Le Vent de la Chine Numéro 4-5 (2025)
Alors que les célébrations du Nouvel An chinois prendront officiellement fin le 12 février avec la fête des Lanternes, l’année du Serpent démarre fort et semble placée sous le signe de l’intelligence artificielle.
Ainsi, la scène la plus marquante du gala du Nouvel An, diffusé à la TV le 28 janvier au soir, est peut-être cette danse folklorique du Dongbei (Nord-Est du pays) (une « errenzhuan » ; 二人转), réalisée par 16 robots « H1 » de la société chinoise Unitree (Hangzhou). Durant le temps d’une chanson, on a donc vu des humanoïdes vêtus de gilets matelassés décorés de motifs fleuris traditionnels (cf. photo), faire tournoyer des mouchoirs, gestes nécessitant une grande agilité. Leur secret ? Des algorithmes de perception et contrôle des mouvements, leur permettant de suivre le rythme de la musique et d’ajuster leurs gestes en temps réel.
Danser n’est pas leur seul talent puisqu’on les retrouvera en avril lors du semi-marathon de Pékin aux côtés des coureurs humains et de dizaines d’autres robots, conçus par une vingtaine d’entreprises et de laboratoires de recherche (le « Walker S » de UBTech, le « Qinglong » de Humanoid Robots ou encore le « CyberOne » de Xiaomi…).
En attendant, leurs performances lors du gala ont bluffé les téléspectateurs qui se sont rapidement mis à débattre sur les réseaux sociaux de l’utilité que pourraient avoir de tels robots dans la vie de tous les jours. Sous un post du fondateur d’Unitree, Wang Xingxing, sur Xiaohongshu, on pouvait lire de nombreux commentaires enthousiastes : « plus besoin de faire des enfants, économisez des millions (de yuans) et achetez un robot capable de faire votre shampooing, la cuisine et le ménage pour votre retraite », écrivait un utilisateur. Dans les faits, il faudra débourser 99 000 yuans (16 000 $) pour s’offrir les services d’un Unitree G1, la version commercialisée du H1. Un prix défiant toute concurrence et qui s’inscrit dans une logique de démocratisation de ce type de robots, que ce soit à l’usine, dans les services ou dans l’armée. Autant d’utilisations possibles qui pourraient pallier au problème de main d’œuvre de la Chine à l’avenir, confrontée à une baisse de sa population active.
Selon une feuille de route du ministère de l’industrie et des technologies de l’information (MIIT) publiée en 2023, la Chine devrait être prête à débuter la production en série d’humanoïdes cette année et devenir un leader mondial du secteur d’ici 2027. Le document souligne également la nécessité de faire des percées dans des technologies indispensables au développement de ces robots, comme les capteurs et les modèles de langage à grande échelle (LLM), afin d’en assurer un approvisionnement « sûr et efficace ». Si l’on veut lire entre les lignes , cela signifie : ne pas se retrouver tributaire du bon-vouloir des Etats-Unis.
Justement, quelques jours avant la démonstration des robots d’Unitree, c’était à la start-up chinoise DeepSeek de faire parler d’elle à travers le monde entier en lançant en « open source » son LLM aux performances comparables à celles du leader américain OpenAI (à l’origine de ChatGPT), mais avec cinquante fois moins de ressources – en particulier énergétiques – et sans les puces dernier cri dont les entreprises de la tech chinoise sont privées par l’embargo américain sur les semi-conducteurs les plus avancés.
Ce succès vient remettre en cause le modèle économique adopté par ses concurrents américains, qui ont tous plongé en bourse à la suite de cette annonce. Surtout, il jette le doute sur la suprématie technologique des Etats-Unis dans leur grande compétition avec la Chine. Il n’en fallait pas plus pour que certains commentateurs qualifient cet épisode de « moment Spoutnik », en référence à la sidération qui avait saisi les Américains en découvrant au-dessus de leurs têtes le satellite russe éponyme en 1957. Le sentiment était le même lorsque Huawei a sorti en 2023 son smartphone Mate P60, malgré l’embargo US sur les semi-conducteurs les plus performants.
Côté chinois, l’heure est à la célébration. Diplomates, médias officiels, grands patrons de la tech, internautes… ne tarissent pas d’éloges au sujet de DeepSeek, contribuant à l’atmosphère festive des vacances. Un coup de pouce bienvenu pour les dirigeants chinois qui font face à une morosité économique prolongée et potentiellement à une autre guerre commerciale avec l’administration Trump.
