Le Vent de la Chine Numéro 31 (2024)

Après les grandes annonces formulées par la Banque Centrale avant les vacances nationales, la frénésie commence à retomber. Les boursicoteurs (souvent de la « génération Z ») qui avaient ouvert un compte en actions spécialement pour capitaliser sur ce boom annoncé (+30% depuis fin septembre), ont vu leurs espoirs déçus par une réunion le 8 octobre de la puissante agence de planification, la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC), ne dévoilant rien de nouveau.
Pour ménager les nerfs des petits porteurs et leur épargner des pertes plus conséquentes, la très attendue conférence de presse du ministère des Finances a finalement été programmée le samedi 12 octobre, un jour de fermeture des marchés. Et grand bien leur a pris, car là encore, aucun nouveau chiffre n’a été révélé. Le ministre, Lan Fo’an, a néanmoins laissé entendre que « le gouvernement a encore largement de quoi emprunter et augmenter son déficit fiscal ».
Et pour cause, la plupart des analystes s’accordent à dire que Pékin pourrait émettre jusqu’à 2 000 milliards de yuans (soit 283 milliards de $) d’obligations souveraines supplémentaires. Mais cette mesure nécessitera l’approbation du Comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP), qui se réunira un peu plus tard en octobre, d’où le décalage entre les annonces récentes et les attentes immenses des investisseurs.
Un certain flottement est néanmoins perceptible au sommet, semblable à celui qui a suivi la fin abrupte de la politique « zéro-Covid » en novembre 2022, réalisée sans aucun préparatif. En effet, tout suggère que ce stimulus économique a été décidé au plus haut niveau, sans qu’un véritable plan de relance n’ait été mis sur pied au préalable. Ce genre de revirement est une conséquence désormais visible par tous de la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme – une situation qui sera amenée à se reproduire si cette tendance se poursuit.
Ainsi, ce manque de préparation est probablement la raison pour laquelle le Premier ministre, Li Qiang, convoquait encore une fois cette semaine les meilleurs économistes du pays lors d’un symposium, en promettant « d’écouter les voix du marché ».
C’est ce qui poussent certains d’entre eux à appeler à la patience et à sortir de la logique traditionnelle qui veut que l’on juge la taille d’un stimulus à ses milliards dépensés. « Certaines lois qui vont être adoptées, comme celle sur la protection du secteur privé, seront tout aussi importantes », juge Dong Yu, ancien cadre à la Commission Centrale des Affaires Économiques et Financières.
Même si certains observateurs doutent de la portée de cette loi, l’économiste touche néanmoins là à un point sensible. En effet, le secteur privé représente 60% du PIB du pays et 80% des emplois. Mais depuis la reprise en main des géants de la tech en 2019, suivie de celle des promoteurs de l’immobilier et de celle des acteurs du soutien scolaire, la confiance des patrons est au plus bas.
Et jusqu’à présent, les efforts (essentiellement rhétoriques) du gouvernement n’ont rien fait pour les rassurer, encore moins l’objectif de « prospérité commune », qui les a contraints à faire d’énormes donations caritatives au moment même où ils licenciaient des milliers de leurs employés. Dans un tel contexte, pas étonnant que le titre d’homme le plus riche de Chine (actuellement détenu par Pony Ma, fondateur de Tencent) fasse davantage trembler que rêver.
En parallèle, le grand programme de prime à la casse de vieilles voitures, d’appareils électroménagers et d’équipements industriels obsolètes, est certes le bienvenu, mais reste insuffisant pour relancer durablement la consommation, gros point noir de la situation économique actuelle. Les ménages – enfin ceux qui peuvent se le permettre – préfèrent encore épargner que dépenser comme ils le faisaient auparavant. Preuve en est : le million de restaurants qui ont fermé à travers le pays les six premiers mois de 2024, dont de nombreux établissements gastronomiques. C’est presque autant de fermetures que durant toute l’année 2023. C’est sans compter les nombreuses fermetures sans préavis de salles de sport ou de jardins d’enfants, laissant employés et clients sur le carreau…
Une chose est sûre : la Chine n’a pas tant besoin de milliards de yuans injectés indirectement, ici et là, dans son économie, que de mesures concrètes pour renforcer la sécurité sociale des groupes les plus vulnérables et desserrer l’étau (politique et réglementaire) qui étouffe les entreprises privées à un moment où le pays a peut-être le plus besoin d’elles.

