Le Vent de la Chine Numéro 32

du 12 au 18 octobre 2003

Editorial : Comité Central – le Plenum du tournant caché !

Rarement Plenum du PCC aura été si secret. D’autre part, sous Hu Jintao, l’ordre institutionnel est bouleversé : le conclave estival (discrétionnaire) de Beidaihe avait été annulé, et le nombre de meetings du Comité Central, triplé : c’est un style nouveau, plus légaliste et transparent! 

Volontairement abstrait, l’agenda du Plenum cache bien l’enjeu : une “décision d’amélioration de l’économie socialiste de marché”, et une “proposition d’amendements à la Constitution”, à faire entériner en mars 2004 par l’ANP, l’instance compétente. Ces deux démarches visent en réalité un but ambitieux : renforcer la  propriété privée, c’est à dire démanteler l’Etat socialiste. Jusqu’alors “bien inaliénable de la RPC”, le sol pourrait désormais être commercialisable. Il s’agit aussi de jeter les bases légales et techniques pour privatiser jusqu’à 49% des En-treprises d’Etat, voire de la presse (cf col. centrale), à commencer par le recensement de la propriété au sein de l’Etat. D’autres points aborderont la réforme des banques, de la Sécurité Sociale, la lutte à la pauvreté, etc.

Au plan politique, le Politbureau jusqu’alors intouchable se voit astreint à demander son “quitus” au Comité Central : atteinte à ses prérogatives, et un pas précis vers la transparence et la démocratie, façon Hu Jintao!

Un dossier nouveau a occupé l’avant-scène du Plenum: le plan de relance du 东北 Dongbei , l’ex-Mandchourie (Heilongjiang, Jilin, Liaoning, 107M habitants) devenue friche industrielle. Ce plan suit celui du gouvernement précédent, de rééquilibrage du Grand-Ouest. Mais avec une différence : soucieux d’éviter les «expériences» (sic) du Xinjiang ou du Ningxia, Pékin ne prévoit plus d’injections massives de crédits. Quatre outils sont envisagés :

[1] les mécanismes de marché (l’incitation fiscale),

[2] les ventes d’actifs publics (la privatisation),

[3] l’appel à un “réveil”, quittant la mentalité assistée pour rentrer dans une logique de profit,

[4] une synergie entre Dongbei et Grand-Ouest, avec recul  de l’action centrale.

On voit les faiblesses du plan : pas de crédits, et la privatisation du Nord-Est ne s’engage pas sous les meilleurs auspices alors que Brilliance, fleuron de l’industrie semi-privée locale, est en cours de renationalisation dans des conditions légales peu claires, avec son créateur en fuite… Mais sous réserve d’inventaire, le plan Dongbei a pu être mis en exergue du Plenum, moins pour son mérite propre que comme “arbre cachant la forêt” – le tournant dans l’ombre. Hu Jintao serait partisan d’“améliorer le système existant, pas de le changer”. Sa stratégie est double : s’appuyer toujours sur la légalité, et sur l’unité du Parti—ne jamais isoler publiquement ses adversaires. Moyennant quoi, sans en avoir l’air, il vient, pour la 1ère fois en 15 ans, de faire rebasculer le pouvoir au sein du PCC, vers le camp réformiste, en évitant les erreurs de ses prestigieux aînés !


A la loupe : Environnement – toujours sur la pente…

L’éveil écologiste depuis 10 ans en Chine, la création de l’agence nationale pour l’environnement (SEPA) et les 93MM$ investis dans la nature en 2001, n’empêchent pas la dégradation accélérée de la maison Chine : ces derniers jours, le régime multiplie alertes et mesures : 

+ Il s’inquiète pour sa biodiversité : 300 espèces de sa faune, 410 de sa flore, sont menacées –20% du tout- dont 200 espèces éteintes.

