Le Vent de la Chine Numéro 37

du 12 au 18 novembre 2001

Editorial : editorial_37_2001

A Doha, la 4ème Conférence des ministres de l’OMC a reçu en son sein la Chine comme 143ème membre, les 10 novembre 2001 (vote/signature). L’adhésion sera effective 30 jours après (10 décembre). Pékin touche au but, donc, mais US, UE, même les Chinois estiment exclu que la Chine puisse immédiatement tenir tout son contrat. Ce n’est pas faute, pour elle, d’avoir «mis le paquet», mais un tel passage d’une économie d’Etat, à une mondialisée, ne se fait pas en un jour. Ainsi, le MOFTEC a déjà fait passer à la trappe 300 règlements discriminatoires (sur 700), et s’est doté de trois divisions ad hoc : «affaires OMC » (pour négociations futures!), «notification» et «contentieux». Par contre, ses procédures de règlements de litiges ne sont pas prêtes. Ainsi, le super ministère a publié (8/11) le cadre permettant aux firmes étrangères d’entrer en bourse (parts «A» et «B»), mais non celui pour l’ouverture de fonds d’investissement en JV – alors que 12 groupes financiers mondiaux, au moins, piétinent aux portes pour venir placer leur argent…

L’OMC a vu la décision (6/11) par l’ASEAN (10 pays d’Asie du Sud-Est) + la Chine, de convertir d’ici 2010 leurs territoires en union douanière, intégrant un PIB de 2.000 MM$ et des marchés d’1,7MM d’habitants. D’ici 12 mois, les 11 veulent fixer le contrat et rallier Japon et Corée – qui sont tièdes, voyant en la Chine un concurrent plus qu’un partenaire. C’est que l’initiative est chinoise, signée Zhu Rongji. A la barre d’un pays en bonne santé, Zhu pouvait rassurer, comme un grand frère au sein d’une grande famille: «la Chine ne fait pas cela pour augmenter ses exports. Nous allons nous entraider»! Selon Pékin, cette zone, en libérant l’Asie de sa dépendance forte au marché US, donnerait 1% de coup de pouce au PIB de l’ASEAN, et 0,3% à celui de Chine.

En 1994 à Bogor, l’APEC s’était fixé un but du même type, mais moins ferme et pour 2020. L’OMC aussi, avait échoué à Seattle à lancer une telle démarche au niveau mondial : échec complexe, mais dont une raison était les doutes de pays asiatiques comme Singapour, préférant les coopérations bilatérales ou régionales. La décision de l’ASEAN nous dit que l’Asie commence à estimer qu’elle pourrait avoir mieux à faire entre elle, qu’avec l’extérieur. Pour l’OMC, l’avertissement est net : il est temps de rouvrir et approfondir le débat des concessions mutuelles. C’est justement, et pas par hasard, le second point à l’ordre du jour de Doha !


Editorial : Zhu Rongji et l’ASEAN

A Doha, la 4ème Conférence des ministres de l’OMC a reçu en son sein la Chine comme 143ème membre, les 10 novembre 2001 (vote/signature). L’adhésion sera effective 30 jours après (10 décembre). Pékin touche au but, donc, mais US, UE, même les Chinois estiment exclu que la Chine puisse immédiatement tenir tout son contrat. Ce n’est pas faute, pour elle, d’avoir «mis le paquet», mais un tel passage d’une économie d’Etat, à une mondialisée, ne se fait pas en un jour. Ainsi, le MOFTEC a déjà fait passer à la trappe 300 règlements discriminatoires (sur 700), et s’est doté de trois divisions ad hoc : «affaires OMC » (pour négociations futures!), «notification» et «contentieux». Par contre, ses procédures de règlements de litiges ne sont pas prêtes. Ainsi, le super ministère a publié (8/11) le cadre permettant aux firmes étrangères d’entrer en bourse (parts «A» et «B»), mais non celui pour l’ouverture de fonds d’investissement en JV – alors que 12 groupes financiers mondiaux, au moins, piétinent aux portes pour venir placer leur argent…

L’OMC a vu la décision (6/11) par l’ASEAN (10 pays d’Asie du Sud-Est) + la Chine, de convertir d’ici 2010 leurs territoires en union douanière, intégrant un PIB de 2.000 MM$ et des marchés d’1,7MM d’habitants. D’ici 12 mois, les 11 veulent fixer le contrat et rallier Japon et Corée – qui sont tièdes, voyant en la Chine un concurrent plus qu’un partenaire. C’est que l’initiative est chinoise, signée Zhu Rongji. A la barre d’un pays en bonne santé, Zhu pouvait rassurer, comme un grand frère au sein d’une grande famille: «la Chine ne fait pas cela pour augmenter ses exports. Nous allons nous entraider»! Selon Pékin, cette zone, en libérant l’Asie de sa dépendance forte au marché US, donnerait 1% de coup de pouce au PIB de l’ASEAN, et 0,3% à celui de Chine.

