Le Vent de la Chine Numéro 30 (XX)

du 5 au 11 septembre 2015

Editorial : Le sacre de Xi Jinping

Dédiée au 70ème anniversaire de la fin de la seconde Guerre mondiale et à la victoire sur le fascisme et le Japon, la parade de la paix s’est tenue le 3 septembre à Pékin, au terme de plusieurs mois de préparatifs, sans rien épargner pour faire un sans faute aux yeux du monde. Même l’azur du ciel d’été indien avait été généré par des centaines ou milliers (le chiffre est resté secret) de fusées aux sels d’iodure d’argent, crevant les nuages en pluie artificielle, nettoyant le ciel – juste pour les festivités. 

Côté sécurité, rien n’avait été laissé au hasard : des dizaines de milliers de volontaires en bleu turquoise et casquettes rouges occupaient les rues, en soutien de la police en gris et noir, anti-émeutes en tenue noire de combat, police armée en kaki à baudriers blancs… De la sorte, Xi Jinping pouvait accueillir ses hôtes, tels Vladimir Poutine, Park Geun-hye la Présidente sud-coréenne, ou Laurent Fabius, le MAE français, venu assurer le soutien chinois lors des palabres pour un traité international climatique COP21 à Paris fin novembre. Après les 70 coups de canon, Xi laissait le 1er ministre Li Keqiang ouvrir la fête, avant d’inspecter les troupes à bord de sa limousine « Hongqi », distribuant les remerciements : « Camarades, merci de votre peine ». C’était le remake de tous les leaders chinois depuis Mao, en passant par Jiang Zemin et Hu Jintao — comme pour cultiver l’image d’un Parti ayant pieusement conservé ses pratiques révolutionnaires . Suivait le programme attendu, savamment fuité à l’avance : les 67 détachements militaires chinois ou étrangers au pas de l’oie, les dizaines de variations de chars de combat (lourds ou légers, amphibie, porte-radars), les transports de troupe, la gamme de missiles avec leurs lanceurs, les hélicoptères de combat, les drones, chasseurs bombardiers, avions de reconnaissance ou de recharge en carburant.Un détail en dit long sur le chemin parcouru par Xi, en terme de pouvoir : il crée cette fête annuelle toute à sa gloire, s’offrant ainsi « sa » parade dès son 1er mandat – Jiang et Hu avaient attendu leur second pour s’en octroyer une. D’autre part « son » défilé compte 12.000 soldats, 2000 de plus par rapport à la parade de Hu en 2009. 

Bien des média occidentaux ont vu dans cette parade une démonstration de force (contre les nations objectant au redéploiement maritime militaire chinois), ainsi qu’un écran de fumée pour faire oublier au peuple les drames cuisants de l’été – l’accident chimique de Tianjin, le krach boursier. Rien de tout cela n’est faux, mais l’enthousiasme de la rue, nous force à modifier notre regard sur la parade : Pékinois comme provinciaux de passage, et dans tout le pays, via les réseaux sociaux, les (télé-)spectateurs exprimaient leur fierté. « Ce n’est pas Xi qui a besoin de cette fête, déclarait cette étudiante, c’est nous, pour ressentir notre union nationale, et les réalisations de notre patrie ». 

À y réfléchir, on voit là un genre de « ligne de partage des eaux » entre sensibilité chinoise et occidentale. Là où l’Européen voit l’injustice d’une fête élitaire réservée aux seuls 47.000 édiles et invités, le Chinois ne voit que du normal, la rencontre jubilatoire d’une grande « famille » dirigée fermement par ses chefs, faisant rejaillir sur eux dignité, puissance et prospérité. Tout en pouvant avoir des griefs envers le régime, le Chinois lui en est, sur le fond, reconnaissant. Une telle image peut déranger à l’Ouest, car elle fait l’impasse sur la démocratie. Mais il faut l’intégrer, pour qui veut comprendre la Chine.


Société : Les liaisons dangereuses, version chinoise

Duowei, agence de presse chinoise basée aux Etats-Unis, braque un projecteur rare sur la sexualité au Céleste Empire. 