« Regardez Huawei. Regardez TikTok, et maintenant DeepSeek. Combien d’autres voulez-vous bannir ? », a claironné en conférence de presse Fu Cong, ambassadeur de la RPC aux Nations Unies, appelant la Chine et les Etats-Unis à coopérer en matière d’IA. Feng Ji, co-fondateur du studio à l’origine du jeu vidéo à succès, “Black Myth: Wukong,” a qualifié les avancées de DeepSeek de « potentiellement déterminantes pour l’avenir de la nation », tandis que Zhou Hongyi, PDG de Qihoo 360, a affirmé que la Chine avait déjà rattrapé les Etats-Unis dans la course à l’IA.
Une chose est sûre : plus Washington imposera embargos et restrictions à Pékin, plus la Chine fera preuve de créativité pour les contourner. DeepSeek n’en sera sûrement pas le dernier exemple.
Les premières semaines de Trump à la Maison Blanche annoncent la couleur d’une nouvelle présidence reprenant les politiques de la première, tout en les accentuant tant sur la forme que sur le fond. La série de décisions prises par Trump qui ébranle à chacune de ses sorties l’ordre, tant international que national, ne manque pas de faire des adeptes et nombreux sont les commentateurs qui se réjouissent de ce grand coup de vent et de cette énergie qui laisse l’Europe sur le carreau et la Chine dans le collimateur.
De fait, le constat de Trump est que, durant les vingt dernières années, les Etats-Unis ont perdu leur place dominante dans le monde en étant pris de vitesse par la Chine. Pourtant, le fait est que, contrairement aux prévisions de presque tous les analystes il y a 20 ans, la Chine n’est pas prête à remplacer les Etats-Unis sur le plan de la puissance économique, ni encore moins sur le plan du soft-power culturel, même si son avancée dans le domaine militaire et technologique (les deux étant étroitement liés et en Chine encore plus qu’ailleurs) est patente.
Autrement dit, l’ordre mondial au niveau géopolitique, financier et commercial est loin d’être si défavorable aux Etats-Unis pour qu’il convienne nécessairement de le bouleverser afin de « replacer » les Etats-Unis en tête du leadership mondial : la Chine marque le pas ; la Russie ne survit que grâce à son économie de guerre et ses réserves à la fois d’énergie fossile pour ses exportations et de repris de justice pour son armée ; et les BRICS qui parlent depuis vingt ans de remplacer le dollar n’ont pas beaucoup progressé dans ce domaine. Les Etats-Unis auraient donc beaucoup plus à perdre qu’à gagner et il est probable que la deuxième présidence Trump accentue ce déclassement relatif du pays, en se portant à elle-même toute une série de coups inutiles.
Ainsi, de l’avis de nombreux analystes économiques, la nouvelle guerre commerciale que les Etats-Unis s’apprêtent à livrer au reste du monde et principalement aux alliés historiques du pays, pourrait avoir des conséquences globales et nationales négatives. Le problème de l’économiste Trump est qu’il interprète les déficits commerciaux comme des formes de subventions déguisées et semble croire que les Etats-Unis sont capables de produire eux-mêmes tous les biens venant à la fois du Canada, du Mexique, de l’Europe, de la Chine et de Taïwan.
Plus exactement, l’analyse du deuxième gouvernement Trump est que toute dépendance militaire doit aller de pair avec une dépendance économique : si les Etats-Unis contribuent à assurer la sécurité d’un pays, ce pays devrait être déficitaire dans ses échanges avec les Etats-Unis, sinon cela signifierait que les Etats-Unis sont perdants. En fait, les Etats-Unis restent le pays où le niveau de vie des habitants est le plus élevé au monde : celui des Français est 56% plus bas que celui des Américains ! La réalité est plutôt que le reste du monde permet aux Etats-Unis de garder son niveau de vie très élevé, dont le coût environnemental (en termes d’empreinte carbone) est cinq fois plus grand que la moyenne mondiale. Pour quelqu’un qui n’aime pas les discours victimaires et aime tourner les « losers » en ridicule, Trump ne cesse de présenter les États-Unis comme la victime du reste du monde qui devrait enfin payer le juste prix en se voyant imposer des tarifs douaniers draconiens.
Plus encore, le véritable problème est que cette nouvelle guerre commerciale vise d’abord les alliés. Il semble que, pour Trump, le monde ne se divise plus en alliés et rivaux mais en vassaux et ennemis. Le pire étant que, dans le système Trump, les ennemis sont les seuls vraiment pris en considération : les vassaux étant négligeables, taillables et corvéables à merci, seuls les ennemis ont droit aux égards d’une approche plus modérée et graduelle.
