Le Vent de la Chine Numéro 29 (2016)
Au 15 ème jour du 8 ème mois lunaire, le festival de la Mi-automne (Zhongqiujie, 中秋节) est l’ultime rendez-vous avant les grands froids, celui d’une Chine aux greniers pleins, dont les villages fêtent avant de plonger dans le repos de l’hiver.
Selon la légende, c’est aussi le jour où Chang ’E, la déesse de la Lune s’envola vers l’astre pour y vivre à jamais dans un palais de glace, accompagnée d’un lapin de jade. C’est donc, on le devine, une fête joyeuse, chérie par la Chine.
Hélas ses traditions se perdent vite, à mesure que se vident les campagnes. La nuit de la pleine lune (15 septembre cette année) fleurissent les lanternes de soie ou de papier.
Quittant les villes, les citadins se promènent autour des lacs ou des parcs, se retirent dans les monastères. Ils boivent du vin de casse (au goût de cannelle), mangent des pêches, kakis, grenades, châtaignes grillées. Entre amis, collègues, et partenaires en affaires, ils s’échangent les bourratifs « gâteaux de Lune » (yuebing 月饼).
C’est aussi l’époque où la famille se recentre sur elle-même. Cette année, le festival de mi-automne advient presque en même temps que la rentrée universitaire. Des millions d’étudiants provinciaux doivent monter à la grande ville pour y vivre en dortoirs, loin des parents pour la première fois. Or, ces bacheliers sont souvent fils uniques, et ont été gâtés au point de ne pas savoir gérer leur quotidien seul. Ce qui donne cette année cette scène insolite : des dizaines d’universités telles celles de Xi’an ou Tianjin prêtent leurs gymnases aux parents, pour y loger quelques jours sous tentes, le temps d’installer le rejeton.
Autre tendance plus stressante pour les parents : leurs enfants cessent de se marier. Les 13,5 millions de noces célébrées en 2013 ont régressé 2 ans après, à 2,1 millions. La tendance est déjà assez forte pour influer sur l’offre et la demande : les marchés du logement et des services, se réorientent des jeunes parents vers les jeunes célibataires. Cette désaffection du mariage ou de la vie de couple reflète plusieurs raisons, à commencer par la motivation déclinante des filles. Etudiant plus, elles obtiennent de meilleurs diplômes, de meilleurs salaires qui les libèrent de l’astreinte économique de se marier.
Joue aussi le bilan de plus de 35 ans de politique de l’enfant unique : à terme, le nombre des jeunes en âge nuptial a été réduit comme peau de chagrin, et les hommes sont surnuméraires, suite à la préférence pour le sexe fort – de 1 à 24 ans, les garçons sont 3% à 4% plus nombreux que les filles.
Ultime raison à la mode croissante du célibat : l’exigence des filles de trouver « pas n’importe qui ! », mais le compagnon de leurs rêves. La qualité de la relation devient essentielle : faute d’être sûre d’avoir une vie conjugale comblée, la femme ne veut plus s’engager. Pire, si l’homme déçoit ou démérite, on divorce : en 2015, les séparations atteignaient le record de 3,8 millions, plus du double de 2005. Ils ont à 80% pour demandeur l’épouse –soit parce que le mari a brisé sa confiance, soit parce qu’il a manqué de maturité, et n’a su prendre sa part des de décisions dans la vie du couple. Une phrase revient souvent chez ces divorcée : « j’avais l’impression d’être sa mère »…
Tels sont les soucis qui peuvent habiter les familles, sous la lumière de la Lune de la mi-automne. Ils reflètent une société en mutation, en mal à se projeter 20 ans plus loin, dans une nouvelle harmonie et un nouvel équilibre.
