Le Vent de la Chine Numéro 14 (2016)

du 24 avril au 30 avril 2016

Editorial : Une si belle école…

C’était une belle école, ce nouveau site du collège des langues étrangères de Changzhou (Jiangsu) inauguré en septembre 2015. Bâti sans lésiner pour 42 millions d’euros, il s’étalait sur 62 hectares de bâtiments sur 5 étages de lieux de vie et d’étude – 2500 élèves se partageaient 210 professeurs triés sur le volet. Son prestige lui assurait une longue liste d’attente, nonobstant l’annuité jusqu’à 60 000 ¥ par an.
Aujourd’hui, l’école de Changzhou est au cœur d’un scandale pénible. Elle a été bâtie sur le site de trois usines chimiques, déménagées en 2010 en laissant un sous-sol gorgé de substances nocives—méthylbenzène, acétone et chlorobenzène entre autres, ce dernier en concentration 100.000 fois supérieure à la norme.
À peine le collège transplanté sur  son nouveau site à l’automne 2015, débutèrent les céphalées, dermatoses et bronchites. Les parents réclamèrent le déménagement, mais la direction s’enferra dans le déni, même quand la CCTV diffusa un reportage accablant : des 641 enfants testés dans 8 hôpitaux, 493 souffraient de déficience en globules blancs, lymphomes, leucémies, problèmes de thyroïde… La mairie insista que l’air et le sol étaient conformes aux normes, et ne décompta que « 133 malades », et de maladies autres et moins graves, « normales pour cet âge ». Elle conclut en protestant contre le « reportage erroné… incompréhensible, à quelques semaines des examens ». Ce qui ne l’empêcha d’avancer mystérieusement, d’un mois les congés d’hiver.
Pendant ce temps, le collège faisait racler en surface 1500 m3 de matériaux contaminés, remplacés par une couche de calcaire. Ainsi, disait-il, le problème était réglé. Et quand, mi-janvier, 1000 parents faisaient un sit-in nocturne pour réclamer l’abandon du site, l’école leur envoyait le lendemain la police à domicile. Ceux d’entre eux employés par l’Etat, seraient congédiés s’ils insistaient.
Pékin, heureusement, réagit enfin : le Conseil d’Etat promet une enquête, et Ma Jun, à la tête d’un Institut des affaires publiques et environnementales, dénonce dans cette affaire une accumulation de « fautes à presque tous les niveaux de  supervision ». Il est en somme trop tard désormais pour couvrir le scandale, et la colère gronde. Au 18 avril, un site internet sur le scandale  avait reçu 30 millions de clics. Car l’incident permet aisément de déceler sa cause profonde : l’absence de loi sur la pollution du sol, laquelle est toujours en discussion depuis des années. Elle pourrait passer au Parlement cette année.
Incompétence et inconscience sont aussi visibles à plusieurs points de la chaîne de décision : le terrain avait initialement été déclaré impropre à cet usage scolaire, et la construction du collège avait pourtant débuté sept mois avant la fin de l’étude d’innocuité environnementale, laquelle avait conclu en autorisant le chantier, « à condition de ne pas utiliser l’eau locale ».
Le problème n’est nullement isolé. Au moins deux autres lycées, à Haiyan (Jiangsu) et Jinan (Shandong) accusent des problèmes d’environnement précaire et de santé. Au plan national, 19% des terres arables sont plombées (cadmium, nickel, arsenic, plomb, mercure), 500.000 sites dits « bruns », plus lourdement que d’autres.
C’est le prix de 40 ans de rejets dans la nature des déchets industriels. Selon les experts, pour tout nettoyer, il faudrait 950 milliards d’euros, un tiers des réserves nationales en devises. Et encore, la technologie manque… Seulement 320 firmes expertes en recyclage sont établies nationalement, et la majorité souffre de compétences limitées.

Aussi, ce scandale a le potentiel d’égaler en charge émotionnelle, celui des explosions au port de Tianjin de l’été dernier. Pour le gérer, il faudra du courage, et du doigté : dans l’urgence, tout reste à faire. On y vient, et même vite, mais la question est si le mouvement pourra prévenir des scandales comme celui-ci, et des explosions de colère de la rue.