C’est ainsi que les Etats-Unis ont imposé 25% de tarifs douaniers au Mexique et au Canada dont ils importent 40% de leurs produits – et ce, malgré un accord commercial signé par les Etats-Unis sous la première présidence Trump – et 65% de tarifs douaniers aux semi-conducteurs taïwanais dont ils dépendent et dont ils captent l’essentiel de la plus-value. En revanche, le 47ème Président américain n’a imposé que 10% de tarifs douaniers supplémentaires à la Chine, qui est pourtant le principal rival économique, commercial, militaire et technologique des Etats-Unis. Le 3 février, après que la Canada ait décidé de riposter avec 25% de tarifs douaniers sur certains produits et que le Mexique se dise prêt à le faire, les bourses mondiales ont chuté : le protectionnisme peut être compréhensible en termes de politique nationale mais reste mauvais pour les affaires mondiales.
En tout cas, une telle politique douanière semble à bien des égards absurde, en particulier à l’égard de Taïwan. Certes, sur le plan strictement comptable, l’excédent commercial de Taïwan avec les États-Unis a augmenté de 83 % l’année dernière par rapport à 2023, les exportations vers les États-Unis atteignant un record de 111,4 milliards de $, stimulées par la demande de produits de haute technologie tels que les semi-conducteurs. Mais qu’est-ce que les Etats-Unis de Trump peuvent demander de plus de Taipei qui achète exclusivement américain en termes de défense ? De fait, les députés KMT pro-chinois font tout pour réduire le budget de la défense de Taïwan en faisant le jeu à moyen terme de la Chine. Plus encore, les Etats-Unis ont, sous Biden, déjà introduit un CHIPS Act qui propose un crédit d’impôt à l’investissement de 25% et 39 milliards de $ de subventions et de prêts pour compenser l’écart de coûts. Cela a conduit le géant des semi-conducteurs TSMC à investir 65 milliards de $ dans une usine de production aux Etats-Unis.
La croyance de Trump est qu’en imposant des tarifs douaniers exorbitants à Taïwan, les constructeurs préféreront produire directement aux Etats-Unis ; c’est oublier que les usines de fabrication de semi-conducteurs les plus sophistiquées coûtent plus de 30 milliards de $ à construire, et qu’un tel projet coûte 30% plus cher aux États-Unis que dans d’autres pays asiatiques. Les droits de douane ne suffisent donc pas à justifier la délocalisation d’une usine de fabrication ou le choix des États-Unis plutôt que d’un autre lieu pour une nouvelle installation.
Le président Trump part du principe que l’Amérique sera toujours indispensable à l’écosystème technologique mondial. Or la part américaine de la production mondiale de semi-conducteurs a chuté de 70% entre 1990 à 12% aujourd’hui. Si Trump parvient à augmenter considérablement le coût de ce composant-clé, il est plus probable que cela nuise à tous les fabricants américains dans le secteur des nouvelles technologies et que cela éloigne davantage la fabrication des États-Unis. Plutôt que de chercher à punir un allié comme Taipei dont la perte serait un coup immense pour Washington, Trump devrait plutôt chercher à mobiliser son arsenal juridico-financier pour protéger les Etats-Unis et ses alliés de la puissance chinoise. Par exemple, le fait que le Panama ait décidé de se retirer du réseau des Nouvelles Routes de la Soie (BRI), sous les menaces du secrétaire d’État américain Marco Rubio, semble indiquer une stratégie de pression qui pourrait à moyen terme nuire plus à Pékin que les 10% de tarifs douaniers prévus.
« Les antihypertenseurs ne baissent pas la tension artérielle, les anesthésiques n’endorment pas les patients et les laxatifs n’accélèrent pas le transit intestinal (麻药不睡、血压不降、泻药不泻) ». C’est le constat sans appel de Zheng Minhua, chef du service de chirurgie générale de l’hôpital Ruijin à Shanghai. Tout comme lui, plusieurs experts de Pékin et Shanghai ont récemment remis en cause l’efficacité de certains médicaments génériques fournis aux hôpitaux publics dans le cadre du système national d’achats centralisés (国家组织药品集中采购). « J’avais l’habitude d’utiliser des anesthésiques de marque ou importés, dont je pouvais calculer la durée des effets avec précision, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui », témoigne le Dr Zheng.
Cette situation a poussé 20 membres de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) de Shanghai, à soumettre conjointement le 17 janvier une motion visant à « protéger le droit des patients à choisir leurs médicaments », quitte à payer un supplément. De telles explosions de vigilance publique sont inhabituelles dans un pays où les autorités contrôlent strictement les critiques à l’encontre du gouvernement.
