Le Vent de la Chine Numéro 30 (2024)

A une semaine du 75ème anniversaire de la République Populaire de Chine et des vacances nationales (du 1er au 6 octobre), Pan Gongsheng, le gouverneur de la Banque Centrale, accompagné des régulateurs financiers et boursiers, Li Yunze et Wu Qing, a créé la surprise en annonçant le 24 septembre, un large éventail de mesures de soutien, censées redonner de la vigueur à une économie chinoise en perte de vitesse depuis de longs mois.
Il s’agit du plus gros plan de relance décrété par la Chine depuis le début de la pandémie et la fin de la politique « zéro-Covid » fin 2022. De quoi redonner le sourire aux traders et aux investisseurs. Il n’a cependant rien de comparable au méga-plan de 2008 (586 milliards de $), qui avait créé un endettement local très fort et favorisé la construction d’infrastructures redondantes et sous-utilisées.
Aujourd’hui, pas question de répéter les erreurs du passé et d’avoir recours à la machine à billets. Pékin a préféré opter pour une série de mesures ciblées. Ainsi, le principal taux directeur, qui détermine « le prix de l’argent » sur le marché, sera abaissé de 1,7 % à 1,5 %, ce qui devrait venir alléger le coût de l’emprunt immobilier des ménages, tandis que le ratio de réserves bancaires sera réduit de 0,5 point, ce qui devrait permettre de libérer 1 000 milliards de yuans (142 milliards de $) dans le système bancaire, au bénéfice des entreprises. Autre mesure-phare annoncée dans la foulée : le taux d’apport personnel lors d’un achat d’un bien immobilier passera de 25 % à 15 %.
Plus surprenant, Pékin prévoirait la distribution de nouvelles aides sociales : par exemple, les couples avec deux enfants ou plus pourraient prétendre à une allocation de 800 yuans (102 euros) par enfant (à l’exception du premier né). Jusqu’à présent, le leadership avait toujours renoncé à renforcer l’Etat-providence, craignant que cela ne favorise l’indolence du peuple chinois…
D’autres mesures d’assouplissement monétaire seront probablement annoncées d’ici la fin de l’année, mais ce sont surtout les mesures fiscales qui sont attendues au tournant, alors que l’endettement des collectivités locales atteint des records. La situation est devenue si inquiétante que certaines villes auraient eu recours à des hommes de main pour kidnapper des chefs d’entreprise afin de leur extorquer de l’argent en échange de leur libération, dénonce l’un des vice-directeurs de l’Ecole du Parti, dans un article désormais censuré.
Avec ce plan, la Chine espère donc relancer son marché de l’immobilier en plein marasme, ressusciter ses marchés boursiers et relancer la consommation. Mais difficile de demander aux ménages, qui continuent à rembourser leur(s) emprunt(s) chaque mois, de dépenser davantage alors que la valeur de leur(s) appartement(s) s’est sensiblement dépréciée depuis la cure d’amaigrissement imposée aux promoteurs immobiliers en 2021.
Pourquoi maintenant ? La publication de données macroéconomiques peu encourageantes pour le mois d’août a très certainement joué. En effet, les ventes de détail ont ralenti à +2,1% sur un an au mois d’août, au lieu de +2,7% le mois précédent, tandis que la production industrielle ne progressait que de 4,5%, contre 5,1% en juillet. Les prix à la consommation, eux, n’ont progressé que très légèrement sur un an en août (+0,6 %), indiquant la fragilité de la demande. Le taux de chômage des jeunes est, lui aussi, inquiétant : 18,8%, son plus haut niveau depuis qu’une nouvelle méthode de calcul, adoptée en décembre 2023, a fait baisser la statistique.
Tous ces mauvais signaux, ainsi que la perspective de rater l’objectif de croissance annuel du PIB « d’environ 5% », ont sûrement poussé les dirigeants du Politburo, réunis fin septembre pour se pencher exceptionnellement sur l’état de l’économie, à donner leur feu vert à un package plus conséquent. Ce revirement est d’autant plus étonnant que dix jours plus tôt, le gouvernement affirmait encore que la croissance chinoise était « stable ».
Signe du climat d’inquiétude qui règne au sommet, Xi Jinping a demandé aux cadres et aux membres du Parti d’avoir le « courage de prendre leurs responsabilités » et « oser innover » en matière de développement économique, en leur promettant de ne pas être punis en cas d’échec. Ce genre de garantie venant du grand leader lui-même n’est pas à prendre à légère et pourrait rassurer certains cadres qui avaient choisi de « s’allonger » ou de faire « profil bas ».