Agriculture : Le lys rouge dans la vallée

Branle-bas de combat dans le Berry, riche région agricole française où le temps s’est arrêté depuis des siècles. Douce région de George Sand et de Balzac, lequel y situait son roman « Le lys dans la vallée »…

Voilà qu’en Indre (un de ses départements), une compagnie chinoise  Hongyang achète coup sur coup trois grosses fermes, et 1700 hectares. L’endettement d’une des unités pouvait justifier la décision de vendre – mais c’est évidemment le prix faramineux offert par la partie chinoise qui a convaincu les exploitants de céder leur terre : 15.000€ à l’hectare, 23,5 millions d’euros au total, et plus du triple du cours normal. L’investisseur a agi par le truchement de sa filiale de Hong Kong, ville qui connaît mieux l’Europe, ses lois et ses pratiques. Clairement épaulé par un conseiller local, l’acheteur a joué sur une faille du droit foncier français pour imposer deux clauses insolites au contrat : les trois parcelles ont été remembrées en une « Société Agricole» (SA), dont l’acquéreur n’a repris « que » 98% des parts. De la sorte, en toute légalité, le transfert a été notifié à la Fédération Nationale des SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural), mais celle-ci a perdu son droit de préemption, qui ne s’exerçait qu’en cas de vente à 100%.

La précaution était bizarre, car inutile : aucune SAFER, et aucun acheteur français n’irait enchérir sur un tarif déjà triple du marché. Mais un tel prix a peut-être été offert afin d’assurer un transfert de propriété à bref délai, une sorte de garantie d’éviter tout problème—campagne de presse et/ou interdiction préfectorale…

Autre zone d’ombre : quel pouvait être le but de l’achat ? En effet, les nouveaux patrons restent très discrets sur le sujet. Selon un investisseur chinois international, « le renminbi est surévalué, nous sommes en marée haute monétaire avec d’énormes fonds à placer, surtout offshore ». Pour lui, ce type de plan pourrait cacher une évasion fiscale, liée ou non, à la campagne anticorruption en cours. « A un tel prix, conclut cet expert, les 1700 hectares n’ont pu en aucun cas être acquis à fins agricoles, car l’investissement n’en vaudrait pas la peine ».

Pourtant, d’un point de vue agronomique, la Chine a des besoins toujours plus forts, en terres arables, avec ses 74% de cours d’eau pollués, son terroir épuisé par les sécheresses et l’excès d’engrais, écorné de 30% autour des villes par la construction spéculative. Avec les hauts rendements de l’agriculture française, le domaine berrichon pourrait produire jusqu’à 200.000 tonnes de céréales, disponibles pour exportation vers la Chine.

Corroborant cette stratégie, une vague d’achats chinois sans précédent se développe à travers le monde. En 2013, un groupe du Xinjiang reprenait 100.000 hectares de terre en Ukraine, pour cultures fourragères et élevage. En JV avec le groupe local KSG Agro, il voulait les porter à 3 millions d’hectares sous 50 ans.
En 2014, Beidahuang, du Heilongjiang achetait 234.000 hectares en Argentine, puis 60.000 hectares au Venezuela en mars 2016.
En octobre 2014, Chongqing Grain acquérait pour 375 millions de $ de terres au Brésil, et pour 1,2 milliard de $ en Argentine. Et le 19 avril en Australie, le consortium shanghaïen Pengxin, défiant l’avis défavorable du gouvernement local, s’apprêtait à reprendre 8 millions d’hectares du groupe d’élevage Kidman.

Jusqu’à présent, on n’avait pas vu d’achats chinois significatifs de terres arables dans l’Union Européenne. Jusqu’à présent, les milliardaires chinois s’intéressaient plutôt aux châteaux bordelais, un peu par mode. À ce jour 120 châteaux ont été repris, autant pour l’édifice que pour les vignobles – le Bordeaux est une valeur sûre à la vente en Chine.