Le 10 octobre dernier, la République de Chine a fêté son 113ème anniversaire, et son 75ème depuis son transfert officiel et définitif à Formose en 1949, déjà actif dès le 25 octobre 1945, le « Jour de la Rétrocession » actant la fin de la domination japonaise sur Taïwan et Penghu. En réalité, on ne peut parler de « rétrocession » à proprement dit puisqu’en 1895 quand le Japon envahît Taïwan, la République de Chine n’existait pas encore. De même qu’on ne peut parler de « réunification » avec la République Populaire de Chine (RPC) puisqu’au moment de la création de la RPC en 1949, la République de Chine existait depuis 37 ans.
Cette année, comme depuis 9 ans de suite maintenant, c’est un candidat et président de l’ancien parti d’opposition au régime autoritaire du Kuomintang (KMT), à savoir le Parti Démocrate Progressiste (DPP), à qui est revenu l’honneur de prononcer le discours de cérémonie.
La dernière fois qu’un président du KMT, que l’on décrit souvent comme pro-Pékin ou pro-Chine (ce qui est un raccourci facile mais trompeur), a parlé au nom de la nation formosane, c’était Ma Ying-jeou en 2015. A l’époque, le plus RPC-compatible des présidents modernes de Taïwan, définissait ainsi la nature des rapports avec la Chine : « À l’avenir, nous continuerons à maintenir le statu quo de non-unification, de non-indépendance et de non-recours à la force dans le cadre de la Constitution de la République de Chine ». Voilà un discours qui pourrait faire passer aujourd’hui tout président taïwanais pour un « dangereux séparatiste » puisqu’il conduit à refuser, de principe, l’unification comme but légitime. Or, pour Pékin, il n’y aucun autre horizon possible pour Taïwan.
Certes, Ma enrobait cela de l’ajout cosmétique du « consensus de 1992 », selon lequel « chaque partie reconnaît l’existence d’une ‘Chine unique’ mais maintient sa propre interprétation de ce que cela signifie », c’est-à-dire la République Populaire pour la Chine et la République de Chine pour Taïwan. Autrement dit, la Chine et Taïwan devaient accepter l’existence de facto de deux Chines en s’entendant sur l’existence de principe d’une seule Chine. Or Pékin s’oppose à toute mention de l’existence de la République de Chine, dont elle réfute l’existence du fait de la défaite de Chiang Kai-shek. Pourtant, l’exemple de la République française en exil sous le Général de Gaulle montre que la défaite militaire ne signifie en rien la fin des institutions dont un gouvernement en exil peut se porter garante. Le fait est qu’aujourd’hui, la République de Chine ne peut plus « retourner » en Chine sans cesser d’exister : elle ne peut donc que se refonder continuellement, via les élections, sur la base de son territoire archipélagique formosan.
C’est ainsi que, selon Pékin, l’actuel président William Lai est un « dangereux séparatiste » qui attise les conflits. Pourtant, malgré les différences de ton et la diversité des rhétoriques partisanes, le message de fond de tout président de la République de Chine (qui, par nature, se doit de défendre les institutions dont il hérite) reste le même : le statu quo, ni unification, ni indépendance, ni recours à la force. Juste la demande du respect mutuel du droit à l’existence de l’autre.
Selon les termes de Lai lui-même : « En tant que Président, ma mission est de veiller à ce que notre nation perdure et progresse, et d’unir les 23 millions d’habitants de Taïwan. Je respecterai également l’engagement de résister à toute annexion ou atteinte à notre souveraineté ». Lai ne parle pas d’indépendance, il parle de différent institutionnel entre deux Républiques qui est la base présupposée du « consensus de 1992 » : « La République de Chine a déjà pris racine à Taiwan, Penghu, Kinmen et Matsu. Et la République de Chine et la République populaire de Chine ne sont pas subordonnées l’une à l’autre ».