Le piratage du portail canadien de rencontres illégitimes  Ashley Madison, a exposé 30 millions de telles liaisons à travers le monde, dont « des dizaines de milliers » en Chine. Encore Duowei précise-t-il qu’il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg.
À Shanghai, le site compte 8953 inscrits, et « plus de 1000 » à Canton, Pékin, Shenzhen et Chengdu. Cette pulsion inattendue s’avère même supérieure en Chine qu’ailleurs dans le monde : selon Duowei, la gente féminine chinoise infidèle s’élève à 4,2%, soit 0,8% de plus qu’ailleurs, et la masculine dépasse la moyenne mondiale de 0,4%, à 13,6%.
Certes, ces données sont sujettes à caution. Un très sérieux sondage auprès des cadres du Parti mis sous enquête, en recense 95% entretenant une liaison. Ce qui est incontestable par rapport au début des années ‘90, est que la Chine prude de l’époque a disparu, laminée par un raz-de-marée similaire à celui connu par l’Europe et l’Amérique 30 ans plus tôt. 

Mais si le mouvement a eu lieu de façon identique, causes et cadre culturel ont été très différents. Une des causes en Chine est la pratique du mariage arrangé par les parents—voire par l’entreprise, privant les conjoints d’un véritable choix. Une autre est la finalité traditionnelle du mariage chinois : servir les intérêts du clan, tandis que celle du sexe est d’assurer une descendance. Ces deux valeurs ne peuvent qu’étouffer l’amour et le dialogue.
Joue ensuite la loi qui pénalise la prostitution, mais non les liaisons extra-maritales (longue tradition de concubines, « seconde épouse »). De même, la répression sociale de l’homosexualité fait que les homosexuels vont souvent accepter de se marier, quitte à chercher ailleurs ensuite la vraie âme-sœur. 

La dernière cause est la plus surprenante – quoique bien réelle : selon Duowei, l’absence en Chine d’une foi religieuse prédominante, prive le citoyen d’un socle moral solide, d’une loi collective de ce qui est le « bien ».
En matière de conduite dans le couple, conclut le sociologue Zhang Beichuan, c’est donc la confusion et le chacun pour soi : le propre d’une société en mutation!


Infrastructures : Pékin – Trois canaux périphériques

Pékin consomme plus d ’eau qu’elle n’en produit. D’où le mégaprojet de Canal Sud-Nord (cf photo, durant les travaux), ouvert en décembre 2014, qui a dérivé du Yangtzé de janvier à mi-mai 200 millions de m3 – sur les 1,5 milliard nécessaire. 

La mairie de Pékin présentait en avril (révélé le 30 juin) un nouveau projet : entourer la capitale de 3 canaux concentriques. En 6 à 8 ans de travaux, elle pense pouvoir relier sur 20km ses canaux et lacs du centre-ville (canal intérieur), ses douves et voies d’eau sur 60km sur le canal intermédiaire, et creuser les 230km du canal extérieur. Soumis par Jia Shaofeng, chercheur à l’Académie des Sciences, le concept permettrait de réduire la pollution grâce aux stations d’épuration et à la circulation d’eaux aujourd’hui dormantes. Il combattrait aussi les crues d’été, toujours plus dangereuses ces dernières années du fait d’intempéries toujours plus fortes croissantes.

Mais ce concept fait objecter d’autres hydrologues, d’abord sur le coût, plusieurs dizaines de milliards de yuans. Puis il y a les incertitudes techniques—quoique la mairie déclare peaufiner le dossier depuis 2002.
Le 1er souci touche à la rareté en eau. Avec ses branches Est et Centre, le Canal Sud-Nord ne pourra fournir davantage, et le 3ème parcours Ouest, supposé conçu pour pomper le Yangtzé à la source au Tibet, ne verra peut-être jamais le jour. D’autres rivières autour de Pékin (Zhuan, Yongding, Chaobai) sont surexploitées. Où donc trouver la ressource pour un si ambitieux lacis de plans d’eau ? 