Cet achat foncier au Berry est donc une première. Elle est probablement due à la proximité de Châteauroux à 60km : sur 460 hectares de la zone industrielle d’Ozans, Eurosity, espace sino-européen implanté en 2014, se veut être une tête de pont des 200 entreprises chinoises présentes en France, de 15.000 emplois et de 7 milliards d’euros investis, dont les trois quarts sous propriété publique. Capital Land, Huawei et les ascenseurs Sanei sont présents, ainsi qu’une petite cité universitaire chinoise. Citech, écloserie de PME de 4400m², vient d’être inaugurée et accueille des projets de micro-entreprises, comme émanation de la Sino-France Economic Cooperation Zone (SFECZ). Ce pôle de fixation de capital chinois était la base idéale pour rassembler le premier terroir agricole sous contrôle chinois.

Comment cette expansion agricole chinoise va-t-elle se poursuivre en France ? Tout dépendra en fait, de l’usage qui en sera fait, et de la capacité chinoise à communiquer. Pour l’instant, l’establishment local observe avec inquiétude, tel Hervé Coupeau, président de la FDSEA,  qui note l’opacité ayant entouré l’acquisition. Tel Emmanuel Hyest, président de la FNSafer qui redoute une  explosion des prix des terres et un barrage financier à la relève de jeunes agriculteurs. E. Hyest s’inquiète aussi de l’autonomie alimentaire de l’Europe, qui importe déjà le produit de 35 millions d’hectares (équivalent) d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique Latine. Si une vague d’achats fonciers chinois en France venait à déferler, les besoins hexagonaux en produits extra-européens suivraient. Dans ce cas, un changement rapide du droit foncier par l’Etat, voire par Bruxelles, et une levée de boucliers protectionnistes, serait inéluctable. On voit d’ailleurs immédiatement, dans la presse française, des signaux prémonitoires en ce sens.


Défense : Chronique d’anticorruption et de contre-espionnite

Y a-t-il un lien en 2016, entre anticorruption et contre-espionnage ? En Chine en tout cas, depuis trois ans, justifiées ou non, ces campagnes se renforcent côte à côte, marqueurs du règne de Xi Jinping.

– Le 15 avril marqua en Chine la « journée d’éducation à la sécurité », pour protéger les secrets d’Etat des curiosités étrangères. Cinq BD furent publiées pour expliquer les lois de « contre-espionnage » et de « sécurité nationale » passées depuis 2013. L’une (cf photo) met en scène une ingénue, cadre dans un ministère, séduite par un étranger qui lui demande, et la convainc de lui remettre des documents classifiés. Tous deux finissent avec menottes : en pleurs, elle découvre qu’elle a été manipulée.

– Idem, un informaticien chinois au centre de cryptage à Chengdu (Sichuan) est condamné à mort sans sursis, pour avoir vendu en neuf ans 150.000 fichiers classifiés dont 90 top secrets pour 700.000 $. L’identité de l’acheteur n’a néanmoins pas été dévoilée.

– Depuis août, les militaires ont le droit d’utiliser un smartphone en dehors de leurs heures de service. Mais celui-ci doit obligatoirement être pourvue d’une application bien spéciale. Elle censure tout message « malsain et négatif » (risquant de saper l’esprit et le moral du militaire). Elle barre l’accès à tout site faisant risquer la fuite d’informations sensibles. Elle va même localiser le soldat s’étant aventuré dans des lieux que la morale réprouve… Ce qui pourrait finalement inciter le soldat, tout bien considéré, de laisser son smartphone à la caserne ou la maison –ou d’en acheter un autre, plus anonyme…

– Le 18 avril, dirigé par Xi Jinping, un meeting du groupe central d’approfondissement des réformes, eut lieu, en présence des plus hauts personnages du régime tels Li Keqiang, Liu Yunshan et Zhang Gaoli, et des industriels de l’internet, tels Jack Ma (Alibaba) et Ren Zhengfei (Huawei). Un des sujets fut la « dissuasion cybernétique » – la défense et la contre-attaque au hackage des sites internet. C’était la 1ère fois qu’apparaissait en Chine ce concept, un an après son apparition dans les programmes du ministère américain de la Défense. Evidemment, aucun détail ne filtra sur les décisions prises.