En 1994 à Bogor, l’APEC s’était fixé un but du même type, mais moins ferme et pour 2020. L’OMC aussi, avait échoué à Seattle à lancer une telle démarche au niveau mondial : échec complexe, mais dont une raison était les doutes de pays asiatiques comme Singapour, préférant les coopérations bilatérales ou régionales. La décision de l’ASEAN nous dit que l’Asie commence à estimer qu’elle pourrait avoir mieux à faire entre elle, qu’avec l’extérieur. Pour l’OMC, l’avertissement est net : il est temps de rouvrir et approfondir le débat des concessions mutuelles. C’est justement, et pas par hasard, le second point à l’ordre du jour de Doha !


A la loupe : OMC – la nouvelle donne pour les médias

Depuis cinq ans, les médias chinois ont vu le soutien de l’Etat se réduire, et l’obligation de parvenir à l’autonomie financière. Leur survie dépend de leur audience, par les ventes et notamment la publicité.

Suivant la tendance visible partout au monde, depuis des années, l’Etat tente de constituer des groupes, mission confiée à Ding Guangen, chef du bureau de la «publicité d’Etat» (propagande). La démarche est double: faire parvenir les groupes à une économie d’échelle les prémunissant d’alliances étrangères, et maintenir, par concentration verticale, l’influence de l’Etat. Fin octobre 2001, Ding annonçait que tels groupes médiatiques pourraient recevoir les participations de GEE, et s’associer par tout montage financier à d’autres groupes de presse hors de leur région, brisant dans ce secteur la tradition vivace de protectionnisme provincial. NB: le texte prévoit qu’en cas de prise de parts par des conglomérats, la rédaction (et la censure centrale) garde son indépendance éditoriale, et que les investissements étrangers sont interdits, «pour éviter toute influence sur le contenu». Idem, les journaux sont interdits d’aller en bourse, «pour ne pas renforcer leur indépendance».

Les TV sont plus à la page. A Shanghai, les 11 canaux des groupes STV et Orient-TV viennent de se doter chacune d’un thème, ce qui en fait des précurseurs en Chine, et CCTV, de vendre aux enchères 230 créneaux de publicité -en misant cette fois sur la transparence, pour attirer l’étranger!

 


Pol : descente à Shantou

· Pour la 2de fois en 2 ans, Pékin a déployé 100 limiers de la "force spéciale n°815" à Shantou en un coup de filet contre un réseau de fraude fiscale au remboursement de TVA sur exports fictifs entre HK et le Guangdong, portant sur 5,5MM. En septembre 2001, un gang de 39 personnes avait été arrêté à HK, mais la branche continentale était restée en place, du Guangdong au Zhejiang. Jusqu’à présent, sur les 77 cas avérés, seuls 18 cas ont été jugés. En même temps, suite à la campagne  yandafrapper fort») d’avril à juin, soldée par 2000 exécutions, une action s’est lancée, «attraper les fugitifs» : du 20 septembre au 5 novembre, 60.000 personnes ont été arrêtées, dont 13.000 pour «meurtre, vol avec violence ou agression», 2000 pour «crimes économiques importants» et 834 liées à des «forces maléfiques» -euphémisme recouvrant triades ou sectes. La police révèle aussi son usage de matériels informatiques de plus en plus performants. Le 6/11 ont été portées les 1ères exécutions de cette campagne: 18 condamnés, à Pékin, suivis de cinq autres, le 9/11.