+ 110 villes pompent en permanence leur nappe phréatique non renouvelable (manque dans 600 villes : 7MMm3 ) : Pékin par ex., n’a plus que 10 mois de réserve. Conséquence : Yantai, Tianjin voient leur table aquifère se saliniser, et Shanghai, écrasée sous 3000 gratte-ciel, baisse de 1,5 à 3cm/an (comme Xi’an!) : un moratoire se prépare, mais la ville craint de s’étendre en surface, après l’avoir fait de hauteur (et le nippon Mori veut toujours bâtir la tour la plus haute du monde!)

+ Stoïquement, la SEPA poursuit sa lutte. 6800 usines viennent de se voir ordonner la fermeture pour obsolescence et émissions d’effluents supérieurs aux plafonds convenus.

+ La SEPA vient (8/10) de réglementer la construction ou l’extension de toute centrale thermique autour de 23 métropoles –toute tranche nouvelle sera  dotée de filtres désulfurisants. Hors de cette zone d’1,1M km², les centrales sont astreintes à des plafonds d’émissions, et à des délais variables selon performance, pour s’équiper de tels filtres. 137 d’entre elles, épinglées comme «unités -clés» (lourdes pollueuses) ont jusqu’à 2005. Les mairies en infraction seront taxées et pires, mises sur liste noire pour toute tranche supplémentaire, compromettant leur croissance future!

 


Joint-venture : un jouet politiquement correct

— Depuis longtemps, la Corée du Sud fait franchir la mer Jaune à ses usines, direction la Chine. Mais dans ce processus, le projet de Kookmin constitue une étape nouvelle : 1er groupe bancaire coréen, il veut délocaliser son service téléphonique au consommateur vers Shenyang ou Pékin. C’est tentant : la Chine ne manque pas de minorités coréennes, que Kookmin paiera 1000¥/mois—1/10 du tarif “national”. Le prix des télécoms aurait pu poser problème: sauf en utilisant le tél. internet, à 4 centime$/minute. A ce tarif, 1000 employés seront recrutés en Chine d’ici 2005, tandis que les 4500 emplois existants en Corée seront gelés à leur extension présente. Economie attendue : 10M$/an.

NB: Kookmin n’a rien inventé. Avant lui, des groupes US comme AmEx  ont délocalisé leur service-clients vers l’Inde (Bangalore notamment), profitant de l’anglophonie de ce pays.

Hors frontières, en 2002, le jouet chinois rapporte 9,9MM$ (8% de l’export). La Chine n’en produit pas moins les 3/4 des joujous du monde, et s’apprête à passer à vitesse supérieure : à la Foire de Shanghai (8-11/10), le International Council of Toy Industries (l’ICTI, de New York) prépare la certification volontaire des usines – garantie pour les gros acheteurs (Carrefour, Disney etc).

Alors que le contrôle de qualité reste l’affaire des Compagnies et de l’Etat, l’ICTI vérifiera l’absence de travailleurs prisonniers ou enfants, les conditions de travail et de salaires. Cette certification causera deux coups de torchon sur ce métier atomisé en 10.000 usines et 3M de jobs:

1. seuls capables de s’offrir l’inspection, les “grands” prendront le large sur les PME;

2. plus technologie, le challenger Shanghai-Jiangsu tentera de marquer des points sur le champion cantonais—70% de l’export grâce à ses coûts de production records.

 

 

 


A la loupe : Media – 1ère grande reforme en un demi-siècle !

Au 1er sept,  la presse chinoise s’est éveillée sous la férule d’un nouveau règlement-cadre bouleversant 50 ans de tradition feutrée.  Jusqu’à présent, les 2.137 journaux et 9.029 magazines chinois, à 99% d’Etat, sont les organes de propagande des partis, ministères, provinces etc. Ils n’ont aucune idée du marché et vivent de subventions, et d’abonnements forcés (aux Entreprises d’Etat et aux villages). En ville, quelques 10aines de quotidiens bien faits trustent la manne publicitaire et se font une concurrence acharnée. Le reste est du « papier gâché ».