Effectivement, si c’était le cas, il n’y aurait même pas besoin de « consensus de 1992 », ni d’ « un pays, deux systèmes » (une autre coquille vide, comme le montre la PRCisation à marche forcée de Hong Kong). La différence sur la nature des régimes est claire : « Sur ces terres, la démocratie et la liberté se développent et prospèrent ». Il n’y a rien donc dans ce discours qui vise à provoquer, ni à instiller le trouble ; William Lai ne fait que rappeler des faits. D’ailleurs, la plupart des observateurs externes à la Chine ont loué un discours « raisonnable ».
De façon fine et stratégique, afin de ne pas susciter l’ire de Pékin et lui permettre de justifier de nouveaux exercices militaires d’envergure, Lai a voulu insister sur les contributions positives de la Chine à la paix mondiale : « Depuis longtemps, les pays du monde entier soutiennent la Chine, investissent en Chine et aident la Chine à rejoindre l’Organisation mondiale du commerce. […] Cela a été fait dans l’espoir que la Chine se joindrait au reste du monde pour apporter des contributions mondiales ». Autrement dit, l’attitude belliqueuse de la Chine remet en cause son propre message et sa propre nature « pacifique », Lai affirmant être prêt à travailler avec la Chine sur « le changement climatique, les maladies infectieuses et le maintien de la sécurité régionale pour rechercher la paix et la prospérité mutuelle pour le bien-être des populations des deux côtés du détroit de Taiwan ». Pour autant, l’appel n’a pas vraiment été entendu.
En effet, selon un discours qui semble écrit d’avance, Pékin a dénoncé le discours de Lai, affirmant que sa position « exacerbe les tensions » entre les deux rives et « porte gravement atteinte à la paix » dans le détroit de Taïwan.
Toute la question est de savoir si la Chine pense avoir amassé assez d’aigreurs rhétoriques à l’écoute du discours de Lai pour s’auto-justifier d’une nouvelle démonstration de puissance militaire « pacifique ». Ayant accueilli l’investiture de Lai au printemps dernier par des exercices militaires à grande échelle, appelés « Joint Sword-2024A », impliquant des dizaines d’avions de guerre et plusieurs destroyers de la marine, Pékin va-t-il enclencher une nouvelle expédition punitive : « Joint Sword-2024B » ?
Interrogée à ce sujet avant le discours de Lai, l’administration Biden a déclaré : « Nous ne voyons aucune justification à ce qu’une célébration annuelle de routine soit utilisée de cette manière, et des actions coercitives comme celle-ci contre Taïwan et dans le contexte entre les deux rives du détroit, à notre avis, compromettent la paix et la stabilité entre les deux rives ».

Alors que le Parti tente, tant bien que mal, de mettre en place des « solutions » afin de relancer l’économie et assainir les finances locales, notamment par la mise en place d’« équipes spécialisées de liquidation » (砸锅卖铁工作专班)*, la lutte anticorruption continue de s’étendre, avec des chiffres qui ne cessent d’augmenter chaque mois. Comment expliquer ce phénomène ?
À ce stade, mis à part pour certains secteurs – dont la finance – et certains individus considérés « problématiques », l’objectif est de récupérer le plus d’argent possible en relevant un maximum d’infractions.
Une brève analyse des statistiques de l’anti-corruption s’impose. A savoir que toutes les infractions sont classées dans 8 catégories, telles que définies par Xi Jinping à son arrivée au pouvoir. Il y a donc les cadres qui se rendent coupables « d’hédonisme et d’extravagance » (offrir ou recevoir des cadeaux, s’adonner à des banquets…) ou encore, plus traditionnellement, de « versements et/ou de transferts illégaux de subventions ou d’avantages sociaux ».
Toutes catégories confondues, les chiffres relevés au mois août 2024 sont les plus élevés depuis au moins 2020. Ils représentent déjà le double des cas enregistrés en janvier, et le triple des cas de violations de février et mars. On note également une augmentation des violations liées aux banquets et aux échanges de cadeaux depuis 2022. Ces cas d’hédonisme représentent désormais plus de 42% des infractions totales rapportées les 30 derniers mois.