– Suivant l’idée du chef de l’Etat, l’internet doit désormais être abordé par les cadres suivant un principe nouveau : celle de découvrir en direct, en permanence, « à quoi pensent les gens » et de renforcer « supervision et propagande dans le cyberespace, pour lui éviter de sombrer dans le chaos ».

En pratique, de nouvelles directives interdisent la participation des enfants, particulièrement ceux de célébrités, à des programmes de téléréalités. De telles émissions sont à la fois bon marché à produire, et très populaires. Ce sont donc de vraies mines d’or, avec 10 milliards de ¥ de chiffre d’affaires en 2015. Mais le ministère de la Culture déplore que ces jeunes soient à la fois exploités, et convertis en idoles. Les censeurs exigent que de telles émissions à l’avenir, « reflètent les valeurs socialistes » et évitent de faire « étalage de richesses » .

– Dans le même ordre l’idée, les sites internet de streaming tels Douyu TV, Huya et Yy.com voient leurs grilles de programmes passée au peigne fin en quête de tout contenu pornographique, violent, ou offensant la morale. En effet, de tels programmes sont structurellement corrompus : le public peut les récompenser par des cadeaux virtuels, payés via Alipay ou WeChat. Par la suite, les « cadeaux », au lieu d’être physiquement achetés, restent en argent, cumulé et partagé entre producteurs et chaînes. Ainsi ils peuvent gagner des fortunes, jusqu’à 160.000¥ (22.000€) par personne, par mois !

– La réunion du 18 avril décida aussi  d’étendre à quatre nouveaux territoires (Guangdong, Xinjiang, Pékin et Chongqing) un programme-pilote testé à Shanghai depuis neuf mois, destiné à prévenir la corruption au sein des grandes familles régnantes. Au terme de ce code de conduite contraignant, les emplois lucratifs et fonctions commerciales accessibles aux proches des leaders suprêmes sont strictement codifiées. Les épouses ne peuvent plus être PDG ou cadres au sommet de firmes privées ou en joint-ventures, et leurs enfants ou beaux-fils/filles ne peuvent pas faire d’affaires dans leur champ d’activité. Par exemple, vendre du matériel médical aux hôpitaux si ce cadre exerce son mandat dans le domaine de la santé.

– Lors de cette réunion riche en décisions, différents règlements furent aussi adoptés : de gestion des cadres, des écoles privées (traitant de la supervision, de la présence du Parti, de l’enrôlement des élèves), de la protection des juges et procureurs (notamment contre les pressions des potentats locaux, pour renforcer leur indépendance). Fut aussi approuvé le statut des médecins de famille, de manière à introduire cette nouvelle forme de santé privée, au bénéfice d’abord du 3ème âge, des malades mentaux, des femmes enceintes, des enfants et des handicapés.

– Il fut enfin question du perfectionnement du système du crédit social, note morale qui suivra tout Chinois à partir de 2020. Cette note devrait à terme être accessible à toute agence de l’Etat, sur tout le territoire (par intranet, donc), de façon à pouvoir « punir les citoyens discrédités et récompenser ceux méritant leur crédit ».

Tout cela correspond, selon Xi Jinping, à un approfondissement des réformes, « équitable et centré sur l’humain ». Bonjour, l’avenir !

 

 

 


Corées : Corée du Nord – raidissement mutuel !

Après plusieurs séries provocatrices de tests balistiques et de bombes atomiques, la Corée du Nord suscite des réactions toujours plus fortes des cinq autres pays en charge de négocier avec elle.

Séoul et Washington tentent de convaincre la Chine d’accepter l’implantation d’un radar anti-missiles Thaad près de la ligne de démarcation. Diplomate sudiste, Shim Beom-chul prie Pékin de se représenter l’inquiétude de son pays, face à ce nouveau « péril de mort » nucléaire. Le Pentagone enchérit : son radar pointera vers le Nord, pas vers le Sud-Ouest. En définitive, cependant, pour Séoul, cette installation apparaît « non négociable », la priorité ultime étant « la protection du territoire ». 