Au cœur de la polémique : le système d’achats centralisés. Instauré par Pékin en 2018 dans le cadre d’un plan ambitieux de réforme du système de santé, il a permis de remplacer des médicaments brevetés par des géants pharmaceutiques mondiaux comme AstraZeneca, Pfizer et Sanofi, par des génériques produits par des groupes chinois, souvent à une fraction du prix original (jusqu’à 70% de réduction lors du dernier cycle d’approvisionnement).
Ce programme a permis à Pékin d’économiser 440 milliards de yuans au cours de ses cinq premières années, en partie utilisés pour (mieux) rembourser les patients bénéficiant de thérapies innovantes coûteuses, y compris celles développées par des grands groupes pharmaceutiques internationaux qui ont dû revoir complètement leur stratégie sur le marché chinois.
Lors de l’introduction de ce système d’achats, le public avait salué les efforts du gouvernement pour rendre les soins accessibles à tous. Sauf qu’aujourd’hui, de plus en plus de médecins et de patients expriment leurs doutes sur la qualité des génériques sélectionnés, bien que leurs fabricants affichent des tests d’efficacité équivalents à ceux des médicaments de marque.
« À quoi bon payer l’assurance médicale publique si les médicaments ne fonctionnent plus ? », s’indigne un utilisateur sur Weibo. « Comment les hauts cadres du Parti obtiennent-ils leurs médicaments ? » interroge un autre, affichant une suspicion généralisée selon laquelle les élites du Parti communiste bénéficieraient de privilèges inaccessibles aux citoyens lambdas.
Compte tenu des antécédents de la Chine en matière de scandales alimentaires et pharmaceutiques (lait à la mélamime en 2008, vaccins frelatés en 2010…), ces révélations touchent une corde sensible auprès de la population. Face à l’ampleur du tollé, l’Administration nationale de la sécurité des soins de santé (NHSA), responsable du système d’assurance maladie du pays, a annoncé avant le Nouvel An chinois qu’elle enquêterait sur la question des médicaments génériques et la fiabilité des tests.
En effet, des soupçons de fraude ont émergé, notamment lorsque des médecins ont remarqué que les données cliniques de certains génériques étaient identiques à celles des médicaments d’origine. « Même les données à deux décimales près sont exactement les mêmes », écrit le Dr Xia Zhimin, ancien rédacteur en chef adjoint de Dingxiangyuan, un forum en ligne populaire auprès des professionnels de la santé. Face à ces révélations embarrassantes, le gouvernement a censuré certaines informations et restreint l’accès aux bases de données officielles, tout en expliquant que la duplication des données était due à « une erreur d’édition ».
Reste à voir si ce scandale influencera la manière dont les autorités géreront le prochain cycle d’achats centralisés, prévu un peu plus tard dans l’année. Sans remettre en cause le bien fondé du système, il apparaît que la mise en concurrence (extrême) des groupes pharmaceutiques autour du prix, se fasse au détriment de la qualité des médicaments proposés. Pour y remédier, certains experts préconisent d’accroître les contrôles des sites de production et de sanctionner plus sévèrement les entreprises qui ne respectent pas les normes réglementaires.
La Chine revient de loin : 20 ans plus tôt, en 2005, Zheng Xiaoyu, l’ex-directeur de l’Administration de l’alimentation et des médicaments (SFDA), était condamné à mort pour avoir touché des pots-de-vin de compagnies pharmaceutiques voulant obtenir des autorisations de mise sur le marché. Ces pratiques avaient causé le décès de plus d’une centaine de personnes en Chine et au Panama, après l’ingestion d’un sirop contre la toux qui contenait… de l’antigel.
Venez écouter l’épisode 54 des « Chroniques d’Éric », journaliste en Chine de 1987 à 2019 et fondateur du Vent de la Chine.
Episode 54 des « Chroniques d’Éric » : « La Chine, vue depuis Vancouver »
La Chine bouge dans tous les sens ces derniers mois. Tandis qu’une cloche de silence sans précédent depuis les temps de Mao s’est abattue sur l’Empire du Ciel, accompagnée d’une chape rigide de discipline, des soubresauts sont perceptibles, qui parlent de découragement généralisé et de crise latente, de souffrance en silence dans les villes et villages, de faillites des PME – toutes choses non durables.
Un jeune et talentueux podcasteur français installé au Canada, Valentin Derensart, m’a fait l’amitié de m’interviewer sur tous ces sujets : écoutez, et à bientôt !
Tous ces épisodes, inspirés par mes souvenirs et l’actualité, n’ont que le double but de vous amuser et faire découvrir la Chine. N’hésitez pas à les repartager sur les réseaux sociaux !
