Le Vent de la Chine Numéro 18 (XX)
Ces temps-ci, les leaders alternent les signaux optimistes et pessimistes sur l’état de l’économie, créant un climat aussi changeant que celui du ciel de Pékin. Le 23 avril, à Quanzhou (Fujian), Li Keqiang, 1er ministre, avoue que le sort du textile lui fait perdre le sommeil. Le lendemain à Tsinghua, Lou Jiwei, ministre des Finances, estime à « moins de 50% sur 5 à 10 ans » les chances d’éviter que la classe moyenne ne souffre d’une trop faible croissance de PIB. Mais le 28 avril, pour un sondage américain, 500 investisseurs chinois se déclarent confiants à 94%, tandis que la bourse de Shanghai grimpe de 16% au 1er trimestre 2015, après 58% au second semestre 2014.
Mais les faits sont têtus. McDonald’s ayant perdu 11% de revenus au 1er trimestre (à 5,95 milliards de $) s’apprête à fermer des dizaines de restaurants. 190.300 conflits de travail (+16,8%) frappent 275.600 actifs (+24,8%) : c’est le « chômage invisible » non repris dans les statistiques. Le Ministère des Ressources humaines admet 3,24 millions de jobs créés depuis 3 mois, 200 000 de moins qu’un an avant. Les pertes se concentrent entre Dongbei et Shanxi, coincés entre le recul de l’embauche et celui des demandeurs d’emploi. Symptomatiquement, les migrants ne vont plus chercher « du boulot » à Pékin, Shenzhen ou Shanghai, mais dans les villes secondaires comme Chengdu, Xi’an ou Shenyang, où les chances sont meilleures.
Les ronds-de-cuir démissionnent des
banques et administrations (12 à 34% du personnel). Fuyant les réductions salariales, pertes d’avantages et contrôles financiers, ils trouvent refuge dans le
privé, plus calme et mieux payé. Le même désamour frappe les candidats à la
fonction publique.L’Etat serre la vis des sorties de capitaux : la
SAFE, tutelle des devises, constate une fuite géante, de 8,2 milliards de $ en janvier, à 66 milliards en mars ! Ce sont les
banques, qui préfèrent sortir leurs fonds plutôt que de les prêter en obligations locales, selon le plan de l’Etat en mars pour éponger 2,6 trillions de $ de dettes municipales – augmentées de 50% en 22 mois.
Aussi Li Keqiang en vient à faire ce qu’il ne voulait pas : faire marcher la planche à billets. Un nouveau mécanisme d’
emprunt public se met en place, inspiré du refinancement à long terme des dettes des Etats membres par la
Banque Centrale Européenne : les banques souscrivant ces bons provinciaux, pourront les hypothéquer auprès de la
Banque Centrale chinoise contre des bons du trésor à trois ans, à bas taux. La BPdC et Li Keqiang espèrent ainsi pouvoir inciter les banques à prêter ces crédits tous frais, aux
PME. Tandis que les crédits propres des Banques, à taux réduit, allégeront la charge de leur dette et leur donnera trois ans pour mettre leurs dépenses en ordre.
D’autres actions accompagnent ce plan : un train de coupes aux
taxes à l’importation de produits de grande consommation (cosmétiques, habillement). Mais à nouveau, on entend Li Keqiang tonner contre les cadres qui compromettent ce plan en le freinant. Enfin, se poursuivent les grands travaux des secteurs stratégiques : énergies renouvelables, santé, environnement, 3ème âge, GNL et mines…
Avec ces injections de vitamines, Pékin espère tirer du lit le malade Chine. Le problème : quand commence le grand chantier de la taxation et du crédit, le démantèlement des privilèges des nantis, toujours reporté ?
Il a belle allure, ce Solar Impulse 2, sous son hangar à l’aéroport international de Nankin (Jiangsu), avec ses 4 moteurs électriques, son aile de 72m en fibre de carbone, plus large qu’un Boeing 747, mais ne pesant que 2,3 tonnes (dont 30% de batteries).