La Chine elle, durcit sa position face au fantasque petit allié. A compter du 5 avril, plus un seul kilo de houille, de minerai de fer, d’or, de titane, de vanadium ou de terres rares de Corée du Nord, ne peut plus franchir la frontière. D’ici décembre, si ces sanctions se maintiennent, ce seront un à deux milliards de $ de recettes d’exportation qui échapperont au « pays du matin calme ». Dans l’autre sens, la Chine ne livre plus de kérosène pour les avions nord-coréens, à l’exception des appareils civils faisant le plein à Pékin.

Le 4 avril toujours, Pékin prévient Pyongyang de « ne pas aggraver les tensions ». Puis le 16, deux experts de la CASS et de l’université Renmin, lâchent au même moment que le traité de défense sino-nord-coréen de 1961, quoique valide jusqu’en 2021, est désormais « nul et caduque » : en cas de guerre, pensent-ils, la Chine ne lèvera pas le petit doigt pour protéger son voisin.

Dans ce scenario, en cas d’offensive par des troupes américaines et sud-coréennes venant faire le « grand nettoyage » en Corée du Nord, Pékin laissera faire sans la défendre. Raison alléguée : Pyongyang lui a « causé trop de dommages », à commencer par le rapprochement entre Séoul et Tokyo. La tension latente entre ces pays, sur fond de souvenirs de guerre, était à l’avantage de Pékin, et leur réconciliation face à la menace nucléaire de Kim Jong-un, lui cause préjudice.

Cependant cette affirmation de la Chine qu’elle lâchera la Corée du Nord, est-elle crédible ? Dans l’hypothèse d’une opération militaire et d’une convergence des troupes alliées vers le Nord, l’intérêt chinois serait d’occuper Pyongyang et les sites nucléaires la première.

Quelle que soit l’analyse, enfin, ce langage nouveau de la Chine, traduit un changement de sensibilité et un avertissement clair – le temps presse.

 


Spatial : Une cabine-berceau spatiale chinoise ?

Alors que les programmes spatiaux du monde s’étiolent, celui de la Chine s’étoffe, aux mains d’une Académie de technologie spatiale richement budgétée, capable de produire 30 vaisseaux ou satellites par an et d’en développer 80.

Au 3ème trimestre, elle lance Tiangong-2, laboratoire à deux cabines (une de vie et travail, une de service), le 1er engin destiné à effectuer des programmes complets d’expériences. Au 4ème trimestre, partira Shenzhou-9 avec deux taïkonautes à bord, qui amarreront leur vaisseau au laboratoire.

2018 verra la mise en orbite de Tianhe-1, cœur de la future station orbitale (cf photo) capable d’amarrer cinq vaisseaux, et celle de Tianzhou-1, cargo à haute capacité. En 2020, partira un module vers Mars (atterrissage en 2021), qui tentera de poser un « rover » à chenillettes. 2022 devrait voir l’achèvement de la station, qui sera en 2024 la seule en service à l’issue du programme international de l’ISS. À présent, la Chine détient 106 vaisseaux ou satellites en activité.

Tout ce programme s’accompagne d’une gamme de lanceurs, y compris le nouveau Longue Marche-7 à forte capacité (20 tonnes). 

D’actualité immédiate, le 24 avril fut pour la 1ère fois célébrée la journée nationale spatiale, en commémoration du 1er satellite chinois, lancé en 1970. D’autre part, le 18 avril décolla le module de recherche SJ-10, avec à bord 6000 embryons de souris au stade précoce de deux cellules. Une partie de ce chargement très spécial est placé sous caméras à haute résolution pour surveiller l’évolution de leur gestation (images rediffusées en direct). Or ces embryons sont restés en vie, atteignant le stade du « blastocyste », masse de cellules prêtes à créer un organisme. C’est une avancée décisive : jusqu’à présent, les expériences de fécondation animale sous microgravité simulée, échouaient pour cause de dégénérescence cellulaire.