Maintenant, la question est de savoir si ces mesures seront suffisantes ? Si les économistes s’accordent sur le fait que ces annonces sont un « soulagement », ils sont aussi plusieurs à décrire ces mesures comme « insuffisantes » et rappellent qu’elles ne se substituent en aucun cas au besoin de réaliser des réformes structurelles (ne pas s’arrêter à la réforme de l’âge de la retraite).
Au final, et si la véritable bonne nouvelle dans ce plan de relance, ne se trouvait pas dans les détails des mesures envisagées, mais bien dans la prise de conscience au sommet de l’appareil, de l’urgence de la situation économique et de la nécessité de booster la demande ?

Le couperet est tombé. A l’issue d’un vote très attendu des Vingt-Sept, le 4 octobre, la Commission Européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, pourra imposer « définitivement » (c’est-à-dire pendant 5 ans) des droits de douane compensatoires (jusqu’à 35% en plus des 10% en vigueur) sur les voitures électriques importées de Chine.
L’objectif affiché est de rétablir des conditions de concurrence équitables avec des constructeurs chinois accusés de profiter de subventions publiques de leur gouvernement pour vendre moins cher leurs véhicules en Europe. Pour la Commission, il s’agit de défendre la filière automobile européenne et ses 14 millions d’emplois contre des pratiques jugées « déloyales » épinglées par une longue et minutieuse enquête.
Pourtant, le vote était loin d’être unanime. A vrai dire, seuls 10 pays (dont la France, l’Italie, l’Irlande, les Pays-Bas, le Danemark, les Pays Baltes, et la Pologne) ont voté pour, 12 se sont abstenus (ce qui en dit long sur la prudence avec laquelle les États abordent la question de la concurrence chinoise) et 5 ont voté contre (dont l’Allemagne et la Hongrie), bien loin de la majorité qualifiée (15 pays membres de l’UE représentant 65% de la population du bloc) nécessaire pour bloquer la mesure.
Au-delà de son résultat final, ce vote permet de jauger l’efficacité des manœuvres de persuasion déployées par Pékin ces dernières semaines. En effet, la Grèce et l’Espagne*, qui s’étaient initialement prononcées en faveur de ces droits de douanes, se sont finalement abstenues, espérant ne pas subir le courroux de Pékin et continuer de recevoir les investissements chinois.
Plus significatif encore, le vote « contre » de l’Allemagne, alors que Berlin s’était contenté d’une abstention lors du dernier vote. Ce changement est le reflet des craintes des constructeurs automobiles allemands, Volkswagen, Audi, BMW, Mercedes-Benz, Porsche et consorts, qui redoutent de faire l’objet de représailles de la part de Pékin. Il faut dire que le marché chinois représente un tiers de leurs ventes.
Cependant, les fleurons de l’industrie automobile allemande peuvent se rassurer. En effet, en se déclarant ouvertement contre ces tarifs et en cherchant à rallier – avec l’aide de Budapest, la plus sinophile des capitales européennes – un maximum de pays à sa cause, Berlin a, selon toute vraisemblance, mis ses constructeurs à l’abri d’éventuelles mesures de rétorsion. Cela n’empêchera pas les constructeurs allemands de « bénéficier » du (bref) répit que leur offriront ces tarifs et/ou de l’éventuel accord qui sera négocié entre Pékin et Bruxelles.
Paris, Rome, Amsterdam, Copenhague et Dublin ne pourront probablement pas en dire autant : Pékin a déjà ouvert des enquêtes anti-dumping visant les eaux-de-vie à base de vin (principalement le Cognac), le porc (espagnol, danois, hollandais et français) et les produits laitiers (italien, danois, hollandais et français). Les sanctions peuvent donc tomber à tout moment. Toutefois, les chances immédiates de représailles sont minces, Pékin pouvant préférer attendre les résultats de l’élection américaine, le 5 novembre, avant de décider d’entrer ouvertement en guerre commerciale avec l’UE.
Suite au vote du 4 octobre, le ministère chinois du Commerce s’est contenté de déclarer que la Chine prendrait « toutes les mesures nécessaires pour protéger les intérêts de ses entreprises » tout en prenant note de « la volonté politique exprimée par la partie européenne de continuer à négocier pour résoudre le problème ». Les commentateurs chinois, eux, ont souligné la position « schizophrénique » de l’UE, compromettant ses propres objectifs climatiques en renchérissant le coût du passage à l’électrique pour les consommateurs européens.
C’est ainsi que les négociations entre le commissaire européen, Valdis Dombrovskis, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, devraient se poursuivre au mois d’octobre sur la question d’un prix plancher et d’un volume d’exportations prédéfini. A savoir que les tarifs devraient entrer en vigueur au 31 octobre. Si ces discussions n’aboutissent sur aucun accord, il est toutefois possible qu’elles se poursuivent après cette échéance. Ainsi, en gardant la porte ouverte aux négociations, Bruxelles nourrit l’espoir de retarder d’éventuelles représailles.