Ce géant de l’hyper léger, projet suisse, parti le 9 mars d’Abu Dhabi, pour un tour du monde, en solitaire, en 12 étapes, a fait escale à Nankin, après Chongqing, le temps d’une révision des 150 heures et de présentation aux autorités politiques et scientifiques.
Le message des pilotes suisses Bertrand Piccard et André Borschberg, premiers promoteurs de cette grande aventure, est clair : l’objectif n’est pas de commercialiser un tel prototype, mais de sensibiliser le public tout au long de son périple, aux énergies renouvelables.
Les technologies développées par l’équipe et les matériaux composites, peuvent être les vecteurs d’une économie décarbonisée du futur. Si leur utilisation se développait à travers la planète, ils réduiraient de moitié l’empreinte carbone, repoussant ainsi la menace du réchauffement climatique.
La Chine aura droit à la visite la plus longue du SI 2 (prolongée par les aléas météo) : 5 semaines au moins. Pour les organisateurs, cette priorité est justifiée par les très lourdes émissions de CO2 en Chine (30% du total mondial), mais aussi par l’évidente volonté du pays de s’en sortir—un pays en passe de devenir n°1 des énergies renouvelables.
Sur les flancs de l’appareil, en plus de sponsors tels Schindler, Solvay, ABB ou Omega, est cité l’auteur technique du SI 2, la prestigieuse EPFL, école polytechnique fédérale de Lausanne.
Il y a des années, Piccard, 3ème d’une lignée d’explorateurs, avait lancé l’idée de SI, rejoint par Borschberg, ancien pilote de l’armée suisse. La mise au point des deux prototypes fut émaillée de problèmes inédits dans l’histoire de l’aviation.
Pour accumuler l’énergie solaire, le SI 2 doit voler de jour à 9500m, comme les vols commerciaux, mais sans pressurisation ni chauffage (problèmes résolus par respiration oxygène et combinaisons thermiques). Et de nuit, sur batterie, il doit descendre lentement à 4500m – 2500m, pour épargner l’énergie. Autre souci, le mental du pilote, seul à bord pour tout régler : navigation, repas, somme.
A terre, un centre de 40 personnes à Monaco détermine les « fenêtres de tir » (de beau temps annoncé sur tout le parcours) où l’avion peut partir, et trace le cap, guide le pilote, gère ses brefs temps de récupération (20 minutes tous les 3-4h), tandis qu’un stabilisateur de vol tient le cap.
Le 25 avril à Nankin, face à un parterre d’hôtes de marque, J.J. de Dardel, ambassadeur de Suisse, voyait dans SI 2 une « légende en train de naître », susceptible d’alimenter les rêves de la jeunesse de demain. Tandis que B. Piccard rappela l’intérêt vif des autorités chinoises pour le SI 2, telle la CAST, Académie nationale de l’aéronautique, déterminante pour l’obtention des permis.
A vrai dire, le soutien chinois n’a pas toujours été sans faille : l’aéroport de Chongqing a longtemps bloqué, peut-être du fait d’une administration soucieuse d’éviter de se faire remarquer, en pleine tourmente de la campagne anticorruption…
Le 5 mai, A. Borschberg, aux manettes du SI 2, repartira pour son vol le plus long, 5 jours et 5 nuits de traversée du Pacifique jusqu’à Hawaï.
Ce sera l’étape de tous les dangers et impondérables, tel le risque météo : à 120 heures de vol, la prévision devient aléatoire. Le risque principal est d’ordre biologique : toutes les bases de données médicales sont vides d’information sur la tolérance de l’organisme humain, confronté chaque 12 heures à une descente et à une remontée de 7000m, couplée à un régime de sommeil minimal.
A peine le SI 2 décollé, les 70 hommes de l’équipe partiront avec leur ATR-72 turbopropulseur, pour Hawaï où ils monteront la tente-hangar de protection.