Argent : une Legend s’engrippe

· Longtemps coqueluche de la bourse de HK Legend Holdings a déçu, et mis fin à sa légende d’invulnérabilité à la mauvaise conjoncture. Le groupe pékinois d’électronique a fait savoir le 2 novembre 2001 qu’il fermait 500 emplois, 5% de sa main-d’oeuvre, d’ici mars 2002. Le 7/11, il récidivait en rapportant un profit net de 26M$ pour son second semestre, en hausse de 15,4% par rapport à 2000 mais en baisse de 12,8% par rapport au premier. Legend n’a vendu que 795.000 PC pendant l’été, saison clé de pré-rentrée des classes, période d’1/3 des ventes normales de PC. La firme -dont les parts ont perdu 40% au Hang Seng en 2001, a dû revoir à la baisse ses objectifs de vente de 3,7M à 3,13M d’unités pour l’année fiscale 2001 (mars ’01 à mars ’02, +20%). Par comparaison, l’exercice 2000 (mars à mars) avait vu une hausse de 77%, à 2,61M. Quoique Legend conserve ses 30% du marché chinois des PC, ses résultats révèlent un refroidissement rapide des ventes du secteur, de 48% au 1er trimestre -selon l’analyste IDC, à 13% au 3ème trimestre. Le groupe prédit un maintient de la tendance pour un an encore. Froid dû à la récession pour Nomura International, à une saturation du marché porteur, pour d’autres analystes. Une guerre des prix en vue ?

· Destinée à poser les jalons des réformes économiques au cours des 5 à 10 prochaines années, une réunion annuelle de décideurs a été ajournée le 5 novembre 2001, pour la seconde fois en un mois, faute de consensus sur l’ordre du jour. Au menu de cette Conférence Centrale Financière figuraient la réforme des banques, les SDD, l’assurance, les marchés boursiers, les taux d’intérêts et de change. Dong Wenbiao, Président de Minsheng (seule banque privée en Chine) a précisé que le meeting ne se tiendrait, qu’une fois acquis l’accord sur l’agenda -exemple classique de management par consensus, propre au système chinois.

Entre-temps, le pays continue à miser sur la consommation intérieure, pour franchir la vague de récession mondiale. Vient d’être confirmée (l6/11) la hausse des salaires des 10M de cadres, de 9,6$/mois en moyenne (soit +15%), rétroactif au 1er octobre. Après la hausse des salaires de 12$ le 1er janvier, cette injection porte le salaire minimal public à 53,7$ /mois (les régions "chères" de la côte, et celles "difficiles" du Grand Ouest, tels Tibet et Xinjiang, touchent davantage). Tous les "bonnets de gaze noire" (fonctionnaires) bénéficient, même Jiang Zemin et Zhu Rongji, qui toucheront 344$ /mois. A ce tarif, il leur faudrait 10 ans pour payer une Audi A6 made in Changchun, au tarif actuel.

 


Politique : politique_37_2001

· Pour la 2de fois en 2 ans, Pékin a déployé 100 limiers de la "force spéciale n°815" à Shantou en un coup de filet contre un réseau de fraude fiscale au remboursement de TVA sur exports fictifs entre HK et le Guangdong, portant sur 5,5MM. En septembre 2001, un gang de 39 personnes avait été arrêté à HK, mais la branche continentale était restée en place, du Guangdong au Zhejiang. Jusqu’à présent, sur les 77 cas avérés, seuls 18 cas ont été jugés. En même temps, suite à la campagne  yandafrapper fort») d’avril à juin, soldée par 2000 exécutions, une action s’est lancée, «attraper les fugitifs» : du 20 septembre au 5 novembre, 60.000 personnes ont été arrêtées, dont 13.000 pour «meurtre, vol avec violence ou agression», 2000 pour «crimes économiques importants» et 834 liées à des «forces maléfiques» -euphémisme recouvrant triades ou sectes. La police révèle aussi son usage de matériels informatiques de plus en plus performants. Le 6/11 ont été portées les 1ères exécutions de cette campagne: 18 condamnés, à Pékin, suivis de cinq autres, le 9/11.


A la loupe : Percée chinoise pour l’américain Alcoa

Après 2 tentatives ratées, Alcoa le géant US, 1er producteur mondial de métaux va signer sa JV en Chine : avec Chalco, n°1 de l’aluminium. En février 2001, Chinalco (maison-mère) avait repoussé l’offre US de JV: elle croyait pouvoir se financer en bourse, et garder ses propres rênes – elle avait invité Alcoa à souscrire (cf VDLC 12/VI). Mais la lourde chute du cours de l’aluminium (21%, de janvier au 6 novembre à la bourse des métaux de Londres) a enrayé ces rêves de cavalier seul, forçant Chalco au compromis.