Accusé de « sérieuses fautes de discipline », Huang Xingguo, 61 ans, maire de Tianjin et Secrétaire du Parti « par intérim », fut arrêté le 10 septembre par la Commission Centrale de discipline du Parti (CCID), présidée par Wang Qishan. Avec neuf années à la mairie, Huang battait le record de longévité à ce poste dans une métropole. De plus, le fait qu’il ait été maintenu 21 mois en tant que Secrétaire « par intérim » est rare à ce niveau de fonction.
Tianjin est la 4ème ville du pays : le Secrétariat du Parti y est un poste si stratégique que depuis 1984, tous ses titulaires (sauf un) ont eu leur place au Bureau Politique, l’antichambre des décisions suprêmes. En bonne règle, Huang aurait dû en octobre prochain se voir confirmé Secrétaire à part entière, puis intégrer le cercle fermé du Bureau Politique en 2017, lors du XIXème Congrès. Le fait qu’il ait végété 21 mois sous ce statut provisoire, suggère qu’il avait un problème à Pékin—avec Xi Jinping. Que s’est-il passé ?
Comme souvent au PCC, tout est question d’allégeances et de rapports personnels. En 1998, Huang était le Secrétaire de Ningbo (Zhejiang), non loin de Xi. Les hommes se connaissaient, mais dès l’époque, Huang s’était rangé sous la bannière de Jiang Zemin, qui collectionnait les allégeances afin de conserver son influence bien au-delà de son mandat suprême prenant fin en 2002. En 2007, Huang devenait maire de Tianjin, sous Zhang Gaoli, son supérieur hiérarchique (Secrétaire du Parti) ET son allié dans la faction de Jiang.
Ce n’est qu’en juin 2016, tardivement, que Huang a clamé sa fidélité à Xi Jinping, dix mois après l’énorme explosion chimique au port de Tianjin qui causa pour des milliards de $ de dégâts et 187 morts. Suite à ce drame, des dizaines de cadres furent démis ou blâmés, dont 5 de haut rang provincial ou ministériel. Mais Huang était resté indemne, apparemment protégé par une main invisible. Jusqu’à ce que sa tentativede ralliement à Xi (en vain) signale la fin de cette protection.
Huang n’est pas tombé seul : le 22 août, Yin Hailin (56 ans), vice-maire de Tianjin le précéda sous l’imputation de corruption. Yin avait le même protecteur, Zhang Gaoli dans la faction de Jiang. Dix ans avant, Yin avait été un des créateurs de la zone industrielle de Binhai dans le port de Tianjin, pour le compte de Zhang Gaoli, et qui monterait en 2013 Vice-Premier et membre du Comité Permanent.
Aussi, selon certains observateurs, ces deux arrestations auraient eu lieu pour permettre la mise en accusation de Jiang Zemin et de son bras droit Zeng Qinghong lors du prochain Plenum d’octobre. D’après Xin Ziling, officier à la retraite proche d’une aile libérale et modérée, Xi Jinping aurait obtenu fin juillet, lors du conclave balnéaire de Beidaihe, « un consensus pour résoudre le problème Jiang Zemin—Zeng Qinghong ».
La destitution des leaders de Tianjin viseraient à contraindre leur patron Zhang Gaoli à renoncer lors de votes au Comité Permanent, à protéger Jiang – l’homme qui cristallise la résistance conservatrice aux réformes. Deux autres lieutenants de Jiang au Comité Permanent, Zhang Dejiang et Liu Yunshan, voient d’autres enquêtes en corruption diligentées par la CCID, sur des agences dont ils ont la charge (le Bureau de Liaison à Hong Kong, le Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, le Département de la propagande). Jiang par ailleurs, n’a plus été vu en public depuis plus de six mois.
Aux manettes de Tianjin, sans attendre, Xi Jinping a fait nommer un homme sûr : Li Hongzhong, 60 ans, ex-secrétaire du Hubei. Dès janvier, Li multipliait les gestes de fidélité à Xi Jinping, et avait été parmi les premiers leaders régionaux à réclamer début 2016, la reconnaissance formelle de Xi comme « coeur » du PCC – une loyauté qui rapporte gros !