Un autre problème est le recyclage. Pékin retraitait déjà 860 millions de m3 en 2014, alimentant 90% de ses parcs et canaux. Mais les experts avertissent : si ces eaux contenant des effluents résiduels, métaux lourds et autres, étaient déversées dans ces 3 canaux aquatiques, elles risqueraient de contaminer les nappes aquifères, surtout au nord-ouest d’où est pompée en partie l’eau « potable ». Pour ces raisons, la mairie n’a pas annoncé de date au début des travaux.
On s’en souvient peut-être : en juin 2014, un projet de canal de 160 km jusqu’à Tianjin , était soumis par l’Académie des Sciences Sociales de Pékin, visant à faire de la capitale « un port de mer », et alimenter une géante centrale de désalinisation – toujours pour étancher la soif des 21 millions d’habitants. La aussi, le projet avait soulevé une nuée d’objections financières et scientifiques, et avait été vite enterré.
Aussi ce dernier concept de « trois canaux aquatiques » doit être vu comme ce qu’il est : l’émanation d’une administration de technocrates imaginatifs, dans une ville bien nantie en budgets, habituée à régler ses problèmes à coup d’audace volontariste.


Economie : L’économie à marée basse

Depuis des décennies, la Chine n’avait plus vécu une telle crise ! Les ultimes chiffres de conjoncture ne peuvent plus le cacher : le moteur cale. 

En août, l’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier, atteint son plancher en 6 ans à 47,3 (un indice en dessous de 50 traduit un carnet de commandes en récession), et l’indice d’emploi à 46,6, révèle que les usines débauchent. Même les services, jusqu’alors épargnés, frisent la récession, avec un indice de 51,5. 

En 18 mois d’achats de titres à crédit, les dizaines de millions de joueurs en bourse ont entassé 5000 milliards de ¥ d’emprunt : depuis juin, ces placements spéculatifs les prennent au piège, en perdant massivement, sans chance de revendre. Et ce n’est pas fini : selon un analyste, la place de Shanghai devra encore « dégraisser » de 35%, à 2000 points, pour revenir à un cours réaliste et attirer de nouveau les acheteurs. 

Les banques voient fleurir les prêts faillis. Banque de Chine, CCB, ICBC avouent des pertes de + 0,4% en quelques mois, à « 1,4% » de leur encours. Mais l’économiste Patrick Chovanec évalue le vrai chiffre à « plus de 20% » : on est loin du compte ! 

Pour permettre aux groupes de faire face, l’Etat réduit les taux d’intérêts et celui des réserves bancaires obligatoires. Mais pour les banquiers, le remède est inadapté : la dernière chose dont ont besoin ces firmes, est d’alourdir leurs dettes ! 

La seconde mesure convainc moins encore : l’arrestation du journaliste Wang Xiaolu, du magazine Caijing, pour « rumeurs malicieuses », ce dont il se « repent » ensuite à la télévision. Mais Wang n’avait fait qu’annoncer un désir de l’Etat de retirer son soutien à la bourse—ce qui s’est réalisé depuis. 

De même, près de 200 (voire bien plus) opérateurs sont inquiétés, telle Li Yifei, présidente du fonds Man Group Plc, pour manipulation et ventes sauvages de parts.
L’administration semble donc sur les dents, en peine de trouver la parade. On la comprend : la banque ANZ s’attend à un PIB à 6,5% pour le 3ème trimestre, risquant de faire rater l’objectif annuel de 7%, ce qui serait une première dans l’histoire du régime. 

La campagne anticorruption prend un tour insolite : CITIC Securities voit plusieurs de ses patrons arrêtés par sa tutelle CSRC. Mais la CSRC est à son tour traquée par la Commission Centrale d’Inspection de Discipline (CCID) : le chef CCID au sein de la CSRC, Wang Huimin, visitait semaine passée les sections CSRC du Fujian, du Jilin, du Shaanxi et du Sichuan. C’est le serpent qui se mord la queue, étouffant toute confiance et toute velléité d’initiative chez les cadres. 

Pour autant, stabilité oblige, il s’avère impossible de faire risquer le dépôt de bilan à ces provinces. Lou Jiwei, ministre des Finances, admettait en avril à l’université Tsinghua que les dettes provinciales avaient fusé de 36% en deux ans, à 15 000 milliards de ¥, par le seul jeu des taux d’intérêts. 

Aussi l’Etat à contrecœur, continue à rogner les taux des dettes provinciales par émission de bons publics, pour 2000 milliards de ¥ d’ici décembre. Les banques rechignent devant le taux bas, mais achètent tout de même, vu qu’ils sont garantis. Ce faisant, le Conseil d’Etat impose un plafond (600 milliards de ¥) aux emprunts frais dans l’année. C’est également une première…

Le présent est donc sombre. Des mots d’ordre de récession apparaissent : « travailler plus, consommer moins, pour être le dernier à être congédié ». Les migrants retournent au village, pour survivre. Les paysans ayant perdu leur retraite en bourse, ruminent des remords teintés de colère. 

