Le Vent de la Chine Numéro 32

du 29 septembre au 12 octobre 2002

Editorial : editorial_32_2002

La Fête Nationale, le 1er octobre, signifie, pour des millions de chanceux, une semaine aux frais de la danwei (unité de travail), à la côte ou à la montagne sous les derniers rayons de l’été indien. Pour les autres, c’est le farniente obligé, doublé de lèche-vitrines et (pour qui peut) emplettes.

ÿLe 22/9 marqua le 30naire des relations Chine/Japon: célébration à Pékin, avec 13.800 hôtes nippons, même de droite anti-Chine, mais non le 1er Min. Koizumi, absent. Cette fête arrivait à point, tandis que Tokyo doit décider de rétablir ses milliards de US$ d’aide au développement (supprimée en 2001). Le Japon vient aussi de passer 1er partenaire commercial de la Chine : ces géants au passé en dents de scie sont en quête d’une complémentarité, alors que 79% des nippons, 59% des chinois voient Pékin dépasser Tokyo (en PNB) avant 2030 !

àAvec verve, et une info insoupçonnée, l’homme de la rue s’amuse à faire dire aux caciques leur rôle après le XVI. Congrès (8/11), sous forme de dictons ayant trait à la pleine Lune de mi-automne (21/9), auxquels ils donnent le double sens de pouvoir politique et par extension, du Président Jiang Zemin.  Ainsi, ce dernier annonce que , shiwude yueliang, shiliu yuan: « la pleine lune du 15ème (jour du mois lunaire, ou Congrès) n’est bien ronde que le 16 ! » – donc, il restera en poste « encore un peu ». Zhu Rongji réplique, en un pastiche d’une de ses formules célèbres (en mars ’01) : « C’est de la pleine Lune que vient le chaos!» ; Li Peng, sibyllin, remarque: «Si la pleine Lune s’en va, moi idem!» ; Li Ruihuan, repêché dans le prochain cabinet, paraphrase un slogan politique: «La pleine Lune représente mon coeur». Enfin, héritier probable d’un pouvoir tronqué, Hu Jintao entonne une rengaine populaire : «Que le quartier de Lune monte au firmament ! »…

Œ Le régime aborde la fête nationale avec sérénité, prévoyant pour ’02 une croissance de 8%, et dépassant les US comme terre promise des investisseurs. Succès qui est dû à l’envolée du secteur privé (+25% de plus de Cies nouvelles au 1er semestre), et surtout au désarroi d’un monde riche en panne de reprise : en ’01, les IDE mondiaux (735MM$) ont baissé de 50%, les plus grandes pertes allant à l’Ouest !

Seule ombre au tableau: en août, la production industrielle a augmenté de 12,7%, et ses prix ont baissé d’1,7%: signe de déflation et de guerre commerciale – c’est le coût du refus de l’Etat, d’accepter les faillites de ses entreprises publiques – le FMI ne s’y trompe pas, qui prédit, « sans réformes de fond à moyen terme, pas de croissance possible !


Editorial : Avant la Fête Nationale, la Chine prend ses marques !

La Fête Nationale, le 1er octobre, signifie, pour des millions de chanceux, une semaine aux frais de la danwei (unité de travail), à la côte ou à la montagne sous les derniers rayons de l’été indien. Pour les autres, c’est le farniente obligé, doublé de lèche-vitrines et (pour qui peut) emplettes.

[1] Le 22/9 marqua le 30naire des relations Chine/Japon: célébration à Pékin, avec 13.800 hôtes nippons, même de droite anti-Chine, mais non le 1er Min. Koizumi, absent.

Cette fête arrivait à point, tandis que Tokyo doit décider de rétablir ses milliards de US$ d’aide au développement (supprimée en 2001). Le Japon vient aussi de passer 1er partenaire commercial de la Chine : ces géants au passé en dents de scie sont en quête d’une complémentarité, alors que 79% des nippons, 59% des chinois voient Pékin dépasser Tokyo (en PNB) avant 2030 !