Plus intéressant encore, les violations liées à l’attitude « tangping » (躺平), ces cadres qui ne prennent plus d’initiatives, sont aussi en recrudescence depuis 2022, et ce, malgré le changement des règles d’évaluation. Les affaires de ce type représentent environ 40% des violations rapportées depuis 2020. Toutes ces statistiques, en plus de celles du nombre de « tigres » (haut dirigeants) mis sous enquête, font donc déjà de 2024 une année dorée pour l’anti-corruption.
Les conclusions à en tirer ne sont pourtant pas particulièrement glorieuses. En effet, il semble que peu importe les efforts de Xi, les cadres continuent à se laisser aller à des pratiques jugées « extravagantes » et à rester passifs par crainte d’être punis par la suite. C’est d’autant plus inquiétant que la majorité de ces cadres, qui se trouvent actuellement au bas de l’échelle hiérarchique du Parti, ont passé une grande partie de leur carrière sous Xi, c’est-à-dire durant les 12 dernières années. Ils sont donc censés connaître mieux que personne les sanctions auxquelles ils s’exposent en enfreignant les « 8 commandements » de Xi. En ce sens, la campagne anti-corruption qui visait originellement à corriger les problèmes laissés par les prédécesseurs du Président, sert à présent à punir ceux qui ont été promus post-18ème Congrès de 2012.
L’autre remarque à faire est qu’en cherchant à tout prix à récupérer une montagne de petits montants qui sont gaspillés par des dizaines de milliers de cadres chaque mois, le Parti ne fait qu’accroître le ressentiment des petits cadres, qui font déjà face à de nombreuses coupes budgétaires, de salaire et d’avantages sociaux, depuis 2022.
Il serait donc dangereux de considérer sa propre base comme une source de revenus durant des moments difficiles. D’autant que ces restrictions de budget ont eu pour effet de gonfler les rangs des « tangping » qui, faute de motivation et d’incitatifs, en font le moins possible. On peut dire que, d’une certaine manière, depuis un moment déjà, le Parti se tire lui-même une balle dans le pied en entretenant une population de « tangping » qui se retrouve par la suite dans les statistiques de l’anti-corruption.
Là où le bât blesse, c’est que le Parti a maintenant plus que jamais besoin de ses cadres pour mettre en œuvre ses politiques et de ses agents de sécurité afin de maintenir l’ordre. Cependant, Pékin continue de couper les salaires et de faire la chasse aux violations plutôt que de mettre en place une vraie politique incitative.
Si à court terme, l’objectif est de récupérer les avoirs détournés de l’État afin de renflouer les coffres de celui-ci, à long terme, cette stratégie risque de paralyser encore plus l’État léniniste dans ses tentatives de réformes ou encore d’implémentation de plan de relance. La corruption ne fera que changer de visage et deviendra de plus en plus pernicieuse et difficile à rectifier.
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* L’expression « fracasser le pot et vendre le fer » (zá

- 疯涨, fēngzhǎng : explosion (des prix ou du marché)
- 股市, gǔshì (HSK 7) : marché boursier
- 宣传, xuānchuán (HSK 3) : présenter / promouvoir
- 牛市, niúshì : marché haussier/ bull market
- 开盘, kāipán : ouverture du marché
- 大跌, dàdiē: forte baisse / effondrement
- 股民, gǔmín : investisseurs (en bourse)
- 血本, xuèběn : économies durement gagnées
- 无归 (wú guī) – tout perdre, sans espoir de retour
- 股票, gǔpiào : actions (en bourse)
大陆十一长假结束,原本节前疯涨的股市,甚至宣传成牛市,节后开盘两天千股大跌,一大批新股民被套,血本无归。
Dàlù shíyī cháng jiǎ jiéshù, yuánběn jié qián fēng zhǎng de gǔshì, shènzhì xuānchuán chéng niúshì, jié hòu kāipán liǎng tiān qiān gǔ dà diē, yī dàpī xīn gǔmín bèitào, xuèběn wú guī.
Après la fin des vacances du 1er octobre en Chine continentale, le marché boursier, qui avait explosé avant les vacances et avait même été présenté comme un marché haussier, a connu deux jours de chute drastique à la réouverture, avec des milliers d’actions en forte baisse. Une grande partie des nouveaux investisseurs se retrouvent piégés, perdant toutes leurs économies.