Cependant, cette solution s’annonce d’ores et déjà compliquée : en cas d’accord sur les prix, il devrait être négocié pour chacun des constructeurs chinois et chacun des modèles exportés. C’est sans compter sur la mauvaise expérience de la Commission Européenne il y a 10 ans : à la suite d’une enquête antidumping, la Commission avait annoncé en juin 2013 des droits de douane sur les panneaux solaires (une décision dénoncée à l’époque par la chancelière Angela Merkel), ce à quoi Pékin avait répondu en menaçant le vin français et les autos allemandes. Après six semaines de négociation, les deux parties étaient finalement parvenues à une « solution à l’amiable », Bruxelles acceptant un engagement de prix de la part des exportateurs chinois. Mais cette mesure n’avait pas suffi à sauver les producteurs européens : en 2023, l’Union ne produisait plus que 3 % des panneaux solaires qu’elle installait…
Voilà qui peut expliquer l’intransigeance affichée actuellement par la Commission qui a déjà rejeté, en septembre, une offre de prix émanant de l’association des constructeurs automobiles chinois. Pour Mme von der Leyen, il en va de la crédibilité de l’UE et de son ambitieux agenda de « dérisquage » économique.
Au final, la balle semble aujourd’hui dans le camp chinois : soit Pékin accepte que ses constructeurs (enfin ceux qui décident de ne pas produire en Europe ou de ne pas exporter depuis un pays tiers) soient pénalisés sur leur plus gros marché hors Chine, soit la Chine reconnaît indirectement qu’elle subventionne son industrie en acceptant une solution négociée. Une décision qui reviendra à Xi Jinping en personne.
************************
* Le groupe chinois Hygreen Energy a annoncé fin août un investissement pouvant atteindre 2 milliards d’€ dans un projet de production d’hydrogène vert en Andalousie. Deux ans plus tôt, c’était Envision qui promettait d’investir 3,8 milliards d’€ en Espagne, notamment dans une « gigafactory » de batteries automobiles.

Cela n’était plus arrivé depuis 1980. Le 25 septembre, la Chine a annoncé avoir effectué avec succès un tir d’un missile balistique intercontinental dans l’océan Pacifique : l’ICBM, transportant une ogive factice (en lieu et place d’une ogive nucléaire), a été lancé par la « Force des missiles » de l’Armée populaire de libération (APL).
Selon le ministère chinois de la Défense, il s’agirait d’un « test de routine dans notre plan d’entraînement annuel », ajoutant que le missile « est tombé dans des zones maritimes attendues » et n’était dirigé « contre aucun pays ou cible ». Deux avertissements de navigation maritime et aérienne ont été émis deux jours avant (23 septembre) pour les zones situées au nord-ouest et au nord-est du pays et étaient « liés au lancement ». Les avertissements citent spécifiquement des opérations spéciales « menées par la Chine ». Cependant, la nature même de ces opérations reste floues et ne semble pas avoir été précisée comme relevant d’un lancement IBM. Les missiles ont probablement été tirés depuis Hainan ou à proximité, et ont atterri quelque part près de la Polynésie française. Le fait que le lancement du missile depuis Hainan plutôt que depuis un silo intérieur signifie qu’il s’agissait très probablement d’un test de son nombre croissant de missiles longue portée mobiles sur route.
Plusieurs éléments sont à analyser dans cet épisode. Commençons par un point moins développé dans les recensions sur ce lancement : l’étrange dissensus au niveau des « alliés » quant à sa préparation et à son annoncement. Selon le site d’information Xinhua, la Chine a « informé à l’avance les pays concernés », sans préciser la trajectoire du missile ni l’endroit où il est tombé. La France et les Etats-Unis ont indiqué avoir bien été notifiés par les autorités chinoises de ce test. Un porte-parole du Pentagone ajoutant qu’il s’agissait d’un « pas dans la bonne direction pour réduire les risques de mauvaise perception et d’erreur de calcul ».
Mais ce n’est pas tout à fait la perception du Japon, de la Nouvelle Zélande ou des Philippines. Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, a déclaré que le Japon n’avait pas été informé avant le lancement et que le renforcement militaire rapide de la Chine était « très préoccupant ». Un responsable des garde-côtes japonais a, lui, déclaré avoir reçu le 23 septembre un avertissement de navigation de la part de la Chine concernant des « débris spatiaux ».
De même, les autorités philippines ont indiqué que deux avis de sécurité maritime et aérienne concernant les zones situées au nord-ouest et au nord-est du pays avaient été émis, mais sans certitude apparente concernant le fait qu’il s’agirait d’un lancement d’ICBM. Enfin, le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères a déclaré que l’atterrissage d’un missile balistique intercontinental dans le Pacifique Sud était « préoccupant ».