[2] Avec verve, et une info insoupçonnée, l’homme de la rue s’amuse à faire dire aux caciques leur rôle après le XVI. Congrès (8/11), sous forme de dictons ayant trait à la pleine Lune de mi-automne (21/9), auxquels ils donnent le double sens de pouvoir politique et par extension, du Président Jiang Zemin.  

Ainsi, ce dernier annonce que , shiwude yueliang, shiliu yuan: « la pleine lune du 15ème (jour du mois lunaire, ou Congrès) n’est bien ronde que le 16 ! » – donc, il restera en poste « encore un peu ».

Zhu Rongji réplique, en un pastiche d’une de ses formules célèbres (en mars 2001) : « C’est de la pleine Lune que vient le chaos!» ; Li Peng, sibyllin, remarque: «Si la pleine Lune s’en va, moi idem!»;

Li Ruihuan, repêché dans le prochain cabinet, paraphrase un slogan politique: «La pleine Lune représente mon coeur». Enfin, héritier probable d’un pouvoir tronqué,

Hu Jintao entonne une rengaine populaire : «Que le quartier de Lune monte au firmament ! »…

[3] Le régime aborde la fête nationale avec sérénité, prévoyant pour 2002 une croissance de 8%, et dépassant les US comme terre promise des investisseurs. Succès qui est dû à l’envolée du secteur privé (+25% de plus de Cies nouvelles au 1er semestre), et surtout au désarroi d’un monde riche en panne de reprise : en 2001, les IDE mondiaux (735MM$) ont baissé de 50%, les plus grandes pertes allant à l’Ouest !

Seule ombre au tableau: en août, la production industrielle a augmenté de 12,7%, et ses prix ont baissé d’1,7%: signe de déflation et de guerre commerciale – c’est le coût du refus de l’Etat, d’accepter les faillites de ses entreprises publiques – le FMI ne s’y trompe pas, qui prédit, « sans réformes de fond à moyen terme, pas de croissance possible !

pas de croissance possible !


A la loupe : Un nouveau HK, entre Chine et Corée?

Plus de changements arrivent en Corée en sept. que depuis 1951: apaisement avec Tokyo et Séoul -déminage de la zone démilitarisée, réouverture d’une ligne ferrée… Le 12/9, Pyongyang décréta la Région Autonome Spéciale de Sinuiju, avec un gouverneur, Yang Bin (2de fortune de Chine avec 900M$), un «Parlement» de 15 membres, un juge étranger et un mur scindant ses 132 km² de la Corée.

A ces recettes calquées sur HK, s’en ajoute une stalinienne (chassez le naturel…): les 500.000 habitants, pauvres hères,seront remplacés par 200.000 compétents chinois et coréens triés sur le volet. D’autre part manquent encore eau, électricité, routes et surtout l’état de droit – la garantie des investissements. Yang Bin promet une gestion «100% capitaliste» sans interférence du Nord, pas de taxes d’import-export, et une taxe industrielle limitée à 14%, contre 25 à 33% en Chine.

Cette RAS concerne la Chine, car elle l’a inspirée, tout comme le réchauffement avec Tokyo et Séoul : las de vivre depuis 4 mois dans les barbelés pour prévenir l’invasion d’ambassades étrangères par des hordes de coréens affamés, Pékin a eu les moyens d’«encourager» son allié ruiné, à accélérer sa métamorphose. Sinuiju endiguera doublement le flot de la faim, par son mur, et par son pôle de croissance.

Enfin, Kim Jong-il, qui a vu à l’oeuvre à Shanghai en jan 2001 le concept de zone économique spéciale, n’a pas pu se lancer dans une opération si risquée, sans garanties chinoises- de qui dépendra finalement le succès de Sinuiju, par ses investisseurs, ses techniques et matières 1ères bon marché !


Pol : Courtage – le permis à points !