Toutes ces évolutions qui restent à confirmer, interviennent à l’aube de l’important Plenum d’octobre et à un an de l’encore plus crucial XIXème Congrès de 2017.
Selon la règle interne, le Plenum doit désigner un leader « de la 6ème génération » pour succéder à Xi en 2022. Si les choses devaient se passer comme durant les règnes de Jiang et de Hu Jintao, cette relève ne serait pas désignée par Xi lui-même mais par son prédécesseur, suivant le mécanisme conçu par Deng Xiaoping pour éviter le retour de ce qui fut la hantise des années ‘60-70 : le pouvoir solitaire et le culte de la personnalité.
Cependant la rumeur ferme va plus loin : déçu par 20 ans de sclérose et d’immobilisme de la réforme, Xi voudrait orienter le pays vers un type de régime différent : « un régime présidentiel », plus fort, faisant l’économie au moins partielle des votes au Bureau Politique et à son niveau supérieur, au Comité Permanent . Le pouvoir serait formellement transféré aux mains des Commissions ministérielles déjà créées par Xi Jinping, composées de ses propres conseillers. Tel serait le mécanisme conçu par Xi pour libérer le train des réformes sociétales et financières promises par Xi depuis 2012, mais bloquées depuis par les lieutenants de Jiang Zemin pour le compte des privilégiés et des grandes familles historiques.
Il ne faut pas se leurrer, cette nouvelle voilure du navire PCC, moins collégiale et plus autoritaire, pour devenir fonctionnelle, devra franchir de grands obstacles : comment convaincre les institutions traditionnelles à passer la main? C’est ce que les mois prochains auront à révéler.
Enfin une bonne nouvelle pour les chemins de fer chinois : fin août, Jakarta a donné son feu vert à la construction de la ligne de TGV Jakarta – Bandung. Cette première liaison très rapide en Indonésie, revient à un consortium mixte, entre un groupe javanais de BTP et la CRC (China Railways Corp), pour un budget de 5,1 milliards de $.
Sur ce projet, la Chine avait affronté la concurrence du Shinkansen japonais. En octobre 2015 Pékin emportait le contrat, mais en janvier, Jakarta se déjugeait en un coup de théâtre : le permis ne valait que pour les 5 premiers kilomètres. Pour le reste, il faudrait l’accord de chaque province le long du parcours. Ce qui fut obtenu, permettant aujourd’hui le vrai début des travaux.
Toutefois les termes du contrat révèlent que dans cette affaire, la Chine, requérante, a été forcée à de spectaculaires concessions. Au dernier moment, la facture a été limée de 370 millions de $. Les banques chinoises avancent 75% du financement (contrairement à leur tendance présente), sans la garantie de bonne fin de l’Etat indonésien. Contrairement au Japon, la Chine a renoncé à cette clause, pourtant très fréquente dans les contrats internationaux. En marge du G20 de Hangzhou, Xi Jinping en était encore à prier son homologue J. Widodo de soutenir le projet.
Pour Xi, ce contrat était celui que la Chine ne pouvait se permettre de rater, après la résiliation en juin du contrat Los Angeles—Las Vegas, et les retards sur les projets à travers Laos et Thaïlande.
Il faut dire que la CRC, consortium public, constructeur du réseau et exploitant ferroviaire national, n’est pas en bonne santé, avec un endettement de 4140 milliards de yuans en mars (+10,4% par rapport à 12 mois plus tôt) et 8,73 milliards de pertes sèches au premier trimestre, 35% de plus qu’en 2015. Cette ardoise massive (65% de ses actifs) résulte de 10 ans de « planche à billets » à fonds perdus pour doter le pays du plus long réseau de TGV mondial (19.000km), et d’un outil de construction ferroviaire puissant et dernier cri. Pour le rentabiliser, il comptait sur une hausse continue de la demande intérieure (tous types, fret et passagers).