C’est ce que Li Changchun, chef du Département de la propagande veut changer. Désormais, subventions et souscriptions régaliennes sont proscrites, sauf à qq organes dont le Quotidien du Peuple et Qiushi. Les petits titres

(- de 4MY de revenu /an et –de 50% en souscriptions libres), doivent fermer. Tout media doit devenir une Cie – avec pour but, le profit. Pékin attend du raz de marée, la mort de 1000 quotidiens en 3 ans!

Mais ce tournant a des limites. Le contrôle du PC demeure. L’investissement étranger est prohibé (sauf rotatives, et messagerie). Ceux qui comme Forbes  ont essayé, ont été stoppés. L’objet est de rentabiliser, en aucun cas de libéraliser. Il s’agit d’une coupure de la presse et de l’Etat, mais non de la presse et du Parti. Ainsi, parmi les lois  attendues d’ici 2008, aucune ne concerne la presse. Pour cause: une loi de la presse libérerait les médias de l’arbitraire, en limitant les droits de tutelle! 

NB : le nouveau cadre ne fait pas que des heureux : il sera contourné par les provinces soucieuses de garder leur porte-voix et leurs emplois pléthoriques cachés.

Cette réforme ne peut donc être vue que comme un 1er pas: en Chine comme ailleurs, aucune revitalisation de la presse n’est concevable sans la liberté de gestion, et de création, surtout de l’opinion —sa valeur ajoutée. Enfin, même ainsi, cette réforme en forme de compromis, prouve que le PCC est conscient du gâchis de ses media, en argent et en modernisation sociale,- et qu’il tente d’évoluer aussi vite qu’il peut!

 


Argent : la berline à tempérament est avancée

— Ardemment attendu des constructeurs automobiles, le feu vert de la CBRC (tutelle des banques) est enfin tombé (3/10) : via leurs concessionnaires et leur institut de crédit-maison, ils peuvent offrir la vente à tempérament! Jusqu’alors aux mains des banques, le crédit auto a atteint 4MM$ au 1er semestre,  et touche 40% des immatriculations nouvelles (4 fois plus qu’en 2001). Avec un an de retard sur l’engagement fait à l’OMC, ce texte établit les règles draconiennes du jeu du créditeur-auto non bancaire: plus de 510M$ d’actifs, de 36M$ de capital enregistré, 240M$ de revenus et 3 ans de profits. De plus, pas question de pratiquer le dépôt : les fonds devront venir des banques, qui à ces conditions, affichent la sérénité, heureuses de céder ce type de prêt  “à risque” – contrairement à une maison, une voiture impayée peut prendre le large! Mais les constructeurs sont extatiques: à l’Ouest, le crédit-auto occupe 70% du marché contre 20% ici, et des groupes comme GM, Ford et VW croient que l’outil leur permettra de gonfler leurs ventes de 20% dans l’immédiat !

— Analyste de la pub en Chine, Nielsen Media Research vient de sortir son hit parade des gras budgets de promotion dans les media. Un débat tout sauf abstrait, dans un pays où la pub en hausse de 35%/an, atteint 10MM$.A ce rythme, la Chine dépassera le Japon en 2010. Le palmarès de 2002 révèle que 8 des 10 premiers sont des marques locales. Pour 193M$ Olay, crème dermique de Procter & Gamble, s’est offert la pole position alors que Rejoice, shampoing du même groupe, prenait la 10. place. Les autres ténors sont China Mobile ou d’autres moins connus et fiables, tel Naobaijin, boisson tonifiante interdite pour défaut de qualité, après avoir investi 180M$ en annonces l’an dernier.

NB : Statistiquement, la moitié des produits de grande consommation est aux mains des marques extérieures. Cela confirme un fait  avéré : pour s’imposer, les marques émergentes chinoises doivent s’astreindre à un effort promotionnel plus lourd que l’étranger!