- 达赖喇嘛 , Dálài Lǎma : Dalaï-Lama
 - 地位, dìwèi (HSK 4) : statut
 - 僵局, jiāngjú (HSK 7) : impasse
 - 非正式, fēizhèngshì : informel
 - 保密, bǎomì (HSK 4) : confidentiel
 - 执政, zhízhèng : être au pouvoir / gouverner
 - 自由, zìyóu (HSK 2) : liberté
 - 高压, gāoyā : répressif, autoritaire
 - 数字监控, shùzì jiānkòng : surveillance numérique
 - 控制, kòngzhì (HSK 5) : contrôle
 
在《为无声者发声》一书中,达赖喇嘛指出,他与中国政府就西藏地位问题的正式对话在2010年陷入僵局,但他继续与中国领导人保持非正式的,有时是保密的接触,直到2019年。他写道:“从习近平执政的上个十年来看,在个人自由和日常生活方面,中国似乎又回到了毛泽东时代的高压政策,只不过现在是通过最先进的数字监控和控制技术来执行的。”
Zài “wéi wúshēng zhě fāshēng” yī shū zhōng, dá lài lǎma zhǐchū, tā yǔ zhōngguó zhèngfǔ jiù xī cáng dìwèi wèntíde zhèngshì duìhuà zài 2010 nián xiànrù jiāngjú, dàn tā jìxù yǔ zhōngguó lǐngdǎo rén bǎochí fēi zhèngshì de, yǒushí shì bǎomì de jiēchù, zhídào 2019 nián. Tā xiě dào:“Cóng xíjìnpíng zhízhèng de shàng gè shí niánlái kàn, zài gèrén zìyóu hé rìcháng shēnghuó fāngmiàn, zhōngguó sìhū yòu huí dàole máozédōng shídài de gāoyāzhèngcè, zhǐ bùguò xiànzài shì tōngguò zuì xiānjìn de shùzì jiānkòng hé kòngzhì jìshù lái zhíxíng de. ”
Dans son livre, Une voix pour les sans-voix, le Dalaï Lama souligne que le dialogue officiel avec le gouvernement chinois sur le statut du Tibet s’est retrouvé dans une impasse en 2010, mais qu’il a continué à entretenir des contacts informels, parfois confidentiels avec les dirigeants chinois, jusqu’en 2019. Il écrit : « Si l’on observe la dernière décennie sous la présidence de Xi Jinping, la Chine semble être revenue aux politiques répressives de l’ère Mao en ce qui concerne les libertés individuelles et la vie quotidienne, sauf qu’elles sont désormais appliquées à l’aide des technologies de surveillance et de contrôle numérique les plus avancées ».
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- 畏惧, wèi jù (HSK 7) : craindre
 - 反腐, fǎn fǔ : anti-corruption
 - 清洗, qīng xǐ (HSK 6) : purge
 - 重拾, chóng shí : retrouver, reprendre (motivation, courage)
 - 干劲, gàn jìn : énergie, dynamisme au travail
 - 重振, chóngzhèn : relancer, revitaliser
 - 错误, cuòwù (HSK 3) : erreur
 - 纪律, jì lǜ (HSK 4) : discipline
 - 畏首畏尾, wèi shǒu wèi wěi (proverbe) : craindre la tête et la queue (être trop prudent, manquer de courage pour agir)
 - 气氛, qìfēn (HSK 6) : atmosphère
 - 削弱, xuē ruò (HSK 7) : affaiblir, diminuer.
 
为了让畏惧反腐和清洗行动而不作为的中国官员们重拾干劲,以重振停滞不前的经济,习近平传递了一个信息:一些错误是可以接受的。他对中国共产党的指示是:执行严格的纪律不应助长畏首畏尾的气氛,这种气氛会削弱曾经推动中国经济崛起的锐意进取的精神。
Wèile ràng wèijù fǎnfǔ hé qīngxǐ xíngdòng ér bù zuòwéi de zhōngguó guānyuánmen chóng shí gànjìng, yǐ chóng zhèn tíngzhì bù qián de jīngjì, xíjìnpíng chuándìle yīgè xìnxī: Yīxiē cuòwù shì kěyǐ jiēshòu de. Tā duì zhōngguógòngchǎndǎng de zhǐshì shì: Zhíxíng yángé de jìlǜ bù yìng zhùzhǎng wèishǒuwèiwěi de qìfēn, zhè zhǒng qìfēn huìxuēruò céngjīng tuīdòng zhōngguó jīngjì juéqǐ de ruìyì jìnqǔ de jīngshén.