En passagers, la tendance n’est pas trop mauvaise, avec des ventes de billets en hausse de 14% au 1er semestre, pour un chiffre d’affaires de 135 milliards de yuans. Mais les profits ne suivent pas : le réseau TGV ne peut pas être emprunté en même temps par un trafic fret beaucoup plus lent. De plus, il exige un entretien plus strict, pour la sécurité. Aussi la desserte Pékin-Shanghai n’a connu le profit qu’en 2015 après 4 ans d’exploitation, et bien d’autres lignes TGV restent dans le rouge.
Le trafic fret lui, stagne en pleine déconfiture. Il a connu un recul en volume de 10% de janvier à juillet (1,8 milliard de tonnes transportées), et une recette de 101 milliards de yuans, moins 14,7% sur la même période en 2015. L’érosion du fret suit le ralentissement de l’économie : moins d’acier, de charbon, de bois, d’équipements transportés. Pour enrayer l’hémorragie, la CRC teste de nouvelles voies, comme la vente d’espaces commerciaux dans ou autour des gares, ou l’impression de publicité sur les billets.
L’Etat lui, n’a d’autre choix que de continuer à soutenir la CRC. Chaque année depuis 2010, il a financé en moyenne 800 milliards de yuans en infrastructures nouvelles. Il poursuivra l’effort au moins pour la durée du 13ème Plan (2016-2020), avec 3800 milliards de yuans en frais d’infrastructure. Très ambitieux, il prévoit sur 15 ans huit « corridors » à haute vitesse Nord-Sud, et huit Est-Ouest. À partir de sections nouvelles raccordées aux existantes, il veut créer un damier ferroviaire TGV reliant toutes les 30 capitales provinciales et conurbations de plus de 500.000 habitants, pour un réseau augmenté de 26.000 km.
Nonobstant son audace, ce plan fait froncer les sourcils à la plupart des experts, sous la perspective de la rentabilité : les lignes TGV coûtent le double de celles conventionnelles, ce qui se ressent sur le prix du billet, et sur la fréquentation. De plus, les trains qui circulent à vide, imposent de nouvelles pertes de par leur entretien et coût en énergie.
Reste donc, comme chance de rentabiliser ce savoir-faire, l’export. A ce sujet, pas par hasard, la CRRC, consortium national de construction ferroviaire, a mis en service le 15 août sur la ligne Dalian—Shenyang, le premier TGV 100% chinois. L’avantage étant de s’épargner les royalties (pour les productions sous licence), et l’import de systèmes sous propriété intellectuelle de la concurrence, Alstom, Siemens, Bombardier (Canada) ou Kawazaki (Japon). Cette nouvelle rame, que la Chine dit aussi rapide et plus sûre, suit ses normes, établies conjointement par la CRC, la CRRC et l’Académie des Sciences ferroviaires. Elle sera, annonce Zhou Li, directeur du département R&D à la CRC, celle destinée à l’exportation à l’avenir.
Mais l’exportation de TGV chinois va-t-elle vers des lendemains qui chantent ? Pas sûr, selon SCI Verkehr, le bureau allemand d’analyse. Pour lui, le marché mondial des trains va passer de 162 milliards d’€ aujourd’hui à 180 milliards en 2018. Mais la partie « TGV » est encore infime, 4883 km en construction fin 2013, pour une valeur de 18,5 milliards d’euros. Ce marché est si concurrentiel que les profits sont maigres dans la filière, même en faisant jouer les subventions des gouvernements. La plupart des pays intéressés par des TGV, ne le sont qu’à moyen terme. Autrement dit, l’âge d’or du TGV, s’il doit advenir, est pour… après-demain.
Le 9 septembre a été occulté par les autorités, en dépit de la portée historique de la date, l’anniversaire de la mort de Mao Zedong. C’est que 40 ans après sa disparition, le Grand Timonier hante les consciences.