· Dans sa démarche pour réguler la bourse, la CSRC a eu une idée originale: le permis à points pour les sociétés de courtage, chez qui la retouche des comptes de leur clients pour convaincre les gogos, est une pratique banale. Dès maintenant, tout titre nouveau chutant de plus de 50% en un an fera perdre 6pts au courtier voire 12, si le groupe listé est dans le rouge. 12 points vaudront au courtage 6 mois de retrait d’un droit d’émission sur son quota. Cependant, cette tentative de responsabilisation ne séduit pas les observateurs: la CSRC, historiquement, est timide, face à des courtiers, tel Guotai Junan, convaincu d’avoir embelli en 2000 les bilans de 2 clients,qui attend toujours sa sanction – six mois de suspension, en théorie… Pendant ce temps, la bourse poursuit sa chute. De plus de 150 titres neufs en 2000, elle est tombée à 61 en 2001 et à 27 au 1er semestre 2002. Face à cette crise, l’action «courtiers» n’est qu’un palliatif – même appliquée, elle n’améliorera pas la qualité des firmes s’inscrivant en bourse !

· Une autre action créative contre la fraude consiste en ces 20 brigades civiles  montées (22/9) pour vérifier, auprès des ayant-droits, la bonne réception du RMI payé aux 19,3M de résidents légaux touchant moins de 18,3$/mois. En 18 jours, ces équipes de 3 volontaires, étudiants et professeurs des universités Renda (Pékin) et Nankai (Tianjin) visiteront chacune 5 villes et 30 foyers/jour.

Avantage: les résultats ne seront pas noyés, mais reportés directement au Conseil d’Etat – outil statistique précieux.

Inconvénient: aucune fraude détectée ne sera punie, ni l’argent rendu à son destinataire.

NB : cette action intervient au mi-lieu d’un effort sans précédent de l’Etat (exprimant une conscience aiguë des risques d’embrasement social) de lutte contre la paupérisation urbaine : pour la première fois depuis l’  introduction du RMI en 1997, tous les ayant droits, dès juin, avaient reçu leur dû.

· On reparle cet automne de «la plus sévère sécheresse en Chine du Nord depuis 1949»  – sans galéjer, car chaque année empire. L’épicentre est le Shandong, dont 80% des cultures (3,8Mha) sont frappées, un tiers détruites – le Shandong est la province agricole n°1. Juillet et août, saison humide, n’ont produit que 9cm de pluies (la moitié de la normale). Un réservoir sur deux est à sec, avec 210.000 puits. 3,66M d’hommes ont soif en permanence, et 1M de têtes de bétail sont perdues. 500 usines ont réduit ou stoppé leur activité. Les pertes sont estimées à 1,2MM$. Depuis le 25/9, le ministère de l’eau (Comité du Fleuve Jaune) a imposé aux provinces des cours haut et moyen du fleuve, de relâcher un tiers (600Mm³) des réservoirs de Wangjiazhai et Xiaolangdi, tout en limitant l’irrigation en Mongolie (intérieure) et au Ningxia. Ceci, pour permettre les plantations d’automne.


Argent : la guerre des parcs de santé

· Le temps des rêves est passé, pour les 4 structures de défaisance (SDD),filiales des grandes banques créées en 2000 pour revendre les actifs des EE incapables d’honorer leurs 500MM$ de prêts. Depuis, les SDD ont repris 170MM$ de ces mauvaises dettes, et n’en ont vendu que 25MM$. Encore ces actifs ont été écoulés à des conditions désastreuses, à 1/10 du prix : manque cette fameuse loi des faillites, amendée pour établir les droits des faillis, des créanciers et repreneurs. Sans illusion, Great Wall, une des SDD, va choisir, entre Goldman Sachs et Lone Star, le repreneur de 976M$ de tels actifs.

La BPdC vient aussi de dépanner ses banques en rachetant 20% d’un bon d’Etat de 3,13MM$ sur 30 ans, émis en juillet Principales acheteuses, les banques y perdaient, du fait d’un faible taux d’intérêt annulé par une poussée d’inflation.

NB: les banques souffrent toujours de fraudes internes: pour 36,4M$ à la CITIC ( le montant réel pourrait atteindre 220M$), 500M$ à la Banque de Chine et 43M$ chez Minsheng -la banque privée, jusqu’alors indemne !

· En mai,Wuxi (Jiangsu) lançait son parc pharmaceutique (VDLC N°20).