Curieusement, une rare note optimiste émane du quotidien britannique Financial Times du 30 août : selon le FT, à cette crise moins grave qu’elle ne semble, la Chine serait proche d’adopter la solution correcte, une solution légère, « une séance d’acupuncture, pas une opération chirurgicale ». 

Pékin s’apprêterait à imposer les réformes bloquées depuis des années : celle de la finance (pour accélérer les investissements en infrastructure et alimenter le secteur privé et les PME) ; celle de la taxation (pour différencier la charge des gros et petits consommateurs, et favoriser l’épargne de l’eau et de l’énergie) ; celle du droit du sol (pour encourager les paysans à investir), et celles des conglomérats (pour les privatiser en partie).

Mais comment le FT peut-il faire un tel pronostic ? Peut-être parce qu’en mars, Li  Keqiang accordait une interview exclusive à ce journal, faisant de lui un interlocuteur privilégié ; peut-être aussi parce que le 1er Ministre, concepteur de ces réformes, promettait lui-même le 28 août lors d’un meeting à Pékin, de faire avant la fin de l’année « ce qui peut être fait », pour obtenir « des facteurs positifs de croissance ». 

Enfin, le prochain rendez-vous décisionnel, le Plenum du Comité Central qui se tiendra en principe mi-octobre, semble être le moment propice pour ce genre de décision politique.
Or, c’est dans ces moments, dos au mur, que historiquement la Chine est la plus prompte à prendre les décisions qui ne peuvent plus être reculées.


Environnement : Le réarmement moral

La catastrophe de Tianjin (zone de Binhai, 12 août) a propagé une onde d’angoisse sur tout le pays : qu’un tel désastre chimique, dû à la corruption et au laisser-aller, ait pu avoir lieu au cœur du second parc industriel du pays, est insupportable. Du coup, la prise de conscience écologique s’accélère. 

<p>Zhang Gaoli, vice 1er ministre, du Comité Permanent (le pouvoir suprême) promet « une explication honnête » et transparente. Pan Yue, vice-ministre de l’Environnement, reçoit la charge de la révision de la loi d’évaluation des projets. Pan est un homme brillant, connu pour son dynamisme et sa probité : lui confier cette mission stratégique, est un gage que l’environnement cesse d’être la 5ème roue de la charrette. Pékin fait aussi arrêter Zhang Lijun, ex vice-ministre de l’Environnement, accusé de triche dans la certification automobile – une preuve du sérieux de l’Etat à sévir à l’avenir contre les cadres indélicats. 

Ensuite, alors que depuis deux ans Miao Wei, ministre de l’Industrie et des Technologies de l’Information, avoue faire du sur-place dans son effort pour améliorer la sûreté des zones industrielles, voilà que dans la semaine suivant l’accident de Binhai, 1000 parcs chimiques déposent des plans de remise aux normes, souvent assortis d’une délocalisation. Commentaire de Miao : « ces parcs ont coûté 400 milliards de ¥. Pour financer leur déplacement, il faudra 10 ans ». Mais ici, le fait remarquable est que tous les obstacles à cette refonte, les problèmes géotectoniques, les résistances des riverains, les blocage de provinces craignant des fermetures… tout a disparu comme par magie !

Il faut dire qu’après la catastrophe de Tianjin, tout accident provoque des réactions à vif, tant chez les cadres que dans la population : après la dernière explosion à Lijin (Shandong, 1 mort, le 1er septembre), 6 patrons de cette usine chimique coupable furent embastillés.

Par 154 voix contre 4, le Bureau de l’Assemblée adopte la révision de la loi de pollution atmosphérique. Le nouveau texte ouvre la voie aux crédits-carbone (quotas d’émission de CO2) et rend les pouvoirs locaux responsables du contrôle des émissions. 

À vrai dire, cette nouvelle mouture de la loi est jugée décevante par les experts, en raison d’un bien curieux amendement qui annule un acquis écologique : les édiles viennent de retirer aux villes le droit de limiter la circulation des véhicules, estimant que « les droits des automobilistes valent plus que la pureté de l’air ». Les élus, à ce qui semble, ont prétendu défendre le citoyen contre l’arbitraire de l’Etat – et très probablement, protéger les intérêts des lobbies automobiles !