Afin de redonner de la motivation aux fonctionnaires chinois qui, par crainte des campagnes anti-corruption et de purges, restent inactifs, et de relancer une économie en stagnation, Xi Jinping a envoyé un message : certaines erreurs sont acceptables. Son instruction au Parti communiste chinois est que l’application d’une discipline stricte ne doit pas encourager une atmosphère de frilosité, car cela affaiblirait l’esprit d’initiative qui a autrefois contribué à l’essor économique de la Chine.
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- 抹黑, mǒ hēi : diffamer
 - 熊猫, xióng māo : panda
 - 散布, sàn bù (HSK 7): répandre, diffuser des informations (souvent négatives ou fausses)
 - 虚假, xū jiǎ (HSK 7) : faux, mensonger, trompeur
 - 被捕, bèi bǔ (HSK 7) : être arrêté
 - 骚扰, sāo rǎo (HSK 7) : harceler
 - 繁育, fán yù : élevage, reproduction
 - 打击 , dǎ jī (HSK 7) : répression
 - 言论, yán lùn (HSK 7) : discours, expression
 - 脆弱, cuìruò (HSK 7) : faible, fragile
 
多人因抹黑熊猫专家、散布关于熊猫的虚假信息被捕, 骚扰中国繁育中心的工作人员。这次打击行动显示出中国的言论是多么脆弱,即使话题是熊猫。
Duō rén yīn mǒhēi xióngmāo zhuānjiā, sànbù guānyú xióngmāo de xūjiǎ xìnxī bèi bǔ, sāorǎo zhōngguó fányùzhōngxīn de gōngzuò rényuán. Zhè cì dǎjí xíngdòng xiǎnshì chū zhōngguó de yánlùn shì duōme cuìruò, jíshǐhuàtí shì xióngmāo.
Plusieurs personnes ont été arrêtées pour avoir diffamé des experts en pandas et diffusé de fausses informations sur les pandas, ainsi que pour avoir harcelé le personnel de centres d’élevage en Chine. Cette répression montre à quel point la liberté d’expression en Chine est fragile, même lorsque le sujet concerne les pandas.
Zhao Liping naquit en 1951, à Yutian (Hebei), dans l’effervescence de la Chine rouge depuis deux ans à peine. Assoupi depuis des siècles, le bourg s’éveillait dans la tourmente, sous les exécutions à répétition de propriétaires fonciers « capitalistes », menaçant les parents de Zhao, bourgeois aisés et éduqués. Aussi très tôt, l’enfant réalisa que du soutien à la Révolution, dépendait la survie des siens, voire bien plus : une existence confortable, à l’ombre du pouvoir. Dès lors, il ne cessa de militer dans les manifs, l’agit-prop, et adhéra vite aux pionniers, à la Ligue de la jeunesse.
En 1968, « jeune instruit », il se fit envoyer à Horqin. Ce fut un choix avisé : le nom du village, « bannière centre gauche » fleurait bon le socialisme, et l’ethnie mongole de ce district arraché à sa région historique pour être rattaché au Jilin, rappelait le principe de la fusion harmonieuse des minorités dans le creuset Han de la République. Zhao tomba amoureux de la région. Les années de la Révolution culturelle, il les passa à écrire des poèmes dédiés aux cavaliers, aux collines, à la prairie mongols. Il continuait bien sûr à militer dans les meetings, assurant le service d’ordre, se rendant indispensable, méritant ainsi sa carte du Parti, à l’âge de 25 ans.
Ainsi, une fois Deng Xiaoping au pouvoir, il obtint sans peine en 1982 une place à l’université mongole de Radio-TV dont il sortit trois ans plus tard titulaire d’une licence de lettres chinoises. Subtilement alors, au lieu de s’enferrer dans un job de prof ou de journaliste, il se fit recruter comme ouvrier dans une imprimerie d’Etat, à 34 ans : coupant court ainsi à toute accusation de bourgeoisie, et ajoutant un titre irréfutable à son pedigree socialiste. À partir de 1988, il fut régulièrement envoyé en stage à Pékin aux universités de Sécurité publique, de Défense nationale de l’APL, et bien sûr au nec plus ultra pour futurs leaders, à l’Ecole du Parti. De la sorte, dès 1991, auréolé des diplômes qui comptent, ce jeune loup de 40 ans retournait à sa Mongolie. C’était pour lui une époque charnière. Il avait déjà choisi ce qu’il voulait faire : policier, le bras armé dont l’Etat aurait toujours besoin, quelle que soit la mouvance au pouvoir.