Cette différence de traitement et de perception peut être due au fait que la France et les Etats-Unis sont elles-mêmes des puissances nucléaires et ont recours à de tels exercices. Ainsi le 18 novembre 2023, l’armée française avait annoncé avoir effectué avec succès un tir d’essai d’un nouveau missile balistique lancé par sous-marin (SLBM) depuis une base d’essai terrestre.
Est-ce que cela signifie pour autant qu’il s’agisse d’un exercice de routine, ne visant personne en particulier, comme l’affirme le porte-parole du gouvernement chinois ? Pas vraiment et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, on ne peut pas vraiment parler d’exercice de routine pour un lancement annoncé à mots couverts et plus effectué depuis… 44 ans !
Ensuite, le lancement de missiles à longue portée en dehors des frontières territoriales de la Chine est très rare, l’APL préférant effectuer des essais de missiles dans des provinces éloignées, comme la Mongolie intérieure. De fait, le premier missile balistique intercontinental connu de la Chine a été testé en 1980 et tomba entre les îles Salomon et Nauru dans le Pacifique Sud. L’événement marquait d’ailleurs le début de son programme de missiles balistiques « Dongfeng ».
Enfin, 44 ans plus tard, le test probable du DF-31 (cf photo), conçu pour emporter une arme thermonucléaire d’1 mégatonne, témoigne d’un saut qualitatif important de l’APL. Ainsi, quand le gouvernement parle d’un « exercice normal », il s’agit, comme souvent de la part du pouvoir « communiste », d’un discours performatif : « dire, c’est faire ». En disant qu’il s’agit d’un « exercice de routine », la Chine veut en fait préparer l’opinion à ce que l’exercice puisse devenir routinier. En disant qu’il s’agit d’un « lancement normal », la Chine veut normaliser son accès au statut de grande puissance militaire et nucléaire.
La Chine possède en effet plus de 500 ogives nucléaires opérationnelles dans son arsenal, dont environ 350 ICBM, et pourrait en posséder plus de 1 000 d’ici 2030, selon le Pentagone, à comparer aux 1 770 et 1 710 ogives opérationnelles déployées respectivement par les États-Unis et la Russie.
Est-ce que donc on peut affirmer clairement que le test ne vise personne ? Certes, comme souvent en Chine, le pouvoir se parle d’abord à lui-même et la première cible de la propagande chinoise reste les Chinois et l’ensemble des échelons intermédiaires de gouvernance.
De ce point de vue, le lancement d’essai peut être lu comme une mesure visant à restaurer la confiance et le moral au sein des « Forces des missiles », ébranlées par plusieurs enquêtes pour corruption ayant impliqué de hauts responsables militaires : le commandant des Forces des fusées, Li Yuchao, et son adjoint, Liu Guangbin, remontant jusqu’à l’ancien ministre de la Défense, Wei Fenghe.
Il s’agirait aussi de faire taire les rumeurs selon lesquelles les soldats de cette même unité auraient utilisé le combustible solide des missiles pour cuisiner en remplissant d’eau les réservoirs vidés.
En outre, l’essai balistique intervient après l’essai russe raté, quelques jours plus tôt, du lancement de son missile balistique intercontinental Sarmat, également connu sous le nom de Satan II : une image satellite montre un grand cratère et les restes d’une possible explosion sur une rampe de lancement du cosmodrome de Plesetsk, dans le nord de la Russie.
Par-là, la Chine fait coup double dans son « amitié sans limite » avec la Russie : Pékin montre être capable de suppléer les déficiences russes vis-à-vis des Etats-Unis et de l’alliance occidentale « otanesque » et « QUADique », tout en montrant aussi à Moscou qui est le véritable « patron ». Un délicieux retournement de situation que les néo-maoïstes chinois doivent apprécier face à l’ancien « grand frère » stalinien donneur de leçons.
Enfin, bien entendu, la Chine entend rappeler à toutes les puissances de l’Indo-Pacifique qu’elle peut toucher tout le monde, partout : non seulement à Manille, Canberra et Tokyo mais aussi San Francisco et Los Angeles. Cette démonstration de puissance et de fiabilité d’un lanceur nucléaire rajoute aussi évidemment à l’anxiété nucléaire de la région Pacifique et du monde en général.

En ce jour pluvieux de février, à la sortie du bureau des mariages de son district de Chongqing, Luo Lijuan ne passe pas inaperçue. Si elle laisse les dentelles et les strass aux mariées de vingt ans, elle a choisi à 67 ans une robe écarlate à larges volants pour convoler une seconde fois. Dans ses cheveux teints en rouge volètent des papillons de soie, tandis qu’à ses doigts brillent des pierres de différentes couleurs. Atypique, exubérante, Luo Lijuan sourit, plus rayonnante que jamais au bras de son tout nouveau mari.
