Le Vent de la Chine Numéro 11

du 25 au 31 mars 2002

Editorial : editorial_11_2002

A Liaoyang (Liaoning) depuis 2 semaines, 10 à 30.000 ouvriers chaque jour, non découragés par l’interpellation (17/3) de Yao Fuxin, leur «négociateur élu»: ce sont les «salariés» de 22 Entreprises d’Etat menés par ceux de la «Ferroalliage», en faillite depuis novembre.

Les revendications sont variées :

¬ impayés parfois depuis 1999, ils réclament leurs pensions ou leurs salaires. Ici, les mots de «production» et de «travail» n’ont plus grand sens: 80% des gens sont congédiés ou xiagang (sous employés).

­ D’autres veulent la démission du député ou bien

 ® un syndicat libre, interdit en Chine.

C’est ici que s’éteint la patience de l’Etat: le 20/3, des centaines de P.A.P. sont déployés,4 délégués arrêtés. Croyant à l’action de syndicalistes en exil comme Han Dongfang, Pékin opte pour la fermeté !

Même bras de fer à Daqing (Heilongjiang), 2,4 M d’âmes, capitale pétrolière, hier l’orgueil de l’industrie socialiste, aujourd’hui contrainte à débaucher des 10aines de milliers. Face au QG de la Daqing Petroleum, tous les jours depuis le 1er mars, jusqu’à 50.000 chômeurs se rassemblent pour réclamer, conformément aux promesses, 500$ /an d’ancienneté, et 120 $ de pension/mois. Daqing a bien payé des indemnités : dans un cas, 17000$ pour 6 ans. Mais les ouvriers ne sont pas préparés à se retrouver ainsi «seuls au monde», sans pension, chauffage ni Sécurité Sociale. De plus, à Daqing comme à Liaoyang, on accuse la corruption … à raison, sans doute. Mais le vrai problème remonte à plus loin. Les EE, surtout du Nord-Est, n’ont jamais été rentables – leur but était d’ancrer cette région neuve à la patrie, face au risque d’agression soviétique. A Daqing, le pétrole a été exploité trop vite: une part du gisement (bitumineux, sablonneux) est perdu, faute d’un savoir-faire sophistiqué et d’une exploitation prudente à l’origine.

Cette année, l’Etat veut dépenser 10 MM$ en pensions, +28% : il intervient de plus en plus à la place des provinces, et cherche à éviter, par arrestations préventives, négociations permanentes et paiements ciblés, une série d’explosions sociales simultanées.

Daqing et Liaoyang semblent révéler les limites de la démarche. Pas par hasard, le Liaoning a été choisi comme terrain d’une expérience pilote d’établissement d’un régime de SS complet sous 3 ans (cf VDLC n°10). La question étant: où trouver l’argent, dans cette friche industrielle, pour assister cette société entière sinistrée.


Editorial : Liaoyang, Daqing – un printemps chaud!

A Liaoyang (Liaoning) depuis 2 semaines, 10 à 30.000 ouvriers chaque jour, non découragés par l’interpellation (17/3) de Yao Fuxin, leur «négociateur élu»: ce sont les «salariés» de 22 Entreprises d’Etat menés par ceux de la «Ferroalliage», en faillite depuis novembre.

Les revendications sont variées :

[1] impayés parfois depuis 1999, ils réclament leurs pensions ou leurs salaires. Ici, les mots de «production» et de «travail» n’ont plus grand sens: 80% des gens sont congédiés ou xiagang (sous employés).

[2] D’autres veulent la démission du député ou bien

 [3] un syndicat libre, interdit en Chine.

C’est ici que s’éteint la patience de l’Etat: le 20/3, des centaines de P.A.P. sont déployés, 4 délégués arrêtés. Croyant à l’action de syndicalistes en exil comme Han Dongfang, Pékin opte pour la fermeté !