Depuis le début de l’aventure, se sont succédé les incidents, tantôt tendus, tantôt drôles, telle cette approche finale sur Chongqing où Piccard, en avance sur l’horaire, avait dû faire demi-tour. Mais à 100km/h, le vent de face était si fort, qu’il faisait reculer le SI 2, en vitesse relative négative. Sentant quelque chose d’anormal, la tour de contrôle demanda au pilote : « quelle est votre vitesse ? » Réponse : « 20 nœuds négatifs » (38 km/h en marche arrière).
S’ensuivit un silence embarrassé du contrôleur qui trahit son désarroi par une question absurde, « Besoin d’aide ? » – comme si quiconque, en cas d’urgence, eût été en état de soutenir l’appareil à la dérive…
Qu’adviendra-t-il après ce tour du monde, du Solar Impulse 2 ? Est-il possible que l’équipe volontaire se disperse, laissant chacun passer à autre chose ? « Nous n’avons pas de projet arrêté, nous confie un membre, mais on y réfléchit ».
Une idée circule, plus folle encore : un nouvel avion à deux pilotes, pour un nouveau tour du monde – cette fois sans aucune escale !
Ce serait là le défi ultime, à exacerber les rêves de tous les aventuriers de la planète, et qui ouvrirait directement la voie à une technologie inimaginable, celle d’un « plus lourd que l’air », libéré du besoin de se poser !
Avec 1343 modèles exposés, 109 inédits et 209 de plus qu’en 2014 à Pékin, le
Salon de l’Auto de Shanghai 2015 donne l’image contradictoire d’un secteur à la croisée des chemins, entre la chevauchée tumultueuse du passé et une stabilisation déjà visible.
C’est le salon du 1er pays producteur et acheteur de voitures (23,5 millions en 2014). Les fans s’y pressèrent, sans se plaindre de l’absence des top-modèles, d’ordinaire là pour attirer les regards. Bannies du Salon 2015 pour cause de campagne d’austérité morale, elles protestaient dans la rue, feignant, par dérision, de tendre un bol à aumônes pour compenser leur emploi supprimé.
2014 vit s’effriter les ventes de voitures de luxe, (seulement 9% contre 13-15% en Occident), toujours au nom de cette longue campagne de frugalité. On voit se confirmer la popularité du SUV qui fait un bond, à +54% et 474.100 ventes en mars. Cet engouement exprime le besoin accru de sécurité, d’espace, et le plaisir de « dominer la situation » d’en haut.
Cependant l’engouement pour l’auto est désormais freiné : le « nouveau normal » vient réduire la vapeur.
De 14% en janvier 2014, la croissance a ralenti à 7% en décembre, et 3,9% en mars 2015. Et à ce niveau, il faut s’interroger sur le rôle négatif de la concurrence, qui force les griffes, surtout étrangères, à poursuivre une dangereuse course aux usines supplémentaires. Ford, vent en poupe (+9% de ventes au 1er trimestre) rachète Hafei (Harbin) pour 1,1 milliard de $, et bâtit à Hangzhou, créant 450.000 unités de capacité nouvelle, visant en 2017, les 1,8 million de ventes. Même boulimie chez Volkswagen qui pour 18 milliards d’€ en 4 ans, veut porter la production de 3,65 millions à 5 millions en 2019. General Motors aussi, met 16 milliards de $ pour « développer de nouveaux modèles ». Hyundai n’est pas de reste, créant au Hebei sa 4ème usine.
Tout ceci ne tient compte que des chiffres de vente d’il y a 18 mois. Aujourd’hui, toutes les grandes villes commencent à brider leurs immatriculations. Or après cela, quel marché restera-t-il ? Les villages ? L’export ? Le risque de surcapacité est grand !
Et c’est à ce moment qu’un autre phénomène inattendu, intéressant, s’esquisse : l’industrie allemande se met à patiner, comme victime de son succès. VDA, club des constructeurs allemands, prévoit pour 2015 des ventes chinoises à + 6%, moitié du score de 2014. VW commence à être régulièrement attaqué dans les média : par deux fois en mars sur CCTV, VW (mais aussi Mercedes-Benz et Nissan) a été accusé de surfacturer les pièces détachées et autres services inutiles, et d’ignorer sciemment des fuites d’huile sur certaines séries. En avril, Shi Tao, ex-vice-directeur de la JV FAW-VW à Jilin, écopait de la perpétuité pour 5,3 millions $ de pots-de-vin.
