Le Vent de la Chine Numéro 25

du 7 au 13 juillet 2002

Editorial : editorial_25_2002

Alors que les hautes sphères du pouvoir et les media gardent un silence lapidaire sur la préparation de l’équipe destinée à reprendre les rênes, quelques indices sont sortis des récentes «grandes messes» internes du Parti Communiste Chinois.

A Hangzhou (Zhejiang) fin juin, un séminaire national sur l’idéologie rurale a vu apparaître ensemble les trois leaders dits « de la 4ème génération », Zeng Qinghong (63 ans), protégé de Jiang Zemin, Hu Jintao, 59 ans, intronisé dès 1989 par Deng Xiaoping (présumé futur Président de la République et Premier Secrétaire) et Wen Jiabao, pressenti futur Premier Ministre, l’homme de Zhu Rongji.

Lors de cette rencontre rare, Zeng s’est présenté comme le vassal de Hu, appelant à «sérieusement étudier» ses propos -tandis que Hu invitait les cadres paysans à appliquer dans la vie de la ferme la théorie totem de Jiang, dite des  sange daibiao («trois représentativités») …

Le 1er juillet, 81. Anniversaire du PCC, le Quotidien du Peuple enfonçait le clou en appelant les 64M de membres à étudier les sangedaibiao, et à resserrer les rangs autour du 1er Secrétaire, Jiang Zemin. Ces deux séries de signaux amphigouriques, après décantation, sont éclairantes :

? En apparence se confirme la mise en place, annoncée depuis 2001, d’un directoire solidaire, tandis que l’actuel leadership démissionnerait « presque » en bloc – sauf Li Ruihuan qui prendrait la tête de l’ANP, et Jiang, qui conserverait « sa » Commission militaire.

‚ Mais la future troïka se réclame de la théorie de Jiang Zemin. Des dizaines de hauts cadres, dans la presse, le prient de rester à son poste de 1er Secrétaire -ce qui ne laisserait à Hu Jintao qu’un poste creux de Président: avec l’ OMC et Taiwan à gérer, disent ces thuriféraires, la Chine ne pourrait se permettre de se passer de l’expérience du leader sortant. Les media ne font plus que de l’info positive, même à propos des crues (sous évaluées). En renonçant à vendre une part de ses Entreprises d’Etat en bourse, l’administration fait remonter les cours (cf VDLC n°24), laissant ainsi la SS sans moyens – tournant le regard loin de ses problèmes, le pays se fige pour la photo!

ƒ Une image permet de réconcilier ces scénarios contradictoires: selon une stratégie maoïste immuable, Jiang installerait au pouvoir trois lieutenants plutôt qu’un : se plaçant en arrière, et au-dessus d’eux pour se faire l’arbitre de leurs querelles inévitables !


Editorial : Trois dauphins plutôt qu’un

Alors que les hautes sphères du pouvoir et les media gardent un silence lapidaire sur la préparation de l’équipe destinée à reprendre les rênes, quelques indices sont sortis des récentes «grandes messes» internes du Parti Communiste Chinois.

A Hangzhou (Zhejiang) fin juin, un séminaire national sur l’idéologie rurale a vu apparaître ensemble les trois leaders dits « de la 4ème génération », Zeng Qinghong (63 ans), protégé de Jiang Zemin, Hu Jintao, 59 ans, intronisé dès 1989 par Deng Xiaoping (présumé futur Président de la République et Premier Secrétaire) et Wen Jiabao, pressenti futur Premier Ministre, l’homme de Zhu Rongji.

Lors de cette rencontre rare, Zeng s’est présenté comme le vassal de Hu, appelant à «sérieusement étudier» ses propos -tandis que Hu invitait les cadres paysans à appliquer dans la vie de la ferme la théorie totem de Jiang, dite des  sange daibiao («trois représentativités») …

Le 1er juillet, 81. Anniversaire du PCC, le Quotidien du Peuple enfonçait le clou en appelant les 64M de membres à étudier les sangedaibiao, et à resserrer les rangs autour du 1er Secrétaire, Jiang Zemin.

Ces deux séries de signaux amphigouriques, après décantation, sont éclairantes :

1.  En apparence se confirme la mise en place, annoncée depuis 2001, d’un directoire solidaire, tandis que l’actuel leadership démissionnerait « presque » en bloc – sauf Li Ruihuan qui prendrait la tête de l’ANP, et Jiang, qui conserverait « sa » Commission militaire.