Selon Jeff Wasserstrom, spécialiste de l’ère maoïste, Mao déchire la rue, entre le chômeur glorifiant le héros du « bol de riz d’acier » (de l’emploi à vie) ; le jeune ignorant de l’histoire, persuadé que Mao était le champion d’un harmonieux égalitarisme; et l’intellectuel torturé durant la Révolution culturelle, qui dénonce les dizaines de millions de victimes de son inconscience ubuesque.
Le culte de la personnalité n’est pas mort, même s’il s’érode. A Shaoshan (Hunan), ville de naissance du co-fondateur du PCC, s’est tenue le 9 septembre, avec force de drapeaux rouges, une manif « maoïste » ambiguë, entre un dernier carré de fidèles aux cheveux blancs et des hommes congédiés sans solde par les dizaines d’usines de statuettes Mao, en faillites. En face, matraque en mains, les policiers avaient fort à faire pour contenir la foule.
En plus des nostalgiques et des détracteurs, existe la catégorie la plus puissante : celle des grandes familles rouges. Pour Frank Dikötter, autre expert du Timonier, elles voient Mao comme un « secret de famille ». La plupart étaient de son vivant proches de Mao, impliquées au pouvoir : elles ont autant intérêt à maintenir la gloire et la légende, qu’à décourager toute analyse rationnelle et neutre de son action et de son héritage.
En janvier, les « nostalgiques de Mao» au Henan, avaient eu la douleur de voir leur statue dorée de 36m de haut de leur héros (cf photo), dynamitée par l’Etat faute de permis. Craignant de voir leur idole abandonnée, ils ont créé en août leur propre formation, le « Parti populaire pour la défense de Mao Zedong ». Ce qui est bien entendu interdit. Un de ses inspirateurs, Wang Shiji (un officier en retraite), annonça même pour le jour-anniversaire la tenue à Shijiazhuang (Hebei) du Congrès fondateur, à 50 fidèles. Mais le rendez-vous fut vite annulé par ordres supérieurs. Pour coloré et folklorique qu’il apparaisse, le mouvement avait été pris très au sérieux par l’équipe au pouvoir. C’est que ces ultraconservateurs constituent un socle non négligeable de l’opinion, et une force réactionnaire puissante, hostile à toute réforme du pays, quelle qu’elle soit.
Le 9 septembre, 68 ème anniversaire de la RDPC (Corée du Nord), Pyongyang mit à feu son 5ème test nucléaire, le plus puissant (10 kilotonnes). Quatre jours auparavant, en plein G20 à Hangzhou, la RDPC tirait trois missiles. Le sens était clair : la RDPC rappelait au monde son existence, et rejetait le modèle de croissance des 20 plus puissants pays de la Terre.
Pékin rejeta la faute sur les USA, du fait des tensions que les Etats-Unis entretiennent avec la Corée du Nord, tel ce passage le 12 septembre d’une escadrille de bombardiers de l’US Air-Force et de chasseurs de la Corée du Sud et du Japon sur la ligne de démarcation. Au même moment, à Dandong, à la frontière chinoise, la noria de camions se poursuivait, livrant riz, farine, pétrole et autres denrées nécessaires à la survie du régime. Si la Chine mettait un terme à cette aide, elle verrait déferler sur son sol des millions d’affamés – situation ingérable.
Ash Carter, le Secrétaire américain à la Défense, renvoya la balle : « en lançant son test nucléaire, Kim Jong-un (le petit-fils de Kim Il-sung) savait bien que la Chine n’interviendrait pas ». Et la presse américaine en est certaine : « la Chine s’est déjà résignée à l’existence d’une Corée nucléaire ». Une affirmation sans doute vraie, mais qui vaut aussi pour les USA.