Daimler aussi est à l’amende (56 millions de $) en plein Salon (au moment le plus dommageable) pour entente sur les prix. Pékin semble ainsi se mobiliser pour enrayer la progression allemande et « sauver la diversité automobile » sur son sol. Pour sauvegarder ses 22% de parts du marché, VW explore des voies nouvelles, telle la voiture « low-cost et sympa », en symbiose avec Great Wall, plus à l’aise dans ce style…
À ce jeu de vases communicants, ceux qui devraient remonter sont les groupes depuis longtemps dans l’ombre, ayant mis le temps à profit pour créer leur réseau de vente et centres de R&D, à la recherche d’une image fraiche et originale. Geely, ayant racheté Volvo en 2010, booste la production en Chine, en Belgique, aux USA (usine projetée à 500 millions $). Il s’est offert les services de P. Horbury, designer britannique qui signe la berline GC9 aux élégantes références locales (avec dans l’habitacle les lignes du pont « demi-lune », et de la robe « qipao »).
À Shanghai avec Dongfeng, son actionnaire à 14% et partenaire, PSA ouvre un centre de R&D à 200 millions de $ ,dont 40% à charge de Dongfeng. C’est une première : jusqu’alors, les constructeurs chinois reprenaient les châssis du partenaire étranger. Disposant d’une solide image en design, finition et accessoires pour ses 3 marques (Peugeot, DS et Citroën), PSA a vu ses ventes augmenter de 32% l’an dernier, à 734.119 contre 637.682 en France, et construit aussi sa cinquième usine en Chine (capacité de 360.000 unités), pour viser les 1,2 million de ventes en 2020. Le concept-car Aircross de Citroën (cf photo), dévoilé au Salon, devrait sortir sous motorisation turbo, hybride voire sous « 5 à 8 ans » en version électrique.
Côté France toujours, tout arrive : après 20 ans de peine, Renault finit par ouvrir son usine à Wuhan, avec le soutien du partenaire Nissan. Il veut atteindre « 750.000 ventes » d’ici 2020, avec deux SUV à sortir en 2016.
Il ne faut pas négliger deux secteurs marginaux, à la fois « à la traîne et d’avenir » :
– les voitures hybrides ou électriques, où pas un groupe ne se permet d’être absent. Faute d’un réseau national, crédible de recharge, et de batteries performantes, et en dépit d’un régime de subventions, ce secteur n’a réalisé l’an passé que 75.000 ventes (3% du marché). Mais même ainsi, il doit dépasser cette année le n°1 mondial américain (95.000) moyennant le maintien, pour quelques années, de la subvention étatique de 20.000 à 55.000 yuans selon le modèle.
– De son côté, la « smart-car », voiture « intelligente » est annoncée par des géants de l’internet tels Tencent, Alibaba ou Baidu, mais sans un seul véhicule à vendre, ni fonction nouvelle réellement utile… Affaire à suivre au Salon de l’Auto de Pékin en 2016 !
Qu’est-ce-que le système de crédit social, en cours d’élaboration à travers le territoire national ?
Le 14 juin 2014, le Conseil d’Etat fixait discrètement le compte à rebours d’un « réseau national de crédit social », attribuant d’ici 2020 une note de valeur morale à toute personne physique ou légale. Fonctionnant comme un « permis à points social », la note se basera sur quatre critères d’évaluation : casier judiciaire, comportement de crédit, sur internet et « politique ». Dès 2017, une base de données centrale sera en place, (co-)alimentée par les citoyens (délation) et publique (consultable par des « ayant-droits » encore non spécifiés).