Fille unique et choyée d’un couple de commerçants, Luo Lijuan a toujours eu confiance en elle et en sa bonne étoile. Quand toutes ses amies se mariaient les unes après les autres, sous la pression familiale, elle refusait d’épouser un homme sans amour. Las de lutter, ses parents ont fini par la laisser tranquille. A l’aube de la trentaine, le grand amour s’est enfin présenté avec dix ans de plus, un milieu plus simple mais un esprit d’initiative et une ouverture vers l’étranger qui firent merveille quelques années plus tard quand les grandes multinationales étrangères voulurent entrer sur le marché chinois.
Ils se sont mariés, sans prêter attention aux avis parentaux mitigés et Luo Lijuan accoucha d’une petite fille un an plus tard. Dix années d’un bonheur sans nuages avant la maladie puis la mort de son époux qui lui portèrent un coup terrible. Il la laissait à l’abri du besoin mais vidée tout d’un coup de sa joie de vivre et de son énergie. Pour sa fille elle s’est accrochée, a ouvert une boutique de prêt-à-porter et s’est plongée dans le travail pour ne plus penser.
Quelques années plus tard, enfin diplômée et à l’orée d’une belle carrière, sa fille s’est mise tardivement en quête du Prince Charmant, l’exemple maternel ayant prouvé que tout vient à point à qui sait attendre. Luo Lijuan pensa la quête rapide, sa fille n’avait-elle pas toutes les qualités ? Il n’en fut rien.
A bout de patience, sur le point de poster une annonce détaillant les caractéristiques physiques, le salaire et les centres d’intérêts de sa fille dans le coin des marieuses à Hongyadong, Luo Lijuan s’est souvenue de la patience de ses propres parents et n’en fit rien. Une application de rencontre dénicha la perle rare pour sa fille et Luo Lijuan, d’abord réticente, découvrit les potentialités de ces nouveaux outils de dating.
Au moment des confinements à répétition liés au Covid-19, elle s’est familiarisée avec l’application Douyin, a créé un profil, s’est amusée à se photographier dans les tenues colorées qui attendaient tristement dans sa boutique fermée. Son profil « Belle Grand-mère » a été suivi, de plus en plus, les commentaires élogieux se sont succédé, Luo Lijuan a retrouvé le sourire, s’est surprise à rêver…
Un abonné souligne un jour sa ressemblance avec une participante d’un show télévisé qui permet à des seniors de retrouver l’amour. Pourquoi pas elle ? Sa fille la soutient, l’encourage même et la voilà sur un plateau de télévision.
Dès le lendemain, près de 200 prétendants, souvent bien plus jeunes qu’elle, divorcés ou veufs, la contactent. Le dixième, un divorcé de 74 ans, honnête et sportif, surnommé Qi, retient son attention. Plus de beaux-parents ni de parents à contenter, plus de pression sur la différence de milieu, sur la situation financière, Luo et Qi s’émerveillent de la simplicité de leurs échanges, de cette légèreté que ni l’un ni l’autre n’avait expérimenté auparavant. Luo aime faire de longues balades sur la moto de Qi et Qi apprécie la vitalité de Luo, son optimisme et son amour des papillons et des couleurs vives.
Un jour, Qi a murmuré à Luo qu’il est comme un arbre desséché qui a retrouvé le printemps (枯木逢春, kū mù féng chūn). Grâce à elle, il revient à la vie et ne souhaite plus la quitter. Avant de se marier, les deux tourtereaux sont retournés sur le plateau de l’émission pour remercier et témoigner. Ils ont parlé d’un amour enfin débarrassé des exigences matérielles, du diktat des apparences, de la pression d’enfanter et d’éduquer des enfants, un amour pour aimer, tout simplement, et les jeunes qui les ont écoutés n’en ont pas laissé échapper une miette.
Devant le bureau des mariages, comme deux papillons de 67 et 74 ans, que ni la pluie ni la vieillesse n’effraient plus, ils s’apprêtent à prendre un envol que tous les abonnés de Luo leur souhaitent le plus long et le plus léger possible !
Par Marie-Astrid Prache
NDLR : Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article s’inspire de l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors de l’ordinaire, inspirée de faits rééls.