Même bras de fer à Daqing (Heilongjiang), 2,4 M d’âmes, capitale pétrolière, hier l’orgueil de l’industrie socialiste, aujourd’hui contrainte à débaucher des 10aines de milliers. Face au QG de la Daqing Petroleum, tous les jours depuis le 1er mars, jusqu’à 50.000 chômeurs se rassemblent pour réclamer, conformément aux promesses, 500$ /an d’ancienneté, et 120 $ de pension/mois.

Daqing a bien payé des indemnités : dans un cas, 17000$ pour 6 ans. Mais les ouvriers ne sont pas préparés à se retrouver ainsi «seuls au monde», sans pension, chauffage ni Sécurité Sociale. De plus, à Daqing comme à Liaoyang, on accuse la corruption … à raison, sans doute.

Mais le vrai problème remonte à plus loin. Les entreprises d’Etat (EE), surtout du Nord-Est, n’ont jamais été rentables – leur but était d’ancrer cette région neuve à la patrie, face au risque d’agression soviétique. A Daqing, le pétrole a été exploité trop vite: une part du gisement (bitumineux, sablonneux) est perdu, faute d’un savoir-faire sophistiqué et d’une exploitation prudente à l’origine.

Cette année, l’Etat veut dépenser 10 MM$ en pensions, +28% : il intervient de plus en plus à la place des provinces, et cherche à éviter, par arrestations préventives, négociations permanentes et paiements ciblés, une série d’explosions sociales simultanées.

Daqing et Liaoyang semblent révéler les limites de la démarche. Pas par hasard, le Liaoning a été choisi comme terrain d’une expérience pilote d’établissement d’un régime de SS complet sous 3 ans (cf VDLC n°10). La question étant: où trouver l’argent, dans cette friche industrielle, pour assister cette société entière sinistrée.


A la loupe : Pétrole -la réserve stratégique émerge

Echaudée par le zigzag des cours du pétrole, la Chine veut créer son stock stratégique. Ce dernier, selon Petrochina, devrait atteindre 8Mt en 2005 et 20Mt d’ici 2010, pour un coût de 6MM$ (achat du brut, infrastructures). En 2005, cette réserve signifierait 30 jours d’import, à quoi s’ajouterait l’obligation aux deux grands pétroliers, CNPC et Sinopec, d’une réserve de 30 jours de leurs imports (contre 5 à 25 jours à présent).Hors production intérieure, la Chine aurait donc une réserve de 2 mois, à comparer aux 3 mois de stock stratégique + 6 mois de stock commercial de pays comme US ou Japon, norme OCDE. les experts estiment d’ailleurs l’objectif chinois trop modeste, laissant le pays vulnérable face à une crise prolongée. D’autant que la production intérieure est au bord d’une chute, avec l’épuisement de Daqing: en ’00, les réserves chinoises atteignaient 2,5MMm3, soit 1,8% du monde !

Reste la question d’une gestion rationnelle du stock public. Les groupes pétroliers devraient y avoir accès en période de flambée des cours – quitte à reconstituer après coup. Par ailleurs, longtemps hésitant par crainte d’un effet bulle spéculative, le Conseil d’Etat semble décidé à donner à ses pétroliers plus de latitude dans les marchés à terme, lieu de l’approvisionnement le moins cher.

Enfin, la Chine veut aussi créer des réserves de GNL de 300MM m3 d’ici 2010, et en utiliser 80MM m3/an, confiant ainsi au gaz 8% de ses besoins -contre 2,8% aujourd’hui !