2.  Mais la future troïka se réclame de la théorie de Jiang Zemin. Des dizaines de hauts cadres, dans la presse, le prient de rester à son poste de 1er Secrétaire -ce qui ne laisserait à Hu Jintao qu’un poste creux de Président: avec l’ OMC et Taiwan à gérer, disent ces thuriféraires, la Chine ne pourrait se permettre de se passer de l’expérience du leader sortant. Les media ne font plus que de l’info positive, même à propos des crues (sous évaluées). En renonçant à vendre une part de ses Entreprises d’Etat en bourse, l’administration fait remonter les cours (cf VDLC n°24), laissant ainsi la SS sans moyens – tournant le regard loin de ses problèmes, le pays se fige pour la photo!

3.  Une image permet de réconcilier ces scénarios contradictoires: selon une stratégie maoïste immuable, Jiang installerait au pouvoir trois lieutenants plutôt qu’un : se plaçant en arrière, et au-dessus d’eux pour se faire l’arbitre de leurs querelles inévitables !


A la loupe : Zhu Rongji – croisade contre les riches!

« Pourquoi sont-ce les plus riches qui paient le moins leurs taxes»?

Zhu tonne contre la fraude fiscale– juste après l’annonce du déficit de l’Etat en 2001 –31MM$.

Zhu a fait contrôler les 10 plus grandes fortunes (selon la liste dressée par R. Hoogewerft  pour la Revue Fortune): toutes avaient échappé à l’impôt!

Dans la foulée, Zhu s’attaque aussi aux contrebandiers de haut vol, auteurs d’une hémorragie de taxes douanières qui devient insupportable pour l’Etat, déjà spolié cette année (janvier/avril) de 8% de ses recettes, suite à la baisse des tarifs consécutive à l’entrée à l’OMC. En 12 mois, les gabelous ont éventé 12.246 cas d’import clandestin pour une valeur de 821M$.

La corruption elle aussi appauvrit l’Etat – 1,27MM$ de budgets détournés en 2001, dit le ministre des finances Xiang Huaicheng – encore ce montant des fraudes sanctionnées, selon l’économiste Hu Angang, ne couvre-t-il que 10% des manquements connus, et que 1% du trafic réel. Ces dérives, expliquant le souci du 1er ministre.

Remarque [1] : Zhu Rongji lance sa campagne, à 3 semaines de la fixation du nouveau cabinet -action qui ne peut qu’accroître son image de probité et sa popularité, et contredire le projet du pouvoir, de lui offrir une retraite méritée.

Remarque [2] : selon les experts, la fraude fiscale des particuliers est due à l’inefficacité d’un impôt sur le revenu encore dans les langes, mais surtout à sa pesanteur – jusqu’à 45%. Pour que le système fonctionne, une seule recette – réforme, et allégement !


Pol : le frère du Dalai Lama, de retour

· le 29/6 à Bishkek (Kirghizie),Wang Jianping, consul de Chine est tué par 2 malfrats. Tout de suite, la filière ouïgour est soupçonnée, parmi les 48000 natifs du Xinjiang en exil. Depuis mai 2000, deux attentats ouïgour contre des chinois ont été jugés à Bishkek-5condamnations à mort. La Kirghizie collabore avec son grand voisin, mais fait face à une méfiance historique de son opinion envers la Chine, exacerbée par l’invasion de ses produits – le transfert de 900 km² de zone frontalière à Pékin, n’arrange rien. C’est peut-être la raison (pour ne mécontenter ni Pékin,ni son opinion) de l’explication confuse de la police kirghize : des comparses seraient sous les verrous, les coupables (chinois, et Ouïgours-kirghizes) seraient enfuis en Afghanistan ou au Pakistan, et le meurtre du consul serait accidentel – la seule cible visée, étant le chauffeur homme d’affaires, pour des raisons «commerciales» (sic)

NB: ce 1er attentat anti-chinois depuis le 11 sept., pourrait marquer le retour de l’axe Ouigour-Taliban: après neuf mois, la campagne de démantèlement du séparatisme ouïgour perd du souffle, et le mouvement redresse la tête – logiquement, hors de Chine !

·Frère aîné du Dalai Lama, Gyalo Tondup était à Pékin le 2/7, d’où il repartit pour le Tibet. Il y restera 3 mois, entre Lhasa, Amdo (Qinghai, sa terre natale qu’il n’a pas revue depuis sa fuite en Inde en 1952) et même le Xinjiang. Un tel voyage autorisé par Pékin, et le fait que le pouvoir ne fasse aucun secret de l’événement (contrairement à sa dernière mission de négociation à Pékin en nov.’2000) fait espérer une reprise du dialogue entre la RPC et le clergé tibétain en exil, après 20 bonnes années d’occasions perdues et de dialogue de sourds. . . Une exploitation de l’événement par Jiang Zemin au moment du 16. Congrès d’octobre, n’est pas à écarter.