 


Pol : Fiancée ASEAN – 4 prétendants

— Enclavée et hétérogène, la région de l’Asean attire pour l’instant cinq fois moins d’IDE que la RPC. En même temps, les puissances qui l’entourent (Inde, Chine, Japon, Corée) cherchent l’alliance de ce marché de 500M d’âmes, géant prospère de demain. A Bali (7-8/10), lors du sommet de l’ASEAN (Brunei, Cambodge, Laos, Vietnam, Indonésie, Philippines, Singapour, Birmanie, Malaisie, Thaïlande), Wen Jiabao fit tout pour convaincre d’intégrer les deux zones. Dès 2004, Pékin démantèlera des tarifs industriels et agricoles, au nom du traité “récolte précoce” signé le 8/10. Ainsi attisés, les échanges bondiraient à 100MM$ en 2005, quasi-double de 2001.

NB : 1er donneur d’aides à la région, le Japon, qui a franchi dès 2001 le cap des 100MM$ de commerce bilatéral, signa le même jour un accord analogue.

En même temps, Chine et Inde rejoignaient Japon et Corée dans un Traité d’amitié et de coopération avec l’Asean. En grande forme, la Chine signait aussi un partenariat stratégique avec l’ Asean, une coopé tripartite avec Japon et Corée du Sud, et renforçait l’amitié avec New Delhi, en reconnaissant sa souveraineté sur le Sikkim.

Objectif de tous ces petits pas : une Asie sans frontières commerciales, pour l’horizon 2010.

— Déployés en mai 2002 autour des ambassades à Pékin, les centaines de gardes supplémentaires avec leurs barbelés donnèrent l’impression que la vague de migrants sauvages de Coréens du Nord était endiguée. A tort: le 7/10, la Corée du Sud ferme son consulat, devenu “non viable” – il abritait 130 nordistes exilés!

A travers cette péripétie qui sera vite réglée (Pékin laissera ces réfugiés poursuivre vers Séoul), un  bras de fer se poursuit au nom des principes. La Chine veut garder la frontière fermée, au nom de ses engagements envers Pyongyang. Séoul et Washington réclament l’ouverture, ou du moins un contingent (20.000 nordistes, pour les US, pour 2004).

— La semaine passée, le ministère de la Santé admettait, sans précision, une hausse de 140% du nombre des personnes porteurs du virus du Sida. Huit jours plus tard, des sources extérieures révèlent la condamnation à 10 ans de prison infligée à  Ma Shiwen, ex n°2 au Bureau des maladies contagieuses du Henan, province-épicentre du sang contaminé, soupçonnée de renfermer 1M de séropositifs. Pour combattre le fléau par la transparence de l’information (conformément aux recommandations de l’Unaids) Ma avait placé sur internet un rapport secret de la province sur l’état local d’avancement du fléau. Non confirmée par les autorités, cette arrestation serait la seconde pour la même accusation (Ma avait été libéré une 1ère fois), et interviendrait sur la pression de Liu Quanxi, l’ex-directeur provincial de la santé pendant les années de diffusion de l’épidémie.

 