Mais il se cherchait aussi : ne valait-il pas mieux être écrivain, politicien, ou industriel ? Enfin quoiqu’il fasse, il le ferait derrière la grande muraille du Parti, comme homme d’appareil. En 1998, il était admis, pour ses œuvres et par ses amitiés, à la prestigieuse Association des écrivains. 
Par opportunisme plus que par amour, il avait épousé la fille d’un ponte local, accélérant ainsi ses promotions. La vie devenait plus facile : Zhao multipliait ses voyages dans les provinces, à l’étranger (Hong Kong, URSS), dont il tirait des récits au succès honnête. 
Dès 2005, il dirigea la police d’une Mongolie Intérieure étirée sur 2 000 km, grande comme deux fois la France. Il s’enrichit en rendant service aux industriels et apparatchiks en mal de contourner la loi, ce qu’il était à présent en position de faire impunément. Grâce à ces nombreuses « faveurs » accordées, il menait la belle vie, possédait voitures, duplex et villas, et fréquentait un grand nombre de jeunes femmes peu farouches, en échange de quelques petits avantages qui ne lui coûtaient rien–une patente commerciale, l’enterrement d’un dossier avant un procès perdu d’avance, une recommandation pour un emploi… Il n’oubliait pas non plus, le moment de la retraite, où ses privilèges lui seraient retirés—fameux « syndrome des 60 ans ». Il lui fallait bien mettre des sous de côté ! Tout ce pouvoir, il en était très fier, comme un homme parti de peu, qui avait tout fait tout seul, et facilement en plus, les doigts dans le nez (« en crachant dans les mains », dit le proverbe, 唾手可得 tuò shǒu kě dé).
Il était au sommet de sa gloire. Ses pièces de théâtre faisaient salle comble et pour ses romans policiers aux intrigues glauques, inspirées des rapports de ses lieutenants, il obtenait un prix littéraire. Cultivant son image d’avenir, il imposa à ses commissariats de réduire les délais de réponse aux appels d’urgence au 110 : « 30 secondes en ville, 60 en banlieue, aussi vite que possible dans les villages ». Précédé d’une flatteuse réputation, cet homme calme, affable et professionnel accéda au pinacle, nommé en 2010, n°2 du gouvernement du territoire autonome, puis en 2012, vice-Président de l’Assemblée Consultative régionale. Et comme souvent, en ce pays, le n°2 est le vrai détenteur du pouvoir – Zhao était devenu le roi du nord du céleste empire. Le jour de sa retraite, en janvier 2013, il fut ovationné de longues minutes par ses subordonnés, prêt dorénavant à jouir d’une pension bien méritée.
Par Eric Meyer
NDLR: Notre rubrique « Petit Peuple » dont fait partie cet article raconte l’histoire d’une ou d’un Chinois(e) au parcours de vie hors du commun, inspirée de faits rééls.
Ce « Petit Peuple » a été publié pour la première fois le 11 juin 2015 dans le Vent de la Chine – Numéro 23 (2015)
15 – 17 février, Canton : DPES China, Salon professionnel de la signalétique, de l’affichage, de la gravure laser, des équipements et consommable d’impression
17 – 19 février, Shenzhen : LED CHINA, Salon mondial de l’industrie des LED
19 – 21 février, Canton : PCHi, Salon des soins personnels et des cosmétiques
20 – 22 février, Shanghai : SIOF – Shanghai International Optics Fair, Salon international de l’optique
17 – 19 février, Shenzhen : LED China, Salon international des LED
19 – 21 février, Canton : PCHi, Salon des soins personnels et des cosmétiques
20 – 22 février, Pékin : ISH China & CIHE, Salon international de l’assainissement, du chauffage, de la ventilation et de l’air conditionné
20 – 22 février, Shanghai : SIOF – China (Shanghai) International Optics Fair, Salon international de l’optique
21 – 24 février, Pékin : CIAACE, Salon chinois international des accessoires auto
23 – 25 février, Shanghai : Allfood Expo, Salon international de la confiserie, des snacks et des glaces
24 – 26 février, Pékin : CIBE – China International Beauty Expo, Salon international de l’industrie du bien-être et de la beauté
25 – 27 février, Shanghai : SPINEXPO, Salon international du sourcing industriel dédié à l’innovation dans les fils, fibres et tricots
25 – 27 février, Canton : SPS – Smart Production Solutions, Salon d’approvisionnement pour les entreprises cherchant à pénétrer le marché manufacturier du sud de la Chine
27 février – 2 mars, Pékin : PetFair, Salon international spécialisé dans l’alimentation et les produits pour animaux de compagnie