- 经济学家, jīngjìxuéjiā : économiste
- 出台, chūtái (HSK 6) : promulguer, mettre en place (un programme, une politique)
- 措施, cuòshī (HSK 4) : mesures
- 长远, chángyuǎn (HSK 6) : long terme
- 结构性, jiégòu xìng (HSK 4) : structurel
- 改革, gǎigé (HSK 5) : réforme
- 扮演, banyan (HSK 5) : jouer le rôle
- 增强, zēngqiáng (HSK 5) : renforcer
- 消费者, xiāofèi zhě (HSK 5) : consommateur
- 社会保障, shèhuì bǎozhàng : sécurité sociale
经济学家库纳特认为,中国政府现在出台的措施仍然是“用新钱解决老问题”. “从长远来看,结构性问题必须通过改革来解决。为了让居民消费扮演更重要的作用,首先必须增强消费者的信心,在社会保障制度上进行重大改革。”
Jīngjì xué jiā kù nà tè rènwéi, zhōngguó zhèngfǔ xiànzài chūtái de cuòshī réngrán shì “yòng xīn qián jiějué lǎo wèntí”. “Cóng chángyuǎn lái kàn, jiégòu xìng wèntí bìxū tōngguò gǎigé lái jiějué. Wèile ràng jūmín xiāofèi bànyǎn gèng zhòngyào de zuòyòng, shǒuxiān bìxū zēngqiáng xiāofèi zhě de xìnxīn, zài shèhuì bǎozhàng zhìdù shàng jìnxíng zhòngdà gǎigé.”
L’économiste Gero Kunath estime que les mesures introduites par le gouvernement chinois « utilisent encore de l’argent frais pour résoudre d’anciens problèmes ». « À long terme, les problèmes structurels doivent être résolus par des réformes. Afin de permettre à la consommation de jouer un rôle plus important, il est d’abord nécessaire de renforcer la confiance des consommateurs et de mener des réformes majeures du système de sécurité sociale. »
**************
- 爱国主义, àiguózhǔyì : patriotisme
- 推动, tuīdòng (HSK 3) : promouvoir / encourager
- 民族主义, mínzúzhǔyì : nationalisme
- 狂热, kuángrè (HSK 7 ): ferveur
- 情绪, qíngxù (HSK 6 ) : sentiment / émotion
- 失控, shīkòng (HSK 7) : hors de contrôle
- 袭击, xíjī (HSK 7) : attaque
- 仇恨, chóuhèn (HSK 7) : haine
- 同理心, tónglǐxīn : empathie
- 压制, yāzhì (HSK 7) : réprimer / étouffer
多年来,中国共产党一直在国内官方媒体和课堂上宣扬爱国主义,推动民族主义狂热情绪,而这种情绪有时会失控。如今,四个月内接连发生的三起针对日本人和美国人的持刀袭击事件,让“仇恨教育”成为一大热词。然而,网上呼吁抱持同理心的声音却受到压制。
Duōnián lái, zhōngguó gòngchǎndǎng yīzhí zàiguónèi guānfāng méitǐ hé kètáng shàng xuānyáng ài guó zhǔyì, tuīdòng mínzú zhǔyì kuángrè qíngxù, ér zhè zhǒng qíngxù yǒushí huì shīkòng. Rújīn, sì gè yuè nèi jiēlián fāshēng de sān qǐ zhēnduì rìběn rén hé měiguó rén de chí dāo xíjí shìjiàn, ràng “chóuhèn jiàoyù” chéngwéi yī dà rè cí. Rán’ér, wǎngshàng hūyù bào chí tóng lǐ xīn de shēngyīn què shòudào yāzhì.
Depuis de nombreuses années, le Parti communiste chinois promeut le patriotisme dans les médias officiels et les salles de classe, alimentant ainsi un sentiment de ferveur nationaliste, qui peut parfois devenir incontrôlable. Aujourd’hui, trois attaques consécutives au couteau contre des Japonais et des Américains en quatre mois ont fait de « l’éducation à la haine » un sujet brûlant. Pourtant, les appels à l’empathie en ligne sont réduits au silence.
**************
- 博物馆, bówùguǎn (HSK 5) : musée
- 藏品, zāngpǐn (HSK 7): œuvre de musée, objet de collection
- 来源, láiyuán (HSK 4) : source, origine
- 西藏, xīzàng : Xizang (Tibet)
- 糟糕, zāogāo (HSK 5): malheureux / mauvais
- 不慎, búshèn (HSK 7): inadvertance / maladresse
- 展品, zhǎnpǐn – expositions / objet exposé
- 承诺, chéngnuò (HSK 6): promettre
- 恢复, huīfù (HSK 5) : restaurer / rétablir
- 图伯特 , Túbótè: Tibet (en tibétain)
布朗利河岸博物馆10月3日宣布,该馆自2018年起在内部资料中标注藏品来源时使用的汉语拼音“xizang »(西藏),近期因一词”糟糕的不慎“(malheureuse maladresse),而出现在公开展品中。博物馆承诺将重新全部恢复使用图伯特一词。
Bùlǎng lì hé’àn bówùguǎn 10 yuè 3 rì xuānbù, gāi guǎn zì 2018 nián qǐ zài nèibù zīliào zhòng biāozhù cángpǐn láiyuán shí shǐyòng de hànyǔ pīnyīn “xizang », jìnqí yīn yī cí” zāogāo de bù shèn “(malheureuse maladresse), ér chūxiàn zài gōngkāi zhǎnpǐn zhōng. Bówùguǎn chéngnuò jiāng chóngxīn quánbù huīfù shǐyòng tú bó tè yī cí.