Or, en ce concert, le ministre russe S. Lavrov lança une note discordante : « les sanctions ont échoué – peut-être pourrait-on passer à autre chose »? Ce qu’il veut dire : en présentant des exigences maximales et en traitant la RDPC d’Etat paria, les USA ont mis celle-ci aux abois ; et ce qu’elle réclame—une reconnaissance diplomatique des USA et des garanties de sécurité—, est peut-être une base de négociation acceptable.
En fait, à travers leur ping-pong idéologique, Etats-Unis et Chine donnent l’impression de s’accommoder de plus en plus de de la situation bancale présente, au vu des avantages qu’elle leur apporte:
– elle permet à l’US Army de déployer dans la péninsule son système antimissiles Thaad—autant destiné à prévenir les menaces nucléaires nord-coréennes que chinoises.
– et à la Chine, elle évite la réunification, la naissance d’une puissance pro-américaine sur son flanc Nord…
La victime de tout ce jeu, est le petit peuple du « pays du matin calme ». Depuis le 30 août, le typhon Lionrock fait des ravages : après 15 jours, la RDPC pleure des milliers de morts, et doit reloger 140.000 sans-abris—la Croix Rouge lance un appel aux dons*. Or, Kim Jong-un connaissait ce danger, ce qui ne l’a empêché de presser sur le bouton. A Pyongyang, les priorités militaires passent avant les besoins des populations civiles !
* http://www.ifrc.org/asia-pacific
A 43 ans, à Dasheng (Chongqing), Huang Lan pouvait considérer qu’elle n’avait pas raté sa vie, ayant une maison, un mari doux et travailleur, et deux filles. Mais comme tant d’autres Chinois, surtout de Chine de l’intérieur, Huang Lan et You Jiang (son mari, 52 ans) souffraient d’une angoisse qui les rongeait de l’intérieur : comment payer les études de leurs filles, satisfaire leurs caprices (comme ce smartphone qu’elles réclamaient à corps et à cris, comme un droit imprescriptible dont jouissaient déjà toutes leurs amies ) ? Comment même, plus prosaïquement, rembourser les traites ?!
Dans un tel climat, les disputes n’étaient pas rares, même à voix basse pour éviter de porter leurs différends sur la place publique. C’était peine perdue, avec ces parois d’une épaisseur diaphane, dans leur tour de cité-dortoir en grande banlieue de Chongqing…
Le problème était là : agent commercial, You Jiang ne supportait pas que sa femme puisse trouver un travail loin du domicile. Puis, question d’honneur, c’était à lui de subvenir aux besoins du ménage. Mais Huang Lan, pourtant se serait bien vue professeure, rédactrice ou assistante – autant de postes auxquels son mari l’empêchait de rêver. Elle n’avait donc jamais trouvé que des petits boulots dans son quartier, gardiennage, femme de ménage, caissière, et encore, seulement en remplacement. Situation humiliante !
Or malgré tous ses efforts, You Jiang ne parvenait à joindre les deux bouts. Chaque fin de mois, il rapportait une enveloppe bien trop fine de billets de 100 yuans – faute d’obtenir la prime de dépassement de l’objectif de vente. Parfois, la famille devait se priver pour parvenir à rembourser la banque.
You Jiang tentait de compenser ce manque de réussite en faisant sa part du nettoyage à la maison. Huang Lan lui en savait gré – mais ne pouvait oublier son rêve de prendre enfin sa vie en main.
La nuit du 11 au 12 juin 2016, une énième dispute eut lieu. Huang voulait tenter sa chance à Chongqing, mais You refusait catégoriquement, comme à chaque fois qu’elle lui en parlait. Suite à quoi ils s’étaient endormis en se tournant le dos…
Le lendemain, la vie bascula. You Jiang, à 8 heures, était parti pour sa centrale de vente. Quand il revint, pour déjeuner, il trouva un message de Huang qui partait quelques jours chez Ping, sa sœur à lui, résidant dans le centre de Chongqing. Là, elle pourrait au mieux trouver l’emploi de ses rêves, pour le mieux-être du couple et des enfants. Elle voulait saisir sa chance de « s’arracher d’un coup à l’insignifiance » (yī jǔ chéng gōng, 一举成名) – elle ne retournerait à Dasheng que quand elle aurait du travail !
