinjiang) : CXIAF, Salon international chinois de l’Agriculture

11-14 août, Tianjin : IEME, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil

17-19 août, Shanghai : CIHIE – China International Health Care Industry Exhibition, Salon international de l’industrie de la Santé

greenfoodorganic17-19 août, Shanghai : China Green Food, Organic Food, Salon international de l’alimentation bio

17-19 août, Shanghai : SBW Expo, Salon international de l’eau potable et à l’eau de source en bouteille

18-20 août, Shunde : Salon international de l‘électroménager

18-21 août, Shanghai : Shanghai PET Fair, Salon des animaux familiers

23-25 août, Shanghai : CIOOE, Salon international du pétrole et du gaz offshore

cippe23-25 août, Shanghai : CIPPE, Salon international du pétrole et des technologies pétrochimiques et de leurs équipements

23-25 août, Shanghai : CISGE, Salon international des technologies et équipements liés à l’exploitation du gaz de schiste

23-25 août, Shanghai : CTEF, Salon international des équipements et procédés chimiques

24-26 août, Shanghai : CONTROL China, Salon professionnel international de l’assurance qualité

24-26 août, Canton : GCE – GLASSTEC Expo, Salon international du verre, matières premières, technologies et machines

24-26 août, Shenzhen : ELEXCON, Salon chinois de la Hi-Tech et de l’industrie électronique

31 août – 2 septembre, Shanghai : BWT Expo / UWT Expo, Salons de la gestion et du traitement de l’eau

G20Hangzhou4-5 septembre, Hangzhou : 11ème Sommet du G20