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- 演说, yǎnshuō (HSK 7) : discours, prononcer un discours
- 考虑, kǎolǜ (HSK 4) : envisager
- 采取, cǎiqǔ (HSK 3): prendre (des mesures)
- 贸易, màoyì(HSK 5) : commercial
- 限制, xiànzhì(HSK 4) : restriction
- 预示, yùshì (HSK 7) : indiquer
- 实施, shíshī (HSK 4) : mettre en œuvre / imposer
- 关税, guānshuì (HSK 7) : droits de douane
- 形式, xíngshì (HSK 3) : forme
- 经济施压, jīngjì shīyā : pression économique
台湾总统赖清德发表双十演说两天之后,中国商务部表示考虑对台湾采取进一步贸易限制措施。路透社指出,这可能预示着,中国在不久的将来或对台湾实施关税或其他形式的经济施压。
Táiwān zǒngtǒng làiqīngdé fābiǎo shuāng shí yǎnshuō liǎng tiān zhīhòu, zhōngguó shāngwù bù biǎoshì kǎolǜ duìtáiwān cǎiqǔ jìnyībù màoyì xiànzhì cuòshī. Lùtòu shè zhǐchū, zhè kěnéng yùshìzhe, zhōngguó zài bùjiǔ de jiānglái huò duì táiwān shíshī guānshuì huò qítā xíngshì de jīngjì shī yā.
Deux jours après le discours du Double-Dix (10 octobre) prononcé par le président taïwanais Lai Ching-te, le ministère chinois du Commerce a déclaré qu’il envisageait d’imposer de nouvelles restrictions commerciales à l’encontre de Taïwan. Reuters a souligné que cela pourrait indiquer que la Chine pourrait imposer des droits de douane ou d’autres formes de pression économique sur Taïwan dans un avenir proche.
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- Z世代, Z shìdài (HSK 7): génération Z
- 新贵, xīnguì: nouveaux riches
- 父辈, fùbèi : aînés / génération précédente
- 奢侈, shēchǐ (HSK 7) : luxe
- 定义, dìngyì (HSK 7) : définition
- 注重, zhùzhòng (HSK 5) : accorder de l’importance
- 工艺, gōngyì (HSK 5) : artisanat
- 大牌, dàpái : grandes marques
- 可持续, kě chíxù : durable
- 慢生活, màn shēnghuó : slow lifestyle/ style de vie lent
美国商业新闻网站Business Insider近日发表文章,认为中国Z世代(Gen Z)新贵与父辈对于奢侈的定义有所不同。这主要体现在,他们更注重产品的工艺而不一定是大牌,更喜欢可持续和慢生活方式。
Měiguó shāngyè xīnwén wǎngzhàn Business Insider jìnrì fābiǎo wénzhāng, rènwéi zhōngguó Z shìdài (Gen Z) xīnguì yǔ fùbèi duìyú shēchǐ de dìngyì yǒu suǒ bùtóng. Zhè zhǔyào tǐxiàn zài, tāmen gèng zhùzhòng chǎnpǐn de gōngyì ér bù yīdìng shì dàpái, gèng xǐhuān kě chíxù hé màn shēnghuó fāngshì.
Business Insider, un site d’information économique américain, a récemment publié un article affirmant que la génération Z chinoise de nouveaux-riches a une définition du luxe différente de celle de ses parents. Cela se reflète principalement dans le fait qu’ils accordent plus d’attention au savoir-faire des produits plutôt qu’aux grandes marques, et préfèrent des modes de vie durables et lents.

Le chirurgien avait laissé passer un silence avant de continuer :
« Vous rendez-vous compte que votre colonne vertébrale et votre cou tiennent aujourd’hui ensemble grâce aux deux tiges en métal et six vis que nous avons réussi à vous implanter au cours d’une opération dont je vous rappelle les risques ? »
Yi Jiefang, femme d’une soixantaine d’années aux cheveux courts et au regard décidé, opinait de la tête, sans quitter des yeux l’homme en blouse blanche en face d’elle.