Le professeur Tan Xin, biologiste spatial, voit en cette expérience une étape forte vers la gestation d’un bébé humain dans l’espace. Jamais  tentée jusqu’alors, l’aventure s’accompagne de multiples défis scientifiques, techniques et éthiques. La science reste peu avancée sur les conditions de conception de vie humaine en apesanteur : un bébé spatial pourrait ne pas être viable, sauf sous conditions artificielles médicales encore inconnues. Mais il pourrait aussi s’avérer doté de meilleures potentialités que ses frères terrestres, du fait de la plus grande liberté de mouvement de l’embryon libéré des lois de la gravité… Vaste aventure donc, dont l’équipe chinoise fera le premier pas !


Petit Peuple : Rizhao – Zhang Deyang, faussaire de l’au-delà (2ème partie)

Résumé de la 1ère partie : déçu par sa vie, Zhang Deyang, boutiquier nain, sexagénaire à Rizhao (Shandong), veut prendre sa revanche, et frapper les esprits du pays entier, par un mystérieux canular !

Début février 2016 dans le faubourg de la ville portuaire de Rizhao, Zhang Deyang fit imprimer ses faire-part sur papier glacé, qu’il adressa à ses dizaines d’amis, de meilleurs clients et membres de la famille proche ou lointaine. Huit jours avant la date choisie pour son événement, il se cloitra dans sa boutique au rideau baissé, se faisant ainsi invisible.

Le jour de l’invitation, il alla tôt au cimetière, retrouver les employés de l’entreprise funéraire : ils se rendirent avec les pelles et pioches, à travers les travées, jusqu’à la concession de 30 ans payée rubis sur l’ongle 10 ans plus tôt. La veille, sur sa stèle, un graphiste avait rajouté la date du décès – mais contrairement aux millions d’autres inscriptions ciselées dans le marbre de la pierre tombale, celle-ci était simplement calligraphiée au marqueur noir.

À onze heures du matin, heure de la cérémonie, habillé en « tangzhuang »

(pyjama deux pièces) de soie bleu royal broché d’or et en bonnet noir, le front cerclé d’un bandeau ocre impérial, Zhang, notre héros du jour, salua les premiers invités, serrant les bras ou donnant l’accolade comme le plus proche parent du défunt. Aux uns, il distribua blagues et bons mots, aux autres, biscuits et boissons, qui étaient disposés sur une table pliante.

Pendant ce temps, les fossoyeurs achevaient de dégager une fosse. Mal à l’aise, les invités s’observaient du coin de l’œil et basculaient les regards de la fosse à l’hôte, cherchant désespérément une contenance, une explication. On se f…tait d’eux, ou quoi ? Le mort était vivant, mais qui était le mort ? Erreur sur la personne, ou plaisanterie du pire acabit ?

Et voilà que pour couronner le tout, le nain se glissa sous terre et s’allongea au fond du trou, ferma les yeux, déclarant d’une voix d’Outre-tombe : « çà y est les gars, je suis mort ».

Le petit orchestre qui attendait sagement son heure, se mit à égrener les notes lancinantes des fifres, des cymbales et du mirliton qui se réverbérèrent en écho contre la falaise.

Alors, suivant un scénario soigneusement préparé, un acolyte reprit le flambeau : vêtu d’une robe carmin de lama tibétain, s’interrompant de multiples génuflexions et kowtow, il se mit en devoir de psalmodier d’un ton mécanique, à vitesse hallucinante un sutra pour accompagner l’âme défunte à travers les limbes vers le paradis. L’un après l’autre, chaque invité fut invité à se prosterner devant le tombeau et à allumer des liasses de billets de monnaie de l’enfer, face au cadavre qui souriait sardoniquement, ou bien pouffait de petits rires sots.