La raison de ce projet aux accents orwelliens est donnée par le site web de la CASS : « en quelques décennies, la société est passée d’un réseau de gens se connaissant, à une structure d’inconnus sans liens ». Selon Wang Shuqin, une des auteurs, ceci a précipité une dégradation des mœurs : « Aujourd’hui, 50% des contrats signés sont violés, et avec l’accélération de l’économie digitale, les gens ont besoin de connaître toujours plus vite la fiabilité de leurs partenaires ». « Quasi-prêt », le système permettra au patron d’écarter le candidat douteux, au banquier, l’emprunteur véreux, à l’agence touristique, le grossier personnage. Et avec un tel système, le citoyen sera amené à mieux respecter les « valeurs socialistes fondamentales ». Le but n’est donc pas uniquement politique (tenir en main le dissident pour asseoir le pouvoir du régime), mais aussi de reformater les citoyens à des valeurs civiques, par un contrôle mutuel : ce qui est nettement plus ambitieux et inquiétant.
Le système peut-il voir le jour, en ce pays dont la jeunesse vit depuis 20 ans en « liberté absolue, hormis en politique » ? Cela semble peu plausible, tant la société, corps tonique, cherchera à saboter le carcan. Autre incertitude : une civilisation peut-elle progresser, sans règles de « société civile » librement consenties ?
Ce qui frappe le plus en cette tentative utopique, est la référence visible à des racines antiques, confucéennes voire taoïste, comme le suggère le manuscrit « yi suan jing » (益算经,« sutra pour allonger le compte-dépôt de la vie », du 13ème siècle). Rendu techniquement réalisable par les nouvelles technologies, ce retour d’une volonté de « policer » la société, est la retrouvaille de deux systèmes de pensée à 2500 ans d’écart, une morale nationale antique et un Etat autoritaire.
Il exprime aussi l’effort un rien désespéré d’éviter la solution toute simple : l’école, les bonnes manières, apprendre dès le plus jeune âge à partager et vivre ensemble…
Il fallait y penser ! Durant six semaines, entre le 8 août et le 16 septembre 2008, lors des Jeux Olympiques de Pékin, suite aux efforts volontaristes et éphémères des autorités fermant centrales thermiques et usines, et imposant l’alternance des véhicules 1 jour sur 2, le ciel de la capitale s’était nettoyé de 43% de son habituel dioxyde d’azote, de 48% du monoxyde de carbone, de 60% du dioxyde de soufre et d’une proportion respectable de ses microparticules µ2,5.
Une équipe médicale sino-américaine, sous la direction de l’épidémiologiste David Rich (Université de Rochester, N.Y.) eut l’idée de se demander ce que donneraient au plan de la santé les nouveau-nés de 5000 Pékinoises à leur 8ème mois de grossesse à cette période d’atmosphère améliorée. L’enquête compara ce groupe, aux 83.672 nés au même endroit (districts de Xicheng, Haidian, Fengtai et Chaoyang) à même époque en 2007 et 2009.
Le résultat est fort édifiant : à 3,4kg en moyenne, les nouveaux nés des JO pèsent 23 grammes de plus que ceux ayant vu le jour sous la pollution d’août-septembre de 12 mois plus tôt, et plus tard.
« Certes, note Jim Zhang, autre chercheur de l’Université Duke, 23 grammes ne semblent pas grand chose, mais pour un nouveau-né, cela pèse lourd, surtout s’il est prématuré : à 1,5kg, cela peut faire la différence entre la vie et la mort ». En 2013, un quart des prématurés en Chine décédaient, comme 11 enfants de moins de 5 ans sur 1000.
La brève embellie du climat pékinois de 2008 avait par ailleurs apporté un autre bénéfice à la population adulte : en 2012, une étude médicale concluait que durant les mois suivant les Olympiades, les hôpitaux de la capitale avaient enregistré une baisse des cas d’accidents cardio-vasculaires, démontrant une amélioration de la santé cardiaque. Une donnée encourageante, et qui va dans le sens de cette autre étude américaine publiée en 2013, selon laquelle la pollution aérienne réduit en Chine du Nord, l’espérance de vie de 5 ans et demi.