D’autres avancées environnementales sont heureusement là pour balayer ce « couac » : 

– la branche pékinoise de WWF prédit que l’empreinte carbone chinoise atteindra son pic en 2029, à « 2,9 hectares globaux » par habitant. L’ONG anticipe donc d’un an la fin de la hausse volumique des émissions de gaz à effets de serre – l’Etat s’est fixé comme limite 2030, un an plus tard. Surtout, WWF adopte ce concept d’« hectare global par habitant », bien plus précis et scientifiquement pertinent. Selon les choix qui seront faits sous peu au 13ème plan (2016-2020), WWF voit d’ailleurs la Chine amorcer sa redescente carbonique dès 2027, donc deux ans plus tôt, et sous une empreinte plus mince, réduite à 2,7 hectares globaux par habitant…

– autre démarche intéressante : associée au Bureau Pékinois de l’Environnement, IBM prépare pour la capitale et une autre ville du Hebei, un logiciel d’intelligence artificielle capable de manier des dizaines de paramètres et centaines de données pour prédire la pollution, de manière 30% plus précise que tout autre modèle. Cet outil pourra évaluer quelle pollution affectera telle zone, à un kilomètre près et 10 jours à l’avance. L’algorithme pourra surtout conseiller où, quand, et de combien réduire les émissions du trafic et/ou de l’industrie, pour prévenir smog et pollution hors contrôle. 

Ces deux efforts en JV avec l’étranger privé viennent en support des plans d’action mis en branle cette année contre la pollution de l’eau et celle de l’atmosphère. Selon la Banque Centrale, ils coûteront ensemble 2000 milliards de ¥ par an d’ici 2020. 

Le plan d’action « dépollution du sol » est en cours de rédaction par l’équipe du professeur Lan Hong de l’université Renmin. Le pays dépense déjà 40 milliards de ¥ par an en réhabilitation. Il faudra décupler l’effort, « à moins de mettre 1000 ans à atteindre l’objectif », déclare Lan Hong ! 

En dépit de ces avancées, Chen Jining, le ministre en fonction, ne fait nul triomphalisme. « De janvier à juin, affirme-t-il, 30.000 entreprises ont été surprises à réaliser des constructions illégales, aggravant encore davantage le dégât écologique ». 

Au moins, le camp environnemental a désormais un atout en poche : l’état de choc du pays après Tianjin, et l’argument que sous sa voilure présente, le navire Chine en pleine tourmente, va droit aux récifs – l’heure est aux grandes décisions.


Petit Peuple : Nankin, Wang, le voleur dandy (Partie 2)

Résumé 1ère partie  : Jeune enfant gâté d’une famille anciennement noble, Wang se met à cambrioler les villas de nouveaux riches…

Le lendemain matin, Wang pénétra dans une autre résidence, après s’être assuré que la voie était libre. 

Entrant dans le spacieux salon orné d’une série de tableaux contemporains exaltant Mao Zedong en billets de banque roses, il s’assit au piano, et entama quelques notes… Une fois son petit concert terminé, Wang remit à jour son compte « WeChat » par un selfie, déplorant sa moindre virtuosité due à sa foulure au poignet de la veille. 

Passant à la cuisine américaine, derrière le bar, il grignota sur le pouce une assiette de raviolis froids trouvée au frigo, arrosée de quelques bières japonaises délicieusement fraîches.

Retournant au salon, il songea avec ennui qu’il devrait tout de même prendre au sérieux ce métier de voleur : trouver des bijoux, des devises aisées à écouler. Mais à l’issue de sa visite, son butin était dérisoire : une petite liasse de monnaie trouvée dans la coiffeuse de madame, un collier de pierres sans doute fausses, trois statuettes d’ivoire aux traits grossiers. Avec ce maigre butin, il aurait bien du mal à tenir plus de quelques jours… 

Mais qu’importe ! Wang était plus intéressé par la bravache que par l’appât du gain. Il prenait un malin plaisir à s’imaginer les visages stupéfaits des copains et copines, l’observant sur WeChat, en train de mener la belle vie ! 