Le musée du Quai Branly a annoncé le 3 octobre que le terme « Xizang », utilisé dans ses documents internes depuis 2018 pour indiquer l’origine des objets de collection, est récemment apparu par « une malheureuse maladresse » dans les expositions publiques. Le musée a promis de revenir entièrement à l’utilisation du terme « Tibet ».

10 octobre, Pékin, CCI France-Chine : Conférence sur les enjeux de l’alimentation en Chine, organisée par l’association « Fenêtre sur Chine« . Inscriptions en cliquant sur ce lien.
10 -12 octobre, Shanghai : Interior Lifestyle, Salon international des produits et accessoires pour la maison
10 – 13 octobre, Shanghai : Music China, Salon international des instruments de musique et des services
12 – 15 octobre, Shenzhen : CMEF – China Medical Equipment Fair, Salon international de l’équipement médical
14 octobre – 4 novembre, Canton : China Import & Export Fair, La plus grande foire commerciale de Chine
14 – 16 octobre, Shanghai : AgroChemEx, Salon de la protection contre les maladies des plantes
14 – 18 octobre, Shanghai : ITMA Asia + CITME, Salon international des technologies du textile et de l’habillement
15 – 16 octobre, Shanghai : Interfilière Shanghai, Salon international dédié à l’industrie de la lingerie, du bain, et des tissus techniques
15 – 16 octobre, Shanghai : IPIF – International Packaging Innovation Forum, Forum international de l’industrie de l’emballage
15 – 17 octobre, Zhongshan : G&A – Games & Amusement Fair, Salon international des attractions et jeux d’arcade
15 – 18 octobre, Tianjin : China Mining Congress & Expo, Salon et congrès chinois de l’industrie minière
16 – 18 octobre, Xi’ an : API China, Salon de l’industrie pharmaceutique
16 – 18 octobre, Shanghai : China Toy Expo / China Kids Fair, Salon international du matériel et des jouets pour bébés et enfants
16 – 18 octobre, Pékin : COTTM – China Outbound Travel & Tourism Market, Salon du tourisme chinois à l’étranger
17 – 19 octobre, Chengdu : CCBE – Chengdu China Beauty Expo, Salon international de l’industrie de la beauté
17 – 19 octobre, Zhuhai : RemaxWorld, Salon international de la papeterie, des fournitures de bureau et des produits culturels
17 – 20 octobre, Ningbo : IF Fair – International Fashion Fair, Salon international du textile et de la mode
18 – 20 octobre, Chengdu : AMWC – Aesthetic & Anti-Aging Medicine World Congress, Congrès mondial de médecine esthétique et anti-âge
18 – 21 octobre, Foshan : CeramBath, Salon international de la céramique et des sanitaires
20 – 23 octobre, Shenzhen : Gifts & Home Fair, Salon international des cadeaux, de l’artisanat, de l’horlogerie et des articles ménagers
21 – 23 octobre, Shanghai : CIHS – China International Hardware Show, Salon international de la quincaillerie et du bricolage
21 – 24 octobre, Yiwu : China Yiwu International Commodities Fair, Salon international des biens de consommation courante
23 octobre, Pékin : World’s Leading Wines, Rencontres d’affaires pour les plus renommés des importateurs et distributeurs de vins
24 – 26 octobre, Zhengzhou : CAE – China Attractions Expo, Salon international des installations et équipements de divertissement
24 – 27 octobre, Shanghai : DenTech China, Salon international des équipements, technologies et produits dentaires
26 – 28 octobre, Changsha : CIAME – China International Agricultural Machinery Exhibition, Salon international des machines agricoles
26 octobre – 2 novembre, Canton, Shanghai, Chengdu, Pékin : CEE – China Education Expo, Salon international de l’éducation et des formations supérieures
28 – 31 octobre, Shanghai : China Brew & Beverage, Salon international des procédés, technologies et équipements de la bière et des boissons
30 octobre – 1er novembre, Qingdao : China Fisheries & Seafood Expo, Salon chinois de la pêche et des fruits de mer
30 octobre – 1er novembre, Dalian : ShipTec, Salon international de la construction navale, des équipements pour la marine et de l’ingénierie offshore
31 octobre – 2 novembre, Shenzhen : CIBE – China International Beauty Expo Shenzhen, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
31 octobre – 2 novembre, Canton : Interwine Guangzhou, Salon chinois international du vin, et des boissons