« Planter des arbres, c’est fini, vous m’entendez ? Vous êtes désormais trop faible pour résister au vent (弱不禁风, ruò bù jīn fēng) ! Un dicton plutôt bien choisi, vous ne trouvez pas ? Je ne plaisante pas, continua-t-il sans laisser à Yi Jiefang la possibilité de répondre, la fragilité de votre état de santé doit vous pousser à repenser votre mode de vie et à vous ménager. »
Yi Jiefang avait fermé les yeux, le temps de voir le visage de son fils s’imprimer sur ses paupières puis avait simplement répondu :
« Je comprends bien docteur mais dites-moi, peut-on s’arrêter d’être mère? Vous qui aimez les dictons, il en est un qui ne me quitte pas : 封沙育林 (fēng shā yù lín, planter des arbres afin de stabiliser le sable). Il épouse presque mot pour mot ce que mon fils m’a dit quelques jours avant sa mort : « Maman, à ta retraite, tu devrais aller en Mongolie intérieure et planter des arbres ». Il s’inquiétait de voir toutes ces tempêtes de sable balayer les régions du nord-est. Je continuerai donc, avec deux tiges et six vis, tant que ma vieille carcasse me portera. »
En sortant de l’hôpital, Yi Jiefang avait dû s’asseoir sur un banc, assaillie par les souvenirs. Le 22 mai 2000, au Japon depuis de nombreuses années avec sa famille, elle apprenait que son fils unique s’était fait renverser à moto. Il décèdera à l’hôpital deux semaines pile après lui avoir fait cette curieuse tirade sur les arbres à planter en Mongolie Intérieure. Ces mots ont hanté Yi Jiefang : était-ce une façon d’honorer la mémoire de son fils que d’exaucer son vœu ?
Deux ans plus tard, son mari et elle démissionnaient de leurs emplois respectifs et quittaient le Japon pour retourner vivre en Chine. Yi Jiefang irait planter des arbres, elle la citadine originaire de Shanghai, la cinquantaine bien entamée, sans connaissances aucune sur le sujet ! Toutes les économies du couple ont disparu en billets de train, frais d’hôtels, en matériel et en arbustes. Yi Jiefang a multiplié les voyages ferroviaires entre Shanghai et Tongliao, la ville-préfecture de la région autonome de Mongolie-Intérieure, un trajet exténuant de plus de trente heures. Pour dormir, elle dépliait du papier-journal sous le siège et s’allongeait sur le sol.
La première fois, elle a découvert l’immensité du désert, le sable qui s’immisce partout jusqu’à recouvrir les draps de sa chambre d’hôtel à la fin de la journée. Tous les jours, il fallait lutter contre le vent et le sable, contre la méfiance des autorités locales devant une citadine qui semblait avoir perdu la tête. Son premier arbre, elle l’a planté dans la bannière de Hure, au sud de la région autonome de Mongolie-Intérieure. Il est arraché par le vent le jour suivant puis enterré sous une tempête de sable. Les mots de son fils répétés comme un mantra, Yi Jiefang a persévéré, faisant fi d’un dos de plus en plus fragile. Las, sa colonne vertébrale finit par se fracturer et les opérations se sont enchaînées, neuf au total sans entamer l’engagement de Yi Jiefang, à l’image des arbres plantés qui poussaient en résistant jour après jour au vent et au sable.
Quelques années après cette dernière opération, vingt-deux ans après la mort de son fils, Yi Jiefang se promène dans une parcelle plantée il y a déjà dix ans. Comme elle, ces jeunes arbres ont traversé des épreuves qui auraient dû les mettre à terre. La vieille dame enlace les troncs, caresse l’écorce, leur chuchote qu’ils sont aujourd’hui 10 millions, peupliers, pins, oliviers de Bohême, saxaouls de Mongolie, à pousser dans les régions qui bordent le désert de Gobi, à reforester l’équivalent de 63 495 terrains de basketball, et ce grâce à près de 50 000 bénévoles venus du monde entier, emballés par le projet d’une mère déterminée à faire vivre la mémoire de son fils. Les yeux fermés, les mains à plat sur l’écorce, Yi Jiefang écoute le murmure des feuilles au-dessus de sa tête, elle y retrouve le rire de son fils, caché dans le vert des frondaisons, à jamais vivant. Et cela n’a pas de prix.