Alors que Wang restait plongé dans ses rêves de grandeur, Mr Xia, le véritable maître des lieux, actionna depuis sa BMW gris métallisé, la commande du garage, provoquant un cliquetis qui tira l’intrus de sa bienheureuse quiétude… Mais Wang avait prévu le coup : il n’eut plus qu’à sauter par la fenêtre ouverte à l’avance, pieds joints dans la sécurité de la fuite. 

Ebloui par la facilité de son activité bohème, l’écervelé n’attendit pas 24 heures pour récidiver. A 16 heures, il se présentait devant une villa déjà repérée, qu’il pénétra par la porte du jardin. Il découvrit alors, la maison de Mr Chen, grossiste en vins fins et collectionneur d’objets de la préhistoire. 

Non protégé par une alarme, le musée aux délicates vitrines se trouvait à la cave. Wang admira la pièce maîtresse, un crane d’un félidé géant aux quatre canines acérées protubérantes. Là, sans la moindre idée de leur valeur, juste mû par le désir enfantin de les posséder, il empocha une poignée de grattoirs et pointes de flèches taillées de l’ère magdalénienne. 

Remonté au rez-de-chaussée, il se choisit dans la cave à vins une bouteille de Dom Pérignon, en toute simplicité, ainsi qu’une flûte de cristal. 

S’installant sur le sofa face à la terrasse, il but avec componction ses 75 centilitres, à petits gorgeons, avouant par écrit, toujours sur WeChat, que c’était ainsi, pas autrement qu’il concevait l’existence. Puis il s’en alla benoîtement, un peu ivre, sans être inquiété – le maître des lieux était en voyage d’affaires…. 

C’est dans un internet-café de son quartier que la police, alertée par les plaintes des deux premiers richards visités, lui mit la main au collet deux jours plus tard. Si concentré était-il, qu’il ne vit pas s’approcher les limiers, et se retrouva alerté bien trop tard, par le clic d’une menotte à son poignet. Ils l’avaient retrouvé dare-dare, grâce à ses photos des lieux que les victimes avaient pu identifier. 

Idiot, Wang ne l’était évidemment point. Mais atteint de ce mélange de langueur et de vanité, il était plutôt un jeune mythomane obsédé du désir de « paraître », et de prouver (contre toute vraisemblance) qu’il avait réussi, lui aussi ! 

En cellule, Wang prépare fiévreusement son procès, qui est imminent. Malheureusement pour lui, il n’y a aucune chance que le juge fasse preuve de mansuétude : surmenés par leurs myriades de cas à traiter, ces magistrats n’ont pas de temps à perdre à suivre les méandres tortueux de la psychologie. Et puis sur le fond, contrairement à sa très haute image de lui-même, Wang n’est à leurs yeux qu’un petit malfrat comme tant d’autres, méritant amplement trois ans au trou. Que voulez-vous, Wang avait « chanté comme un coq, mais volé comme un chien » (鸡鸣狗盗 jīmínggǒudào), car « l’art » ne suffit pas sans « la manière », et cela, en Chine, ça ne pardonne pas !


Rendez-vous : du 7 au 13 septembre 2015
du 7 au 13 septembre 2015

9-11 septembre, Dalian, « Summer Davos » du World Economic Forum, sur le thème : « Charting a New Course for Growth »

8-10 septembre, Pékin : China International Foundry Industry Expo, CIEXPO, Salon de la fonderie

9-11 septembre Tianjin : Aeromart Summit, Convention d’affaires internationale de la filière aéronautique

9-12 septembre, Shanghai : Design of Designers, Furniture China, Salons du mobilier design et du meuble

China Helicopter Exposition9-13 septembre Tianjin : China Helicopters Expo, Salon international et rendez-vous d’affaires d’hélicoptères civils

Hosfair Guangdong

10-12 septembre : Canton : HOSFAIR Guangzhou, Salon des équipements et fournitures pour l’industrie de l’hôtellerie et de la restauration

10-12 septembre, Canton : Salon des équipements de l’industrie du Café

10-13 septembre, Beijing Art Expo

15-17 septembre, Pékin : Automotive Testing Expo China, Salon du test, de l’évaluation et de l’ingénierie de la qualité dans les composants automobiles

16-17 septembre, Pékin : Oil Council China Assembly : Assemblée générale du Conseil pour le pétrole en Chine

16-17 septembre, Pékin : Wireless China, Forum des communications sans fil