Argent : coup de théâtre pour les OGM

· N°1 de la TV couleur, Changhong est en panne de restructuration. En 2000, un projet de prise de contrôle par Philips (rachat de 50%) qui lui aurait apporté un bond technologique et un réseau mondial de vente, a capoté sur veto du Conseil d’Etat (normal, concernant un «pilier de secteur stratégique»). A présent, Changhong veut ramener la part publique dans son capital, de 53% à 20%. Pékin bloque (attitude cohérente avec son abandon, semaine passée, du plan de financement de la SS, cf VdlC n°24), et offre un plan de stocks-options aux cadres supérieurs. Après avoir vu son profit en 2001 fondre comme neige au soleil (-23%), le groupe sichuanais est dans l’impasse: comment améliorer sa compétitivité dans un secteur dont les prix sont en chute libre? Changhong tente de se diversifier (matériel audiovisuel, de réseaux pour PC, récepteurs satellite). Il chercherait aussi à déplacer son QG de Mianyang (Sichuan) vers Canton, plus proche du marché, voire moins sous la coupe de cadres rigides ou avides. En tout cas, Changhong ouvre une usine à Canton, d’une capacité de 5M de récepteurs dès 2003.

· En déclarant (1/7) qu’un certificat était exigible immédiatement pour tout import d’OGM , le Ministère de la Santé renie la décision prise en juin par son homologue de l’Agriculture, suspendant pour 6 mois l’application du nouveau règlement. Du Brésil comme des US, les exportateurs de soja avaient interrompu leurs envois en mars à la parution du texte, puis les avaient rétablis en juin suite à l’action conciliante du min. de l’agriculture. Quoique la nouvelle directive soit inapplicable, faute de règles techniques, ce trafic va sans doute à nouveau s’interrompre -ce qui était probablement le but du jeu. Mais la Chine, l’an passé dépendait pour 50% de sa consommation d’huile, de l’étranger (14Mt de graines importées, et 1MM$ de marché pour les seuls US) : où trouver le remplacement ?

· Les JO 2008 avancent. L’appel d’offres pour le design du logo définitif vient d’être ouvert (2/7) par le maire Liu Qi, «au monde entier». Quatre ingrédients graphiques -les 5 anneaux, la verdure, la hte technologie et l’identité chinoise. La prime est modeste, mais l’impact sera fort -puisque ce logo sera reproduit sur billets, programmes TV et produits sponsorisés sur les 5 continents. Palmarès attendu en jan 2003.

NB: Pricewaterhouse vient d’être sélectionné comme conseiller financier de la 1ère phase de construction des infrastructures olympiques, au budget d’1,2 MM$

 


Politique : politique_25_2002

· le 29/6 à Bishkek (Kirghizie),Wang Jianping, consul de Chine est tué par 2 malfrats. Tout de suite, la filière ouïgour est soupçonnée, parmi les 48000 natifs du Xinjiang en exil. Depuis mai 2000, deux attentats ouïgour contre des chinois ont été jugés à Bishkek-5condamnations à mort. La Kirghizie collabore avec son grand voisin, mais fait face à une méfiance historique de son opinion envers la Chine, exacerbée par l’invasion de ses produits – le transfert de 900 km² de zone frontalière à Pékin, n’arrange rien. C’est peut-être la raison (pour ne mécontenter ni Pékin,ni son opinion) de l’explication confuse de la police kirghize : des comparses seraient sous les verrous, les coupables (chinois, et Ouïgours-kirghizes) seraient enfuis en Afghanistan ou au Pakistan, et le meurtre du consul serait accidentel – la seule cible visée, étant le chauffeur homme d’affaires, pour des raisons «commerciales» (sic)

NB: ce 1er attentat anti-chinois depuis le 11 sept., pourrait marquer le retour de l’axe Ouigour-Taliban: après neuf mois, la campagne de démantèlement du séparatisme ouïgour perd du souffle, et le mouvement redresse la tête – logiquement, hors de Chine !