Temps fort : Réévaluation du Yuan: ‘ Non, mais…’
En publiant (le 6/10) que d’ici 2008, la BPdC, la Banque Populaire de Chine réévaluerait de 30% son RMB, l’agence JJ-Press causa un choc. A Bali (voir pg2) Wen Jiabao, le 1er Min. démentit sans retard! Vrai ou faux ? Si l’information se vérifiait, ce serait un tournant : l’usine du monde à 30% plus cher? A présent, la Chine reçoit du monde 50MM$ d’investissement direct étranger IDE/an, et inflige aux US un excédent commercial de 103MM$ en 2002 ! Mais le problème n’est pas si simple. L’Asie (hors Japon) a 1600MM$ de réserves/devises (dont 366 seulement à la Chine). Ayant assaini sa bulle financière, sûre de son avance technologique, l’Amérique joue son US$ à la baisse. Mais l’Asie a trouvé la parade, s’accolant au billet vert pour profiter de la reprise aux US, au détriment de l’Union Européenne et du Japon. Tel est l’objet de la croisade de GW Bush contre Pékin (et Tokyo, qu’il vient de forcer, au G7 à Dubai, à rehausser sa monnaie de 5 Yen/$) : réduire l’import, hausser l’export, faire supporter au monde son déficit public de 4% ! Même étalées sur 5 ans, les suites de la hausse du ¥ seraient fortes. Elle forcerait le transfert des usines de la côte vers l’intérieur. Elle épuiserait les réserves en devises, stopperait le déploiement de la Sécurité Sociale nécessaire pour fermer des M d’emplois non rentables : sous ces contraintes, la Chine pourrait-elle garder ses 8% par an de hausse du PNB, nécessaires à sa stabilité ? Pékin est aussi consciente des dangers pour le monde d’un RMB trop faible : cumulé à celui de l’Asie, ce «dumping monétaire» pourrait briser la reprise européenne puis celle des US. La question, à ce stade, est : « dans la réévaluation, entre pays asiatiques déterminés à ne pas se céder d’avantages concurrentiels, par qui commencer? ». Enfin, la Chine aime agir à son rythme, et répugne aux pressions, surtout des US. Vu sous cet angle, le déni du prof. Hu Biliang (de la CASS, l’Académie chinoise des Sciences sociales) apparaît bien moins catégorique que celui de Wen Jiabao : «d’ici 5 ans, le ¥, Yuan sera plus influencé par le marché… Car d’ici là, notre économie sera entièrement ouverte à l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce et une politique de taux rigide sera trop chère à maintenir ! »

Petit Peuple : Nankin – la niche à papa

Dans sa  mutation des moeurs, la Chine moderne est frappée de plein fouet par le divorce, douloureux démenti de ses certitudes confucéennes. Cette année, 2 millions de couples se sépareront. Applicable depuis peu, un règlement permet de réduire la corvée à 1/2h, convertissant la cérémonie en un genre de fast food. Mais dans les foyers, cela fait des larmes : celles de l’enfant unique le dimanche soir, quand le père le ramène à la femme quittée…

A Nankin (Jiangsu), un club matrimonial prompt à la détente a vu venir les choses, et deviné la niche de service à conquérir : en reconstituant la famille, par location de personnel. Depuis le 24/9, pour 60¥ par “séance” (d’une durée fixée par le ou la locataire), un ersatz de père ou mère vient chez vous faire vos courses, votre ménage ou les devoirs du pitchoune. Bien sûr, à la mode du pays, il y a un truc. Culturellement parlant, en Chine, le mari d’occasion n’a pas la cote, surtout s’il traîne un héritier. La formule du club nankinois permet de dépasser ce préjugé: si les adultes se plaisent, c’est reparti pour un couple! L’enfant ne pose jamais d’objection, puisque c’est lui qui choisit le conjoint rapporté! Telle est la version mandarine de la vieille chanson disant que “l’espoir est toujours quelque part” : 东方不亮, 西方亮  dong fang bu liang, Xi fang liang  (“quand la nuit tombe à l’Est, il fait jour à l’Ouest”)!

 

 


Rendez-vous : Shenzhou-V, 1er taïkonaute sur orbite !

14-15/10, Bangkok : 11è Sommet APEC, avec Hu Jintao et G.W. Bush  

15/10 : Shenzhou V, lancement prévu de la cabine spatiale habitée!

15-20 et 25-30/10, Foire de Canton

24/10, Canberra : Hu Jintao en Australie

16-19/10, Shanghai: Expo “Modern Railway”

19-20,Pékin:Conférence de l’Organisation Mondiale duTourisme