Pol : un ami mal employé – l’antibiotique

· L’antibiotique, panacée universelle de la médecine en Chine…Selon un centre d’études du Hubei, il entrerait dans 70% des prescriptions contre 30% à l’Ouest…Après 20 ans d’excès, comme ailleurs au monde, l’antibiotique, abusé, se venge. Si depuis 1990, dans l’Anhui, il a permis un recul des 2/3 de la mortalité infantile, il permet aujourd’hui une mutation des souches infectieuses, qui deviennent résistantes: ¼ des 5M de tuberculeux en Chine, le sont de touches qui se rient de la pénicilline. Dans le Hubei, 60% des infections du côlon résistent à la ciprofloxacine, l’antibiotique spécialisé pour le traitement de l’anthrax -ce n’était pas le cas en 1993. Faute de se réveiller vite, la Chine médicale se prépare un avenir difficile -sans solution !

· La Chine compte 132M (10% de la population) de sexagénaires. Progressant de 3.2%/an, le pic de l’âge atteindra 400M et 25% en 2050, avec la charge économique que cela implique : les 25 vieillards à charge de 100 actifs (situation actuelle) deviendront alors 60 ! La Chine s’y prépare, notamment par cette conférence nationale (18/03) qui prévoit le déploiement d’une ombrelle d’ici 2010, retraite et soins gériatriques.

NB : aujourd’hui, seuls 17% des vieillards ont une retraite, et plus du quart n’ont pas de famille pour les soutenir.

· Le programme de lutte contre les pluies acides est la clé de voûte du sauvetage de ce qui reste de forêts en Chine- 30% du sol est menacé. Aussi le Conseil d’Etat a inscrit au X. Plan (2001-2005) une coupe de 10% des émissions de dioxyde de soufre, plafonnées à 18Mt. Ce que cela signifie: jusqu’à 100.000 mines de houille seront fermées, celles dont la teneur en soufre dépasse 3%, et celles n’ayant pas les fonds pour s’équiper en système de désoufrage. Déjà 43.000 mines (petites,ou privées) ont été fermées en 5 ans (certaines, il est vrai, ont réouvert ensuite, subrepticement, avec la complicité des autorités locales, qui touchent une taxe à la tonne extraite). D’autre part, les usines, centrales thermiques en tête, devront s’équiper de systèmes dépolluants… Beaucoup d’emplois perdus en perspective – prix du progrès et de pureté reconquise.


Argent : Unicom/Mobile -bras de fer impossible

· Un groupe audiovisuel national naît. Lancé le 6 déc. 2001, China Broadcasting Cable Network est un réseau de 20000 employés, propriété à 70% de la SARFT, au capital de 2,5MM$ et 3 M km de câble à 46 canaux, touchant 90M de foyers (payant 8 à 15Y/mois), doublé d’une Cie de production, la CRFTG qui regroupe tous les grands médias audiovisuels, y-compris CCTV et la radio nationale. Son plan d’investissement (présenté le 19 /3) évoque de grandes ambitions, et un surprenant mélange d’appel à l’étranger (Zhu Hong, PDG du groupe ET de la SARFT, a fait son étude de faisabilité à Hollywood) et de protectionnisme du jardin secret de la Chine, la culture. Il est évidemment utile pour le pouvoir, de tenter de récupérer le monopole de la pensée, aujourd’hui atomisé en dizaines de chaînes de TV semi- publiques, et 2000 réseaux câblés.

Deux tiers des investissements, 2,4MM$ iront dans le rachat (négocié) de dizaines de câbles locaux (sur les 2000 du pays). 800M$ iront dans un centre de production moderne. Pour éviter les investissements redondants, les activités sont structurés en branches : émission, production, vidéo à la carte, distribution, publication et services internets. A l’essai depuis le 19 /3, le câble de CCN offre infos boursières, télé-études, jeux, vidéo à la carte, sports et nouvelles, bientôt accessibles sur écran TV et PC.

Objectif : tripler les revenus sous 5 ans, à 3,6MM$, et se créer une image pour l’instant absente.

NB: C’est une lutte contre la montre: pour l’instant, l’offre de tels services par des groupes étrangers de TV et d’internet est sévèrement régulée : il s’agit de créer un outil de production et un réseau de clients capables de résister aux géants extérieurs, à la porte, comme AOL-Time Warner, avant l’ouverture inéluctable.