·Frère aîné du Dalai Lama, Gyalo Tondup était à Pékin le 2/7, d’où il repartit pour le Tibet. Il y restera 3 mois, entre Lhasa, Amdo (Qinghai, sa terre natale qu’il n’a pas revue depuis sa fuite en Inde en 1952) et même le Xinjiang. Un tel voyage autorisé par Pékin, et le fait que le pouvoir ne fasse aucun secret de l’événement (contrairement à sa dernière mission de négociation à Pékin en nov.’2000) fait espérer une reprise du dialogue entre la RPC et le clergé tibétain en exil, après 20 bonnes années d’occasions perdues et de dialogue de sourds. . . Une exploitation de l’événement par Jiang Zemin au moment du 16. Congrès d’octobre, n’est pas à écarter.


A la loupe : Le (vrai) prix des armes russes

Si l’on reparle de coopé sino-russe en matière d’armements (cf Vdlc n°24), c’est qu’elle demeure très active :

fin juin, l’armée populaire de libération (APL) a testé avec succès le missile air-air russe Adder AA-12, tiré à partir de 2 chasseurs-bombardiers Sukhoi-30. Avec cette arme, la Chine s’approprie une capacité nouvelle de tir autoguidé d’une portée de 50km, «hors-vision directe», qu’elle n’avait pas avant.

Cette livraison s’insère dans un contrat géant de 4MM$ sur 5 ans, comprenant 2 croiseurs Sovremennyi (en plus de 2 déjà livrés), 8 sous-marins «Kilo/636» (en plus de 4) silencieux, équipés de tous les gadgets les plus actuels- le nec plus ultra de leur catégorie. La Chine qui produit déjà le SU-27 à Shenyang, doit aussi recevoir jusqu’à 80 SU-30 (modèle plus performant et récent).

1er importateur d’armes, la Chine, a sans doute sauvé l’industrie russe en lui permettant de conserver son savoir-faire durant les années maigres de l’ère post-soviétique. Ces fournitures de grande envergure sont donc mutuellement bénéfiques – à condition de ne pas s’en servir. On peut y prédire deux conséquences inévitables : 

– Elles semblent marquer la fin d’une recherche nationale en armements, et seraient justifiées par l’absence de progrès, après des années d’investissements lourds en aéronautique, en balistique et en sous-marins. Sous cet angle, l’armement chinois suit une évolution similaire à celle du pétrole.

– Jusque alors bridé par Bill Clinton, l’armement de Taiwan par les US devrait connaître un nouveau départ, avec la remise possible de 200 missiles Aim-120 payés (150M$), mais bloqués à Okinawa depuis 2 ans. Les US devraient relancer leurs livraisons d’autant plus, que leur 6ème flotte, d’ici 5 ans, aura du mal à opérer dans une zone autour de Taiwan, face à une telle « force de frappe immergée ».

NB : le mystère de l’«espionnage» de Russie vers Chine s’épaissit: accusé, un universitaire de Vladivostok contre-attaque, parle de coopération civile, autorisée, avec l’université de Harbin – à suivre !


Joint-venture : Pétrole – mort annoncée du monopole

· Comme annoncé (VdlC n°24), le plus grand projet pétrolier de l’histoire chinoise a été signé (4/7), 20MM$ pour 3900km de gazoduc Ouest-Est. JV sur 45 ans (durée exceptionnelle). Trois groupes étrangers (Shell, Exxon, Gazprom) reçoivent chacun 15% de l’outil, contre 50% à Petrochina, 5% à Sinopec. Des concessions d’exploitation en JV (dont 5 gisements du Tarim à Shell) leur reviendront dans les mois à venir, ainsi que des JV des réseaux et centrales thermiques. La signification historique de ce chantier, est la sanction de l’incapacité des EE du secteur à atteindre la productivité et la rentabilité des occidentaux – processus annoncé comme inéluctable, c’est le monopole public qui saute.

· Derrière ses concurrents Nestlé et Unilever, Heinz veut renforcer sa présence sur le marché chinois de l’alimentaire. Pour un chiffre secret, la firme vient de reprendre au gouvernement du Guangdong, trois EE Meiweiyuan, ( -groupe et -usine), et Panyu Jinmai, pour créer Heinz-Meiweiyuan, qui produira une gamme de produits dont pickles et ketchup. Jusqu’alors, Heinz était présent en Chine par ses deux firmes de Tianjin, Heinz Ufe et – Cosco, lui permettant d’occuper 50% des parts du marché des bouillies pour nourrissons. Avec ce rachat et un gonflement des équipements, Heinz compte quintupler rapidement ses ventes, de 20 à 100M$, en axant sa stratégie non plus, comme avant, sur l’export (marchés déjà couverts par le groupe au chiffre mondial de 10MM$), mais la «reconquête du marché intérieur» -et pour prouver le sérieux de ses intentions, il crée sa holding Heinz (China)!