Par Marie-Astrid Prache
NDLR : Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article s’inspire de l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors de l’ordinaire, inspirée de faits rééls.

14 octobre – 4 novembre, Canton : China Import & Export Fair, La plus grande foire commerciale de Chine
14 – 16 octobre, Shanghai : AgroChemEx, Salon de la protection contre les maladies des plantes
14 – 18 octobre, Shanghai : ITMA Asia + CITME, Salon international des technologies du textile et de l’habillement
15 – 16 octobre, Shanghai : Interfilière Shanghai, Salon international dédié à l’industrie de la lingerie, du bain, et des tissus techniques
15 – 16 octobre, Shanghai : IPIF – International Packaging Innovation Forum, Forum international de l’industrie de l’emballage
15 – 17 octobre, Zhongshan : G&A – Games & Amusement Fair, Salon international des attractions et jeux d’arcade
15 – 18 octobre, Tianjin : China Mining Congress & Expo, Salon et congrès chinois de l’industrie minière
16 – 18 octobre, Xi’ an : API China, Salon de l’industrie pharmaceutique
16 – 18 octobre, Shanghai : China Toy Expo / China Kids Fair, Salon international du matériel et des jouets pour bébés et enfants
16 – 18 octobre, Pékin : COTTM – China Outbound Travel & Tourism Market, Salon du tourisme chinois à l’étranger
17 – 19 octobre, Chengdu : CCBE – Chengdu China Beauty Expo, Salon international de l’industrie de la beauté
17 – 19 octobre, Zhuhai : RemaxWorld, Salon international de la papeterie, des fournitures de bureau et des produits culturels
17 – 20 octobre, Ningbo : IF Fair – International Fashion Fair, Salon international du textile et de la mode
18 – 20 octobre, Chengdu : AMWC – Aesthetic & Anti-Aging Medicine World Congress, Congrès mondial de médecine esthétique et anti-âge
18 – 21 octobre, Foshan : CeramBath, Salon international de la céramique et des sanitaires
20 – 23 octobre, Shenzhen : Gifts & Home Fair, Salon international des cadeaux, de l’artisanat, de l’horlogerie et des articles ménagers
21 – 23 octobre, Shanghai : CIHS – China International Hardware Show, Salon international de la quincaillerie et du bricolage
21 – 24 octobre, Yiwu : China Yiwu International Commodities Fair, Salon international des biens de consommation courante
23 octobre, Pékin : World’s Leading Wines, Rencontres d’affaires pour les plus renommés des importateurs et distributeurs de vins
24 – 26 octobre, Zhengzhou : CAE – China Attractions Expo, Salon international des installations et équipements de divertissement
24 – 27 octobre, Shanghai : DenTech China, Salon international des équipements, technologies et produits dentaires
26 – 28 octobre, Changsha : CIAME – China International Agricultural Machinery Exhibition, Salon international des machines agricoles
26 octobre – 2 novembre, Canton, Shanghai, Chengdu, Pékin : CEE – China Education Expo, Salon international de l’éducation et des formations supérieures
28 – 31 octobre, Shanghai : China Brew & Beverage, Salon international des procédés, technologies et équipements de la bière et des boissons
30 octobre – 1er novembre, Qingdao : China Fisheries & Seafood Expo, Salon chinois de la pêche et des fruits de mer
30 octobre – 1er novembre, Dalian : ShipTec, Salon international de la construction navale, des équipements pour la marine et de l’ingénierie offshore
31 octobre – 2 novembre, Shenzhen : CIBE – China International Beauty Expo Shenzhen, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
31 octobre – 2 novembre, Canton : Interwine Guangzhou, Salon chinois international du vin, et des boissons
5 – 8 novembre, Shanghai : CeMAT Asia, Salon international des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique
5 – 8 novembre, Shanghai : ComVAC Asia, Salon international de l’air comprimé et du vide
5 – 8 novembre, Shanghai : PTC Asia – Power Transmission and Control Asia, Salon international de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz
5 – 10 novembre, Shanghai : CIIE – China International Import Expo, Salon international dédié à la promotion des importations en Chine
6 – 8 novembre, Shenzhen : AWC – Automotive World China, Salon international de l’industrie automobile
6 – 8 novembre, Shenzhen : C-Touch & Display, Salon international des écrans tactiles et de la chaîne de fabrication des téléphones mobiles
6 – 8 novembre, Shenzhen : NEPCON Asia, Salon international des solutions de production électroniques intersectorielles avancées complètes
6 – 8 novembre, Shenzhen : Film & Tape, Salon international des films fonctionnels, des produits adhésifs, des matières premières chimiques, des équipements de traitement secondaire
6 – 8 novembre, Shenzhen : ICE China, Salon international consacré aux équipements & solutions techniques de pointe pour le revêtement, le laminage, le refendage, le rembobinage, la découpe, l’héliogravure…
7-10 novembre, Shanghai : ARTO21 Shanghai Contemporary Art Fair, Salon international de l’Art Contemporain de Shanghai
12 – 14 novembre, Shanghai : CGHE – China Gifts Home Expo, Salon international des cadeaux et articles ménagers
12 – 14 novembre, Shanghai : FHC – Retail & Hospitality Equipment, Salon international du commerce de détail et des équipements d’hôtellerie, fournitures et services
12 – 14 novembre, Shanghai : Prowine China, Salon international du vin et des spiritueux
12 – 17 novembre, Zhuhai : AirShow China, Salon international de l’aviation et de l’aérospatial
13 – 15 novembre, Yiwu : China Yiwu Imported Commodities Fair, Salon des biens importés en Chine
14 – 16 novembre, Nanjing : China International Emergency Industry Expo, Salon international de l’industrie des urgences
14 – 16 novembre, Shenzhen : China Hi-Tech Fair, Salon international des ordinateurs, des télécommunications, des applications et logiciels, de l’électronique
14 – 16 novembre, Nanjing : CNF – Yangtze River Delta International Fire Industry Expo, Salon des outils et équipements de protection dans la lutte contre les incendies
15 – 17 novembre, Shanghai : CCBF – China Shanghai International Children’s Book Fair, Salon international du livre pour enfants de Shanghai
15 – 17 novembre, Chongqing : HEEC – Higher Education Expo China, Salon de l’éducation supérieure
15 – 17 novembre, Pékin : Overseas P+I, Salon chinois de l’immobilier international, de l’investissement et de l’immigration
15 – 17 novembre, Shanghai : PaperWorld, Salon professionnel international des fournitures pour le bureau et pour l’école, de la papeterie et des matériaux pour les arts graphiques
15 – 17 novembre, Canton : Silver Industry Guangzhou, Salon et congrès de l’industrie des soins aux personnes âgées
15 – 24 novembre, Canton : Auto Guangzhou, Salon international de l’automobile de Guangzhou
18 – 20 novembre, Shanghai : Analytica, Salon international de l’analyse, des biotechnologies, du diagnostic et des technologies de laboratoire
18 – 20 novembre, Shanghai : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique
18 – 20 novembre, Shanghai : SWOP – Shanghai World of Packaging, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage
19-21 novembre, Shanghai : CNIBF, Salon international des produits et technologies relatifs aux batteries
20 – 22 novembre, Wuhan : PharmChina, Salon international de l’industrie pharmaceutique et de la santé
21 – 23 novembre, Shenzhen : Shenzhen Fashion Source, Salon international de la mode haut de gamme et de haute qualité
26 – 29 novembre, Shanghai : BAUMA, Salon professionnel des machines et matériaux de construction
26 – 29 novembre, Shenzhen : DMP, Salon international des plastiques, des métaux et du caoutchouc
27 – 29 novembre, Canton : INMEX, Salon international de l’industrie maritime
2 – 5 décembre, Shanghai : Automechanika Shanghai , Salon professionnel des pièces détachées et accessoires pour l’industrie automotive, des équipements pour garages et stations-services
5 – 7 décembre, Shanghai : EP Shanghai/ES Shanghai, Salon international des équipements et de la distribution électriques