You l’appela, mais la trouva inébranlable, butée dans la défense de son projet révolutionnaire : « à Chongqing, tous les jours s’ouvrent des écoles… Même les grandes entreprises publiques et groupes industriels recrutent chaque jour des personnes motivées comme moi. J’entends même parler de postes au bureau des parcs et forêts, et au consortium municipal du « cloud computing »… Pas question pour elle de faire marche arrière !
Irrité, le mari se rendait malgré tout compte que sa femme avait de bons arguments. Et son absence ne devrait pas durer trop longtemps : une quinzaine de jours au plus, avait-elle dit. Surtout, il ne pouvait rien faire. Aussi se résigna-t-il à l’inévitable. Chaque soir, elle lui passa un petit coup de fil, pour lui dire que tout allait bien. Au début optimistes et pleins d’espoir, ses messages se firent bien tôt plus allusifs et vagues…
Et puis dix jours après, tout dérailla. En fin d’après-midi du 22 juin, morte d’angoisse, Ping appela son frère You Jiang pour lui signaler la disparition de sa femme. Le matin, Huang était sortie comme chaque jour pour « des entretiens » – sans préciser quelles firmes, ni leurs adresses. Elle aurait dû revenir pour midi, ce qu’elle n’avait pas fait. Elle n’avait pas non plus téléphoné.
Sans perdre une minute, le mari se lança dans les mesures urgentes que sa raison lui dictait. Sur son portable, il appela un à un tous les amis du couple, la famille, les collègues, pour voir si d’aventure elle se serait signalé.
La journée du 23 juin coula, interminable. En matinée, You Jiang s’était rendu chez sa sœur pour glaner des détails dont elle eût pu se souvenir, et visiter la chambre qu’avait occupé son épouse – mais en vain.
Or le soir, de retour chez lui pour rejoindre ses filles, sonna son téléphone portable. Rapidement, il alluma le haut-parleur : ensemble, ils perçurent la voix étouffée de Huang Lan, suppliant des êtres anonymes de la relâcher, « ne me kidnappez pas, je sais que vous êtes de Changshou ! » (un autre district de Chongqing).
C’en était trop : You Jiang à bout de nerfs appela la police criminelle, pour dénoncer le kidnapping de sa femme !
Voici donc Huang Lan, kidnappée par de mystérieux ravisseurs. Qu’est-il en train de se passer ? Vous le saurez pas plus tard qu’au prochain numéro !
20-22 septembre, Canton : Guangzhou International Solar Photovoltaic, Salon dédié aux technologies et équipements d’énergie photovoltaïque
20-22 septembre, Canton : AGGREGATES China, Salon international des équipements et technologies d’agrégats et granulats en Chine
20-22 septembre, Canton : FDI, Foundry & Die-Casting Industries, Salon international de la fonderie et de la forge
20-22 septembre, Shanghai : PAPERWORLD China, Salon international pour les fournitures de bureau, papeterie, et matériaux pour les arts graphiques
21-23 septembre, Canton : POLLUTEC China, Salon des solutions technologiques pour la préservation des ressources et pour l’environnement
21-23 septembre, Shanghai : ICIF, Salon international des industries de la chimie
22-25 septembre : Pékin – Huairou (APEC Conference Center), IWSI, International Winter Sports Industry, Salon et Conférence internationale de l’industrie des sports d’hiver
22-25 septembre, Canton : AQUARAMA, Salon mondial de l’industrie aquatique
24-26 septembre, Pékin : ITMA Congress, Conférence internationale sur la médecine d’urgence en intervention routière
25-28 septembre, Shanghai : CDS, China Dental Show, Salon et Conférence pour l’industrie dentaire