28 février – 3 mars, Shenzhen : AutoEcosystems, Salon de la technologie et modification automobiles, du marché secondaire, des véhicules commerciaux, des camping-cars
3 – 6 mars, Canton : PackInno, Salon international des produits d’emballage
4 – 7 mars, Shanghai : APPP Expo, Salon international de la publicité, des technologies et des équipements de signalisation
5 – 7 mars, Canton : China Lab, Salon international et conférence sur les appareils de laboratoire et d’analyse
5 – 7 mars, Canton : IBTE, Salon des jouets et des produits pour bébés
5 – 7 mars, Shanghai : IWF, Salon professionnel international du la santé, du bien-être, du fitness et de la musculation
6 – 7 mars, Shanghai : WBX – World Breakbulk Expo, Salon international de l’industrie de la logistique et du transport, axé sur le thème du fret maritime et du breakbulk
6 – 9 mars, Pékin : CHF – China Home Furnishing, Salon international des matériaux de construction et de décoration
6 – 9 mars, Tianjin : CIEX – China International Equipment & Manufacturing Industry Expo, Salon international de l’automation, de la robotique et de la machine-outil
7 – 9 mars, Shanghai : CCF – China Consumer Goods Fair, plateforme d’achat pour toutes les catégories de biens de consommation
7 – 9 mars, Wenzhou : WIE – Industry Expo Wenzhou, Salon international de l’industrie manufacturière
10 – 12 mars, Shanghai : IACE, Conférence internationale sur les céramiques avancées
10 – 12 mars, Shanghai : PM, Salon international et conférence sur la métallurgie des poudres
10 – 12 mars, Shanghai : CCEC, Salon international et conférence sur les carbures cémentés
11 – 13 mars, Shanghai : CHIC, Salon international de la mode, de l’habillement et des accessoires
16 – 18 mars, Canton : Asian Flower Industry Expo, Salon asiatique de l’industrie des fleurs
16 – 18 mars, Canton : GMF – Asia Forestry & Garden Machinery & Tools Fair, Salon dédié aux équipement destinées à l’industrie forestière et à l’entretien des jardins
16 – 19 mars, Shenzhen : SZCW – Shenzhen International Furniture Exhibition and Creative Week, Salon international du meuble
17 – 19 mars, Shanghai : AgTech / CAC Show, Salon international des matériels et technologies agricoles, de l’agrochimie et des technologies de protection des récoltes
17 – 19 mars, Shanghai : TCT Asia, Salon international dédié à la fabrication additive, à l’impression 3D et aux technologies connexes
18 – 20 mars, Pékin : HEFC – Hydrogen Energy Vehicles Fuel Cells, Salon international dédié à l’énergie hydrogène et aux véhicules à pile à combustible et à l’équipement des stations de ravitaillement en hydrogène
18 – 20 mars, Canton : MRO Summit, Salon et conférences B2B pour l’industrie aérospatiale MRO (Maintenance, Réparation et Opérations)
19 – 21 mars, Pékin : CAE – China Attractions Expo, Salon international des installations et équipements de divertissement
19 – 21 mars, Shanghai : Intermodal Asia, Salon et conférence sur le transport naval et la logistique portuaire
21 – 24 mars, Zhengzhou : CCEME – Central China Equipment Manufacturing Exposition, Salon international des équipements de fabrication pour la Chine centrale
21 – 23 mars, Zhengzhou : Central Digital Public Security Industry Expo, Exposition sur l’intelligence numérique au service de la sécurité
21 – 23 mars, Zhengzhou : WDIE – World Digital Industry Expo, Salon international de l’industrie numérique pour la région du Henan
24 – 27 mars, Jinan : Jinan International Industrial Automation, Salon international des technologies d’automation industrielle et de contrôle
26 – 28 mars, Pékin : CM – China Maritime, Salon international des technologies et équipements offshore
26 – 28 mars, Shenzhen : ITES, Salon international des solutions professionnelles pour cinq domaines de demande clés : traitement des métaux, fabrication de nouvelles énergies et d’automobiles, fabrication de dispositifs médicaux, fabrication de produits électroniques, logistique intelligente
26 – 28 mars, Shanghai :Productronica, Salon international de la production électronique
26 – 28 mars, Shanghai : Semicon, Salon international de l’équipement et des matériaux pour les semi-conducteurs
28 – 29 mars, Shanghai : DMES – China Digital Marketing And Ecommerce Innovation Summit, Sommet sur l’innovation en matière de marketing numérique et de commerce électronique
30 mars – 2 avril : Hotelex Shanghai, Salon international des équipements et fournitures pour l’hôtellerie et la restauration