L’EE accepte de céder 50% de sa principale usine à Pingguo (Guangxi). En échange, Alcoa injectera ses procédés et sa gestion, induisant sous 2 ans un doublement de la capacité de raffinage d’alumine à 800.000t, et l’augmentation de 38% celle de fonte d’aluminium, à 355.000t d’ici 2006. En plus de ces investissements directs, Alcoa prendra 8% des titres «Chalco» (300 à 500M$) en vente le 19 novembre entre NY et HK. Pour cette participation qui appellera l’investisseur à braver la conjoncture, elle entre (un siège) au Conseil d’administration de Chalco. Un succès dans cette introduction en bourse ouvrira à Chalco les fonds nécessaires pour réduire ses coûts, ses dettes, et de financer son expansion. Standard & Poor a donné à Chalco le «rating» flatteur de «BBB», justifié par sa position dominante sur le marché local, ses prix plus bas que les imports, et ses efforts de réduction de son endettement: de 117% fin 1999, à 30-35% en 2001. L’alliance redonne des ailes à Chalco: le 9/11, elle annonce un contrat avec Datang (Pékin), qui va  construire une centrale à charbon de 675mW/h pour approvisionner la future fonderie Chalco au Shanxi, contre l’achat annuel de 4,000 gW/heures à l’EE pékinoise. Sur le marché chinois de l’alu, 3ème mondial avec une en hausse moyenne par an de 10,8% depuis 1996 , c’est l’heure des alliages !

 


Joint-venture : Gitic Shenzhen boucle les comptes

· Une page de la saga de la faillite de Gitic s’achève. En octobre 1998, la Gitic, un des bras financiers du gouvernement cantonais, très apprécié de nombreux investisseurs et banques étrangers, était fermée avec fracas par la PBOC, avec 4,7MM$ de créances non recouvrables. C’était un tournant de l’histoire financière du pays : l’Etat, cette fois, ne couvrait plus! Impliquant de nombreuses EE en triste état, le recouvrement avait été long et difficile -selon l’avocat Hongkongais d’un créancier, le processus s’apparentait à celui de "tordre un caillou pour en exprimer le sang". Pour ce qui concerne Gitic-Shenzhen, la filiale également faillie, le sang s’est avéré égal à 15% des 362M$ du "rouge", que le tribunal rembourse aux 150 infortunés clients (2 novembre 2001). C’est peu, et tard – les meules de la justice cantonaise broient lentement.

· Comme bien d’autres géants des semi-conducteurs et des télécoms, Motorola doit réduire de 32.000 employés son personnel mondial (26%), et prévoit pour 2001 son 1er bilan déficitaire en 45 ans. Mêmes causes, mêmes effets : en même temps que d’autres noms déjà cités au VDLC, la firme de Chicago renforce sa présence en Chine, attirée par les bas-coûts de production et d’énormes opportunités dans la bande passante le sans fil, et Internet. En 2000, ses ventes en Chine ont compté pour 13% (4,5MM$) de son chiffre global, et Motorola revendique 30% du marché des téléphones mobiles. Forte de tels résultats, Motorola annonce donc 6,6 MM$ d’investissements frais en Chine d’ici 2006, portant son engagement à 10MM$, ce qui renforce sa position de premier investisseur étranger. Parmi les invests prévus figurent «au moins» 10 usines de puces électroniques, dont la capacité "doublera sa production en Chine". Son centre R&D britannique déménagera en Chine, portant le nombre de ses unités de recherche dans le pays à 19. En 2006, Motorola créera en Chine une valeur de 10MM$ et aura payé, sur ces 5 ans, 5,6MM$ d’impôts. Tout le monde y gagne!