Enfin la cérémonie toucha à sa fin. C’eût été le moment pour les croque-morts de combler la fosse, et faire glisser la pierre tombale : au contraire, un Zhang tout sourire se redressa, époussetant sa tenue céleste. Il fit son auto-éloge, égrenant la liste de ses vertus. Pire, au mépris de toute modestie et crédibilité, il les présenta non au passé, mais au présent, multipliant les « je suis », au lieu des « il était ».

Du coup, il plongea encore un peu plus les amis dans l’embarras. Pour les en délivrer, il sortit alors de derrière la pierre tombale, la caisse de bière fraiche et les bouteilles d’ergoutou (de tord-boyau) qu’il y avait cachées. Remplissant les verres, il recommença ses pitreries de toujours, le coup du discours en langue des chiens traduit en mandarin, la blague du crapaud amant de la déesse Chang’E en son palais de glace sur la Lune, et bien d’autres encore…

La fête dura le temps que demeurèrent les victuailles. D’abord outrés, puis amusés, les invités quittèrent la fête, en titubant.

Le faux-mort, à présent, comptait ses hôtes, et racontait effrontément la vraie raison de cette pseudo-cérémonie : « je voulais savoir qui parmi mes proches, tenait vraiment à moi ». Le bilan n’avait pas été si désastreux, 40 des 60 invités ayant fait acte de présence. Mais Zhang restait chagrin à l’idée d’un tiers de ses connaissances qui avaient boudé son dernier hommage. De toute sa vie il ne l’oublierait, même quand il n’aurait plus de dents (没齿不忘, chǐ wàng).

Heureusement, il lui restait le bon côté des choses, sa mémorable blague, digne d’entrer dans les annales ! Pour 16.000 yuans, il en avait eu pour son argent. À l’en croire, il ne s’était plus amusé ainsi depuis des décennies.

Parmi les invités, les avis variaient. Pour les plus tolérants, le pauvre bougre avait bien le droit de s’amuser pour s’évader un instant d’une existence trop triste et monocorde, faute de femme et d’enfants. D’autres obnubilés par l’impératif d’épargne, insinuaient qu’il avait fait tout ça pour administrer « la preuve de son existence ». Mais au fond, il s’était fait avoir comme un bleu : en boissons, orchestre et autres fanfreluches, par rapport à la somme payée, le compte n’y était pas. En tout état de cause, pour le salut de son âme, il eût été mieux avisé de donner les sous au monastère.

La flèche du Parthe fut tirée par un parent grincheux, jurant qu’on ne l’y prendrait plus : tu as eu 40 pleureurs à ton faux enterrement, et bien pour ta vraie mort, estime-toi heureux, si tu en obtiens quatre ! »

Cependant, de tous ces commentaires, Zhang n’avait cure. Pouvoir rire des émois de ses contemporains, tourner au ridicule leurs institutions les plus vénérables, était son privilège d’homme seul : sevré d’amour, mais libre du regard, et de ses actes.

 

 

 


Rendez-vous : Semaine du 25 avril au 1er mai 2016
Semaine du 25 avril au 1er mai 2016

chinaplas

25 – 28 avril, Shanghai : ChinaPlas, Salon du plastique et du caoutchouc

25 avril – 4 mai, Pékin : AUTO CHINA, Salon de l’automobile

25 – 28 avril, Shenzhen : GIFTS & HOME CHINA, Salon international des cadeaux, de l’artisanat, et équipements pour la maison

 autochina25 – 28 avril, Dalian : Congrès mondiaux sur les anticorps, biologie moléculaire des cellules, et les vaccins

 26 – 28 avril, Chengdu : NEPCON, Salon des équipements de l’industrie électronique

 26 – 28 avril, Shanghai : 3D Printing, Salon international de l’impression 3D

 nepconchinachengdu26-29 avril, Chengdu : DENTAL Show, Salon de l’odontologie

 27-29 avril, Tianjin : Salon international dédié aux spas, piscines et saunas

 28-30 avril, Pékin : GLOBAL MOBILE INTERNET Conference

  29-30 avril, Pékin : DESIGN Beijing

 30 avril – 3 mai, Pékin : ART Beijing