Shanghai se lance à sa poursuite (22/9), annonçant à Nanhui sa propre zone médicale internationale de 5,5km², pour un investissement de 1,2MM$ dont 20% à charge de la ville. Facilité par une loi de 2001, le parc détiendra un hôpital en JV (300 lits) à financement britannique, hongkongais et groupe médical canadien (36,4M$), 2 à 3 sanatoriums et faculté de médecine en JV, une base de données nationale médicale, des centres de R&D, un parc d’expo,des labos et usines. Objectif sous 15 ans: établir le 1er centre médical high-tech d’Asie. De novembre à décebmre, Nanhui (le vice-gouverneur Wan Daning) sélectionnera des groupes étrangers de design, d’investissement et de gestion.


Politique : politique_32_2002

· Dans sa démarche pour réguler la bourse, la CSRC a eu une idée originale: le permis à points pour les sociétés de courtage, chez qui la retouche des comptes de leur clients pour convaincre les gogos, est une pratique banale. Dès maintenant, tout titre nouveau chutant de plus de 50% en un an fera perdre 6pts au courtier voire 12, si le groupe listé est dans le rouge. 12 points vaudront au courtage 6 mois de retrait d’un droit d’émission sur son quota. Cependant, cette tentative de responsabilisation ne séduit pas les observateurs: la CSRC, historiquement, est timide, face à des courtiers, tel Guotai Junan, convaincu d’avoir embelli en 2000 les bilans de 2 clients,qui attend toujours sa sanction – six mois de suspension, en théorie… Pendant ce temps, la bourse poursuit sa chute. De plus de 150 titres neufs en 2000, elle est tombée à 61 en 2001 et à 27 au 1er semestre 2002. Face à cette crise, l’action «courtiers» n’est qu’un palliatif – même appliquée, elle n’améliorera pas la qualité des firmes s’inscrivant en bourse !

· Une autre action créative contre la fraude consiste en ces 20 brigades civiles  montées (22/9) pour vérifier, auprès des ayant-droits, la bonne réception du RMI payé aux 19,3M de résidents légaux touchant moins de 18,3$/mois. En 18 jours, ces équipes de 3 volontaires, étudiants et professeurs des universités Renda (Pékin) et Nankai (Tianjin) visiteront chacune 5 villes et 30 foyers/jour.

Avantage: les résultats ne seront pas noyés, mais reportés directement au Conseil d’Etat – outil statistique précieux.

Inconvénient: aucune fraude détectée ne sera punie, ni l’argent rendu à son destinataire.

NB : cette action intervient au mi-lieu d’un effort sans précédent de l’Etat (exprimant une conscience aiguë des risques d’embrasement social) de lutte contre la paupérisation urbaine : pour la première fois depuis l’  introduction du RMI en 1997, tous les ayant droits, dès juin, avaient reçu leur dû.

· On reparle cet automne de «la plus sévère sécheresse en Chine du Nord depuis 1949»  – sans galéjer, car chaque année empire. L’épicentre est le Shandong, dont 80% des cultures (3,8Mha) sont frappées, un tiers détruites – le Shandong est la province agricole n°1. Juillet et août, saison humide, n’ont produit que 9cm de pluies (la moitié de la normale). Un réservoir sur deux est à sec, avec 210.000 puits. 3,66M d’hommes ont soif en permanence, et 1M de têtes de bétail sont perdues. 500 usines ont réduit ou stoppé leur activité. Les pertes sont estimées à 1,2MM$. Depuis le 25/9, le ministère de l’eau (Comité du Fleuve Jaune) a imposé aux provinces des cours haut et moyen du fleuve, de relâcher un tiers (600Mm³) des réservoirs de Wangjiazhai et Xiaolangdi, tout en limitant l’irrigation en Mongolie (intérieure) et au Ningxia. Ceci, pour permettre les plantations d’automne.


A la loupe : Zhu à l’ASEM, en France – rideau !

[1] Le 4ème Sommet de l’ASEM à Copenhague (22-24/9), entre 15 chefs d’Etat de l’Union Européenne et 10 asiatiques (7 ASEAN +Chine, Japon et Corée Sud) aurait dû se pencher sur des projets financiers d’avenir : l’agenda fut détourné par l’urgence politique d’une position commune, afin de conjurer la tentation US d’envahir l’Irak. Zhu Rongji brandit la menace de «conséquences sévères», si Washington attaquait sans mandat de l’ONU. Un sommet  «spécial terrorisme» fut décidé, pour 2003 en Chine!