· Face à Unicom son rival en téléphone mobile, China Mobile menace d’une guerre des prix si Unicom insiste pour offrir un portable CDMA gratuit en échange de 3 ans d’abonnement. Unicom a bien du mal à démarrer ce réseau lancé en janvier, n’ ayant vendu en février que 9000 abonnements CDMA, et 439.000 en GSM, 6% de son objectif annuel (7M). Unicom est bloqué par l’obligation de respecter des tarifs plus ou moins identiques. Unicom a annoncé l’achat de 500.000 appareils CDMA «pour résoudre la pénurie sur le marché»… Le combat se déroule à armes inégales : (déjà présente dans 13 provinces, avec 69M d’abonnés), CM poursuit son programme de rachat du réseau de sa maison mère dans 8 provinces, affiche un profit de 3.4MM$ en ’01, et une hausse de son chiffre de 54%.

· Le Sichuan profite du plan de relance de l’Ouest pour lancer sa base chimique de Luzhou, riche d’un champ gazier et 1er port de la province, relié à Shanghai par le Yangtzé. En plus d’infrastructures modernes (1,5MM$ d’invests promis) dans 4 nouveaux parcs industriels, les investisseurs dans 6 domaines (gaz, chimie fine pharma, carbo- et bio-chimie et matériaux nouveaux) seront reçus par une série d’incitations (baisses d’impôts, des prix du sol, de l’énergie, etc.) Revenu espéré : 1,8MM$ en 2015 !

 


Politique : politique_11_2002

· L’antibiotique, panacée universelle de la médecine en Chine…Selon un centre d’études du Hubei, il entrerait dans 70% des prescriptions contre 30% à l’Ouest…Après 20 ans d’excès, comme ailleurs au monde, l’antibiotique, abusé, se venge. Si depuis 1990, dans l’Anhui, il a permis un recul des 2/3 de la mortalité infantile, il permet aujourd’hui une mutation des souches infectieuses, qui deviennent résistantes: ¼ des 5M de tuberculeux en Chine, le sont de touches qui se rient de la pénicilline. Dans le Hubei, 60% des infections du côlon résistent à la ciprofloxacine, l’antibiotique spécialisé pour le traitement de l’anthrax -ce n’était pas le cas en 1993. Faute de se réveiller vite, la Chine médicale se prépare un avenir difficile -sans solution !

· La Chine compte 132M (10% de la population) de sexagénaires. Progressant de 3.2%/an, le pic de l’âge atteindra 400M et 25% en 2050, avec la charge économique que cela implique : les 25 vieillards à charge de 100 actifs (situation actuelle) deviendront alors 60 ! La Chine s’y prépare, notamment par cette conférence nationale (18/03) qui prévoit le déploiement d’une ombrelle d’ici 2010, retraite et soins gériatriques.

NB : aujourd’hui, seuls 17% des vieillards ont une retraite, et plus du quart n’ont pas de famille pour les soutenir.

· Le programme de lutte contre les pluies acides est la clé de voûte du sauvetage de ce qui reste de forêts en Chine- 30% du sol est menacé. Aussi le Conseil d’Etat a inscrit au X. Plan (2001-2005) une coupe de 10% des émissions de dioxyde de soufre, plafonnées à 18Mt. Ce que cela signifie: jusqu’à 100.000 mines de houille seront fermées, celles dont la teneur en soufre dépasse 3%, et celles n’ayant pas les fonds pour s’équiper en système de désoufrage. Déjà 43.000 mines (petites,ou privées) ont été fermées en 5 ans (certaines, il est vrai, ont réouvert ensuite, subrepticement, avec la complicité des autorités locales, qui touchent une taxe à la tonne extraite). D’autre part, les usines, centrales thermiques en tête, devront s’équiper de systèmes dépolluants… Beaucoup d’emplois perdus en perspective – prix du progrès et de pureté reconquise.