5 – 8 novembre, Shanghai : CeMAT Asia, Salon international des matériels de manutention, des techniques d’automatisation, de transport et de logistique
5 – 8 novembre, Shanghai : ComVAC Asia, Salon international de l’air comprimé et du vide
5 – 8 novembre, Shanghai : PTC Asia – Power Transmission and Control Asia, Salon international de la transmission et du contrôle de puissance, l’hydraulique et la pneumatique, les techniques de l’air compressé, les moteurs à combustion interne et les turbines à gaz
5 – 10 novembre, Shanghai : CIIE – China International Import Expo, Salon international dédié à la promotion des importations en Chine
6 – 8 novembre, Shenzhen : AWC – Automotive World China, Salon international de l’industrie automobile
6 – 8 novembre, Shenzhen : C-Touch & Display, Salon international des écrans tactiles et de la chaîne de fabrication des téléphones mobiles
6 – 8 novembre, Shenzhen : NEPCON Asia, Salon international des solutions de production électroniques intersectorielles avancées complètes
6 – 8 novembre, Shenzhen : Film & Tape, Salon international des films fonctionnels, des produits adhésifs, des matières premières chimiques, des équipements de traitement secondaire
6 – 8 novembre, Shenzhen : ICE China, Salon international consacré aux équipements & solutions techniques de pointe pour le revêtement, le laminage, le refendage, le rembobinage, la découpe, l’héliogravure…
7-10 novembre, Shanghai : ARTO21 Shanghai Contemporary Art Fair, Salon international de l’Art Contemporain de Shanghai
12 – 14 novembre, Shanghai : CGHE – China Gifts Home Expo, Salon international des cadeaux et articles ménagers
12 – 14 novembre, Shanghai : FHC – Retail & Hospitality Equipment, Salon international du commerce de détail et des équipements d’hôtellerie, fournitures et services
12 – 14 novembre, Shanghai : Prowine China, Salon international du vin et des spiritueux
12 – 17 novembre, Zhuhai : AirShow China, Salon international de l’aviation et de l’aérospatial
13 – 15 novembre, Yiwu : China Yiwu Imported Commodities Fair, Salon des biens importés en Chine
14 – 16 novembre, Nanjing : China International Emergency Industry Expo, Salon international de l’industrie des urgences
14 – 16 novembre, Shenzhen : China Hi-Tech Fair, Salon international des ordinateurs, des télécommunications, des applications et logiciels, de l’électronique
14 – 16 novembre, Nanjing : CNF – Yangtze River Delta International Fire Industry Expo, Salon des outils et équipements de protection dans la lutte contre les incendies
15 – 17 novembre, Shanghai : CCBF – China Shanghai International Children’s Book Fair, Salon international du livre pour enfants de Shanghai
15 – 17 novembre, Chongqing : HEEC – Higher Education Expo China, Salon de l’éducation supérieure
15 – 17 novembre, Pékin : Overseas P+I, Salon chinois de l’immobilier international, de l’investissement et de l’immigration
15 – 17 novembre, Shanghai : PaperWorld, Salon professionnel international des fournitures pour le bureau et pour l’école, de la papeterie et des matériaux pour les arts graphiques
15 – 17 novembre, Canton : Silver Industry Guangzhou, Salon et congrès de l’industrie des soins aux personnes âgées
15 – 24 novembre, Canton : Auto Guangzhou, Salon international de l’automobile de Guangzhou
18 – 20 novembre, Shanghai : Analytica, Salon international de l’analyse, des biotechnologies, du diagnostic et des technologies de laboratoire
18 – 20 novembre, Shanghai : CEF – China Electronic Fair, Salon chinois de l’électronique
18 – 20 novembre, Shanghai : SWOP – Shanghai World of Packaging, Salon international de l’agro-alimentaire et de l’emballage
19-21 novembre, Shanghai : CNIBF, Salon international des produits et technologies relatifs aux batteries
20 – 22 novembre, Wuhan : PharmChina, Salon international de l’industrie pharmaceutique et de la santé
21 – 23 novembre, Shenzhen : Shenzhen Fashion Source, Salon international de la mode haut de gamme et de haute qualité
26 – 29 novembre, Shanghai : BAUMA, Salon professionnel des machines et matériaux de construction
26 – 29 novembre, Shenzhen : DMP, Salon international des plastiques, des métaux et du caoutchouc
27 – 29 novembre, Canton : INMEX, Salon international de l’industrie maritime