[2] Dans ce dialogue, la Chine montre son ambition de s’imposer en chef de file du clan asiatique. Une course s’instaure avec le Japon et la Corée, pour s’agréger à la zone de libre-échange voulue par l’ASEAN dès 2010 – Pékin pense y parvenir, grâce à un trafic bilatéral en hausse, de 23,2MM$ en 2001 (+4,7%) dont 4,8 d’excédents au club d’Asie du Sud-Est.

[3] L’influence chinoise s’inscrit aussi dans des détails, tel le transfert en sept. d’un camp militaire singapourien de Taiwan vers Hainan, ou le rapprochement avec les Philippines (visite-éclair, les 24-26, du Gal Chi Haotian) : Pékin comptera fort, pour assurer à Manille un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.

[4] Cette mission de Zhu était l’ultime comme 1er Ministre. Au Danemark, il a élevé son propos, plaidant pour un dialogue entre civilisations, et la multiplication de tous échanges UE/Asie (boostés, en 5 ans, de 40%, à 361MM$). Avec ce ton de patriarche, Zhu thésaurisant sur son image, cherche une place dans l’histoire.

Les adieux de Zhu au monde, se firent à Paris (26-28), où il vit Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin. Détail symbolique: c’est par Paris que Zhu avait inauguré en 1998 son quinquennat diplomatique. Confirmant ainsi la haute estime politique que la Chine porte à la France, bien plus forte que la place qu’elle occupe sur l’échiquier du business sino-européen.


Joint-venture : Fast Retailing, météorite textile

· La mode parmi les assureurs étrangers, est au mariage hors du métier. En mai,Aegon (NL/US) choisissait la CNOOC (cf VDLC N°18). Le 23/9, la française CNP, n°1 français de l’assurance personnelle, s’associe en JV (24M², à 50/50%) à la Poste, et sollicite l’ouverture en 2003 à Pékin, ville encore fermée aux étrangers (sauf AIG), mais Zhu Rongji a promis… La mariée est assez belle, avec 8% de l’épargne, et 88000 bureaux. Le marché nat’l (vie) atteint 17,5MM² en 2001, progresse de 23%/an depuis 1993, et 76% pour Pékin en 2001.

NB : déficitaire sur le courrier, concurrencée sur les messageries, seul créneau rentable, la poste assure son avenir, en glanant des compétences mondiales – Western Union semaine passée, CNP aujourd’hui.

 

· Le textile nippon a resurgi de ses cendres avec Fast Retailing, n°1 du décontracté, avec design à Tokyo et 90% de sa production en Chine, entre 70 JV et 300 usines. Fast Retailing a imposé sa griffe Uniqlo, et 3,4MM$ de ventes en 2001 entre Japon, US et Union Européenne. A présent, Fast Retailing s’attaque au marché chinois: deux franchises viennent d’ouvrir à Shanghai, et 50 sont attendues d’ici 2005 à travers le pays.

 

· Texas Pacific et Blum Capital, Cies d’invest californiennes ont fait un coup de maître, en prenant via leur filiale Newbridge, le contrôle de Shenzhen Development Bank, aux 16MM$ de capital et 191 agences. Newbridge a su voir la situation:

[1] La SDB a 70% de ses parts atomisées entre des petits porteurs,

[2] aucune banque ne peut être possédée à plus du quart par l’étranger, sous peine de passer «JV étrangère», aux libertés très bridées. Newbridge a donc négocié un accord fructueux pour les deux bords en prenant le contrôle avec moins de 25%. Ce qui lui permettra bientôt de vendre du RMB 5ans avant les autres, tout en ouvrant autant d’agences qu’il lui plaira – contre une/an pour la concurrence étrangère.

 

· IBM saute un pas lourd de conséquence pour le secteur en centralisant sa production de Think-Pad, jusqu’alors répartie entre cinq pays, à sa JV de Shenzhen (Guangdong), sa plus grosse usine en Chine.