· la 1ère tranche de la centrale nucléaire de Ling’ao (Guangdong) a été inaugurée le 2/7 en présence de Li Peng, Président de l’Assemblée nationale populaire (ANP), et de J.P. Lafon, nouvel ambassadeur de France juste arrivé. L’inauguration est purement formelle – la tranche (1000Mgw) fonctionne depuis un mois. La seconde tranche sera lancée début 2003. A court terme, l’enjeu est dans une commande de deux unités (n°3 et 4) à Ling’ao, réclamé par la province méridionale. Vers 2010, il s’agit d’obtenir deux autres tranches sur l’autre rivage du delta des Perles, à Yangjiang. Mais surtout, Guangdong Nuclear Power espère une validation de la filière Framatome – Areva, qui permettra une coopération à grande échelle avec la France, tournant le dos à la concurrence (Candu canadien, réacteurs russe, US). Deux arguments en faveur : le résultat de la 1ère tranche de Daya Bay, presque repayée, et le courant électrique toujours moins cher, contrairement à celui des centrales à gaz !


Temps fort : Gaokao – l’épreuve initiatique des jeunes!

Le 7 juillet en Chine, pour 5 M de foyers, la terre s’arrête de tourner, avec l’ouverture du  Gao Kao, concours qui arrêtera le sort de 5 M de jeunes après 12 ans d’études épuisantes!

Pour 55% d’entre eux, ce sera le jour de gloire et l’entrée aux universités. Les lauriers reviendront à la famille entière, chance unique de monter à l’échelle sociale puisque aujourd’hui, seuls 5% des jeunes arrivent en fac et se partagent les places au soleil.

Parmi les autres, une poignée se payera l’université privée, 80.000 iront à l’étranger suivre des études à leur frais, entre 4000$/an (en Ukraine), à 20000$/an (au Royaume-Uni). La plupart feront une croix sur le rêve de toute leur vie : à travers le pays, ces semaines-ci, les suicides de jeunes ne sont pas rares !

Qu’on ne s’attende pas à un baccalauréat à la française, avec sujets et compositions : il s’agit d’un système à réponses multiples que l’on coche en deux jours, 9 heures au total, abordant chinois, mathématiques, anglais et les matières «majeures» : humanités en section littéraire, bio-physique-chimie pour les scientifiques. Le score maximal est de 750 points. L’an dernier, la dernière place valait 443 points, pour le plus miteux institut du céleste empire. A la colère des provinciaux, pékinois et shanghaiens jouissent de 15 points d’avance – il est vrai que leur niveau est d’emblée meilleur, avec 70% de taux de réussite.

En attendant leur  zhengge daidan (veillée d’armes), les jeunes bachotent en rongeant leur frein. Les mères ont pris congé spécial pour dorloter et cuisiner les plats légers et variés que le jeune mange sans attention, avant de s’endormir grâce aux gélules herbales traditionnelles.

Dernier détail, quoique soi-disant athées, les mamans ont toutes fait brûler l’encens au temple taoïste, puis au bouddhiste, voire même à l’ église – trois précautions valent mieux qu’une!


Petit Peuple : un argent bien préservé

· A l’heure de fermeture, la caissière fronça les sourcils: son client brandissait un carton débordant de petites coupures qu’il prétendait troquer contre des gros billets…Saisissant le paquet, elle lui intima de repasser plus tard chercher son compte. Au comptage, les ennuis commencèrent: avec délectable horreur, elle réalisa que les «élastiques» liant les liasses, n’étaient autre que des condoms. Le sang du manager ne fit qu’un tour : jamais on n’avait vu une telle profanation du  renminbi, la monnaie du peuple, sans parler du manque de respect au personnel. Il eût voulu porter plainte, mais aucune loi n’existait pour réprimer l’entourage obscène de billets. Le règlement de la BPdC réprimant la dégradation de la monnaie, n’était pas recevable. Le directeur trouva pourtant un châtiment exemplaire,en convoquant la presse pour un cliché du corpus delicti, accompagné de l’avertissement: «Quand ce monsieur reviendra, nous espérons qu’il pourra nous fournir une explication»». La dénonciation était faite pour inquiéter, en forme de  panma wangong (« faire caracoler son cheval et bander son arc ») : le ‘pékin’ terrorisé, avait peu de chance de venir réclamer ses 1400Y. En bonne logique, c’est le fonds des loisirs du personnel qui en héritera – le compte est bon !