A la loupe : Réforme bancaire – les petits d’abord !

Citic, de Rong Yiren, dit le milliardaire rouge, s’est convertie (18/3) en holding, 1er groupe autorisé à travailler en banque, assurance et bourse, permettant des synergies entre capital et métiers financiers. Citic en a bien besoin -ayant été étrillée par la récession à Hong Kong. Citic compte aussi entrer en bourse de Shanghai en 2002, pour 1,2MM$.

C’est ce que fait China Merchants cette semaine, offrant 1,5MM parts, à bas prix (7,3Y max) -sans tambours ni trompettes. Le marché n’est pas bon. «Ce n’ est pas que pour l’argent que nous le faisons»,dit Qin Xiao, Président de China Merchants Gp, «mais aussi pour notre restructuration » …

NB: Merchants est la banque la mieux gérée de Chine,avec +91% de profits en 2001.Elle suit en bourse Shenzhen, Pudong, et Minsheng, banques parmi les petites, jeunes et moins endettées. Mais leurs titres ne font que baisser.

Citibank devient la première étrangère non JV, à pouvoir vendre et acheter des devises au particulier. Xiamen International Bank (JV) avait obtenu cette licence ce mois. Le marché de l’épargne en devises est de 82MM$, et celui en yuan équivaut à 1500MM$. 10 autres banques étrangères sont sur cette même demande, parmi lesquels les Honkongais (HSBC, Standard Chartered, Hang Seng), et Crédit Agricole.

Ces innovations reviennent à des petites banques chinoises ou à des étrangères : l’Etat joue la carte de la création de nouveaux partenaires, laissant les 4 grands au purgatoire de l’épuration de leurs mauvaises dettes: pour elles, ni bourse chinoise (BdC tente sa chance cette année à l’étranger),ni holding,tout au plus

l’introduction des cartes de crédit internationales, Visa et Mastercard

NB : avec un marché touristique d’1/2 de la Chine, l‘Inde jouit d’un trafic double – grâce à  ses 100.000 commerces acceptant la monnaie plastique, contre 30.000 en Chine- qui doit mettre les bouchées doubles, pour être prête au grand RV de 2008 !


Joint-venture : le parebrise baisse trop dans l’auto US

· Après le soja et l’acier, le pare-brise vient s’ajouter aux litiges du couple US-Chine. Depuis 2000, le Département du Commerce déplore la baisse du pare-brise chinois de près d’1/3 (à 18,5$/m²) – les imports de Chine ont quadruplé(à 2,4Mm²). Concluant au dumping, l’administration va imposer un droit compensatoire de 3à 124%selon les producteurs. N°1 chinois, Fuyao, taxé de 10%, va en appeler à l’OMC.

NB : la démarche du Département a été initiée par une plainte de sur 7 producteurs US.

· Comment relancer HK et Shenzhen, villes les plus avancées, et les plus touchées par la crise? Comme étape vers l’intégration inéluctable, Lowu, à la frontière, va être le cadre d’un «test», donnant la liberté d’établissement à tout étranger: c’est la contraignante loi des JV qui disparaît, permettant l’achat d’un bien, la jouissance des avantages fiscaux locaux et d’enregistrement commercial – comme pour un national. Cette latitude associée à une simplification des douanes au port de Huanggang d’ici juillet (par le biais d’une carte à puces), fait espérer à Shenzhen une relance des échanges. Moins à HK qui se demande, perplexe, ce que cela changera, mise à part la disparition des litiges entre partenaires de JV.

·Après sa mise au ban en décembre 1992, (vente de 60 Mirage-2000 à Taiwan!) Dassault fait sa rentrée chinoise (19/3), en signant un petit contrat avec AVIC,de fourniture de pièces livrables d’ici mai, destinées à 350 Falcon 2000, jets d’affaires. C’est un premier pas. Le suivant serait de trouver un segment du marché chinois, encore vagissant, occupé par Bombardier, British Aerospace ou Embraer. Voire, de produire en Chine, profitant du bas-coût de la main d’oeuvre!