L’équipe universitaire de Rochester l’admet, le lien scientifique, biologique entre pollution et baisse de poids du nouveau-né n’est pas connu. Mais l’on sait à présent que le déficit de croissance intra-utérine en Chine n’est pas imputable à la mère, mais à la qualité de l’air. « Et on sait aussi que ce phénomène est réversible », ajoute le professeur Rich : nettoyez l’air, et la santé de la population s’améliorera immédiatement.
Un message qui ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, ni au ministère de la Santé, ni à celui de l’Environnement.
Entra d’abord dans sa chambre d’hôpital, Qingye, belle blonde décolorée de 24 ans et propriétaire de la BMW à bord de laquelle s’est crashé son Roméo. Quoique son joujou ne fut plus qu’un tas de ferraille par l’imprudence du vaurien, elle se jeta au pied du lit, saisit avec effusion la main de l’emplâtré, ouvrit la bouche pour lui crier son amour et sa peur de l’avoir perdu, quand apparut dans l’embrasure un nouveau visage : Lihua, mannequin de 30 ans.
Apercevant sa rivale, elle s’écria : « Yuan Li, que fait cette créature à tes côtés ? » mais se retint de foncer sur l’intruse uniquement par souci de ne pas troubler le repos de l’amant en état critique. Lequel très pâle, avait profité de la confusion pour disparaître sous les draps et feindre la perte de connaissance.
Mais à son tour Lanping, comptable de 32 ans, pénétra dans la pièce, cheveux en bataille, indifférente aux ordres vains de l’infirmière. Bras chargés, elle prétendit déposer un garçonnet sur le lit, s’écriant : « Ciel, ton papa est vivant… embrasse-le ! ». Pour le blessé encore sous le choc opératoire, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase.
Emergeant des draps, s’écriant « je suis mort… en enfer ! », il agrippa frénétiquement la sonnette d’urgence, cria aux infirmières de faire sortir de suite toutes ces importunes. S’aidant du service d’ordre appelé à la rescousse, le personnel soignant parvint—non sans peine– à faire sortir les fiancées dans le couloir où, à leur stupéfaction, elles rencontrèrent une bonne dizaine d’autres prétendantes, toutes dans la même tranche d’âge de 20 à 40 ans, calquées sur le même modèle de beauté physique.
Les vigiles s’attendaient à un pugilat général entre toutes ces femmes pour défendre leur droit à l’homme alité. Deux d’entre elles commençaient d’ailleurs à s’invectiver quand s’interposa Qingye d’une voix de stentor, coupant court au désordre : « Stop ! Nous sommes ici toutes victimes, ne soyons pas en plus ridicules ».
En deux minutes, partant de son propre cas, elle expliqua comment elles avaient été dupées par un prédateur moins amoureux d’elles que du sexe, du pouvoir et du fric. A son discours, l’angoisse et les larmes disparurent des visages, laissant place à la colère, la raison revenue, la volonté de dignité et de se défendre. Toutes ressentirent la rage de témoigner.
Lanping s’était crue mariée – ils avaient fait un simulacre d’union, seul y manquait le passage au bureau des mariages. Hongye préparait ses noces, réservant robe blanche et salle de bal. Plus s’accumulaient les témoignages, et plus elles réalisaient l’absence d’empathie et le génie manipulateur de ce monstre, leur compagnon.
Dans le couloir, la troupe s’organisa. Sur proposition de Lanping, les 17 votèrent de laisser deux d’entre elles en faction devant la chambre pour bloquer toute velléité de fuite, tandis que 10 allaient déposer plainte à la police pour rupture de promesse de mariage, et extorsion de fonds.
Xiaomi se chargea d’ouvrir un compte WeChat collectif pour collecter les témoignages. De la sorte, en un tour de main, elles pigèrent le mode opératoire de Yuan Li, comment pour se les attacher, il leur empruntait de l’argent, peu ou beaucoup selon leurs moyens, les forçant ainsi à le revoir.