· En juin 1996, Wang Yung-ching, Président de Formosa Plastics, 1ère fortune de Taiwan, contournait le veto du gouvernement pour installer à Zhangzhou (Fujian) une centrale thermique en Build-Operate-Transfer (BOT) de 3,2MM$, avec licence d’exploitation pour 20 ans. Ce succès pour Pékin défiait le principe prôné par Lee Teng-hui, Président de l’époque, d’une politique d’investissement en Chine "sans hâte avec patience»: une enquête avait été lancée contre Formosa l’année suivante, qui avorta, grâce à la finesse du montage financier passant par les USA. Avec le recul du temps, le tycoon vient d’admettre que le deal était «une erreur». Quand il signait son contrat en 1996, le Fujian avait déjà commandé quatre autres centrales, et dès 1997, l’offre excédait la demande, forçant une chute des tarifs. Résultat, depuis l’entrée en fonction du 1er générateur en 1999, la centrale taiwanaise dernier-cri aurait (selon Lee Tenghui) perdu l’équivalent de son invest, et n’a plus que 16 ans pour (tenter de) dégager des profits, avant d’être rétrocédée. Le comble, est que l’histoire a donné raison à Wang, sur le principe de la liberté d’investir en Chine:le 7 novembre 2001, Taipei (le Président Chen Shui-bian) a levé le plafond de 50M$ aux échanges, et simplifié les procédures, au nom de la nouvelle politique insulaire, «ouverture agressive, management efficace»!


Temps fort : Le paysan, premier souci post-OMC

«Mon 1er souci, après notre entrée à OMC, déclare Zhu Rongji à Brunei (5 novembre 2001), c’est le sort du paysan»: phrase lucide ! Pékin devra baisser ses taxes aux imports verts, de 31% à 17% d’ici à 2005, et lever ses quotas d’import des grains et des viandes, ce qui mettra l’agriculteur à la merci d’une concurrence mondiale mieux éduquée et avancée dans la quête de rentabilité.

Dans les secteurs de rapport (fruits, légumes), le choc sera moindre, mais les céréaliers (majorité) sont menacés. Les subventions sont minces, 2% de la valeur de production, et plafonneront à 8,5% – contre 30% aux pays riches.

Le vrai problème, est celui des nombres. 348M de  nongmin (paysans) se serrent sur 7% des sols cultivables de la terre. A terme, les emplois devraient tomber à 50M. L’industrie rurale atteint son plafond, faute de qualification et d’investissements. Les services (banque, assurance) ne sont pas encore dans la tradition – le monde rural est plutôt en proie à une administration ayant doublé depuis 1980, qui le taxe jusqu’à ½ de son revenu. La semaine passée, une Conférence Internationale pour la croissance rurale en revenait aux recettes classiques : investissements dans les écoles, la recherche agronomique et les transports, pour ancrer le paysan sur son sol et éviter les 20M d’exode vers les villes prévu après l’OMC. Un sondage de l’institut Horizon révèle que les ruraux ne sont pas prêts: 2/3 ignorent le sens de l’OMC, et leurs soucis sont ailleurs, dans les lacunes du service public: école (41,4%), taxes abusives (38,5%), corruption (34,3%), ordre public (22,6%), la croissance n’arrivant qu’en 5ème position à 19,6%. La réforme des taxes et de l’administration est prête – mais retardée, faute de crédits. D’autres initiatives d’assurance se préparent -fonds agricole, JV spécialisée (avec un partenaire qui se profile, Groupama). En attendant, le monde rural s’apprête à affronter seul des années sombres, et la lame de fond verte de l’OMC !


Petit Peuple : trop de publicité nuit

· En Chine, l’enseigne d’un restaurant fait la moitié du succès. Le patron d’une célèbre table pékinoise avait appelé son établissement «Chez Deng», décoré d’une paire de chats blanc et noir, en référence à la phrase: "peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape la souris". Le 2 novembre 2001, sans écouter les protestations du tenancier, la police ferma le restaurant, estimant qu’il était poussé non par le respect envers le Patriarche, mais par l’appât du gain cachait d’autres desseins – en chinois, cela se dit :  "zuiweng zhi yi bu zai jiu", «ce qui attire le vieillard ivre, n’est pas le vin». Au même moment à Lanzhou (Gansu), un inventif restaurateur attirait les foules affamées, par sa nouvelle enseigne, dite «aux Nouilles Ben Laden» (selon Quotidien des travailleurs): là, la police s’est contentée d’exiger qu’il reprenne son ancien nom. Le même Ben Laden, au passage, a inspiré un industriel alimentaire cantonais. Sous le couvercle de ses nouilles déshydratées, la photo du Saoudien a remplacé celle des footballeurs et les héros de BD. Notre confrère a demandé à la petite Doùdoù (six ans), si elle reconnaissait le personnage à barbe et turban : sans fard, sa réponse révéla sans doute possible, que l’homme le plus recherché de la terre, est parfaitement familier aux enfants chinois.