Temps fort : La discrète longue marche de l’APL

La 1ère priorité de l’APL est sa modernisation. Elle vient d’obtenir la création d’une instance mixte de R&D d’armes nouvelles, avec l’appui de la CAS (vice président = Jiang Mianheng, fils de Jiang Zemin) et la CAE (président Xu Kuangdi, ex maire de Shanghai) – l’enceinte de tous les projets nationaux à haute technologie.

Grâce à son budget en hausse de 17% (20MM$ voire 50, avec les fonds secrets), l’APL est 1er importateur d’armes au monde. En Russie, elle a acquis en 2001 pour 3 MM$. Cet arsenal compte 72 Sukhoi 27, 100 missiles sol-air S-300, 10 transporteurs Il-76, 4 sous-marins Kilo, 2 destroyers Sovremmeny. Les US lui auraient fourni depuis 1990, pour 15MM$ de matériels sensibles: super-ordinateurs, machines-outil de haute précision. En Grande-Bretagne, Rolls Royce aurait fourni 90 moteurs Spey (+ pièces), pour équiper le chasseur chinois JH7. Autres fournisseurs: Israël, Afrique du Sud.

L’APL veut aussi établir des liens avec les forces de l’Ouest. Une flottille chinoise visitera en 2002 le Japon, mais ce dernier, suite à la hausse du budget de l’APL, réduit d’un quart ses prêts au développement (à 2,2MM$ en ’02).Idem, US et Chine et US prévoyaient des échanges de visites navales, mais Pékin vient d’annuler- déçu que les US aient accueilli en Floride de Tang Yiau-ming, min taiwanais de la défense (11/3).

Northtrop, n°1 mondial du naval militaire,va produire avec Taiwan des sous-marins diesels, dont 8 pour l’île (6 MM$), puis d’autres pour la demande mondiale. De plus, le Senat US veut créer en avril une instance de dialogue avec Taiwan : à l’évidence, la montée en puissance de l’APL n’inquiète pas que Tokyo!

En dépit de tout, Pékin et Washington travaillent à un accord de limitation des ventes chinoises de missiles, d’armes nucléaires, chimiques et biologiques. Donnant à l’APL l’image d’une caste tiraillée entre plusieurs autorités, projets et ambitions-en quête de son identité future!


Petit Peuple : Zhen He, 1er Circumnavigateur

Tout le monde en Chine, connaît Zheng He, eunuque et marin de l’époque Qing, qui fit entre 1405 et 1433, pas moins de sept périples dans l’univers, sans jamais céder au  xin ting dui qi (mal du pays – littéralement, «pleurer le pavillon neuf»). A la tête de 30.000 hommes, il connut le Viet Nam, Java, Ceylan, traversa l’Océan Indien, jusqu’au Mozambique. Succès stupéfiant, qui rend incompréhensible la disparition de la Chine, après Zheng He, de toutes les mers du globe. Si nous évoquons l’homme, c’est que Gavin Menzies, commandant de sous-marin re- converti en historien, prétend devant la Royal Geographical Society, que l’amiral chinois aurait aussi passé le cap de Bonne Espérance et découvert l’Amérique, 72 ans avant Colomb. Pour faire bon poids, Zheng He aurait aussi franchi le Horn pour faire la première circumnavigation, un siècle avant Magellan. Tandis que la société royale attend les preuves pour se prononcer, les historiens chinois, prudents, avouent ne rien trouver dans leurs archives. Il faut dire que si Menzies dit vrai, c’est toute l’histoire des mers qui est à réécrire – Zheng He mériterait plus encore son surnom de  si hai wei jia – qui fit des quatre mers, son foyer !