Comment s’y prenait-il pour ne jamais se trahir en se trompant de nom ? Il donnait à chacune un nom de code bizarrement emprunté au monde industriel ou politique, tel « commerciale », « secrétaire provinciale » ou « vérificatrice aux comptes ». Elles découvrirent ainsi sur les réseaux sociaux plus de 200 filles, à des degrés divers de conquête –qu’elles s’empressèrent d’avertir et de détromper. Enfin, cerise sur le gâteau, elles découvrirent qu’il avait falsifié le diplôme d’une université locale, lui qui n’avait pas le Gaokao (Bac), afin de devenir éligible à un emploi.
Entre temps, toute la Chine s’enflamma pour cette affaire au buzz irrésistible. Elle se divisa en deux camps, celui des féministes déterminées à combattre un certain sport de séduction machiste, et celui d’hommes éblouis d’admiration, qui s’adressaient au Casanova pour lui demander les ficelles du métier.
Finalement début avril, Yuan Li réussit à prendre la clé des champs, fuyant l’hôpital et ses harpies pour aller poursuivre sa convalescence en un lieu plus calme et sûr. Pour cette peu glorieuse retraite, il obtint une complicité inattendue : celle des policiers qui protégèrent sa sortie en panier à salade. Les pandores avaient pour cela un prétexte valable : c’était pour instruire l’enquête sur la plainte collective et sur son faux diplôme, en vue de deux actions judiciaires, dès que les juges seraient prêts.
Yuan Li semble donc perdu de réputation (身败名裂, shēn bài míng liè) auprès de ses admiratrices et au risque de se retrouver bientôt en prison.
Mais est-ce bien si sûr ? On apprend qu’une des filles, en secret, continue à lui apporter des liasses de billets roses – pour ses frais médicaux et d’avocat. Triste trahison, qui la désolidarise de la vengeance commune.
Mais allez savoir, c’est peut-être elle, lui apportant les oranges en prison, qui empochera la mise à la sortie : un Yuan Li assagi, prêt à jouer au mari modèle!
4-6 mai, Qingdao : Salon de l’industrie alimentaire
6-8 mai, Pékin : China Sign Expo, Salon international de la publicité
6-8 mai, Shanghai : DNA, Salon des produits nutritionnels
6-8 mai, Shanghai : IE Expo, Salon de la gestion et traitement de l’eau, contrôle de la pollution
6-8 mai, Shanghai : IFAT China, Salon de la purification de l’eau, de la valorisation, du recyclage et du développement durable-8 mai, Shanghai : IE Expo, Salon de la gestion et traitement de l’eau, contrôle de la pollution
6-8 mai, Shanghai : SIAL, Salon de l’alimentation, des boissons, vins et spiritueux
7-9 mai, Pékin : NGV, Salon du gaz naturel et des équipements pour stations de stockage
7-9 mai, Shenzhen : SMFM, Salon des matériaux spéciaux fonctionnels, des terres rares et des applications pour l’industrie
8-10 mai, Shanghai : Best Wine China, Salon de l’industrie du vin
8-10 mai, Shanghai : WTF, Salon du voyage
9-11 mai, Canton : CGFF, Salon du revêtement des sols pour commerces et industries
10-12 mai, Canton : INTERWINE, Salon international du vin, de la bière, procédés et équipements pour les boissons
12-15 mai, Shanghai : Bakery China, Salon de la boulangerie et de la pâtisserie
13-15 mai, Shanghai : China Power et China EPower, Salons de la production d’énergie, de la génération d’énergie et de l’ingénierie électrique
15-17 mai, Shanghai : PHARMCHINA SPRING, Salon de la pharmaceutique
15-18 mai, Shanghai : API China, CMEF – China Medical Equipment Fair, Salons de l’industrie pharmaceutique et des équipements médicaux
15-18 mai, Shanghai : ICMD, SINOPHEX, Salons de l’industrie pharmaceutique, machines et technologies
15-18 mai, Shanghai : THIS – The Health Industry Summit, Salon et Congrès de l’industrie mondiale de la pharmacie et de la médecine