IBM ne tire de Chine que 7% de son marché, mais le taux de croissance est de 30%. Pendant ce temps, son vieux rival HP (fusionné depuis avril avec Compaq) guigne un marché d’avenir, celui des services informatiques, estimé à 1,7MM$ en 2002, et 6,9MM$ en 2006. Sous le nom de China @link, avec 1400 techniciens chinois et hongkongais entre 220 centres et 150 villes (telle la pékinoise HP School of Business), HP offre une gamme de services intégrés pour tous, PME et grands groupes, chinois et étrangers, pour leur apprendre à gérer, produire, communiquer, exporter sous environnement local.


Temps fort : Baiyangdian – paradis en péril

A 2heures de Pékin,  Baiyangdian est un petit paradis pittoresque et caché, fruit de 50 siècles de marge et de non-conformisme. Sous toutes dynasties, les nobles en disgrâce y trouvèrent refuge, trame d’un des plus célèbres romans du pays, Au bord de l’eau. Plus récemment pendant la guerre japonaise, Baiyangdian se distingua encore par sa résistance héroïque.

Tout ceci, pour une raison simple et tellurique : son terroir consiste en 3300 km² de roseaux hauts et drus, d’îles et de canaux sur 3300km², empire de 200 espèces de poissons, crabes et crevettes, république de bécasses, grenouilles et grillons. Les habitants vivent de l’aquaculture, de l’élevage du canard, blanc (importé d’ Angleterre) pour les rôtisseries, brun pour les oeufs exportés (sous forme d’oeufs de 100 ans) vers le Japon -grand amateur, aussi, des nattes de roseau refendu et tressé.

Malgré les apparences, Baiyangdian est une région indolente, au soleil généreux, où le temps s’arrête,où chacun canote sur sa barque (l’équivalent, à Baiyangdian, du vélo ailleurs) et où les enfants -selon les parents- «passent plus de temps au billard qu’à l’école ».

Bref : la région aurait tout pour être heureuse, si elle n’était menacée par sa croissance et sa surpopulation. Une dégradation forte est en cours, qui empire au fil des ans. Les cadres ont imposé leurs taxes illégales pour financer leurs projets de tourisme mégalomanes, livrant sans vergogne cet écosystème fragile à une kermesse bruyante. Partout, on drague des fosses pour l’aquaculture – on tue le roseau, aliment du poisson. Et surtout, toute la Chine du nord se dessèche (cf rubrique « pol. »). Baiyangdian n’a plus que la moitié de sa capacité, avec des canaux par endroit, à une profondeur de moins d’1m – pour la baignade, c’est impossible, et pour la navigation, c’est limite. «Si cela continue», dit un vieux local, « d’ici 3 ans, on sera à sec » – Adieu, veau, vache, cochon, couvée !


Petit Peuple : un abbé la tête près du bonnet

· «il est de notre devoir sacré de protéger et régénérer la culture de Shaolin ! », tonne Shi Yongxi -l’abbé de l’ordre combattant fondé en 496.Et quand il dit«culture»,il sait de quoi il par-le: de beaucoup d’argent, gagné par des athées en invoquant le nom de son temple en vain. Un bref sondage de l’Agence Nationale des marques et brevets a permis d’épingler 117 dépôts abusifs à travers onze pays. La Chine ne fait pas mieux : plus de 100 firmes ont osé nommer «Shaolin» n’importe quoi, de l’auto à l’apéritif, des nouilles au lit! Mais en pugnacité, les frères du kungfu ne craignent personne. En 616 sous les Tang, ils avaient donné un coup de main au Fils du Ciel pour mâter une révolte, et en 1676, un empereur ingrat avait fait raser leur temple. Ce qui n’a empêché Shaolin de revenir, comme Mecque mondiale de son art martial. Aussi le bouillant père a-t-il monté une Cie pour protéger le nom. Et ça marche! En RFA, un businessman astucieux a rendu ses 11 brevets, sans frais. En échange, il va créer un Centre culturel Shaolin, abritant 2 moines qui passeront leur temps entre méditation, conférences et combats: à défaut de multiplication des pains, c’est le partage de la galette!